« L'Antiquité au Cinéma – Vérités, légendes et manipulations »

Préface de Jean Tulard
Nouveau Monde Editions, Paris / Cinémathèque suisse, Lausanne, 2009

Prix du meilleur livre-album sur le cinéma de l'année 2009
décérné par le jury littéraire du Syndicat français de la critique du cinéma (Paris)

L'ouvrage est épuisé et ne sera pas réédité pour des questions de coûts.
En revanche, ses 674 pages sont entièrement consultables sur ce site (avec une première mise à jour datée de septembre 2013) sous la forme de « flipbook ».
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Présentation de l'ouvrage

688 pages, 805 photos en couleurs et noir/blanc (iconographie: collection Cinémathèque suisse)

Pourquoi l'Antiquité ?
L'Antiquité, bien plus que les siècles récents, apparaît comme un domaine de réflexion idéal pour délibérer du sort des civilisations. S'étirant sur une période d'environs dix mille ans, elle voit naître et disparaître les empires. C'est le récit des origines. Le choc de mondes aujourd'hui éteints est propice à l'extrapolation et à l'exemplarité, aux situations et confrontations archétypales, et par conséquent aussi à la manipulation politique. On croit Rome proche, les apparences induisent aux comparaisons, les vicissitudes de son histoire se muent facilement en métaphores d'une situation contemporaine. C'est précisément cette instrumentalisation du passé par nos contemporains que cet ouvrage étudie. Il analyse le regard variable qu'un siècle de cinéma, mais avant lui aussi le théâtre, la littérature, la peinture, l'opéra jettent sur ce passé, de décennie en décennie. Il révèle simultanément l'actualité de ce passé dans la culture populaire d'aujourd'hui et confronte de manière très frappante les « mensonges » du cinéma avec les « mensonges » de l'Histoire.

Les débuts de la fiction audiovisuelle, et par conséquent du film historique, remontent à cent ans. Cette forte concentration dans le temps permet de vérifier combien le jugement de l'Histoire est mouvant, ondulant selon les périodes, et comment il peut se modifier au gré des questionnements que lui adresse la société. L'universalité du cinéma et la possibilité actuelle de comparer des films de nationalités très diverses font ressortir les divergences de perspectives: le « conquérant » des uns devient l'« envahisseur » des autres, le « civilisateur » est perçu comme un « occupant », le « résistant » ou le « patriote » passe pour un « terroriste »; selon l'origine et l'âge du film, une bataille sera tantôt une « victoire », tantôt un « massacre ». Comme pour la caméra, tout est question de point de vue.

Descriptif et organisation de l'ouvrage

Soutenu par une iconographie très riche, rare et stimulante, le volume recense plus de 2000 films de fiction, téléfilms, dramatiques, feuilletons et docu-fictions de tout métrage et de toute origine dont l'action se situe entre la préhistoire et la fin de l'Empire romain, au Ve-VIe siècle. Après une ébauche de générique (réalisation, production, durée, acteurs et rôles) et un bref synopsis, on trouvera, chaque fois que c'est possible, les motivations des auteurs, l'historique de production, les lieux de tournage, une analyse cinématographique, sociologique, politique et historique, la réception (public et médias), etc. Les films sont groupés selon la chronologie de tournage et par matière. Tout chapitre important est accompagné d'un texte de synthèse (par exemple l'analyse de l'image d'Alexandre le Grand à partir de son biographe Ptolémée et jusqu'au cinéaste Oliver Stone, en passant par « Le roman d'Alexandre » médiéval, Nizâmi, Racine, Haendel, Bollywood et Phil Karlson, expliquant pourquoi et à quel moment le personnage a fasciné l'Occident, ou l'Orient).

Extrait de l'introduction

« Ainsi, le représenté et sa représentation nous donnent une triple leçon d'histoire: on peut y décrypter (du moins en partie) le passé tel qu'il est rapporté par les textes anciens, le passé tel qu'il est visualisé par le présent et le présent tel qu'il se reflète dans cette visualisation du passé. Parallèlement, la juxtaposition des réalisations filmiques de 1896 à nos jours révèle l'histoire du siècle à travers celle du septième art, à travers son évolution technologique, ses aléas de production, sa politique et ses courants esthétiques. Cette lecture historique du film doublée d'une lecture cinématographique de l'Histoire invite incidemment à jeter un regard critique, souvent correctif, sur ses principaux protagonistes, les « grands hommes » (César, Auguste), les méchants de service (Xerxès, Néron, Attila), les porte-drapeaux idéologiques (Moïse, Léonidas, Spartacus, Vercingétorix, Arminius), les pestiférés (Julien l'Apostat), sur la vision de l'école du dimanche (la Bible vue par Hollywood), les préjugés ethniques (les Philistins, les Perses, Carthage, les Barbares), les mœurs et a priori sexistes (Cléopâtre, Messaline, Théodora), la victimisation (Socrate, Hypatie), etc. On s'interrogera aussi sur les collectivités ou personnalités négligées et les raisons plus ou moins innocentes de ces « oublis » (les Minoens, Alcibiade, les Etrusques, les guerres sociales ou civiles sous Marius et Sylla, Marc Aurèle, Stilicon). » (H. D.)

