V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

6. LA CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE

6.2. La légende de Guillaume Tell, le « Serment des trois Suisses » et la bataille de Morgarten

Les faits historiques avérés sur lesquels reposent les mythes fondateurs identitaires : En 1314, le trône du Saint-Empire romain germanique est vacant et deux monarques se disputent le titre de roi de Germanie : Louis III de Bavière (lignée des Wittelsbach) et son cousin haï, Frédéric le Bel/Friedrich der Schöne (lignée des Habsbourg). Quoique faisant partie de l’Empire et détenteurs du contrôle de la route du Gothard, les Waldstätten (les « cantons forestiers », habitants des fédérations urbaines d’Uri, Schwytz et Unterwald, sur la rive sud du Lac des Quatre-Cantons, en Suisse centrale) ne veulent en aucun cas tomber sous le joug des Habsbourg, seigneurs parmi les plus influents, mais aux visées hégémoniques. Le conflit commence par une simple querelle de voisinage entre les Schwytzois et le monastère bénédictin d’Einsiedeln (protégé par les Habsbourg) à propos de pâturages. L’abbé excommunie les paysans qui contestent son autorité territoriale. Dans le dos du landamman Werner Stauffacher (chef de l’exécutif local), le bailli impérial Werner von Homberg et ses mercenaires montent les Schwytzois contre l’abbé ; ceux-ci pillent et souillent l’abbaye, à la fureur de leur landamman. Entre-temps, les deux monarques se sont fait élire simultanément roi de Germanie (octobre 1314) ; Louis de Bavière obtient les voix de quatre princes-électeurs sur sept, mais selon la tradition, le vote doit être unanime, ce qui amène Frédéric le Bel à contester l’élection et se faire nommer anti-roi. D’entente avec ses confrères d’Uri et Unterwald, Stauffacher écrit au Bavarois pour lui faire allégeance et obtenir une lettre de protection, tandis que, de l’autre côté, l’abbaye d’Einsiedeln exige des Habsbourg de punir les « désobéissants malfaiteurs schwytzois ». Habsbourg déclare les Schwytzois mis au ban de l’Empire, c’est-à-dire dépouillés de tous leurs droits et hors-la-loi. Le grand marché de Lucerne, vital à leur économie, leur est désormais interdit et la route vers le sud, par le col du Gothard, bloquée, ce qui entraîne un appauvrissement dramatique des habitants de la Suisse centrale. De surcroît, le duc Léopold Ier de Habsbourg, frère de l’anti-roi, avance sur Rapperswil avec son armée, renforcée par des troupes d’Aarau, de Zurich et de Lucerne (1500 chevaliers et 3000 à 7000 fantassins), fermement décidés à châtier les paysans rebelles. Quoique d’abord réticents, Uri et Unterwald se rallient à Schwytz pour affronter ensemble l’expédition punitive ; les quelque 1500 confédérés disposent d’archers, d’arbalétriers et d’hallebardes (l’arme absolue, à la fois hache, pique et crochet pour désarçonner les cavaliers). Les chevaliers habsbourgeois tombent dans une embuscade à Morgarten, pris dans le goulot d’étranglement entre le lac d’Aegeri, les marécages et la forêt, enfin écrasés par les pierres, troncs et rondins d’arbres balancés du haut des collines. La défaite est cinglante. Peu après, les Schwytzois reçoivent la lettre de protection de Louis de Bavière qui lève leur mise au ban et garantit leurs libertés. Les sources écrites relatant la bataille de Morgarten sont tardives et vagues, les témoignages directs comme les vestiges font défaut, de sorte que l’événement est contesté par certains historiens, mais dans l’Europe médiévale, l’impact oral de la déroute de la maison d’Autriche provoquée par de simples paysans de Suisse centrale est considérable : c’est une des rares occasions ou des communautés rurales sont parvenues à s’émanciper de leur suzerain féodal. Le 9 décembre 1315, les trois cantons décident de resserrer leur alliance politico-militaire par l’adoption du pacte de Brunnen, ouvrant la porte à une cascade d’autres confédérations locales qui vont se tisser autour d’eux et donner progressivement naissance à la Confédération helvétique.


Les mythes : La première évocation écrite du personnage de Guillaume Tell n’apparaît que tardivement, en 1470 dans le Livre Blanc de Sarnen (Obwald), un recueil de chancellerie décrivant la révolte des cantons primitifs et le premier serment d’alliance des « trois Suisses » sur la prairie du Grütli « au début du mois d’août 1291 ». Le texte rappelle l’inimitié schwytzoise pour la puissante Maison d’Autriche (et la difficile mainmise de Habsbourg sur des territoires de montagne) à travers un corpus de légendes bien connues des troubadours qui l’ont colporté dans toutes les agglomérations du pays. Ces péripéties autour de la libération des communautés du Gothard sont reprises dans la Ballade de Tell (1477), dans la Chronique confédérale de Melchior Russ (1480), dans la Chronique de Petermann Etterlin (1507), puis dans le Chronicon Helveticum d’Aegidius Tschudi en 1574 (qui situe l’incident de la pomme en novembre 1307).
Mais c’est en 1804, au lendemain de la Révolution Française, que l’écrivain allemand Friedrich Schiller leur donne leur forme définitive dans Wilhelm Tell, un drame en 5 actes et en vers ; c’est l’ultime et la plus populaire œuvre dramatique du poète, qui n’a pourtant jamais mis les pieds en Suisse. Son Tell est un père de famille, chasseur honnête, prudent, qui se tient à l’écart de toute politique. Alors qu’il passe un jour sur la place du village d’Altdorf avec son jeune fils, il omet de saluer le chapeau ducal planté sur un poteau, transgressant ainsi le nouvel édit né du caprice du bailli, le cruel Hermann Gessler, délégué de l’empereur Albert de Habsbourg. Gessler l’accuse de rébellion et, faisant fi de son habileté à l’arbalète, le somme de transpercer d’une flèche une pomme placée sur la tête de son fils – ou de périr avec lui. Tell accepte l’épreuve, non sans s’être juré de tuer le tyran d’une seconde flèche si la première atteignait son enfant. Il fend la pomme en deux, mais le bailli le fait néanmoins arrêter pour son impudence et emmener à la forteresse de Küssnacht, sur la rive opposée du lac des Quatre Cantons. Une tempête éclate durant la traversée. Le prisonnier parvient à s’enfuir, tend une embuscade à Gessler dans un chemin creux et le frappe à mort d’un carreau d’arbalète en plein cœur. C’est le signal de l’insurrection générale préparée secrètement au Grütli par les trois représentants des Waldstätten, Arnold von Melchtal, Walter Fürst et Werner Stauffacher. Les conjurés, guidés par Ulrich von Rudenz, noble converti à leur cause, abattent la tyrannie des baillis dont les châteaux sont incendiés….
En 1829, l’Italien Gioacchino Rossini et son librettiste Étienne de Jouy reprennent l’intrigue schillérienne pour leur opéra Guglielmo Tell. On trouve une légende similaire à celle de Tell en Écosse celtique avant l’an mil, au Danemark au XIIe siècle dans la Gesta Danorum de Saxo Grammaticus (l’histoire du tireur païen Palnatoki/Toko) ou dans la Thidreksaga norvégienne avec l’archer Hemingr ; au XIVe siècle, en Angleterre, c’est William of Cloudesley qui, sur ordre royal, doit viser une pomme sur la tête de son rejeton, etc. Tous ces récits semblent relever d’un folklore commun. Quant à l’alliance des trois cantons primitifs, symbole de la coalition originelle, elle est certes déterminante, mais la conspiration nocturne des trois Waldstätten telle que rapportée dans les chroniques n’est pas non plus historiquement prouvée (le parchemin du Pacte fédéral daté de 1291, texte non signé et qui ne mentionne aucun lieu ni date précise, proviendrait en vérité du XIVe siècle, étant le renouvellement d’un accord antérieur dont on a perdu la trace). Il y eut de nombreux pactes défensifs similaires en Suisse centrale, des actes publics de la petite noblesse locale qui n’avaient rien de secret. Qu’importe : quelles que soient leurs réalités historiques, les mythes de Tell et du Grütli contribueront à maintenir les Suisses ensemble.
1901William Tell (GB)
Charles Urban/Warwick Trading Co. (London), 48 m.
1901William Tell (GB) de Robert W[illiam] Paul
R, W. Paul Productions, London, 32 m. – Tourné par le pionnier et inventeur R. W. Paul dans le tout premier studio cinématographique de Grande-Bretagne, à Muswell Hill.
1903Guillaume Tell (FR) de Lucien Nonguet
Pathé Frères S.A. (Paris) no. 997, 145 m./7 min. – av. Edmond Boutillon (le bailli Hermann Gessler). – Cinq tableaux tournés dans le premier studio Pathé, à la rue du Sergent-Bobillot à Montreuil (décors peints de Vincent Lorant-Heilbronn), et colorés au pochoir dans l’atelier de Segundo de Chomón à Barcelone. Tableaux : 1. « Héroïsme de Guillaume Tell » - 2. « La Conjuration » - 3. « La Pomme » - 4. « Mort de Gessler » - 5. « La Suisse acclame son libérateur ». Le film s’achève sur une danse de la population très peu helvétique… [Nota bene : le « Guillaume Tell » de 1908 attribué par certaines filmographies à André Capellani est une pure invention.]
1907Wilhelm Tell. Die Sonne strahlt nach Sturmesnacht (DE)
Deutsche Bioscope GmbH Berlin (No. 78), 3 min. – av. Hermine Kittel (?) (Hedwige Tell), Leo Slezak (Arnold von Melchtal), Friedrich Weidemann (Wilhelm Tell), Elise Elizza (Mathilde), Grete Forst (Jemmy), Gerhard Stehmann (Heinrich von Melchtal) et le chœur de la Wiener Hofoper. – La finale de l’opéra de Rossini (le quartet de l’acte IV : « Liberté, redescends des cieux »), tableau statique avec décors peints sur toile, enregistrement sonore sur disque.
1909Wilhelm Tell - Schweiz' Befrier (Le Libérateur de la Suisse) (DK) de Viggo Larsen
Ole Olsen/Nordisk Films Kompagni (København), 166 m. - av. Lauritz Olsen (Wilhelm Tell), Poul Gregaard, Carl Alstrup. – Une version danoise tournée dans les studios de Valby par un des pionniers du cinéma scandinave.
1911Guglielmo Tell / Guillaume Tell (IT/FR) d’Ugo Falena
Film d'Arte Italiano (Roma)-Pathé Frères S.A. (Paris), 325 m. - av. Giuseppe Kaschmann (Wilhelm Tell), Bianca Lorenzoni. – Le célèbre artiste lyrique Kaschmann, un baryton austro-italien fêté au Metropolitan Opera à New York et à Bayreuth, dans une version qui reprend la trame de Rossini.
1912Wilhelm Tell (Guillaume Tell) (CH) de Georg Wäckerlin
Eduard Haut, August Flückiger/Dramatischer Verein Interlaken, 3 bob. - av. Carl Barbier (Wilhelm Tell), August Flückiger (le bailli Hermann Gessler), Hans Aerni (Werner von Attinghausen), Franz Nelkel (Arnold von Melchtal), Hans Brunner (Ulrich von Rudenz), Jakob Wäckerlin (Konrad Baumgarten), Mme Hügi-Spörri (Gertrud Stauffacher), Margrit Schaffner-Abplanalp (Hedwig Tell), Hans Schaffner (Tell fils), H. Sterchi (Bertha von Bruneck), Willy Lichtenberger (Walter Tell), Milton Ray Hartmann (un écuyer) et les membres de l’Association dramatique d’Interlaken.
