VIII - SCANDINAVIE : SUÈDE – DANEMARK – NORVÈGE – FINLANDE

1. LES PAYS NORDIQUES DANS LA TOURMENTE

Gustave IV de Suède est déposé après sa défaite contre Napoléon en 1809. N’ayant pas d’enfants, son successeur Charles XIII désigne comme prince royal un maréchal de Napoléon, Jean-Baptiste Bernadotte (futur Karl XIV Johann, 1818/1844), régent qui rallie la coalition contre la France en 1813. Le tsar Alexandre Ier, allié momentané de la France, envahit la Finlande suédoise en 1808 et en fait un grand-duché russe. En compensation, la Suède obtient en 1814 la Norvège, arrachée au Danemark (allié aux Français). En 1864, le Danemark abandonne aussi les duchés de Schleswig-Holstein à la Prusse et à l’Autriche.
Napoléon (M. Brando) autorise Bernadotte (Michael Rennie) à devenir prince royal suédois (« Désirée », 1954)
1910® Fänrik Ståls sägner (Les Récits de l’enseigne Stål) (SU) de Carl Engdahl ; Svenska Biograf, 2 actes. – av. Wilfgot Ohlsson (Stål / gén. Sandels), Axel de la Motte, Gottfrid Hallberg, Ellen Hallberg. – Drame de la guerre suédo-russe qui aboutit à l’invasion et annexion de la Finlande par Alexandre Ier en 1808-1809. Les misères et le courage des Finlandais enrôlés dans l’armée du royaume de Suède contre l’Empire russe (d’après le poème épique de Johan Ludvig Runeberg, 1848). Cf. Napoléon: Russie.
1910En Rekrut fra 64 [Une recrue de 1864] (DK) d’Alfred Lind, Alexander Christian 
Nordisk. – av. Carlo Wieth, Axel Ström, Hans Neegaard.
1910En Helt fra 64 [Un héros de 1864] (DK) de Gunnar Helsengreen 
Nordisk. – av. Aage Schmidt, Aage Fönss (Christian IX), Peter Fjelstrup.
1926® Fänrik Ståls sägner (Les Récits de l’enseigne Stål) (SU) de John W. Brunius ; Film AB Nordstjärnan, 2253 m. – av. John Ericsson (Stål), Karl Michael Runeberg (Johan Ludvig Runeberg), Einar Fröberg (Wilhelm Mauritz Klingspor), Edvin Adolphson (gén. Georg Karl von Döbeln), Alfred Lundberg (gén. Kurt Natanael af Klercker), Gustav Ranft (Odert Reinhold von Essen), Carl Deurell (major Otto Henrik von Fieandt), cf. supra, 1910. Cf. Napoléon: Russie.
1939® La sposa dei re (IT) de Duilio Coletti. – av. Mario Pisu (Jean-Bapiste Bernadotte, Karl XIV), Elsa De Giorgi (Désirée Clary), cf. Napoléon.
1939*Helmikuun manifesti [Le Manifeste de février] (FI) de Yrjö Norta, Toivo J. Särkkä
Suomen Filmiteollisuus, 99 min. – av. Regina Linnanheimo (Aino Sihvola), Tauno Palo (Jaakko Kotka), Laila Rihte (Elna Kotka), Eino Kaipainen (Sihvola), Yrjö Tuominen (le juge Kotka), Irja Elstelä (Mme Kotka), Aku Korhonen (le gouverneur Nikolaï Bobrikoff), Runar Schauman (Eugen Schauman), Arvo Kuusla (le tsar Nicolas II), Leo Lähteenmäki (le tsar Alexandre Ier), Ossi Eistelä (Napoléon).
Conformément au traité de Tilsit conclu en 1807 entre le tsar Alexandre Ier et Napoléon, la Finlande est cédée à la Russie qui la transforme en grand-duché de l’Empire russe ; afin de contrer les influences suédoises, le tsar, devenu « grand-duc de Finlande », accorde de nombreux privilèges aux Finlandais et leur laisse une grande autonomie. A partir de 1894, malgré ses promesses, le tsar Nicolas II remet en question le droit constitutionnel du pays. Il tente de réduire la Finlande à une province de l’Empire, et son « Manifeste de février » en 1899 vise à introduire une russification de tout le pays (le russe devient la langue officielle). Cette décision entraîne une vague de protestations et l’assassinat du gouverneur général Bobrikov, représentant du tsar à Helsinki en 1904 (Lénine accordera l’indépendance en 1917, mais en tentant de récupérer le pays par la révolution). Ce film de propagande nationaliste, écrit par le romancier Mika Waltari et qui couvre un siècle d’histoire vu par des gens du peuple, sera interdit en Finlande de 1946 à 1987 en raison des relations finno-soviétiques (une année après la sortie du film, Staline a attaqué la Finlande).
1939Gjest Baardsen (NO) de Tancred Ibsen
Norsk Film A/S, 99 min. - av. Alfred Maurstad (Gjerst Baardsen), Vibeke Falk (Anna Elisabeth Reinche, sa femme), Joachim Holst-Jensen (Mons Peder Michelsen), Karl Bergmann (Reincke), Henny Skønberg (Karen), Einar Tveito (Mathias Strandvik).
