Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

4. LE DIRECTOIRE (1795 à 1799)

4.2. L’expédition d’Egypte (1798)

Dans le but d’infliger un sérieux revers à la Grande-Bretagne qui s’obstine à maintenir les hostilités contre la France révolutionnaire, Bonaparte décide de s’emparer de l’Égypte et du Proche-Orient, coupant ainsi la route des Indes à l’ennemi et sabordant le travail de l’East India Company. Aux yeux du Directoire, l’aventure égyptienne est un moyen d’éloigner le turbulent et ambitieux général de la capitale. Bonaparte étant fasciné par l’ancienne civilisation du Nil, son expédition militaire de 38 000 soldats est doublée d’une expédition scientifique comportant 167 historiens, ingénieurs, botanistes et dessinateurs chargés d’étudier l’univers pharaonique (ignoré depuis deux mille ans) et percer le canal de Suez.
Le corps expéditionnaire part de Toulon le 19 mai 1798 (durant la traversée, Bonaparte étudie le Coran), débarque à Alexandrie et entre en « libérateur » au Caire le 23 juillet après la défaite des Mamelouks, haïs par les autochtones, à Imbaba, devant les Pyramides. Le 22 août, Bonaparte crée l’Institut d’Égypte, dont les travaux sont consacrés à des problèmes matériels locaux comme l’amélioration des fours à pain, la construction de moulins, la propagation de l’imprimerie, la purification de l’eau, des plans pour le percement d’un canal du Nil à la Méditerranée et l’étude des monuments anciens. Entre-temps, le contre-amiral Horatio Nelson parvient à détruire la flotte française dans la rade d’Aboukir (1er août) ; la Royal Navy prend ainsi le contrôle de la Méditerranée, empêchant désormais toute arrivée de renforts français et bloquant Bonaparte – prisonnier de sa conquête – en Égypte. Le 21 octobre, ce dernier écrase dans le sang une révolte populaire au Caire suscitée par les exactions de la soldatesque « impie », une fiscalité très dure suscitant rancœur et hostilité, et l’or et des pamphlets des agitateurs anglo-turcs ; tous les Français trouvés dans leurs maisons ou dans la rue ont été égorgés, dont un général et l’aide de camp favori de Bonaparte. Celui-ci fait canonner la grande mosquée et exécuter les instigateurs de la révolte. Les Turcs marchent sur l’Égypte. Bonaparte se porte à leur rencontre en Syrie où il mène une campagne ravageuse (pillages et massacre de 3000 prisonniers parjures de la garnison à Jaffa – en réponse à la décapitation systématique des blessés français par les Turcs) ; elle prend fin devant Saint-Jean-d’Acre (mars 1799), dont le siège est interrompu par une épidémie de peste. Bonaparte visite longuement les pestiférés de l’hôpital de Jaffa et converse avec eux, ce qui lui vaut une immense popularité parmi ses hommes. Trois mois plus tard, transportés par la flotte de Nelson, 18 000 janissaires de Mustapha Pacha s’emparent d’Aboukir, l’étendard turc flotte sur la ville. Le 25 juillet, Bonaparte leur oppose 10 000 soldats commandés par Lannes, Murat et Desaix. Les Ottomans sont anéantis, une partie se noie en tentant de regagner les vaisseaux anglais. Sur le terrain, la bataille terrestre d’Aboukir semble terminer la campagne d’Égypte en apothéose – alors que celle-ci se solde en réalité par un lourd fiasco. Le véritable succès de l’expédition orientale n’est pas militaire, mais médiatique et scientifique, avec, notamment, l’ouvrage de la Description de l’Égypte comportant 900 eaux-fortes et, le 15 juillet, la découverte par le lieutenant Bouchard de la fameuse pierre de Rosette qui permettra de déchiffrer les hiéroglyphes anciens.
Le 23 août 1799, alerté grâce à des gazettes anglaises des victoires austro-russes de Souvorov en Haute-Italie et depuis un an sans nouvelles ni renforts promis du Directoire, Bonaparte quitte secrètement l’Égypte pour Paris, laissant le commandement de son armée, diminuée et malade, au général alsacien Jean-Baptiste Kléber, nommé « Proconsul en Orient ». Dépourvu du charisme et de l’habileté oratoire de Bonaparte, Kléber est assassiné peu après et une nouvelle offensive turco-britannique pousse le corps expéditionnaire français à la capitulation le 31 août 1801. L’armée française sera rapatriée par des vaisseaux anglais. Quant à Bonaparte (dont l’ordre de mission spécifiait qu’il pouvait revenir en Europe quand il le souhaitait, à condition de désigner son successeur), il soigne son image de « libérateur d’Égypte » grâce à la propagande appuyée de ses partisans. Auréolé de prestige, fêté comme le nouveau César, le nouvel Alexandre, il est rentré pour s’emparer du pouvoir.
1897Assassinat de Kléber (FR) de Georges Hatot
Etablissements Frères Lumière (série « Vues historiques et scènes reconstituées »), catalogue no. 746, 15 m. (40 sec.) – Le 14 juin 1800, le général Jean-Baptiste Kléber, successeur de Bonaparte en Égypte, est assassiné par un Mamelouk alors qu’il se promène dans son jardin au Caire. Un tableau photographié par Alexandre Promio à Paris en septembre 1897, devant un décor de Marcel Jambon.
