XI - LA RUSSIE

3. ALEXANDRE II NIKOLAÏEVITCH - 1855 / 1881

3.2. « Michel Strogoff », roman de Jules Verne (1876)

Russie vers 1875, un courrier secret d’Alexandre II est envoyé à Irkoutsk (Sibérie orientale) pour mettre le frère du tsar en garde contre l’imminence d’une invasion tartare dirigée par Féofar Khan et la trahison de l’officier impérial Ogareff.
1908Michael Strogoff (US) de Gilbert M. Anderson (?)
George K. Spoor, Gilbert M. Anderson/Essanay Film Manufacturing Company (Niles Canyon, Calif.). - av. Gilbert M. Anderson (?) (Michel Strogoff). - Sorti aux USA en avril 1908.
1910Michael Strogoff. A Courier of the Czar (US) de J. Searle Dawley 
Thomas E. Edison/Edison Manufacturing Company (Bronx, New York), 303 m. (colorié à la main). – av. Charles Ogle (Strogoff), Mary Fuller (Nadia), Marc McDermott (Ogareff), Harold M. Shaw. – Le réalisateur et l’interprète principal du premier « Frankenstein » (1910) réunis dans une production assez ambitieuse.
1914Michael Strogoff (US) de Lloyd B. Carleton 
Popular Plays & Players Inc.-Lubin Manufactoring Company (Philadelphia), 5 bob. – av. Jacob P. Adler (Strogoff), Daniel Makarenko (Ivan Ogareff), Ormi Hawley (Nadia Fedorova), Eleanor Barry (Marfa Strogoff), Betty Brice (Sangaree), Lloyd B. Carleton (le Grand-Duc de Sibérie), Peter Lang (le gouverneur de Moscou), George S. Trimble (Feofar Khan). - Filmé dans les studios de Jacksonville en Floride.
1925/26**Michel Strogoff FR) de Viatcheslav [Victor] Tourjansky 
Noé Bloch/Ciné-France-Film (Consortium Westi)-Films de France, Paris / Société des Ciné-Romans, 4000 m./10 bob./170 min. – av. Ivan Mosjoukine (Strogoff), Eugène Gaïdaroff (Alexandre II), Nathalie Kovanko (Nadia Féodorova), Arkady Chakatouny (Ivan Ogareff), Boris Defas (Féofar Khan), Jeanne Brindeau (Marfa Strogoff), Gabriel de Gravonne (Alcide Jolivet), Henri Debain (H. Blount), Tina de Yzarduy (Zangara), Vladimir Kvanin (Vassilij Feodoroff), Nicolas Kougoutchev (gén. Kissoff), Nicolas Koline, Boris de Fast.
Peut-être la meilleure version du roman, dynamique, inventive, avec des séquences colorées au pochoir. Tournage en Lettonie, dans la région de Riga et de Latgalen avec 4000 figurants, à Dvinsk, ainsi qu’aux studios de Billancourt et de Boulogne-sur-Seine (mai 1925-janvier 1926). Pour sa première superproduction, la vedette Mosjoukine offre plus de deux heures de « belles images », fidèles au texte, animées par des effets de montage à la russe et une séquence festive dans le fief de Féofar Khan colorée au pochoir. Afin d’accentuer l’authenticité du récit, l’équipe cinématographique est composée en majeure partie d’émigrés russes établis à Paris, le financement est allemand. Mosjoukine participe au scénario, photo de Léon H. Burel et Nicolas Toporkoff. Une réussite somptueuse.