La Norvège est dévastée par les guerres entre la Suède et le Danemark et souffre de la famine. Recherché par la policie pour une bagatelle, Gjerst Baardsen se transforme en Robin des Bois norvégien, volant aux riches pour redistribuer aux pauvres. Un petit classique du cinéma norvégien, dynamique et plein d'humour, tourné à Fur (Luster), Sognefjellet et Videseter d'après un roman populaire de Holger Sinding (1890) qui enjolive sérieusement les exploits de l'authentique hors-la-loi Baardsen (1791-1849). Ce dernier devint surtout légendaire pour ses nombreuses évasions; il fit dix-huit ans de prison à Akershus, où il rédigea son autobiographie. Relâché en 1845, il se maria et vécut à Bergen comme marchand de musique et de livres.
1942® Le Destin Fabuleux de Désirée Clary (FR) de Sacha Guitry. – av. Gaby Morlay (Désirée), Jacques Varennes (Jean-Baptiste Bernadotte, Karl XIV), Roger Vincent (Karl XIII), cf. Napoléon.
1942® General von Döbeln (SU) d’Olof Molander. – av. Edvin Adolphson (gén. Georg Carl von Döbeln), Poul Reumert (Jean-Baptiste Bernadotte, futur Karl XIV). – En 1813, les 7000 hommes du régiment suédois de von Döbeln, stationnés à Wismar, se préparent à intervenir contre la France. Von Döbeln s’oppose à la politique étrangère trop louvoyante de Bernadotte. Outrepassant ses ordres, il attaque Hambourg où Davout lui inflige de lourdes pertes. Bernadotte fait arrêter et enfermer le général à la forteresse de Waxholm. Il est réhabilité lorsqu’il réussit à déjouer un complot républicain ourdi par des agents de Napoléon contre la couronne suédoise. – cf. Napoléon : Allemagne.
1943Elvira Madigan (SU) d’Åke Ohberg 
Europa Film, 107 min. – av. Eva Henning (Hedvig Jensen, alias Elvira Madigan, 1867-1889), Åke Ohberg (ltn. Greve Christian, alias Sixten Sparre, 1854-1889), Irma Christensson, Gunnar Sjöberg, Jullan Kindahl, Otto Landahl.
Fait-divers scandaleux, Stockholm en 1889 : la liaison et la fugue suicidaire d’un lieutenant déserteur et d’une danseuse de corde du cirque Madigan. Filmé aux Studios Europa et à Sundbyberg (Stockholm).
1943/44® Träumerei (Rêverie) (DE) de Harald Braun. – av. Bruno Harprecht (Karl XIV de (SU)), cf. Schumann.
1954® Desiree (Désirée) (US) de Henry Koster. – av. Jean Simmons (Désirée Clary), Michael Rennie (Jean-Baptiste Bernadotte, futur Karl XIV), Dorothy Neumann (la reine Sophie de (SU)), cf. Napoléon.
1961Hans Nielsen Hauge (NO) de Kåre Bergstrøm ; Norsk Film. – av. Per Sunderland (Hans Nielsen Hauge), Preben Lerdorff (le roi Frederik VI), Tore Foss (Wulfsberg). – Copenhague 1804-1813 : un sectaire religieux fait des ravages.
1967*Elvira Madigan (SU) de Bo Widerberg ; Europa Film Janco, 95 min. – av. Pia Degermark (Hedvig Jensen, alias Elvira Madigan), Thommy Berggren (ltn. Sixten Sparre), Lennart Malmer, Cleo Jensen, Nina Widerberg. – Remake de 1943. La fugue du militaire dévoyé et de sa danseuse de corde, aboutissant à un double suicide dans la nature luxuriante et au son du concerto pour piano no. 21 de Mozart, devient un manifeste de la révolte existentielle des jeunes, un véritable film-culte. Tourné en Eastmancolor à Skåne (Nordsjälland) et dans les châteaux de Karlsberg et Solliden, près de Stockholm.
1970Kyrkoherden (Les Brébis du révérend) (SU) de Torgny Wickman 
Svenska Film, 91 min. – av. Jarl Borssén, Margit Carlqvist, Magali Noël, Diana Kjaer, Solveig Andersson. – En 1812, l’aventure d’un séducteur en uniforme.
1996-97(tv) Bryggeren [La Brasserie] (DK) de Kaspar Rostrup
Danmarls Radio (DR)-Nordisk Film-SVT Drama (DR1 29.12.96-16.3.97),12 x 52 min. - av. Jens Okking (Chresten Jacobsen), Bodil Kjer (Caroline Jacobsen), Jens Jørn Spottag (J. C. Jacobsen), Cecilia Zwick-Nash (Laura), Ulver Skull Abildgaard (Christen Christensen), Ghita Narby (la comédienne Johanne Luise Heiberg), Preben Christensen (le mycologue Emil Christian Hansen), Lars Lunøe (gén. Christian Julius de Meza, commandant en chef de l'armée danoise), Troels Munk (le roi Christian VIII), Jens Albinus (Hans Christian Andersen).
