Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

8. NAPOLÉON REDESSINE LA CARTE D’ITALIE

8.1. Des Républiques sœurs au premier Royaume d’Italie

1897Signature du Traité de Campo-Formio (FR) de Georges Hatot
Etablissements Frères Lumière (série « Vues historiques et scènes reconstituées »), catalogue no. 744, 15 m. – Conclusion de la première campagne d’Italie, en 1797: « Le général Bonaparte signe la paix avec les mandataires autrichiens et, après avoir apposé sa signature sur le traité, les invite brutalement à sortir », tableau filmé à Paris par Alexandre Promio en septembre 1897, dans un décor créé par Marcel Jambon.
1897Entrevue de Napoléon et du Pape (FR) de Georges Hatot
Etablissements Frères Lumière (série « Vues historiques et scènes reconstituées »), catalogue no. 750, 15 m./40 sec. – Fontainebleau, le 25 novembre 1804 ; fraîchement arrivé de Rome, Pie VII rencontre Napoléon pour discuter du sacre. L’Empereur se fâche et brise un vase. Chez les Frères Lumière, la reconstitution est décrite de la manière suivante : « Napoléon, furieux de voir le pape opposer un refus formel à sa demande, malgré ses prières et ses menaces, jette avec colère le papier qu’il voulait lui faire signer et sort de la pièce. » Un tableau photographié par Alexandre Promio à Paris en septembre 1897, devant un décor de Marcel Jambon. Commentaires et détails historiques, cf. infra, « A Secret Audience » de David Morrissey (1998).
1898Bonaparte au pont d’Arcole (FR) d’Alice Guy
Société Léon Gaumont & Cie (catalogue no. 131), 20 m. – À la mi-novembre 1796, Augereau passe l’Adige à Ronco all’Adige mais est repoussé par un feu violent des Autrichiens devant le pont d’Arcole. Bonaparte saisit alors un drapeau, s’élance sur le pont et l’y plante, suivi de ses grenadiers. Un feu de flanc le fait rétrograder, ses hommes l’entraînent à l’arrière où il est précipité dans un marais. Accouru de Milan, Lannes couvre le jeune général de son corps. – Les fameux tableaux d’Horace Vernet (1826) et d’Antoine-Jean Gros (1801) prennent vie aux Buttes-Chaumont sous la férule de la jeune Alice Guy, pionnière du cinéma de fiction français.
1903Entrevue de Napoléon et du Pape (FR)
Établissements Gaumont S.A. (Paris). – Synopsis et commentaires, cf. films de 1897 et de 1998 (A Secret Audience ).
1909L’Héroisme (FR)
Établissements Gaumont S.A. (Paris), 310 m. – Synopsis : À la veille de la bataille de Marengo, en juin 1800, Bonaparte charge le lieutenant Bertrand de localiser les positions de l’armée autrichienne. Ayant capturé un paysan et pris ses vêtements, Bertrand s’aventure au cœur de l’état-major ennemi où il parvient à s’emparer des précieux documents militaires. Sur le chemin du retour, il se cache dans une meule de foin à laquelle les Autrichiens mettent le feu. Des camarades portent le lieutenant blessé jusqu’à la tente de Bonaparte, son exploit contribue à la victoire. – US : Through the Enemy’s Lines.
1925*Destinée ! ou Ceux de l’An IV (FR) d’Henry Roussell
Lutèce Films, Nice (7 actes). – av. Isabelita Ruiz (Floria Alfina), Geymond Vital (Carlo Strabini), Pierre Batcheff (Roland de Neuflize), JEAN-NAPOLÉON MICHEL (gén. Napoléon Bonaparte), Ady Cresso (Joséphine de Beauharnais), Christiane Favier (Paméla Egalité), René Montis (Paul Barras), James Devesa (Jean-Lambert Tallien), Louis Cari (le peintre Jacques-Louis David), Gaston Sylver (l’acteur François-Joseph Talma), Raphaël Adam (le maréchal Jean-Pierre de Beaulieu), Pierre Delmonde (Christophe Salicetti), Georges-Augustin de la Noé (André Masséna), Suzy Pierson (Thérésa Tallien), Victoria Lenoir (Rosalia Strabini, mère de Carlo), Raoul Villiers (Léonidas Gauthier).
Synopsis : En août 1795 au Jardin Égalité (Palais-Royal), « âme du Paris élégant », l’Italienne Floria Alfina, modèle chez le peintre David, se fait courtiser par son frère de lait, Carlo Strabini, un réfugié politique milanais dont le père patriote a été fusillé par les Autrichiens, et par le séduisant royaliste Roland de Reuflize, un dandy arborant l’extravagance vestimentaire des « me’veilleux » et de la « jeunesse dorée ». Dans l’atelier de David gravitent Madame Tallien, Joséphine de Beauharnais et Bonaparte, 26 ans, qui lui fait la cour. Ce dernier, que Barras nomme général de l’Armée d’Italie, prend la défense de Floria et Carlo, recherchés par la police secrète. Trois couples se forment : Bonaparte et Joséphine, Roland et Floria et, dans la rue, Paméla Égalité (promue maréchale des Logis) et son capitaine des dragons Léonidas Gauthier. Le 5 octobre, le jour même où ces derniers se marient, Bonaparte mate les insurgés royalistes devant l’église Saint-Roch ; Paméla échappe de justesse à la mort, Floria lui sauve la vie. Pour Floria (à laquelle il enseigne le français), Roland renonce à ses idéaux monarchistes et endosse l’uniforme d’un hussard républicain. Au lendemain du mariage du général, en mars 1796, l’Armée d’Italie se met en route. On campe près de Lodi, cité tenue par l’arrière-garde autrichienne du maréchal de Beaulieu. Accompagné de Floria, Carlo y retrouve sa vieille mère dans la villa Strabini. Floria renseigne Bonaparte sur la faiblesse des positions ennemies et celui-ci décide d’attaquer à l’aube. Mais, jaloux d’avoir surpris Floria dans les bras de Roland, Carlo révèle les plans des Français aux Autrichiens et s’enferme avec sa sœur de lait dans une grange où il lui crie sa haine et sa soif de vengeance. Le lendemain, 10 mai, les Français sont piégés. Bonaparte, pris sous la mitraille ennemie, rétablit la discipline de son armée en déroute et, brandissant le drapeau tricolore, la conduit à la victoire de Lodi. Le 14 mai, fêté en libérateur, il fait une entrée triomphale au Palazzo Reale à Milan. Arrêtés par les Impériaux et livrés aux vainqueurs, enfin accusés de trahison, Carlo et Floria sont condamnés à mort. Paméla aide Floria à s’évader pour revoir une dernière fois son Roland, blessé, puis elle convainc Bonaparte de son innocence, tandis que Carlo périt fusillé.
Tournée de mai à septembre 1925, alors que Gance se débat avec son Napoléon, cette production de prestige signée Henry Roussell se voit sans déplaisir : on y trouve un sens du tableau et de la construction dramatique, une gestion des émotions et un soin du détail – la reconstitution d’époque est très documentée – insoupçonnés (le réalisateur avait abordé le règne de Napoléon III dans l’excellent Violettes impériales l’année précédente). Il livre de la bonne imagerie cocardière, sans génie mais révélant un réel savoir-faire. Le scénario original de Roussell reprend le titre des poèmes philosophiques d’Alfred de Vigny, Les Destinées (1864), dont il cite un passage en exergue. Ancien acteur du Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg et ami du tsar Nicolas II, le cinéaste s’est dit séduit par les excès et turbulences du Directoire, une période de transition haute en couleur qui lui semble présenter quelques analogies avec la France hédoniste et déboussolée de l’après-guerre. Entre fresque, mélo et comédie, son film passe sous silence les infidélités de Joséphine. Napoléon, le cheveu raide et long, est très ressemblant aux portraits qu’en firent Philippoteau, Gros ou David : selon Lutèce Films, son interprète, Jean-Napoléon Michel, serait apparenté aux Bonaparte et sa famille aurait voulu ainsi perpétuer le nom du grand ancêtre. Il n’a pas l’austérité aquiline, la dureté du commandeur d’Albert Dieudonné (dans le film de Gance) : plus juvénile, il s’impose par une certaine théâtralité et un patriotisme démonstratif assez crédibles. La campagne d’Italie est filmée dans le Piémont, le reste aux Tuileries, au Louvre, au Palais-Royal, à Saint-Denis et aux studios d’Épinay. – IT : La battaglia di Lodi ; Destino ; Bonaparte a la battaglia di Lodi, DE : Napoleon Bonaparte, die Jugend des grossen Korsen.