Un courier secret d’Alexandre II (« Michel Strogoff » de Richard Eichberg, 1936)
1936*Der Kurier des Zaren (v. all.) / Michel Strogoff (v. f.) (DE/FR) de Richard Eichberg, supervis. v.f. : Jacques de Baroncelli 
Richard Eichberg-Film GmbH, Berlin-Les Productions Joseph-N. Ermolieff, Paris, 100 min. – av. Adolf Wohlbrück (Strogoff), Lucie Höflich/Marcelle Worms (Marfa Strogoff), Maria Andergast/Yvette Lebon (Nadia Féodorova), Alexander Golling/Charles Vanel (Ivan Ogareff), Hilde Hildebrand/Colette Darfeuil (Zangara), Hans Zesch-Ballot/Victor Vina (Alexandre II), Bernard Goetzke (Féofar Khan), Herbert Hübner/Camille Bert (le Grand Duc Fédor), Kurt Vespermann/Fernand Charpin (Alcide Jolivet), Theo Lingen/Armand Bernard (Blount), Olga Schaub (Mascha), René Stern (gén. Kirsanoff), Bill Bocketts (Wassily), Walter von Allfördern, Erns Behmer, Youngling Tschang.
Eichberg réalise cette onéreuse version dans les studios Jofa de Berlin-Johannisthal et en extérieurs à l’aéroport de Berlin-Johannisthal et en Bulgarie, à Sofia et à Veddin. Plus condensé que la version précédente, son film offre une reconstitution proprement luxueuse (le palais du tsar), des images chatoyantes (Irkoutsk en flammes) et un charme romanesque qui doit beaucoup à l’interprétation charismatique du comédien autrichien Adolf Wohlbrück qui, cette même année, s’exile en Grande-Bretagne (il est demi-juif) et prend le nom d’Anton Walbrook. Le film sera interdit en Allemagne nazie dès 1939. Lemontage de la version française est de Jean Delannoy.
1937The Soldier and the Lady / The Adventures of Michael Strogoff (US) de George Nicholls Jr. 
Joseph-N. Ermolieff-Pandro S. Berman/RKO Radio Pictures, 85 min. – av. Anton Walbrook [=Adolf Wohlbrück] (Strogoff), Akim Tamiroff (Ogareff), Margot Grahame (Zangarra), Elizabeth Allan (Nadia), Fay Bainter (Marfa Strogoff), Paul Harvey (Alexandre II), William Stack (le Grand-Duc Fédor), Eric Blore (Blount), Paul Guilfoyle (Vassily), Edward Brophy (Eddie Packer), Michael Visaroff (aubegiste), Frank M.Thomas (douanier).
Copie carbone de la production précédente, mais réalisée aux studios RKO à Encino, San Fernando Valley, sous la supervision d’Ermolieff. Toutes les scènes de foule et de batailles proviennent du film d’Eichberg. En juin 1938, Ermolieff tente de mettre sur pied à Paris une suite intitulée « Le fils de Michel Strogoff », à réaliser par Jacques de Baroncelli, toujours avec Walbrook-Wohlbrück.
1943Miguel Strogoff, el correo del Zar (MX) de Miguel M. Delgado 
Joseph-N. Ermolieff/Cimesa (Ciudad de México), 92 min. – av. Julián Soler (Strogoff), Lupita Tovar (Nadia), Julio Villarreal (Ogareff), Victoria Argota (Marfa Strogoff), Manuel Dondé (Féofar Khan), Anita Blanch (Petrova), Andrés Soler (Alcide Jolivet), Luis G. Barreiro (Brown), Francisco Jambrina (gén. Kirssanof), Salvador Quiroz (gouverneur), José Torvay, Conchita Gentil Arcos, Charles Stevens.
Adaptation mélodramatique et lacrymale, à nouveau patronnée par Ermolieff. Les scènes d’intérieurs, tournées dans les studios exigus Azteca, contrastent fortement avec les somptueux extérieurs provenant, une fois de plus, du film d’Eichberg.
1955(tv) Miguel Strogof (BR) de Luiz Gallon 
TV Tupi, São Paulo (feuilleton). – av. Percy Aires (Michel Strogoff), David Neto, José Parisi, Geny Prado, Turíbio Ruiz.
