V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

6. LA CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE

6.3. La Confédération helvétique de 1315 à la Réforme

1924/25Winkelried, épisode de Das Paradies Europas. Bild vom Schweizer Volk und seinen Bergen (La Suisse, ma chère et libre patrie !) (DE/CH) de Walther Zürn
Nicholas Kaufmann, Karl Egghard/Universum-Film AG (UFA Kulturabteilung, Berlin)-Pandora-Film AG (Bern), 2325 m./5 actes. – av. Otto Kronburger (Arnold Winkelried). - Le sacrifice héroïque de Winkelried le 9 juillet 1386 à la bataille de Sempach contre Léopold d’Autriche. – Cf. supra, chap. 6.1.
1937-39® Notre Armée (CH) d’Arthur Porchet. – Docu-fiction de long métrage avec un « prologue historique » (10 min.) : une suite d’images d’Épinal tournée sur les sites historiques illustre le départ du comte et des chevaliers de Gruyère pour livrer bataille à Morat en mai 1476 tandis que châtelaine, dames de la cour et femmes du peuple éplorées restent seules au logis ; une charge de chevaliers en armure évoque les guerres de Bourgogne contre Charles le Téméraire.
1943® Le Château d’Oron (CH) de Paul Faesi et Henri Kissling (Prod. Cinéréclam, Lausanne), 45 min. – Un docu-fiction reconstituant l’histoire des lieux de 1290 à 1798, avec plus de 200 figurants en costumes. Une suite de brefs tableaux recrée la légende de la « Dame Verte » ou la visite en 1532 de Charles III, duc de Savoie, avec banquet, danses et défilé.
1963Pacem in Terris – Leben und Wirken des heiligen Niklaus von Flüe (Nicolas de Flue – paix sur terre) (CH) de Michel Dickoff
Alice Zurkirchen/Novum Ars Film (Hergiswil)-[Cinalpina Film AG (Luzern)], 131 min. – av. Raimund Bucher (Nicolas de Flue/le peintre), Maria Emo (Dorothée de Flue), Heinz Woester (l’évèque), Wolfgang Rottsieper (advocatus diaboli), Arnold Putz (le prince), Joseph Noerden (le landamman), Urs et Christian Dickoff (les enfants du peintre) et la « Société théâtrale » de Stans.
Docu-fiction sur le saint ermite et thaumaturge Nicolas de Flue (1417-1487) qui créa une base de coexistence pacifique entre les cantons primitifs suisses. Après la canonisation de l’anachorète par le Vatican en 1947, un peintre est chargé de créer un cycle de dix tableaux illustrant la vie du saint. Afin d’être à la hauteur de sa tâche, le peintre suit le cheminement spirituel de son modèle et – comme Nicolas de Flue - il abandonne femme et enfants pour errer en prières dans les forêts : XXe siècle et Moyen Âge se confondent.
Un salmigondis consternant bricolé par le responsable du désastre du Guillaume Tell de 1960 (cf. chap. 6.2), qui se prend ici pour un Robert Bresson d’avant-garde mélangeant reconstitutions médiévales (filmées au monastère de Wettingen et à l’Hôtel de Ville de Baden), actualités de la Deuxième Guerre mondiale, discours du pape, paysages de la Camargue, le mur de Berlin, l’Apocalypse et les chœurs grégoriens (pour contrer l’Internationale). Le film fait quatre jours dans un cinéma lucernois aux deux tiers vide, la productrice perd 300'000 CHF et Dickoff disparaît de la circulation sans demander son reste.
1975® (tv) Passion et mort de Michel Servet (CH/FR) de Claude Goretta. - av. Michel Cassagne (Michel Servet, alias Michel de Villeneuve), Maurice Garrel (Jean Calvin). – Genève en 1553 : Calvin fait exécuter son ancien ami Servet pour hérésie. - Cf. supra chap. 5.1.
1976(tv) La Bataille de Morat / Morat 1476 (CH/FR) de Roger Burckhardt.
Série « Les grandes batailles du passé », Henri de Turenne, Juan Carmigniani, Daniel Costelle/R.T.S.R. (Gérard Dethiollaz)-SSR Télévision suisse (Televetia)-Pathé Cinéma (Cyril Grize)-ORTF (TSR 24.5.76), 52 min. – Le 22 juin 1476, l’armée de Charles le Téméraire est battue par les Confédérés à Morat : reconstitution de la bataille avec comédiens anonymes.