1910Il caporale Durand (Le Caporal Durand) (IT)
Società Italiana Cines, Roma, 215 m. – Synopsis : Appelé sous les drapeaux, le jeune caporal Durand s’embarque pour l’Égypte avec Bonaparte, laissant son épouse inconsolable. Le caporal est blessé, capturé et réduit en esclavage par des Arabes. De retour en France, un des soldats de l’expédition d’Égypte affirme à Mme Durand qu’il a vu son époux tomber au combat. Se croyant veuve, la femme accepte d’épouser un ami du défunt. Mais Durand, qui a réussi à s’évader, rentre au pays et découvre sa femme avec un autre. Pour ne pas détruire le bonheur du nouveau couple, il s’éloigne discrètement et, seul, meurt de désespoir. – GB : Corporal Durand.
1912L’Anneau fatal – 1. 1798 (FR) de Louis Feuillade
Établissements Gaumont S.A. (Paris), 907 m. – av. JEAN AYMÉ (gén. Napoléon Bonaparte), René Navarre (Lazare Loew), Renée Carl (Elvire), Max Darthigny (Robert de Lansargues), Marthe Vinot (Laure Gerbier), Yvonne Mariaud (Charlotte Marcieux), Maurice Vinot (Paul Sazerac).
Synopsis : En Égypte, au pied des Pyramides, Bonaparte fait déterrer un sarcophage et étudie la momie avec les savants de son expédition. Particulièrement intéressé par cette découverte, le lieutenant Birard revient sur les lieux des fouilles dans la soirée, dérobe à l’homme embaumé l’étrange anneau orné d’un scarabée qu’il porte à son doigt et le fait envoyer à sa fiancée en France : ce sera leur anneau nuptial. À Paris quelques semaines plus tard, cette dernière admire le bijou, mais pendant la nuit, elle fait un cauchemar horrifique, peuplé de momies qui la regardent avec haine. Au petit matin, ses parents lui annoncent le décès du malheureux Birard ...
Premier épisode d’un feuilleton semi-fantastique viré et teinté, sorti en septembre 1912. Dans les deux épisodes suivants, l’intrigue de cette « malédiction de la momie » se poursuit en 1839 et en 1912. – US : The Vengeance of Egypt.
1956(tv) The Green Coat (US) de William Berke
Série « I Spy » (épis. 20), Edward J. Montagne/Rean Productions-Guild Films (Syndicated TV), 30 min. – av. Felix Deebank (John Barnett), FRANK LONDON (gén. Napoléon Bonaparte), Peter Pagen (Colin, de la Commission scientifique), Fred Eisley (ltn. François Fourès), Lisa Howard (Pauline Fourès), Douglas Rutherford (Dupré alias Marc Antoine Jullien), Raymond Massey (Anton the Spymaker, l’hôte).
En 1798, John Barnett, un espion britannique, est envoyé au Caire pour surveiller les agissements de Bonaparte.
1956(tv) The Rosetta Stone (US) de Dave Butler
Série "Captain Z-Ro", saison 4, épis. 14 (Syndicated 18.3.56), 25 min. - av. Roy Steffens (Captain Z-ro), Bruce Haynes.
Série de science-fiction pour la jeunesse: le capitaine Z-Ro voyage dans le temps et se rend en Égypte pour aider Napoléon à trouver le pierre de Rosette (sic) et à éloigner les voleurs.
1959Mameluk / Mamluqi (SU) de David Rondeli
Grouzia Film-Qartuli Pilmi, Tbilissi, 98 min. – av. Otar Koberidzé (Mahmud-Bey, chef des mamelouks de Mourad-Bey), Liya Eliava (Zeinabi), Verico Andjaparidzé (Rodami), Zurab Laperdazé (Ali-Husseini), M. Londaridzé (Tsira), Dato Danelia (Khvitcha), Valiko Djodjua (Gocha), Akaki Khorawa (Ali-Bey), Giorgi Shavgulidzé (Aslan-Bey), TARIEL SEKAVARELIDZÉ (gén. Napoléon Bonaparte).
Synopsis : En Georgie, deux inséparables amis d’enfance, les bergers Gocha et Khvitcha, sont enlevés par les Turcs et vendus en esclavage. Le premier échoue en Égypte, le second à Venise. Le destin les fait se rencontrer et croiser le fer trente ans plus tard, en juillet 1798 à Imbaba, au pied des Pyramides, où la bataille fait rage entre les troupes de Bonaparte et celles du bey d’Égypte, Mourad Bey. Khvitcha est devenu Mahmud Bey, chef des Mamelouks, tandis que Gotcha sert comme officier dans l’armée française. Mahmud-Bey reconnaît ce dernier à sa plainte en géorgien (« Vai, nana ! » – « Oh, maman ! »), à l’instant où il le tue d’un coup de sabre. Soldat blanchi dans les batailles, il sanglote sur le corps de son ami, esclave comme lui, mercenaire comme lui ... Tourné en Sovcolor dans les studios de Tbilisi (Georgie) d’après une nouvelle d’Uiarago.
