Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

12. LES ÉTATS SATELLITES DE L’EMPIRE

12.2. Les Pays-Bas entre République batave et monarchie

Dans les années 1780, l’insurrection des Patriotes, un groupe politique inspiré par les Lumières et la guerre d’Indépendance américaine, vise à rétablir le régime de l’ancienne République des Provinces-Unies. Il s’oppose au stadhouder Guillaume V Batave d’Orange qui, allant à l’encontre des principes républicains tels qu’énoncés dans l’Union d’Utrecht de 1579, cherche à transformer la république des Provinces-Unies en monarchie. En 1787, les Patriotes sont écrasés par l’armée prussienne et le stadhouder est rétabli dans ses pouvoirs. Réfugiés à Paris et marqués par les idées de la Révolution française, ils sont les premiers à demander l’invasion des Provinces-Unies lorsque la Convention, le 1er février 1793, s’engage dans la guerre idéologique contre l’« Europe des tyrans ». En décembre 1794, les troupes franco-bataves du général Pichegru mettent le stadhouder en fuite, ce dernier gagne la Grande-Bretagne ; les Patriotes des sept provinces se soulèvent et proclament la RÉPUBLIQUE BATAVE (3 février 1795).
Alliée à la France dans sa guerre contre l’Angleterre, la république sœur de Batavie devient rapidement un de ses satellites, contrainte de signer une alliance offensive et défensive, à céder la Flandre zélandaise, Maastricht et Venio, pourvoir à l’entretien d’une armée française de 25 000 hommes et verser une contribution de guerre considérable de 100 millions de florins destinée à renflouer les caisses à Paris. Pendant une décennie, les Néerlandais vivent dans un climat de guerre civile larvée et de dissensions internes entre « unitaristes » (État centralisé à la jacobine) et « fédéralistes ».
La Hollande constituant un point stratégique dans le cadre du Blocus continental contre l’Angleterre, il lui faut une autorité forte. En 1806, Napoléon crée le ROYAUME DE HOLLANDE et place à sa tête son plus jeune frère, Louis Bonaparte. Celui-ci se montre plus hollandais que français (il apprend le néerlandais), récalcitrant à la conscription comme au Blocus : obligés d’acheter leurs produits en France à haut prix, soumis à de lourdes taxes lors de l’export de leurs propres produits, les grands ports de Hollande – comme ceux d’Allemagne et d’Italie – connaissent une grave récession économique et ne suivent les directives qu’à contrecœur. En 1809, l’invasion anglaise de l’île de Walcheren est repoussée par l’armée franco-hollandaise, mais le roi Louis montre tellement de mauvaise volonté à appliquer les décisions de son frère qu’en juillet 1810, Napoléon, excédé, annexe le pays à l’Empire. Les Pays-Bas font donc partie du Premier Empire français pendant trois ans.
En novembre 1813, après le désastre russe, Leipzig et le départ des Français, Guillaume d’Orange-Nassau débarque à Scheveningen et, en mars 1815, se proclame roi des Pays-Bas sous le nom de Guillaume/Willem Ier. Son fils, le prince héritier Willem Frederik, aide de camp de Wellington en Espagne, prend le commandement de l’armée néerlandaise contre Napoléon pendant les Cent-Jours et participe à la bataille de Waterloo, où il est blessé. Le Royaume des Pays-Bas est créé officiellement au Congrès de Vienne et s’étend sur les actuels Pays-Bas et la Belgique. Le Luxembourg est élevé au rang de Grand-duché. La plupart des réformes (administration, législatif, liberté de religion, abolition de la torture) et des institutions (Institut royal des Sciences, Bibliothèque royale, Musée royal) créées par Louis Bonaparte sont maintenues ou développées.
1961Brigands voor outer en heerd / Brigands pour Dieu et la patrie (BE) de Hein Beniest
H. Beniest/A.B.N.-Centrale (Antwerpen), 95 min. – av. Karel Redant (Jan), Helene Overlaet (Hilde), Ann Petersen (la mère), Theo Op de Beeck (le père), Robert Borremans (Jefke), Paul Leys (le pasteur), Cyriel Van Gent (commandant français), Paul-Emile Van Royen (ltn. Ducroix).
