Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

2. VIE SENTIMENTALE ET FAMILLE

2.6. Famille, maîtresses et progéniture diverse

En bon Corse, Napoléon a l’esprit de clan et veut faire profiter les Bonaparte de son ascension. Mais les quatre frères peinent à comprendre qu’ils ne sont que les monarques vassaux d’un empire dirigé par Napoléon seul et tentent maladroitement, sinon avec incompétence, d’asseoir leur pouvoir personnel. JOSEPH, l’aîné, aimable et brouillon, montre certaines qualités comme roi de Naples (1804), en engageant plusieurs réformes, mais son règne en Espagne, dès 1807, est un désastre. LUCIEN, soutien essentiel lors du coup d’État du 18 Brumaire, reste dans l’ombre, intelligent mais trop rebelle. LOUIS, que Napoléon contraint d’épouser sa fille adoptive Hortense de Beauharnais, souffre d’une neurasthénie pathologique qui dégénère en paranoïa ; nommé roi de Hollande, il abdique en 1810 (sa seule réussite : son fils, le futur Napoléon III). JÉRÔME, le benjamin, dispendieux et frivole, est la déception majeure : son mariage avec l’Américaine Elizabeth Patterson (alors qu’il est encore mineur) doit être annulé. Nommé roi de Westphalie après s’être uni à Catherine de Wurtemberg, il considère son royaume comme une vache à lait et se révèle un piteux militaire. ÉLISA, la plus âgée des trois sœurs, est aussi la plus ambitieuse ; Napoléon fait de cette maîtresse femme la grande-duchesse de Toscane (1809). Quoique légère et volage, PAULINE est la préférée de son frère qui la surnomme « Notre-Dame des colifichets » et lui fait épouser le prince Borghèse. CAROLINE, la forte tête, est insatiable : ayant épousé Joachim Murat, elle devient reine consort de Naples (cf. chap. 8.5) ; Napoléon lui donne le palais de l’Élysée, où elle organise de somptueuses fêtes avant d’inciter son mari à trahir son frère en 1814. Quant à l’oncle de Napoléon, le cardinal JOSEPH FESCH, demi-frère de Laetitia Bonaparte-Ramolino, il est nommé archevêque de Lyon et primat des Gaules à la tête de l’Église de France ; c’est lui qui négocie la venue du pape Pie VII pour le couronnement. Les relations avec son neveu se détériorent lorsque Napoléon se fâche avec le Souverain Pontife.
1921/22L’Aiglonne (FR) d’émile Keppens et René Navarre
Louis Nalpas/Société des Cinéromans, 9925 m./12 épisodes (env. 7 heures). – av. Cyprian Gilles (« l’Aiglonne »), ÉMILE DRAIN (Napoléon), Célia Clairnet (Joséphine de Beauharnais), Liane Gunthy (Marie-Louise d’Autriche), André Marnay (Joseph Fouché), Albert Bras (gén. Claude-François Malet), Marguerite Seymon (Mme Malet), Suzy Prim (Mme de Navailles), Lucien Prad (gén. Anne-Jean Savary), Andrew Brunelle (Jacques Féraud), Émile Garandet (Maugeard), Simone Montallet (Mlle Charvet), Laurent Morlas (Demarest), Maurice Poggi (Grippe-Sols), Jean Robur (Michel Duroc), Cauvin-Vassal (Coquerel), Engeldorff.
Synopsis : Sauvée des émeutiers du 10 août 1792 (prise des Tuileries) par le lieutenant Bonaparte, la marquise de Navailles se donne à lui et met au monde une fille qui est recueillie par le général républicain Claude-François Malet quand sa mère est guillotinée. Adulte, elle devient lectrice de l'impératrice Joséphine, mais, élevée dans la haine du tyran, elle participe au complot de Malet en octobre 1812 pour remplacer l’Empereur pendant la campagne de Russie. Elle fait volte-face en apprenant le secret de sa naissance et se met à chérir son père et son demi-frère, l'Aiglon.
Une intrigue inventée de toutes pièces par l’intarissable scénariste et romancier populaire Arthur Bernède, le créateur de Belphégor et de Judex, et qui transformera cette même année son scénario en roman. émile Drain, révélé quelques mois auparavant dans Un drame sous Napoléon de Gérard Bourgeois (cf. p. 163), s'impose ici définitivement comme le Napoléon du cinéma français des années vingt-trente. Le sérial, véritable prototype du genre, est filmé sous la supervision artistique de René Navarre (le Fantômas de Feuillade) d’août 1921 à avril 1922 en extérieurs à Saint-Cloud, à La Malmaison, à Versailles (Grand Trianon), à Nice (bataille de Wagram) et dans les studios Eclair à épinay-sur-Seine.
Episodes du sérial : 1. « Le Lieutenant Bonaparte » – 2. « L’Enfant des prisons » – 3. « Pour tuer l’Empereur » – 4. « Le Regard de l’Aigle » – 5. « La Revanche de Fouché » – 6. « Un secret d’Etat » – 7. « Wagram » – 8. « Le Drame des cœurs » – 9. « La Peau du Renard » – 10. « L’Echauffourée » – 11. « Pitié » – 12. « L’Aigle, l’Aiglonne et l’Aiglon ». – IT : La figlia della rivoluzione.