Ayant acquis la Haute Alsace, Charles le Téméraire représente une menace pour les Confédérés suisses. Avec l’aide financière de « l’Universelle Aragne » (i.e. Louis XI), les cantons de Fribourg et de Berne ont envahi le Valais et le pays de Vaud, possessions de la famille de Savoie, alliée du duc de Bourgogne, où ils s’adonnent aux pillages et aux viols. (Jacques de Savoie, comte de Romont, était un des premiers personnages de la cour du Téméraire.) Les Bourguignons sont écrasés le 2 mars 1476 à Grandson, abandonnant un énorme butin aux Confédérés alémaniques. Pour venger cet affront, le Téméraire marche sur Morat (canton de Fribourg), où son armée est taillée en pièces le 22 juin suivant. C’est cette bataille que la télévision suisse romande reconstitue partiellement pour son enquête docu-fictionnelle sur les lieux historiques à Morat et dans la vallée de Joux, en réunissant une centaine de figurants en armures (les habitants de Morat et du Pont, Cercle Hippique de Morat, groupe costumé d’Uri) et des comédiens anonymes dans les rôles de Charles le Téméraire, de Jacques de Savoie, d’Antoine Le Grand, Bâtard de Bourgogne, etc. Le texte de Jacques Senger est dit par Henri de Turenne, enrichi par des interventions d’historiens tels que Marc Ferro, John Bartier et Georges Grosjean. Guy Dessauges fabrique canons, armes et armures en matière plastique, et installe dans la glace d’un lac de faux cadavres dévorés par des loups (des chiens de douaniers) pour figurer la recherche des restes du Téméraire après la bataille de Nancy, remportée par les Lorrains, Suisses et Alsaciens. Pris dans les glaces, le duc a le visage à moitié dévoré par les loups et le crâne fendu. En apprenant la bonne nouvelle, Louis XI (alité et dont on ne voit que les mains tenant le parchemin) est saisi d’un rire interminable. Prix de l’Étoile d’or de la Télévision française.
1978® (tv) Ursula (CH/DE-RDA) d’Egon Günther. - av. Suzanne Stoll (Ursula Schnurrenberger), Jörg Reichlin (Hansli Gyr), Mathias Habich (Ulrich Zwingli). - Désordres religieux dans l’Oberland zurichois en 1523 (d’apr. Gottfried Keller), cf. supra chap. 5.2.
1978® (tv) Csillag a máglyán [L'Étoile au bûcher] (HU) d’Ottó Adám. - av. István Sztankay (Jean Calvin), Péter Huszti (Michel Servet). - Genève en 1553 : Calvin fait exécuter son ancien ami Servet pour hérésie. - Cf. supra chap. 5.1.
1980(tv) La Grande Pitié du comte de Gruyère (CH) de Lazare Iglésis
Télévision Suisse Romande (TSR 6.1.80), 90 min. - av. Claude Titre (le comte Michel de Gruyère), Claude Valérie (la comtesse de Gruyère), Corinne Le Poulain (Luce), Jean Vigny (le bailli), Sacha Pitoëff (l’alchimiste).
Une évocation historique écrite par Marcel Bezençon (ancien directeur de la Société suisse de radiodiffusion), tournée au château de Gruyère (canton de Fribourg) avec de la figuration de Bulle et voisinage, le cœur des Armaillis de Gruyère et un casting franco-suisse. - La chute d’un prince d’une époque révolue. Amalgame de titres, symbole élimé d’une noblesse en mal de fonds, de malheureux héritiers chargés des dettes de leurs ancêtres (16 comtes se sont succédé depuis les Croisades), dernier bastion latiniste au pied des montagnes fribourgeoises devant le germanisme envahissant, Michel, vingtième et ultime comte de Gruyère (v.1539-1576), se comporte en jouisseur insouciant, désinvolte et démesuré. Leurs Excellences de Berne et ces Messieurs de Fribourg, représentants du capitalisme naissant, lui ont consenti un prêt d’argent. (Après 1528, la Gruyère a pris position contre la Réforme, ce qui a provoqué des tensions avec la Berne protestante.) Le 8 novembre 1554, ils lui réclament leur dû : 80'000 écus ou la saisie de ses terres. Le comté est racheté en 1555 par le canton de Fribourg, tandis que, floué par son alchimiste, abandonné par sa concubine Luce, il ne lui reste que son fidèle chancelier avec lequel il s’enfuit, et l’espoir de rejoindre sa pieuse épouse qui est retournée sur ses terres en Savoie. Il mourra à Bruxelles.