1974® (tv) Napoleon and Love – 3. Pauline (GB) de Derek Bennett ;
Reginald Collin/Thames Colour Television Production (ITV 19.3.74), 52 min. – av. IAN HOLM (gén. Napoléon Bonaparte), Cheryl Kennedy (Pauline Fourès, dite Bellilote), David Troughton (ltn. Jean-Noël Fourès), Peter Bowles (Joachim Murat), Tim Curry (Eugène de Beauharnais), Christopher Neame (Jean-Andoche Junot), David Calder (Auguste Viesse de Marmont), Ronald Hines (Louis-Alexandre Berthier), Jeffrey Celebi (Roustam Raza, le mamelouk), Nadim Sawalha (l’interprète arabe).
Épisode de la télésérie britannique (cf. p. 25) : Apprenant par une indiscrétion de Junot (sous l’emprise de l’alcool) au lendemain de la bataille des Pyramides que Joséphine le trompe depuis deux ans, Bonaparte pleure et fait une crise d’apoplexie. Son état-major réunit les plus belles indigènes du Caire pour le consoler. Bonaparte décline. Il décide de se séparer de Joséphine, tout en rassurant Eugène de Beauharnais, son fils adoptif de dix-sept ans qui l’a accompagné en Égypte et ne peut être tenu responsable des fautes de sa mère volage. Bonaparte jette son dévolu sur Pauline Fourès, l’épouse d’un lieutenant qui est éloigné sur Paris, dans la meilleure tradition du vaudeville. Elle est arrivée déguisée en homme pour braver l’interdit pesant sur les épouses des militaires. Bonaparte l’invite à dîner, fait tomber la carafe de vin sur sa robe et passe avec elle dans sa chambre à coucher pour nettoyer la tache ... Entre-temps, le lieutenant Fourès est capturé en mer par les Anglais qui le relâchent à Alexandrie. Quand Fourès revient au Caire, Pauline, devenue la maîtresse du général, lui annonce qu’elle demande le divorce. Cf. infra, Das Lamm des Armen (La Brebis du pauvre), téléfilm de 1978.
1977(tv) Bonaparte au Moyen-Orient (FR) de Guillaume Silberfeld, Francis Caillaud et Chafir Chamaya
« Les dossiers de l’écran », Armand Jammot/ORTF (A2 30.8.77), 93 min. – Documentaire-débat sur la campagne de Bonaparte tourné sur place en Égypte et en Israël, agrémenté de scènes de fiction : Chamaya, téléaste égyptien, reconstitue avec une troupe de comédiens du Caire le contexte géographique et humain, l’accueil que la population réserva à l’expédition française et les bouleversements socioculturels qui s’ensuivirent. Divers historiens égyptien (Abdelhamid Muhammad Ambar), français (Jean Tulard, Jean Thiry) et britannique (William Smith) ainsi que le vice-ministre égyptien de l’information Oursi El-Dime alimentent le débat.
1978(tv) Das Lamm des Armen [= La Brebis du pauvre] (DE) d’Oswald Döpke
(ZDF 27.2.78), 99 min. – av. Horst Frank (ltn. François Fourès), Angelika Bender (Pauline Fourès, appelée Bellilotte), WOLF ROTH (gén. Napoléon Bonaparte), Rolf Becker (Louis Alexandre Berthier, chef d’état-major), Günter Strack (gén. Dominique Dupuy, commandant du Caire), Hans Häckermann (Joseph Fouché), Elisabeth Goebel, Günther Ungeheuer, Wolfgang Weiser.
Téléfilm d’après la tragicomédie éponyme en trois actes de Stefan Zweig (en France : Un caprice de Bonaparte), parue en 1929. Pendant la campagne d’Égypte en 1798, le général Bonaparte convoite la femme d’un de ses jeunes lieutenants, François Fourès. Ce dernier fera vainement appel à la justice pour obtenir réparation. La pièce, peu connue et passablement amère (le titre original est « La Brebis du pauvre »), dénonce l’arbitraire et l’abus de pouvoir des puissants. Zweig en a eu l’idée lors de ses recherches pour sa biographie de Joseph Fouché. La première théâtrale eut lieu à Breslau en 1930 avec Raoul Aslan (Bonaparte), Ewald Balser (Fourès) et Hilde Wagener (Bellilotte).
L’authentique Pauline Fourès (1778-1869), née Bellisle dite la Bellilote, fut une victime très consentante. Mariée à Jean-Noël Fourès, officier chasseur à cheval qu’elle suivit jusqu’en Égypte (déguisée en militaire), elle échappa de peu à la mort lors de la révolte du Caire en octobre 1798. Le mois suivant, elle rencontra Bonaparte – qui songeait alors à divorcer de Joséphine – et elle devint sa maîtresse (surnommée « Cléopâtre », vu les circonstances). Après le retour de « César » en France, elle se consola dans les bras du général Kléber, puis se remaria encore deux fois, avec un consul de France en Suède, suivi d’un capitaine de la Garde impériale (elle écrivit un roman, Lord Wentworth).