Captation promotionnelle de la pièce de Schiller mise en scène par Wäckerlin pour l’inauguration, en mai 1912, du théâtre en plein air d’Interlaken, les « Freilichtspiele » (avec décors en dur, réalistes et tridimensionnels). Un film destiné au tourisme, au soirées patriotiques et aux colonies suisses à l’étranger.
1913Die Befreiung der Schweiz und die Sage vom Wilhelm Tell (Guillaume Tell) (DE/[CH]) de Friedrich Fehér
DMB Deutsche Mutoscop & Biograph GmbH (Berlin), 1835 m./5 bob./6 parties. - av. Karl Kienlechner (Wilhelm Tell), Friedrich Fehér (le bailli Hermann Gessler), Margarete Wilkens (Hedwig Tell), Rudolph Benzinger (Werner Stauffacher), Emil Lind (Heinrich von Melchtal), Hans Bilrose (Arnold von Melchtal, son fils), Fritz Orlop (Walter Fürst).
Produit par la Deutsche Mutoscop avec l’appui de capitaux privés suisses et l’assistance d’organismes de tourisme et de transports uranais et lucernois, cette version ne se veut pas une glorification patriotique mais cherche à séduire la classe moyenne des spectateurs (et les écoles) germaniques par des sujets culturels. Disciple de Max Reinhardt, Friedrich Fehér a déjà porté à l’écran cette même année pour la Mutoscop deux autres bandes inspirées de Friedrich Schiller (Die Räuber et Kabale und Liebe). Visant à une certaine authenticité, le film est réalisé en majeure partie en Suisse centrale, sur les rives uranaises, avec une importante figuration indigène (300 Confédérés encadrés par des acteurs de la région). Les autorités lucernoises interdisent que l’on filme le serment sur la prairie du Grütli, afin de « préserver la dignité du site sacré » qui ne doit pas être souillé par le cinématographe ! Dans la presse locale, on rappelle toutefois que ce haut lieu du tourisme et de l’affairisme patriotard n’en est pas à sa première désacralisation… Fehér s’écarte parfois de Schiller (Attinghausen, Rudenz et Bertha von Bruneck ont disparu de la trame), cherchant à retrouver le style des anciennes chroniques et à accentuer le rôle du paysage ; le scénario de Hermann Lemke comporte des intertitres de Petermann Etterlin tirés de la Kronica von der loblichen Eydtgenossenschaft (1507) ainsi que des tirades de Schiller. Le film est interdit à la jeunesse du Reich dès le début de la Première Guerre mondiale en raison de son incitation à la rébellion. Exploité aux Etats-Unis par Greene’s Feature Photoplays (William Tell).
1914Guillaume Tell (CH) de M. Maistre
Lémania-Film, Genève. – av. les membres de la troupe théâtrale des « Altdorfer Tell-Spiele (Jeux de Tell d’Altdorf) ». – Ce Guillaume Tell pour une fois d’origine romande fait concurrence au théâtre en plein air d’Interlaken (cf. supra, 1912), en utilisant pour aérer la pièce de Schiller le panorama naturel du Grütli et les rives du Lac des Quatre-Cantons.
1921Wilhelm Tell (CH) de Friedrich Genhardt
F. Genhardt (Luzern)-Tellspielgesellschaft Altdorf, 2000 m. – av. la troupe théâtrale des « Altdorfer Tell-Spiele ». – Enregistrement discret et servile de la trame de Schiller pour une exploitation dans les écoles et aux cinémas ambulants.
1923* Wilhelm Tell (Guillaume Tell) (DE) de Rudolf Walther-Fein et Rudolf Dworski
Fritz Feld/Aafa-Film AG (Althoff-Ambos-Film AG, Berlin), 2885 m. - av. Hans Marr (Wilhelm Tell), Conrad Veidt (le bailli Hermann Gessler), Erna Morena (Bertha Bruneck), Otto Gebühr (Heinrich von Melchtal), Carl Eberth (Arnold von Melchtal, son fils), Eduard von Winterstein (Werner Stauffacher), Xenia Desni (Hedwig Tell), Erich Kaiser-Titz (l’empereur Albrecht Ier), Emil Rameau (le Chancelier impérial), Fritz Kampers (Rudolf der Harra), Hermann Vallentin (Wolfenschiessen, bailli de Rossberg), Josef Peterhans (Landenberger, bailli d’Unterwalden), Käte Haack (Agi), Max Gülstorff (Attinghausen), Johannes Riemann (Ulrich von Rudenz), Willi Müller (Walter Tell, le fils), Hanspeter Peterhans (Wilhelm Tell, autre fils), Theodor Becker (Konrad Baumgarten), Grete Reinwald (Armgard, sa femme), Robert Leffler (Rösselmann, curé), Wilhelm Diegelmann (le Taureau d’Uri).
En avril-mai 1923, des collaborateurs du grand Max Reinhardt à Berlin – Walther-Fein, Dworski et le décorateur Ernst Stern – se penchent avec application, talent et une indéniable ambition sur la légende de l’arbalétrier (en se servant chez Schiller et Rossini), soutenus par une distribution de tout premier ordre : les interprétations de Tell (Hans Marr, du Burgtheater à Vienne) et de Gessler (le méphistophélique Conrad Veidt, sorti du Cabinet du docteur Caligari) sont si convaincantes que les acteurs reprendront leurs rôles dans le Guillaume Tell parlant de 1934 (cf. infra). À la caméra, Guido Seeber (Le Golem de Paul Wegener en 1915, Die freudlose Gasse/La Rue sans joie de G. W. Pabst en 1925). L’Aafa se contente de quelques paysages helvétiques autour du Lac des Quatre-Cantons, de Fluelen et d’Altdorf ; pour le reste, la firme reconstruit l’Altdorf médiéval en Bavière (Garmisch-Partenkirchen) et dans les studios berlinois (Staaken, Cserépy-Atelier Burghaus).
Une fresque suisso-américaine: « Die Entstehung der Eidgenossenschaft » (1924).
1924Die Entstehung der Eidgenossenschaft / William Tell. The Birth of Switzerland (Les Origines de la Confédération) (CH/US) d’Emil Harder
Emil Harder/Sunshine Pictures Inc. (New York-Zürich), 12 bob./180 min./USA : 95 min. - av. Felix Orelli (Wilhelm Tell), Robert Kleinert (Hermann Gessler), Joseph Imholz (Walter Fürst), Maria Ulbrich (Gertrud Stauffacher), Karl Schmid-Bloss (Werner Stauffacher/le bailli Wolfenschiessen), Rudolph Jung (Arnold von Melchtal), George Roberts (Albrecht/Albert de Habsbourg, duc d’Autriche), Heinrich Gretler (le bailli Landenberg), Emil Bär (le forgeron d’Altdorf), Friedel Seiler (sa fille), Max Knapp (son compagnon), Willy Leitgeb (Heinrich von Hünenberg), Emil Harder Jr. (Walter Tell), Benjamin Bantli (Ulrich von Rudenz), Helene Kassewitz (Bertha von Bruneck), Elisabeth Jaun (Hedwig Tell), Romaine Jordon (Heinrich ab der Halden), Hans auf der Maur (Ital Reding), Gustav Schmid (Rösselmann, prêtre), Harry Arnold (Petermann, le sacristain), Anna Oberholzer (la Mère supérieure), Clem Beckmann (Streiff), Friedrich Romer (le prince de Souabe), Oskar Jauch (Ruedi, un pêcheur), Ida Baumann (Hilda Baumgarten), Louis Honegger (Friesshardt), Carl Pabst (Leuthold).
Le film retrace les étapes de la fondation de la Confédération en s’inspirant pêle-mêle des faits historiques, des légendes et du drame de Schiller. Un jeune homme d’Unterwald, Arnold de Melchtal, blesse accidentellement un soldat et doit s’enfuir dans les montagnes ; le bailli Landenberg le dépossède de ses biens et fait crever les yeux de son père. Wolfenschiess, autre bailli, est tué par le paysan Baumgarten alors qu’il tente d’abuser de sa femme. Gessler, le redoutable bailli d’Uri et de Schwytz, humilie publiquement le grand propriétaire Stauffacher et exige le salut de son chapeau planté sur une pique sur la place d’Altdorf. Suit l’épisode de Guillaume Tell, sa fuite sur le lac déchaîné et la mort du tyran dans le « chemin creux ». Les Confédérés scellent leur union au Grutli en août 1291 et incendient les places fortes de l’oppresseur. Entretemps, un intermède sentimental a uni un jeune chevalier zougois, de Hunenberg, à la fille du forgeron d’Altdorf (« symbole de l’union de la noblesse avec le peuple ») ; Landenberg s’étant aussi épris de la belle, il la fait séquestrer dans sa forteresse de Sarnen. En janvier 1308, Sarnen est pris d’assaut. Blessé, le félon Landenberg révèle à Hunenberg où il tient prisonnière sa bien-aimée. Après l’assassinat du duc d’Autriche, Albert Ier de Habsbourg, son successeur Léopold organise une expédition militaire contre les Confédérés. Son armée est anéantie à la bataille de Morgarten, le 15 novembre 1315 quand, du haut des collines, les Waldstätten font dégringoler rochers et troncs d’arbres sur les chevaliers.
Dès mars 1923, la nouvelle société cinématographique Sunshine Film à New York que dirige l’ex-boulanger Emil Harder ouvre dans les colonnes de l’Amerikanische Schweizer-Zeitung, organe de la colonie suisse aux Etats-Unis, une collecte de fonds en faveur d’un grand film historico-national sur le modèle des productions de la « Société des Films historiques » française, telles que Le Miracle de loups de Raymond Bernard (1924). Débarqué en Suisse, Harder recrute ses acteurs parmi les professionnels de la scène et s’assure l’Allemand Max Fassbender (21 films de Richard Oswald) à la caméra. Les lieux historiques étant inutilisables, la prise de Sarnen est filmée sous les murs féodaux de Mesocco (Misox) avec des cavaliers de Bellinzone ; Sargans sert de décor pour divers châteaux. Le Grutli est déplacé à Grosstein, Seedorf se transforme en Altdorf. La bataille de Morgarten est mise sur pied avec le concours des sociétés de cavalerie de Schwytz et de Zoug sur les rives du lac d’Aegeri, où l’on déplore un noyé. En dépit d’une première tonitruante à Zurich, à Genève et à Berne (en présence du Conseil fédéral), la critique reste de glace, le public s’abstient et les recettes chutent dans tout le pays. Les coûts se sont élevés à 95'900 $, l’exploitation n’en rapporte qu’un dixième : un désastre. se prenant pour Griffith, Harder rêvait d’une Naissance d’une nation / Birth of a Nation suisse, il ne livre qu’un affligeant travail d’amateur : sa syntaxe cinématographique est pré-griffithienne (gros plans inconnus), la structure désordonnée, le rythme traînant, alourdi par d’interminables intertitres (les vers de Schiller), tandis que ses acteurs, figés, cultivent la pose pathétique. Une déconfiture héroïco-comique qui se confirme aux Etats-Unis, où Harder doit réduire la durée de son film de moitié (soit au seul épisode de Tell).
