Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

12. LES ÉTATS SATELLITES DE L’EMPIRE

12.3. Pologne : le duché de Varsovie

En 1795, après trois partages successifs entre la Russie, la Prusse et l’Autriche, l’immense État lituano-polonais (la République des Deux Nations) disparaît complètement de la carte d’Europe, victime de l’expansionnisme de ses puissants voisins. Le général Jan Henryk Dabrowski (francisé en Jean-Henri Dombrowski, 1755-1818) quitte sa patrie pour la France, pensant que servir la Révolution française sera le meilleur moyen de libérer son pays. De nombreux officiers, soldats et volontaires polonais émigrés s’engagent dans les armées des pays d’accueil. Dabrowski obtient de Paris l’autorisation de former des Légions polonaises qui sont intégrées à l’Armée d’Italie de Bonaparte. Ces unités participent à la prise de Rome (1798), de Naples (1799) et à la bataille de Marengo (1800). D’abord traitées avec désinvolture par le Directoire et le Consulat, elles finissent par constituer une élite au sein des troupes du Premier Empire.
En automne 1806, Napoléon poursuit l’armée russe en ex-territoire polonais, où il est attendu comme le « Messie ». Obligé d’hiverner sur place à Varsovie, il rencontre en janvier de l’année suivante la comtesse Maria Walewska, qui se fait auprès de lui le porte-parole de la Pologne et va lui inspirer un attachement profond. Surnommée son « épouse polonaise », elle lui donnera un fils et s’établira à Paris en 1810 (cf. chap. 2.3). Après l’écrasement des Austro-Russes à Austerlitz et des Prussiens à Iéna, Napoléon peut ressusciter un État polonais, ou du moins son ébauche, le petit et éphémère duché de Varsovie – situé sur des territoires partiellement polonais pris au royaume de Prusse lors du traité de Tilsit. Dantzig/Gdansk redevient une ville libre. Napoléon crée un gouvernement provisoire confié à des aristocrates polonais. Un Parlement composé d’une Diète et d’un Sénat est constitué. Le prince Józef Antoni Poniatowski (1763-1813) est nommé ministre de la Guerre et généralissime. (Unique général étranger à avoir été promu maréchal d’Empire, Poniatowski tombera à la bataille de Leipzig.) Un corps d’élite est intégré à la Garde impériale, les chevau-légers, qui participent à la guerre d’Espagne. Le roi de Saxe Frédéric-Auguste Ier, allié de Napoléon (ses ancêtres ont occupé le trône de Pologne de 1709 à 1762), devient aussi duc de Varsovie, mais de fait, cet État-tampon entre Vienne et Moscou est vassal de l’Empire français dont il soutient en priorité l’effort de guerre. Napoléon en a le titre de « protecteur ».
Deux ans plus tard, l’Autriche rompt sa neutralité, déclare la guerre à la France (Cinquième Coalition) et ses armées menées par le belliqueux archiduc Ferdinand envahissent le duché. Le prince Poniatowski remporte la bataille de Raszyn (avril 1809), mais devant la supériorité numérique de l’ennemi, il doit évacuer Varsovie, qui sera libérée deux mois plus tard, après la victoire de Napoléon à Wagram (août 1809). Le traité de Schönbrunn permet d’agrandir le territoire polonais en attribuant au duché une partie de la Galicie, Cracovie, Sandomierz et Lublin. Mais Napoléon avoue à des notables galiciens que le rétablissement intégral de la Pologne est momentanément impossible, sous peine de déclencher une nouvelle guerre avec la Russie. (Le tsar Alexandre tentera effectivement d’occuper le duché par une guerre éclair en 1811, mais la manœuvre échouera suite aux rapides contre-préparatifs français.)
En 1812, plus de 90 000 Polonais sont intégrés dans la Grande Armée pour marcher sur Moscou. Ceux-ci espèrent qu’après la victoire, le duché sera élevé au rang de royaume et que l’adjonction des territoires lituaniens pris par les Français permettra la restauration de l’Union de Pologne-Lituanie. Prudent, Napoléon ne fait pas de promesse claire qui lui lierait les mains. La retraite de Russie (où Poniatowksi, blessé à la Bérézina, sauve personnellement la vie de Napoléon) et la défaite écrasante à Leipzig l’année suivante anéantissent tous les espoirs : le duché ne survit pas à la chute de l’Empire et disparaît en octobre 1813. La majeure partie du duché est incorporée à l’Empire russe, l’annexion étant reconnue officiellement au Congrès de Vienne en 1814. Le tsar se fait couronner roi de Pologne, après avoir trompé le grand-duc Constantin et le général Sokolnitski à Paris. À tort ou à raison, Napoléon est considéré durant tout le XIXe siècle par les Polonais comme un héros et un libérateur. Les règles juridiques, financières, commerciales, administratives qui régissent la Pologne d’aujourd’hui puisent leurs sources en majorité dans le Code Napoléon, et l’hymne national polonais est un chant bonapartiste.
