Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

9. NAPOLÉON FACE À L’IRRÉDUCTIBLE ANGLETERRE

9.4. L’amiral Horatio Nelson, Lady Hamilton et Trafalgar (1805)

Affecté en 1793 à l’escadre de l’amiral Hood en Méditerranée, Horatio Nelson (1758-1805) participe au blocus de la Corse, s’empare de Bastia et de Calvi (1794) et perd l’œil droit au siège de cette dernière ville. Sa manœuvre audacieuse à la bataille de Saint-Vincent, où il s’empare de deux vaisseaux espagnols alliés à la France, lui vaut d’être fait contre-amiral (1797). Il perd son bras droit au large de Santa Cruz de Tenerife. L’année suivante, il réussit à anéantir la flotte de l’expédition d’Égypte de Bonaparte dans la baie d’Aboukir. à Naples, les Bourbons sont en guerre contre le Directoire, la ville est en main des révolutionnaires. Nelson exige une reddition sans conditions et fait pendre l’amiral napolitain Caracciolo (juin 1799). Alors qu’il est marié depuis onze ans, il a une liaison passionnée avec Emma Hamilton (née Cadogan, 1765-1815), l’épouse de l’ambassadeur britannique à la cour de Naples, William Hamilton. Emma devient sa maîtresse, vit ouvertement avec lui à son retour en Angleterre et lui donne une fille, Horatia. Nommé vice-amiral (1801), puis commandant de l’escadre de la Méditerranée (1803), Nelson surprend les flottes combinées française et espagnole à la sortie de Cadix et leur livre bataille le 21 octobre 1805 au large du cap de Trafalgar. C’est un combat décisif où s’affrontent soixante vaisseaux, trente-cinq mille hommes et cinq mille canons. Nelson, à bord du « HMS Victory », remporte une victoire complète, mais il est tué par un gabier (sniper) au cours de l’action. Suite à ce désastre naval français, Napoléon abandonne définitivement ses vues sur l’Angleterre. Considéré comme un héros, Nelson reçoit des funérailles nationales, sa dépouille est inhumée dans la cathédrale Saint-Paul.
1897The Death of Nelson (GB) de Philip Wolff
(+ prod.), 45 m. – Tableau vivant d’après les toiles de West et Devis (cf. infra, 1905).
1905The Death of Nelson (GB) de Lewin Fitzhamon
Hepworth Mfg. Co., 83 m. – av. Sebastian Smith (Horatio Nelson), Tim Mowbray. – Scènes historiques tournées dans les studios du pionnier britannique Cecil Hepworth à Walton-on-Thames et qui s’inspirent évidemment des fameux tableaux de Benjamin West (1806) et d’Arthur William Devis (1807) dépeignant la mort du héros national.
1905Incidents in the Life of Lord Nelson (GB) de Harold Jeapes
Graphic Pictures, 250 m.
1907Nelson’s Victory (GB) d’Arthur Gilbert
British Gaumont (Chronophone Films), 1 bob. (env. 3 min.). – av. Max Darewski. – Film parlant (« phonoscène ») sonorisé par disque, un brevet de Léon Gaumont reliant un projecteur de cinéma et un phonographe, puis un gramophone.
1909Il figlio di Nelson / Il figlio di Nelson e l’uccisione dell’ammiraglio Caracciolo (IT) d’Oreste Mentasti
Itala Film, Torino, 269 m. – L’Italie se remémore l’amiral républicain Francesco Caracciolo (1752-1799), présenté ici comme la victime de Lady Emma Hamilton. En 1793, il commandait l’escadre napolitaine qui participa aux coups de main des Britanniques contre Toulon, mais en 1798, après avoir été humilié par la cour, il se rallia aux révolutionnaires jacobins. Le film brode allègrement : l’immorale Lady Hamilton veut attirer Caracciolo dans son lit. Le vaillant marin, plus préoccupé par l’avenir politique du royaume de Naples que par la bagatelle, l’éconduit. Emma jure de se venger. Un soir dans la baie, il sauve de la noyade le fils de Nelson, mais refuse de révéler son identité au vieux précepteur qui en avait la charge. Emma a assisté à la scène et se tait. Lorsque Caracciolo déchire les ordres écrits du roi de Naples, il est condamné à mort. Nelson veut le sauver, Emma l’en empêche. Le jour de l’exécution, le fils malade de Nelson reconnaît son sauveur sur le point d’être pendu à bord d’une frégate. Il alerte son père, trop tard. L’enfant s’évanouit. Écrasé par les remords et horrifié par le comportement vindicatif d’Emma, Nelson chasse sa maîtresse... Joli mélo, sauf que Nelson n’a jamais eu de fils, n’a rien fait pour sauver Caracciolo (au contraire) – et qu’il n’a bien sûr jamais répudié Lady Hamilton !
1911The Battle of Trafalgar (La Mort de l’amiral Nelson) (US) de J. Searle Dawley
Thomas A. Edison Manufactoring Co., 304 m./env. 20 min. – av. Sydney Booth (Horatio Nelson), Laura Sawyer (Lady Emma Hamilton), Herbert Prior, James Gordon, Charles Ogle.
Premier film américain sur le sujet, fabriqué aux studios Edison à Bronx Park (New York City). La critique américaine salue les divers tableaux héroïques à bord du « Redoutable » et du « Victory » et félicite la production de ne pas s’être trop attardée sur la vie sentimentale « moralement peu recommandable » du grand amiral. Quant à la presse française, elle précise que « ce film est composé avec un soin et une impartialité qui le rendent irréprochable au point de vue du patriotisme » (Ciné-Journal, 21.10.11).
1914Black-Eyed Susan / In the Days of Trafalgar (GB) de Maurice Elvey
British & Colonial Kinematograph Company Ltd., 2864 ft./872 m. – av. Elizabeth Risdon (Susan Lorman), Frederick Groves (William Lorman), A. V. Bramble (Hatchet), M. Gray Murray (cpt. Crosstree), Henry Kitts (Doggrass), J. Del Lungo (Raker).