1925Zigano, der Brigant vom Monte Diavolo (Zigano) (DE) de Harry Piel et Gérard Bourgeois
Harry Piel, Heinrich Nebenzahl/Hape-Film Co. GmbH (Berlin), 3000 m. – av. Harry Piel (Benito-Zigano), Raimondo van Riel (le duc Ludovico), Fritz Greiner (le comte Ganossa), José Davert (Matteo, son acolyte), Olga Limburg (Teresa), Karl Etlinger (le prélat, oncle de Benito), Dary Holm (Béatrice), Denise Legeay (Fiametta), Albert Paulig (le vieux préfet), Apoloni Campella (Zigano l’ancien).
Synopsis : En Haute-Italie en 1806, le duc Ludovic quitte son duché pour s’enrôler dans l’armée de Napoléon. Le comte Ganossa, qu’il a nommé gouverneur en son absence, est une crapule qui dépouille les pauvres sujets de son maître et pille les campagnes avec l’aide d’une bande de malandrins déguisés en soldats napoléoniens. Lui-même prend l’identité du hors-la-loi Zigano. La belle Béatrice essaie d’alerter le duc, son fiancé, mais Ganossa fait assassiner le préfet de police. Le véritable Zigano ayant été mortellement blessé lors d’une escarmouche, Benito, un campagnard farouche, prend sa place et assume parallèlement la fonction du nouveau préfet. Grâce à ses exploits de justicier, la véritable bande de Zigano met en fuite Ganossa et ses séides, tandis que le duc, couvert de gloire sous les drapeaux impériaux en Prusse, fait sa rentrée à la cour.
Harry Piel, l’intrépide casse-cou, acrobate, escrimeur et cascadeur du cinoche d’aventures germanique, apparaît ici dans un rôle à mi-chemin entre Zorro et Fra Diavolo. Rien de très original, mais une curiosité : le scénario est signé Henrik Galeen, un des artistes les plus actifs de l’expressionnisme fantastique, réalisateur des deux versions du Golem avec Paul Wegener (1914 et 1920), de L’Étudiant de Prague avec Conrad Veidt (1926) et d’Alraune (La Mandragore) avec Brigitte Helm (1927). Gérard Bourgeois, qui assiste Piel derrière la caméra, est un spécialiste à la fois du feuilleton policier français (Chéri-Bibi, Protéa) et du cinéma historique (plusieurs films autour de Napoléon). – IT : Lo zingaro.
1927® Napoléon (FR) d’Abel Gance. – av. ALBERT DIEUDONNÉ (Napoléon Bonaparte), Philippe Rolla (gén. Masséna), Genica Missirio (Joachim Murat), Metchikoff (gén. Charles Augereau), Jean Demerçay (Louis Charles Antoine Desaix), Jean Henry (Jean-Andoche Junot), Pierre de Canolle (Auguste Viesse de Marmont). – Sixième volet (43 min.) : le camp militaire d’Albenga (Ligurie), le départ de Bonaparte pour l’Italie à la tête de son armée de va-nu-pieds et sa première victoire à Montenotte, le 12 avril 1796 (détails, cf. p. 6).
1927Il vetturale del Moncenisio (Le Postillon du Mont-Cenis) (IT) de Baldassare Negroni
S.A.S. Pittaluga-Fert, Torino, 2499 m./env. 93 min. – av. Bartolomeo Pagano (Jean-Claude Thibaut), Rina De Liguoro (Genoveffa Thibaut), Umberto Casilini (Ludovico, comte d’Arezzo), CARLO VALENZI (Napoléon), Celio Bucchi (col. Roger), Alex Bernard (Pietruccio), Giuseppe Brignone (le curé de San Martino).
Synopsis : Pendant la campagne d’Italie, le colonel Roger doit impérativement traverser les Alpes du Nord, entre la Savoie et l’Italie, et passer les lignes autrichiennes pour porter un message au général Bonaparte. Jean-Claude Thibaud, voiturier du Mont-Cenis, vit sur l’alpe avec sa petite fille Jeanne et son épouse Geneviève. Connaissant tous les sentiers de la région, Jean-Claude accepte d’accompagner l’officier, mais un dénonciateur le livre aux Autrichiens. L’arrivée impromptue des troupes françaises le sauve du peloton d’exécution. Le traître, Ludovico, comte d’Arezzo, annonce la mort de Jean-Claude à Geneviève ; se croyant veuve, cette dernière retourne auprès de son père à Milan. Ludovico gagne sa confiance, puis son amitié et finit par l’épouser. Entre-temps, Jean-Claude se couvre de gloire dans la Grande Armée. à la chute de Napoléon, il rentre chez lui, fait justice et retrouve sa petite famille.
Le drame Jean le Cocher de Joseph Bouchardy (1852), également porté à l’écran en 1916 et en 1954/55 (cf. pp. 142 et 148), est ici radicalement italianisé et transposé de Paris à Milan. Cette version élargie et spectaculaire de l’inusable mélo populaire illustre plusieurs épisodes de la campagne d’Italie, en particulier la bataille de Montenotte où Bonaparte bat les Autrichiens du général Beaulieu en 1796, réalisée sur les lieux mêmes. Soutenu logistiquement par deux avions, le comte Negroni tourne dans la vallée alors inaccessible du Haut Cadore, ainsi qu’aux studios FERT à Turin où le peintre Domenica Gaido élabore décors et costumes. Quelques scènes sont filmées en couleurs. Bartolomeo Pagano (célèbre pour son interprétation du bon géant mythique Maciste) tient ici le rôle du postillon trahi par un rival. Malgré tous ces efforts, le film sombre dans l’oubli, tant son intrigue est ringarde. – ES : El correo de Napoleón.
1934Gern hab’ ich die Frau’n geküsst (Paganini) (DE) de E. W. Emo [= Emerich Josef Wojtek]
Franz Tappers, Helmut Eweler/Majestic-Film GmbH, Berlin (Alfred Greven), 87 min. – av. Ivan Petrovich (Niccolò Paganini), Eliza Illiard (Élisa Bonaparte, princesse de Lucques et de Piombino), Theo Lingen (Giacomo Pimpinelli, chambellan), Adele Sandrock (comtesse Zanelli, intendante de la cour), Maja Feist (comtesse Jeanne d’Anvier), Rudolf Klein-Rogge (comte gén. Gabriel de Hédouville, courrier de Napoléon), Aribert Wäscher (Sebaldus Manzetti, directeur de théâtre), Erika Glässner (Thalia Manzetti), Maria Beling (Bella Giretti, sa nièce), Veit Harlan (Enrico Tortoni, comédien), Gustav Mahncke (cdt. de la Garde princière), Erich Dunskus (l’aubergiste), Franz Weber, Karl Harbacher, Hans Hemes, Wolfgang von Schwindt, Egon Brosig.
Synopsis : À la frontière de la principauté de Lucques/Lucca en 1805 : poursuivi et blessé par les soldats du duc de Toscane pour avoir envoûté son épouse, le célèbre violoniste Paganini pénètre dans la principauté en se cachant parmi la troupe du Théâtre ambulant Manzetti ; Bella, la nièce de ce dernier, soigne le musicien et s’en éprend. Peu après, la princesse Élisa Bonaparte, sœur de Napoléon, entend Paganini jouer dans une osteria et, fascinée, l’invite à la cour où les deux vivent une passion dévorante. La princesse en oublie tous ses devoirs d’État (et, accessoirement, son mari). Alerté par le chambellan Pimpinelli, Napoléon, furieux, charge le général Hédouville d’arrêter Paganini. Mais Élisa refuse de le livrer aux soldats de son frère et, après un ultime concert, arrange avec Bella la fuite nocturne de son amant dans le carrosse de la comtesse d’Anvier, autre admiratrice.