1922Die Tochter Napoleons [La Fille de Napoléon] (DE) de Friedrich Zelnik
Friedrich Zelnik/Zelnik-Mara-Film GmbH (Berlin), 6 bob./2148 m. – av. LUDWIG HARTAU (Napoléon), Lya Mara (Marion Larousse, sa fille), Else Wasa (Désirée Larousse, mère de Marion), Heinrich Peer (Joseph Fouché), Magnus Stifter (Armand Brissac), Charles Willy Kayser (Colonna), Ernst Hofmann (Armand), Kurt von Wolowski (Léon), Georg Heinrich Schnell (Bertin), Gertrud de Lalsky (Mme de Marly), Albert Patry (Charamont), Georg di Giorgetti (Granvila).
Marion, fruit des amours de jeunesse de Bonaparte, parvient à empêcher un attentat contre son père, ourdi par des membres de l’état-major, et obtient en récompense la Légion d’honneur ainsi que l’homme de ses rêves. – IT : La figlia di Napoleone.
1923® Der kleine Napoleon / So sind die Männer / Napoleons kleiner Bruder / König Jérôme (DE) de Georg Jacoby. – av. Paul Heidemann (Jérôme Bonaparte), EGON VON HAGEN (Napoléon). – Les frasques du roi Jérôme Bonaparte, frère cadet de Napoléon, à la cour de Westphalie entre 1807 et 1813 (p. 367).
1928Glorious Betsy (La Belle de Baltimore) (US) d’Alan Crosland
Warner Bros., 2161 m./80 min. – av. Dolores Costello (Elizabeth « Betsy » Patterson), Conrad Nagel (Jérôme Bonaparte), Marc MacDermott (col. William Patterson), PASQUALE AMATO (Napoléon), Betty Blythe (la princesse Catherine Friederike de Wurtemberg), John Miljan (Preston), Michael Vavitch (cpt. St. Pierre), Andrés de Segurola (cpt. du Fresne), Clarisssa Selwynne (tante Mary), Paul Panzer (le capitaine).
Synopsis : En mission navale à la Martinique, puis aux États-Unis, en automne 1803, Jérôme Bonaparte, le plus jeune frère de Napoléon, accepte incognito un poste de tuteur dans le manoir d’une famille fortunée de Baltimore, où il s’occupe d’Elizabeth, dite Betsy, la ravissante fille du colonel Patterson. Il s’éprend de son élève, mais ses moyens financiers importants et son adresse d’escrimeur (il humilie la meilleure rapière du Maryland) réveillent bientôt des soupçons, jusqu’à ce que soit révélée sa véritable identité, à l’occasion d’un bal officiel organisé pour souhaiter la bienvenue au frère de Napoléon. Le jour de Noël, Jérôme épouse Betsy. Entre-temps (sic), Napoléon est devenu empereur et souhaite que son frère cadet s’unisse à la princesse de Wurtemberg. Jérôme retourne en France avec son épouse américaine, mais Napoléon fait annuler le mariage et interdit à Betsy de débarquer sur le continent européen ; Betsy, qui rencontre l’Empereur à bord du navire, décide de retourner aux états-Unis en laissant croire à son époux qu’elle a trouvé un arrangement avec son frère aîné, « pour le bien de la France ». Mais Jérôme fugue à la veille de ses noces arrangées avec la princesse, tourne définitivement le dos à l’Europe et arrive à Baltimore peu après la naissance de son fils.
Le dénouement du film est évidemment de pure fantaisie, une fin imposée par le puritanisme et le conformisme sentimental américains et qui se trouve déjà dans la pièce éponyme de Rida Johnson Young (créée à Broadway le 7.9.1908) dont s’est inspiré le film. À l’automne 1804, Jérôme et son épouse enceinte tentèrent effectivement de retourner en France à temps pour le couronnement de Napoléon. Jérôme était encore mineur quand il contracta le mariage, et ceci sans le consentement de sa famille. Elisabeth Patterson-Bonaparte (1785-1879) ne put débarquer sur le continent européen, sur ordre de l’Empereur. Elle finit par accoucher d’un fils à Londres, Jérôme Napoléon Bonaparte, en juillet 1805, et passa les dernières années de sa vie dans sa propriété à Baltimore. Jérôme Bonaparte (1784-1860) voyagea jusqu’en Italie pour tenter de faire fléchir son frère, puis renonça ; il ne revit jamais Betsy, fut nommé contre-amiral dans la marine impériale, se maria, comme souhaité, avec la princesse Catherine de Wurtemberg et devint roi de Westphalie en 1807. Tourné aux studios Vitagraph, le film est muet, mais comporte musique, effets sonores et même quelques séquences parlées (système Vitaphone), voire chantées : Andrea de Segurola, du Metropolitan Opera de New York, assène la Marseillaise. Curieusement, c’est également un membre du Metropolitan, l’ex-baryton napolitain Pasquale Amato, découvert jadis par Toscanini, qui interprète Napoléon. Sinon, Glorious Betsy serait plutôt de l’ouvrage de famille, pour ainsi dire : à la Warner à la fin du muet, le briscard Alan Crosland est devenu le réalisateur attitré de John Barrymore (Don Juan, The Beloved Rogue/François Villon), dont l’étincelante Dolores Costello – Betsy – est l’épouse. Les images de Hal Mohr ont une qualité cristalline, mais le récit traîne, alourdi par d’interminables duos d’amour. Nomination à l’Oscar 1929 pour Anthony Coldeway (meilleure adaptation). – DE, AT : Die Liebe der Betty Patterson, IT : La bella di Baltimora.
1934® Gern hab’ ich die Frauen geküsst (Paganini) (DE) d’E. W. Emo. – av. Ivan Petrovich (Nicolo Paganini), Eliza Illiard (Maria Anna Élisa, duchesse de Lucca [Élisa Bonaparte]), Theo Lingen, Adele Sandrock. – Lucques 1805 : la liaison du célèbre violoniste Paganini avec Élisa Bonaparte, princesse de Lucques et de Piombino (cf. p. 213).
