XI - LA RUSSIE

2. NICOLAS Ier PAVLOVITCH - 1825 / 1855

Né en 1796, troisième fils de Paul Ier, frère du précédent. Tsarine : Charlotte (Alexandra) von Preussen. La révolte des officiers « Décembristes » (Dékabristes) éclatant le jour même du serment au nouveau tsar, Nicolas Ier commence son règne par la persécution des aristocrates libéraux et poursuit la politique de Sainte-Alliance de son frère, mais avec une orientation nationaliste et messianique russe. La guerre russo-turque de 1829/30 le positionne comme sauveur des chrétiens dans les Balkans. Il fait écraser dans le sang la révolte polonaise de 1830/31 et soutient Metternich lors de l’insurrection hongroise. Sa répression féroce des révolutions de 1848 en Roumanie et de 1849 en Hongrie inquiète les puissances européennes. Autoproclamé protecteur de l'Eglise orthodoxe en Terre Sainte (contre les coteries catholiques) et en Turquie, le tsar forme le projet de détruire l'Empire ottoman affaibli et de prendre Constantinople, vieux rêve expansionniste de Catherine II. En juin 1853, il occupe les provinces roumaines de Moldavie et de Valachie appartenant à la Porte; en novembre, à la bataille de Sinope, sa flotte détruit la flotte turque, très inférieure en nombre. Pour "détourner les ambitions agressives de la Russie", la Grande-Bretagne victorienne, la France de Napoléon III (avec l'appui des régiments de zouaves algériens du général Mac-Mahon), l'Autriche et la Sardaigne décident d'une campagne militaire en Crimée ayant pour objectif la prise de Sébastopol et la destruction de la domination navale russe en mer Noire. La GUERRE DE CRIMÉE, qui dure de 1853 à 1856 (cf. Empire britannique, 3.1) et s'achève en désastre pour la RussIe, coûte la vie à 750'000 hommes, dont plus de la moitié de Russes. Le tsar meurt pendant le siège de 14 mois de Sébastopol, encerclé par les forces alliées occidentales.
1911® Oborona Sevastopolja (La Défense de Sébastopol) (RU) de Vasilij Gontcharov, Aleksandr Hanjkov. – av. Andrej Gromov (amiral Nakhimov), Ivan Mosjoukine (amiral Kornilov), cf. Angleterre : guerre de Crimée (3.1).
1927® Poet i tsar (Poète et Tsar) (SU) de Vladimir Gardin, Jevgenij Tcherviakov. – av. K. Kariénine (le tsar Nicolas Ier), cf. bio Pouchkine.
1928® Balaclava (GB) de Maurice Elvey, Milton Rosmer. – av. Bos Ranevsky (le tsar Nicolas Ier), cf. Angleterre : guerre de Crimée (3.1).
1931Karmelouk (SU) de Faust Lopatynskyi. – av. Stephan Chahaïda (Karmelouk). – Le dernier soulèvement paysan, dirigé par le rebelle ukrainien Karmelouk, avant l’abolition du servage.
1932® Mertrvyi dom / Tjur’ma Narodov (La Maison des morts) (SU) de Vladimir Fiodorov. – av. Nikolaï Vitovtov (le tsar Nicolas Ier), cf. bio Dostoïevski.
1936Prometei (Prométhée) (SU) d’Ivan Kavaleridzé. – Sous Nicolas Ier, des paysans ukrainiens organisent une insurrection des militaires dans le Caucase.
1937Arsena (Arsène) (SU) de Mikhail Tchiaoureli ; Goskinoprom-Sakhkinmretsvi, 94 min. – av. Spartak Bagachvili (Arsène), Nata Vachnadze, Alexandr Imedachvili, Nino Cheidze, Victor Gamrekelidze, Nutsa Chkheidze, Ivan Perestiani, S. Lortqipanidze (prince Tsitsichvili). – En 1830, des émeutes paysannes en Géorgie dirigées par le bandit légendaire Arsen sont réprimées par l’armée.
1938Karmelouk (SU) de Georgy Tassyne. – Remake de 1931.
1946® Glinka (Le Grand Glinka) (SU) de Lew O. Arnstam. – av. Boris Livanov (Nicolas I).