Synopsis : Napoléon menace d’envahir l’Angleterre. William Lorman, qui vit heureusement avec son épouse Susan dans un cottage, est placé sous les ordres de Nelson à bord du navire amiral « HMS Victory ». La bataille de Trafalgar fait rage, le vaisseau s’approche du « Redoutable ». Affairé aux canons, William s’aperçoit trop tard qu’un tireur d’élite français sur la hune a mis Nelson en joue. L’amiral s’effondre, mortellement blessé ; William aborde le navire ennemi, grimpe sur son mât et tue l’assassin de Nelson. La victoire remportée, il rentre chez lui où il découvre que Susan est harcelée par son oncle, Hatchet, un hôtelier corrompu, et par son propre capitaine et ami Crosstree qui, sous l’emprise de l’alcool, cherche à la séduire. Ayant roué de coups son supérieur, William est traduit devant une cour martiale et condamné à la pendaison. Mais Susan obtient sa grâce de l’Amirauté et, avec le soutien de Crosstree, repentant, elle parvient à déjouer les manœuvres de Hatchet qui tente de s’emparer du document officiel. Revêtue de l’uniforme du capitaine, elle rejoint le navire juste à temps pour sauver la vie de son mari.
Adaptation de la comédie en trois actes Black-Eyed Susan ; or, All in the Downs de Douglas Jerrold (1827), une pièce populaire qui dénonçait par l’humour la corruption et la lutte des classes. Filmé dans les studios de Hoe Street à Walthamstow, près de Londres. – US : The Battling British.
1918Nelson : The Story of England’s Immortal Naval Hero (GB) de Maurice Elvey
Low Warren/Master-International Exclusives-Apex Film Co. Ltd., 2133 m./70 min. – av. Donald Calthrop (Horatio Nelson), Malvina Longfellow (Lady Emma Hamilton), Ivy Close (Fanny Nesbit, Lady Frances Nelson), Ernest Thesiger (Sir William Pitt), Allan Jeayes (Sir William Hamilton), Edward O’Neill (Ferdinand IV, roi de Naples), Eric Barker (Nelson enfant), Edward [Teddy] Arundell (cpt. Berry), l’amiral Sir Robert Freemantle (lui-même).
Un premier biopic conséquent sur Nelson, qui se veut à la fois un spectacle patriotique d’envergure et la glorification de l’« esprit britannique » au lendemain de la Grande Guerre. Quoique s’affirmant inspiré par le lyrisme d’un D. W. Griffith, Maurice Elvey suit scrupuleusement, étape par étape, les chapitres de l’hagiographie de Robert Southey, Life of Nelson (1813) et s’égare plus d’une fois dans la propagande pure et simple. Il atténue toutefois les propos désobligeants de Southey (et de Nelson) envers la France, devenue l’alliée de 1914-1918 ; Napoléon, le despote, est représenté de telle sorte qu’il ne puisse être identifié visuellement avec le peuple français. L’amiral Sir Robert Freemantle apparaît à l’écran pour rappeler à un jeune adolescent les hauts faits de la marine britannique, depuis l’Armada jusqu’à la Première Guerre mondiale, et l’inciter à suivre l’exemple héroïque de Nelson, dont on montre toutes les grandes victoires (Bastia, Calvi, St. Vincent, Aboukir, Tenerife, Copenhague). Donald Calthrop ressemble idéalement à son modèle. Elvey filme au presbytère de Norfolk, où Nelson passa son enfance. L’affrontement de Trafalgar est tourné à bord de l’authentique trois-mâts « HMS Victory » de Nelson, préservé comme navire-musée à Portsmouth et prêté par l’Amirauté. Quant à la liaison avec Lady Hamilton et les complications de la vie privée de Nelson (y compris Horatia, l’enfant illégitime), on passe dessus comme chat sur braise.
1919The Romance of Lady Hamilton (GB) de Bert Haldane
Famous Pictures, 7 bob./2133 m. – av. Malvina Longfellow (Lady Emma Hamilton), Humberston Wright (Horatio Nelson), Cecil Humphreys (Charles Greville), Jane Powell (Irene Greville), Teddy Arundell (George, prince de Galles), Frank Dane (Ferdinand IV, roi de Naples), Maud Yates (Marie-Caroline de Habsbourg, reine de Naples), Barbara Gott (Mrs. Kelly), Will Corrie (Featherstonehaugh), Irene Tripod (Mrs. Budd).
Une fiction axée sur la vie sentimentale d’Emma Hamilton, où l’actrice américaine Malvina Longfellow, une élégante noiraude, reprend le rôle d’Emma Hamilton qu’elle a tenu l’année précédente dans le Nelson de Maurice Elvey (cf. supra). Elle sera également Madame Récamier dans un court métrage de 1923 (cf. p. 197).
1921*Lady Hamilton (DE) de Richard Oswald
Richard-Oswald-Film GmbH, Berlin, 3367 m./7 actes/121 min. – av. Liane Haid (Lady Emma Hamilton), Conrad Veidt (Horatio Nelson), Werner Krauss (Lord William Hamilton), Reinhold Schünzel (Ferdinand IV, roi de Naples), Else Heims (la reine Marie-Caroline de Habsbourg), Anton Pointner (Charles Greville), Georg Alexander (George, prince de Galles), Theodor Loos (le peintre George Romney), Louis Ralph (Tom, un matelot), Gertrud Welcker (Arabella Kelly), Käthe Waldeck-Oswald (Jane Middleton), Hugo Döblin (Dr. Graham), Paul Bildt (prince Francesco Caracciolo), Julie Serda (Lady Frances Nelson), Hans Heinrich von Twardowsky (Josua, son fils), Claire Krone (Mary Lyon, mère d’Emma), Georg John et Karl Romer (des Jacobins).
Pour s’imposer sur le marché international, le producteur-réalisateur berlinois Richard Oswald cherche des sujets intellectuellement stimulants et des performances d’acteurs d’une grande intensité psychologique. Il rédige son script d’après les romans Liebe und Leben der Lady Hamilton (1910) et Lord Nelsons letzte Liebe (1916) de Heinrich Vollrath Schumacher. Intéressé surtout par les drames sociaux et la peinture de mœurs, le cinéaste met en avant l’ascension calculée, réfléchie d’Emma Lyon dans une société hypocrite qu’elle perce très tôt à jour. Le portrait que Romney fait d’elle l’aide à s’introduire dans les cercles de pouvoir, de même que Lord Hamilton, son mari, cachera plus tard rancune, jalousie et orgueil blessé pour tirer de la liaison de son épouse avec le héros national des avantages personnels, avant de pouvoir se venger cruellement. Femme émancipée avant l’heure, connaissant la valeur de son corps, Emma utilise d’abord ses attraits pour survivre, ensuite pour soutenir politiquement celui qu’elle aime. Une vision grinçante, au cours de laquelle Nelson, ambitieux, passionné mais défiguré par la guerre, finit tel une marionnette pathétique et désarticulée.