Jérôme Bonaparte (Dick Powell) et son épouse américaine (Marion Davies) sont séparés par le fantôme du Corse (Claude Rains) dans Hearts Divided de Frank Borzage (1936), d’après un scénario fort peu historique, censuré par le Code Hays.
1936Hearts Divided (Betsy) (US) de Frank Borzage
F. Borzage, Harry Joe Brown/Cosmopolitan Prod. (W. H. Hearst)-First National Productions (Warner Bros.), 76 min. – av. Marion Davies (Elizabeth « Betsy » Patterson), Dick Powell (cpt. Jérôme Bonaparte), CLAUDE RAINS (Napoléon), Henry Stephenson (col. Charles [= William] Patterson), Halliwell Hobbes (Régis de Cambacérès), George Irving (le président Thomas Jefferson), Beulah Bondi (Madame Mère, Laetitia Bonaparte-Ramolino), Gaston Glass (Claude François de Ménéval), John Elliott (James Monroe), Charles Ruggles (Henry), Edward Everett Horton (John), Arthur Treacher (Sir Harry), Clara Blandick (tante Ellen), John Larkin (Isham), Walter Kingsford (Pichon), Étienne Girardot (cpt. du Fresne), Phillip Hurlic (Pippin), Hattie McDaniel (Mammy), Freddie Archibald (Gabriel), Granville Bates (Livingstone).
Synopsis identique à celui de Glorious Betsy d’Alan Crosland (cf. supra, 1928), sauf que Jérôme Bonaparte est ici chargé de négocier la vente de la Louisiane (cf. p. 85) avec les Américains. En vérité, la cession de cet immense territoire, à laquelle s’opposaient les frères de Napoléon, fut négociée à Paris par le marquis François de Barbé-Marbois, ministre du Trésor, et non par le plus jeune des Bonaparte, qui avait alors 19 ans et n’était que le commandant d’une frégate en relâche dans le port de New York ! Enseignant de français chez les Patterson dans le film, Jérôme est renvoyé pour avoir défendu avec trop d’ardeur la politique révolutionnaire du Premier Consul, et ce n’est qu’une fois les tractations pour la Louisiane conclues qu’il est reconnu par son futur beau-père et reçu avec tous les honneurs.
Par ailleurs, la pièce de Rida Johnson Young, point de départ de l’intrigue, a été édulcorée pour ne pas offusquer les censeurs du Code Hays, la nouvelle chape de plomb qui étouffe Hollywood depuis trois ans : ici, Betsy n’est pas enceinte, son mariage n’est pas annulé, et les noces avec la princesse de Wurtemberg ont été oubliées. Après l’annulation de son film Warner sur « Napoleon – His Life and Loves » en 1933/34, pour lequel il s’était longtemps préparé (cf. p. 16), Frank Borzage doit se contenter de ce maigre substitut. Il travaille à ce sujet depuis plusieurs mois déjà et le destine au couple Leslie Howard et Jean Muir. Le publiciste multimillionnaire William Randolph Hearst, qui a déménagé sa société, Cosmopolitan Film, à Burbank, dans l’enceinte des studios de la Warner Bros./First National, transforme cependant le projet en « vehicle » pour sa pétillante protégée, Marion Davies ; la star impose son partenaire favori, le cadet chantant Dick Powell, annihilant ainsi le peu de crédibilité que le récit pouvait encore avoir. Tourné entièrement en studio, de janvier à mars 1936, en réutilisant costumes, armes et accessoires d’Anthony Adverse de Mervyn LeRoy (cf. p. 117), le résultat est une mixture bâtarde mais pas désagréable de comédie pseudo-historique en chansons (My Kingdom for a Kiss et Two Hearts Divided) et de drame sentimental. Maigre consolation, le film se clôt sur une jolie idée visuelle : pour symboliser le franchissement des obstacles – thème cher au « cinéaste du couple » –, Borzage place sa caméra (plongée grand angle) au-dessus du mur du jardin des Patterson et suit (en travelling arrière) Betsy et Jérôme qui courent, chacun d’un côté du mur, sur une vingtaine de mètres jusqu’à la grille où ils peuvent enfin s’enlacer. Les protagonistes principaux étant si invraisemblables, Borzage cherche à se rattraper avec les rôles de second plan, comme l’inquiétant Napoléon que campe Claude Rains. Après avoir convaincu Betsy de renoncer à son amour, il croise Cambacérès sur le pont de la frégate. « Succès ? Stratégie ? » s’enquiert le deuxième Consul et futur archichancelier impérial. « Bah ! dramaturgie », rétorque Bonaparte, sardonique. « Un comédien étonnamment doué a eu affaire à un public étonnement réceptif .... » Claude Rains interprétera également Napoléon III, dans Juarez de William Dieterle (1939).
1941Don Buonaparte (IT) de Flavio Calzavara
Pisorno Cinematografica-Viralba Film, 83 min. – av. Ermete Zacconi (don Geronimo Buonaparte), Osvaldo Valenti (Maso), Oretta Fiume (Mattea), Mino Doro (le caporal), Ines Cristina Zacconi (Agnese), Guido Notari (gén. Sextius Alexandre François de Miollis), Adele Garavaglia (Maria), Aldo Silvani (le docteur), Vinicio Sofia (l’avocat), Carlo Marrazzini (le capitaine), Umberto Scianizza (le chevalier Dossi), Guido Tempesti (le menuisier), Gicaomo Almirante, Luciana Campion, Remo Lotti.
