VI - L’ITALIE

1. L’ITALIE SOUS LE JOUG AUTRICHIEN DE LA « SAINTE-ALLIANCE »

1.4. « Vanina Vanini », roman de Stendhal (« Chroniques italiennes », 1829)

En 1823, Mirilli, un jeune Carbonaro venu à Rome exécuter un traître, est capturé. Il s’évade du Castel Sant’Angelo et trouve réfuge dans la demeure du prince libéral Vanini où il s’éprend de la fille du duc, l’altière Vanina. Elle le rejoint en Romagne, mais son amour possessif se heurte aux idéaux politiques libertaires de son amant. Lorsqu’elle livre les compagnons de Mirilli à la police pour le garder auprès d’elle, le Carbonaro se rend. Il est exécuté, Vanina fait un brillant mariage.
1922*Vanina – Die Galgenhochzeit (La Noce au pied de la potence) (DE) d’Arthur von Gerlach 
Projektions-AG Union (PAGU), 1550 m. – av. Paul Wegener (gouverneur de Turin), Paul Hartmann (Octavio), Asta Nielsen (Vanina Vanini), Albrecht Viktor Blum (l’adjudant), Bernhard Goetzke (le prêtre), Raoul Lange (le bourreau).
Un scénario de Carl Mayer (qui prend énormément de libertés avec Stendhal), réalisé aux studios Ufa de Berlin-Tempelhof. A la tête d’une rébellion contre le gouverneur sadique de Turin, Octavio est capturé par celui-ci. Le prince feint de pardonner, lui accorde la main de sa fille Vanina et le fait exécuter en cachette. Vanina en meurt. Des belles compositions, une photo aux noirs et blancs très contrastés.
1940*Oltre l’amore / Per te ho tradito (Plus fort que l’amour) (IT) de Carmine Gallone 
Grandi Film Storici, 96 min. – av. Alida Valli (Vanina Vanini), Amedeo Nazzari (Pietro Mirilli), Camillo Pilotto (le duc Asdrubale Vanini), Osvaldo Valenti (Livio Savelli), Germaine Aussey (Maria Talleschi), Lauro Gazzolo (le comte Sabelli-Catanzaro, ministre de la police), Lamberto Picasso (Meschiori), Amina Pirani Maggi (Elisa).
Une fin différente de Stendhal : Mirilli (alias Missirilli) se livre à la police, Vanina le fait évader à nouveau, la bataille entre révolutionnaires et troupes gouvernementales reprend, les amoureux fuitent ensemble. Tourné à Cinecittà et présenté à la Mostra de Venise 1940 (où le film remporte les louanges d’un jeune critique : Michelangelo Antonioni). Une superbe interprétation d’Alida Valli (qui préfigure celle de « Senso » de Visconti), sur un fond musical de Verdi.
1961*Vanina Vanini (IT/FR) de Roberto Rossellini 
Moris Ergas/Zebra Film-Orsay Films, 127 min./105 min. – av. Sandra Milo (Vanina Vanini), Laurent Terzieff (Pietro Missirilli), Paolo Stoppa (le prince Asdrubale Vanini), Martine Carol (la comtesse Vitelleschi), Isabelle Corey (Clelia), Nerio Bernardi (le cardinal Savelli), Evar Maran (cardinal Rivarola), Antonio Pierfederici (l’espion Livio Savelli), Mimmo Poli (le bourreau).
Une fresque romantique, « chronique d’une passion interdite », en Technicolor, pour laquelle Danilo Donati construit de magnifiques décors de la Rome du XIXe siècle (dont la Piazza del Popolo) dans les dépendances de Cinecittà ; Rossellini tourne également au Quirinal et au Palazzo Reale de Naples, en utilisant les trucages de Schüfftan et son procédé Pancinor pour le zoom. L’héroïne de Rossellini (qui, à la fin, se réfugie dans un couvent) est éloignée du personnage contradictoire et cynique de Stendhal. La présentation de ce « film maudit » au festival de Venise 1961 se solde par un fiasco total, suivi d’un désastre critique et financier (quoique dans les « Cahiers du Cinéma », Jean-Luc Godard le désigne comme meilleur film de l’année). Le film a été remonté par le producteur Ergas (qui a imposé son épouse Sandra Milo), toutes les scènes quasi documentaires sur la vie et les idées politiques de l’époque sont sacrifiées, le rôle de Martine Carol (la maîtresse du prince Vanini) est sérieusement coupé, rendant le premier tiers du film presque incompréhensible ; ces mésaventures poussent Rossellini à abandonner le cinéma traditionnel et chercher une voie neuve du côté de la télévision. Restent le lyrisme rossellinien, quelques séquences de toute beauté (le bal), une critique virulente de l’Eglise (l’entrevue avec le cardinal) et les échanges tourmentés entre l’intellectuel froid (Terzieff) et la dominatrice sensuelle (Milo).
1963(tv) Vanina Vanini (DE-RDA) de Helmut Schiemann 
DEFA-Deutscher Fernsehfunk der DDR, Ost-Berlin (DFF 25.12.63), 113 min. – av. Annekathrin Bürger (Vanina Vanini), Reimar-Johannes Baur (Pietro Missirilli), Erika Pelikowsky (comtesse Vitelleschi), Peter Sturm (prince Asdrubale Vanini), Alfred Struwe (prince Savelli), Fritz Decho, Otto Erich Edenharter.
1967(tv) La robe poignardée (FR) de Jean Vernier
(2e Ch. 15.7.67). – av. Sylvie Bréal (Vanina Vanini), Roger Benoit (Pietro Missirilli), Yves Vincent, Mario David, Véronique Sylver. – La pièce d’André Josset inspirée par Stendhal.