Oswald voit grand : il filme son récit durant huit mois sur les sites historiques à Rome, à Naples (palais royal de Caserte), à Venise, en Sicile, en Angleterre, à Lubeck, à Hambourg et à Travemünde, puis dans les ateliers Joe May de Berlin-Weissensee. Pour sa première superproduction, calquée sur le modèle américain, il parvient à réunir l'élite du cinéma allemand ; on relève en particulier un vice-amiral Nelson hyperromantique campé par l'envoûtant Conrad Veidt (le somnambule tueur du Cabinet du docteur Caligari en 1919), à la fois volontaire et timide, la jeune Viennoise Liane Haid (à ses débuts) d’une intensité toute intériorisée, et Werner « Caligari » Krauss, qui évoluent dans les décors stylisés mais particulièrement soignés de Paul Leni. Quant à la photo de Karl Freund, elle évoque plus d’une fois les tableaux de Hogarth. Mais le réalisateur aligne ses séquences sans trop d’explications, au détriment de la continuité et de la tension dramaturgique. Distribué avec succès dans toute l’Europe, le film est toutefois interdit aux adolescents et amputé de diverses scènes aux États-Unis (1923), où Oswald peut vendre sa production pour 175 000 $, une fortune en temps d’inflation. Fort des excellentes recettes récoltées sur le marché européen, le cinéaste inaugure à Berlin une série de grandes fresques historiques ; la suivante, Lukrezia Borgia (1922), réunira à nouveau Liane Haid et Conrad Veidt.
1926Nelson (GB) de Walter Summers
British Instructional Films, Ltd. (H. Bruce Woolfe)-New Era, 2435 m./88 min. – av. Cedric Hardwicke (Horatio Nelson), Gertrude McCoy (Lady Emma Hamilton), A. Healy (Sir William Hamilton), Cathleen Nesbitt (Lady Frances Nelson), Forbes Dawson (amiral Sir John Davis), Michael Brentford (Josiah Nesbit), L. Toppenham (vice-amiral Cuthbert Collingwood), Philip Howland (amiral Sir Thomas Troubridge), Frank Arlton (gouverneur colonial), Pat Courtney (Nelson enfant), Frank Perfitt (cpt. Sir Thomas Masterman Hardy), Jarvis Walter (cpt. Sir Henry Blackwood), Gladys Harvey, Johnny Butt.
Une biographie scrupuleuse de Nelson, en quelque sorte le remake du film de Maurice Elvey en 1918 et que Summers – capitaine à l’armée décoré de la Military Cross et de la Distinguished Service Medal – a adapté lui-même, à nouveau d’après l’incontournable The Life of Nelson de Robert Southey (1813). La bande patriotique est bien sûr tournée avec l’approbation de l’Amirauté, qui met exceptionnellement à disposition de British Instructional (dont c’est la première œuvre de fiction) trois navires authentiques, survivants des jours glorieux de Nelson : la frégate « Foudroyante », le deux-ponts « Implacable » et le trois-ponts « Victory » sur lequel le vice-amiral est décédé à Trafalgar. Les intérieurs sont réalisés aux studios Stoll de Surbiton (Kingston-upon-Thames). Le résultat est un peu figé, lent et didactique, mais le futur Sir Cedric Hardwicke, alors un des princes du théâtre britannique, surprend par un jeu d’une sobriété et d’une justesse remarquables face à la caméra. Le film montre notamment l’enfance du grand marin, son premier voyage en mer à 23 ans, ses exploits aux Indes occidentales, sa rencontre avec Fanny Nesbitt, sa future épouse, et illustre même la Révolution française (la prise de la Bastille). On voit comment Lady Hamilton convainc la reine de Naples d’aider la flotte anglaise à combattre Napoléon et la France qui a guillotiné sa sœur Marie-Antoinette. Mais elle n’est pas autorisée à assister à la réception triomphale que la cour organise pour Nelson à son retour à Londres, et celui-ci la rejoint à la campagne.
1927® Napoléon (FR) d’Abel Gance. – av. Olaf Fjord (Horatio Nelson), W. Percy Day (l’amiral Sir Samuel Hood). – En juin 1793, au large de la Corse, Nelson aperçoit le brick transportant la famille Bonaparte vers la France ; il hésite à ouvrir le feu ... puis laisse filer le « petit poisson » (cf. p. 6).
1929*The Divine Lady (Lady Hamilton) (US) de Frank Lloyd
Walter Morosco, F. Lloyd, Richard A. Rowland/First National Pictures-Vitaphone, 105 min. – av. Corinne Griffith (Lady Emma Hamilton), Victor Varconi (Horatio Nelson), H. B. Warner (Sir William Hamilton), Ian Keith (Hon. Charles Greville), Marie Dressler (Mrs. Hart), Montagu Love (cpt. Thomas Masterman Hardy), William Conklin (le peintre George Romney), Michael Vavitch (Ferdinand IV, roi de Naples), Dorothy Cumming (la reine Marie-Caroline de Habsbourg), Helene Jerome Eddy (Lady Frances Nelson), Evelyn Hall (duchesse de Devonshire).
Tiré du roman populaire The Divine Lady. A Romance of Nelson and Emma Hamilton (1924) d’E. Barrington, nom de plume de Lily Adams Beck/Eliza Louisa Moresby, le film chante la beauté de « la divine Lady » en enjolivant tout ce qui est enjolivable : pas de débuts sordides ni de fins sinistres. Le récit débute en 1782 par la liaison à peine esquissée avec Charles Greville et se termine sur un gros plan de Nelson à l’agonie, suivi de quelques surimpressions des moments heureux passés à deux. Jugeant Emma vulgaire, flirteuse et peu sortable (c’est ici la fille de sa cuisinière), Greville la jette dans les bras de son riche oncle ambassadeur à Naples dans l’espoir que celui-ci, occupé à trousser la damoiselle, ne se remariera pas et que l’héritage qui l’attend restera intact. Mauvais calcul. Ladite « vulgarité » d’Emma se limite à l’écran au fait qu’elle tire facilement la langue, fait des clins d’œil qui n’engagent à rien, frappe quelques voisines médisantes, court dans tous les sens et chante des rengaines mielleuses en public. (Le film étant sonorisé mais pas encore parlant, on entend passablement de musique, des bruitages et les airs qu’Emma interprète à la harpe.) Corinne Griffith fait une Lady Hamilton jolie, candide, sentimentale, aux antipodes de la beauté ravageuse et calculatrice qui cultivait des poses « à l’antique » pour envoûter la gentry. Il n’y a rien de décidément « divin » dans son jeu.