Synopsis : Vers 1805 à Cetardo, un hameau des montagnes toscanes. Un peloton de hussards sous les ordres du général de Miollis, émissaire de Napoléon, apporte une requête adressée à l’ancien curé des lieux, Don Geronimo Buonaparte, qui se trouve être un oncle de l’Empereur (personnage fictif). Ce dernier lui offre la pourpre de cardinal et tous les honneurs attachés à son rang. Le village est sous le choc, l’excitation des habitants est à son comble, les spéculations vont bon train, mais le curé se souvient à peine de son lointain neveu, dont il ignore les hauts faits, car l’endroit est coupé du reste du monde. Après un temps de réflexion dans sa petite église, Don Geronimo décline l’offre extravagante au nom de sa tranquillité et de la paix de son âme comme celle de ses ouailles. Les hussards retournent bredouilles à Paris.
Cette comédie en trois actes de Giovacchino Forzano, auteur alors proche du Duce, a été écrite sur mesure pour l’acteur Ermete Zacconi et créée à Florence en 1931. Zacconi, représentant le plus célèbre du vérisme et du naturalisme au théâtre italien (Ibsen, Hauptmann) depuis le début du siècle, est surtout très populaire dans la Péninsule pour avoir tenu le rôle-titre de Il cardinale Lambertini d’Alfredo Testoni, l’archevêque de Bologne devenu pape en 1740. Son épouse Ines Cristina Zacconi et d’autres membres de sa troupe font également partie de la distribution de Don Buonaparte, sur scène comme à l’écran. Le film est réalisé dans les studios Pisorno à Tirrenia, à Valdinievole et à Massa Carrara (Toscane). Zacconi reçoit la Coppa Volpi pour sa truculente interprétation de l’oncle inconnu de Napoléon à la Mostra de Venise 1941. La même année, le compositeur Alberto Franchetti transforme la pièce de Forzano en opéra comique. Elle sera traduite en français en 1952 et en anglais (To Live in Peace) en 1964.
Nota bene : Si le curé Geronimo Buonaparte sort de l’imagination de Forzano, la branche des Bonaparte toscans de Florence n’est pas dépourvue d’ecclésiastiques, ayant eu pour dernier représentant l’abbé Grégoire Bonaparte. Le clerc mourut en 1803 après avoir rencontré Napoléon et vainement tenté de le convaincre de favoriser la canonisation d’un autre parent, le bienheureux abbé Bonaventure Bonaparte. L’abbé Grégoire a légué ses biens au Premier Consul qui les a cédés à un établissement public de Florence. Le général de Miollis (1759-1828) qui transmet l’offre de Napoléon dans la pièce fut gouverneur de Mantoue en 1803 et restaurateur de l’arène de Vérone ; il eut un commandement en Toscane en 1807 et assuma le gouvernement des États romains jusqu’en 1814. – ES : Don Bonaparte.
1956(tv) Don Buonaparte (IT) de Guglielmo Morandi
RAI (Programma nazionale 4.5.56), 145 min. – av. Vittorio Rietti (don Geronimo Buonaparte), Ileana Ghione (Mattea), Renato De Carmine (Maso), Nietta Zocchi (Agnese), Gabriella Giacobbe (Maria), Mario Feliciani (gén. Sextius Alexandre François de Miollis), Aldo Silvani (le docteur), Antonio Battistella (l’avocat), Vinicio Sofia (Fra Silvestro), Aldo Barberito (le caporal), Vittorio Congia (Cecco), Fernando Solieri (Spinoso), Walter Grant (le capitaine), Vittorio Braschi (Lorenzo), Raffaele Meloni, Mario Righetti et Mario Lupo (trois dragons).
Napoléon a un oncle (fictif) qui est simple curé en Toscane et qui refuse les titres et avantages que lui offre son neveu. La comédie éponyme de Giovacchino Forzano (synopsis, cf. film de 1941) adaptée pour la télévision par Vittorio Rietti et Guglielmo Morandi.
1961® (tv) Paganini (DE) de Theodor Grädler. – av. Fritz Eckhardt (Niccolò Paganini), Susanne Korda (Élisa Bonaparte, princesse de Lucques et de Piombino). – Les amours de Paganini et d’Élisa Bonaparte à Lucques (v. 1805) (cf. p. 217).
1962Venere imperiale (Paolina Bonaparte / Paolina Borghese) / Vénus impériale (IT/FR) de Jean Delannoy
Royal Film (Guido Giambartolomei)-Cineriz (Angelo Rizzoli)-France Cinéma Productions (Mario Chabert)-S. N. E. Gaumont (Alain Poiré), 140 min. – av. Gina Lollobrigida (Paolina/Pauline Borghèse-Bonaparte, dite Paulette), Stephen Boyd (cpt. Jules-Armand Élisabeth de Canouville), RAYMOND PELLEGRIN (Napoléon), Micheline Presle (Joséphine de Beauharnais), Massimo Girotti (gén. Victor-Emmanuel Leclerc), Gabriele Ferzetti (Stanislas Fréron), Lilla Brignone (Madame Mère, Laetitia Bonaparte-Ramolino), Giulio Bosetti (le prince Camille Borghèse), Tino Carraro (le sculpteur Antonio Canova), Ernesto Calindri (cardinal Joseph Fesch), Claudio Catania (Jérôme Bonaparte), André Lauriault (Lucien Bonaparte), Liana Del Balzo (la princesse-mère Borghèse), Giustino Durano (le docteur Bousquet), Umberto Raho (gén. François-Marie Perichou de Kerversau), Andrea Brosic (Del Val), Marco Guglielmi (Jean-Andoche Junot), Nando Tamberlani (le pape Pie VII), Edith Peters (la générale Thomas), Evi Maltagliati (Mme Adélaïde), Maria Laura Rocca (Laura De Barral), Van Prince (Soliman), Kathy O’Brien (femme de chambre), Feodor Chaliapin Jr. (le maître de ballet), Andrea Checchi (le docteur), Elsa Albani (la pianiste), Aldo Berti (le moribond à Saint-Domingue).
