Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

9. NAPOLÉON FACE À L’IRRÉDUCTIBLE ANGLETERRE

À pleines voiles sur la Méditerranée pour traquer l’ennemi républicain: Peter Ustinov dans Billy Budd (1962).

9.3. « Billy Budd, Foretopman » de Herman Melville

(Billy Budd, gabier de misaine), roman publié à titre posthume (1924). Adapté à la scène par Louis O. Coxe et Robert Chapman sous le premier titre de Uniform of Flesh (1949), puis à l’opéra par Benjamin Britten (1951) sur un livret de E. M. Forster et Eric Crozier. – En été 1797, Billy Budd, un jeune marin enrôlé de force à bord de l’« Avenger », un navire de guerre britannique, tue accidentellement Claggart, son supérieur sadique qui le persécute. Il est condamné à mort et pendu à l’instant où la flotte française surgit ... Fait divers inspiré par les mutineries de Spithead et de Nore dans la Royal Navy.
1952(tv) Billy Budd (US) de William H. Brown, Jr.
« Schlitz Playhouse of Stars » (CBS 11.1.52), 60 min. – av. Walter Hampden (cpt. Vere), Peter Hobbs (John Claggart), Charles Nolte (Billy Budd), Chester Morris. – D’après la pièce de Louis O. Coxe et Robert H. Chapman (1949).
1952(tv-mus) Billy Budd (US) de Kirk Browning
Samuel Chotzinoff/NBC Television Opera (19.10.52), 90 min. – av. Theodore Uppman (Billy Budd), Andrew McKinley (cpt. Vere), Leon Lishner (John Claggart), Kenneth Smith, David Williams, Paul Ukena. – D’après l’opéra de Benjamin Britten, direction musicale de Peter Herman Adler (Symphony of the Air Orchestra). Première américaine de l’opéra. Theodore Uppman a auparavant interprété Billy sur scène en Grande-Bretagne.
1955(tv) Billy Budd (US)
« Pond’s Theatre/Kraft Television Theatre », J. Walter Thompson Prod. (ABC 10.3.55), 60 min. – av. Geoffrey Horne (Billy Budd), Joseph Wiseman, Luther Adler. – D’après la pièce de Louis O. Coxe et Robert H. Chapman (1949).
1955(tv) Billy Budd (CA)
« General Motors Presents », Canadian Broadcasting Corp. (CBC 3.5.55), 60 min. – av. William Shatner (Billy Budd), Basil Rathbone (cpt. Vere), Douglas Campbell (John Claggart), Patrick Mcnee (ltn. Seymore), Sandy Webster, Donald Ewer, Joe Austin, Norman Ettlinger, Charles Jarrott.
1959*(tv) Billy Budd (US) de Robert Mulligan
« The DuPont Show of the Month », David Susskind/Talent Associates Prod. (CBS 25.5.59), 90 min. – av. Don Murray (Billy Budd), Roddy McDowall (Squeak), Alfred Ryder (John Claggart), James Donald (cpt. Vere), George Ebeling (Dansker), James Valentine (ltn. Wyatt), Eric Berry (Seymour), Alfred Ryder (Butler), Thayer David (Ratcliffe), Tim O’Connor (Jenkins), John McLiam, Tom Clancy, Robert Gerringer.
Une dramatique de qualité, dirigée avec sensibilité et intelligence par Mulligan (Summer of 42), magnifiquement interprétée, et écrite par Jacqueline Babbin et Audrey Gellen d’après la pièce de Louis O. Coxe et Robert H. Chapman (1949). Alfred Ryder remplace au dernier moment Jason Robards, tombé malade, dans le rôle de Claggart.
1961/62**Billy Budd (GB) de Peter Ustinov
Peter Ustinov, A. Roland Lubin/Anglo-Allied Artists Pictures Ltd., 125 min. – av. Terence Stamp (Billy Budd), Peter Ustinov (cpt. Edwin Fairfax Vere), Melvyn Douglas (The Dansker), Robert Ryan (John Claggart), Paul Rogers (Philip Seymour), John Neville (Julian Radcliffe), David McCallum (Steven Wyatt), Ray McAnally (William O’Daniel), John Meillon (Neil Kincaid), Niall MacGinnis (cpt. Nathaniel Graveling), Robert Brown (Arnold Talbot).
Une adaptation à la fois fidèle et personnelle qui surprend par sa gravité et la pénétration de son commentaire melvillien, tourné en CinemaScope noir et blanc pendant six semaines en Espagne, à Dénia, au large du port d’Alicante, de la Sierra Helada et de l’îlot de la Mitjana (Valencia) avec deux frégates – dont le trois-mâts « Marcel B. Surdo » qui a déjà servi dans plusieurs films –, puis en intérieurs aux studios d’Elstree à Borehamwood. Jusqu’alors, on pouvait prendre Peter Ustinov pour un amuseur léger et un acteur très versatile. Avec cette réalisation (qui fait suite à Romanoff et Juliette, 1960), dont il est de surcroît le producteur, le coscénariste et l’interprète (le capitaine Vere, tourmenté par sa conscience), il livre une illustration poignante du récit testamentaire du romancier (dont la version définitive, dite de Hayford-Sealts, paraît