La pudibonde censure américaine contraint à des acrobaties scénaristiques, quitte à malmener chronologie et faits historiques, afin de ne pas trop entacher Nelson, héros national britannique auquel Victor Varconi prête ses traits un peu trop doux et des élans geignards. La liaison est traitée presque comme un amour platonique, un lien spirituel : les rares baisers sont d’une décourageante chasteté – Emma glisse une rose entre leurs lèvres après avoir murmuré « tu appartiens à l’Angleterre et à ton épouse ... ». Quant à Lord Hamilton, mi-figue mi-raisin, il reste sagement dans l’ombre (« je n’accorde jamais d’attention aux rumeurs, elles pourraient être vraies »). Toute la période entre 1798 et 1800 est escamotée (les amours torrides, la fuite des Bourbons de Naples, l’exécution de Caracciolo), de même que les relations difficiles avec Lady Nelson, la cohabitation à trois avec Hamilton et la petite Horatia, fille du couple adultérin. À son retour à Londres, Nelson quitte une réception royale ainsi que son épouse pour rejoindre Emma à la campagne, snobée par l’aristocratie. Mais l’Angleterre le réclame ... Si l’on ne sort pas d’une sorte de guimauve lacrymale aux accents plus solennels que lyriques, les batailles navales, elles, remportent pleinement l’adhésion par leur réalisme et leur beauté picturale, en combinant très efficacement navires authentiques, modèles réduits et peinture sur verre. (Seule objection : la bataille du Nil à Aboukir, qui se déroule curieusement en pleine mer, et Trafalgar se ressemblent trop.) La reconstruction grandeur nature de trois vaisseaux de guerre et de somptueux décors pour Londres et Naples font grimper le budget à deux millions de dollars. Champion de la fresque maritime, l’Américain d’origine écossaise Frank Lloyd (The Sea Hawk en 1924, The Eagle of the Sea en 1926, Mutiny on the Bounty en 1935, Rulers of the Sea en 1939) fabrique cette première version sonore des amours de Nelson aux studios hollywoodiens de la First National à Burbank et en extérieurs à Santa Catalina Island et à Monterey (Rittenhouse Residence, Del Monte Forest). Lloyd décroche l’Oscar 1928/29 de la mise en scène et John F. Seitz est nominé pour la photo, Corinne Griffith pour la meilleure interprétation (allez savoir pourquoi !). Une déception au box-office. – DE : Die ungekrönte Königin. Der Liebesroman der Lady Hamilton – IT : Trafalgar.
1934Δ [prologue] Jack Ahoy ! (GB) de Walter Forde ; Michael Balcon/Gaumont British Picture Corp., 82 min. – av. Jack Hulbert (Jack Ponsonby), Nancy O’Neil, Aldred Drayton, Tamara Desni, Henry Peterson. – À la fois une comédie chantée et dansée (autour de la vedette masculine la plus populaire du royaume, Jack Hulbert, numéro un au box-office 1934) et une bande d’aventures patriotiques à la gloire de la Royal Navy au XX e siècle (en combattant des pirates chinois, un marin héroïque sauve un sous-marin et la fille d’un amiral), mais dont le prologue illustre la victoire de Nelson à Trafalgar. Celle-ci est recréée aux studios British Gaumont de Shepherd’s Bush avec sept vaisseaux modèles réduits construits par Filippo Guidobaldi.
1935Δ Mutiny on the Bounty (Les Révoltés du Bounty) (US) de Frank Lloyd ; Albert Lewin/Metro-Goldwyn-Mayer, 132 min. – av. Francis Lister (cpt. Horatio Nelson), Charles Laughton (cpt. William Bligh). – Le jeune capitaine Nelson participe au procès des mutins du « Bounty » en 1789.
1936® Lloyds of London (Le Pacte) (US) de Henry King. – av. John Burton (Horatio Nelson).
1941***That Hamilton Woman ! / GB: Lady Hamilton (US/[GB]) d’Alexander Korda
Alexander Korda/United Artists-London Films, 128 min. – av. Vivien Leigh (Lady Emma Hamilton), Laurence Olivier (Horatio Nelson), Alan Mowbray (Sir William Hamilton), Sara Allgood (Mary Lyon, mère d’Emma), Gladys Cooper (Lady Frances Nelson), Luis Alberni (Ferdinand IV, roi de Naples), Norma Drury (la reine Marie-Caroline de Habsbourg), Henry Wilcoxon (cpt. Sir Thomas Masterman Hardy), Halliwell Hobbes (révérend William Nelson), Heather Angel (prostituée), Miles Mander (amiral George Elphinstone, Lord Keith), Ronald Sinclair (Josiah Nesbitt), Juliette Compton (Lady Spencer), Olaf Hytten (Gavin).
Le Hongrois naturalisé Alexander Korda, magnat de la production anglaise (London Films), a, dès l’automne 1934, contribué à une prise de conscience nationale au niveau cinématographique : son Scarlet Pimpernel (Le Mouron rouge), auquel plusieurs victimes du nazisme avaient collaboré, établissait un subtil parallèle entre la France jacobine et la bestialité de la révolution hitlérienne. Face à la barbarie et à l’hystérie collective sur le continent, l’Angleterre y apparaissait comme le dernier bastion du monde civilisé. En automne 1940, alors que la quasi-totalité de l’Europe est sous la botte nazie, l’allusion devient plus actuelle que jamais. Après avoir remémoré la défaite de l'Armada espagnole dans Fire over England en 1937 (film qui réunissait déjà Laurence Olivier et Vivien Leigh), c'est au tour de Trafalgar. L’idée d’un film sur Nelson proviendrait de Winston Churchill lui-même, qui aurait aussi rédigé quelques passages du dialogue. Le Foreign Office à Londres encourage la production de films de fiction fabriqués à Hollywood dont la propagande serait sous-jacente – des œuvres divertissantes, pas cocardières et facilement exploitables dans les pays neutres. Korda est l’homme de la situation : commencé à Londres en plein Blitzkrieg, son Voleur de Bagdad vient d’être terminé en Californie. Selon certaines rumeurs, ses bureaux aux États-Unis serviraient de couverture pour les activités de l’Intelligence Service, et lui-même travaillerait en accord direct avec Churchill. De surcroît, depuis le début de la guerre, Korda siège au comité directeur de la United Artists et peut à ce titre compter sur une vaste distribution de ses films sur tout le continent américain. Son projet obtient l’approbation enthousiaste de Duff Cooper, ministre de l’Information à Londres. En réalisant Lady Hamilton sur les rives du Pacifique (de concert avec son frère, le génial décorateur Vincent Korda, et sa fidèle équipe londonienne), il évite les difficultés dues au rationnement, à la mobilisation et aux bombes de la Luftwaffe – car le temps presse.