1983(tv) Holt irások titkai [= Les Secrets des écrits morts] (HU) d’Ilona Katkics
Série « Fürkész történetei [Les récits de Fürkész] », Magyar Televizió, 31 min. – av. ISTVAN MIKO (gén. Napoléon Bonaparte), Gyula Benkö / Peter Benkö (Jacques Champollion), Dezsö Straub (Fürkész), Judit Czigány, János Dóczy, Glória Geszty, István Imre, József Kutas, Levente Moravetz. – Enquête sur les découvertes des archéologues français lors de la campagne d’Égypte (série éducative).
1984**Adieu Bonaparte / Al-widâ yâ Bounapart (FR/EG) de Youssef Chahine
Marianne Khoury, Humbert Balsan, Jean-Pierre Mahot/Misr International Films-Ministère de la Culture (Le Caire)-Lyric International-TF1 Films Production-Renn Productions-Ministère de la Culture (Paris), 115 min. – av. Michel Piccoli (gén. Louis Marie Maximilien de Caffarelli du Falga), PATRICE CHÉREAU (gén. Napoléon Bonaparte), Christian Patey (Horace Say), Mohsen Mohieddine (Ali Mohieddine), Mohsena Tewfik (la mère Mohieddine), Hassan Husein (Sélim Mohieddine, le père), Hoda Soltan (tante Nafisa), Ahmad Abdel Aziz (cheikh Bakr Mohieddine), Mohammad Atef (Yahia Mohieddine), Gamil Ratib (Barthélémy le Grec), Salah Zulfikar (cheikh Hassouna), Tahia Carioca (la sage-femme), Tewfik El Dekken (Chaaban, le derviche), Seïf Ed-Dine (Kourayem), Christian Patey (Horace Say), Claude Sernay (M. Decoin), Hassan El Adl (cheikh Abdallah), Mohammed Dardiri (cheikh Charaf), Dahlia Younes (Nahed), Abla Kamel (Laïla, la femme de Bakr), Alexandra Katzeflis (Fotini Herodotspoulos), Farid Mahmoud (Faltaos), Asma’ El Bakra (Mme Barthélémy), Jean-Pierre Mahot (Nicolas-Jacques Conté), André Ladousse (Charles Magallon), Jean-Pierre Michaud (Jean-Joseph Marcel), Jacques Favier (François-Auguste Parseval-Grandmaison), Philippe Cardinal (Jean-Michel Venture de Paradis), Jean Dalonay (François Bernoyer), Jean-Pierre Bouisson (J. -J. -H. Jacomin), Gil Tavernier (gén. Elzéar-Auguste Cousin de Dommartin), Jean-Pierre Mahot (Nicholas-Jacques Conté), Jacques Elissa (Gaspard Monge), Alain Monteil (Fauvelet de Bourrienne), Claude Labertit (gén. Louis Desaix), Bernard Fourage (gén. Louis-Alexandre Berthier), Humbert Balsan (gén. Dominique-Martin Dupuy), Antoine Jouvain (gén. Louis-André Bon), Yves Demestier (gén. Jacques-François de Menou).
Synopsis : 1er juillet 1798. Alexandrie est en effervescence, les troupes françaises de Bonaparte viennent de débarquer. La famille égyptienne des Mohieddine décide de fuir les envahisseurs et s’installer à l’abri chez des parents au Caire : le père, le boulanger Selim, son épouse et leurs trois fils, le cheikh Bakr, l’aîné (marié et hostile aux « infidèles »), Ali, le poète francophone, et le cadet Yahia, un adolescent. La traversée du Delta est laborieuse. « En tout cas, soupire Selim, les Français ne sont pas assez cons pour prendre la route du désert ... » Coupe sur les fantassins de la Révolution embourbés dans les sables, accablés par la chaleur dans leurs uniformes, assoiffés et tentés par les mirages... Lorsque les Mamelouks de Mourad Bey sont défaits à la bataille des Pyramides, Le Caire est à son tour occupé. Bonaparte, le « Sultan al-Kebir », se montre généreux, tolérant, s’habille à l’orientale et récite des passages du Coran. Même si son véritable but est de couper la route des Indes aux Anglais, il entend libérer l’Égypte de la domination turque et, avec les nombreux savants qui l’accompagnent, accomplir sa mission civilisatrice. Parmi ces érudits, le général Caffarelli, homme de cœur et d’esprit, se prend d’amitié – et bientôt d’amour passion – pour Ali et le jeune Yahia, qui peuvent entendre « le silence de sa solitude » et deviennent ses disciples : tous trois sont des idéalistes pour lesquels il n’y a guère de place ni dans l’armée française ni dans une société égyptienne en pleine mutation. Bakr rejoint l’opposition des nationalistes religieux, son père est réquisitionné pour fabriquer le pain de l’étranger.