Synopsis : Les Bonaparte ont fui la Corse. En août 1797, réfugiée dans les quartiers pauvres de Marseille avec sa famille, tandis que son frère Napoléon se couvre de gloire en Italie, Pauline Bonaparte (dite Paulette) file le parfait amour dans les bras du conventionnel Stanislas Fréron, qui pourvoit le clan de vivres détournés des stocks de l’armée. Pour éloigner sa sœur chérie de cet individu, Napoléon exige qu’elle le suive dans la Péninsule, où elle découvre le luxe et la vie facile. Dès son arrivée, elle est attirée par le séduisant capitaine de Canouville, un des amants de Joséphine. Pauline s’accroche avec sa belle-sœur, qui fait éloigner Canouville, et choisit d’autres chevaliers servants parmi les officiers. Son comportement défraie la chronique. Sur l’intervention de sa rivale, elle doit épouser le général Leclerc et l’accompagner à Saint-Dominique, où le Premier Consul a nommé son mari capitaine général chargé de mater l’insurrection des Haïtiens et d’y rétablir l’esclavage (décembre 1801). Ses caprices, extravagances et coups de tête minent l’autorité de son mari, qu’elle cocufie joyeusement, par ennui et provocation. Incapable de contenir les insurgés, l’armée française est en déroute, en plus décimée par la fièvre jaune. Dans l’hôpital militaire, parmi les agonisants, Pauline reconnaît Fréron. Leclerc succombe à l’épidémie (novembre 1802) ; Pauline, éprise, mais un peu tard, l’a soigné avec dévotion sur l’île de la Tortue et coupe sa somptueuse chevelure en signe de deuil. Lorsque la jeune veuve retourne en Europe, Napoléon la marie au richissime prince italien Camille Borghèse, union bénie par le pape (1803). Pauline s’ennuie ferme à Rome, le cadre aristocratique est dévot, rigide et pudibond ; dans un accès de révolte, elle pose nue pour le fameux sculpteur Canova, mais sa « Vénus Victrix » de marbre, objet de scandale, finit dans les caves du palais où les curieux (dont Canouville) peuvent l’admirer en cachette contre une obole. Bravant son frère, la princesse Borghèse s’installe au château de Neuilly. Dans un hôtel de passe, parmi d’autres galants, elle retrouve enfin Canouville. Une véritable passion les unit, affichée publiquement. Lorsque, le jour de la réception donnée en honneur de Marie-Louise, l’Empereur, furieux, découvre sur le cheval du colonel Canouville son cadeau personnel à Pauline, une pelisse en martre zibeline reçue du tsar, il envoie l’insolent comme estafette en Espagne. Canouville échappe aux multiples guet-apens des guérilleros, bâcle sa mission et, déjouant toutes les surveillances, se réfugie dans le lit de Pauline. Apprenant cela, Napoléon lui évite le peloton d’exécution pour désertion en l’incorporant dans la Grande Armée en partance pour la Russie. Canouville est tué à la Moskova. Mais ce deuil ne brise pas l’affection et l’indéfectible fidélité de Pauline pour son frère, qu’elle adore et revoit à Gréoux, abandonné de tous, le jour même où il va s’embarquer pour l’île d’Elbe, en avril 1814. Ils s’embrassent (sur la bouche), elle jure de ne plus aimer quelqu’un d’autre et donne à « Nabulio mio » ses rivières de diamants pour l’exil. Napoléon, en off : « Adieu Pauline, adieu ma dernière amie. Quand le reste de ma famille se résignait à mon destin, toi tu te révoltais. Tu as vécu mon agonie, tu es morte de ma mort, tu as été la plus belle des femmes, la plus coquette, la plus légère, la plus fidèle. »
C’est l’histoire d’un ratage artistique de taille – qui commence par un faux départ. En 1956, Gina Lollobrigida signe un contrat mirifique : elle incarnera Pauline Borghèse-Bonaparte (1780-1825), « la plus belle femme de l’Empire », sœur de Napoléon, dans Venere imperiale, coproduction italo-française de la Royal Film à Rome, écrite et réalisée par Renato Castellani, cinéaste esthète et perfectionniste auréolé du Lion d’or à Venise pour Roméo et Juliette (1954). Les principaux rôles sont déjà fixés : Daniel Gélin, Jean-Pierre Aumont et Julien Bertheau. Castellani veut décrire la relation intense, à la limite de l’incestueux, entre Napoléon et sa sœur préférée, une femme indépendante, véritable impératrice en jupons : si elle vole d’aventure en aventure, c’est parce que cette « fidèle infidèle » n’a jamais trouvé l’équivalent de son empereur de frère. Capricieuse et intransigeante elle-même, Gina Lollobrigida décide sur un coup de tête d’avoir pour partenaires des acteurs hollywoodiens, ce qui lui permettrait d’honorer un autre contrat avec une firme américaine. Rien n’aboutit, Castellani se fâche. Il est remplacé par Christian-Jaque qui jette à son tour l’éponge lorsque la star lui conteste la direction des opérations (il en fit pourtant une vedette grâce à Fanfan la Tulipe). Royal-Film confie le rôle-titre à Miriam Bru et Gina est assignée à une lourde amende pour rupture de contrat, mais après quelques jours de tournage, en janvier 1958 (notamment le mariage de Napoléon avec Marie-Louise), on jette l’éponge.