Curd Jürgens et Geneviève Page affrontent les Tartares dans « Michel Strogoff » de Carmine Gallone (1956)
1956*Michel Strogoff / Michele Strogoff / Der Kurier des Zaren / Mihailo Strogov (FR/IT/DE/YU) de Carmine Gallone 
Emile Natan/Produzione Gallone (Roma)-Les Films Modernes S.A. (Paris)-Illiria Film (Roma)-Udruzenje Filmskih Umetnika Srbije (UFUS Beograd), 113 min. – av. Curd Jürgens (Strogoff), Geneviève Page (Nadia Fédor), Sylvie (Marfa, mère de Strogoff), Jacques Dacqmine (le Grand-Duc Fédor, frère du tsar), Valéry Inkijinoff (Feofar Khan, chef de Kirghizes), Françoise Fabian (Natko, son esclave favorite), Henri Nassiet (Ivan Ogareff), Louis Arbessier (le tsar Alexandre II), Jean Parédès (Alcide Jolivet), Gérard Buhr (Henry Blount/Blond), Sylva Koscina (la tzigane Zangarre), Michel Etcheverry (général Krisloff), Paul Demange (employé du télégraphe).
Imagerie conventionnelle mais efficace, solide et divertissante, en Eastmancolor et CinemaScope, réalisée à grands frais (4000 cavaliers) de juin à mi-septembre 1956 en Yougoslavie, dans la région de Belgrade, au Centralni Filmski Studio Kosutnjak serbe, sur les rives de la Drave, dans la plaine du Danube vers Semlin et aux studios de Boulogne-Billancourt. Elle est signée par un vétéran italien - artisan de plus de 100 films depuis 1914 - passionné de musique, de films-opéra et de grand spectacle (dont « Les derniers jours de Pompéi » en 1926 et le fameux « Scipion l’Africain » sous Mussolini). Une des coproductions européennes les plus onéreuses d’après-guerre et, en France, le plus grand succès de l’année 1956 (6,9 millions de spectateurs). Dans cette version, Strogoff sauve sa vue grâce à l’intervention d’une esclave des Tartares (la troublante Françoise Fabian, future Mme Jacques Becker) qui couche avec le bourreau, et non à la buée que les larmes abondantes du malheureux auraient formée suite à la flagellation de sa mère (selon Verne). On peut regretter l'absence d'un règlement de comptes musclé entre Strogoff et le traître Ogareff (Jürgens, 41 ans, de belle prestance, n'appréciait-t-il pas les cascades?) et la mollesse des batailles: les figurants yougoslaves, très sollicités dans les années 1960, n'avaient pas encore été drillés par les tâcherons romains de péplums en série, et sans doute Gallone était-il plus sensible aux belcanto de Verdi ou Puccini - en l'occurrence ici à Katchaturian et Rimsky-Korsakov - qu'aux bras et têtes coupées ! Néanmoins, une adaptation assez fidèle (signée Marc Gilbert Sauvajon) et nullement déshonorante de Verne.
1961Le Triomphe de Michel Strogoff / La Deuxième Mission de Michel Strogoff / Il trionfo di Michele Strogoff (FR/IT) de Victor Tourjansky 
Emile Natan/Les Films Modernes (Paris)-Fono Film (Roma), 118 min. – av. Curd Jürgens (Strogoff), Capucine (Tatiana Volskaya), Pierre Massimi (le prince Serge de Bachenberg, neveu de la tsarine), Valery Inkijinoff (Amektal), Simone Valère (la tsarine Maria Alexandrovna), Georges Lycan (Khan de Kiva), Claude Titre (Igor Vassiliev), Pierjac (Ivan), Daniel Emilfork (Ben Roufh), Jacquet Bézard, Raymond Gérôme.
En 1873, sur l’ordre de la tsarine-mère, le colonel Strogoff participe à une expédition contre les Turcomans rebelles aux confins du désert de Karakoum, dirigée par le bouillant et maladroit prince de Baschenberg, totalement inexpérimenté. A lui seul, il sauve l’armée du désastre... Jürgens et Inkijinoff retournent en Yougoslave pour interpréter cette médiocre et bien inutile séquelle imaginée par Marc-Gilbert Sauvajon pour exploiter l'immense succès populaire du "Strogoff" précédent, mais même le savoir-faire du vétéran Tourjansky ne peut sauver un scénario bancal. Tournage en Tunisie, en Yougoslavie et aux studios de Boulogne-Billancourt, avec une photo d’Edmond Séchan en Eastmancolor et Dyaliscope.