L’ignorance des réalités, de la mentalité et des coutumes du pays, une population moins malléable que prévu, mais aussi la destruction de la flotte française ancrée à Aboukir par l’amiral Nelson, poussent Bonaparte à révéler son vrai visage, celui du conquérant. Les imams ne croient plus à sa sincérité, et l’occupant ne rate pas une occasion de démontrer sa supériorité scientifique et technique par quelque feu d’artifice pétaradant ou le lancement public d’un aérostat – qui échoue pitoyablement et ne récolte que ricanements. « L’Égypte ne leur suffit plus, ils veulent en occuper le ciel », murmure-t-on dans la foule. Dépité, un officier français parle de « populace », un autre lui répond : « Je croyais que ce mot était banni depuis la Révolution ... » La résistance locale s’organise et le 21 octobre, une révolte éclate au Caire qui est réprimée dans le sang. La mosquée d’El Azhar subit le feu des canons. Ali (auteur de pamphlets invitant au soulèvement) assiste indigné et impuissant au pillage et à la destruction du laboratoire de Caffarelli par ses compatriotes fanatisés ; la boulangerie de son père est en flammes, son frère Yahia périt. Famille et amis lui reprochent sa proximité des savants « impies ». Ali les accuse d’avoir capitulé sur tous les plans après s’être fait manipuler par des kadis incompétents. Il rompt également avec Caffarelli, dont il refuse d’être l’amant, car il aime la jeune Nahed. Malgré quelques succès, l’occupant s’enlise. En mars 1799, Bonaparte assiège sans résultat Saint-Jean-d’Acre où Caffarelli est grièvement blessé et amputé d’un bras. Ali vient le consoler sur son lit de mort. « J’ai appris à t’aimer moins, mais à t’aimer mieux », lui dit le moribond après avoir hurlé sa révolte (« La route des Indes, quelle chimère – la gloire de la France, c’est la mort pour tous ! »). Faute de renforts, les Français se retirent. Resté seul, Ali pleure son ami, chef du génie, astronome, inventeur et sociologue dont il sait que la mission sur place portera ses fruits.
Partagé entre la fascination pour l’approche généreuse des Lumières et la répulsion pour la force brutale qui l’accompagne, Youssef Chahine, le plus grand cinéaste d’Égypte, nous fait découvrir le débarquement de Bonaparte à travers les yeux d’une famille de boulanger alexandrine. Produit avec l’aide du ministère français de la Culture dirigé par Jack Lang (le budget s’élève à 2 400 000 $), Adieu Bonaparte est filmé sur place à Alexandrie, au Caire (studios Galal à Koubbeh), au Fayoum, au fort d’Aïnal-Sira et près du lac Qarûn, pendant douze semaines à partir de juin 1984 ; 750 soldats de l’armée régulière et des Français du Caire participent aux reconstitutions de la bataille des Pyramides à Imbaba, de l’insurrection du Caire, du bombardement d’Al-Azhar et du siège « inutile » de Saint-Jean-d’Acre, des moments forts codirigés par Yousri Nasrallah et Ahmad Kassem. On confectionne près de 2000 costumes et uniformes sous la supervision érudite d’Yvonne Sassinot de Nesle (Danton d’A. Wajda, Un amour de Swann de V. Schlöndorff). Révélé dans deux films précédents de Chahine, Alexandrie pourquoi ? (1977) et La Mémoire (1982), le jeune Mohsen Mohieddine tient le rôle pivot du poète Ali. Présenté en compétition à Cannes 1985, le film, objet de malentendus, déconcerte le public et choque l’orgueil national par son regard iconoclaste, sa vision lucide mais peu flatteuse, voire carrément caricaturale du nouveau protecteur venu d’Occident, face à la domination ottomane (« un occupant chasse l’autre : Français et Mamelouks, les deux nous suceront comme des sangsues », remarque, nullement dupe, la femme du boulanger). Napoléon est campé par Patrice Chéreau, le surdoué du théâtre français que Chahine a choisi pour son regard inquiétant d’intelligence : son général est un despote nerveux et roublard, dépourvu d’humour, brûlé à la fois d’ambition et de génie, bravant le ridicule et se donnant en spectacle (costumé en cheikh ou s’efforçant de danser avec les derviches). Caché sous sa tente, il répète avec un sérieux imperturbable ses discours grandiloquents. Un scribouillard est chargé de lui préparer les mots historiques qu’il placera au bon moment (« du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent... ») : le Bonaparte de Chahine, propagandiste-né, nullement dupe de ses poses de Musée Grévin, sait utiliser les médias et se mettre en scène. « Bonaparte a été un abominable dévastateur », estime le cinéaste, « mais, finalement, il a été l’un des personnages les moins importants de l’expédition. Ce sont les intellectuels, parce qu’ils trouvent si souvent plaisir à se mettre à plat ventre devant les conquérants, qui ont donné le rôle dominant au futur empereur en Égypte, où il a finalement abandonné ses hommes quand son rêve d’empire oriental lui a claqué entre les doigts ( ...). Ce qui a compté pour l’avenir des Égyptiens, ce n’est pas Bonaparte, ce sont les âmes universelles et cultivées dont il avait eu l’idée lumineuse de s’entourer » (Le Monde, 2.9.82).