1984® (tv) Huldrych Zwingli, Reformator (Huldrych Zwingli, le réformateur) (CH) de Wilfried Bolliger. - av. Wolfram Berger (Ulrich Zwingli). - Biopic du réformateur zurichois (1484-1531), cf. supra chap. 5.1.
1985(tv) Marignano (CH) de David H. Guggenbühl et Georg Scharegg
GUPF Zurich (DRS 18.6.86), 68 min. – av. Paul Lohr, Klaus Knuth, Heiner Hitz, Catriona Guggenbühl, Thierry Pfau. – Pris de folie, un gardien de nuit revit la vie des mercenaires suisses à Marignan en 1515.
1993® (tv) Miguel Servet - la sangre y la ceniza (ES) de José María Forqué. - av. Juanjo Puigcorbé (Miguel Servet), José Luis Pellicena (Jean Calvin), Jacques Sernas (Gaspar Trechsel), Herman Bonin (Ulrich Zwingli). - Genève en 1553 : Calvin fait exécuter son ancien ami Servet pour hérésie. - Cf. supra chap. 5.1.
Des amateurs reconstituent la bataille de Sempach et le sacrifice de Winkelried (2007).
2007Helden sterben anders. Die Schlacht zu Sempach 1386 (Les Héros meurent autrement) (CH) d’Ivo Sasek et Ruth Schneider
Ivo Sasek/Panorama-Film (St. Margrethen), 154 min. – av. Christian Schoop / David Sasek / Joshua Sasek (Arnold Winkelried), Andreas Lambrix / Klaus Mertens (Léopold III de Habsbourg), Erwin Reitberger (Ludwig le Bavarois/der Bayer), Justin Möhring (le père Waldes), Anna-Sophia Sasek, Sulamith Sasek, Edith Schoop, Andreas Lambrix.
Le duc de Habsbourg Léopold III, son frère Frédéric le Beau et le roi Louis le Bavarois veulent « boucher tous les trous suisses » dans le réseau du Saint-Empire romain germanique. La menace se concrétise, mais les Confédérés rechignent à s’unir tandis qu’en face, la Ligue des rois de Habsbourg et de Wittelsbach est divisée par la soif de pouvoir et les intrigues ecclésiastiques. Quoique lié à un serment de vengeance local, Arnold Winkelried participe à la bataille de Sempach à Hätzingen (canton de Lucerne) le 9 juillet 1386 où il sacrifie sa vie pour forcer la victoire en s’empalant dans les lances des chevaliers ennemis, créant une brèche qui permet enfin aux siens d’enfoncer les redoutables lignes de l’agresseur… Le personnage, sur lequel toute autre information manque, est vraisemblablement une invention romantique du mythe national suisse, particulièrement mis en avant lors de la Deuxième Guerre mondiale pour stimuler l’unité et la résistance du pays. - De l’ouvrage d’amateurs enthousiastes mais désespérément peu doués malgré la mobilisation de 1500 figurants bénévoles sur 50 lieux de tournage différents, le tout organisé par un prédicateur sectaire zurichois assez délirant et admirateur complotiste du Troisième Reich. Que dire de plus ?
Nicolas de Flüe (Markus Amrein) concilie les Suisses au bord de la guerre civile (2013).
2012/13*(tv-df) Hans Waldmann und Niklaus von Flüe, Haudegen und Heiliger / Le Guerrier et le Saint (CH) de Dominique Othenin-Girard
Série « Les Suisses / Die Schweizer / Gli Svizzeri / Ils Svizzers », Rudolf Santschi/Triluna Film AG, Zurich-SRG SSR idée suisse (TSR1 13.11.13), 52 min. – av. Daniel Rohr (Hans Waldmann), Markus Amrein (Nicolas de Flue), Peter Jecklin (Heinrich Göldli), Jonas Rüegg (Lazare Göldli), Christof Oswald (Heinri Amgrund), Rachel Braunschweig (Anna Edlibach), Aaron Hitz (Ueli, le paysan pauvre), Michael Finger (Arnold, le paysan riche), Regula Grauwiller (Dorothea von Flüe), Dominik Gysin (Adrian von Bubenberg), Enzo Scanzi (Liestal, le paysan), Peter Rohrer, Peter Niklaus Steiner (le courrier), Lorenz Nufer (l’envoyé de Maximilien de Habsbourg), René Peier (délégué des cantons), Jean-Luc Bideau (narration française).