1914® Bóg wojny (Pani Walewska) [Le Dieu de la guerre / Madame Walewska] (PL/FR) d’Eduard Puchalsky. – av. STEFAN JARACZ (Napoléon), Maria Duleba (Maria Walewska), Bronislaw Oranowski (le prince Józef Antoni Poniatowski) (cf. p. 62).
1918Kniaze Józef Poniatowski (PL) d’Aleksander Hertz
Sfinks Prod. – av. Kazimierz Junoscza-Stepowski (le prince Józef Antoni Poniatowski), Józef Wegrzyn. – Vie du prince Poniatowski (1763-1813), nommé ministre de la Guerre du duché de Varsovie par Napoléon en 1807, héros de la campagne de Russie et promu maréchal de France à la veille de la bataille de Leipzig, où il sera tué.
1918[ inachevé ] Pan Tadeusz (PL) de Zygmunt Mayflauer [= Ryszard Zygfryd Mayblum]
Powszechne Towarzystwo Filmowe (Petef Produktion), 1800 m. – Première tentative d’adapter le long poème épique polonais d’Adam Mickiewicz, publié en 1834 (cf. films de 1928 et 1999). Le tournage (près de 1000 mètres de film impressionnés) est interrompu pour des raisons financières et/ou techniques.
1920® Gräfin Walewska (Napoleons Liebe) (DE) d’Otto Rippert. – av. Hella Moja (Maria Walewska), RUDOLF LETTINGER (Napoléon), Margarete Kupfer (comtesse Pelagia Walewska), Emil Heyse (comte Athanase Colonna-Walewski) (cf. p. 62).
1928Pan Tadeusz (Messire Thadée) (PL) de Ryszard Ordynski
Starfilm, 3900 m. – av. Wojciech Brydzinski (Adam Mickiewicz), Stanislaw Knake-Zawadzki (Sedzia Soplica), Jan Szymanski (le prêtre Robak), Mariusz Maszynski (Hrabia Horeszko), Leon Luszczewski (Tadeusz Soplica), Helena Sulimowa (Telimena), Zofia Zajonezkowska (Zosia), Marian Palewski (gén. Jean-Henri Dombrowski), STEFAN JARACZ (Napoléon), Jerzy Leszczynski (Stanislas II August Poniatowski, dernier roi de Pologne), Zofia Zajaczkowska (Zosia Hareszkówna), Pawel Owerlio (Podkomorzy).
Première des deux adaptations cinématographiques – après la tentative inachevée de 1918 (cf. supra) – du poème épique polonais Pan Tadeusz (Messire Thadée) d’Adam Mickiewicz, publié en 1834 et qui relate le quotidien d’une famille aristocratique lituano-polonaise avant et pendant l’arrivée de l’armée de Napoléon. Deux grands clans polonais opposés politiquement, les Soplica et les Horeszko, s’affrontent sur plusieurs générations pour la possession du château des Horeszko, devenu par le meurtre la propriété des Soplica. Il faudra attendre 1812 et la marche de la Grande Armée sur Moscou pour unir à nouveau ces ennemis de toujours. Les unités polonaises de Napoléon, commandées par le prince Poniatowski, s’engagent dans la campagne de Russie ... – Richard Ordynski confie l’adaptation de son film au célèbre romancier et auteur dramatique Ferdynand Goetel et à Andrzej Strug, mais à l’écran, le récit s’avère incompréhensible pour ceux qui ignorent la trame mickiewiczienne et des intertitres interminables, repris directement de l’œuvre originale, plombent la narration. Les extérieurs sont tournés en Lituanie et dans l’authentique château des Horeszko près de Nowogrodek. Autre adaptation et commentaires plus développés, cf. 1999.
1937Ulan ksiecia Józefa / Dziewczyna i ulan [= L’uhlan du prince Josef] (PL) de Konrad Tom
Stanislaw Szebego/Falanga Film, 79 min. – av. Witold Conti (ltn. Andrzej Zadora), Jadwiga Smosarska (Kasia), Franciszek Brodniewicz (le prince Józef Antoni Poniatowski, dit « Pepi »), Stanislaw Sielanski (Antoni Koperek, ordonnance), Seweryna Broniszówna (Komarówa), Józef Orwid (Marcin Komar), Antoni Fertner (gén. de Vieuxtemps), Wanda Jarszewska (Staroscina), Wojciech Brydzinski (le vétéran invalide), Hanna Brzezinska (cantatrice à la cour), Halina Zawadzka (Magda), Roman Deren (Lokaj), Stanislaw Grolicki (col. Polkownik), George Liedtke (officier), Tadeusz Frenkiel (un Français), Michal Halicz (le chef des espions autrichiens).
