Page 629 - Hervé Dumont - L'antiquité au cinéma

7 – royaumes mythiques imaginaires 629
d’Apocalypse Now) et son scénariste Oliver Stone se plon-
gent dans cet « âge païen » illustré avec succès par Frazetta,
affublent l’intrigue infantile de Howard (dont ils gom-
ment le racisme et éliminent le fantastique) d’une dimen-
sion nietzschéenne (« ce qui ne nous tue pas nous fortifie »)
en y ajoutant des clichés du cinéma asiatique, de la my-
thologie gréco-scandinave, une touche d’opéra wagnérien
et des renvois à la secte Moon. Parabole sur la violence, la
guerre et le goût du pouvoir, Conan the Barbarian est
une fresque idéologiquement ambiguë, pompeuse, lourde,
prétentieuse, cruelle, hyperviolente, mais filmée avec style,
avec un sens réel des couleurs et du décor qui permettent
de composer des images puissantes, voire proprement cré-
pusculaires (tournage à Ségovie et à Almeria, en Espagne).
Ce premier Conan cinématographique, grand succès com-
mercial (23 millions de $ au box-office américain) qui ré-
vèle l’imposant Américano-Autrichien Arnold Schwarze-
negger, ex-Mr. Universe, lance le genre «Heroic Fantasy »
à l’écran.
1984 Conan the Destroyer (Conan le destructeur) (US)
Richard Fleischer ; Dino De Laurentiis-Universal, 101
min. – av. Arnold Schwarzenegger (Conan), Grace Jo-
nes (Zula), Wilt Chamberlain, Olivia D’Abo (la prin-
cesse Jehnna), Mako, Tracey Walter, Sarah Douglas (la
reine Taramis), Jeff Corey. – La maléfique reine Taramis
propose à Conan de ressusciter sa compagne morte Vale-
ria en échange de son aide dans la quête d’une clef magi-
que donnant accès à la corne du dieu Dagoth, elle-même
source d’un trésor fabuleux. Un marché de dupes ... Suite
du précédent, confiée à Fleischer et à son chef opérateur
Jack Cardiff en souvenir de leur travail magnifique sur
The Vikings en 1957. Fleischer opte pour un ton plus
léger, moins philosophique, et ajoute même à son récit une
pointe d’humour (la chanteuse Grace Jones en guerrière in-
trépide effrayée par une souris) qui permet aussi d’orienter
l’exploitation du film vers un public plus adolescent. Effi-
cace et rythmé par d’excellentes scènes d’action (le combat
dans la chambre tapissée de miroirs), cette bande d’aven-
tures musclées est tournée au Mexique, aux studios Churu-
busco, à Samalayuca au sud d’El Paso, et près de Ciudad
Juárez. Une suite, peut-être avec Arnold Schwarzenegger
(!), est annoncée pour 2010, sous la direction de Brett
Ratner.
1985 Red Sonja (Kalidor, la légende du talisman) (US) Ri-
chard Fleischer ; Dino De Laurentiis-Metro-Goldwyn-
Mayer /United Artists, 89 min. – av. Arnold Schwarze-
negger (Kalidor), Brigitte Nielsen (Red Sonja), Sandahl
Bergman (la reine Gedren), Paul L. Smith (Falkon), Er-
nie Reyes Jr. (le prince Tam), Ronald Lacey. – Red Sonja
jure de se venger de la reine Gedren qui a assassiné ses pa-
rents et veut conquérir le monde grâce aux pouvoirs d’un
talisman. Elle trouve appui auprès du valeureux guerrier
Kalidor. – Guère soutenu par ses acteurs, Fleischer, appelé
une fois de plus à la rescousse, ne parvient pas à sauver un
scénario très médiocre, qui reprend des personnages de Ho-
ward. Tourné aux studios Pontini à Rome et dans le La-
tium. Un remake avec Rose McGowan est annoncé pour
2009 sous la direction de Douglas Aamiokoski (Dynamite
Entertainment).
1992 / 93 [(tv) Conan : The Adventurer /Conan and the
Young Warriors /Conan l’aventurier (US / FR) John
Grusd ; Sunbow Productions-Graz Entertainment-AB
Productions-C&D-Jetlag (CBS 12.9.92- ), 65 × 25
min. – Dessin animé av. les voix de Michael Donovan
Le guerrier cimmérien Conan (Arnold Schwarzenegger) et son compère, le voleur Subotaï (Jerry Lopez), dans Conan the Barbarian (1982)