À la fin du XVe siècle, les Suisses font trembler l’Europe. Sous la direction du chevalier Hans Waldmann (1435-1489), chef d’armée et bourgmestre de Zurich, ils écrasent les Bourguignons de Charles le Téméraire à la bataille d’Héricourt en 1474 puis deviennent de redoutables mercenaires. Mais le partage des butins et l’élargissement de la Confédération sèment la discorde. Accusé d’avoir monté un complot avec les Autrichiens, Waldmann est décapité par ses compatriotes. Son contraire – selon ce docu-fiction d’excellente tenue et intelligemment mis en scène par Dominique Othenin-Girard (un excellent professionnel qui a dirigé divers films d’action à Hollywood) - est le saint catholique Nicolas de Flüe (1417-1487), ascète contemplatif et analphabète du canton d’Obwald, devenu le saint patron de la Suisse. Ce « mystique politique » dit Frère Nicolas, installé sur le chemin de Compostelle et consulté par les grands d’Europe, intervient au cours de la diète de Stans en 1481 (une conséquence des guerres de Bourgogne) pour l’admission controversée des cantons de Fribourg et de Soleure dans la Confédération. Conciliateur entre cantons ruraux et citadins, il est considéré comme un des principaux unificateurs du pays.
2015(tv-df) Il cielo di Marignano (Marignan, mémoires en bataille) (CH) de Ruben Rossello
Luca Jaeggli/SRG SSR-RSI (RSI1 4.10.15 / TSR2 8.11.15), 55 min. – av. Massimo Foschi (le condottiere Gian Giacomo Trivulzio/Jean-Jacques de Trivulce), Susanna Marcomeni (Béatrice de Avalos, son épouse), Teco Celio (Messire Giovan Antonio Rebucco), Aaron Hitz (Ulrich Zwingli), Piero Mega (le peintre Bernardino de Conti), Ettore Metrangolo (G. A. Rebucco à 30 ans), Giulia Fornetti (dame de compagnie), Diego Benzoni (le roi François Ier), Gabriel Lunghi (Jean-François de Trivulce à 5 ans), Stefano Lunghi (Jean-François de Trivulce à 11 ans), Don Emanuele Kubler (le curé de Zivido), Alberto Protti (chevalier français), Damiano Fuda (un fantassin), Simone Gargano (serviteur), Luca Macciachini (musicien), Maria Teresa Mollica (aubergiste), Jean-Louis Beuret, Christophe Beuret, Luc Beuret, Vincent Boillat (chevaliers).
Docu-fiction de la télévision suisse-italienne produit à l’occasion de la commémoration des 500 ans de la bataille de Marignan (13-14 septembre 1515). Le film illustre les origines politiques du conflit (les Suisses convoitent la Lombardie et Milan, duché contrôlé par les Français), les raisons de la présence helvétique à Milan (en tant que troupe d’élite d’une alliance mise sur pied par le pape pour chasser les Français de la Lombardie) et la défaite des terribles mercenaires suisses qui perdent 10'000 hommes sous le feu des Français et des Vénitiens. Pour élucider la question, le film donne la parole à un témoignage rarement évoqué, celui du vainqueur de la bataille, chef des armées mercenaires au service de la France, le condottiere Gian Giacomo Trivulzio (Jean-Jacques de Trivulce, 1440-1518), qui mit fin au massacre et épargna la vie de milliers de Suisses en refusant de poursuivre les vaincus, contrairement au vœu de François Ier (« ceux qui ont combattu ici n’étaient pas des hommes, mais des géants », aurait dit Trivulce). Son ami et chroniqueur G. A. Rebucco narre les aléas du conflit. Curé à Glaris, le futur réformateur Ulrich Zwingli va, quant à lui, devenir l’adversaire le plus farouche du mercenariat de ses compatriotes. Du travail honorable mais sans relief, tourné sur place en Lombardie, à Melegnano, à San Giuliano, Sant’Angelo Lodigiano (Lodi), au château Bolognini, à Wildhaus (la maison natale de Zwingli) et dans le Jura suisse.