Synopsis : Ayant déclaré la guerre à Napoléon et envahi la Bavière, les armées autrichiennes attaquent le duché de Varsovie et s’emparent de la capitale (avril 1809). Commandant en chef des armées polonaises, le prince Poniatowski évacue le duché et déplace ses troupes le long de la rive droite de la Vistule en direction de la Galicie. Les officiers des uhlans sont logés à Serock (voïvodie de Mazovie) dans une auberge gérée par la belle Kasia. Celle-ci jouit d’une grande popularité parmi les officiers, mais son cœur appartient au modeste et courageux lieutenant Andrzej. En son absence, le prince Poniatowski débarque incognito de nuit dans l’auberge avec son état-major et, séducteur réputé, essaie vainement d’obtenir ses faveurs. Après son départ, Kasia est légèrement blessée lors d’une escarmouche avec des espions autrichiens ; apprenant cela, Andrzej, qui la croit mourante, quitte subrepticement son régiment pour la retrouver. Entre-temps, son régiment livre bataille et remporte une importante victoire sur les Autrichiens à Raszyn (19 avril). Refusant de révéler le motif de son absence afin de protéger la réputation de Kasia, Andrzej est accusé de désertion, la cour martiale le condamne à mort. Kasia, désespérée, implore l’aide du prince, qui se laisse fléchir et intercède en faveur de l’uhlan. Après un mois de suspension en forteresse, Andrzej regagne son régiment en Galicie. Kasia, devenue cantinière, est à ses côtés : le combat continue. (Nota bene : au même moment, Napoléon prend Vienne et s’installe à Schönbrunn, la bataille de Wagram mettra fin au conflit au début juillet.)
Un sujet imaginé par l’écrivain populaire Waclaw Gasiorowski, soutenu par une pléiade de chansons, de marches et de défilés patriotico-militaires en uniformes rutilants qui reflètent le climat à la fois exalté et angoissé de la Pologne face au III e Reich. Tournage aux studios Falanga Film à Powisle-Varsovie. Prix du Ministère de l’industrie et du commerce au festival du film de Lviv (1938).
1937® Conquest / GB: Marie Walewska (Marie Walewska) (US) de Clarence Brown. – av. Greta Garbo (Maria Walewska), CHARLES BOYER (Napoléon), Scotty Beckett (Alexandre Walewski, leur fils), Henry Stephenson (comte Athanase Colonna-Walewski), Leif Erickson (Paul Laczynski, frère de Marie), C. Henry Gordon (le prince Józef Antoni Poniatowski), Maria Ouspenskaya (comtesse Pelagia Walewska), Oscar Apfel (le comte Jan Potocki) (cf. p. 62).
1957® (tv) Marie Walewska / Napoléon et Marie Walewska (FR) de Stellio Lorenzi. – av. WILLIAM SABATIER (Napoléon), Magali de Vendeuil (Marie Walewska), Henri Nassiet (le prince Józef Antoni Poniatowski), Jean Dalmain (le comte Athanase Colonna-Walewski) (cf. p. 65).
1958® (tv) O grande amor de Maria Walewska (BR) Prod. Televisão Tupi, São Paolo. – av. JAIME BARCELLOS (Napoléon), Marly Bueno (Maria Walewska), Turíbio Ruiz (le comte Athanase Colonna-Walewski) (cf. p. 66).
1964/65**Popioły (Cendres) (PL/[DE]) d’Andrzej Wajda
Zygmunt Szyndler/ZRF « Rytm », Warszawa-Film Polski-[Atlas-Film GmbH, Duisburg], 234 min./169 min./112 min. – av. Daniel Olbrychski (ltn. Rafal/Raphaël Olbromski), Boguslaw Kierc (Krzysztof Cedro), Piotr Wysocki (le prince Jan Gintult), Beata Tyszkiewicz (la princesse Elzbieta Gintult), Pola Raksa (Helena de With), Jan Swiderski (gén. Michal Sokolnicki), JANUSZ ZAKRZENSKI (Napoléon), Stanislaw Zaczyk (le prince Józef Antoni Poniatowski), Józef Duriasz (cpt. Piotr/Pierre Olbromski, frère de Rafal), Wladislaw Hancza (le père de Rafal), Zbigniew Józefowicz (Michcik), Józef Nalberczak (le soldat errant), Zofia Saretok (la tante de Helena), Jan Nowicki (cpt. Wyganowski), Edmund Fetting (officier autrichien), Jadwiga Andrzejewska (la mère de Rafal), Barbara Wrzesinska (Zofka Olbromski, sœur de Rafal), Tadeusz Ordeyg (Jawor), Jerzy Przybylski (Nikodem Chluka), Adam Mularczyk (le vieux juif), Bronislaw Mierzejewski (Kalnicki), Janusz Sykutera (ltn. Schlussen), Jan Koecher (major de With), Zbigniew Sawan (comte Cedro), Ryszard Barycz (col. Godebski), Adam Mularczyk (Krys).
