XII - LES ÉTATS-UNIS AU XIXe SIÈCLE

6. LA GUERRE DE SÉCESSION - 1861-1865

6.6. Les récits d’AMBROSE BIERCE

(1812-1914 ?) se déroulant pendant la guerre de Sécession. Officier et cartographe de l’armée nordiste, enrôlé dans le 9e régiment d’infanterie de l’Indiana, le romancier Ambrose Gwinett Bierce combat à Shiloh, Chickamauga, Missionary Ridge et Kennesaw Mountain (où il est blessé) et échappe de justesse à la capture à Gaylesville, Alabama. Bierce accède au grade de major, mais son expérience au feu ne lui laisse que des souvenirs amers dont on retrouve la trace dans son recueil de nouvelles « Tales of Soldiers and Civilians » (« Histoires de Soldats et de Civils) » en 1891, réédité en 1892 sous le titre de « In the Midst of Life (Au cœur de la vie) ». – cf. bio Ambrose Bierce en fin d’ouvrage (section biopics: lettres).
1929*The Spy / The Bridge (US) de Charles Vidor
(+ prod.) [d’apr. « An Occurrence at Owl Creek Bridge »], 10 min./909 ft. – av. Nicholas Bela (Peyton Farquhar), Charles Darvas. – Avril 1862, au nord de l’Alabama. Condamné à être pendu sur l’Owl Creek Bridge par les Nordistes, un civil pris par erreur pour un espion rêve qu’il parvient à s’échapper et rejoindre son épouse qui l’attend dans leur domaine ; à l’instant où il la rejoint et croit avoir berné la mort, la corde du gibet le tue. – cf. infra: « Au cœur de la vie » (épisode « La Rivière du hibou », 1961). Film expérimental à peine distribué, première œuvre tournée par le Hongrois Charles Vidor (le futur réalisateur de « Gilda »).
1955(tv) The Soldiers (US) de Sidney Lumet (?) 
série « Danger » (CBS 17.5.55), 30 min. – Abandonné par son épouse, un gentleman du Sud s’engage dans l’armée de l’Union et cherche la mort au combat.
1957Occurrence at Owl Creek Bridge (US)
University of Southern California (USC), Dept. of Cinema, 17 min. (16 mm). – cf. supra (1929).
1959(tv) An Occurrence at Owl Creek Bridge (US) de Robert Stevenson 
série « Alfred Hitchcock Presents » (CBS 20.12.59), 25 min. – av. Ronald Howard (Peyton Farquhar), Juano Hernandez, Kenneth Tobey, James Coburn.
1961**Au cœur de la vie – 1. L’Oiseau moqueur – 2. Chickamauga – 3. La Rivière du hibou (FR) de Robert Enrico 
Marcel Ichac/Franco-London-Sinfonia-Films du Centaure, 95 min. – av. Roger Jacquet (Peyton Farquhar), Anne Cornaly (3), Edwine Moatti, Pilou Bossety (2), Stéphane Frey, François Frankiel, Eric Frankiel, Frédérique Ruchaud (1).
Condamné à être pendu sur l’Owl Creek Bridge, un homme rêve dans les secondes qui précèdent son exécution qu’il parvient à s’échapper et à rejoindre son épouse après une longue course à travers les bois, cf. version 1929 (3). - Un garçon sourd-muet s’égare en jouant parmi les cadavres et blessés de la bataille de Nashville, puis découvre sa propre maison familiale en flammes et sa mère morte (récit "Chickamauga", 2). - Pendant la nuit, une sentinelle abat par erreur son propre frère (récit « The Mockingbird », 1).
« La Rivière du hibou » (27 min.), saisissant film lyrique où la sérénité de la nature, magnifiquement photographiée en noir et blanc, s’oppose à la folie des hommes, est la première oeuvre de fiction de Robert Enrico. Tourné sur le Pont des Révoltes à Cassagnas (Lozère), dans la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne), aux alentours de Chantilly (Oise), dans les gorges du Verdon (Alpes-de-Haute-Provence), à Florac (Lozère) et dans une calanque de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) avec de longs et fascinants travellings, le film obtient une palme d’or à Cannes, le Grand Prix du Festival de Tours, l’Oscar du meilleur court métrage à Hollywood en 1962 et le BAFTA Award 1963 à Londres. Il est distribué individuellement, puis, à l'instigation de Robert Hossein et du producteur Henri Deutschmeister, intégré à un ensemble constitué de deux autres récits de Bierce; les trois courts métrages sont alors exploités sous le titre générique de "Au Coeur de la Vie" (1963). Repris par la télévision américaine dans la série « Twilight Zone » (28.2.64) de Rod Serling.