1946® Admiral Nakhimov (Amiral Nahimov) (SU) de Vsevolod Poudovkine ; Mosfilm, 12 bob. – av. Alexei Diki (amiral Nahimov), Vsevolod Poudovkine (prince Menchikov), L. Knyazev (Pyotr Koshka), R. Simonov (Osman Pacha), A. Khokholov (Napoléon III). – La défense de Sébastopol, cf. Angleterre : guerre de Crimée (3.1).
1947Il Fabbro del convento (La rivolta dei Cosacchi) (IT) de Max Calandri ; G. Proto [d’apr. Ponson du Terrail|], 88 min. – av. Vera Bergman, Claudio Gora, Guido Celano, Mercello Giorda, Maria Melato. – Caucase v. 1850, soulèvement des cosaques contre le tsar.
1949® La Valse de Paris (FR) de Marcel Achard. – av. Michel Salina (le tsar Nicolas Ier).
1951® Belinsky (SU) de Grigory Kozintsev. – av. Mikhail Nazvanov (le tsar Nicolas Ier).
1952® Kompozitor Glinka (Le Compositeur Glinka) (SU) de Grigorij Aleksandrov. – av. Mikhail Nazvanov (le tsar Nicolas Ier).
1964Maciste alla corte dello Zar (IT) d’Amerigo Anton [=Tanio Boccia] ; Cineluxor, 90 min. – av. Kirk Morris [=Adriano Bellini] (Maciste), Massimo Serato (le tsar Nicolas Ier), Ombretta Colli, Gloria Milland. – Maciste vole au secours des serfs opprimés.
1966Bela (Bella, fille des steppes) (RU) de Stanislav Rostotsky ; Filmstudio Gorki, 113 min. – av. Vldimir Ivachov (Petchorine), Silvia Berova (Bela), Alekseï Tchernov (Maxime Maximitch), Sulambek Mamilov (Kasbitch), Roland Borachvili (Asamat). – En 1835 dans le Caucase, l’amour tragique d’un officier tsariste pour la sœur d’un chef tcherkesse (d’après un roman de Mikhail Lermontov), tourné en Sovcolor et écran panoramique.
1972® (tv) Pouchkine (FR) de Jean-Paul Roux. – av. Jacques Arden (tsar Nicolas Ier).
1972® (tv) Un Grand Amour de Balzac (FR/PL) de Wojciech Solarz, Jacqueline Audry. – av. Jerzy Kamas (Nicolas I).
1980Sluzha Otetchestvu [Le Cadeau de l’émir / Au service de la patrie] (SU) de Latif Faizijev ; Ouzbekfilm, 90 min. – av. Timofej Spiwak, Mikhail Kusnezov, Tamila Achmedova. – Kaboul en 1830, des liens d’amitié se tissent entre les Afghans et les Russes contre l’Empire britannique.
1981® (tv) Franz Liszt (HU/DE/FR) de Miklos Szinetar. – av. Jurij Azarev (Nicolas I).
1986® Lermontov (SU) de Nicolai Burljajev. – av. Maris Ljepa (Nicolas I).
1991Khmel (Intoxication) (RU) de Victor Tregubovitch ; Ladoga-Lenfilm, 246 min. (3 parties). – av. Fyodor Odinokov, Marina Vybornova, Alexander Blok, Andrei Ponomaryov, Viktor Tregubovitch. – Sibérie en 1827, un aristocrate libéral s’échappe et trouve refuge dans le village d’une secte orthodoxe dissidente, les Anciens Croyants.
1991® Choknute (RU) d’Alla Surikova. – av. Mikhail Boyarsky (Nicolas I).
2002® Russki Kovcheg / Russian Ark (L’Arche russe) (RU/DE) d’Alexander Sokourov ; Hermitage Bridge Studio-Egoli Tossell Film-Arte/WDR, 96 min. – av. Yuliy Zhurin (le tsar Nicolas Ier), Svetlana Svirko (Alexandra Fedorovna, son épouse), Boris Smolkin (comte Karl Robert von Nesselrode, ministre des Affaires étrangères), Sergey Dreiden (marquis de Custine, 1790-1857). – Une rencontre furtive en traversant le palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg (musée de l’Ermitage).