Le tournage se fait en six semaines, avec un budget serré, dans l’enceinte exiguë du General Service Studios et aux Samuel Goldwyn Studios à Hollywood (oct. 1940) ; les images de Trafalgar sont photographiées avec des modèles réduits dans le bassin géant de la RKO à Encino. Vincent Korda compresse les frais généraux en mettant au point un plateau astucieusement composite, demi-rotonde comportant le hall d’entrée de l’ambassade, la salle à manger, la terrasse et la chambre à coucher. Médias et public britanniques qui accusent Korda de se planquer ignorent sa mission secrète. Visant à renforcer le sentiment proanglais en Amérique, il réunit les meilleurs comédiens britanniques de Californie (Mowbray, Wilcoxon, Allgood) et surtout une tête d’affiche composée des deux vedettes les plus choyées du moment : Vivien Leigh (Gone With the Wind/Autant en emporte le vent) et Laurence Olivier (Rebecca), au lendemain de leur mariage commun ; ils entretiennent depuis trois ans une liaison controversée en Angleterre et ont enfin obtenu le consentement au divorce de leurs époux respectifs. Leur présence « glamour » illumine le film, lui confère une aura romantique inespérée, susceptible d’émouvoir des millions de spectateurs.
Lady Hamilton a toujours été un embarras pour les historiens de la Royal Navy, et elle l’est d’autant plus aux yeux du pudibond Hays Office à Hollywood, renforcé et devenu tout-puissant depuis 1932/33. Pour obtenir le visa d’exploitation de la censure américaine, très à cheval sur la morale, Korda et ses scénaristes, l’auteur dramatique R. C. Sherriff et l’exilé autrichien Walter Reisch, concoctent donc un récit-cadre permettant de rappeler au public yankee que le péché ne paie pas, qu’il n’y a pas d’adultère heureux (une introduction similaire avait été exigée aux USA pour le film anglais Nell Gwynn de Herbert Wilcox en 1934). Les amants adultérins doivent être châtiés. Nelson se rachète en mourant au combat – reste la punition de la « mauvaise femme » : Emma, le visage prématurément vieilli, les traits creusés, titube en haillons dans les ruelles embrumées de Calais, vole une bouteille de vin et atterrit en prison où elle raconte sa vie dissolue (flash-back) à une prostituée qui partage sa cellule ... Toute allusion à son passé de courtisane disparaît ; une scène avec le père très pieux de Nelson suppliant son fils de renoncer à sa vie privée scandaleuse et ce dernier admettant qu’il est trop lâche pour quitter Emma figure dans les copies américaines, mais pas dans les anglaises (Korda la réalise non sans malice, car Olivier a aussi eu un père ecclésiastique, et, encore marié avec Jill Esmond, il a vécu en concubinage avec Vivien Leigh). Aux États-Unis (et là seulement), le titre original de Lady Hamilton est transformé en That Hamilton Woman !, ce qui peut se traduire par « Cette traînée de Hamilton ! » ou « La Hamilton » (le point d’exclamation figure sur les affiches d’époque) – une formule par laquelle le propre fils de Nelson exprima dans une lettre à sa famille l’exaspération que lui inspirait la maîtresse de son père.
Le retour en arrière commence par Emma (Amy) Lyon débarquant au printemps 1786 à Naples avec sa mère, envoyée par son dernier amant en date, Charles Greville, qui veut en vérité se débarrasser d’elle en la refilant à son oncle, Lord Hamilton. Ambassadeur du Royaume-Uni à la cour de Naples, ce dernier est de 36 ans plus âgé que la ravissante Emma, célébrée dans toute l’Angleterre par les peintures de George Romney et Thomas Gainsborough. Le film suggère que le diplomate a acquis Emma au même titre qu’un objet d’art, pour orner sa collection de statues et de tableaux. Elle se résigne à l’épouser et, son charme ravageur, sa vivacité et sa diplomatie aidant, devient bientôt la grande amie et la confidente de la reine Marie-Caroline de Naples. Grâce à son influence auprès de leurs majestés, Nelson obtient des troupes napolitaines pour faire face à Napoléon à Toulon. Cinq ans plus tard, Lady Hamilton intercède une fois de plus à la cour afin que Nelson – l’œil gauche et le bras droit en moins – puisse utiliser le port de la cité comme base militaire. à Londres, le vice-amiral est fêté en héros national, mais son épouse lui réserve un accueil glacial et refuse toute idée de divorce. Emma est ostracisée par la bonne société. Avant que le scandale ne s’étende, Nelson est appelé pour combattre le Français dans la Baltique et remporte la victoire de Copenhague. à son retour, William Hamilton est décédé, et Emma ruinée ; sa fille, Horatia, née dans la clandestinité, vit à la campagne. Suivent l’ultime séjour à deux, le départ pour Trafalgar et la mort, dans un enchaînement de tableaux assez classiques, mais qui ne manquent ni de style ni de force ; la bataille navale est plastiquement superbe. Toutefois, on ne souffle mot du fait que Nelson, Emma et son époux Lord Hamilton vivaient en réalité un joyeux ménage à trois ; Hamilton vouait une admiration sans bornes au grand marin (les deux étaient frères en loge), acceptait sans jalousie la liaison de sa femme et mourut dans les bras des deux amants. Fanny Nelson conserva son titre jusqu’à sa mort en 1831, à l’âge de 70 ans. Ignorée par les milieux officiels, Emma décéda dix ans après Nelson, à 54 ans, une épave pitoyable, pauvre et alcoolique.
