XII - LES ÉTATS-UNIS AU XIXe SIÈCLE

7. LA RECONSTRUCTION - 1865-1900

7.9. POLYNÉSIE et MICRONÉSIE sous influence américaine

Missionarisation intensive des îles Hawaï par les presbytériens (1820) et les catholiques (1827) américains. L’archipel est convoité par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Le Royaume d'Hawaï (8 souverains depuis 1810 et une Constitution en 1864) est reconnu par 46 États par le biais de traités internationaux. Mais après la déposition de la reine Liliouokalani en 1893 par un putsch des colons américains et européens, le gouvernement provisoire blanc proclame la République d'Hawaï (1894) et demande l’annexion de l'archipel aux États-Unis (1898). Washington n'a toutefois jamais établi un traité international qui valide cette annexion.
1946® Le Pèlerin de l’enfer / La Vie du Père Damien (BE) d’Henri Schneider [et Henri Storck]. – av. Robert Lussac (Père Damien de Veuster), Dounia Sadow (Lawila), Robert Maufras (Kahili), Gaston Bréval (William Williamson), Cara Van Wersch (la princesse Liliuokalani), Charles Mahieu, Werner Degan (pasteurs américains). – La vie du Père Damien (Jozef De Veuster, 1840-1990), un missionnaire belge, à Honolulu et à Molokai (archipel de Hawaï), où il meurt en soignant les lépreux. Cf. biographies France (9.6).
1954*His Majesty O’Keefe (Le Roi des îles) (US) de Byron Haskin 
Harold Hecht/Warner Bros., 91 min. – av. Burt Lancaster (cpt. David Dion O’Keefe), Joan Rice (Dalabo aki Dali), Tessa Prendergast (Kakofel), André Morell (Alfred Tetins), Abraham Safaer (Fatumak, sorcier), Archie Savage (Boogulroo), Benson Fong (Mr. Chou), Charles Horvath (cpt. Bully Hayes).
En 1870, le capitaine irlando-américain David Dean O’Keefe (1824-1901), un marin abandonné sur l’île de Yap (Micronésie) y monte un fructeux commerce de copra et enseigne l’agriculture moderne aux indigènes. Il doit entre autres se mesurer au capitaine pirate William Henry "Bully" Hayes (1827?-1877), redouté pour ses enlèvements d'indigènes qu'il vendait comme esclaves dans les plantations d'autres îles du Pacifique. L'authentique Hayes, surnommé "the last of the Buccaneers", finira assassiné par son cuisinier (cf. aussi infra, "Nate and Hayes/Savage Islands" de Ferdinand Fairfax, 1983). Tourné en Technicolor sur les îles Fidji (village de Goloa à Viti Levu, à 30 km de Suva), alors une colonie britannique, le film étant financé avec des fonds gelés en Grande-Bretagne.
1961® Molokai, la isla maldita (ES) de Luis Lucia. – av. Javier Escrivá (le Père Damien de Veuster), Roberto Camardiel (Bluck), Francisco Camoiras (Leon). – En 1873 à Molokai, dans l’archipel de Hawaï, le Père Damien, un missionnaire belge, soigne les lépreux placés en quarantaine sur l’île par les gouvernement locaux. Cf. biographies France (9.6).
1966**Hawaii (Hawaï) (US) de George Roy Hill [et Fred Zinnemann, Arthur Hiller] 
Walter Mirisch/Mirisch Corp.-United Artists, 189 min./158 min. – av. Julie Andrews (Jerusha Hale-Bromley), Max von Sydow (Rév. Abner Hale), Richard Harris (capt. Rafer Hoxworth), Gene Hackman (John Whipple), Jocelyn Bredin LaGarde (la reine Malama [=Ka’ahumanu]), Ted Nobriga (Kelolo, son frère), Manu Tupou (Keoki, fils de Malama), Torin Thatcher (Rév. Thorn), John Cullum (Rév. Immanuel Quigley), Lou Antonio (Rév. Abraham Hewlet), Carroll O’Connor (Charles Bromley), Elizabeth Logue (Neolani), Malcolm Atterbury (Gideon Hale), Michael Constantine (Mason), Bette Midler (une passagère).