1970Strogoff / Michele Strogoff, corriere dello zar / Michel Strogoff, le courier du tsar / Strogoff (Der Kurier des Zaren) / Mijail Strogov (IT/FR/DE/BG) d’Eriprando Visconti 
Sancrosiap (Alfonso Sansone)-Les Films Corona (Henri Chroshicki)-CCC Filmkunst (Arthur Brauner), 112 min. – av. John Phillip Law (Strogoff), Mimsy Farmer (Nadia), Hirma Keller (Ogareff), Kurt Meisel (Feofar Khan), Elisabeth Bergner (Marfa Strogoff), Delia Boccardo (Sangarre), Christian Marin (Blount), Donato Castellaneta (Alcide Jolivet). – Tentative malheureuse d’introduire de la psychologie et des considérations sociopolitiques dans le roman d’aventures (anarchistes déportés en Sibérie, réhabilitation d’Ogareff), le tout saupoudré d’un brin de sadisme. Un ratage signé par le neveu du grand Luchino, plus doué pour le cinéma intimiste et documentaire. Extérieurs filmés en Technicolor et Supertotalscope en Bulgarie, aux Studja Za Igralni Filmi à Sofia et aux studios Elios Film à Rome. – Projets avortés en 1968 : « Michel Strogoff/Der Kurier des Zaren » de Christian-Jaque (avec George Hamilton) et en 2003 d’Eric-Emmanuel Schmitt (avec Daniel Auteuil).
Les Tartares de Feofar Khan mis en échec dans le « Michel Strogoff » de Carmine Gallone (1956)
1975(tv) Michel Strogoff / Michael Strogoff / Michele Strogoff / Mihály Strogov (FR/DE/IT/BE/CH/HU) de Jean-Pierre Decourt 
Tele-München-Technisonor-RTBF-TF1-TSR-ZDF (TF1 23.12.75 / ZDF 28.12.76-6.1.77), 4 x 85 min. – av. Raimund Harmstorff (Strogoff), Lorenza Guerrieri (Nadia), Valerio Popesco (Ogareff), Tibor Tanczos (Alexandre II), Jozsef Madaras (Feofar Khan), Pierre Vernier (Alcide Jolivet), Vernon Dobtcheff (Blount), Rada Kassimov (Sangarre), Peter Korbuly (Taizis), Janos Kovacs (Tzingas), Tibor Patassy (Kissof), Gyorgy Gonda, Jozsef Harmaczy (Golovine), Pal Beszlerezey (Roublov), Teri Horváth (Marfa Strogoff), Ivan Szendro (Vassili), Jozsef Vandor (Staretz), Leszlo Banhidi.
Onéreux spectacle télévisuel de sept millions de francs, filmé en Hongrie (Budapest, Tokaï, lac Balaton) avec une distribution européenne (Strogoff est allemand) et la participation de deux mille figurants. La durée de 240 minutes permet enfin de dépasser l’anecdote et de s’étendre sur la lutte de Strogoff contre la nature et les éléments, lors de sa chevauchée épique de 6000 km.
1999(tv) Michele Strogoff – Il corriere dello zar / Der Kurier des Zaren / Michel Strogoff (IT/DE/FR) de Fabrizio Costa 
Titanus-Mediaset-Taurus-France 2 (Canale 5 12.+14.10.99 / ARD 27.+28.12.99), 2 x 90 min. – av. Paolo Seganti (Strogoff), Lea Bosco (Nadia), Hardy Krüger Jr. (Ogareff), Esther Schweins (Sangarra), Giovanni Lombardo Radice (Feofar Khan), Siegfried Rauch (Alexandre II), Heio von Stetten (Jules Vermont), Daniel Ceccaldi (comte Krasow), Lorenzo Mattei (Boris), Jana Kolesárová (Olga).
2004[Les Aventures extraordinaires de Michel Strogoff (FR) d’Alexandre Huchez et Bruno-René Huchez ; Rouge Citron Production-Dargaud Marina, 87 min. – Film d’animation avec les voix de Anthony Delon (Michel Strogoff), Claire Keim (Nadia Fedor), Mike Marshall (Ivan Ogareff).]