À y regarder de plus près et nonobstant les inévitables concessions faites aux censeurs américains de l’époque, l’Emma Hamilton de Korda sort magnifiée, grandie de l’épreuve, tout en rattachant le prolétariat (dont elle est issue) à l’aristocratie (qui est à ses pieds). D’une part, le cinéaste atténue sciemment l’aspect passionnel de la liaison au profit de l’engagement patriotique du couple, car, toutes classes confondues, il faut combattre ceux qui veulent imposer leur volonté au monde. Le film s’avère moins une glorification de Nelson qu’un hommage aux initiatives courageuses, à l’intelligence et à la stratégie d’une femme auquel le grand marin doit beaucoup. D’abord égocentrique, désespérément coquette et manipulatrice, elle finit par tout sacrifier pour le bien de son amant et de la nation, quitte à être répudiée par les bien-pensants. « Et après ? », demande sa compagne de cellule à la fin du film. « Il n’y a pas d’après », lui répond Emma, pathétique dans sa déchéance. Fondu au noir. Sur le plan moral, d’autre part, Korda et ses scénaristes déploient un certain cynisme face à la monogamie de façade que prêchent les donneurs de leçons du Code Hays. Narquois et nullement dupe, Lord Hamilton affirme qu’il existe trois catégories d’époux : ceux qui sont nés pour être cocus, ceux qui sont inconscients et ceux qui s’en fichent – ce à quoi Emma rétorque qu’il y en a une quatrième : ceux qui ont un cœur froid et méritent tout ce qui leur arrive. (Lady Nelson, l’épouse légitime qui n’a pas revu son conjoint depuis sept ans, est, elle, dépeinte comme une femme acide et hautaine.) La charge érotique du film est avant tout visuelle (l’opulence de la chambre à coucher avec sa vue sur le Vésuve en éruption, les statues et peintures de femmes nues, les somptueuses robes, les chapeaux et décolletés d’Emma). Vivien Leigh est lumineuse, racée, enjouée face à un Laurence Olivier en amiral raide et emprunté. Aidé par la photo veloutée et sensuelle de Rudolph Maté (La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer), Korda célèbre le désir féminin et la vulnérabilité masculine suscitant ce désir : Emma s’éprend de Nelson lorsqu’elle le découvre mutilé. Mais la libido féminine est ici reliée au pouvoir dont Emma use pour conseiller et soutenir son amoureux.
Le Home Office à Londres souhaitait de la propagande enrobée d’une solide couche de sucre ; il est comblé, car d’un point de vue strictement narratif, la carrière et les vicissitudes mélodramatiques d’Emma Hamilton – qui occupent les trois-quarts du récit – relèguent les victoires navales de Nelson sur Napoléon au second plan (ni le siège de Copenhague ni la bataille du Nil à Aboukir sont montrés). Comme le William Pitt de Carol Reed en 1940 (cf. supra), Nelson est stylisé en icône officielle, portrait d’un héros populaire et non d’une personnalité complexe. C’est l’homme providentiel qui tance l’amirauté et sa politique d’apaisement face au péril continental, comme l’a fait Churchill face à Berlin durant les années trente (« Vous n’aurez pas la paix avec Napoléon ( ...), il n’y a jamais de paix possible avec les dictateurs – il faut les anéantir »). Korda renforce ainsi la position du Premier ministre dans son propre pays et incite subrepticement les États-Unis – et d’autres pays neutres – à entrer en guerre aux côtés de la Grande-Bretagne. À Parme, Nelson supplie le roi de « bouger, s’il tient à sa liberté », de « sortir son sabre du fourreau ou perdre son trône », sous-entendant que la neutralité peut être une forme de couardise. Napoléon lui-même n’apparaît jamais. On le décrit comme un « dictateur » (terme anachronique en 1805) dont l’ambition est de devenir « le maître du monde », un renvoi à la « Herrenrasse » hitlérienne, notion mégalomane de supériorité raciale totalement étrangère à la politique napoléonienne en Europe. La comparaison est boiteuse, mais c’est pour la bonne cause ! Le péril d’une invasion de l’Angleterre est également évoqué à la veille de Trafalgar, une façon de rappeler que les bombardiers de Goering traversent quotidiennement la Manche pour déverser leur lot de bombes incendiaires.
Quand That Hamilton Woman sort à Los Angeles en mars 1941, puis à New York en avril, les parallèles historiques et leur sous-texte politique n’échappent pas à la presse et peuvent avoir influencé le box-office. Néanmoins, si le film ne fait pas un malheur, il attire quand-même 200 000 spectateurs en trois semaines et accumule une recette domestique très honorable de 1,14 million de $ aux États-Unis, soit plus que, par exemple, Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent) de William Wyler, également avec Laurence Olivier. Il remporte un Oscar en 1942 pour le son, et trois nominations (décors, photo, effets spéciaux). En Grande-Bretagne, il se hisse en cinquième position des films les plus populaires de 1941. C’est le film favori de Churchill (il l’aurait vu 83 fois) ; le Premier ministre le fait projeter à Staline, qui l’importe en URSS, où il restera à l’affiche jusqu’après la guerre, Vivien Leigh étant devenue la mascotte de l’Armée Rouge. Korda est anobli par le roi Georges VI – c’est le premier homme de cinéma à avoir cet honneur – en récompense des immenses services rendus à la Couronne. Mais à Washington, les isolationnistes de l’« America First Comitee » (AFC), association qui compte 50 000 membres, et son porte-parole, le sénateur républicain Gerald P. Nye, accusent Hollywood d’être infiltré d’argent juif et d’agents britanniques pour promouvoir des films bellicistes. Korda, qui est leur principale cible et risque gros si ses missions secrètes au service de Churchill venaient à être connues, est convoqué au Congrès pour le 10 décembre 1941 ; par chance, le 7, l’aviation japonaise attaque Pearl Harbour, et le 11, Hitler déclare la guerre aux USA, réduisant l’AFC au silence. – DE (1949) : Lord Nelsons letzte Liebe – IT (1947) : Il grande ammiraglio.
1942® Young Mr. Pitt (GB) de Carol Reed. – av. Stephen Haggard (Horatio Nelson).
1942® Luisa Sanfelice (IT) de Leo Menardi. – av. Osvaldo Valenti (Horatio Nelson), Hilde Sessak (Lady Hamilton). – Nelson aide le roi de Naples à écraser les jacobins et récupérer son trône.
1950® Tyrant of the Sea (US) de Lew Landers. – av. Lester Matthews (Horatio Nelson).
1951(tv) The Powder Monkey – An Incident of Trafalgar (GB) d’Alan Bromly
(BBC 30.1.+3.4.51), 30 min. – av. Andrew Osborn (Lord Horatio Nelson, 1st version), Richard Longman (Lord Horatio Nelson, 2nd version), Philip King (cpt. Hardy), Reginald Barratt (Tom), Jeremy Spenser (Barney, 1st version), Brian Smith (Barney (2nd version), Francis De Wolff (Ben), Wensley Pithey (Snooks), Harold Young (René), Robert Cawdron (Bosun), John Drake (officier), Paddy Hayes, Ralph Hiles, Frank Sieman.