1924William Tell (US) de Bryan Foy
Universal, série « Hysterical Historical Comedies » no. 1, 2 bob. (env. 20 min.) – av. Slim Summerville (Wilhelm Tell), Merta Sterling, Leo White, Buddy Wilson. – Court métrage burlesque.
Un film suisse d’inspiration nazie avec la compagne de Hermann Goering et Conrad Veidt (en Gessler).
1933/34Wilhelm Tell. Das Freiheitsdrama eines Volkes (Guillaume Tell) (DE/CH) de Heinz Paul
Ralph Scotoni/Terra-Film AG Berlin-Schweizer-Produktion der Terra-Film AG Zürich-(Schweizer Film-Finanzierungs AG Zürich [Dr. Max Iklé]), 2715 m./99 min. - av. Hans Marr (Wilhelm Tell), Conrad Veidt (le bailli Hermann Gessler), Emmy Sonnemann (Hedwig Tell), Theodor Loos (Werner Stauffacher), Eugen Klöpfer (Arnold von Melchtal), Olaf Bach (Heinrich von Melchtal, son père), Fritz Hofbauer (Walter Fürst), Maly Delschaft (Barbara von Melchthal), Franziska Kinz (Gertrud Stauffacher), Carl de Vogt (Konrad Baumgarten), Käthe Haack (Baumgartnerin, sa femme), Detlef Willecke (Walter Tell), Werner Schrott (le bailli Wolfenschiess), Josef Peterhans (le prêtre Rösselmann), Herma Clement (Armgard), Paul Bildt (le maire de Lucerne).
Contrairement au film de 1913 (cf. supra), la légende de Tell avec en toile de fond l’insurrection des Waldstätten contre les Habsbourg à la fin du XIIIe siècle interpelle les tenants du Troisième Reich. Le rebelle immortalisé par Schiller a très tôt été annexé par le mouvement national-socialiste, lui-même faction « rebelle » visant à « libérer » le peuple allemand humilié par le traité de Versailles et l’occupation de la Sarre du joug « judéo-marxiste » et de l’ineptie parlementaire. Les Sudètes et les minorités germanophones de Pologne sont sensibles à l’insurrection des masses. L’iconographie nazie célèbre le guide providentiel menant sur ordre « divin » son peuple vers une « révolution » purificatrice par le sang. La représentation du serment du Grütli prête flanc aux abus fascistoïdes depuis la fin du XIXe siècle, tel un rituel sacré métamorphosant l’association pragmatique des Waldstätten en célébration irrationnelle, en une « unio mystica » entre le peuple et sa terre qui fait le délice des démagogues de tous bords. Quant à certains Confédérés, ils prêtent l’oreille aux appels de la sirène pangermanique (« Heim ins Reich »). Dans le cadre d’une coproduction germano-suisse, le verset schillérien « Nous sommes un seul peuple de frères, pour l’éternité ! » prend un sens nouveau.
Le scénario et le « patronat artistique » du film incombent au SS-Gruppenführer Hanns Johst, la mise en scène du film échoit à Heinz Paul, un membre du Parti décoré de l’« ordre du sang » (« Blutorden »). Le Viennois Hans Marr, statue de liberté ambulante, et Conrad Veidt, sournois à souhait, reprennent leurs rôles de 1923 (cf. supra) ; ce dernier est toutefois sur le point de quitter l’Allemagne, sa femme étant juive. L’épouse dévouée de Tell est interprétée par Emmy Sonnemann, l’amie et future épouse (en 1938) du Reichsmarschall Hermann Goering. Côté suisse, les frères Ralph et Edwin Scotoni, producteurs zurichois du film qui paradent à Berlin en uniforme nazi, racolent en priorité dans les eaux troubles du frontisme, le mouvement nazi local. Ainsi, Paul Lang, conseiller historique, est le principal théoricien du Front national, un antidémocrate bientôt compromis dans l’organisation d’actions terroristes en novembre 1934. Le financier suisse, est le Dr. Max Iklé, président-administrateur de la Terra-Film germano-suisse et père de la future conseillère fédérale Elisabeth Kopp. Le tournage se déroule sous le protectorat officiel des autorités cantonales de Suisse centrale (la Confédération quant à elle s’abstient). La forteresse de Sarganz est aménagée en « Zwing-Uri », celle de Wartau devient la résidence de Gessler. L’épisode de la pomme est filmé dans le village valaisan d’Ernen ; le soir venu, rapporte la presse locale, l’équipe rassemblée autour du haut-parleur vit un moment euphorique lorsque « le discours du Führer résonne victorieusement au-dessus des Alpes, répétant l’appel éternel d’Attinghausen : soyez unis, unis, unis ! » (Filmkurier Berlin, 28.10.33). Flüelen, le Grutli, Seedorf, Fiesch et la vallée de Conches sont également investis par les caméras, tandis que les intérieurs sont bouclés aux studios berlinois de la Terra à Marienfelde. L’épisode embarrassant de Parricida – l’assassin d’Albert de Habsbourg – et le cas de conscience de Tell développé par Schiller sont soigneusement escamotés (la pièce sera interdite par Hitler en 1940 pour incitation au régicide). Ce que Johst ne peut dire sans offusquer les Suisses, le film tente de le transposer en images, l’idéologie se lit au travers des cadrages, profils aquilins, scènes de foules, flottements d’oriflammes et effets spectaculaires de torches dans la nuit (réminiscences des défilés de la SA). La surcharge de panoramas alpestres sublimes et d’imagerie grandiloquente ralentit l’action, le drame s’essouffle sous l’abondance des tableaux déclamatoires. En dépit d’une première berlinoise en présence d’Hitler lui-même, le public de la capitale boude, saturé par la propagande quotidienne et le film doit être déprogrammé après seulement une semaine. L’accueil est plus positif en Suisse où les images peinent à être décodées idéologiquement, tant le mythe reste imprégné de pompiérisme patriotique. On y ignore que le tournage a surtout été un prétexte pour établir un vaste trafic de devises permettant entre autres de soutenir le frontisme sans passer par les consulats trop exposés et de planifier à moyen terme un « Anschluss » helvétique. Première étape d’un programme d’intoxication national-socialiste mis sur pied par la Terra entre Berlin et Zurich, le film sera interdit par les Alliés en 1945. Il est exploité avant-guerre en France, en Italie et en Espagne.
1933/34The Legend of William Tell (DE/CH) de Heinz Paul et H. Manning Haynes
Ralph Scotoni/Terra-Film AG Berlin-Schweizer-Produktion der Terra-Film AG Zürich-Schweizer Film-Finanzierungs AG (Zürich), [59 min.]. - av. Charles Cullum (Arnold von Melchtal), Dennis Aubrey (Werner Stauffacher), Edmond Willard (Walter Fürst).
Version anglaise du précédent (distribution identique, sauf pour trois acteurs britanniques qui incarnent les « trois Suisses » au Grutli), filmée aux studios de la Terra à Berlin-Marienfelde en janvier 1934 et exploitée en Grande-Bretagne et aux USA.
Stauffacher (Heinrich Gretler) prépare ses compatriotes à écraser les Autrichiens à la bataille de Morgarten (1941).
1941Landammann Stauffacher (Le Landamman Stauffacher) (CH) de Leopold Lindtberg
Lazar Wechsler/Praesens-Film, 116 min. - av. Heinrich Gretler (le landamman Werner Stauffacher), Robert Troesch (Heinrich Stauffacher), Fred Tanner (Reeta Stauffacher), Anne-Marie Blanc (Margret Stauffacher), Ellen Widmann (Gertrud Stauffacher), Johannes Steiner (Werner von Attinghausen), Charles Ferdinand Vaucher (le comte Frédéric de Toggenbourg), Hermann Steiger (Ödisried, landamman d’Unterwalden), Emil Gerber (Meier von Erstfeld), Leopold Biberti (Goliath), Zarli Carigiet (Büeler).
Synopsis : Schwytz en 1314/15. Heinrich Stauffacher pille la riche abbaye d’Einsiedeln, protégée par les Habsbourg. Au retour de son expédition militaire, il est reçu sèchement par son frère Werner, landamman de Schwytz à Steinen (« landamman » est le titre porté par les chefs du pouvoir exécutif dans les cantons de la Suisse centrale). Le Saint Empire romain germanique est alors divisé par la lutte que se livrent les prétendants au trône Louis de Bavière et le puissant Frédéric III de Habsbourg. Les cantons suisses ont juré fidélité au Bavarois (qui leur laisse le droit de se gouverner eux-mêmes) et le pillage irréfléchi de l’abbaye peut mettre le feu aux poudres. À table, Stauffacher explique à ses enfants la différence entre un roi élu par la noblesse et un gouvernement élu par le peuple. Au Conseil des cantons à Steinen, les Confédérés réalisent qu’ils ne peuvent plus rester en dehors du conflit européen et Stauffacher préconise une résistance « dure comme le granit ». On forge des armes, tandis que le comte de Toggenbourg se propose comme médiateur entre les cantons suisses et Habsbourg et convainc Heinrich de la nécessité d’un arrangement pacifique. Rongé par le doute, Werner Stauffacher confère avec sa vieille mère, témoin des temps héroïques de Tell et du serment au Grutli. En discutant avec Toggenbourg, il subodore la ruse des Habsbourg : une fois Frédéric reconnu, le règne direct, sans intervention des baillis, prendrait fin. Il chasse le médiateur et expose à ses compatriotes son plan de bataille : surprendre l’ennemi dix fois supérieur en nombre à Morgarten, l’écraser sous les arbres et les rochers jetés depuis les collines et noyer le restant des envahisseurs (soit la fleur de la chevalerie d’Argovie, de Thurgovie et du Zürichgau) dans les marais voisins. Espions et traîtres à la solde des Habsbourg tentent de saboter l’entreprise, les alliés d’Uri et d’Unterwald hésitent à se mobiliser jusqu’à la dernière minute, mais au petit matin, la colonne armée au complet se met en marche vers Morgarten à la lueur des torches, « où une poignée d’hommes déterminés livra victorieusement une bataille pour une liberté qui perdure jusqu’à nos jours ».