Cette comédie partiellement chantée, tournée aux ateliers Jofa à Berlin-Johannisthal avec l’acteur serbe Ivan Petrovich, est une transposition de l’opérette Paganini de Franz Lehár, adaptée pour l’écran par Georg Zoch à partir d’un livret de Paul Knepler et Béla Jenbach. L’œuvre musicale, créée le 30 octobre 1925 au Théâtre Johann Strauss à Vienne, obtint un succès considérable à Berlin en janvier 1926 grâce à Richard Tauber (qui faisait Paganini) et resta trois mois à l’affiche ; le titre du film (« J’embrassais volontiers les femmes ») est d’ailleurs celui d’un des airs de l’opérette. L’intrigue exploite la liaison qu’aurait eue le plus grand violoniste de l’époque avec l’aînée des sœurs de Napoléon, Maria-Anna élisa Bonaparte (1777-1820), mariée à Félix Pasquale Baciocchi (1762-1841), un général d’Empire d’origine corse, natif d’Ajaccio. Napoléon avait transformé la république oligarchique de Lucques en une principauté destinée à sa sœur. Celle-ci introduisit plusieurs réformes législatives et créa notamment une Académie des Beaux-Arts pour les sculpteurs travaillant à Carrare. Reconnaissant la supériorité d’Élisa, Baciocchi lui laissa l’entière direction des affaires et se contenta du rôle de prince consort complaisant, supportant avec sérénité ses infidélités et se satisfaisait de la voir gouverner les États qu’elle tenait de l’Empereur. En 1809, Élisa obtint le titre supplémentaire de grande-duchesse de Toscane. En passant de la scène à l’écran, Élisa perd son mari, évacué d’office par le scénariste. Quant à l’authentique Paganini (1782-1840), il s’établit à Lucques en 1801 où il devint premier violon de l’orchestre de la République. À l’arrivée d’Élisa Bonaparte, il fut rétrogradé au second pupitre et compensa la perte financière en donnant des cours de violon (notamment au prince Baciocchi) ; il dut par ailleurs porter l’uniforme de capitaine des gardes lors des cérémonies officielles. C’est à Lucques qu’il se mit à composer, entre autres la Sonata Napoleone destinée à l’anniversaire de l’Empereur et le concerto pour violon composé pour le sacre en 1804. À partir de 1810, Paganini quitta le service de la cour pour vivre comme artiste indépendant. – ES : Paganini.
1938L’orologio a cucù (IT) de Camillo Mastrocinque
Era Film, 84 min. – av. Vittorio De Sica (ctp. Ducci), Guglielmo Sinaz (le banquier Rosen), Oretta Fiume (Paolina), Laura Solari (Elvira) Lamberto Picasso (le comte Scarabelli), Ugo Cesera (Barni), Gemma Bolognesi (la « Nenna »), Augusto Marcacci (Kreuss, inspecteur de police), Guglielmo Barnabò (sgt. MacNeill), Sergio Dani (le Lord amiral), Checco Rissone (Narciso), Giuseppe Pierozz (Tonino), Dino De Laurentiis, Alberto De Santis, Carlo Mariotti.
Synopsis : À Livourne (Toscane), en mars 1815. Ayant secrètement appris la disparition de Napoléon de l’île d’Elbe et craignant une restauration bonapartiste en Italie, le riche banquier Rosen décide de mettre sa fortune en sécurité sur un navire amiral britannique, cachée à l’intérieur d’une grande horloge à coucou. Pour s’assurer le bon fonctionnement de son stratagème, le banquier a promis sa nièce au vieux comte Scarabelli, mais le capitaine Ducci, qui est amoureux de la jeune fille, déjoue ses plans de mariage. On retrouve le comte Scarabelli mort à l’intérieur de l’horloge. Lors du procès, Ducci est le principal suspect. Mais le coupable est Barni, un ancien soldat de la Grande Armée et bonapartiste fanatique qui a tué le comte parce que ce dernier voulait l’empêcher d’annoncer publiquement la bonne nouvelle du retour de Napoléon. Ladite nouvelle suscite la panique et court-circuite le procès.
Une comédie noire d’une autre époque (« giallo d’altri tempi »), écrite par Renato Castellani et Mario Soldati, d’après la pièce éponyme en 3 actes d’Alberto Donini (1935) ; la pièce elle-même se déroule au XIX e siècle, sans mention de Napoléon ou des Cent-Jours. Tournage à Cinecittà et dans le port de Livourne, où la production utilise une goélette qui avait déjà servi pour la bataille navale de Ben-Hur en 1925/26. – ES : El correo de Napoleón.
1941® Suvorov (Souvorov) (SU) de Vsevolod Poudovkine et Mikhaïl Doller. – av. Nicolaï P. Tcherkassov-Sergejev (gén. Aleksandr Souvorov), Apollon Yachnitski (le tsar Paul Ier), Sergej Kiligin (prince gén. Bagration). – En 1798, à la demande de l’Autriche, le général Souvorov, jugé seul capable de sauver l’Europe du péril républicain, est nommé commandant en chef de l’armée austro-russe d’Italie. Au printemps 1799, il remporte victoire sur victoire, le chemin de Paris est ouvert, quand le conseil de guerre autrichien lui ordonne de bifurquer sur la Suisse pour y soutenir les armées en difficulté de Rimsky-Korsakoff (cf. p. 519).
1941La Compagnia della Teppa (IT) de Corrado D’Errico
Michele et Salvatore Scalera/Scalera Film, 70 min. – av. Maria Denis (Ada Mellario), Adriano Rimoldi (Giorgio Appiani), Nicoletta Parodi (Agnese/Ada Mellario), Corrado Racca (marquis Carrera), Giorgio Costantini (Alberico Carrera), Clelia Matania (Mme Carolina Agudio), Dina Perbellini (signora Mellario), Erminio Spalla (Bartolomeo Borghi), Carlo Duse (baron Duvert, chef de la police), Michele Riccardini (le compositeur Gioacchino Rossini).
Synopsis : À Milan, capitale du Royaume napoléonien d’Italie, en 1812, un groupe de jeunes aristocrates fonde la société secrète dite la « Compagnie de la racaille », dans le but de conspirer contre l’oppresseur. L’organisation est financée par le marquis Carrera, haut magistrat (gonfalonier) de la ville. Grâce à son réseau d’informateurs, ce dernier parvient à sauver la vie de deux conjurés appréhendés après une audacieuse opération visant à empêcher les Français de s’emparer de la « Pietà » de Giovanni Bellini, la cantatrice Ada Mellario (dont le marquis est amoureux) et Giorgio Appiani, le chef du groupe. – Une bande d’aventures filmée aux studios Scalera (Circonvallazione Appia) à Rome, avec Mario Bava à la caméra.
1943[épisode] Piazza San Sepolcro / Cronache di due secoli ovvero gli Stati Uniti d’Europa (IT) de Giovacchino Forzano
Consorzio Produttori Tirrenia, 75 min. – av. OSVALDO VALENTI (Napoléon), Vivi Gioi (un espion britannique), Raniero Barsanti (un officier de la Garde impériale), Rossano Brazzi, Ermete Zacconi, Filippo Scelzo, Alberto Capozzi. – Evocation de deux siècles d’histoire européenne, tournée dans les studios Pisorno à Tirrenia (Toscane), travail plus d’une fois interrompu par les bombardements. Quoique terminé dans les pires difficultés, le film ne sera jamais distribué et demeure inédit à ce jour. Il retrace en mode fictionnel l’origine de l’impérialisme britannique, les bouleversements de la Révolution française et des guerres napoléoniennes dans la Péninsule italienne, puis la création de l’Italie moderne. En 1935, le dramaturge fasciste Forzano avait réalisé Campo di maggio (Les Cent-Jours), sur un scénario de Mussolini (cf. p. 611).
1946The Magic Bow (L’Archet magique. Le Roman d’amour de Paganini) (GB) de Bernard Knowles
R. J. Minney/Gainsborough Pictures, 106 min. – av. Stewart Granger (Niccolò Paganini), Phyllis Calvert (Jeanne de Vermont), Jean Kent (Bianchi), Dennis Price (Paul de La Rochelle), Cecil Parker (Luigi Germi), Felix Aymler (Signor Passini), Frank Cellier (Antonio), Marie Lohr (comtesse de Vermont), Henry Edwards (comte de Vermont), Mary Jerrold (Teresa Paganini), Anthony Holles (Tartutti), David Horne (Rizzi), James Harcourt (le pape Léon XII).