Synopsis : En 1797 sur une route d’Italie, le prince Gintult, un jeune aventurier polonais, est surpris de découvrir des compatriotes de la Légion polonaise marcher en guenilles aux côtés des armées de la République menées par Bonaparte. Quelque temps plus tard, dans ce qui reste du territoire polonais occupé par les Prussiens, une partie de la jeunesse dorée continue de vivre comme autrefois, courses en traîneaux, chasses, bals, etc. Au cours d’une fête, Rafal Olbromski tombe amoureux d’Helena et a une brève liaison avec elle. Chassé par son père après avoir été assailli par des loups et perdu son cheval, il trouve refuge chez son frère Pierre, un idéaliste libéral dont la santé est vacillante. De retour d’Italie, le prince Gintult, seigneur de Grudno et vieil ami de la famille, leur rend visite ; ayant vu à Mantoue la garnison polonaise trahie par son commandant français Foissac-Latour et livrée aux Autrichiens (flash-back), le prince ne se fie plus aux Français et ne croit plus en la possibilité d’une Pologne indépendante et libre. (Nota bene : Foissac-Latour fut dégradé et expulsé de l’armée par Napoléon.) Pierre somme Gintult de libérer ses propres serfs à Grudno, le prince s’offusque et le provoque en duel, mais Pierre succombe à une ancienne blessure. Le prince prend le jeune Rafal, pauvre, encore inculte et maladroit, sous sa férule et l’emmène dans la Varsovie prussienne. Rafal devient son secrétaire particulier, acquiert les manières du beau monde, fait vainement la cour à sa sœur, l’hautaine Elzbieta, et retrouve Krzsysztof Cedro, un camarade de lycée qui l’introduit dans la franc-maçonnerie. Lors de la cérémonie d’initiation, Rafal revoit Helena, à présent l’épouse du Grand Maître de la Loge, le général de With. Ils fuguent ensemble dans les montagnes où ils sont attaqués par des déserteurs autrichiens, des survivants d’Austerlitz. Violée, Helena se suicide, tandis que Rafal, traumatisé, est recueilli par Krzysztof.
Vainqueur de l’Autriche et de la Russie, Napoléon devient l’idole des Polonais. En 1806, après la défaite de la Prusse à Iéna et la création du duché de Varsovie, ils se remettent à espérer, croyant que l’empereur des Français leur offrira une patrie. Rafal et Krzysztof s’engagent dans l’armée polonaise mise sur pied par le prince Poniatowski. Lors d’un bal à la veille de traverser clandestinement la Vistule et rejoindre les troupes napoléoniennes, Rafal courtise la princesse Elzbieta, devenue Mme Olowska, qui lui offre une nuit d’amour. Rafal demeure aux portes de Varsovie pour combattre l’invasion autrichienne que dirige l’archiduc Ferdinand (avril 1809). Les Autrichiens sont en surnombre, car les meilleures unités polonaises sont bloquées en Espagne. Devant Raszyn, Rafal participe à la meurtrière attaque à la baïonnette qui décime son régiment, puis échappe une fois de plus à la mort lors de l’assaut de sa ville natale, Sandomierz (sur la Vistule) ; les Autrichiens y incendient sa maison, son vieux père et le prince Gintult périssent dans les flammes. Entre-temps, dans la péninsule Ibérique, Krzysztof, engagé dans la Légion polonaise de la Vistule sous le général Dabrowski, prend part à la traumatisante prise de Saragosse où il est témoin des exactions de ses compatriotes qui violent et massacrent les religieuses d’un monastère. À Somosierra, après une charge suicidaire des lanciers, il croise Napoléon, apparition messianique, visitant un hôpital militaire en plein air jonché de mutilés polonais, un ramassis d’éclopés et d’unijambistes hébétés qui l’acclament en rampant à ses pieds. L’Empereur lui demande d’exprimer un souhait. « Que ces sacrifices n’aient pas servi à rien et que la Pologne soit un jour libre ! », s’exclame-t-il. Napoléon le lui promet – du bout des lèvres. Trois ans plus tard, en 1812, toujours fidèle à l’Empereur, Krzysztof persuade Rafal de le rejoindre avec 90 000 autres compatriotes dans la Grande Armée qui marche sur Moscou. Mais l’hiver sonne le glas de l’Empire. Napoléon bat en retraite. Quelques cavaliers polonais, parmi lesquels Krzysztof, escortent son traîneau, tandis que Rafal erre, aveugle, sur un linceul de neige. Krzysztof ne le voit pas, le traîneau disparaît à l’horizon.