1967(tv) Kwestia sumienia [Cas de conscience] (PL) d’Ewa et Czeslaw Peleski 
Iluzjon-Telewizja Polska, 30 min. – av. Andrzej Lapicki, Wieslaw Golas, J. Lodynski, Z. Maklakiewicz, S. Przedwojewski. – Un officier nordiste ayant reconnu dans l’espion capturé (et condamné à mort) l’homme qui lui sauva jadis la vie, il se suicide.
1969One of the Missing (GB) de Tony Scott 
British Film Institute (BFI) Production Board, 26 min. - av. Stephen Edwards (James Clavering), Ridley Scott (un officier de l'Union). - Un tireur-éclaireur confédéré abat un jeune Nordiste alors qu’il prend congé des siens, puis se trouve piégé par l'artillerie dans une maison en ruine derrière les lignes ennemies. Il finit par se suicider. Film d’étude du futur réalisateur (qui signe encore Anthony Scott), avec un petit rôle pour son fr^re aîné Ridley Scott, primé à Sitges en 1971.
1979(tv) One of the Missing (CA/US) de J. D. Feigelson
(+ prod.), 46 min. – cf. supra
1989**Old Gringo / Gringo viejo (US/AR) de Luis Puenzo 
Columbia-Fonda Films-Historias Cinematograficas Cinemania-Progress, 119 min. – av. Gregory Peck (Ambrose Bierce), Jane Fonda (Harriet Winslow), Jimmy Smits (gén. Tomas Arroyo), Pedro Armendariz Jr. (Pancho Villa), Patricio Contreras, Jenny Gago, Gabriela Roel.
Vers 1913, vieux et malade, dégoûté par l'hypocrisie du monde comme des manipulations de la presse de W. R. Hearst (son patron), Ambrose Bierce tourne le dos à la littérature, à la gloire et aux mondanités pour aller finir ses jours incognito au Mexique, en ralliant les armées de Pancho Villa à Chichuahua. Il y fait la connaissance d'une gouvernante américaine, Harriet Winslow, une vieille fille qui a, elle aussi, tourné le dos à une existence de mensonges dans le cadre étouffant de sa famille. Harriet s'éprend du jeune général Arroyo, qui l'a enlevée et la déniaise avant de finir fusillé pour avoir déserté et tué Bierce qui, suicidaire, le provoquait.
Un magnifique rôle pour Gregory Peck. Un film empreint de poésie et de sagesse existentielle réalisé par le cinéaste-écrivain argentin Puenzo, auteur acclamé de "La historia oficial" (1984), Oscar du meilleur film étranger. Une superproduction entièrement réalisée au Mexique (Sonora, Durango, Hidalgo, Zacatecas) avec d'importants capitaux hollywoodiens (25 millions de $), et qui sera un gros échec au box-office, sans doute en raison de sa sympathie pour la cause révolutionnaire et son esprit "biercien", provocateur et contestataire. La présence de Jane Fonda ("Hanoï Jane"), initiatrice et productrice du film, n'a pas attiré le public républicain… (d'après le roman Gringo Viejo de Carlos Fuentes, 1985).
1999Ah ! Silenciosa (MX/US) de Marcos Cline-Márquez 
Suspended Disbelief Prod. – av. Jim Beaver (Ambrose Bierce), Ana Sobero (Andrea Dominguez), Carlos Roberto Majul (Pancho Villa), Alberto Tejada, Ricardo Cárdenas, Lourdes Castillo.
La fin imaginée de Bierce, disparu pendant la révolution mexicaine de 1913-14, en intercalant des passages de « An Occurrence at Owl Creek Bridge ».
2004-06(vd) Ambrose Pierce : Civil War Stories. – 1. One Kind of Officer– 2. The Story of a Conscience – 3. An Occurrence at Owl Creek Bridge (US) de Don Maxwell (1-2) et Brian James Egan (3) 
Don Maxwell/Owl Creek Prod., 93 min. 3 x 25 min. – av. Campbell Scott (Ambrose Bierce), Vivian Schilling (la romancière Gertrude Atherton), Nathan Darrow (William Randolph Hearst) – (1) Bruce Heinrich (cpt. Nathan Ransome), Kip Niven (gén. Masterson), Mark Robbins (gén. Cameron), Delno Ebie (ltn. Price) – (2) Nick Piper (cpt. Parrol Hartroy), Eugene Wolf (Dramer Brune), Greg Higginbotham ((ltn. Bierce), Jim Beckner (cpt. Graham) – (3) Bradley M. Egen (Peyton Farquhar), Jody Chansuolme (Libbie Farquhar), Aaron Jackson (scout), Robert Lee Hodge, Grant Demoss.
En Californie en 1890, Bierce présente sa trilogie de nouvelles baptisée « Civil War Stories » à la romancière Gertrude Atherton et au jeune éditeur W. R. Hearst.