L’effondrement de la France après à peine un mois de combat en mai 1940 provoque en Suisse une grande vague de démoralisation et de défaitisme. Pour fortifier l’esprit de résistance du pays, désormais encerclé par les forces de l’Axe et menacé d’invasion à brève échéance, la Praesens zurichoise réveille les ancêtres mythiques de la Confédération et leur première crise politique à l’écran. Aux yeux du scénariste Richard Schweizer (Oscar 1946 pour Marie-Louise), Stauffacher incarne l’indépendance face au puissant voisin : il devient le premier chef militaire de l’histoire nationale et, à ce titre, le porte-parole d’Henri Guisan, le général commandant en chef de l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale. Le rôle titulaire est écrit sur mesure pour Heinrich Gretler, incarnation quasi idéale du Tell schillérien sur les planches de la Suisse alémanique et modèle d’identification populaire. Vérolé par l’antisémitisme, le Département militaire à Berne refuse cependant tout appui au film, prétextant que la production en serait « enjuivée » et que son metteur en scène apatride Leopold Lindtberg est un communiste autrichien juste toléré par les autorités. En dépit du patronage du « Don National Suisse », le tournage s’effectue dans les pires difficultés, la Section Film de l’État-major tentant de saboter l’entreprise dans laquelle Wechsler a investi ses derniers sous, malgré un préavis positif de Guisan. Des décors extérieurs en dur, un village du XIIIe siècle, sont érigés près du lac de Lauerz (Schwytz) avec les façades de six ou sept maisons et une église romane ; à cela s’ajoutent quelques plans sur le Rigi et des intérieurs au studio Rosenhof à Zurich. Lindtberg a voulu un film « à message », grave, sérieux, sans boursouflures, où l’on trouve peu de concessions au goût du public dans le spectaculaire comme dans la romance. La presse relève unanimement le paradoxe selon lequel ce premier film historique est aussi le premier film réellement actuel de la production nationale. Après un départ morose, il finit par attirer les foules et reste treize semaines à l’affiche à Zurich avant d’être projeté dans toutes les écoles du pays, puis sélectionné par le gouvernement pour représenter la Suisse (et sa résolution politique) au festival de Venise en 1942. Aujourd’hui une œuvre de circonstance plastiquement belle mais sans imagination, pontifiante, statique, alourdie par un attirail allégorique et des considérations révolues.
1948Guglielmo Tell (IT) d’Enrico Fulchigoni (th) et Edmondo Cancellieri (film)
George Richfield Prod.-Teatro dell’Opera di Roma, 25 min. – av. Tito Gobbi (Guillaume Tell), Pina Malgarini (Mathilde, voix : Gabriella Gatti), José Soler (Arnold von Melchtal).
Extraits de l’opéra de Rossini filmés à Rome avec des artistes de la Scala de Milan et de l’Opéra de Rome, sous la direction musicale d’Angelo Questa. Les scènes sont intégrées à l’anthologie cinématographique « First Opera Film Festival ».
1949Guglielmo Tell, l'arciere della Foresta Nera (Les Aventures de Guillaume Tell) (IT) de Giorgio Pastina [et Michal Waszynski]
Giorgio Venturini/Fauno Film Roma-I.C.E.T. Milano, 87 min. - av. Gino Cervi (Wilhelm Tell), Paul Mueller (le bailli Hermann Gessler), Monique Orban (Berta von Bruneck), Danielle Benson (Hedwig Tell), Aldo Niccodemi (Ulrich von Rudenz), Raf Pindi (Rodolphe d’Arras), Allegra Sander (Mathilde), Gabriele Ferzetti (Corrado Hant), Renato De Carmine (Bertrando), Enrico Olivieri (Walter Tell), Barbara Deperusse (la femme du bûcheron), Emilio Baldanello, Laura Bigi, Gianni Lovatelli, Alberto Collo.
Synopsis : Une fillette avertit son père bûcheron qu’un mercenaire du bailli cherche à violer sa mère. Le bûcheron le tue d’un coup de hache et se cache avec l’aide de Tell. Gessler, anguleux, sadique, jouant avec son chat noir comme le Richelieu de Vincent Price dans The Three Musketeers (1948), décide de mâter la plèbe. À la mort de son père, seigneur du pays, la jolie Berta von Bruneck, qui est l’amie d’enfance et la fiancée d’Ulrich von Rudenz, retourne sur ordre impérial au château familial de Schwytz où sévissent justement Gessler et sa soldatesque. D’abord furieux de l’arrivée de cette intruse (la seule femme du fortin), Gessler est troublé par sa beauté et la convoite. À Altdorf, la population s’agenouille et prie pendant que Tell vise la pomme placée sur la tête de son fils. Choqués, Ulrich et Berta prennent son parti, les villageois s’insurgent, ils sont dispersés par la troupe. Tell parvient à s’enfuir. Sa maison est incendiée. On torture dans les donjons pour obtenir le nom de l’arbalétrier rebelle. Celui-ci organise la résistance dans les bosquets. Ulrich jette son gant de fer au visage du tyran et s’échappe avec Berta, mais ils sont rattrapés et Ulrich, blessé, est incarcéré. Gessler pose ses conditions : ou Berta devient son épouse, ou Ulrich est exécuté. Lors de la cérémonie de mariage, Tell s’introduit dans le château avec ses fidèles et, sur un signe, tous les Schwytzois se lancent à l’assaut des murailles. Le castel est investi, Gessler croise le fer contre Ulrich qui le désarme ; Gessler le prend en traître mais la flèche de Tell le terrasse. Sur l’alpe, l’arbalétrier reconstruit sa maison, plus grande et plus belle qu’avant.
Tout en étant ouvertement calqué sur le modèle des bandes d’aventures américaines d’un Errol Flynn, le film n’est pas sans rappeler la récente lutte clandestine des partisans et maquisards, et s’inscrit politiquement sur le fond d’une Italie ayant basculé dans la démocratie chrétienne (il s’ouvre sur un plan d’un crucifix au sommet d’une montagne). La garde « germanique » de Gessler et son armure personnelle sont noires, autre réminiscence significative. Tell, c’est Gino Cervi, futur Peppone de la série des Don Camillo, mais surtout vedette populaire de nombreuses reconstitutions historiques à costume du cinéma fasciste (Ettore Fieramosca, Salvator Rosa et La Couronne de fer d’Alessandro Blasetti, Don Cesare di Bazan de Riccardo Freda) ; il vient d’incarner le champion des déshérités et persécutés, Jean Valjean dans Les Misérables de Freda (1948). Son adversaire, le Suisse Paul Muller, entame une longue carrière de malfrats et de vampires. Le tournage a lieu dans les alpes lombardes (Saint-Vincent, château de Fénis dans le Val d’Aoste), puis aux studios I.C.E.T. à Milan. Giorgio Capitani, futur artisan du film de cape et épée, dirige la seconde équipe, tandis que le mystérieux Polonais Michal Waszynski, réalisateur de l’envoûtante et poétique légende yiddish Dibbouk en 1937, assume (sans être crédité) la direction artistique du film aux côtés de Pastina, lui-même un obscur tâcheron. Peut-être est-ce à Waszynski que l’on doit l’assaut du castel assez dynamique et de forts beaux effets d’éclairages en intérieurs ? Par ailleurs, la bande reste plutôt anodine (musique de Rossini), une production modeste qui sera brièvement exploitée aux Etats-Unis (1949) et en France (1953).
1950[The Flame and the Arrow (La Flèche et le Flambeau) (US) de Jacques Tourneur ; Warner Bros. – av. Burt Lancaster (Dardo), Virginia Mayo, Nick Cravat, Frank Allenby. – Une variation en Technicolor du thème de Tell écrite par Waldo Salt, victime communiste de la « Liste noire » : Au XIIIe siècle, Dardo, un archer reputé qui vit isolé avec son jeune fils dans les alpes lombardes, s’oppose à la tyrannie étrangère du duc de Hesse (lieutenant de Frédéric Barberousse de Hohenstaufen, empereur romain germanique) en provoquant une révolte paysanne. Le pays est libéré et l’oppresseur tué par la flèche de Dardo. Cf. ITALIE chap. III : 2.1. Lombardie.]
Errol Flynn et Antonella Lualdi dans « The Adventures of William Tell” (1953).
1953[inachevé:] The Adventures of William Tell / Le avventure di Guglielmo Tell (GB/IT) de Jack Cardiff
Errol Flynn, J. Barret Mahon, comte Adolfo Fossataro, Tony Roma/Junior Film-Errol Flynn Enterprises (London)-PAI Co. Roma. - av. Errol Flynn (Wilhelm Tell), Antonella Lualdi (Anna Walden), Massimo Serrato (le bailli Hermann Gessler), Bruce Cabot (cpt. Jost, son bras droit), Franco Interlenghi (Hans), Vira Silenti/Waltraut Haas (Maria, sa fiancée), Alberto Rabagliati (Gabriel le gantier), Checco Durante (Père Paul), Guido Martufi (Jemmy Tell), Riccardo Rioli (Olaf), Bruno Smith (Max Gunther), Mirno Billi (Karl), Silvio Bagolini (Fritz), Dave Crowley (Otto), Guglielmo Leonini (Bruno), Patrick Crean (un paysan), Mario Mattioli, Mario Cianfanelli, Aldo Fabrizi.
Synopsis (scénario de John Dighton, d’après un sujet d’Errol Flynn et Louis Stevens, dialogué par Rosemary Matthews) : La Suisse centrale souffre de l’oppression d’Albert Ier de Habsbourg, empereur du Saint Empire et duc d’Autriche, et de son délégué Jost, un capitaine ambitieux et brutal. Les Habsbourg ont besoin de ces montagnes pour protéger leur frontière à l’ouest. L’empereur charge Gessler, un aristocrate arrogant, de briser l’esprit de résistance des Helvètes par des méthodes plus subtiles que le fouet. Jost est humilié. Pour amadouer la population d’Altdorf, Gessler a organisé une fête au cours de laquelle Tell est couronné meilleur arbalétrier du pays. Pendant ce temps, Jost perquisitionne et saccage les habitations. À son retour, Tell découvre le cadavre de Maria, son épouse, violée par Jost. La crapule échappe à l’arbalétrier et se plaint de l’agression du montagnard auprès de Gessler, sous prétexte que le rebelle se serait opposé aux perquisitions. La tête de Tell est mise à prix, sa maison incendiée, des villageois sont exécutés pour l’exemple. Lors d’une réunion secrète, les fermiers de la région désignent Tell comme chef de la résistance armée. Depuis l’alpage enneigé, on effectue divers raids autour du château pour réunir chevaux, armes et provisions, tandis dans les hauteurs, les insurgés élaborent un puissant barrage défensif avec des troncs d’arbres. Gabriel, un traître, révèle leur cachette aux Autrichiens qui capturent Tell et ses compagnons. Quoiqu’exposés en chaînes sur la place publique, ils persistent à ne pas vouloir reconnaître l’autorité impériale. Anna Walden, une comtesse suisse fiancée au bailli, intervient pour leur sauver la vie et Gessler ordonne à Tell de tirer une flèche sur la pomme placée sur la tête de son fils, Jemmy. S’il refuse ou s’il rate son but, tous périront. Le coup réussit, mais Gessler ordonne l’incarcération des rebelles dans le donjon en apprenant que Tell lui réservait un carreau. Anna arrange leur évasion et, de retour dans leur refuge alpestre, ils se préparent à l’offensive générale des Autrichiens. Ceux-ci sont engloutis sous la neige et les troncs d’arbres du barrage propulsés par le Père Paul (une allusion à la bataille de Morgarten ?), tandis que Tell plante sa flèche dans la gorge de Gessler. L’arbalétrier peut reconstruire sa maison et serrer Anna dans ses bras.