Ruineuse et longuissime – près de quatre heures – adaptation du best-seller postromantique de Stefan Zeromski (1904), Cendres ressuscite une Pologne martyre, partagée entre ses puissants voisins, enfin réduite à l’éphémère duché de Varsovie. Le livre fait près de mille pages, son action se déroule sur 15 ans et s’organise à partir du destin parallèle de trois héros de classes et de conditions différentes – chacun ayant sa propre destinée. C’est un peu le Guerre et Paix polonais, un ouvrage qui figure, du moins en extraits, à tous les programmes scolaires, mais que Wajda compte revisiter avec un regard très critique. Maître internationalement reconnu du cinéma polonais d’après-guerre, il tourne sa fresque kaléidoscopique en toute liberté, en scope noir/blanc (budget oblige) dans les studios Lódz. Une réalisation difficile, car des milliers de demeures de l’ancienne noblesse terrienne ayant été détruites par la Seconde Guerre mondiale et la réforme agraire communiste, il faut tout reconstituer. Les environs de Glinnik, Wyszogród, Starograd et Walewice, en Mazovie, servent notamment de décor pour la retraite de Russie et la bataille de Raszyn, le palais de Walewice près de Lowicz (où Napoléon rencontra Maria Walewska), l’église et le couvent dominicain de Sandomierz sont également mis à contribution, tandis que d’autres extérieurs sont photographiés en Yougoslavie et en Bulgarie, entre Varna et Sofia (pour l’Espagne), avec 1500 figurants de septembre 1964 à l’été 1965. Peter Batalow (Kinocenter Sofia) seconde Wajda pour diriger les unités de l’armée bulgare, les batailles sont réglées par Zbigniew Michalski, le jeune Andrzej Zulawski est assistant-réalisateur. La caméra du grand Jerzy Lipman révèle pour la première fois les traits sensibles de Daniel Olbrychski, le « James Dean polonais » qui deviendra l’acteur fétiche de Wajda.
À travers une profusion d’épisodes qui se succèdent ou s’emboîtent (retours en arrière), interrompus parfois d’images mentales, ce film plein de fureur et de désillusion suit les fameuses Légions polonaises du général Jean-Henri Dombrowski/Dabrowski dans toutes les campagnes napoléoniennes, de la Lombardie sous le Directoire à la Bérézina, une suite harassante de charniers où des agonisants polonais se redressent pour saluer un Empereur déjà empaillé dans sa légende. Les séquences espagnoles (42 minutes) sont les plus cauchemardesques, avec les massacres de rues à Saragosse auxquels participent même les fous et les folles échappés d’un asile, le viol des religieuses, la profanation des églises, le pillage des tombes, les tortures, les mutilations de part et d’autre, les exécutions sommaires à n’en pas finir, des scènes d’une sauvagerie digne des terribles eaux-fortes de Goya. Le clou spectaculaire de l’œuvre – filmé en Pologne, à Boguslawice (prov. d’Olesnica) – est la légendaire charge des lanciers dans le défilé de Somosierra au nord de Madrid contre l’artillerie retranchée espagnole, le 30 novembre 1808, un fait d’armes que les Anglais, admiratifs, appelèrent « les nouvelles Thermopyles » : en dix minutes, 125 chevau-légers polonais contraignirent à la fuite le corps d’armée du général Palafox comptant 16 000 hommes. Mais, partis dans l’espoir de reconquérir la liberté de leur patrie, les Polonais réalisent peu à peu qu’ils sont surtout utilisés par Napoléon pour noyer dans le sang les élans libertaires d’autres peuples (notamment à Saint-Domingue contre les Haïtiens noirs de Dessalines en 1802, épisode en flash-back que narre un rescapé polonais infirme, puis en Espagne contre la paysannerie patriote). Cela au prix de leurs propres vies – et pour économiser celles des Français.
Wajda livre une allégorie amère de la nation polonaise, pétrie de contradictions, ballottée entre la léthargie et l’idéalisme, entraînée malgré elle dans des conflits qui ne la concernent pas. Dupée, ou plutôt : s’étant dupée elle-même. La jeunesse de l’aristocratie est arrogante, oisive et sans but, les serfs sont traités comme du bétail. À la fin du film, dans les plaines enneigées de Russie, Rafal, vêtu de guenilles et de paille, entend passer le traîneau impérial ; il lève le bras, cherche en vain du secours, ses yeux sont morts : il est aveugle, au propre comme au figuré. Le film se clôt sur le visage sévère, indifférent et froid de Napoléon. À sa sortie, l’œuvre est violemment prise à parti par les autorités à Varsovie et par une fraction de la critique polonaise qui, au nom de Zeromski, s’érigent en spécialistes de la littérature et contestent la vision « révisionniste » de l’Histoire nationale martelée par le film. Seul le patriotisme immaculé d’un Sienkiewicz est alors politiquement admis et ce tombeau cinématographique du romantisme polonais choque. Dans Polityka, Kazimierz Wyka défend toutefois l’œuvre de Wajda – qualifiée de « création extraordinaire » – avec véhémence : « Ma première réaction a été l’horreur de penser que, moi aussi, je faisais partie de cette nation dont on nous montre les terribles exactions à l’écran. Il faut une sorte de courage cruel pour montrer son propre pays dans cette lumière, doublé d’un exhibitionnisme horrifique ( ...). Regardez-nous comme nous sommes vraiment : féroces et insensés, mais fidèles et loyaux jusqu’au bout. Comme nous sommes courageux, comme nous savons mourir, comme nous sommes immortels, à l’instar de l’hymne national chanté au début du film ! ( ...). Une nation écervelée, sans hommes d’État, suivant stupidement son chemin vers l’oubli et la mort ; une nation pourvue de cœurs et de poings pour se battre, mais rien d’autre. Quiconque ne s’y reconnaît pas devrait sérieusement s’interroger sur sa propre compréhension de l’Histoire » (13.10.65). Wajda propose une confrontation brutale non avec l’Histoire, mais avec la mythologie nationale, l’héroïsme futile, les légendes et les clichés romantiques qui se sont greffés sur elle. En faisant cela, il déclenche dans son pays des controverses et discussions sans bornes, qu’aucun sujet contemporain n’aurait suscité : son traitement résolument moderne, personnel et lyrique des formulations schizophrènes de Zeromski ouvre la porte aux remises en question embarrassantes du présent à travers le passé. Qu’a vraiment fait la Pologne depuis 1812 ? Le Parti communiste n’apprécie pas.