Hawaï en 1820 (après le décès du roi Kaméhaméha Ier). Le révérend Abner Hale, un missionnaire presbytérien fanatique de la Nouvelle-Angleterre débarque à Lahaina, sur l’île de Maui, pour y imposer le christianisme aux païens. Tandis que son épouse Jerusha, qui s’intéresse aux coutumes de ce peuple généreux et hospitalier, attire la bienveillance de tous, Abner, sectaire et trop intransigeant, s’attire la haine de la famille royale. Il refuse d’ordonner pasteur le jeune prince Keoki (qui épouse sa sœur Noelani) et de convertir la reine Malama tant qu’elle persiste à vivre en concubinage avec son propre frère Kelolo. Le capitaine-baleinier Hoxworth, l’amour de jeunesse de Jerusha, demande à celle-ci de partir avec lui, mais Jerusha demeure fidèle à son mari. Hoxworth et son équipage incendient l’église d’Abner quand celui-ci s’oppose aux contacts entre les marins et les femmes indigènes. Malama finit par interdire les liaisons consanguines et meurt après avoir reçu le baptême, mais son fils révèle ensuite à Abner horrifié qu’il l’a fait ensevelir selon les ancien rites. Le révérend appelle sur l’île la colère de Dieu et lorsqu’une terrible épidémie de rougeole ravage l’archipel, il se sent responsable des centaines de morts (dont le prince Keoki). Son épouse, qui lui donne trois fils, l’incite à supplier le pardon du Ciel. Elle meurt peu après. Vieilli avant l’âge, Abner est relevé de ses fonctions et envoie ses trois fils à l’école en Angleterre.
Un projet préparé depuis 1960 par Fred Zinnemann et son scénariste Daniel Taradash, destiné pour Audrey Hepburn et Alec Guinness. Le producteur Mirisch ayant fait remplacer Taradash (qui peine à adapter le roman-fleuve de 946 pages de James A. Michener) par Dalton Trumbo, puis refusé le concept d’un film de 4 heures en deux parties, Zinnemann laisse sa place à George Roy Hill (Zinnemann tourne quelques plans en Norvège). Hill ayant à son tour dépassé le budget, il est remplacé par Arthur Hiller, mais revient terminer le film à la demande expresse des comédiens, spécialement de Julie Andrews. Un thème très ambitieux – la corruption et la destruction d’une culture indigène par la bonne parole répressive des missionnaires et le commerce de l’Occident – pour une production difficile et ruineuse (dix millions de dollars), mais qui sera le plus grand succès de 1966 au box office américain. Une expérience malheureuse pour Hill (dont le montage a été refusé), mais néanmoins une œuvre remarquablement interprétée, filmée avec punch et qui, avec les années, garde toute sa puissance dénonciatrice. Tourné en Panavision couleurs DeLuxe à Hawaï (Makua Beach, île de Oahu, studios à Pearl City, Honolulu), à Tahiti, au Massachusetts (Old Sturbridge Village, pour la Nouvelle-Angleterre) et en Norvège (au large de Bodö, pour la traversée en mer du détroit de Magellan). Sept nominations à l’Oscar 1967 (Jocelyne LaGarde, photo, costumes, musique, chanson, son, effets spéciaux), deux Golden Globe 1967 (musique et Jocelyne LaGarde), nomination (Max von Sydow).
1970*The Hawaiians / GB : Master of the Islands (Le Maître des îles) (US) de Tom Gries 
Walter Mirisch/Mirisch Corp.-United Artists, 134 min. – av. Charlton Heston (Whip Hoxworth), Tina Chen (Nyuk Tsin), Mako (Mun Ki), Geraldine Chaplin (Purity Hoxworth), John Phillip Law (Noel Hoxworth), Alec McCowen (Micah Hale), Naomi Stevens (la reine Liliuokalani).
Suite du précédent (soit le dernier tiers du roman « Hawaii » de James A. Michener) : les îles Hawaï victimes de l’impérialisme occidental dans les années 1870-1900, l’importation massive de la main d’œuvre chinoise et japonaise, les plantations d’ananas, l’abdication forcée de la dernière reine de Hawaii (1893) et l’annexion irrégulière de l’île par les Américains (1898), enfin l’épidémie de peste et l’incendie du quartier chinois de Honolulu (1900). Aventurier, trafiquant, puis planteur fortuné mais abandonné par sa femme Purity, Whip Hoxworth (petit-fils du capitaine Rafer Hoxworth dans « Hawaii ») empêche la reine Liliuokalani de remonter sur le trône, et manœuvre pour faire nommer son propre cousin, Micah Hale, premier président de l’Etat américain de Hawaï. Un feuilleton exotique à gros budget sur des personnages peu reluisants, filmé sur place (île de Maui et à Lihue, sur l'île de Kauai), où l'on reconstruit les rues de Honolulu et son quartier chinois au début du XXe siècle, en Panavision couleurs DeLuxe. Nominé à l’Oscar (costumes) et au Golden Globe (Tina Chen).
1983Nate and Hayes / Savage Islands (Les Pirates de l’île sauvage) (NZ/US) de Ferdinand Fairfax
Phillips Whitehouse Productions-Paramount , 99 min. – Tommy Lee Jones (cpt. William « Bully » Hayes), Michael O’Keefe (rév. Nathaniel Williamson), Jenny Seagrove (Sophie), Max Phipps (Ben Pease), Grant Tilly (comte von Rittenberg), Peter Rowley (Louis Beck), William Johnson (rév. Williamson), Kate Harcourt (Mrs. Williamson), Prince Tui Teka (le roi de Ponape).