Une prétendue biographie de Niccolò Paganini où absolument tout est faux, excepté le Stradivarius dont se sert le musicien à l’écran ! À Gênes, Jeanne de Vermont engage le violoniste de basse extraction pour couvrir de son jeu de violon l’évasion de son père, un noble français prisonnier des Autrichiens. À Parme, Paganini acquiert un Stradivarius grâce à sa virtuosité et parvient, non sans peine, à décrocher un récital à l’opéra. Il y obtient un triomphe, le même soir où Napoléon entre dans la ville (1805) : son interprétation de Beethoven couvre le bruit des bottes ; les officiers n’osent l’interrompre. Quoique amoureuse de Paganini, Jeanne doit épouser le vicomte Paul de La Rochelle sur ordre de l’Empereur. Sous la menace, elle rompt avec Paganini, qui devient célèbre au cours de multiples récitals en Europe. À Paris, Jeanne réussit à s’interposer entre le musicien et La Rochelle qui veut tuer son rival en duel. Blessé au bras, Paganini sombre dans la dépression, mais il est sauvé par une invitation du Vatican à jouer devant le pape Léon XII en 1823. Bravant les conventions sociales, Jeanne se rend à Rome pour vivre avec Paganini. – De la confection soignée (filmée aux studios Gainsborough à Shepherd’s Bush) pour un scénario grotesque, heureusement soutenu par Stewart Granger, toujours élégant, et le violon de Yehudi Menuhin. Présenté au festival de Cannes 1946. La presse se confond en sarcasmes. – IT : Un grande amore di Paganini, ES : El arco mágico, DE, AT : Paganini.
1952Un caprice de Caroline Chérie (FR) de Jean Devaivre [et Michel Boisrond]
François Chavane, Alain Poiré/Cinéphonic-S.N.E.G. (Gaumont), 104 min. – av. Martine Carol (Caroline de Sallanches), Jacques Dacqmine (gén. Gaston de Sallanches), Marthe Mercadier (Ida), Véra Norman (comtesse Paolina Ruccelli), Jean-Claude Pascal (Livio), Jean Pâqui (cpt. de Cépoys), Denise Provence (comtesse Clélia de Monteleone), Gil Delamare (ltn. Berthier).
Histoires d’alcôves à Côme, en Lombardie, pendant la première campagne d’Italie, en 1797 : Caroline et son époux, le général de Sallanches, se réfugient dans le château des Monteleone durant l’insurrection antifrançaise, le gros des troupes étant mobilisé au nord par Masséna. Caroline en profite pour flirter avec un séduisant danseur, Livio. Obligée de fuir sous un déguisement masculin lors de la révolte, Caroline laisse son époux entre les bras de la comtesse Clélia de Monteleone chez qui ils ont trouvé refuge et se venge en rejoignant Livio, en réalité le chef des rebelles. Sallanches reprend la situation militaire en main et, magnanime, fait grâce à Livio qui regagne l’Autriche.
Condamné par le cardinal de Lyon pour pornographie, ce deuxième volet des amourettes pseudo-historiques imaginées par Cécil Saint-Laurent (faisant suite à Caroline Chérie de Richard Pottier en 1951) est le premier film français tourné en Technicolor et, la publicité involontaire de l’Église aidant, attire 2,8 millions de spectateurs dans les salles de l’Hexagone. De la besogne divertissante mais ringarde, pour fans de Martine Carol, symbole de la féminité et de l’érotisme des années cinquante ... avant Brigitte Bardot. Les extérieurs se font sur la Côte d’Azur (cap Martin, cap Ferrat, Garavan, Beaulieu, Menton), les intérieurs aux studios de Boulogne-Billancourt et de la Riviera (Victorine) à Nice. Cécil Saint-Laurent alias Jacques Laurent-Cély, royaliste, puis anarchiste de droite, membre de l’Action française et grand contempteur de Sartre, ressuscite dans ce film, où il est beaucoup question de collaboration avec l’ennemi, de dénonciations plus ou moins anonymes et de traîtrises en tout genre, certains traumatismes de 1944/45 : la tonte des femmes rappelle sans équivoque les glorieux comités d’épuration de la Libération. Jean Anouilh signe le scénario, d’après le roman Les Caprices de Caroline paru en 1951. – US : Caroline Cherie, DE, AT : Mein Leben für die Liebe, IT : Un capriccio di Caroline Cherie.
1954(tv) Les Hussards (FR) de Claude Loursais
(1re Ch. RTF 3.7.54). – av. Jacques Fabbri (brigadier Le Gouce), André Gille (trompette Flicot). – D’après la comédie de Pierre-Aristide Bréal, cf. infra, film de 1955.
1955*Les Hussards / Les Culottes rouges (FR/ES) d’Alex Joffé
Cocinor-Cocinex S.L.-Sédif, 102 min. – av. Bourvil (le trompette Jean-Louis Flicot), Bernard Blier (le brigadier Ange-Marie Le Gouce), Louis de Funès (le bedeau de l’église Luigi), Giovanna Ralli (Cosima), Alberto Bonucci (Lini), Gianni Esposito (Pietro), Virna Lisi (élisa), Georges Wilson (cpt. Georges).
L’hilarante tragi-comédie pacifiste de Pierre-Aristide Bréal, créée en décembre 1953 au Théâtre des Noctambules par la Compagnie Jacques Fabbri et qui obtint un succès phénoménal (trois ans à l’affiche). Synopsis : Pendant la première campagne d’Italie, alors que les commerçants milanais fuient l’occupant français, deux hussards indisciplinés, couards et farceurs, le trompette Flicot et le brigadier Le Gouce, perdent leur monture. Pour éviter le conseil de guerre, ils prétendent avoir été victimes d’un franc-tireur. Leur mensonge provoque l’arrestation de plusieurs otages italiens, puis – leur capitaine ayant découvert le pot aux roses – leur propre incarcération, grâce à laquelle ils échappent à la décimation des leurs par les Autrichiens. Flicot et Le Gouce évitent le peleton d’exécution, Bonaparte (dont on n’entend que la voix) ayant récompensé tout l’escadron pour son comportement exemplaire à la bataille du pont de Lodi, le 10 mai 1796. Morale : « Des lâches, il en faut, s’il n’y en avait pas, qui est-ce qui repeuplerait le monde quand tous les fiers-à-bras auront fini de s’entretuer ? »
Le savoureux tandem d’anti-héros Bourvil-Blier garantit au film un succès commercial spectaculaire (2 875 100 entrées au box-office), rien à l’écran ne laissant transparaître la prise de bec entre Blier et Joffé (qui ne s’adressèrent plus la parole dès le deuxième jour de travail) ni les gros conflits d’ego entre vedettes. Georges Wilson, du TNP, apparaît dans son premier rôle important à l’écran. La prestation de Bourvil attire l’attention de Claude Autant-Lara qui l’engage pour La Traversée de Paris. Tournage aux studios de Saint-Maurice (Boulogne) où l’on édifie en extérieurs la place du village, à Lagny (Seine-et-Marne), à Saint-Maximin et Ollières (Var), où 250 figurants se livrent une furieuse bataille, enfin à Trilport, dans la région parisienne. – IT : La piccola guerra / Gli ussari.
1959/60*(tv) La Pisana (IT) de Giacomo Vaccari
Sergio Pugliese/RAI Radiotelevisione italiana (Programma nazionale 23.10.-27.11.60), 6 x 65 min. – av. Lydia Alfonsi (Pisana di Fratta), Giulio Bosetti (Carlo Altoviti, dit Carlino), Mario Scaccia (cpt. Sandracca), Umberto Orsini (Partistagno), Gian Maria Volonté, Franco Graziosi, Ludovica Modugno, Pina Cei, Laura Adani, Franca Bettoia, Giuseppe Caldani, Marina Berti, Lola Braccini, Teresa Franchini, Fulvia Mammi, Claudio Gora, Edoardo Toniolo, Michele Malaspina, Giuseppe Pagliarini, Rina Franchetti, Vinicio Sofia, Maria Teresa Albani, Ennio Balbo, Armando Bandini, Elena Cotta, Giancarlo Maestri, Sandro Merli, Enrico Osterman, Massimo Pianforini, Antonio Pierfederici, Silvio Spaccesi, Ivano Staccioli, Silvano Tranquilli, ENRICO MARIA SALERNO (la voix de Napoléon).