L’accueil en Europe de l’Ouest, ou Zeromski et sa thématique sont largement inconnus, est mitigé pour d’autres raisons. Exploité en deux parties en Pologne, le film est présenté au festival de Cannes de 1966 dans une version de 169 minutes (raccourcie par Wajda lui-même), puis réduit à 112 minutes par Nicholas Ray pour les coproducteurs-distributeurs ouest-allemands d’Atlas-Film. Autant dire qu’il n’en reste pas grand-chose. Certains critiques n’y voient qu’une fresque épuisante, confuse et pompière ; d’autres y lisent même une exaltation guerrière du passé... Curieusement, L’Humanité (communiste) se montre plus sensible en notant fort à propos : « On s’égare parfois dans les méandres de cette œuvre étrange, à la fois belle comme une tapisserie et terrible comme un cauchemar » (7.5.66). Le début traduit en termes purement visuels la léthargie et l’inconscience d’un pays sans identité, l’amertume ou l’irresponsabilité de la noblesse, le fatalisme du petit peuple. Avec la guerre, on passe subrepticement de l’exaltation à la tragédie. Les séquences épiques qui abondent surtout dans la deuxième moitié ne sont jamais filmées comme des tableaux, Wajda ne permettant au spectateur ni de prendre ses distances ni de s’identifier, au contraire : il le déroute en alternant brusquement plans généraux et gros plans, et en passant sans crier gare de l’hyperréalisme à la stylisation symboliste. L’anonymat du flux de fantassins, de cavaliers, de chevaux paniqués, happés ou non par la mitraille, vide progressivement les événements représentés de leur sens : les combats, une succession de morts sans gloire, en sont dépourvus. Certes, Wajda est parfois dépassé par le gigantisme de la tâche qu’il s’est imposée, l’interprétation (Olbrychski mis à part) manque d’éclat, de nuances, et le tout n’est pas exempt de longueurs. Mais rares sont les critiques qui perçoivent les qualités foncières de cette épopée torrentueuse, à l’évolution lente, ponctuée de compositions baroques insolites et plongée du début à la fin dans une envoûtante succession de teintes grises comme le désespoir. Wajda livre, en fin de compte, derrière sa façade esthétisante et la suprême élégance de ses mouvements d’appareils, une superproduction historique d’une rare noirceur, un OVNI totalement inconcevable dans le cinéma d’aujourd’hui, que ce soit à Varsovie, à Paris ou à Hollywood. – DE : Legionäre, Die Legion, RDA : Zwischen Feuer und Asche, US : The Ashes, ES : Cenizas.
1966® Marysia i Napoleon (Maria et Napoléon) (PL) de Leonard Buczkowski. – av. Beata Tyszkiewicz (Maria Walewska), GUSTAW HOLOUBEK (Napoléon), Juliusz Luszcewski (le comte Athanase Colonna-Walewski), Halina Kossobudzka (la duchesse Jablonowska) (cf. p. 66).
1969® (tv) Marie Walewska (FR) d’Henri Spade. – av. ROGER COGGIO (Napoléon), Danielle Volle (Marie Walewska), Jany Hold (comtesse Nadia Jablonowska), André Falcon (le prince Józef Antoni Poniatowski), Henri Piégay (col. Teodor Laczynzki), Paul Amiot (le comte Athanase Colonna-Walewski), Daniel Bremont (Józef Wybicki) (cf. p. 68).
1972(tv) Le Joueur d’échecs / Il giocatore di scacchi (FR/IT/HU/CH/BE) de Christian-Jaque
Série « Les Grandes Évasions historiques / Les Évasions célèbres » no. 5, ORTF-Pathé Cinéma-Hungarofilm (TF1 3.4.72), 55 min. – av. Zoltan Latinovits (baron Johann Wolfgang von Kempelen), Robert Party (col. Glücker), Karoly Mecs (ltn. Woronski), Jacques Castelot (Voltaire), ROBERT MANUEL (Napoléon), Istvan Bujtor (Johann Nepomuk Maelzel), Roger Dumas (Dr. Oslovski).