Le terme « Powder Monkey » désigne les jeunes garçons, hardis, agiles et débrouillards, chargés de ravitailler les pièces d’artillerie en poudre à canon et les marins en munition pendant les batailles navales. Ce programme d’après-midi est la transposition d’un livre pour la jeunesse, All Guns Ablaze ! A Story of Admiral Nelson and the Battle of Trafalgar d’Arthur William Groom (1949), adapté pour le petit écran par MacGregor Urquhart. Les prouesses de l’aspirant de marine et « Powder Monkey » Barney, témoin de la mort de Nelson à bord du « HMS Victory », ayant passionné le public adolescent, Groom et Urquhart fabriquent une suite, Midshipman Barney (1951, cf. p. 273).
1951-53® Admiral Ouchakov : Korabli chturmuiut bastiony (L’Amiral Tempête – 2e partie: Les Navires attaquent les bastions) (SU) de Mikhail Romm. – av. Ivan Pereversev (amiral Fédor Fédorovitch Ouchakov), Yuri Solovjev (Horatio Nelson), Yelena Kuzmina (Lady Hamilton), Iosif Toltschanov (Lord William Hamilton), Sergej Martinson (Ferdinand IV, roi de Naples), Ada Voitsik (Marie-Caroline de Habsbourg, la reine), Nikolaï Volkov (Sir William Pitt le Jeune). – En 1799, la flotte de l’amiral Ouchakov attaque Naples, où le navigateur russe aide Horatio Nelson à chasser les Français. Il s’oppose toutefois catégoriquement au massacre vengeur qu’ordonne la reine Marie-Caroline de Habsbourg contre les républicains captifs, et Nelson, admiratif, prend la défense de son collègue russe (cf. p. 522).
1954(tv) Lord Nelson at Trafalgar, Oct. 21, 1805 (US) de Sidney Lumet (?)
« You Are There » no. 76 (CBS 14.11.54), 30 min. – av. Wesley Addy (Horatio Nelson), Jack Wesley (l’amiral Pierre Villeneuve), Walter Cronkite (narration). – Un reportage « live » sur les dernières heures de Nelson.
1958(tv) Victory (GB) de Rex Tucker
"Children's Television" (BBC 19.10.58), 70 min. - av. Hugh David (l'amiral Horatio Nelson), Margot Lister (Lady Hamilton), Henry Lancaster (Laidman Browne), Maurice Colbourne (vicaire de Merton), Nigel Lambert (Henry Lancaster), Brenda Dunrich (Sophia Duff) Nicholas Chagrin (Norwick Duff), David Langton (cpt. Hardy), Bernard Brown (ltn. Pasco) Alan MacNaughtan (cpt. Duff), Robert Lankesheer (victomte Castlereagh), Preston Lockwood (le ministre Pitt).
Téléfilm pour "Trafalgar Day" et le 200ème anniversaire de la naissance de Nelson.
1960® Austerlitz (FR/IT) d’Abel Gance. – av. Roland Bartrop (Horatio Nelson).
1961® (tv) Triton (GB) de Rex Tucker. – av. Robert James (Horatio Nelson).
1961® (tv) Fra Diavolo (FR) de Jean Kerchbron. – av. Jacques Chavert (Horatio Nelson).
1961(tv) Nelson and Trafalgar (GB) de David Gardner
Série « Looking About », Rediffusion Co. (ITV 13.10.61), 20 min. – av. Owen Holder (Lord Horatio Nelson), Hugh Cross (cpt. Thomas Masterman Hardy), Robert Dean (cpt. Fremantle), Brian Hankins (Dr. Beatty), Richard Wilding (cpt. Codrington), Kenton Moore (ltn. Pasco), Mitch Mitchell (l’aspirant de marine Bulkley), Peter Kennedy (intervieweur), Caradox Evans (commentaire).
1964Carry on Jack (GB) de Gerald Thomas
Peter Rogers Prod.-Anglo-Amalgamated, 91 min. – av. Kenneth Williams (cpt. Fearless), Bernard Cribbins (aspirant Albert Poop-Decker), Juliet Mills (Sally), Charles Hawtrey (Walter Sweetly), Cecil Parker (grand amiral), Jimmy Thompson (Lord Horatio Nelson), Anton Rodgers (Thomas Hardy).
Une parodie lourdingue et traînante de la série à succès des Carry On ... : en 1805, l’aspirant Poop-Decker rejoint la frégate « HMS Venus » qui combat les Français dans les eaux espagnoles, où il assiste à une mutinerie et affronte des pirates. Le film s’ouvre sur l’agonie de Nelson à Trafalgar. Tourné en Eastmancolor aux studios de Pinewood et en extérieurs à Frensham Ponds, Farnham (Surrey).
1965(tv) Le Prétendant (FR) de Pierre Badel
ORTF (TF2 31.12.65), 120 min. – av. Dominique Vincent (Morgane, duchesse de Poleastro), Françoise Fabian (Lady Emma Hamilton), Bernard Rousselet (Sergius d'Albamah, prince et duc de Souabe), Jean Martin (Ferdinand IV, roi de Naples), Anne Monnier (la reine Marie-Caroline de Habsbourg).
Lady Hamilton fait échouer un complot pour renverser Ferdinand I er, roi des Deux-Siciles (Ferdinand IV), ennemi de la France révolutionnaire. Un drame en cinq actes d’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, publié sous son premier titre, Morgane, en 1866, puis dans sa version définitive en 1965.
1966® (tv) Luisa Sanfelice (IT) de Leonardo Cortese. – av. Gerardo Herter (Horatio Nelson), Elisa Cegani (la reine Marie-Caroline de Habsbourg), Guido Alberti (Ferdinand IV, roi de Naples), Vittorio Sanipoli (l’amiral Francesco Caracciolo). – Nelson à Naples.
1966(tv) Nelson – A Study in Miniature (GB) de Stuart Burge
« Play of the Week », Cecil Clarke/ITV-ATV, 78 min. – av. Michael Bryant (Horatio Nelson), Rachel Roberts (Lady Emma Hamilton), Celia Johnson (Lady Frances Nelson). – Un téléfilm écrit par Terence Rattigan, scénario que le célèbre auteur dramatique va transformer ensuite en pièce de théâtre, A Bequest to the Nation, et qui sera à son tour portée à l’écran en 1973 (cf. infra).