Une vaste téléfresque évoquant la fondation et la montée de la brasserie Carlsberg, de 1834 à 1887, les dissensions entre père et fils Jacobsen tout en brossant un portrait sans fards de la société danoise de l'époque, ses injustices sociales, etc. Un immense succès public attirant près de 40% de la population danoise (1,9 million de téléspectateurs).
2014*(tv) 1864 / 1864 - Liebe und Verrat in Zeiten des Krieges (1864, amours et trahisons en temps de guerre) (DK/DE/GB/NO/SE) d'Ole Bornedal
Jonas Allen, Peter Bose/Miso Film-Danmarks Radio (DR)-TV2 Norge-TV4 Sverige-ZDF/Arte-BBC (DR1 12.10.14 / Arte 11.-18.-25.6.15), 8 x 57 min. - av. Jakob Oftebro (Laust Jensen), Jens Saetter-Lassen (Peter Jensen), Sarah-Sofie Boussnina (Claudia Henriksen), Bent Mejding (Severin), Marie Tourell Søderberg (Inge Juel), Nicolas Bro (Ditlev Gothard Monrad), Søren Pilmark (col. A. E. Lundbye, ministre de la Guerre), Eva Josefiková (Sofia), Esben Dalgaard Andersen (Erasmus), Søren Malling (Johan), Sidse Babett Knudsen (la comédienne Johanne Louise Heiberg), Carl-Christian Riestra (Einar), Rainer Bock (Otto von Bismarck), Rowen Bridler (Johanna von Bismarck), Dieter Montag (Wilhelm I. de Prusse), Heikko Deutschmann (Helmuth Johan von Moltke), James Fox (Lord Palmerston), Peter Plaugborg (sgt. Jespersen), Johannes Lassen (Wilhelm Dinesen), Rasmus Bjerg (col. Møller), Olaf Johannessen (C. C. Hall), Barnaby Metschurat (Friedrich-Karl de Prusse, dit le Prince Rouge), Søren Saetter-Lassen (gén. Christian Julius de Meza), Karel Dobry (August Karl von Goeben), Peter Benedict (Edwin von Manteuffel), Benjamin Holmstrøm Nielsen (Peter Jensen), Jenas Jørn Spottag (gén. Henrik Claude du Plat), Kristian Halken (gén. Gerlach), Hans-Michael Rehberg (Friedrich von Wrangel), Barbara Flynn (la reine Victoria), Philip Schenker (Eduard Vogel von Falkenstein), Colin Wagner (Wilhelm von Bismarck), Karl Oliver Boehne (Herbert von Bismarck), Mads Hjulmand (August von Goeben), Stig Hoffmeyer (Hans Christian Andersen), Lars Lohmann (le roi Frederik VII de Danemark), Nicolas Bro (le Premier Ministre Ditlev Gothard Monrad), Pilou Asbaek (cdt. Didrich).
Deux jeunes paysans, Peter et Laust Jensen, vivent le retour de leur de leur père de la Première guerre de Schleswig opposant le Danemark à la Confédération germanique et à la Prusse de 1848 à 1851, et à la suite de laquelle Copenhague, supporté par Londres et Moscou, obtient les duchés de Holstein, Saxe-Lauenbourg et Schleswig, à la grande colère des nationalistes allemands. Ayant grandi, les deux frères amoureux de la même femme, Inge, s'engagent à leur tour dans l'armée royale danoise suite au déclenchement de la Seconde guerre de Schleswig en février 1864, dite guerre des Duchés, où Copenhague (à l'initiative du ministre Monrad et encouragé par l'élite culturelle du royaume) mobilise contre la Confédération, la Prusse et l'Autriche dans le but d'annexer officiellement le Schleswig. Sous la direction de Bismarck, les Prussiens envahissent le Schleswig et remportent une victoire décisive à Dybbøl/Düppel le 18 avril. La conquête de l'île d'Alsen entérine la déroute totale des armes danoises. Monrad capitule, le Danemark humilié est contraint de renoncer au duché que la Prusse annexe avec le Saxe-Lauenbourg, tandis que l'Autriche administre le Holstein. C'est la fin du Danemark en tant que grande puissance européenne, entraîné à sa perte (privé de 25% de son territoire) par l'euphorie nationaliste et un conflit insensé. Pour l'Allemagne, c'est une première victoire sur le chemin de son unité.
La plus grosse production de la télévision danoise (23 millions d'euros, 6000 figurants, 160 comédiens) qui récolte un certain succès cathodique - on y retrouve de nombreux acteurs de la série fétiche "Borgen" - mais aussi les sarcasmes de la presse en raison de diverses inexactitudes historiques. Après une mise en place un peu laborieuse et longuette, la boucherie des tranchées à Dybbøl, clou spectaculaire et traumatique du téléfilm, démontre avec souffle l'effet dévastateur des armes nouvelles (les canons Krupp). Puis le chaos visuel (vu par les yeux du simple fantassin) s'embourbe dans un épilogue mélodramatique bien superflu. Mais le discours pacifiste du cinéaste-scénariste Bornedal a le mérite d'exister.