Lorsque le joyeux ferrailleur australo-américain Errol Flynn (star absolue du film d’aventures hollywoodien à son apogée, inoubliable en capitaine Blood, 1935, ou en Robin des Bois, 1938) annonce un Guillaume Tell tourné en Suisse, sur les rives du lac des Quatre-Cantons, il suscite un tollé général dans la presse germanophone du pays : que les sbires de Goebbels aient profané les lieux sacrés en 1933/34, passe encore, mais que ce Don Juan invétéré ait l’insolence d’incarner le héros national, c’en est trop ! Accablé par les tabloïds, les ligues féminines zurichoises et le renchérissement du coût de la vie sur place, Flynn échange les vallées d’Uri contre les alpages italiens du Piémont. Le sujet est dans l’air : à Hollywood, en novembre 1952, la Metro-Goldwyn-Mayer l’envisage avec Stewart Granger dans le rôle-titre. Établi en Europe pour fuir le fisc américain, éprouvé par l’alcool, sa vie privée plutôt agitée et la drogue, Flynn doit redorer d’urgence son blason d’hédoniste chevaleresque et intrépide : le rôle d’un veuf père de famille convient à ses 44 ans. L’acteur investit toutes ses économies dans le projet, soutenu financièrement par Alexander Salkind et le comte Adolfo Fossataro, un ancien chef de la police de Naples qui s’avérera être un escroc (!). United Artists et Titanus (Rome) se chargent de l’exploitation. Quant à la réalisation du film, elle est confiée au légendaire chef opérateur britannique Jack Cardiff, champion inégalé du Technicolor (Oscar pour Black Narcissus de Powell et Pressburger, 1947) dont ce sont ici les débuts avortés dans la mise en scène.
On prévoit 14 semaines de tournage en CinemaScope et Pathé Color, budgétées à 860'000 $. Flynn renonce à Cinecittà pour faire reconstruire en dur (en pierres) le village d’Altdorf dans la vallée d’Aoste, au pied du Mont-Blanc et des Grandes Jorasses. Arrigo Equini érige des décors médiévaux très réalistes (comprenant les façades d’une trentaine de maisons et une fort belle église romane) à Val Ferret près de Courmayeur, entre Planpincieux et Lavachey. D’autres extérieurs sont prévus à Verrand, à Dollane et au château de Fénis (le repaire de Gessler). L’auteur dramatique anglais John Dighton (nominé à l’Oscar pour Roman Holiday de Wyler) rédige le script. Les costumes sont signés Vittorio Nino Novarese (Spartacus de Kubrick, Cleopatra de Mankiewicz), le maître d’armes est le célèbre cascadeur Enzo Musumeci Greco (Ben Hur de Wyler), Mario Nascimbene (The Vikings de Fleischer) doit composer la musique. Le cinéaste polonais Michal Waszynski (Dybbouk) est chargé du casting ; Flynn ayant refusé d’engager une débutante de dix-huit ans du nom de Sofia Scicolone (connue plus tard sous le nom de Sophia Loren…) et Hedy Lamarr s’étant désistée, c’est Antonella Lualdi qui décroche le premier rôle féminin ; au fil des tractations, le rôle de Gessler passe d’Orson Welles à Massimo Serato. Le tournage débute sous d’excellents auspices le 11 juin 1953, les scènes visionnées à Rome suscitent l’enthousiasme, mais le cash italien tarde à venir. Le 28 août, après deux mois et demi de travail laborieux (soit 34 pages du scénario filmées sur 140), il faut se rendre à l’évidence : Flynn est à sec et les chèques signés par le comte Fossataro sont en bois, l’équipe n’est plus rétribuée, l’hôtel à Courmayeur confisque les caméras CinemaScope, enfin Bruce Cabot et Antonella Lualdi prennent le large.
Flynn entame une course contre la montre afin de débloquer des capitaux, frappant aux portes de Farouk (l’ex-roi d’Égypte exilé à Rome), du nabab Herbert Wilcox à Londres, de Harry Cohn (Columbia) à Hollywood, vendant même sa toile de Gauguin (« Famille tahitienne ») pour sauver son film. En vain. Ses techniciens végètent des semaines au chômage à Rome, Cardiff en tête, jusqu’à ce que Joseph L. Mankiewicz les engage en bloc pour y produire The Barefoot Contessa avec Ava Gardner et Humphrey Bogart. Le procès que Flynn et son partenaire Barry Mahon intentent à Fossataro, ruiné, ne trouvera sa conclusion qu’en 1969, dix-sept ans plus tard (l’acteur décède en 1959). Les stupéfiants décors d’Altdorf à Courmayeur seront détruits en 1986. La pellicule impressionnée (env. 30 min.), jamais vue à ce jour, repose dans les archives de la Boston University. Les photos publiées dans la presse de l’époque invitent à rêver... Voilà qui aurait sans doute été la version de Tell cinématographiquement la plus aboutie (le deuxième film de Cardiff, Sons and Lovers/Amants et Fils d’après D. H. Lawrence, présenté à Cannes, sera nominé pour 7 Oscars), et, de manière générale, certainement la version la plus jouissive !
1956(tv) William Tell (US) de Dave Butler
Kathleen K. Rawlings, Henry Brown/W.A. Palmer Films Inc.-Atlas Television, série "Captain Z-RO" no. 8 (ABC 5.2.56), 25 min. - av. Richard Glyer (Guillaume Tell), Joseph Miksak (le bailli Hermann Gessler), Jack Cahill (Walter Fürst), Jack Sullivan (soldat), Stuart Rawlings (soldat), Roy Steffens (Captain Z-RO), Bruce Haynes (Jet).
Voyage dans le temps : Captain Z-RO et son compagnon Jet examinent la vérité derrière la légende de Guillaume Tell et prennent parti pour le héros lorsque Gessler devient menaçant.
1956Wilhelm Tell (AT) de Josef Gielen (th) et Alfred Stöger (film)
Alfred Stöger/Thalia-Film GmbH (Wien)-Mundus Film, 88 min. - av. Ewald Balser (Wilhelm Tell), Albin Skoda (le bailli Hermann Gessler), Judith Holzmeister (Bertra von Bruneck), Raoul Aslan (Werner von Attinghausen), Paul Hartmann (Werner Stauffacher), Erich Auer (Arnold von Melchtal), Helmut Janatsch (Ulrich von Rudenz), Otto Schmöle (Walter Fürst), Otto Kerry (le prêtre Rösselmann), Michael Janisch (Konrad Baumgarten), Julia Janssen (Hedwig Tell), Peter Czejke (Walter Tell), Heinz Czejke (Wilhelm Tell fils), Philipp von Zeska (Konrad Hunn), Julius Karsten (Itel Reding), Hans Richter (Struth von Winkelried).
Théâtre filmé : captation en noir et blanc du drame de Friedrich Schiller joué dans les décors du prestigieux Wiener Burgtheater avec la crème du théâtre et du cinéma autrichien (Balser, Skoda). Une mise en scène opportune, car la matière rappelle le climat d’insécurité qui régnait dans une Autriche en ruines après l’effondrement du Troisième Reich et dix ans d’occupation par les armées alliées. En mai 1955, le pays retrouve sa souveraineté : le Burgtheater salue cette renaissance en éliminant tous les passages antiautrichiens du texte de Schiller et en transformant la pièce en ode à l’indépendance nationale et à la démocratie.
Conrad Phillips dans la série britannique « The Adventures of William Tell » (1958/59).
1958/59(tv) The Adventures of William Tell / William Tell (GB) série de Peter Maxwell (2-5,8,11,13,14,17,20-23,25,30,31,36), Quentin Lawrence (10,15,18,19,24,32,38), Ernest Morris (12,28,34,35,37,39), Terry Bishop (6,7,9,16,33), Anthony Squire (26,27), Leslie Arliss (29), Ralph Smart (1)
Ralph Smart, Leslie Arliss/ITC Television-National Telefilm Associates (NTA) (ITV 15.9.58-15.6.59), 39 x 25 min. - av. Conrad Phillips (Wilhelm Tell), Willoughby Goddard (le bailli Hermann Gessler), Jennifer Jayne (Hedda/Hedwig Tell), Ernest Milton (Walter Fürst), Nigel Green (Fertog, dit l’Ours), Christopher Lee (le prince Erik), Donald Pleasance (The Spider/L’Araignée), Richard Rodgers (Walter Tell), Norman Mitchell (Frederick), Derry Nesbitt (Sentry), Perlita Neilson (Anna, fille de Gessler), Kevin Stoney (Heinrich, cousin de Tell), John Le Mesurier (le duc de Bourgogne), Melissa Stribling (la comtesse de Markheim), Robert Shaw (Peter von Brecht), Michael Caine (le sergent Wiener), Adrienne Corri (Mara, « The Shadow »), Peter Hammond (Hofmannsthal).
ITV, la chaîne, et Incorporated Television Company (ITC), la société de Lew Grade qui lancèrent les 143 épisodes de la série télévisée The Adventures of Robin Hood avec Richard Greene (1955) et les 30 épisodes de The Adventures of Sir Lancelot avec William Russell (1956) ouvrent leur porte à l’arbalétrier helvétique pour une nouvelle série en noir et blanc qui reprend grosso modo les mêmes ingrédients. Évidemment sans le moindre souci d’historicité : nous sommes à Altdorf au XIVe siècle, et le nouveau Robin des Bois (ou plutôt Robin des Alpes) affronte Gessler, un gouverneur autrichien corpulent, boulimique et ridicule, vole aux riches pour distribuer aux démunis, etc. Le premier épisode reprend la situation décrite par Schiller (le tir de la pomme), Tell s’enfuit ensuite et vit en hors-la-loi dans une grotte avec sa petite famille, où il est rejoint par un groupe d’insurgés. Le héros en titre est affublé d’une épouse, Hedda (qui va s’émanciper en troquant la cuisine contre l’épée), d’un fiston et d’un petit chien qui tous deux vont charitablement disparaître après les premiers épisodes. Le scénario, par ailleurs sans surprises mais au rythme soutenu, insère des renvois au Troisième Reich (l’hégémonie germanique, les camps de travail où croupit la « race des esclaves »), ainsi que des allusions à Albert Einstein et à la puissance nucléaire à travers un explosif surnommé « The Magic Powder ». Dans l’épisode 3, Tell héberge les deux assassins du prince Karl von Habsbourg (sic), le 17 est un remake des fameuses Chasses du comte Zaroff (The Most Dangerous Game) où un prince dément, Erik, chasse Tell sur une île (!) comme du gibier avec ses chiens ; une belle espionne du nom de « The Shadow » dérobe de l’or de Bourgogne destiné à financer la résistance des Suisses et le cache dans le château de Gessler où Tell s’introduit et récupère le trésor (dernier épisode). Gessler perd la partie, mais ne meurt pas pour autant : il pourrait y avoir une suite... Il n’y en aura pas, l’écho public laisse à désirer.
La série est tournée en extérieurs à Snowdonia (Gwynedd, pays de Galles), à Watford dans la banlieue de Londres et aux National Studios à Borehamwood (Hertfordshire) ; Douglas Hickox dirige la seconde équipe. Plusieurs vedettes en « guest stars » tiennent de petits rôles : Christopher Lee (Erik, le prince chasseur), Donald Pleasance, Robert Shaw, Sid James et Michael Caine. La chanson du générique, « Tell from Switzerland » (qui plagie Purcell et Rossini) est interprétée par le crooner populaire David Whitfield.
