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 l’antiquité au cinéma
1956 Ø
The Ten Commandments
(Les dix commande-
ments)
(US) Cecil B. DeMille. – av. Yul Brynner (Ram-
sès II), Sir Cedric Hardwicke (Séthi I
er
), Anne Baxter
(Néfertari). –
cf. Exode 2.2.
1960
La donna dei Faraoni (La princesse du Nil)
(IT) Vic-
tor Tourjanski et Giorgio Rivalta ; Venturini-Vic-Faro,
100 min. – av. Linda Cristal (Akis), Pierre Brice (Amo-
sis), John Drew Barrymore (Sabaku, prince de la Basse-
Egypte), Armando Francioli (Ramsès), Lilly Lembo,
Guido Celano. –
Sauvée des crocodiles, l’Egyptienne Akis
devient l’enjeu de trois seigneurs, Ramsès, fils du pharaon
à Thèbes, son cousin Sabaku, prince de Bubastis, et le mé-
decin astrologue Amosis auquel elle donne son cœur. Sa-
baku la retrouve dans un temple et l’épouse de force après
l’avoir gagnée aux dés contre son cousin, mais Ramsès, de-
venu pharaon, lui fait la guerre et le tue. En fuite, Akis et
Amosis sont capturés, le pharaon les abandonne enchaînés
dans les sables, mais une caravane de marchands les sauve.
– Fantaisie à grande figuration, filmée par le vétéranTour-
janski à Cinecittà et dans le désert égyptien, avec une affi-
che curieuse : John Drew Barrymore, dernier rejeton de la
prestigieuse dynastie d’acteurs américains (fils de John et
de Dolores Costello), tente sa chance en Italie dans des rôles
patibulaires, aux côtés de l’actrice argentine Linda Cristal
(la Cléopâtre de Cottafavi en 1959) et du Français Pierre
Brice à la veille de sa percée internationale en Apache ger-
manisé (la série des
Winnetou
dès 1962). Un titre déjà
utilisé par Lubitsch en 1921 (cf. supra), une intrigue sans
surprises mais une reconstitution nettement moins désin-
volte que la moyenne. Tous les péplums des années soixante
se déroulant en Egypte ancienne emprunteront les scènes de
masse fort réussies de ce film. US :
The Pharaoh’s Woman
.
1964 Ø
Il leone di Tebe / Elena, regina di Troia /Hélène,
reine de Troie
(IT / FR) Giorgio Ferroni. – av. Pierre
Cressoy (Ramsès, roi de la Haute-Egypte), Carlo Tam-
berlani (Aménophis, roi de la Basse-Egypte). –
Après
la destruction de Troie, Ménélas et Hélène séjournent à la
cour du pharaon, cf. Troie 5b.1.1.
1966
Faraon (Pharaon)
(PL) Jerzy Kawalerowicz [d’apr. Bo-
leslaw Prus] ; Kadr Film, 183 min. – av. George Zelnik
(Ramsès XIII / Lykon), Barbara Brylska (Kama), An-
drzej Girtier (Ramsès XII), Piotr Pawlowski (Herhor,
le grand prêtre), Leszek Herdegen (Pentuer), Krystyna
Mikolajewska (Sarah), Stanislaw Milski (Mephres). –
La fin du règne de Ramsès XII est marquée par des me-
naces de conflits armés (l’Assyrie devient un voisin dange-
reux) et des complots de palais. Contrairement à son père,
le jeune prince héritier ne préconise pas une politique de
temporisation mais pense que le réalisme consiste à mo-
derniser l’Etat, combattre les superstitions, alléger les souf-
frances du peuple et oser prendre le risque d’une guerre. Il
s’oppose aux intérêts des prêtres dogmatiques et conserva-
teurs qui lui dénient leurs fabuleuses réserves d’or. Le jeune
pharaon périt dans le labyrinthe du temple en affrontant
le Grec Lykon, un sosie que les prêtres veulent placer sur le
trône à sa place.
Ce drame du pouvoir, véhiculant un message idéologique
et anticlérical, emprunte son sujet à un roman célèbre de
Boleslaw Prus (1895). A travers les démêlés d’un pharaon
imaginaire (car ni Ramsès XII, ni Ramsès XIII n’ont ja-
mais existé), dont les réformes sociales auraient été annihi-
lées par le clergé d’Amon au service du grand prêtre Heri-
hor (personnage historique, lui), Prus, qui avait participé
à l’insurrection de 1863 contre le tsar, développait le thème
socialiste du progrès inéluctable. Il reprenait l’« affabulation
journalistique d’un Fort Knox égyptien » (Michel Eloy),
des lingots d’or amassés dans les temples, une aberration
archéologique car l’or, matière sacrée, n’avait alors pas de
valeur d’échange, les seuls trésors pharaoniens étant les gre-
niers à blé. Désillusionnés par le communisme, Kawale-
rowicz et son coscénariste Tadeusz Konwicki s’en prennent
au système du bloc soviétique, paralysé par la nomencla-
tura et les doctrinaires obtus, chacun affirmant représen-
ter le peuple qui, lui, est oublié. En plus d’une analyse
pénétrante des arcanes et du mécanisme du pouvoir, le ci-
néaste égratigne aussi l’antisémitisme de ses compatriotes,
son pharaon se choisissant une épouse juive au grand dam
des prêtres. Le décor antique et la référence littéraire à Prus
égarent les censeurs.
Tourné dans le désert de Kisil-Kim près de Boukhara
(Ouzbékistan) avec la figuration massive de l’Armée Rouge
(2000 hommes), en Egypte (Gizèh, Louxor, Kamak) et
dans les studios polonais de Lódz,
Faraon
se distingue ra-
dicalement des autres films du genre, notamment occiden-
taux, par la surprenante rigueur de sa mise en scène, styli-
Des Egyptiens presque entièrement nus (
Faraon
, 1966)
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