Tout reprend quatre ans plus tard, de juin à septembre 1962, sous la houlette de Jean Delannoy. Après avoir prêté son voluptueux décolleté à la reine de Saba aux côtés de Yul Brynner (dans le péplum de King Vidor), Gina est de retour à Rome, les producteurs à ses pieds. C’est elle qui a choisi son metteur en scène, car celui-ci l’a déjà dirigée (non sans peine) dans Notre-Dame de Paris en 1956. Prolifique et emblématique représentant de la qualité française, Delannoy a été célèbre pour sa collaboration avec Jean Cocteau sur L’Éternel retour (1943) et a décroché le grand prix à Cannes pour La Symphonie pastorale (1946), d’après André Gide ; depuis lors, les critiques de la Nouvelle Vague l’ont particulièrement malmené, lui reprochant son académisme et sa froideur. Il semble en tout cas l’homme de la situation pour tenir tête à Gina, un peu assagie, mais qui s’insurge contre l’autorité de Napoléon et enrage de ne pas avoir, de temps à autre, une scène où c’est elle qui lui dicte sa conduite ! « Un rôle qui convient parfaitement aux sombres éclats de sa beauté et à cette charmante vulgarité héritée de Subiaco, l’Aubervilliers italien », se remémore le cinéaste (Aux yeux du souvenir, Paris 1998, p. 149). Le script original de Castellani sur lequel se base Delannoy subit tant d’altérations que son nom ne figure plus au générique final, remplacé par sept autres scénaristes, dont Jean Aurenche et le romancier Philippe Hériat, de l’Académie Goncourt (pour les dialogues). Mauvais augure ... Stephen Boyd, le Messala de Ben-Hur, et Raymond Pellegrin, une fois de plus en Napoléon, complètent la distribution de ce blockbuster européen qui voudrait marcher sur les traces de l’Austerlitz d’Abel Gance (1960), où Claudia Cardinale fait une pétillante Pauline, et de cette Madame Sans-Gêne, où Christian-Jacque a eu l’outrecuidance de donner le beau rôle à la rivale de Gina, Sophia Loren (1961) : tournage en Technicolor et Supertechnirama 70 mm en studio à Cinecittà, au château Orsini-Odescalchi à Bracciano, à Manziana (la Moskova), dans les anciens quartiers de Naples (rues de Marseille) et au palais des Bourbons à Caserte. Les prises se font en anglais, en italien et en français.
Mais la montagne accouche d’une souris. Les scénaristes ont concentré l’action sur quatre amants ou maris de la belle, Fréron, Leclerc, Borghèse et Canouville et, dans les grandes lignes, les faits historiques sont respectés. Or, le scénario lui-même est dépourvu de la moindre progression dramatique comme de détails susceptibles d’approfondir un profil psychologique. On peine à imaginer sous les traits du sympathique bellâtre bronzé (Gabriele Ferzetti) dont cette bécasse de Pauline s’est entichée le sinistre Fréron que l’on surnommait le « missionnaire de la Terreur », responsable des plus sanguinaires massacres d’innocents dans le Midi ; l’aversion (avérée) de Bonaparte apparaît ici comme une bien injuste lubie de dictateur. La vérité est que, pour se débarrasser de lui, Pauline elle-même le fit nommer sous-préfet à Saint-Domingue, où il mourut de la fièvre jaune, couvert de dettes, deux mois après son arrivée en 1802. Et ainsi de suite, à l’avenant. Il est vrai que Pauline mit à disposition de Napoléon tous ses bijoux – que ce dernier cacha dans sa berline à Waterloo, où ils furent volés (ce que le film ne dit pas) ; il est vrai aussi que Pauline, « la nymphomane au cœur fidèle », fut la seule des Bonaparte, avec Madame Mère, à lui rendre longuement visite sur l’île d’Elbe où elle utilisa ses propres fonds pour améliorer le train de vie du frérot (ce que le film ne dit pas). Pendant l’épisode de 20 minutes à Saint-Domingue, pas un seul petit mot sur Toussaint L’Ouverture ou le rétablissement de l’esclavage. En revanche, le spectateur a droit à d’interminables scènes d’alcôve, aussi langoureuses et érotiques qu’un banc public. Le récit, déjà empesé par une forme obsolète et le ton solennel d’un cinéaste dépourvu d’humour, est grevé par l’envahissant narcissisme de la star qui ne peut concevoir un plan sans miroir ou sans le regard admiratif des mâles. Gina prend la pose, joue fort mal, fait la moue, et Stephen Boyd est inexistant. Le zeste de comédie burlesque (en revenant d’Espagne, Canouville dort vingt-quatre heures et même un bain ne parvient pas à le réveiller) que Delannoy tente d’introduire dans leurs apartés tombe à plat. Heureusement, il y a Pellegrin (crédible surtout en Empereur) et, pour une trop brève apparition, Micheline Presle, délicieuse et surprenante en Joséphine. Le style guindé est parfois sauvé par la belle photo de Gábor Pogány (chef opérateur de Riccardo Freda). Enfin, relevons une scène, une seule, qui apporte de l’inédit et peut, à la rigueur, sortir le spectateur de sa somnolence : en Provence, après son abdication en 1814, Napoléon est témoin de violentes manifestations d’hostilité à son passage, organisées par les royalistes. La foule le hue dans les rues de Gréoux, et pour échapper au pire, l’Empereur revêt un uniforme autrichien ; des officiers austro-russes le protègent de la plèbe ! L’épisode est partiellement authentique. L’affiche « de luxe » attire néanmoins les badauds et le film encaisse en Italie 719 millions de lire. Il reçoit, allez savoir pourquoi, le prix David di Donatello et le Ruban d’Argent de la critique italienne 1963 pour Gina Lollobrigida, ainsi qu’une nomination à ce même Ruban d’Argent pour les images de Pogány et les costumes de Giancarlo Bartolini Salimbeni. – US : Imperial Venus, DE : Kaiserliche Venus , ES : La Venus imperial.
