« Robert Siodmak, le maître du film noir »

Éditions L'Age d'Homme, Lausanne 1981, 382 p.
Avec filmographies, bibliographies et index.
Collection « Histoire et théorie du cinéma » dirigée par Freddy Buache. [épuisé]

Allemand d'origine polonaise, naturalisé américain et décédé en Suisse, le réalisateur Robert Siodmak (1900-1973) a partagé le sort de ses confrères Fritz Lang et Max Ophüls ; comme eux, il dut s'exiler en France dès l'avènement de Hitler et travailla – de 1939 à 1953 – aux Etats-Unis. Sa carrière en dents de scie et aux péripéties souvent dramatiques (il recommença trois fois à zéro) est pourtant jalonnée de films-charnière, de rencontres mémorables. Il révéla Burt Lancaster, Ava Gardner, Charles Boyer, Brigitte Horney, Mario Adorf. Des « monstres de l'écran » comme Emil Jannings, Harry Baur, Louis Jouvet, Erich von Stroheim ou Charles Laughton ont hanté ses films.

Revu aujourd'hui, son cinéma s'avère moins éclectique, beaucoup plus cohérent et personnel qu'il n'y paraît au premier abord. Sa période d'avant-guerre, quasi inconnue hormis le classique Les hommes, le dimanche, contient quelques véritables perles (Abschied, Mollenard, Le secret brûlant d'après Stefan Zweig). Dès ses premières œuvres, Siodmak poursuivit inlassablement le même but : montrer où et quand il le pouvait l'hypocrisie des conventions sociales, la duplicité morale et l'irruption de passions dévastatrices dans une société fondamentalement névrosée. Cette mise à nu culmina dans le délire expressionniste d'ombres portées, d'escaliers en colimaçon si caractéristique de ses films hollywoodiens, aux titres évocateurs : Phantom Lady, Les tueurs, Le miroir des ténèbres… Maître du bizarre, d'un grotesque allié à un sens du réalisme quasi büchnerien, Siodmak est peut-être « un des plus remarquables cinéastes allemands qui aient œuvré dans le cinéma américain » (C. Higham). En tout cas, un des grands oubliés de l'histoire du septième Art.

En filigrane, dans cet ouvrage aussi, les étapes de la vie du romancier et scénariste de science-fiction Curt Siodmak (« Le cerveau du nabab »), frère du cinéaste.

Echo critique

« La biographie en forme de longue filmographie commentée, Robert Siodmak, le maître du film noir par Hervé Dumont (il a écrit sur Van Dyke, Dieterle et Lindtberg des monographies de première) tombe à pic. Robert Siodmak, plus que Lang l'imperturbable ou Wilder le malin, c'est un personnage à la Isherwood, écartelé sa vie durant entre Berlin et Hollywood. (...) Dumont analyse bien cette tranche sombre de l'œuvre de Siodmak et réussit à en montrer l'originalité, tandis que les pionniers Borde-Chaumeton [Panorama du film noir américain, 1955] s'égaraient un peu. Les amateurs de littérature policière, ceux qui s'interrogent sur la création aujourd'hui, ceux qui se demandent comment les conditions économiques et le talent des individus font bon ou mauvais ménage, devraient lire ces pages modestes et informées. »
Raphaël Sorin, Les Nouvelles Littéraires (Paris), 10.-17.9.1981

« La publication d'une copieuse étude d'Hervé Dumont sur Robert Siodmak, fort abondamment illustrée de surcroît, vient combler pour le lecteur français une lacune fâcheuse (...). Son étude a le mérite à la fois d'être d'une minutie scrupuleuse et de témoigner d'un désir passionné de faire mieux connaître un grand oublié des Histoires du Cinéma, à qui elle contribuera, espérons-le, à rendre sa juste place. »
L. I., Les Cahiers du Cinéma (Paris) no 327, septembre 1981

« Pour mieux comprendre et connaître un cinéaste auquel les historiens du cinéma ne se sont que partiellement et partialement intéressés, il faut (...) lire l'ouvrage d'Hervé Dumont, le premier à retracer entièrement une carrière cosmopolite et féconde et qui fait, avec passion, justice de bien des préjugés (...). Hervé Dumont rapporte des faits mal connus, analyse avec pertinence toutes les étapes de cette curieuse carrière. Cette biographie d'une lecture extrêmement agréable s'appuie sur une documentation sans faille ; elle recrée un destin, l'exercice d'un métier difficile, elle remet en cause des jugements souvent dictés par l'ignorance ou l'incompréhension, elle révèle la personnalité complexe d'un grand oublié. »
Jacques Siclier, Le Monde (Paris), 1.10.1981

Coffret DVD « Robert Siodmak » (Carlotta Films, Paris)
« Carlotta a sollicité l'autorité suprême sur Siodmak en la personne d'Hervé Dumont. D'ordinaire, les autorités ne font pas nécessairement les meilleures interviews, mais le directeur de la Cinémathèque suisse n'est pas qu'un spécialiste ordinaire, auteur de deux des meilleures biographies de cinéma (l'autre est sur Borzage). Il a aussi été l'un des premiers Européens à écrire sur les films avec une compréhension exacte de la façon dont ils étaient fabriqués sous le système des studios. Avec Dumont, les éclairages et intuitions viennent d'une connaissance de la popote, des circonstances exactes de la production des films, et c'est presque toujours une connaissance de première main des documents et des hommes. On peut mesurer l'immense différence d'intérêt entre ses interventions et les autres essais proposés ici. »
Philippe Garnier (Los Angeles), Libération (Paris), 18.4.2007

Écrits annexes :

« Robert Siodmak – Regisseur », in : « Cinegraph (Lexikon zum deutschsprachigen Film) », Lg. 14, éd. Hans-Michael Bock, Verlag text+kritik, München, Hamburg, 1984, 40 p.

« Die drei Karrieren des Robert Siodmak », in : « Filmpodium » (Zurich), décembre 1988, pp. 2-5

« Traurig, dass er als teutonischer Hitchcock galt. Robert Siodmak, ein Leben für den Film » et « Macht er's Licht an, wirds erst recht unheimlich », in : « Die Weltwoche » (Zurich) no. 5, 2.2.1989, p. 55-56 + no. 6, 9.2.1989, p. 61-62

« Robert Siodmaks avantgardistische Filme » (pp. 142-151), in : « Filmkultur zur Zeit der Weimarer Republik », ouvrage collectif dirigé par Uli Jung et Walter Schatzberg (Cinémathèque Municipale de Luzembourg ; Clark University, Worcester MA, ; Goethe Institut München ; Thomas-Mann-Bibliothek Luxemburg), K. G. Saur, München, London, New York, Paris 1992, 322 p.

« Robert Siodmak in der Bundesrepublik » (pp. 260-267), in: « Geliebt und verdrängt. Das Kino der jungen Bundesrepublik Deutschland von 1949 bis 1963 », éd. Claudia Dillmann, Olaf Möller, éd. Deutsches Filminstitut/DIFF (Frankfurt am Main) et Festival del Film Locarno, 2016

Présentation de Robert Siodmak et de « The Dark Mirror (Double énigme) » (1946) (21 min.) – Wild Side Vidéo, Paris 2004

 

« Robert Siodmak, le maître du film noir » Editions Ramsay Poche Cinéma, Paris 1990, 382 p. (réédition du précédent en livre de poche)

Edition espagnole  :
« Robert Siodmak. El Maestro del Cine Negro » Festival de San Sebastian/Filmoteca Española, Madrid 1987 (traduction par Gonzalo Goikoetxea), 243 p.