Echo critique

« Quand j'ai découvert ce livre monumental à l'automne dernier, j'étais emballé mais un peu inquiet. Ce pavé ne serait-il pas lourdingue ? Et fatiguant ? Et bien non, ce livre, qui n'est pas seulement sur le péplum, mais sur la représentation du passé antique, dont le péplum n'est qu'un aspect, est extraordinaire. Ce fut évident pour moi quand j'ai commencé à le lire par petites gorgées, car on n'avale pas un in-quarto de 650 pages avec plus de 2200 films en référence et des milliers de notes, une magnifique iconographie et des articles non moins exceptionnels, d'un trait. Dumont a pris l'affaire par le bon bout et ce fou de cinéma classique (…) a eu l'intelligence de refuser la confrontation des films et de la vérité historique qu'ils représentent. De plutôt se demander pourquoi des libertés ont été prises avec l'Histoire ? (…) Il faut encore une fois souligner à quel point ce livre ne nous assomme pas par son poids ni son érudition. Au contraire, combien ce travail d'Hercule est aérien, car il respire l'enthousiasme communicatif du cinéphile. Et donne même ses lettres de noblesse à ce dernier mot. »
Edouard Waintrop, Cinoque.blogs.liberation.fr, 9. 2. 2010

« Autre ouvrage à se procurer d'urgence, L'Antiquité au cinéma (…) qui recense, analyse, raconte avec souvent une grande drôlerie tous les films tournés sur une période qui va de la préhistoire au VIe siècle… Dumont montre comment certains films « antiques » parlent en fait de conflits présents au moment du tournage : en 1949, le message de Samson and Delilah de Cecil B. DeMille dont une partie de l'intrigue est tirée d'un roman sioniste, est à replacer dans le contexte politique le plus immédiat : opposition à l'occupant philistin (Palestiniens ou forces britanniques), promesse de délivrance et de paix alors que la légion arabe de Transjordanie vient de contraindre la garnison de Jérusalem à se rendre. »
Bertrand Tavernier, DVDBlog, 15. 2. 2010

« Le livre définitif sur la question. Ahurissant d'érudition mais aussi vibrant, perceptif. INDISPENSABLE. »
Bertrand Tavernier, « Mes 10 livres de cinéma préférés », Blow Up/site web Arte, 11.5.2011

« Ce dictionnaire grand format (…) se veut aussi un recentrage de la fiction face à une vérité historique souvent malmenées, ce qui, l'auteur en convient, n'a guère d'importance, puisque « le cinéma de fiction n'a pas à être du documentaire. » Ainsi Dumont revient-il sur les figures emblématiques de Néron ou d'Attila, Grands Méchants récurrents, alors que ces personnages n'étaient pas plus mauvais que bien d'autres. Certaines vérités, puisées aux découvertes archéologiques, surprendront plus, venant en contradiction avec des clichés bien établis. Ainsi l'édification des pyramides, non pas construites par des esclaves hébreux (l'Egypte pharaonique ne connaissait pas l'esclavage, introduit tardivement par les Grecs !) mais par des ouvriers qualifiés très bien payés (Les dix Commandements), de même que les « galériens » romains (Ben-Hur) étaient pareillement des marins rétribués. Revenant constamment sur les sources de l'imagerie populaire filmique, l'ouvrage en acquiert ainsi une épaisseur inusitée comparée à bien d'autres qui se bornent à la stricte critique cinématographique, l'auteur tenant également à « resituer ces films dans un courant culturel, esthétique, économique et idéologique plus global » (…). Agréablement écrit, érudit sans être pédant, cet ouvrage, qui se lit comme un roman, est l'un des meilleurs livres sur le cinéma qu'il nous ait été donné de lire depuis longtemps. Superbe et indispensable ! »
Jean-Pierre Andrevon, L'Ecran fantastique (Paris) no. 306, février 2010

« Le projet d'Hervé Dumont est démentiel (…). Cette somme unique en son genre redonne dignité à un genre parfois méprisé à Hollywood et à Cinecittà. »
Jean-Luc Douin, Le Monde (Paris), 11. 12. 2009