1968(tv) Bonaparte quiere vivir tranquilo (ES) de Gustavo Pérez Puig
« Estudio 1 », Radio-Televisión Española (TVE Prado del Rey) (TVE 5.3.68), 103 min. – av. Juanito Navarro (Don Geronimo Buonaparte), Amparo Baró (Maria), Mercedes Prendes (Mat Tea), Roberto Llamas (Fra Silvestro), Alvaro de Luna (Salvatore), Nela Conjiu (Anna), Manuel Peiró (Angelo), Vicente Soler (gén. Sextius Alexandre François de Miollis), Julia Trujillo (Silvia), José Luís Lespe (le capitaine), Valeriano Andrés (le médecin), Manuel Alexandre, Vicente Haro, Rogelio Madrid, Manuel Peiro, José Blanch, Veronica Lujan.
Napoléon a un oncle (fictif) qui est simple curé en Toscane et qui refuse les titres et avantages que lui offre son neveu. La comédie Don Buonaparte de Giovacchino Forzano (synopsis, cf. film de 1941) adaptée librement pour la télévision espagnole par l’auteur dramatique franquiste José María Pemán, sortie préalablement au théâtre en Espagne en décembre 1964 à Barcelone et en 1966 à Madrid.
1976® (tv) Paganini (IT) de Dante Guardamagna. – av. Tino Schirinzi (Niccolò Paganini), Margherita Guzzinati (Élisa Bonaparte, princesse de Lucques et de Piombino), Luciana Buonfino (Pauline Bonaparte). – Biographie télévisée du violoniste, illustrant au passage ses rapports avec Élisa et Pauline Bonaparte, vers 1805 (cf. p. 219).
1983/84(tv) Marianne, une étoile pour Napoléon (FR) de Marion Sarrault
Série « Les Amours romantiques », Henri Spade/Société Française de Production (S.F.P.)-Antenne 2 (A2 21.11.83-14.2.84), 60 x 13 min./30 x 26 min. – av. Corinne Touzet (Marianne d’Asselnat de Villeneuve, la cantatrice Marie Stella), Gérard Chambre (Jason Beaufort), Marthe Mercadier (Adélaïde, cousine de Marianne), Jean-François Poron (Lord Francis Cranmere), BENOÎT BRIONE (Napoléon), Philippe Clay (Black Fish), Stéphane Bouy (Joseph Fouché), Bernard Dhéran (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), Nicole Maurey (Catherine de Talleyrand, princesse de Bénévent), François Brincourt (Michel Duroc), Benoît Allemane (le corsaire Robert Surcouf), Isabelle Spade (Dorothée de Périgord), Dora Doll (Fanchon Fleur de Lys), Christian Alers (Jolivat), Régine Blaess (Lady Ellis Selton), Jean-Marie Bernicat (l’abbé Gauthier de Chazay, cardinal de San Lorenzo), Emmanuel Karsen (Gracchus-Hannibal Pioche), Virginie Pradal (Fortunée Hamelin), Jacques Brucher (le prince Leopold Clary-Aldringen, attaché de l’ambassade d’Autriche), Annie Jouzier (Gwen), Philippe Murgier (Morvan, le naufrageur), Van Doude (le majordome, Parry).
Synopsis : Paris sous la Terreur. Après l’arrestation et l’exécution de ses parents, accusés d’avoir tenté de sauver la reine, la marquise Marianne d’Asselnat de Villneuve, encore un bébé de quelques mois, est emmenée par son parrain, l’abbé Gauthier de Chazay, en Angleterre chez sa tante, Lady Ellis Selton, où elle connaît une enfance heureuse. Mourante, Lady Selton arrange le mariage de Marianne avec Lord Francis Cranmer, mais le soir des noces, celui-ci joue aux cartes contre l’aventurier américain Jason Beaufort et perd tout, y compris la fortune personnelle de Marianne et sa nuit de noces. Marianne abat son mari en duel et retourne en France, où règne l’homme qu’on lui a appris à haïr jour après jour, en contournant le blocus grâce au contrebandier Black Fish. Après un naufrage sur les côtes bretonnes, où Marianne s’est fait passer pour un agent royaliste, elle gagne Paris. Jean Le Dru, un amant de passage et ex-second du corsaire Surcouf, la livre à Fouché. Surcouf prend sa défense tandis que Fouché la contraint d’entrer dans ses services de police. Elle s’installe chez Talleyrand comme lectrice de sa femme, mais Talleyrand, pas dupe, l’oblige à jouer un rôle d’agent double. Son activité la mène à découvrir les agissements des Cavaliers des Ténèbres, une organisation royaliste visant à abattre l’Empereur. Marianne avertit Napoléon du péril, et celui-ci la prend comme maîtresse, passant quelques jours avec elle au Grand Trianon. Afin de lui assurer une existence indépendante, il fait d’elle une cantatrice célèbre du nom de Marie Stella et lui fait cadeau des titres d’Asselnat, l’ancienne propriété de ses parents. Réapparaît Cranmer, qui n’est pas mort et fait chanter sa femme, recherchée par la police anglaise. Pour l’aider financièrement, Napoléon l’invite à se produire aux Tuileries devant la nouvelle impératrice, l’archiduchesse Marie-Louise. Marie-Louise éclate de rire pendant le concert, Marianne quitte la scène à la grande colère de Napoléon. Elle découvre qu’elle est enceinte de l’Empereur. Son parrain, devenu cardinal, fait annuler le mariage avec Cranmer, tandis que Black Fish ramène Beaufort à Paris, toujours amoureux de Marianne.