Dans les chapitres 1 à 21 de Le confessioni d’un italiano (Mémoires d’un Italien), un roman historique écrit en 1857 et publié dix ans plus tard, Ippolito Nievo conte (à travers les souvenirs d’un octogénaire) les amours enfantines de Carlo Altovitti dit Carlino, un orphelin issu de l’aristocratie vénitienne, pour sa cousine Pisana, au château de Fratta, dans le Frioul. Alors que l’Ancien Régime s’effondre, la vie sépare temporairement les amoureux : Carlo, idéaliste, fait un double apprentissage sentimental et politique, traversant un demi-siècle de bouleversements politiques, pourchassé, incarcéré, frappé même de cécité passagère. Il ne parviendra toutefois jamais à oublier sa chère Pisana, une beauté malicieuse, inconstante, à la fois calculatrice et follement généreuse – tantôt sauvage, impulsive et sensuelle, tantôt capable de grande abnégation ; chacun se marie de son côté, pour se retrouver en amis dévoués quelque temps plus tard. Parallèlement, l’épopée décrit avec lyrisme, lucidité et parfois ironie la montée des idées nouvelles issues de la Révolution française, les invasions napoléoniennes, la naissance de la République parthénopéenne et des autres républiques sœurs de la Péninsule, la fin de la République de Venise, vendue aux Autrichiens par le traité de Campoformio (1797), etc. Après la victoire de Napoléon à Marengo (1800), Carlo est nommé préfet des Finances à Bologne, suit la Grande Armée puis, avec l’effondrement de l’Empire, participe à l’insurrection contre les Bourbons à Naples en 1821, ce qui lui vaut d’être condamné à mort ; Pisana lui sauve la vie et s’exile avec lui à Londres où elle succombe à la maladie (le feuilleton s’achève à ce moment). Devenu farouche patriote, Carlo s’oppose à la domination de l’Autriche sur le Nord de l’Italie et poursuit son récit jusqu’aux combats du Risorgimiento garibaldien auxquels le romancier a lui-même participé.
La série, réalisée à grands frais dans les studios du Centro di Produzione RAI à Naples et en Vénétie par un des téléastes les plus doués de sa génération, est programmée pour célébrer le centenaire de l’unité italienne et celui de la mort tragique d’Ippolito Nievo en 1859 (un naufrage lors d’une expédition de Garibaldi). Les costumes sont signés Marcel Escoffier, responsable de ceux de La Belle et la Bête de Cocteau et de Senso de Visconti. Les scénaristes Aldo Nicolaj et Marcello Saltarelli ont concentré leur récit sur la Pisana, un des personnages féminins les plus attachants de la littérature italienne, auquel Lydia Alfonsi, la révélation de l’année au petit écran, prête tout son talent (elle sera une bouleversante Luisa Sanfelice, autre révolutionnaire patriote, en 1966, cf. p. 236). Le feuilleton paralyse toute la Péninsule devant l’écran cathodique ; quelques audaces font frémir les esprits chagrins et rappellent l’hostilité de Nievo pour la chape morale du catholicisme : la Pisana en chemise de nuit invite Carlino dans sa chambre à coucher... La presse relève unanimement les qualités peu communes de la réalisation de Vaccari, d’une sensibilité à fleur de peau : sa caméra arpente l’espace avec virtuosité (prises de vues en direct) et une liberté qui annonce la Nouvelle Vague. On a rarement vu le XIX e siècle reconstitué avec autant de justesse. Hélas, le téléaste, compagnon de Lydia Alfonsi, décédera trois ans plus tard, à l’âge de 32 ans, dans un accident de la circulation. Une perte majeure pour la RAI et le cinéma italien.
1961(tv) Paganini (DE) de Theodor Grädler
Westdeutscher Rundfunk (WDR 5.8.61), 125 min. – av. Fritz Eckhardt (Niccolò Paganini), Susanne Korda (Élisa Bonaparte, princesse de Lucques et de Piombino), Gerd Frickhöffer, Topsy Küppers, Walter Reyer. – Les amours de Paganini et d’Élisa Bonaparte à Lucques (v. 1805). Adaptation télévisée de l’opérette de Franz Lehár (cf. supra, Gern hab’ ich die Frau’n geküsst, 1934).
1965(tv) Jéricho (FR) d’André Leroux
ORTF (1re Ch. 16.3.65), 85 min. – av. Henri Vilbert, Jacqueline Porel, Jean-Pierre Rambal, Anne Carrière, Bernard Verley, Bernard Woringer, Alain Nobis, Christian Marin, Jany Clair.
Au Piémont en 1797, soucieux de protéger les femmes de la ville, un gouverneur hésite à se rendre aux Français. Son épouse séduit un général français, et gagne sur tous les tableaux (d’après Jean-Robert Lestienne).
1966Sept hommes et une garce / La Primula rosa / Sapte baieti si o strengarita (FR/IT/RO) de Bernard Borderie
Hélène Dassonville/Franco London Films-Dear-Bucuresti, 87 min. – av. Jean Marais (cpt. Dorgeval), Sydney Chaplin (Duprat, son adjoint), Marilu Tolo (la comtesse Carlotta), Guy Bedos (Latouche), Philippe Lemaire (Lafont), Ettore Manni (cpt. autrichien), Florin Piersic (Franquillon), Serban Cantacuzino (Silvio), Serge Ayala (Cabrol), Dem Radulescu (von Schlering), Sylvie Bréal (Monica).
Gaudriole militaire sans relief, malgré Jean Marais, et située en Italie du Nord en 1796 : promise à un gentilhomme autrichien, Carlotta, une comtesse italienne aussi frivole qu’envahissante, s’ennuie ferme dans le château paternel et voit avec joie arriver les Français. Elle se déguise en servante et fait boire du narcotique à Dorgeval et Duprat, deux officiers querelleurs, la honte de l’armée de Bonaparte. Lorsque les deux se réveillent, le régiment a poursuivi sa route et ils risquent d’être portés déserteurs. Carlotta prend sa carriole et les conduit vers l’armée française, recueillant en route cinq autres soldats égarés en territoire ennemi. Le tandem oblige Carlotta à se baigner nue pour piéger une patrouille autrichienne, mais l’affaire tourne court ; rouée, la comtesse leur joue un tour et ce sont les Français qui sont emprisonnés et condamnés à être fusillés. Pour se racheter, Carlotta s’ingénie à sauver les malheureux – qui sont de si gais compagnons – en usant de ses charmes.
La guerre est ici prétexte à grosses farces et rigolades, les décolletés sont pigeonnants et toutes les péripéties motivées prioritairement par la bagatelle. Le titre italien est « Le Mouron rose » – c’est tout dire ! Tournage en Eastmancolor et Techniscope en Roumanie (Cheile, Turzii, Floresti, Brasov, Tureni, Mogosoaia et studios de Buftea), d’après un scénario de Mireille de Tissot et de Cécil Saint Laurent, l’auteur de Caroline Chérie. Sydney Chaplin, le fils de Charles, donne la réplique à Jean Marais, et Guy Bedos fait un soldat bègue, peureux et crétin. Un échec public et une déception pour Marais qui comptait retrouver ainsi la veine des Capitan et Lagardère. – DE : Sieben Männer und eine Frau, AT : 7 Mann und ein Luder, US : Seven Guys and a Gal.
1967/68Δ Caroline Chérie / Caroline Cherie / Caroline Chérie : Schön wie die Sünde (FR/IT/DE) de Denys de la Patellière. – av. France Anglade (Caroline de Bièvre), PIERRE VERNIER (gén. Napoléon Bonaparte). – Conclusion : dès la fin de la Terreur, Caroline retrouve son Gaston servant dans l’armée de Bonaparte en Italie (1796). Elle est arrêtée. Le jeune général ordonne à Gaston, promu en grade, d’interroger cette dangereuse espionne, quitte à y passer la nuit, ou plusieurs si le cœur lui en dit ... « Et quand le soleil de Bonaparte se lèvera sur Campoformio, les seins de Caroline généreusement décolletée par la mode nouvelle viendront recueillir la tête couverte de lauriers du colonel de Sallanches » (publicité).
1969(tv) Les Hussards (FR) de Pierre Sabbagh (tv), Jacques Fabbri (th)
« Au théâtre ce soir » (1re Ch. ORTF 5.9.69). – av. Jacques Fabbri (brigadier Le Gouce), André Gille (trompette Flicot), Annick Alane, Jacques Balutin, Charles Charras, Claudine Collas. – La tragi-comédie de P.-A. Bréal enregistrée au théâtre Marigny à Paris, cf. film de 1955.