en 1962). Débarqué dans un monde de brutes, Billy, un matelot trop pur, trop jeune et trop séduisant, fait naître l’amour chez les uns et la haine chez les autres : le maître d’armes, Claggart, s’acharne à faire passer l’innocent pour l’instigateur d’une mutinerie. Billy devient la victime d’une machination machiavélique qui révèle l’envers caché de la discipline militaire, les ruses et détours de l’ordre martial, les troubles désirs qui le paralysent et le portent. Chez Melville, les innocents, les primitifs sont destinés à disparaître. « L’histoire de Billy Budd, affirme Ustinov, pacifiste dans l’âme, est essentiellement une variation sur le grand thème de la crucifixion du Christ. Billy est le symbole du Bien, Claggart celui du Mal, et le capitaine Vere n’est que l’image malheureuse et mortelle de Ponce Pilate qui consulte ses livres pour le verdict et y trouve l’arme du suicide qui assassinera sa conscience. »
Le drame maritime, traité de manière très réaliste, bénéficie d’une poignée d’interprètes remarquables qu’Ustinov dirige avec une maîtrise tout à fait inattendue. Terence Stamp, androgyne blond, y fait ses débuts ; le studio souhaitait confier le rôle-titre à Laurence Harvey, mais Suzanne Cloutier, la femme d’Ustinov, impose le jeune comédien qui lui rappelle Gérard Philipe. C’est un projet initial de Robert Rossen, cinéaste américain traumatisé par le maccarthysme, datant déjà d’octobre 1957. Le scénario est coécrit avec DeWitt Bodeen et Rossen (non crédité), d’après la pièce de Louis O. Coxe et Robert H. Chapman (1949). Mais alors que la pièce se termine par la pendaison injuste de Billy, le film montre en conclusion le vaisseau « HMS Avenger » détruit sous les boulets français de l’« Athea » et le capitaine Vere déchiqueté ; dans le roman, l’anéantissement de la frégate survient plusieurs mois après l’exécution de Billy. En gommant l’aspect symbolique du texte et en accentuant la différence d’âge entre Billy et son capitaine, Ustinov introduit en outre dans le récit une forme de conflit générationnel (autoritarisme contre individualisme) que le jeune public américain, à la veille de la guerre du Vietnam, percevra comme un appel à la désobéissance civile face à un système militaire corrompu qui s’apprête à sacrifier jeunesse et innocence sur l’autel du pouvoir. Terence Stamp est nominé à l’Oscar 1963, ce qui lance sa carrière d’icône de la contre-culture. Une réussite exemplaire, censurée pour ses scènes de violences, encensée par la critique, mais hélas un échec au box-office. – ES : La fragata infernal.
1966(tv-mus) Billy Budd (GB) de Basil Coleman
Cedric Messina/BBCtv (BBC2 11.12.66), 158 min. – av. Peter Pears (cpt. Vere), Peter Glossop (Billy Budd), Michael Langdon (John Claggart), John Shirley-Quirk (Redburn), Robert Tear, David Bowman, Bryan Drake. – D’après l’opéra de Benjamin Britten joué par le London Symphony Orchestra sous la direction de Charles Mackerras (studios de la BBC).
1980(tv) Billy Budd (NL) d’Andrew Wilson
Dieke van Waveren/NCRV Television (NCRV 4.4.80), 71min. – av. Porgy Franssen (Billy Budd), Carol Linssen (cpt. Vere), Jan Van Rooyen (John Claggart), Tim Beekman, Hein Boele, Hans Cornelissen, Frederik de Groot, Paul Gieske.
1988(vd-mus) Billy Budd (GB) de Tim Albery (th) et Barrie Gavin (tv)
BBCtv-RM Arts, 157 min. – av. Thomas Allen (Billy Budd), Philip Langridge (cpt. Vere), Richard Van Allan (John Claggart), Philip Guy Bromley (Flint), Clive Bayley (Ratcliffe). – Captation de l’opéra de Benjamin Britten, sous la direction musicale de David Atherton.
1998(tv-mus) Billy Budd (US) de John Dexter (th) et Brian Large (tv)
Metropolitan Opera (PBS 3.6.98), 160 min. – av. Dwayne Croft (Billy Budd), Philip Langridge (cpt. Vere), James Morris (John Claggart), Victor Braun (Redburn), James Courtney (Flint), Julien Robbins (Ratcliffe). – Captation de l’opéra de Benjamin Britten, sous la direction de Steuart Bedford.
2010(tv-mus) Billy Budd (GB) de Michael Grandage (th), François Roussillon (tv)
(Mezzo 9.4.11), 155 min. – av. John Mark Ainsley (cpt. Vere), Jacques Imbrailo (Billy Budd), Philip Ens (John Claggart). – Captation de l’opéra de Benjamin Britten au festival de Glyndebourne, avec The Glyndebourne Chorus et le London Philharmonic Orchestra sous la direction de Mark Elder.