En Wallonie en 1798/99, des paysans flamands excédés par les nombreuses confiscations, la politique anti-religieuse, la conscription obligatoire et les emprunts de guerre ruineux imposés par les « sans-culottes », se soulèvent massivement contre les troupes républicaines françaises (« Boerenkrijg »). En octobre 1798, les « patriotes de Brabant », des rebelles catholiques armés par l’Angleterre, se soulèvent tout en demandant l’aide militaire de Londres et de Berlin. L’insurrection, venant essentiellement des milieux ruraux, est écrasée dans le sang, à l’indifférence des villes wallonnes.
1982De boezemvriend [L’Âme sœur] (NL) de Dimitri Frenkel Frank
Joop van den Ende, Gysbert Versluys Prod./, 100 min. – av. André van Duin (Fred van der Zee/prof. Pasdupain), Leen Jongewaard (colonel Moeskop), Geert de Jong (son épouse), Manouk van der Meulen (Sophie Moeskop), Henk Reijn (l’adjudant), Hans Leendertse (le bourgmestre), Tetske de Ossewaarde (son épouse), Ischa Meijer (le commissaire de police), Fran Mulder (le municipal), Maeve van der Steen (son épouse), Connie Breukhoven (Mercedes), Corrie van Gorp (Madame Tilly), JÉRÔME REEHUIS (Napoléon), Frans van Dusschoten (le maréchal), Carol Herwijnen (l’inspecteur de l’Empereur), Irène Bakker (la vendeuse de frites), Marjolein Sligte (l’artiste de revue), André Hazes (l’aubergiste), Manke Nelis (le chanteur), Tonny Eyk (l’accordéoniste), Jon Bluming, Herbert Joeks.
Synopsis : En 1811 aux Tuileries, alors que Napoléon, entouré de ses maréchaux, prépare sa campagne de Russie en jouant aux petits soldats, il est saisi d’une insoutenable rage de dents. Au même moment, au Royaume des Pays-Bas, la conscription bat son plein, tous les hommes valides sont recrutés pour servir dans la Grande Armée. Fred van der Zee, un arracheur de dents ambulant qui a pris le nom de professeur Pasdupain échappe de justesse aux soldats napoléoniens, se cache dans les bois où il est protégé par Mercedes, une danseuse foraine dont il s’éprend. Dans une forteresse voisine, le colonel Moeskop (qui fait disparaître les impôts de guerre dans ses poches) est averti de l’arrivée imminente d’un inspecteur des finances envoyé de Paris par l’Empereur lui-même. C’est la panique. Fred est pris pour cet inspecteur et reçu en pompe au château, ou le colonel lui offre même sa propre fille Sophie en mariage ; Fred raconte qu’il est l’âme sœur de Napoléon, son meilleur ami, mais, démasqué il s’enfuit. Or justement, Napoléon, qui souffre toujours de sa dent, et son état-major effectuent une visite surprise aux Pays-Bas. Fred réintègre la troupe de baladins de Mercedes et se produit devant l’Empereur au moment où les douleurs le reprennent. Non sans peine, Fred parvient à lui arracher la molaire lèse-majesté. Napoléon l’embrasse, le fait général et le proclame « son meilleur ami ».
Une pitrerie embarrassante, où le comique néerlandais André van Duin se surpasse en grimaces et en clowneries, face à un Napoléon grassouillet et hystérique (tournage à Leersum, Utrecht). On l’aura deviné : l’intrigue est lointainement inspirée de la comédie Le Revizor (L’Inspecteur général) de Nicolaï Gogol (1836). Un désastre mérité, sur tous les fronts.
2010(tv) De Troon – 1. Liever laf dan geen hoold [Le Trône – 1. Mieux vaut être lâche que perdre sa tête) (NL) d’Erik de Bruyn
Série « De Troon (Le Trône) » épis. 1, Leontine Petit/Lemming Film-AVRO Amsterdam (Algemene Vereniging Radio Omroep) (Nederland-2 6.3.10), 50 min. – av. Bart Klever (le prince Guillaume V Batave d’Orange-Nassau, stadhouder des Pays-Bas), Yorick van Wageningen (Guillaume Ier des Pays-Bas/Willem I d’Orange-Nassau), Bianca Krijgsman (Friederike Wilhelmina von Preussen, dite Mimi, son épouse), Joep van Lieshout / Robin Boissevin / Dragan Bakema (le prince héritier Willem Frederik d’Orange-Nassau, futur Guillaume II, dit « Guillot », enfant / adolescent / adulte), TOM VAN LANDUYT (Napoléon), Beppie Melissen (la reine-mère Wilhelmine de Prusse), Matteo van der Grijn (le prince Frederic des Pays-Bas/d’Orange-Nassau), Nanette Drazic (la grande-duchesse Anna Pavlovna Romanova, future reine des Pays-Bas), Bram Coopmans (Frans Adam van der Duyn van Maasdam), Hugo Metser (le comte Leopold van Limburg Stirum), Sophie van Winden (Mathilde van Limburg Stirum), Nasrdin Dchar (Jesus Pereira, l’amant de Guillot), Femke Stasse (Wilhelmine des Pays-Bas, enfant), Eline van der Velden (Charlotte Augusta de Galles, princesse de Saxe-Cobourg-Saalfeld), Elisabeth van Nimwegen (Emma de Waldeck-Pymont), Mike Reus (gén. Jean-Baptiste Dumonceau), Dana Goldberg (Marianne des Pays-Bas, enfant).