Sophie, la jolie fiancée du révérend Williamson que convoite également le capitaine pirate William "Bully" Hayes (cf. supra, "His Majesty O'Keefe" de Byron Haskin en 1954) est enlevée par un autre forban, Ben Pease, de sorte que le missionnaire et l’aventurier doivent s’unir contre leur gré pour la retrouver. Aventures sans surprises, plus proches d’Indiana Jones que du capitaine Blood, tournées aux îles Fiji (Wakaya, Suva) et en Nouvelle-Zélande.
1988(tv) Emma, Queen of the South Seas (AU) de John Banas 
Anro Prod., 4 x 48 min. – av. Barbara Carrera (Emma Coe), Steve Bisley (cpt. Thomas Farrell), Thaao Penghlis (Albert), Hal Holbrook (Jonas Coe), E. G. Marshall (président Ulysses S. Grant), Nathaniel Lees (le roi Malietoa Laupepa I), Barry Quin (Hon. W. H. Lyttelton), Henn Johannes (Paul Kolbe), Rebecca Rigg (Phebe Coe Parkinson), Gerard Kennedy (capt. Rabardy), Devid Nettheim (Wilhelm II).
L’ascension d’Emma Eliza Coe (1850-1913), de parents samoans et américains, éduquée en Australie et aux Etats-Unis, qui établit un empire commercial à Ralum (Duke of York Islands, East New Britain) rivalisant avec l’américain, l’anglais et l’allemand. Filmé en Australie (Sydney) et sur les îles Fiji (Taveuni).
1993(tv) A Cry of Peacocks (US/GB)
Kristin Zambucka/Green Glass Productions-BBC-KITV-4. – av. Heather Marsh (princesse Kaiulani), Debbie Nakanelua, Coline Aiu. – Docu-fiction sur la princesse Kaiulani (cf. 2009) pour la télévision hawaïenne KITV-4.
1999® Molokai : The Story of Father Damien (BE/NL/AU) de Paul Cox. – av. David Wendham (le Père Damien de Veuster), Kate Ceberano (princesse Liliuokalani), Jan Decleir (l’évêque Köckerman), Chris Haywood (Clayton Strawn), Derek Jacobi (Père Leonor Fouesnel), Keanu Kapuni-Szasz (Malulani), Sam Neill (Walter Murray Gibson), Peter O’Toole (William Williamson). – La vie du Père Damien dans l’archipel de Hawaï, cf. biographies France (9.6).
2009*Princess Ka’iulani / Barbarian Princess (Princesse Kaiulani) (GB/US) de Marc Forby 
Matador Pictures-Island Film Group-Trailblazer Films-ContentFilm, 130 min. – av. Q’orianka Kilcher (princesse Kaiulani), Barry Pepper (Lorrin A. Thurston), Shaun Evans (Clive Davies), Will Patton (Sanford B. Dole), Jimmy Yuill (Archibald Scott Cleghorn), Leo Anderson Akana (la reine Lili’uokalani), Ocean Kaokinaowili (le roi Kalâkaua), Reupena Paopao Sheck (le prince David Kawânanakoa « Koa », époux de Kaiulani), Kimo Kalilikane (Kalehua), Peter Banks (président Grover Cleveland), Rosamund Stephen (Mrs. Cleveland), Julian Glover (Theophilus Harris Davies), Barbara Wilshere (Mrs. Davies), Tamzin Merchant (Alice Davies), Christian Brassington (duc de Winchester), Olivia Mardon (duchesse de Winchester), Jay Lembeck (Premier ministre Walter M. Gibson).
Biopic de la princesse Victoria Ka’iulani Kalaninuiahilapalapa Kawêkiu i Lunalilo Cleghorn (1875-1899), fille d’une princesse locale et d’un homme d’affaires écossais, héritière du trône de Hawaï éduquée en Angleterre. En 1887, à l’incitation des colons américains qui veulent faire annexer l’archipel par les Etats-Unis, la « Hawaian League » impose au roi Kalakaua une constitution qui lui enlève tous ses pouvoirs (« Bayonet Constitution »). Au décès du roi, son oncle, la princesse quitte l’Angleterre (et son amoureux, Clive Davies) et s’adresse à la Maison Blanche pour contrer l’anti-royaliste Lorrin A. Thurston et Sanford B. Dole qui privent les indigènes de leurs droits et poussent le pays vers la guerre civile. En 1893, après un coup d’Etat des colons, Kaiulani assiste impuissante à l’abdication forcée de sa tante, la reine Liliuokalani : Hawaï devient une république sous souveraineté américaine, sans que la population de l’archipel aît été consultée. Un sujet intéressant gâché par trop de guimauve et une esthétique de téléfilm. Dans le rôle-titre, la révélation de Terrence Malick, Q’orianka Kilcher (Pocahontas dans « The New World », 2005), une Américaine d’ascendance suisso-péruvienne, grandie à Hawaii. Filmé à Hawaï (palais Iolani à Honolulu) et à Norfolk (GB). Prix du public du Hawaii Inernational Film Festival 2009 (meilleur film).