2003/04(tv) Bednaya Nastya [Pauvre Nastya] (RU) de Peter Stein, Alla Piotkine, Piotr Krotenko, Stanislav Libine, Katarina Dvigoubskaya, Aleksandr Smirnov; Aleksandr Akopov/Amedia Prod.-Telekanal STS (STS 31.10.03-30.4.04), 127 x 40 min. - av. Elena Korikova (Anna Platonova alais princesse Anastasia Dolgoroukaya), Daniil Strakhov (baron Vladimir Ivanovitch Korf), Piotr Krasilov (prince Mikhaïl Aleksandrovitch Repnine), Ekaterina Klimova (princesse Natalia Aleksandrovna Repnina), Emmanuil Vitorgan (prince Piotr Mikhaïlovitch Dolgorouki), Olga Ostroumova (princesse Maria Alekseevna Dolgoroukaya), Aleksandr Filippenko (Andreï Platonovitch Zabaluev), Larisa Shakhvorostova (Marfa), Viktor Verzhbitsky (tsar Nicolas Ier), Aleksandr Kalyagine (Vassily Andreevitch Zhoukovsky, chancelier impérial), Alyona Bondartchouk (tsarine Aleksandra Feodorovna), Dimitri Isaev (le tsarévitch Alexandre), Marina Aleksandrova (princesse Maria Aleksandrovna de Hesse, sa fiancée), Marina Kazankova (Olga Kalinovskaya). - Russie en 1839. La ravissante Anna Platonova, fille illégitime du prince Dolgorouki et de sa domestique Marfa (ce qu'elle ignore, bien sûr), a passé sa jeunesse dans la maison du baron Korf, un vieil ami de son père qui l'a élevée comme sa propre fille. Elle est courtisée par le fils de famille, Vladimir Korf, et son meilleur ami Mikhaïl Repnine. Une suite mélodramatique et interminable de déchirements passionnels, liaisons dramatiques, trahisons, bals, duels, intrigues à la cour, à laquelle la famille impériale (le tsar et son fils, plus attiré par la danse et les jupons que par le pouvoir) est mêlée à divers titres... Le plus grand "soap" de l'histoire de la télévision russe, imaginé par Alexandr Smirnov et tourné en majorité à Saint-Pétersbourg. Diffusé en Ukraine, en Chine, en Amérique latine, en Espagne, en Grèce, en Turquie, en Israël et dans toute l'Europe de l'Est.
2004® Black Prince (RU) d’Anatoly Ivanov. – av. Vladimir Karelin (le tsar Nicolas Ier). –cf. Pouchkine.
2006® Pushkin : Poslednyaya duel [Pouchkine : le dernier duel] (RU) de Natalya Bondartchouk. – av. Iulian Makarov (le tsar Nicolas Ier).
2013(tv) Romanoviy istoriiya rossiskoy dinasty, 1613-1917 (Les Romanov, histoire d'une dynastie) (RU) de Maxim Bespaly
Valeriy Babich/Mostelefilm-Star Media-Babich Design (1e Ch. 4.11.-22.12.13), 8 x 52 min. - av. Sergeï Druzhko (Nicolas Ier), Denis Bespaly (narration). - Minisérie docu-fictionnelle conçue par Marina Bandilenko, célébrant le 400e anniversaire de la dynastie des Romanov.

2.1. Le soulèvement des officiers « DÉCEMBRISTES » ou DÉKABRISTES

Le 14 décembre 1825 à Saint-Pétersbourg, le jour du serment de l’armée au nouveau tsar sur la place du Sénat, les jeunes officiers libéraux, opposés au servage, appellent à résister au régime réactionnaire de Nicolas, à placer Constantin, son frère aînér, sur le trône impérial et à introduire une constitution dans le pays. La mutinerie fait tache. Chargés par les troupes loyalistes, les insurgés sont repoussés sur la Neva et périssent noyés. Les chefs, tous issus de la noblesse, sont fusillés ou déportés.
1919Sestra Dekabrista (La Sœur du Dékabriste) (SU) d’Ivan Nikolaievitch Perestiani ; Moskino, 1800 m. – av. Teresa Maximova, Ivan Perestiani, Ludmila Tchaliapina.
