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 l’antiquité au cinéma
production de Markus qui se déroule dans les milieux sio-
nistes en Egypte et en Palestine,
Le puits de Jacob
d’après
Pierre Benoit, avec la même équipe technique.
1928 / 29 
Noah’s Ark. The Story of the Deluge
(L’arche
de Noé)
(US) Michael Curtiz ; Darryl F. Zanuck-War-
ner Bros.-First National, 141 min. – av. Paul McAllis-
ter (Noé), George O’Brien (Japhet), Dolores Costello
(Miriam), Guinn Williams (Cham), Malcolm White
(Sem), Noah Beery (le roi Nephilim), Nigel de Brulier
(grand-prêtre), Louise Fazenda, Conrad Nagel, Myrna
Loy. –
La partie biblique est précédée d’un apologue mo-
derne qui se déroule pendant la Première Guerre mondiale
(un jeune soldat américain affronte un militaire russe pour
les faveurs d’une Française qu’il a sauvée d’un accident de
train en 1914 et qui est injustement condamnée à mort
pour espionnage), pour illustrer « La Foi contre la corrup-
tion à travers les temps », selon le modèle d’
Intolerance
de
Griffith.
Alors que la cité d’Akkad (pays d’Ur, en Chal-
dée) s’adonne aux fêtes païennes de Hadrashar, le patriar-
che Noé et ses fils Japhet, Cam et Sem vivent une vie pieuse
dans la périphérie. Noé aperçoit un buisson ardent (sic) et
des consignes d’En-haut brûlées dans le roc (re-sic). Mi-
riam, l’épouse de Japhet, est enlevée par les soldats du roi
Nephilim pour être sacrifiée au dieu Yaghouth, tandis que
son époux est aveuglé et réduit à l’esclavage. Entre-temps,
Noé a construit l’Arche. Des éclairs divins sèment la pani-
que dans la cérémonie sanglante à l’instant où Miriam va
être tuée par des archers, les flots engloutissent tout. Mi-
raculés, Miriam et Japhet regagnent l’Arche... Retour au
temps modernes, les amoureux sont sauvés, l’armistice est
proclamée.
Producteur-scénariste, Zanuck a mis en chantier le film
pour Dolores Costello, alors grande vedette de la Warner,
et en confie la direction à Michael Curtiz, dont il a ad-
miré
Die Sklavenkönigin
en 1924 (2.2), afin de battre
DeMille sur son propre terrain moyennant 7500 figurants,
un budget colossal de 1,5 million de $ et quelques emprunts
à l’« Exode ». Justement, DeMille envisage depuis 1926
*The Deluge
, un film sur l’Arche de Noé, mais l’avance
prise par la Warner l’amène à se tourner vers le Nouveau
Testament (
King of Kings
). Curtiz ne peut sauver le script
aussi inepte que grandiloquent de Zanuck. Il souligne tou-
tefois l’érotisme romantique de Dolores Costello avec lyrisme
et manifeste surtout une grande maîtrise dans le spectacle
qu’il anime avec un sens visuel surprenant. Le chantier de
la tour de Babel (prologue) et les scènes du Déluge (filmés
à Burbank avec trucages, miroirs et surimpressions mul-
tiples) sont une totale réussite et évoquent plus d’une fois
les gravures de Gustave Doré. Curtiz fait déverser 15’000
tonnes d’eau provenant du Los Angeles River dans le tem-
ple géant de Yaghouth, créant la panique parmi les figu-
rants (le chef-opérateur Hal Mohr quitte le film avant la
fin, traitant Curtiz de « sadique » lorsque celui-ci refuse
de faire remplacer les figurants par des cascadeurs). Alors
que John Huston en 1964 (
The Bible
) décrira plutôt l’abri
que constitue l’Arche pour Noé et sa ménagerie, le cinéaste
Le temple païen de la cité maudite d’Akkad et l’arche du Déluge (page de droite) dans
Noah’s Ark
de Michael Curtiz (1929)
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