À ce chef d’armée passionné et odieusement calculateur, entouré des larbins flagorneurs de son état-major, le cinéaste oppose un héros claudiquant, bouillonnant, magnifiquement campé par Piccoli – avec une jambe de bois : le général du génie Louis-Marie-Joseph-Maximilein Caffarelli du Falga (1756-1799). Cet homme de science, Montpelliérain d’origine italienne, est un utopiste humaniste qui refuse les poses héroïques, préférant la construction des moulins à celle des fortifications. Pour Chahine, Caffarelli est « le symbole de cet amour que les Français de 1799 éprouvèrent pour l’Égypte. Du coup, leur image chez nous est restée celle d’amants et non pas d’oppresseurs. Un mélange de science et de curiosité amoureuse a fécondé l’Égypte, et l’Égypte moderne est née. Le colonialisme anglais, au contraire, fut sec, fermé » (id.). Le film se veut une dissertation sur l’amour, notamment celui de « Jambe-de-bois » qui tente d’approcher et de mieux comprendre le peuple égyptien. Une population ballottée entre Mamelouks hautains et bédouins pillards que Chahine dépeint avec chaleur (la mère et la tante Nafisa, affectueuses et criardes), sensualité (les filles sont tout sauf bégueules) et lucidité critique (le derviche hypocrite, les imams intégristes). Comme dans ses autres films, le cinéaste provocateur fait l’éloge de la connaissance et de l’enrichissement par le mélange des ethnies et des cultures, fût-ce à travers un tissu de contradictions non résolues. S’il ne maîtrise pas tout à fait sa fresque (les scènes pittoresques qu’il tire des péripéties historiques sont parfois agencées confusément), ce défaut est largement compensé par la splendeur des images (Mohsen Nasr), l’invention foisonnante de la mise en scène et surtout la générosité du propos.
Nota bene : Un autre film égyptien illustrant la campagne de 1798 avait été annoncé pour la saison 1963/64 sous le titre « Qâher Napoleon » [= Napoléon le conquérant], mais il semble être resté à l’état de projet.
1995(tv) Al-abtal (Les Héros) (EG) de Hossam Eddin Mustafa
Egyptian Radio and Television Union (ERTU)-Nile Television Network, feuilleton. – av. Farid Chawki, Ahmed Ramzi, Mona Gabr. – La résistance des Égyptiens aux troupes de Bonaparte reconstituée pour le grand feuilleton des fêtes de Ramadan.
1998(tv) L’Aigle et le Sphinx (FR) de Jacques Barsaq, Mahmoud Hussein
FR3-MFP-Aya-La Cinq (FR3 18.12.98), 55 min. – Docu-fiction avec animations : l’expédition d’Egypte, un fiasco militaire mais une réussite culturelle.
1998*Passion in the Desert / Simoom: A Passion in the Desert (US) de Lavinia Currier
Roland Film-Fine Line Features, 91 min. – av. Michel Piccoli (Jean-Michel de Venture de Paradis), Ben Daniels (Augustin Robert), Paul Meston (le grognard), Kenneth Collrad (l’officier), Nadia Odeh (la fiancée bédouine), Mohammed Ali (le guérisseur), Auda Mohammed Badoul (le jeune berger), James Peck, Nicolas Sagalle, Abdul Latif Salazar (des soldats français).
Augustin Robert, un jeune officier, reçoit l’ordre de retrouver dans le désert l’excentrique orientaliste Jean-Michel de Venture de Paradis (1739-1799), chargé par Bonaparte d’établir l’inventaire des monuments historiques égyptiens que l’armée a endommagés. Accompagné d’un petit détachement, il finit par le localiser mais les Français sont attaqués par des bédouins, puis surpris par une tempête de sable et se perdent dans les dunes. Seul, tiraillé par la soif, Venture de Paradis se suicide, tandis qu’Augustin aboutit dans une cité en ruine où il tombe sur un léopard femelle qu’il baptise Simoum et qui s’attache à lui. Une étrange relation, proche de l’amour, naît entre les deux, mais lorsque des soldats français partis à sa recherche s’approchent, le fauve l’agresse et il est contraint de le tuer. Fou de douleur, il disparaît dans le désert.
Un récit bizarre tiré de la nouvelle Une passion dans le désert d’Honoré de Balzac (1830), tourné à Moab (Utah) et dans les ruines de Petra et les sables de Wadi Rum, en Jordanie. Un tournage tendu, le léopard étant un fauve imprévisible et capricieux qu’il faut filmer à son insu, depuis une cage recouverte de toile, tandis que Ben Daniels, le comédien, risque sa vie à tout instant. La présence de Michel Piccoli en tête d’affiche est un hommage clair à Adieu Bonaparte de Chahine (cf. supra). Prix spécial du National Board of Review 1998, la réalisatrice est nominée à la Coquille d’or au festival de San Sebastian 1997.
1999(tv) Napoleon’s Lost Fleet (CA) de Christopher Rowley
Série « Undersea Treasures », Jane Armstrong, Christopher Rowley/CineNova Productions Inc. (Discovery Channel), 50 min. – av. SCOTT McCULLOCH (Napoléon), Laughlan Currie et John O’Leary (marins), Yuval David.