1925-27Dekabristy (Les Décembristes) (SU) d’Aleksandr Ivanovskij ; Leningradkino, 2740 m./99 min. – av. Vladimir Maximov (tsar Alexandre I), Sergej Chichko, Gennadi Mitchourine, Boris Tamarine, Yevgeny Boronikhine (tsar Nicolas I), Varvara Annenkova (Mlle Pauline). – L’assassinat du comte Miloradovitch et le coup d’Etat manqué contre Nicolas Ier par des aristocrates éclairés. Une superproduction historique filmée sur les lieux des événements (vieille ville, pont Troïtsky, forteresse Pierre-et-Paul, palais Peterhof) et aux studios « Aquarium » de Léningrad, avec trois mille figurants et la collaboration des Musées d’État.
1927**S. V. D. / Soyouz veliksgo dela (Neiges sanglantes / L’Union pour la Grande Cause) (SU) de Gregori Kozintsev, Leonid Trauberg ; FEKS, 2100 m./76 min. – av. Sergej Guerassimov (Madok), Andrei Kostritchkine, Piotr Sobolevski (Souchanoff), Constantin Khokhlov (gén. Vichnevski), Sofia Magaril (Mme Neff), Yanina Zeimo, Lyudmila Semenova. – La tragédie du soulèvement revue par la FEKS (« Fabrique de l’acteur excentrique ») : cadrages étudiés, décors raffinés, ambiances complexes, clairs-obscurs insolites, montage hardi, jeu exaspéré, ton romanesque et images romantiques : la reconstitution allégorique d’un univers superficiel, utopique, condamné à l’échec malgré ses ambitions généreuses. Joueur invétéré de cartes et tricheur, Madok (ou Médox) convoite la bague d’un décembriste portant sur son chaton les initiales C. B. D., signe de reconnaissance des officiers libéraux. Le double jeux de Madok fait échouer leur complot, mais l’aventurier est démasqué à son tour et fusillé. Un classique, œuvre commémorative (comme le film d’Ivanovski, cf. supra) de l’élimination des libéraux en Russie, réalisée pour le centenaire de la révolution échouée.
Le drame des officiers décembristes dans « La lumière des justes » de Yannick Andreï (tv 1978)
1970(tv) La rivolta dei Decabristi (IT) de Marco Leto ; série « I giorni della storia » (RAI 28.7.70). – av. Gabriele Lavia, Lou Castel, Roberto Bisacco, Pietro Biondi, Emilio Marchesini.
1975*Zvezda plenitelnogo chtchastya (Les Décembristes / Pour le meilleur et pour le pire / L’Étoile d’un merveilleux bonheur – 1. Le Complot – 2. La Déportation) (SU/DE) de Vladimir Motyl ; Lenfilm-Allianz, 86 + 82 min. – av. Alexei Batalov (prince Troubeskoi), Oleg Strijenov (prince Volkonski), Irina Kouptchenko (princesse Troubeskaja), Natalia Bondartchouk (princesse Volkonskaja), Eva Chikoulska, Igor Kostolevski. – Le récit de « L’étoile d’un merveilleux bonheur » (expression tirée d’un poème de Pouchkine, qui fut un des chantres de l’événement) est dédié aux femmes de Russie : après l’échec de l’insurrection décabriste, les officiers survivants sont condamnés à l’exil en Sibérie, et leurs épouses abandonnent familles et fortune pour les suivre. Filmé en Sovcolor.
1978(tv) **La Lumière des justes / Das Licht der Gerechten (FR/DE/AT/CH/BE) de Yannick Andreï ; TF1-ZDF-ORF-SSR-RTB-Mainenton Films-Neve Delta (TSR 2.12.78 / TF1 22.3.-7.6.79), 14 x 52 min. – av. Chantal Nobel, Michel Robbe, Jean Deschamps, Gisèle Casadeus. Mike Marshall (tsar Alexandre I), Werner Raffseder (grand-duc Michel), Dieter Witting (tsar Nicolas I), Helmut Janatsch (gén. Zeidler), Georges Wilson (Michel Ozareff), Adolf Lukan (prince Volkonsky). – Un officier russe progressiste ayant épousé une Française, aristocrate aux idées républicaines, à Paris en 1814, se rallie aux conspirateurs décembristes. Déportation en Sibérie et amnistie sous Alexandre II, après vingt-cinq ans d’exil. D’après le cycle romanesque d’Henri Troyat (une saga en cinq volumes). Une adaptation modèle de Jean Cosmos et Jean Chatenet, une réalisation remarquable (tout en décors naturels, notamment en Autriche, à Senlis et à Thiers-sur-Thève) pour aboutir à un des meilleurs feuilletons historiques français de la décennie.