1969® (tv) Jean-Roch Coignet (FR/BE/IT/CH/CA) de Claude-Jean Bonnardot (TF1 23.+25.12.69), épisodes 1 et 2. – av. Henri Lambert (Jean-Roch Coignet), Pierre Santini (Gervais), François Dyrek (La Franchise), Max Vaille (Godaille), Enrico Salvatore (cpt. Renard), Jacques Mondain (Benoît), Gabriella Giorvelli (Margot-la-Joie), Milan Micie (Louis-Alexandre Berthier), Gérard Chevalier (gén. Jean Lannes). – Fantassin de la Garde impériale, Coignet a participé à toutes les campagnes napoléoniennes depuis 1799, sans jamais avoir été blessé. Une partie des deux premiers épisodes de cette intéressante télésérie en couleurs tirée des fameux Cahiers du capitaine Coignet (1833) relate ses expériences – authentiques – durant la campagne d’Italie (au total 44 minutes). Garçon d’écurie à Auxerre, Coignet reçoit fin août 1799 sa feuille de route pour rejoindre le régiment qui se forme à Fontainebleau. Incorporé comme grenadier dans la 96 e demi-brigade à l’Armée d’Italie (armée de réserve de Bonaparte), il gagne en interminables marches forcées Auxerre, Dijon, Dôle et Lausanne, puis participe à la difficile traversée du Grand-Saint-Bernard dans la neige pour surprendre les arrières des troupes autrichiennes en Italie du Nord. Le 9 juin 1800 à la bataille de Montebello, les 14 000 hommes du général Lannes culbutent les 16 000 hommes du général Peter-Carl Ott ; Coignet s’empare à lui seul d’un canon autrichien et Berthier, chef d’état-major de Bonaparte, le fait inscrire pour un « fusil d’honneur ». Après le combat, il se rend compte que « pour la première fois de sa vie vivante, il a tué du monde ». La demi-brigade se dirige ensuite vers Marengo (mai 1800), où Coignet échappe de peu à la mort et ne doit son salut qu’à sa natte qui amortit un coup de sabre. Puis c’est le retour en France après avoir pris Mantoue et Vérone (Commentaires, cf. p. 153).
1973(tv) Paganini (DE) d’Eugen York
UNITEL Prod. (ZDF 4.1.73), 108 min. – av. Antonio Theba (Niccolò Paganini), Teresa Stratas (Élisa Bonaparte, princesse de Lucques et de Piombino), Johannes Heesters (Felice/Félix Pasquale Baciocchi, prince de Lucques et de Piombino), Dagmar Koller (Bella Giretti), Peter Kraus (Giacomo Pimpinelli, chambellan), Fritz Tillmann (comte Carcasona), Wolfgang Lukschy (comte gén. Gabriel de Hédouville), Klaus Havenstein (Bartucci, l’imprésario), Franz Rudnick, Eduard Wandrey, Wolfgang Völz, Georg Lehn. – Les amours de Paganini et d’Élisa Bonaparte à Lucques (v. 1805). Adaptation télévisée de l’opérette de Franz Lehár (cf. supra, Gern hab’ ich die Frau’n geküsst, 1934).
1974(tv) Le Voyage en calèche (FR) de Claude Barma
(2e Ch. ORTF 5.4.74). – av. Danielle Lebrun, José Maria Flotats, Benoist Brione, Sadi Rebbot, André Luguet. – Piémont en 1797: l’équipée à travers les lignes ennemies d’une cantatrice de la Scala de Milan, d’un colonel français qui la courtise et du chef des résistants, son amant. Divertissement romantique d’après la pièce de Jean Giono (1943).
1976Δ (tv) Paganini (IT) de Dante Guardamagna (RAI due 2.12.76). – av. Tino Schirinzi (Niccolò Paganini), Margherita Guzzinati (Élisa Bonaparte, princesse de Lucques et de Piombino), Luciana Buonfino (Pauline Bonaparte), Giuliana Calandra (l’impératrice Marie-Louise d’Autriche), Giuseppe Telesca (Felice/Félix Pasquale Baciocchi, prince de Lucques et de Piombino), Alessandro Sperli (Gioacchino Rossini). – Biographie télévisée du violoniste, illustrant au passage ses rapports avec Élisa et Pauline Bonaparte, vers 1805 (production RAI en 4 parties de 60 min.).
1981*Il Marchese Del Grillo / Le Marquis s’amuse (IT/FR) de Mario Monicelli
Luciano De Feo, Renzo Rossellini/Opera Film Produzione SRL (Roma)-Gaumont (Paris), 139 min. – av. Alberto Sordi (Onofrio, marquis Del Grillo, duc de Bracciano / Gasparino, le charbonnier), Paolo Stoppa (le pape Pie VII), Caroline Berg (Olimpia), Giorgio Gobbi (Ricciotto), Riccardo Billi (Aronne Piperno), Marc Porel (Blanchard), Isabelle Linnartz (Genuflessa, la cousine), Maria Confalone (Camilla, la sœur), Elena Daskowa Valezano (la marquise Del Grillo, mère d’Onofrio), Leopoldo Trieste (Don Sabino), Camillo Millo (Bartolomeo Pacca, secrétaire d’état du pape), Jacques Herlin (gén. Étienne Radet), Angela Campanella (Faustina).
Synopsis : Rome en 1808, pendant l’occupation militaire napoléonienne. Garde Noble et camérier secret du Pape Pie VII, Onofrio Del Grillo est un marquis excentrique et hédoniste qui, pour tuer l’ennui et abhorrant l’hypocrisie de ses compatriotes, s’amuse à leur jouer des farces tantôt drôles, tantôt cruelles. Il sympathise avec les Français qui ont apporté le progrès : Voltaire, les femmes sur scène et la guillotine. Ayant découvert un sosie, le pauvre charbonnier Gasparino, il l’installe dans son propre lit. Trop occupé à ses affaires de cœur, il rate l’arrestation nocturne du pape par les troupes du général Radet au palais du Quirinal, le 6 juillet 1809 ; le Souverain pontife ayant refusé de renoncer à la souveraineté temporelle des États de l’Église et d’appliquer le Blocus, Napoléon ordonne son transfert en France. Del Grillo se fait prudemment oublier en suivant la belle Olimpia, une comédienne, à Paris. Mais en route, il croise des régiments en guenilles, revenant de Russie. Après l’abdication de Napoléon en 1814, le marquis rentre à Rome où se prépare l’exécution capitale de son malheureux sosie Gasparino, condamné à mort par le pape pour désertion et trahison. Le Saint Père ayant grâcié le « traître » avant que le couperet ne tombe (car il voulait seulement donner une leçon au marquis), Onofrio reprend discrètement sa place ...
Mario Monicelli (I soliti ignoti/Le Pigeon, 1958), qui portait ce projet en lui depuis longtemps, brosse la peinture féroce d’une société en pleine déliquescence où des aristocrates séniles soutenus par une Église corrompue et autocrate vivent sur le dos de la population crédule, misérable et violente. Anticonformiste impénitent, l’authentique marquis Del Grillo (qui aurait en réalité vécu de 1714 à 1787 et dont on oblitère l’antisémitisme) est un personnage quasi légendaire, au sujet duquel circulent d’innombrables anecdotes à Rome : un joyeux luron souvent cynique par désespoir, magistralement interprété par Sordi, avec l’accent local. Monicelli dépeint en priorité l’antagonisme entre l’attitude progressiste du marquis et l’entêtement conservateur d’une Cour romaine plus papiste que le pape. Del Grillo étant animé d’un esprit frondeur, le cinéaste trouve plus savoureux de le mettre en évidence dans des années de vraie fronde, au début du XIX e siècle. Ce qui ne l’empêche pas de traiter les faits historiques comme l’arrestation de Pie VII avec un certain sérieux. Lorsque l’envoyé de Napoléon demande au Saint Père de renoncer formellement à la souveraineté de l’Église, celui-ci répond par ces mots célèbres : « Nous ne le pouvons pas, nous ne le voulons pas, nous ne le devons pas. » La comédie, bouffonne, souvent grinçante, parvient à trouver un équilibre entre tonalités contradictoires, mais elle souffre de ruptures de rythme. Monicelli la filme en Technovision et Telecolor à Rome (Campidoglio, Piazza del Velabro, Sant-Angelo, palais du Quirinal), à Canale Monterano, au couvent San Bonaventura, au palais ducal Pfanner de Lucca, au château Orsini-Odelscalchi à Bracciano, à Camigliano (villas Torrigiani et Mansi), à Grottaferrata, à Tarquinia, au théâtre d’Amelia (Ombrie) et à Cinecittà. Le filme se hisse en deuxième place au box office national avec 5,7 millions de spectateurs. Lauréat de deux prix David di Donatello (costumes, décors, nomination pour Sordi) et de quatre Nastri d’Argento (costumes, décors, scénario, Paolo Stoppa) en 1982. Monicelli reçoit l’Ours d’argent au festival de Berlin pour sa mise en scène. En 2008, Pippo Franco, Massimiliano Giovanetti et Claudio Pallottini transforment le scénario de Monicelli en pièce de théâtre, dirigée et interprétée par Pippo Franco. – ES : El marqués del Grillo, DE : Die tolldreisten Streiche des Marchese del Grillo.