Episodes: 1. « The Emperor’s Hat (Le Chapeau de l’Empereur) » - 2. « The Raid (L’Attaque) » - 3. « The Assassins (Les Assassins) » - 4. « The Hostages (Les Otages) » - 5. « Landslide (L’Avalanche) » - 6. « The Boy Slaves (Les Enfants esclaves) » - 7. « The Baroness (La Baronne) » - 8. « Secret Death (Mort éphémère) » - 9. « Voice in the Night (Une voix dans la nuit) » – 10. « The Lost Letter (La Lettre égarée) » - 11. « The Gauntlet of St. Gerhardt (Le Gantelet de St. Gerhardt) » - 12. « The Cuckoo (Le Coucou) » - 13. « The Elixir (L’Elixir) » - 14. « The Magic Powder (La Poudre magique) » - 15. « The Prisoner (Le Prisonnier) » - 16. « Gessler’s Daughter (La Fille de Gessler) » - 17. « Manhunt (Chasse à l’homme) » - 18. « The Bandit (Le Bandit) » - 19. « Under Cover (À l’abri) » - 20. « The Bear (L’Ours) » - 21. « The Suspect (La Suspecte) » - 22. « The Golden Wheel (La Roue d’or) » - 23. « The Bride (La Mariée) » - 24. « The Avenger (Le Vengeur) » - 25. « The Young Widow (La Jeune Veuve) » - 26. « The Shrew (La Mégère) » - 27. « The Trap (Le Piège) » - 28. « The Killer (Le Tueur) » - 29. « The Mountain People (Les Montagnards) » - 30. « The Surgeon (Le Chirurgien) » - 31. « The Ensign (Le Jeune Officier) » - 32. « The Unwelcome Stranger (L’Étranger indésirable) » - 33. « The Black Brothers (La Bande noire) » - 34. « The General’s Daughter (La Fille du général) » - 35. « Secret Weapon (L’Arme secrète) » - 36. « The Traitor (Le Traître) » - 37. « Castle of Fear (Le Château de la peur) » - 38. « The Spider (L’Araignée) » - 39. « The Master Spy (Le Maître espion) ».
De l’imagerie proprette pour un film sans âme : « Wilhelm Tell – Burgen in Flammen » (1960).
1960Wilhelm Tell - Burgen in Flammen / Bergfeuer lodern (Guillaume Tell) (CH) de Michael Dickoff [=Erwin Franz Dickerhoff] et Karl Hartl
Walter Kaelin/Urs-Film GmbH, Buochs (Nidwald), 101 min. - av. Robert Freitag (Wilhelm Tell), Trudi Moser (Hedwig Tell), Wolfgang Rottsieper (le bailli Hermann Gessler), Leopold Biberti (Werner Stauffacher), Hannes Schmidhauser (Arnold von Melchtal), Alfred Schlageter (Walter Fürst), Heinz Woester (Werner von Attinghausen), Maria Becker (Gertrud Stauffacher), Georges Weiss (Ulrich von Rudenz), Birke Bruck (Berta von Bruneck), Zarli Carigiet (Konrad Baumgarten), Helen Hesse (Baumgartnerin), Peter Schmitz (le fou), Raimund Bucher (Itel Reding), Alfred Lohner (le prêtre Rösselmann), Max Knapp (Heinrich ab der Halden), Paul Bühlmann (Ruodi), Rita Liechti (sa mère), Urs Dickoff (Walter Tell), Christian Dickoff (Willi Tell), Verena Furrer (Armgard), Ulrich Herrlitz (Harras), Inigo Gallo (Frieshart), Arnold Putz (le bailli Landenberg), Karl Pistorius (le bailli Wolfenschiessen).
En automne 1959, l’homme d’affaires et propriétaire de cinéma Josef Kaelin fonde la société URS (=Urschweiz)-Film avec la détermination de produire un Guillaume Tell à grande échelle, un manifeste du « monde libre » en Eastmancolor et CinemaScope adressé aux tyrans de partout et de toujours (lisez : Moscou). Le Zurichois Michel Dickoff, cinéaste débutant, lui promet un script sans rapport avec Schiller, sa principale source étant la chronique d’Aegidius Tschudi, écrite à une époque (XVIe siècle) où les Confédérés déléguaient depuis longtemps leurs propres baillis en territoire occupé…! Le texte de Dickoff est si maladroit que Kaelin doit y atteler plusieurs autres scénaristes, dont, très passagèrement, Max Frisch et surtout le cinéaste vétéran autrichien Karl Hartl, connu pour ses nombreux succès d’avant-guerre (formé chez Alexander Korda, puis comédies - On a tué Sherlock Holmes avec Hans Albers en 1937 - et opérettes viennoises, mais aussi de la science-fiction avec FP1 ne répond pas d'après Curt Siodmak, 1932). C’est encore Hartl – bombardé « superviseur artistique » - que l’on sollicite quelques mois plus tard lorsque Dickoff se montre dépassé par l’ampleur de la logistique (38 rôles parlants, plus de 400 figurants, 40 cavaliers) et les complications de tournage en extérieurs à Aesch ob Unterschächen, au Grutli, à Härgis, sur le lac d’Uri, dans le Hospental et au Tessin ; les intérieurs sont enregistrés dans les décors permanents du « Tell-Festspielhaus » à Altdorf. Dickoff ayant consommé de la pellicule sans compter, après cinq mois (!) de tournage, le budget de 1,5 millions CHF a doublé en raison du dilettantisme de ses initiateurs. Grâce à la reprise en main de Hartl et au savoir-faire du chef-opérateur tyrolien Hans Schneeberger (responsable des films de montagne d’Arnold Fanck dans les années 1920), le résultat est techniquement au point, photographié avec goût dans de jolis tons pastel, mais l’ensemble ne dépasse jamais l’imagerie aussi convenue qu’aséptisée et le Tell de Robert Freitag demeure trop effacé face aux photogéniques baillis dont les moindres exactions sont laborieusement rapportées. L’exploitation est déficitaire et l’URS-Film au bord de la faillite quand, harcelé par les banques, Kaelin se tourne vers l’Europe de l’Est et parvient à placer son film (condamnant bien sûr toutes les dictatures) au festival de Moscou en juillet 1961 où – ô surprise ! – le Syndicat soviétique des Travailleurs de Film lui décerne un embarrassant « Prix de la mise en scène ». Le sujet convient – la guérilla populaire contre la féodalité - et son style académique plaît aux tenants du réalisme socialiste. La Sovexportfilm offre une fortune pour son exploitation en Union soviétique « sous réserve de quelques retouches »… Dans les milieux suisses farouchement anticommunistes, ce marchandage avec l’Est frise le crime de lèse-patrie et provoque une levée de boucliers. On crée une « Action Pro Guillaume Tell » qui conjugue tout l’arsenal phraséologique de la guerre froide. Ému, Kaelin fait marche-arrière et renonce à la « manne rouge » pour autant que ses compatriotes compensent pécuniairement son noble sacrifice. Hélas pour lui, ceux-ci n’en verront pas la nécessité. - DE : Wilhelm Tell – Flammende Berge, IT : La freccia del giustiziere.
1966(tv-th) Wilhelm Tell (DE) de Karl Vibach
Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF 17.7.66), 135 min. – av. Max Eckard (Guillaume Tell), Peter Roggisch (le bailli Hermann Gessler), Ludwig Anschütz (Werner von Attinghausen), Herbert Dubrow (Ulrich von Rudenz), Gerhard Just (Werner Stauffacher), Karlheinz Bernhardt (Konrad Hunn), Ulrich Matschoss (le prêtre Rösselmann), Dietz Werner Steck (Petermann), Hannelore Hoger, Walter Thurau, Karl-Heinz von Liebezeit. - Captation de la pièce de Friedrich Schiller au Württembergisches Staatstheater à Stuttgart.
1987*(tv-mus) Guglielmo Tell (CH) de Daniel Schmid (th) et Ruedy Gyhr (tv)
Peter Christian Fueter/Condor Features-Opernhaus Zürich-Schweizerischer Bühnenkünstlerverband-DRS (DRS 4.4.88), 179 min. – av. Antonio Salvadori (Wilhelm Tell), Maria Chiara (Mathilde), Salvatore Fisichella (Arnold von Melchtal), Nadine Asher (Hedwig Tell), Alfredo Zanazzo (Gualtieri Farst), Jacob Will (Heinrich von Melchtal), Margaret Chalker (Jemmy), Thomas Dewald (un pêcheur), Howard Nelson (Leutoldo), Alfred Muff (le bailli Hermann Gessler), Peter Straka (Rodolfo), Peter Stern (un chasseur).
Captation de l’opéra de Rossini (sous la direction musicale de Nello Santi). Une réinterprétation filmique de la mise en scène du fameux cinéaste suisse Daniel Schmid (La Paloma en 1974, Violanta en 1977, Hécate en 1982) à l’Opéra de Zurich (6.9.1987). Une création scénique originale sous forme de diorama, privilégiant les plans d’ensemble, ainsi que des mouvements d’appareils et un montage lents qui respectent la partition musicale. Fidèle à lui-même, aidé par le décorateur Erich Wonder, Schmid fait appel aux projections de lanterne magique, aux illustrations du XIXe siècle et à des effets d’éclairage kitsch pour restituer les rapports magiques existants entre l’imagerie pré-cinématographique et le théâtre lyrique. L’ironie sous-jacente de cette illustration souligne la distance que le cinéaste prend avec des mythes nationaux de fabrication somme toute récente, avec les clichés paysagers assenés par l’industrie du tourisme et l’Helvétie paradisiaque qu’ont propagé les disciples de Rousseau.
1988(vd-mus) Guglielmo Tell (IT) de Luca Ronconi (th, tv) et Roberto Perpignani (film)
RAI Radiotelevisione Italiana-Teatro alla Scala (Milano)-Image Entertainment, 242 min. – av. Giorgio Zancanaro (Guillaume Tell), Cheryl Studer (Mathilde), Chris Merritt (Arnold von Melchtal/Arnoldo), Luigi Roni (Hermann Gessler), Amelia Fella (Gemma), Giorgio Surjan (Walter Fürst/Gualtiero), Franco De Grandis (Heinrich von Melchtal), Luciana D’Intino (Edwige), Vittorio Terranova (Rudi), Alberto Noli (Leuthold), Ernesto Gavazzi (Rudolf). - Captation de l’opéra de Rossini mis en scène par l’acteur-réalisateur Luca Ronconi au Teatro alla Scala de Milan (7.12.1988), sous la direction musicale de Riccardo Muti. La mise en scène statique de Ronconi est vivifiée par les décors géants, des photographies et projections spectaculaires de Gianni Quaranta.
1987-89(tv) Crossbow - William Tell / Guillaume Tell (US/GB/CA/FR) série de George Mihalka (1,2,18,19,20,33,34), John David Coles (3,4,16,17), Christian Duguay (31,44), Richard Schlesinger (39,40,41,42), Dennis Berry (15,36), Allan A. Goldstein (11,12), Chris King (5,10), Paul Stanley (8,9), David R. Kappes (14) [et Mai Zetterling]
Anthony Horowitz, Mark Grensyde, Simon Oakes, Richard Schlesinger, Boudjéma Dahmane, Altman E. Robert, David R. Kappes, Robert Halmi Jr./Cinecom-Crossbow Films Ltd.-RHI Entertainment-Hal Roach Studios-France 3 Lyon (CBN/The Family Channel 30.8.87-11.2.89 / FR3+RTL9 2.10.88), 72 x 26 min. - av. Will Lyman (Wilhelm Tell), Jeremy Clyde (Hermann Gessler), Anne Lonnberg (Catherine Tell), Dana Barron (Leonora), David Barry Gray (Mathew Tell), Valentine Pelka (Roland), Melinda Mullins (Blade), Hans Meyer (Tyroll), John Otway (Conrad), Bertie Cortez (Ambrose), Guy Rolfe (l’empereur Albert Ier de Habsbourg), Bernard Spiegel (Weevil), Harry Carey Jr. (Mutino), Johnny Crawford (le prince héritier Ignatius), Pascal Bianco-Levrin de Bouzid (un villageois), Timothy Stark (le prince Martin), Valérie Steffen (la princesse Irena), Gia Sereni (Béatrice), Robert Forster (Aymong), Guy Madison (Gerrish), Conrad Phillips (Stefan), Brian Blessed (Gaston), Robert Guillaume (Nolan Ben Sunniman Al-Hedrem), Sarah Michelle Gellar (Sara Guidotti), Roger Daltrey (François Arconciel), Robert Barr (le bailli d’Ursen), Conrad Philllips (Stefan).