Docu-fiction sur Napoléon, Nelson et la bataille d’Aboukir (dite bataille du Nil), où la flotte française de l’amiral Brueys, embossée dans la rade, est annihilée par les 740 canons des vaisseaux de guerre anglais.
2003(tv) Sur les traces des Pharaons (FR/CH) de Franck Chaudemanche
Magazine « Quelle aventure ! », saison 1, Nelly Mathieu, Bertrand Mosca, Patrick Charles/Sorciers Productions-France 3-CNDP-TV5-TSR (FR3 9.2.03), 52 min. – av. Frédéric Courant (Fred), Jacques Vincey (Dominique Vivant Denon), Claire Arnal, François Andréolety, Philippe Kara Mohamed, Vania Vilers (commentaires).
Docu-fiction tenant à la fois du magazine historique éducatif et du documentaire ludique, avec diverses reconstitutions et comédiens anonymes. – Pour s’expliquer la présence incongrue de l’obélisque de Ramsès II en place de la Concorde à Paris, Fred se fait téléporter dans le passé. Il est propulsé sur les traces de Bonaparte en Égypte où il échappe aux Mamelouks et accompagne dans ses périples à travers le désert le dessinateur, écrivain et futur directeur général des musées Dominique Vivant Denon (1747-1825), un proche de Joséphine de Beauharnais qui va publier en 1802 son célèbre Voyage dans la Basse et la Haute Égypte. Fred poursuit ensuite son voyage dans le temps avec Champollion. Présentation de Frédéric Courant et Jamy Gourmaud.
2005Δ (tv) Egypt – 5. The Mystery of the Rosetta Stone (Égypte – Le Secret des hiéroglyphes) (GB/US/DE/FR) de Ferdinand Fairfax (BBC1 27.11.05 / FR2 2.3.06), 2 x 55 min. – av. Hugh Ross (l’orientaliste Antoine-Isaac Silvestre de Sacy), Mahmoud Sabit (gén. John Hely-Hutchinson), Ikram Zalat (gén. Jacques-François de Menou). – Le 15 juillet 1799, lors de la construction de Fort Julien près de la ville de Rashid (Rosetta), dans le Delta du Nil, le capitaine Pierre-François Bouchard annonce au général Jean-François de Menou (1750-1810) la découverte d’un fragment de stèle gravée, baptisée « pierre de Rosette ». Après le départ de Bonaparte et l’assassinat de Kléber, Menou reprend le commandement des troupes de l’armée d’Égypte, épouse une Égyptienne, se convertit à l’islam et rentre en France en 1801. Les Anglais du général Hely-Hutchinson récupèrent la pierre de Rosette après la reddition d’Alexandrie, mais les Français en ont conservé une copie. Les inscriptions sur ce morceau de granit comportent un même texte en grec, en démotique et en hiéroglyphes, clé idéale pour déchiffrer ces derniers, ce que fera le linguiste Jean-François Champollion en 1822. Docu-fiction passionnant sur les progrès de l’égyptologie tourné à Assouan, au Caire, à Louxor et dans le désert de Sinaï.
2012(tv) Napoleon [Naboulyoun] wal Mahroussa [= Napoléon et l’Egypte] (EG/SY) de Chawki Al-Majri [Chaouki Mejeri]
Ebla International Productions (Kuwait)-Rotana Audio & Visual-ART (Rotana Kalijia-Rotana Masreya-LBC 20.7.12 [Ramadan]), 30 x 38 min. – av. Laïla Oulwi (Nafisa la Blanche, dite Oum Al-Mamalik), Sherif Salama (Ali), GRÉGOIRE COLIN (gén. Napoléon Bonaparte), Jérôme Marc (gén. Jean-Baptiste Kléber), Olivier Pagès (gén. Louis de Caffarelli du Falga), Xavier Auclair (Givel), Sameh El-Sereety (Sheikh Mustafa), Bahaa Tharwat (Hassan), Sabri Abdel Moneim (Haj Mansour), Ahmed Maher (Abdullah Cherkaoui, cheikh Al-Azhar), Saif Abdul Rahman (Mourad Bey), Nasser Othman (Bekir Pacha), Hadi Gayar (Abdul Rahman), Jasmine Rahmi (Lucy), Farah Youssef (Papier), Jihad Saad (Denon), Mohammad Marzban (Orchillan), Arwa Gouda (la veuve), Ahmed Magdi (orientaliste), Abed Fahed, Mohammed Abou Daoud, Abdulaziz Mkhion, Sawsan Badr.
Un grand feuilleton historique égypto-syrien de dix-huit heures, concocté pour la période du Ramadan et diffusé de juillet à septembre 2012. Réalisé par le cinéaste tunisien Al-Majri (lauréat de l’Emmy Award 2007) sous la direction artistique de Bassam Petra, le film est tourné aux studios de l’Egyptian Media Production City près du Caire, dans les vieux quartiers ottomans de la capitale (Al-Khalifa, mosquée de Soukaina Bint Al-Hussein), à Alexandrie (Fort Quaibey) et dans la région d’Al-Fayoum pour les batailles, où l’apport de plus de 2000 figurants et une infographie intelligente rendent ces séquences assez impressionnantes. Les Français sont interprétés par des comédiens de l’Hexagone (Grégoire Colin a travaillé pour Claire Denis et Benoît Jacquot).