1981Δ [épisode :] Time Bandits (Bandits ... bandits!) (GB) de Terry Gilliam ; Handmade Films Ltd., 113 min. – av. IAN HOLM (Napoléon Bonaparte), Kevin (Craig Warnock). – Délaissé par ses parents (au XX e siècle), le petit Kevin préfère la lecture des exploits de Napoléon à de stupides programmes télévisés. Une nuit, il est entraîné en rêve par six nains spécialisés dans le « vol du temps ». Il débarque ainsi en pleine campagne d’Italie, au soir de la bataille de Castiglione, le 5 août 1796. Les hussards autrichiens et la population fuient, on fusille dans la ville en flammes. Affalé dans un théâtre, le général Bonaparte (en costume d’empereur !), dépressif, inactif, s’esclaffe de rire devant un spectacle de marionnettes. Le futur maréchal Ney le supplie en vain d’accepter la reddition du maire et des conseillers municipaux, la capitulation engloberait, dit-il, toute la région à l’ouest de la Lombardie jusqu’au sud de l’Italie. « Tu me fatigues », répond Bonaparte avec un fort accent corse ... Le marionnettiste se fait tuer. Les nains détroussent Bonaparte et son état-major et s’enfuient vers d’autres aventures imaginées par le génial Terry Gilliam (Brazil) et ses compères du groupe Monty Python. Un épisode de 13 minutes, délirant, drôle et démystificateur, filmé aux Lee International Studios (Londres) et, pour le château de Bonaparte, à Raglan Castle (Montmouthshire). Ian Holm porte une fois de plus le bicorne (cf. Napoleon and Love, tv 1974, et The Emperor’s New Clothes d’Alan Taylor, 2001).
1981/82Δ (tv) La Chartreuse de Parme / La certosa di Parma (FR/IT) de Mauro Bolognini (FR3 26.12.81 / RAI 12.9.82). – av. Marthe Keller (La Sanseverina), Gian-Maria Volonté (comte Mosca), Andrea Occhipinti (Fabrice del Dongo), Georges Wilson (le prince de Parme), Lucia Bosè (la marquise del Dongo), Nelly Borgaud (la princesse de Parme). – Le premier épisode (55 min.) se déroule lors de l’arrivée de Bonaparte en Italie en 1796.
1984(tv) Les Hussards (FR) de Pierre Sabbagh (tv), Jacques Fabbri (th)
« Au théâtre ce soir » (TF1 14.7.84). – av. Jacques Fabbri (brigadier Le Gouce), André Gille (trompette Flicot), Annick Alane, Charles Charras, Claudine Collas, Gabriel Jabbour. – La tragi-comédie de P.-A. Bréal enregistrée au théâtre Marigny à Paris, cf. film de 1955.
1989Δ Paganini (IT/FR) de Klaus Kinski ; Scéna-Retitalia- President. – av. Klaus Kinski (Niccolò Paganini), Eva Grimaldi (Élisa Bonaparte, princesse de Lucques). – Le violoniste et la sœur de Napoléon à Lucques (v. 1805) dans un film aussi narcissique et hystérique que son interprète-réalisateur.
1991Δ Rossini ! Rossini ! (IT/FR/DE/ES) de Mario Monicelli ; Rosero-Luce-Italnoleggio-RAi. – av. Philippe Noiret (Giuseppe Rossini), Sergio Castellito (Gioacchino Rossini, son fils), TULLIO SORRENTINO (Napoléon), Paolo Proietti (gén. Claude-Victor Perrin), Dora Ceratto (Marie-Caroline, reine de Naples), Franco Marino (Ferdinand IV, roi de Naples), Vittorio Gassman (Ludwig van Beethoven), Feodor Chaliapin Jr. (le baron Rothschild), Galeazzo Benti (La Rochefoucauld). – Biopic de 2h35 du grand musicien italien (1792-1868), qui publie sa première œuvre musicale en 1808 et dont le premier opéra est représenté à Bologne en 1812, alors qu’il a vingt ans. Son père Giuseppe, fervent partisan de la Révolution française, a accueilli l’Armée d’Italie de Bonaparte avec enthousiasme. Il a été emprisonné de 1799 à 1800 après le retour des Autrichiens et la restauration du gouvernement pontifical. Gioacchino composera en 1867 un Hymne à Napoléon III et à son Vaillant Peuple. Tournage partiel au château de Fontainebleau.
1993**Fiorile (IT/FR/DE) de Paolo et Vittorio Taviani
Grazia Volpi, Jérôme Clément/Filmtre-Gierre Film-Pentafilm S.p.a.-Florida Movies (Jean-Claude Cécile)-La Sept Cinéma (Paris)-Roxy Film München-K.S. Film München (Karl Spiehs), 118 min. – av. Michael Vartan (ltn. Jean), Galatea Ranzi (Elisabetta Benedetti), Claudio Bigagli (Corrado Benedetti).
Premier épisode, situé en Toscane en 1796 : Elisabetta Benedetti, une paysanne italienne, aime Jean, un lieutenant français de l’Armée d’Italie qui lui a sauvé la vie lors d’une embuscade tendue par un groupe de nobles toscans à cheval. L’attaque est repoussée, mais la caisse du régiment a disparu, volée par Corrado, le frère d’Elisabetta. La caisse n’étant pas réapparue, Jean est fusillé le lendemain matin après avoir passé une nuit de tourments parmi les villageois. Ce trésor subtilisé sera pendant deux siècles la malédiction du clan Benedetti, devenu riche, corrompu et haï, et que la population locale appelle les « Maledetti » (les maudits). Un des trois contes amers et envoûtants d’un poème cinématographique chantant les beautés de la Toscane, pays d’origine des cinéastes (durée de l’épisode : 29 min.). Tournage à Sesto Fiorentino (Villa La Massa) et à Rignano près de Pise. Sélection du festival de Cannes 1993, Prix David di Donatello (décors) et quatre nominations (photo, costumes, son, l’acteur Renato Carpentieri).
1997(tv) Il falso (1797)épisode de Nei secoli dei secoli (IT) de Marcello Cesena
RTI-Mediaset Fiction Elettronica (Canale 5 29.6.97), 86 min. – av. Massimo Wertmüller (prof. Albertini), Jo Champa (Caterina Fornari), SERGIO BINI (gén. Napoléon Bonaparte). – En 1796, alors que Bonaparte entre à Bologne, un érudit essaie de dissimuler des œuvres d’art que les Français veulent confisquer pour le musée du Louvre.
1998A Secret Audience (GB) de David Morrissey
D. Morrissey, Carl Clifton/Tubedale Communications-Jolyon Symonds Productions, 15 min. – av. FINBAR LYNCH (Napoléon), Jonathan Newth (le pape Pie VII), Paul Balley (cpt. Renaud, page de Napoléon), Daniel Hilton (page), David Soloman et Michael Hagitateris (les Mamelouks), Peter Wright (narrateur).