Etalée sur trois saisons et imaginée par Anthony Horowitz, cette télésérie de plus de 30 heures n’a pas grand-chose à voir avec le mythe helvétique, quoique l’on y joue aussi habilement de l’arbalète (« crossbow » en anglais). Tell est ici un ancien mercenaire qui vit comme forgeron avec sa famille dans le paisible village de Claremont (?). Alors qu’il professe l’apolitisme, son fils Matthew (sic) s’insurge contre la tyrannie de Gessler ; le jeune homme est enlevé par les hommes du bailli et papa se résigne à prendre les armes, sauve des villageois, combat l’oppresseur (cavalcades et coups d’épées au ralenti) et, comme par le passé, se confond avec Robin des Bois. Horowitz, qui s’illustrera par la suite avec brio dans les adaptations télévisuelles d’Agatha Christie (les Hercule Poirot avec David Suchet) fait ici ses premières armes de scénariste, en se référant fort abusivement à Schiller. Un budget respectable (200 millions de francs français), trois ans de tournage. Dans un petit rôle, Conrad Phillips, le Guillaume Tell de la série de 1958/59. Un atout : l’action se déroule dans de splendides sites ruraux français, en Auvergne, dans la Haute-Loire et en Dordogne (abbaye de Boschaud, Brantôme), en Savoie (châteaux de Miolans et d’Épierre, Hautecombe), au Languedoc-Roussillon (Palais des Papes à Avignon, Villeneuve-lès-Avignon, Uzès, Lussan, Pouzilhac), à Fort Bruissin à Francheville (Rhône-Alpes), à Fort Saint-André (Jura), é Les Baux-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône (abbaye de Montmajour), à Le Villard St. Enimie (Lozère), etc. Établie à Londres et à Banne (en France), l’actrice-réalisatrice suédoise Mai Zetterling aurait dirigé quelques épisodes non retenus de la série.
Episodes : 1. « The Banquet (Le Banquet) » - 2. « The Prisoner (Le Prisonnier) » - 3. « The Little Soldier (La Ferme d’Isabelle) » - 4. « The Scavengers (La Caverne) » - 5. « Reunion (La Réunion) » - 6. « Albion (id.) » - 7. « Sanctuary (Le Couvent) » - 8. « The Dukes of Zahringhen (Les Ducs de Zähringen) » - 9. « The Champion / The Bet (Le Tournoi) » - 10. « The Stallion (L’Étalon blanc) » - 11. « The Impostor (L’Imposteur) » - 12. « The Pass (Le Col) » - 13. « Misalliance (La Mésalliance) » - 14. « Vogel / The Alchemist (Le Magicien) » - 15. « Possessed ! (Les Possédés) » - 16/17. « The Moor (Le Maure) » - 18. « The Four Horsemen (Les Quatre Cavaliers) » - 19. « The Citadel (La Citadelle) » - 20. « The Princess (La Princesse) » - 21. « Lotus (id.) » - 22. « The Physician (Le Médecin) » - 23. « The Handmaiden (La Poupée) » - 24. « The Rebirth (Renaissance) » - [2e saison] 25. « Nightmare (Le Cauchemar) » - 26. « Birthright (Le Bébé) » - 27. « Trolls (Les Génies de la terre) » - 28. « Nemesis (La Vengeance) » - 29. « The Pit (La Mine) » - 30. « The Rock (Le Rocher) » - 31. « The Taking of Castle Tanner (La Prise du château Tanner) » - 32. « Fear (La Peur) » - 33/34. « The Emperor (L’Empereur) » - 35. « The Lost Crusader (Le Croisé perdu) » - 36. « Exit the Dragon (Le Dragon) » - 37. « Actors (Les Comédiens) » - 38. « Seekers of the Soul (Drôles de moines) » - 39. « Masterplan (Le Grand Projet) » - 40. « Ladyship (Madame la baronne) » - 41. « The Promised Land (La Terre promise) » - 42. « Rejection (Le Rejet) » - 43. « Message to Geneva (Le Message) » - 44. « The Electors (Les Électeurs) » - 45. « The Inquisitor (L’Inquisiteur) » - 46. « Amnesty (Le Pardon) » - 47. « Blood Brothers (Les Frères de sang) » - 48. « Betrayal (La Trahison) » - [3e saison] 49. « The Touch (Le Contact) » - 50. « Spirit of Rebellion (La Quête) » - 51. « Insurrection (L’Insurrection) » - 52. « Doppelganger (Le Double) » - 53. « Trail Break (Le Bandit de grand chemin) » - 54. « The Mission (La Mission) » - 55. « The Bounty Twins (Les Frères siamois) » - 56. « The Gods (Les Dieux) » - 57. « Gansari’s Zombies (Les Cavaliers fantômes) » - 58. « The Shadow (L’Ombre) » - 59. « Gorian the Spider (Gorian l’araignée) » - 60. « Forbidden Fruit (Les Beas) » - 61. « The Lost City (La Cité perdue) » - 62. « The Bridge (Le Pont) » - 63. « Silver Rider (Le Chevalier d’argent) » - 64. « The Children (Les Enfants) » - 65. « The Magician (Le Magicien) » - 66. « The Wind Wagon (Les Chariots de feu) » - 67. « Goldilocks (Boucles d’or) » - 68. « Amazon (L’Amazone) » - 69. « Head Hunters (Les Chasseurs de têtes) » - 70. « Forbidden Land (Terre interdite) » - 71/72. « The Moment of Truth (Moment de vérité) ».
1989(vd) The Adventures of William Tell / Crossbow (1989) de George Mihalka
Cinecom-Crossbow Films-RHI Entertainment, 95 min. – av. Will Lyman (Guillaume Tell), Jeremy Clyde (Hermann Gessler), Harry Carey Jr. (Mutino), Johnny Crawford (le prince Ignatius), Robert Forster (Aymong), Guy Madison (Gerrish), Melinda Mullins (Blade), Valentine Pelka (Roland), Conrad Phillips (Stefan), Guy Rolfe (l’empereur Albert Ier de Habsbourg), David Barry Gray (Mathew Tell), Dana Barron (Eleanor). - Remontage de quelques épisodes du feuilleton ci-dessus en un long métrage vidéo.
1990[(tv-th) Wilhelm Tell (AT/DE/CH) de C. Rainer Ecke, Claus Peymann et Airan Berg ; Walter Marek, Rudolf Nemeth/ORF-ZDF-SRG, 143 min. - av. Josef Bierbichler (Guillaume Tell), Gert Voss (Hermann Gessler), Paul Hoffmann (Werner von Attinghausen), Ulrich Gebauer (Ulrich von Rudenz), Peter Fitz (Werner Stauffacher), Heinz Frölich (Itel Reding), Kurt Sowinetz (Walter Fürst), Markus Boysen (Arnold von Melchtal), Klaus Höring (le prêtre Rösselmann), Brigitta Furgler (Gertrud Stauffacher), Kisten Dene (Hedwig Tell), Regina Fritsch (Berta von Bruneck), Thomas Kloiber (Walter Tell), Andreas Peschta (Wilhelm Tell fils). - Captation du drame de Friedrich Schiller mis en scène au Burgtheater à Vienne (23.3.1989), en costumes du XXe siècle : Tell manie le fusil d’assaut.]
1998[(tv) The Legend of William Tell (US/NZ) de Declan Eames, John Reid, Graham Wetherell ; Cloud 9 Screen Entertainment-CLT-Ufa International (WAM! 30.8.-20.12.98), 16 x 52 min. – av. Kieren Hutchison (Guillaume Tell), Beth Allen (la princesse Vara), Andrew Robertt (Xax), Ray Henwood (Kreel), Nathaniel Lees (Léon), Andrew Binns, Ray Henwood, Sharon Tyrell. – Cette télésérie filmée en Nouvelle-Zélande n’a absolument aucun rapport avec la Suisse et se contente d’illustrer la lutte libératrice d’un vaillant arbalétrier dans un royaume médiéval fantaisiste ! - Nota bene : « William Tell… The Legend 3D », un projet télévisuel inabouti de 2011 d’Eric Brevig, avec Brendan Fraser en Tell, est un autre mélange pseudo-médiévisme, Sword & Sorcery et futurisme sans rapport avec la légende helvétique.]
1999Walter Tell (CH) de Carla Lia Monti
Hochschule für Gestaltung und Kunst Zürich, 12 min. – av. Antoine Monot Jr. (Walter Tell), Ulrich Bodamer (Guillaume Tell), Roswitha Dost (Hedwig Tell), Hans-Peter Ulli (Friedrich (sic) Gessler). - Synopsis : comme chaque matin, Guillaume Tell prend son petit déjeuner avec sa femme Hedwig et leur fils Walter dans une cuisine misérable. Tell emmène son fils sur l’alpage où il le sodomise derrière un rocher. Gessler, qui a surpris le viol, tente d’arracher l’enfant des griffes de son père, mais celui-ci parvient à tuer le bailli et se rend avec sa famille au château féodal pour y fêter joyeusement son meurtre. Walter prend conscience des abus dont il a été victime, tue son père avec l’arbalète et se met à déshabiller sa mère… Film de diplôme qui se veut une provocation mettant en cause les mythes helvétiques. Bof.
2003(tv-mus) Guillaume Tell (FR) de Bianca Li, Francesca Zambello (th) et François Roussillon (tv)
François Roussillon et Associés (Paris)-NHK-Opéra National de Paris/Opéra Bastille, 190 min. – av. Thomas Hampson (Guillaume Tell), Jeffrey Wells (Hermann Gessler), Alain Vernhes (Heinrich von Melchtal), Hasmik Papian (Mathilde), Gaële Le Roi (Jemmy), Nora Gubisch (Hedwig Tell), Marcello Giordano (Arnold von Melchtal), Janez Lotric (Rodolphe), Gregory Reinhart (Leuthold), Francesca Zambello. - Captation de la mise en scène de l’œuvre de Rossini à l’Opéra Bastille à Paris, jouée sous la direction musicale de Bruno Campanella.