Synopsis : En janvier 1807 en ex-Pologne, dans le duché de Varsovie nouvellement créé. Napoléon, qui vient de libérer une partie du pays des Prussiens et Autrichiens après sa victoire à Iéna décide de passer la nuit à Chelmno, au château du baron Kempelen. Celui-ci est mort en 1804 à Vienne, et c’est le génial mécanicien Johann Nepomuk Maelzel (inventeur du métronome) qui a racheté ses automates. Napoléon est battu aux échecs et exige en toute confidence de connaître le secret du « joueur mécanique » ... En 1776, raconte Maelzel, le lieutenant Woronski, un brillant joueur d’échecs, prit la tête du soulèvement manqué contre les Prussiens du cruel colonel Glücker. Woronski fut blessé, Kempelen le cacha à l’intérieur de son automate pour le transporter en Hongrie. Le joueur d’échecs, appelé le « Turc », dut d’abord battre Voltaire et Frédéric le Grand aux échecs à Sans-Souci pour obtenir un visa de sortie. Avant de traverser la frontière prusso-hongroise, Woronski étrangla le méfiant Glücker qui avait découvert le subterfuge. à sa mort, Kempelen légua son château au lieutenant Woronski, que Napoléon découvre stupéfait à l’intérieur de l’automate. Le héros polonais fut jadis amputé de ses deux jambes (ce qui permettait de l’introduire dans la cachette), Kempelen lui en fabriqua de nouvelles. – Un téléfilm sans temps morts tourné en couleurs en Hongrie, dans les studios Mafilm à Budapest. En vérité, le Turc mécanique a vaincu Napoléon à Schönbrunn en été 1809, pendant la campagne de Wagram. L’Empereur aurait dispersé les pièces du revers de la main et quitté la pièce en vitupérant.
1974® (tv) Napoleon and Love - 6. Marie Walewska (GB) de Jonathan Alwyn. – av. IAN HOLM (Napoléon), Catherine Schell (Marie Walewska), Nicholas Oakhill (Alexandre Walewski, leur fils), Vladek Sheybal (le prince Józef Antoni Poniatowski) (cf. p. 68).
1990/91® (tv) Napoléon et l’Europe / Napoleon i Europa – 3. Marie Walewska / Napoleon w Warszawie (FR/PL) de Krzysztof Zanussi. – av. JEAN-FRANÇOIS STÉVENIN (Napoléon), Joanna Szczepkowska (Maria Walewska), Daniel Olbrychski (le prince Józef Antoni Poniatowski), Marek Kondrat (le prince Adam Czartryski) (cf. p. 69).
1999*Pan Tadeusz (Pan Tadeusz. Quand Napoléon traversait le Niémen) (PL/FR) d’Andrzej Wajda
Lew Rywin, Michal Szczerbic, Margaret Ménégoz/Les Films du Losange-Heritage Films-Canal+ Polska-Televizia Polska-Studio Canal+ France-Apollo Film (Cracovie)-Film Art (Poznan)-Odra Film (Wroclaw)-Silesia Film (Katowice)-Comité du Cinéma APF-Max Film (Varsovie)-Neptun Film (Gdansk), 150 min./125 min. (FR). – av. Boguslaw Linda (l’abbé Robak alias Jacek Soplica), Daniel Olbrychski (Gervais/Gerwazy), Michal Zebrowski (Messire Tadeusz Soplica), Andrzej Seweryn (le juge Sedzia Soplica, son oncle), Grazyna Szapolowska (Télimène/Telimena), Alicja Bachleda-Curus (Sophie/Zosia Horeszkówna), Marek Kondrat (le comte Horeszko), HENRYK BARANOWSKI (Napoléon), Krzysztof Kalbaziuk (gén. Jozef Dabrowski), Krzysztof Kolberger (Adam Mickiewicz), Sergueï Chakourov (Rykow), Jerzy Binczyckji (Maciej Królik-Rózeczka), Jerzy Trela (Podkomorzy), Jerzy Gralek (Wojski), Marian Kociniak (Protazy), Piotr Gasowski (le régent), Andrzej Hudziak (l’assesseur), Wladyslaw Kowalski (Jankiel), Krzysztof Globisz (major Plut).
Troisième des adaptations cinématographiques – après la tentative inachevée de 1918 et le film muet de 1928 (cf. supra) – du long poème épique polonais Pan Tadeusz (Messire Thadée ou La Dernière Expédition judiciaire en Lituanie. Scènes de la vie nobiliaire des années 1811 et 1812 en douze chants) d’Adam Mickiewicz, un monument de la littérature romantique polonaise rédigé en exil à Paris en 1834, après l’écrasement de l’insurrection contre la Russie de 1831 et la fuite de nombreux Polonais en France. Pour adapter l’ouvrage, le grand Andrzej Wajda, 73 ans, a réuni la crème du cinéma polonais et promené sa caméra aux quatre coins du pays, dans la voïvodie de Mazovie (Józefów, Kazun, Leoncin, Lomianki, Modlin, Natolin, Sierpc) et son chef-lieu, Varsovie (château royal, citadelle, vieille ville), dans la région de Lodz (Turowa Wola, tribunal de Piotrków) et de Podlachie (Smolnik). Son film débute et s’achève par une scène montrant Mickiewicz à Paris en train de lire des extraits de son poème à des compatriotes.