Une opulente série dramatique en 6 épisodes portant sur la famille royale hollandaise au XIX e siècle, inspirée par le livre Voor de Troon wordt men niet ongestraft geboren : ooggeluigen van de koningen van Nederland, 1813-1890 [Pour le trône, on ne naît pas impunément] de Daniela Hooghiemstra et Dorine Hermans (2008). Le tournage se fait de juillet à septembre 2009 aux Pays-Bas, aux studios Barrandov à Prague, à Budapest et dans les paysages et châteaux hongrois, notamment pour les scènes de bataille. La série (scénario : Ger Beukenkamp) illustre les conflits et démêlés des Pays-Bas avec ses puissants voisins, la France napoléonienne, l’Angleterre et la Russie, et le règne de ses trois premiers rois, Guillaume/Willem I, Guillaume/Willem II et Guillaume/Willem III. Comme d’habitude, elle suscite passablement de débats dans le public en raison de ses inexactitudes ou simplifications.
Premier épisode : En 1795 à La Haye, l’invasion française appelée par les Patriotes républicains provoque la fuite du stadhouder Willem V Batave qui se réfugie en Angleterre. À sa mort, son successeur Willem Frederik d’Orange-Nassau espère monter sur le trône des Pays-Bas et devenir roi par la grâce de Napoléon, mais il doit se contenter de régner sur la petite principauté allemande de Fulda (1803 à 1806), puis, après la fondation de la Confédération du Rhin, se retire provisoirement dans ses domaines à la campagne avec son épouse Mimi, sa mère Wilhelmine de Prusse et son fils de 14 ans, l’ambitieux prince héritier Willem Frederik surnommé « Guillot » (guillotine). Grandi à la cour à Potsdam, ce dernier ne termine pas sa formation à l’Académie militaire de Prusse, perturbé par des problèmes d’identité sexuelle. Il intègre l’armée britannique pendant les guerres napoléoniennes, participe à la libération de l’Espagne comme aide de camp de Wellington et, à 16 ans, combat à la bataille de Leipzig. Après le retrait des Français en 1813, son père, le prince d’Orange-Nassau, retourne à La Haye où il est proclamé deux ans plus tard roi des Pays-Bas sous le nom de Willem I er. En 1815, à présent âgé de 22 ans, Guillot prend le commandement de l’armée néerlandaise pour combattre Napoléon aux côtés des alliés pendant les Cent-Jours. Il prend part aux batailles de Quatre-Bras et de Waterloo, où il est blessé. Le nouvel État dirigé par son père est composé des anciennes Provinces-Unies, des anciens Pays-Bas autrichiens et de l’ancienne principauté de Liège. Le roi devient également chef d’État du Luxembourg élevé au rang de grand-duché. Quoique homosexuel (Jesus Pereira est son amant), Guillot est envisagé comme fiancé de la future héritière du trône britannique Charlotte de Galles, mais, totalement ivre lors de leur première rencontre, il fait une impression désastreuse, et Léopold de Saxe-Cobourg (futur roi de Belgique) prend sa place. La cour néerlandaise arrange alors un mariage avec la princesse impériale russe Anna Pavlovna, sœur du tsar Alexandre, qu’il épouse en 1816 à Saint-Pétersbourg. Napoléon, Premier Consul, fait une brève apparition dans la série en 1803 aux Tuileries, où il chantonne (faux) un air de l’opéra Orphée et Eurydice de Gluck ... – Nota bene : Napoléon avait, en 1809, cherché à épouser cette même Anna Pavlovna, mais l’impératrice douairière des Romanov s’était catégoriquement opposée à une union entre une de ses enfants et le « parvenu corse ».