Le 25 novembre 1804 à Fontainebleau, à une semaine du couronnement de l’Empereur. En mai, celui-ci a exprimé le souhait de se faire couronner par le pape Pie VII en personne, et le Saint Père a quitté le Vatican pour la France le 2 novembre, contre l’avis de la Curie romaine. Il espère ainsi – mais en vain – obtenir l’abrogation des « articles organiques » qui placent l’Église de France sous le contrôle de l’État français, et non plus sous celui du Saint-Siège. Le comédien britannique David Morrissey fait des débuts remarqués dans la mise en scène avec ce court métrage scénarisé par Juliet Towhidi. Le sujet provient de Le Dialogue inconnu, texte tiré de La Vie et la Mort du capitaine Renaud ou La Canne de jonc, une nouvelle d’Alfred de Vigny parue dans Servitude et Grandeur militaires (1835). Dissimulé dans une alcôve du château, un officier peu favorable à l’Empereur assiste à l’entretien orageux de Napoléon avec le Souverain Pontife (qui, en arrivant, est escorté par des Mamelouks musulmans) ; l’éclat dont il est l’unique témoin oculaire va marquer l’officier à vie. Napoléon se prépare nerveusement à recevoir le seul homme d’Europe qui ait défié ouvertement son pouvoir, et qu’il pense avoir maté. Mais lorsque les deux hommes se croient enfin seuls, toutes portes closes, une violente bataille verbale éclate (« commediante ! tragediante ! »). Morrissey s’amuse à filmer ce débat, un épisode apocryphe, vraisemblablement inventé par Vigny mais largement exploité depuis lors par la légende napoléonienne, comme un combat de coqs entre deux tempéraments latins plutôt explosifs. Abel Gance reprendra l’échange verbal de Vigny tel quel dans son Austerlitz (1960), avec Vittorio De Sica en pape, tandis que Sacha Guitry laissera Talleyrand commenter la rencontre à sa manière dans Napoléon (1954), le Pie VII de Gino Antonini restant muet. (L’entrevue illustrée par les Frères Lumière et la Gaumont en 1897 et 1903 – cf. supra – est évidemment aussi muette.)
2007(tv) La figlia di Elisa – Ritorno a Rivombrosa (IT) de Stefano Alleva
Guido e Maurizio De Angelis/DAP Italy-RTI-VIP-RAI (Canale 5 4.11.-13.12.07), 8 x 88 min. – av. Sarah Felberbaum (comtesse Agnès Maria Vittoria Ristori di Rivombrosa, fille d’élisa et de Fabrizio), Giulio Berruti (marquis Andrea Casalegno-Van Necker), Paolo Seganti (comte Martino Amedeo Ristori di Rovombrosa), Anna Safroncik (marquise Vittoria Granieri Ristori), Valentina Pace (marquise Emilia Radicati di Magliano), Alessandra Barzaghi (marquise Costanza Granieri Solano), Giorgio Borghetti (cpt. Lorenzo Loya), Jane Alexander (marquise Lucrezia Adelaide Priscalla Van Necker-Beauville), Ilaria Negrini (Teresa), Angela Melillo (princesse Luisa di Carignano), Rodolfo Mantovani (Primo), Giorgo Machesi (ltn. Aldo Corsini), Sabrina Sirchia (Bianca Buondio), Simona Mastroianni (Giannina), Giovanni Rizzuti (Titta), Francesco Feletti (comte Alessandro Sturani), Francesco Bolo Rossini (sgt. Saval).
Synopsis : Le Piémont en 1797. L’invasion de Bonaparte a destabilisé la région, l’Armée d’Italie a promis liberté, égalité et fraternité, mais l’occupation militaire apporte aussi son lot de pauvreté, d’insécurité et d’oppression. La guérilla antifrançaise sévit et les brigands pullulent. Agnes Ristori, 23 ans, retourne dans le domaine de ses parents à Rivombrosa après des études en France. En route, elle est appréhendée par l’Épervier, un hors-la-loi masqué, redouté par les nobles et les régiments tricolores, mais apprécié par la population. Agnès s’éprend du marquis Andrea Van Necker, mais leurs familles respectives se haïssent et, de surcroît, la jeune femme est courtisée par l’impitoyable capitaine des troupes napoléoniennes, Lorenzo Loya, qui pose de nombreux obstacles sur sa route .... Un « soap » sirupeux qui se présente comme une lointaine suite du feuilleton à succès Elisa di Rovombrosa de Cinzia Th. Torrini (2003), dont l’action se déroule vingt ans plus tôt ; l’héroïne est la fille d’Elisa Scalzi di Rivombrosa et du comte Farbrizio Ristori, les tourteraux du roman-photo précédent. Une deuxième saison, annoncée pour 2012, n’a pas vu le jour : personne ne s’en plaint, la première n’ayant guère été diffusée en dehors d’Italie. Tournage en décors naturels dans le Piémont, au château de Masino, au château ducal d’Agliè (id.), à Turin (Villa della Regina), à Monteporzio Catone (Villa Parisi), aux châteaux de Pallavicino (Varano de’ Melegari) et de Golaso (Varsi), à Rocca Meli Lupi di Soragna, aux chutes de Monte Gelato (Valle del Treja), à Parme et à Rome.
2018Le Cahier noir / O Caderno Negro do Pade Dinis / The Black Book of Father Finis (FR/PT) de Valeria Sarmiento
Paulo Branco, Carlos Bedran, Ana Pinhão Moura/Leopardo Filmes-Alfama Films-Production CB Partners-APM Produções, 103 min. - av. Lou de Laâge (Laura Giuseppina Rufo / la princesse Lelia Sarbelloni, sa mère), Stanislas Merhar (le cardinal Fabrizio Rufo, son père), Niels Schneider (le marquis Léopold Honoré de Lusault), Jenna Thiams (la marquise Suzanne de Montfort), Fleur Fitoussi (Gervaise), Vasco Varela da Silva / Tiago Varela da Silva (Sebastian enfant), Rodrigo Paganelli (Sebastian adulte, devenu Sébastien de Montfort, fils naturel de Dom Paolo d'Alburquerque), David Caracol (António, le serviteur africain), François Deblock (le prince de Parme), Joana Ribeiro (Charlotte Corday), GRÉGOIRE LEPRINCE-RINGUET (Napoléon Bonaparte, Premier consul), Victoria Guerra (la reine Marie-Antoinette), Catarina Wallenstein (Concettina), Joaquim Leitão (Pozzeboneli), José Nieto (le vieil homme), Filipe Vargas (Dom Paolo Albuquerque).
En 1789, à la Curie romaine du Vatican. Le marquis de Lusault recueille dans son palais le jeune Sebastiano, protégé d'un ami portugais assassiné, Dom Paolo d'Albuquerque, et sa jolie nourrice, Laura, tous deux de naissance inconnue, inséparables et surveillés discrètement par le cardinal Rufo. Lusault prend Laura dans son lit et l'emmène en France avec l'enfant. À Versailles, Marie-Antoinette présente le marquis à Suzanne de Montfort et celui-ci l'épouse, laissant Laura malade et désespérée. L'enfant est confié à la garde de la marquise de Montfort tandis que le cardinal Rufo ramène Laura à Rome où elle se rétablit et apprend que le cardinal est son père naturel: étudiant à Naples, il avait mis enceinte la princesse Lelia Sarbelloni, fiancée du duc de Parme, et tué ce dernier en duel; ostracisée, la princesse avait survécu en devenant lavandière sous le nom de Marcela. Rufo qui l'a retrouvée et lui a fermé les yeux, fait reconnaître Laura comme sa fille. Tous deux recherchent Sebastiano en France révolutionnaire en 1793, à Paris, puis à Angoulème où ils apprennent que la marquise de Montfort s'est exilée en Angleterre avec l'enfant, qu'elle a adopté, car Lusault l'a abandonnée et vit à Caen avec Charlotte Corday. Rufo poignarde le fieffé séducteur en prison, puis retourne à Rome avec Laura. Mais celle-ci se rend en cachette à Londres pour récupérer Sebastiano; elle y apprend de la bouche de sa mère adoptive qu'à présent âgé de dix-huit ans, Sébastien de Montfort combat les républicains en Vendée. En 1800, Napoléon Bonaparte, Premier consul, séjourne à Rome et Sébastien décide d'assassiner l'usurpateur. Napoléon maîtrise le jeune homme, lui pardonne et le chasse. En retrouvant Sébastien, qui ne l'a pas reconnue, sur la tombe de son père Dom Paolo, Laura s'effondre au pied d'un arbre.
Un gros mélo en costumes avec marivaudages à gogo et secrets de famille empreints de trahisons, tiré du roman-fleuve O Livro negro do Padre Dinis de Camilo Castelo Branco (1855), le Flaubert portugais chez lequel l'identité sociale est une métamorphose permanente, hissant la souillon au rang de princesse et vice-versa. Un projet du défunt Raoul Ruiz repris par sa compagne Valeria Sarmiento, mise en scène avec une économie judicieuse et un sens charmant du tableau qui évoque Watteau et Fragonard (aux couleurs délavées, teintées de mauve). Pas de psychologie, un certain art de l'esquisse. Les scènes intimistes finement ciselées manquent toutefois de rythme, le scénario de "soap opera" s'avère labyrinthique et la direction d'acteurs reste un peu flottante. Première au festival de San Sebastian 2018.