Pour l’essentiel, Al-Majri et sa scénariste Azza Shalaby illustrent les moments décisifs de la campagne d’Égypte (évidemment du point de vue du conquis, non du conquérant), l’affrontement de Bonaparte contre les Mamelouks de Mourad Bey à Imbaba (bataille dite des Pyramides) le 21 juillet 1798, la destruction des navires par Nelson à Aboukir et les deux grandes révoltes de la population cairote qui ébranlent l’assurance des occupants (« on est là pour la gloire de la France, mais au prix de la vie des autres ... »). Au tout début du feuilleton, la flotte française vogue en direction du Moyen-Orient ; sur le pont de sa frégate, Bonaparte, entouré de Kléber, Menoud et Caffarelli, harangue ses soldats et leur révèle pour la première fois leur destination : « Nous allons porter un coup terrible à l’Angleterre. Là où nous nous rendons, les Mamelouks commercent exclusivement avec les Anglais, couvrent d’avanies nos commerçants et tyrannisent les habitants qui peuplent les rives du Nil. Après notre arrivée, cela ne sera plus, car d’ici peu, depuis l’Égypte, nous contrôlerons le commerce à travers le monde ... Le peuple avec lequel nous allons cohabiter est musulman ... Je vous demande, soldats, de faire preuve d’une grande tolérance et de respecter les traditions de ce peuple. » En débarquant avant l’aube sur la plage du Marabout, les soldats vomissent, pris du mal de mer. L’accueil à Alexandrie est mitigé, Bonaparte échappe de peu à un attentat, mais les contacts avec la population se gâtent.
Contrairement à l’Adieu Bonaparte de Chahine (cf. 1984), Napoléon est dépeint ici sans mépris, plutôt avec une certaine admiration, tant à travers sa tactique militaire au pied des Pyramides que par sa volonté toujours répétée de chercher un contact respectueux avec les indigènes. Au-delà de la grande histoire, le feuilleton s’intéresse en particulier à la vie des Egyptiens pendant l’invasion française, restituée à travers le sort de deux familles typiques dont on souligne la compassion et la forte conscience identitaire. Ces témoins appartiennent aux diverses communautés composant la société égyptienne en 1798-1801 : coptes et musulmans, aristocratie mamelouke et turque, bourgeois et petit peuple du Caire, imams et oulémas d’Al-Azhar. La révolution du « printemps arabe » a passé par là : pour une fois, les très populaires « soap operas » du Ramadan délaissent les personnages historiques ou religieux d’autrefois pour aborder l’histoire récente du pays et sa confrontation avec les idées politiques de l’Occident moderne.
2017** (tv) Bonaparte, la campagne d'Égypte - 1. La Conquête - 2. Les Découvertes (FR) de Fabrice Hourlier
Sylvie Barbe, Gaëlle Guyader, Stéphanie Hauville/Arte France (Unité Découvertes et Connaissances/Hélène Coldefy)-Docside/Zed-Indigènes Productions (Fabrice et Stéphanie Hourlier) (Arte 22.4.17) 2 x 51 min. - av. THIBAULT PINSON (Napoléon Bonaparte), Fabian Wolfrom (Villiers), Eric Beauperin (Jollois), Jean-Christophe Bouvet (Monge), Olivier Saladin (Vivant Denon), Andy Gillet (gén. Desaix), Thomas Lempire (Saint-Hilaire), Pascal Parmentier (gén. Kléber), Ludovic Pinette (gén. Menou), David Fischer (gén. Caffarelli), Mickael Trodoux (ltn. Morel), Jules Dousset (soldat de retour de Jaffa), Romain Isselee (médecin-chef Desgenettes), Paul Fructus (Berthollet), Maximilien Poullein (officier anglais), François Legay (soldat escortant les savants).
Hourier, déjà responsable des remarquables docu-fictions Trafalgar (2007) et La Campagne de Russie (2015), fait revivre dans les moindres détails l'expédition haletante destinée à barrer la route des Indes à la Grande-Bretagne et qui aboutira à la publication de Description de l'Égypte, somme éblouissante des découvertes archéologiques réalisées entre 1798 et 1801. Un échec militaire mais un triomphe culturel et scientifique. Les explications des historiens (conseiller historique: Thierry Lentz) sont illustrées par des reconstitutions et des images de synthèse en 3D. Hourlier restitue très adroitement les revers à Aboukir (anéantissement catastrophique de la flotte française par Nelson), la révolte des Caïrotes et la répression, la malheureuse campagne de Syrie et les dérapages d'un Bonaparte trop impétueux, ambitieux et autoritaire (massacre des prisonniers d'Acre, euthanasie des hommes frappés par la peste), l'assassinat de Kléber, mais aussi l'enthousiasme des savants face à un univers de fabuleuses découvertes. Un film fort et de belle qualité visuelle (scénario de Stéphanie Hauville), Jacques Debuisson, Fabrice Hourlier). - DE: Die ägyptische Expedition des Generals Bonaparte - 1. Die Eroberung - 2. Die Entdeckung.