Synopsis : En Lituanie polonaise, deux grandes familles s’affrontent, les Soplica, alliés des Russes, et les Horeszko, partisans de l’indépendance. Vers 1793, le dernier grand seigneur Horeszko est tué par Jacek Soplica qui reçoit en récompense des mains de l’occupant russe le château familial des Horeszko. Vingt ans plus tard, pour expier ses péchés, le meurtrier a endossé la bure d’un moine bernardin sous le nom de père Robak. Il a fait éduquer à ses frais Sophie, descendante des Horeszko, par son frère, le juge Soplica, dans l’intention de la marier à son fils, Tadeusz. Ainsi, le château reviendrait à l’héritière légitime tout en restant dans la famille Soplica. Ses études terminées, Tadeusz rentre au pays, chez son oncle, tuteur de Sophie, mais confond cette dernière avec sa « tante » Télimène, une cousine Soplica dont il tombe passagèrement amoureux – ce qui contrecarre les projets d’union des deux familles, jusqu’à ce que le quiproquo soit éclairci. Entre-temps, un lointain oncle, le comte fantasque Horeszko, s’est fait attribuer le château délabré par jugement et revient pour en prendre possession. Un procès interminable menace. Gervais, fidèle serviteur du comte, témoin de l’ancien meurtre et vivant caché dans les ruines du château en litige, fomente une révolte en rassemblant les nobles des environs et attaquant le manoir des Soplica. Ceux-ci sont faits prisonniers, mais la soldatesque russe intervient, provoquant l’union immédiate de tous les Polonais, amis et ennemis. Pris de panique, décimés, les Russes se rendent. Durant la bataille rangée, Robak-Soplica est tué. C’est alors qu’on apprend la nouvelle : nous sommes en juin 1812 et Napoléon en marche sur Moscou vient de franchir le Niémen. Réconciliés, les clans des Horeszko et des Soplica partent avec la Grande Armée combattre le Moscovite. Les survivants reviendront couverts d’honneur et de gloire ; le comte retrouvera la capricieuse Télimène fiancée à un autre, Tadeusz épousera Sophie – et tout se termine en danse, par une « polonaise », grand rituel collectif.
Évocation lyrique de la patrie perdue, rayée de la carte, écrasée sous la botte et le knout du tsar, le chef-d’œuvre de Mickiewicz entremêle épopée, diatribe politique, idylle et le souvenir de traditions et usages immémoriaux. Napoléon suscite l’espoir, redonne courage (on tait la Bérézina), et l’humour sous-jacent du poète, son ironie, son sens de la dérision tempèrent l’amertume comme la grandiloquence des sentiments. La retraite de Russie et la désillusion des Légions de Poniatowski, Wajda l’a déjà servie dans Cendres en 1965, tiré d’une autre œuvre littéraire nationale, de Stefan Zeromski (cf. supra). En ressuscitant une Pologne ancrée dans ses racines campagnardes, le cinéaste souhaite surtout toucher ses contemporains en Pologne à la recherche d’un point d’appui dans le passé, fût-il romantique ou idéalisé, et peu préparés aux transformations politiques postcommunistes. Vu sous cet angle, le pari est largement gagné : Wajda, scrupuleusement fidèle au livre, confère à sa fresque la maîtrise formelle, la caméra virevoltante, les nuances de coloris, la flamboyance baroque et cette somptuosité dont il a le secret depuis 50 ans. Mickiewicz figurant obligatoirement au programme scolaire, l’accueil critique et public en Pologne dépasse toute attente (5,5 millions de spectateurs dans 130 salles) : c’est le plus grand succès de Wajda dans sa patrie. En revanche, ce qui est aussi nouveau pour le cinéaste, le marché international boude son film dont la matière « identitaire » est trop spécifiquement liée à son pays d’origine et auquel il manque l’étincelle susceptible de passionner un public plus universel. Lauréat de 6 Aigles aux prix du cinéma polonais 2000 dans la catégorie meilleur film, réalisation, interprétation (G. Szapolowska), musique, photo, son, montage et décors, plus trois nominations : scénario (Wajda), interprète (B. Linda) et producteur (L. Rywin). Cette même année, Wajda décroche un Oscar honorifique à Hollywood pour sa carrière. Le film est présenté aux festivals de Berlin 2000 et de Mar de Plata 2001. – Nota bene : Adam Hanuszkiewicz avait déjà préparé une série télévisée en 1970/71 qui ne s’est jamais concrétisée. – GB, US : Pan Tadeusz – The Last Foray in Lithuania.