Ces tribulations rocambolesques d’une turbulente espionne-soprano qui, tout en parcourant au galop les années 1793 à 1810, trouve le loisir de donner un fils naturel à l’Empereur, proviennent de l’imagination de Juliette Benzoni, la reine de la guimauve pseudo-historique. Sont réunis ici les deux premiers livres de la série des « Marianne », publiés dans France-Soir à partir du 5 janvier 1969, Une étoile pour Napoléon (1969) et Marianne et l’inconnu de Toscane (1971). De quoi nourrir un feuilleton-fleuve (12 heures d’antenne) à diffuser par mini-tranches en début d’après-midi. La Société Française de Production (S.F.P.) se charge de la fabrication à la chaîne de ce type de produit bas de gamme, bâclé, joué approximativement et photographié n’importe comment, dont la téléaste Marion Sarraut s’est fait une spécialité. Marianne est réalisé en vidéo : tous les intérieurs sont enregistrés dans un seul décor multifonctionnel, transformable à souhait, aux studios des Buttes-Chaumont ; les extérieurs sont filmés à la sauvette au Petit Trianon à Versailles et à la Malmaison (13 mois de tournage, 82 comédiens). Corinne Touzet acquiert une petite popularité auprès des accros de l’écran cathodique – un public surtout féminin – et retrouvera brièvement son Napoléon pour midinettes, Benoît Brione, dans la série policière Une femme d’honneur dont elle est la vedette (1996, etc.). Les autres romans de la saga mariannesque restent dans les tiroirs (Jason des quatre mers, 1972, Toi, Marianne, 1971 et Les Lauriers de flammes, 1974), mais cette série inaugure une longue période de collaboration entre la S.F.P., Marion Sarraut et Juliette Benzoni, avec les cycles en costumes Catherine (1986), Le Gerfaut (1987) et La Florentine (1991).
1998(vd) Paolina Borghese ninfomane imperiale / Paolina venere imperiale (La Nymphomane impériale) (IT) de Luca Damiano [= Franco Lo Cascio]
Ric Prod., 82 min. – av. Milly d’Abbraccio (Pauline Borghèse-Bonaparte), Caroline Spagnoli (Caroline Bonaparte), Giulio Massimini (le prince Camille Borghèse), Baby Nielsen (la princesse Borghèse), Enrico Pro (le sculpteur Antonio Canova), Erika Bella, Betty Anderson, Lea Martini, Regina Sipos, Andea Dioguardi, Andrea Spider, Eros Cristaldi, Francesco Malcolm, Omar Williams, Silvio Evangelista.
On l’attendait, celle-là : les amours de Pauline Bonaparte en version pornographique ! Tout commence pendant une séance de pose dans l’atelier de Canova, alors que Pauline, voluptueuse blonde, se plaint de son prince de mari qui la délaisse ... Commentaire superflu. – US : Paolina Imperial Venus, DE : Die liebestolle Gräfin.
2003® (tv) Horatio Hornblower – 8. Duty (GB/US) d’Andrew Grieve (ITV 6.1.03), 96 min. – av. Ioan Gruffudd (Commander Horatio Hornblower), David Birkin (Jérôme Bonaparte), Camilla Power (Elizabeth [Betsy] Patterson, son épouse). – Au cours d’une tempête dans la Manche, le capitaine britannique Hornblower (personnage fictif créé par C. S. Forester) intercepte un vaisseau en détresse transportant Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon, et son épouse américaine, Betsy Patterson, tous deux sous une fausse identité. Sur conseil de Hornblower, récemment promu capitaine, Jérôme Bonaparte gagne la France (comme le lui a ordonné son frère), tandis que Betsy retourne en Amérique. – (cf. p. 298). – La vérité, on s’en doute, est très différente : à la fin avril 1805, Jérôme arriva à Lisbonne en trompant la vigilance des croisières anglaises sur un bâtiment américain, accompagné par sa femme et par son beau-père. Il gagna Madrid seul, tandis que M. Patterson et sa fille retournèrent aussitôt pour l’Amérique.
2017(tv) Caroline, née Bonaparte, épouse Murat (FR) de Benjamin Lehrer (fict.) et Vincent Mottez (doc.)
Série "Secrets d'Histoire" présentée par Stéphane Bern (saison 11, épis. 5), Jean-Louis Remilleux/Société Européenne de Production-France Télévisions (FR2 27.7.17), 113 min. - av. Anne Paris (Caroline Bonaparte), Loïc Lefebvre, Benoit Michaud, Cléo Senia, Nadia van de Ven, Kiren van den Brandeler, Nathan Buisson, Geneviève Courbier, Brigitte Degut, Clementine de Macedo, Sidonie Dubosc, Manon Hoffmann, Pierre L'Henri, Adrien Philippon, Juliette Robuchon.
Docu-fiction tourné sur les lieux historiques, avec reconstitutions.