2004(tv-th) Wilhelm Tell (CH/DE) de Stephan Märki
Lukas Leuenberger/Arte-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR)-Schweizer Fernsehen (FS) (Arte 26.8.04), 140 min. - av. Roland Koch (Guillaume Tell), Thomas Thieme (Hermann Gessler), Marc Benjamin Puch (Konrad Baumgarten), Hartmut Stanke (Walter Fürst), Aleksandar Tesla (Arnold von Melchtal), Walo Lüönd (Werner von Attinghausen), Claudia Meyer (Parricida), Jürg Wisbach (Werner Stauffacher), Barbara Wurster (Gertrud Stauffacher), Heike Kretschmer (Berta von Bruneck), Heiner Take (Ulrich von Rudenz), Vladimir Weigl (le prêtre Rösselmann), Nicole Steiner (Hedwig Tell), Johannes Martin (Walter Tell). - Captation de la pièce de Friedrich Schiller, interprétée en plein air sur la prairie du Grütli du 23 au 29 août 2004 par la troupe du Théâtre National de Weimar, en présence de Joseph Deiss, Président de la Confédération, Une production sponsorisée par Christoph Blocher, patron de la droite nationaliste antieuropéenne (UDC).
2004® The Ring Thing (CH) de Marc Schippert. – av. Reto Jost (Guillaume Tell), Roman Kölbener (Walter Tell). – Parodie peuplée de clichés de « Lord of the Ring », située dans la patrie de la fondue.
2007[Tell – Jeder Schuss ein Treffer ! / Tell – A Swiss Myth (CH/DE) de Mike Eschmann. - Lukas Hobi, Reto Schärli/Zodiac Pictures Ltd.-MMC Independent Köln-Impuls Home Entertainment AG-Schweizer Fernsehen-Teleclub AG, 96 min. - av. Mike Müller (Guillaume Tell), Udo Kier (Hermann Gessler), Max Rüdlinger (Walter Fürst), Erich Vock (Konrad Baumgarten), Albert Tanner (Werner Stauffacher), Michael Kessler (Friedrich Schiller), Axel Stein (Val-Tah, l’eskimo [Walter]), Christian Tramitz (Rudolf der Harras), Ellenie Salvo González (Sissy), Gardi Hutter (Helvetia), Lea Hadorn (Heidi), Esther Gemsch (Elsbeth), Herbert Leiser (Stüssi), Kristina Walter (Theresia), Charly Hübner (Kurti). - Mike Eschmann présente le Guillaume Tell du XXIe siècle, un charlatan autrichien qui se fait passer pour un vendeur de médicaments miraculeux pour financer l’achat d’un passeport suisse, tandis que les Waldstätten sont présentés comme un ramassis de bureaucrates xénophobes. Au Grütli, le serment légendaire se termine en eau de boudin ; les épouses des confédérés interrompent la cérémonie sacrée : la soupe est servie et ne saurait attendre ! Une vaste pitrerie descendue en flammes par la presse, huée par le public, où apparaissent Sissi, Heidi, un touriste allemand du nom de Friedrich Schiller et un eskimo trouvé dans une crevasse.]
2012/13*(tv-df) Stauffacher : Die Schlacht am Morgarten / Werner Stauffacher : Nos ancêtres, les Schwytzois (CH) de Dominique Othenin-Girard
Série « Les Suisses / Die Schweizer / Gli Svizzeri / Ils Svizzers », Rudolf Santschi/Triluna Film AG, Zurich-SRG SSR idée suisse (TSR1 6.11.13), 52 min. – av. Michael Neuenschwander (le landamman Werner Stauffacher), Sandra Utzinger (Hanna Stauffacher), Jonathan Loosli (Heinrich Stauffacher), Thomas Mathys (Werner von Homberg, bailli et minnesänger), Urs Jucker (l’abbé Johannes von Schwanden), Hanspeter Bader (le landamman d’Uri), Jürg Plüss (le landamman d’Unterwalden), Tino Ulrich (le troubadour), Evelyn Gugolz, Kaspar Weiss, Martin O, Jean-Luc Bideau (narration).
Premier épisode d’une série pédagogique plutôt bien ficelée de quatre docu-fictions retraçant la vie des personnalités qui ont marqué l’histoire suisse, un produit calqué sur le modèle de la série ZDF « Die Deutschen ». Le cinéaste-producteur neuchâtelois Dominique Othenin-Girard, formé à Londres et aguerri sur les plateaux de Hollywood, réalise son film en Suisse centrale, notamment à Interlaken (« Tellspiele »). Soignée, claire, instructive, la bande replace avec entrain les événements dans le contexte des élections pour le trône du Saint Empire Romain germanique et se montre précautionneux quant aux mythes nationaux, dont elle souligne toutefois l’importance idéologique ; la légende de Guillaume Tell est présentée comme telle, sous la forme du chant d’un troubadour dans les ruelles d’un village, et la problématique de la bataille de Morgarten est mise à distance critique (l’infographie pallie sans excès aux déploiements d’armées et de foules). Le dialogue mythes-historiographie est ici pleinement réussi, sans ne jamais céder à la parodie. Outre les topoï attendus, on assiste, animé par les commentaires d’ogre bonhomme de Jean-Luc Bideau, au pillage du monastère d’Einsiedeln (où « les paysans s’enhardissent pour bouffer du moine ») et aux plaisirs de cour d’un Werner von Homberg (1284-1320), bailli impérial des Waltstätten depuis 1309, indolent, évasif et cynique, plus affairé à courir le guilledou et à produire ses chansons (c’était un trouvère reconnu) que de prendre la défense de ses sujets excommuniés par l’abbaye qu’il a lui-même contribué à saccager.
2013[(tv-mus) Guillaume Tell (BE) de Stefano Mazzoni di Pralafera (th) et Frédéric Caillierez (tv) ; RTBF-Arte-Opéra Royal de Wallonie, Liège (Arte 2.9.13), 88 min. – av. Marc Laho (Guillaume Tell), Lionel Lhote (Hermann Gessler), Catherine Gillet (Hedwig Tell), Liesbeth Devos (Marie), Patrick Delcour (Heinrich von Melchtal), Stefan Cipolelli (Arnold von Melchtal), Roger Joakim (le voyageur). - Captation de l’opéra d’André-Ernest-Modeste Grétry (créé le 9 avril 1791 à la Comédie-italienne à Paris), à l’occasion du bicentenaire de la mort du compositeur belge. Bientôt éclipsée par l’opéra romantique de Rossini, l’œuvre est animée par l’élan révolutionnaire de son temps et la détestation des Habsbourg. La représentation (sous la direction musicale de Claudio Scimone) se fait en costumes du XVIIIe s.]
Les premiers confédérés ne sont pas pressés de libérer le peuple : « Tell – Jagd auf Ewig » (2023).
2023Tell – Jagd auf Ewig / Tell – A Hunter’s Tale (CH/DE) de Luke Gasser
Luke Gasser, Reinhard J. Steiner, Anke Beining, Martina Herzog, Elisabeth Zurgilgen, Martin Fankhausen, Norbert Preuss/ Silvertrain Productions (Kägiswil)-RSC Reinhard Steiner Creation (Gossau)-Constantin Film und Entertainment AG (München)-Mooo Pictures GmbH (München)-blue Entertainment-[Praesens-Film, Zürich], 136 min. – av. Luke Gasser (Wilko vom Tellen), Kathrin Kühnel (Heiki vom Tellen, sa femme), Carlo Ljubek (le bailli Ulrich Gissler), Thomas Thieme (le duc Albrecht de Habsbourg), Reinhard J. Steiner (Wolfenschiessen), Daniel Rohr (Erni Fluhin), Werner Biermeier (Wernher Attinghausen), Christoph Kottenkamp (Wolfram von Wolfenschiessen), Lionel Podarski (le chevalier Ulrich), Markus Amrein (Kuoni von Altzellen), Monika Leuenberger (Ita von Altzellen), Sebastian Arenas-Schmid (le bailli impérial d’Uri), Marcel Zehnder (Hartwig von Wolfenschiessen), Stewart Agnew (le père Hamisch), Adrian Furrer (Walther Vürstand), Marcel Imfeld (Landammann Staupbacher).
Le réalisateur, peintre, sculpteur et musicien rock obwaldien Luke Gasser fabrique une réinterprétation iconoclaste du mythe national, traversée d’éléments magico-mystiques d’avant la christianisation (la quête du daim blanc) et redessine un ordre social où, au fond des vallées, le patriciat féodal plie l’échine devant les puissants du Saint-Empire ; le sort des serfs lui est indifférent car seul l’intéresse la liberté de commerce, et il obéit surtout à ses propres intérêts (le commerce du sel). Enfant, Tell a été témoin de l’assassinat de son père par des chevaliers brigands, et le bailli impérial d’Uri lui a donné une arbalète de chasse pour subvenir à sa petite famille. Devenu adulte, il se méfie des puissants, tient ses distances et refuse de se mêler à leurs manigances politiques, en particulier lorsqu’ils se réunissent en secret avec les représentants des autres vallées de Schwytz et d’Unterwalden pour conspirer contre Habsbourg. Gissler est déterminé de briser toute velléité d’indépendance des hommes libres et installe son chapeau sur une perche à Altdorf. Le frère du bailli interdit la chasse et confisque l’arme de Tell. Lorsque ce dernier réclame publiquement son arme lors du tribunal sur la grande place, le bailli le contraint à tirer sur une pomme placée sur la tête de son fils. Aucun dignitaire de la région n’a le courage d’intervenir en sa faveur, mais on lui facilité la fuite lorsque le bailli, soupçonnant une âme rebelle, le fait arrêter en dépit de ses promesses. Désormais, Tell mène la guérilla contre Gissler et les Habsbourg, s’attaque aux patrouilles, s’empare de leurs armes et, devenu un héros du peuple, organise la résistance. Gissler lève une armée pour écraser l’insurrection. Harcelé par les troupes impériales, le patriciat local se voit contraint de prendre position. Appuyés par la population, les féodaux autour du Landamman Staupbacher s’emparent des forteresses des baillis et libèrent la région du joug autrichien. Le message : tous des profiteurs !
 
Divers, curiosa et dessins animés (sélection) :

Guillaume Tell (1896 FR) « photoscénographe » d’Émile Reynaud. - Guillaume Tell et le Clown (1898 FR) de Georges Méliès ; Star-Film. (Suite de trucages autour d’une statue de Tell.) - The Amateur William Tell (1909 US) de Thomas A. Edison ; Edison Mfg. Co. (3 scènes). (Comedie : un petit garçon se substitue à Guillaume Tell en rêve). - How Could William Tell ? (1919 US) de Walter Lantz et Gregory La Cava, International Film Service, cartoon. - What Did William Tell (1923 US) Lee-Bradford Corp., cartoon. - Should William Tell ? (1923 US) de William H. Watson, Universal (comédie burlesque). - William Tell (1934 US) de Walter Lantz et William Nolan, série « Oswald », Universal, 6 min. (cartoon : la flèche de Tell atteint son épouse qui se venge sur Gessler.) - The Band Concert (1935 US) de Wilfred Jackson, série « Mickey Mouse », Walt Disney (Technicolor), 8 min., cartoon. - William Tell (1939 US) série « Paramount Symphonic Series ». - Popeye Meets William Tell (1939 US) de James Culhane et Dave Fleischer, série « Popeye », The Fleischer Studio/Paramount, 7 min. (cartoon : Popeye dans le rôle du fils de Tell). - William Won’t Tell (1940 US) de Seymour Kneitel et Dave Fleischer, série « Popeye », The Fleischer Studio (Paramount), 7 min., cartoon. - The Ouverture to William Tell (1947 US) de Walter Lantz, série « Musical Miniature », Universal, 7 min. – Mr. Magoo’s William Tell (tv 1964 US) d’Abe Levitov, UPA, cartoon.