1968® (tv) Pegasus (GB) de Michael Ferguson. – av. Terry Scully (Horatio Nelson).
1968(tv) Castors Away ! (GB) de Dorothea Brooking
(BBC1 10.+17.+24.6.68), 3 x 25 min. – av. Peter Williams (William Henchman), Hilary Mason (Susan Henchman), John Line (sgt. James Bubb), Louis Selwyn (Tom Henchman), Gillian Bailey (Nell Henchman), John Abineri (Simon Henchman), John Cunningham (Mr. Farley), Kenneth Watson (Mr. Thurgar), Michael Mulcaster (Mr. Cardew), Andrew Harris (Powder Monkey).
En 1805, Henchman, un médecin de campagne, et ses enfants trouvent sur la plage le jeune sergent Bubb, survivant d’un transport militaire qui a fait naufrage. Ils le soignent, le cachent aux autorités au Suffolk et découvrent à travers lui la dureté de la vie dans la marine et les horreurs de la guerre navale, notamment à la bataille de Trafalgar. Une série pour la jeunesse d’après le roman de Hester Burton (1962), adapté par John Tully et qui utilise pour la bataille navale des extraits du film H. M. S. Defiant (1962) de Lewis Gilbert. – Episodes : 1. « The Breath of Life » – 2. « In Search for Sergeant Bubb » – 3. « Trafalgar ».
1968Lady Hamilton – zwischen Schmach und Liebe / Les Amours de Lady Hamilton / Le calde notti di Lady Hamilton / Emma Hamilton : The Making of a Lady (DE/FR/IT/US) de Christian-Jaque
Rapid Film München (Wolf C. Hartwig)-S.N.C. Paris-Alberto Grimaldi/Produzioni Europee Associati (PEA Roma)-Peer J. Oppenheimer Productions (Hollywood), 98 min. – av. Michèle Mercier (Lady Emma Hamilton), Richard Johnson (Horatio Nelson), John Mills (Sir William Hamilton), Boy Gobert (le peintre George Romney), Mario Pisu (Ferdinand IV, roi de Naples), Nadja Tiller (Marie-Caroline de Habsbourg, la reine), Venantino Venantini (l’amiral Francesco Caracciolo), Harald Leipnitz (Harry Featherstone), Claudio Undari (cpt. Thomas Masterman Hardy), Mirko Ellis (John Payne), Lorenzo Terzon (Lord Charles Greville), Gigi Ballista (cardinal Ruffo).
La carrière d’Emma Hamilton est ici réduite à une variante d’Angélique sur le mode europoudding permettant d’exhiber la Française Michèle Mercier nue dans les bras du Britannique Richard Johnson. Sa chute de reins ne manque pas d’attraits, mais seule l’Allemande Nadja Tiller en reine de Naples étoffe quelque peu son personnage (adepte des plaisirs saphiques, celle-ci est également une des nombreuses victimes de la belle Emma, avec laquelle elle partage un bain de lait ...). Pourtant, pareille exhibition n’aurait pas suffi pour faire de l’obscure Amy Lyon, fille d’un forgeron du village de Ness, une lady, puis la compagne du plus célèbre marin du Royaume-Uni. On ne s’étonnera pas d’apprendre que cette enfilade insipide et monotone de scènes d’alcôves est produite par le pape du film érotique allemand, Wolf C. Hartwig. Jadis défenseur d’un cinéma populaire français « de qualité », Christian-Jaque exécute la commande – qu’il qualifie lui-même d’ « aventure pour midinettes avec des côtés fleur bleue, attendrissants, ridicules et drôles » (Tribune de Genève, 26.3.69) – en Panavision et Eastmancolor à Cinecittà, à Belgrade, et en extérieurs devant Alicante (Trafalgar), à Naples (le palais royal de Caserte), à Londres et en Hongrie. Faute d’argent, la bataille finale se borne au pont du « HMS Victory » où Nelson est tué. Selon le générique, cette chronique galante plutôt embarrassante serait tirée des romans Les Souvenirs d’une favorite, La San-Felice et Emma Lyonna d’Alexandre Dumas (1864/65). N’exagérons pas. – ES : Los amores de Lady Hamilton.
1973*Bequest to the Nation (GB) de James Cellan Jones
Hal B. Wallis Productions-Universal Pictures, 118 min. – av. Glenda Jackson (Lady Emma Hamilton), Peter Finch (Horatio Nelson), Michael Jayston (cpt. Thomas Masterman Hardy), Anthony Quayle (George Eliott, Lord Minto), Margaret Leighton (Lady Frances Nelson, dite Fanny), Dominic Guard (Master George Matcham), Nigel Stock (George Matcham père), Barbara Leigh-Hunt (Catherine Matcham), Roland Culver (Lord Barham), Richard Mathews (rév. William Nelson), Liz Ashley (Sarah Nelson), John Nolan (cpt. Blackwood), André Maranne (l’amiral Pierre Charles Silvestre de Villeneuve).
Un film aux antipodes du romantisme de Lady Hamilton d’Alexander Korda (1940). Constatant que la seule défaite de Nelson fut le rejet de sa maîtresse par l’establishment anglais, Terence Rattigan, le plus célèbre auteur dramatique du pays, s’interroge sur les raisons de ce refus au premier abord incompréhensible ; ni la mesquinerie ni le snobisme et encore moins la pruderie n’expliquent la chose (les liaisons adultérines étaient courantes). Serait-ce parce qu’on ne la supportait pas, que la société de 1805 n’admettait pas qu’un héros national s’affiche avec une créature aussi grotesque ? – Synopsis : À la veille de Trafalgar et après deux ans d’absence en mer, Nelson se rend pour quelques semaines auprès d’Emma Hamilton dans son manoir du Surrey. Le couple n’est plus dans sa prime jeunesse, Emma est une quadragénaire dure, alcoolique, d’une confondante vulgarité, et Nelson un homme amer et triste. Accompagné de ses parents, George Matcham, un adolescent, visite son oncle tant admiré et sa compagne grossière que des ricanements accueillent à chaque sortie en public. Chargé par Lady Nelson à Bath d’espionner son époux, le jeune neveu découvre choqué, perturbé, désillusionné, les faiblesses de son idole. Ce dernier se confie au capitaine Hardy en avouant à la fois sa lucidité, mais aussi son incapacité de se passer d’Emma sur le plan sexuel ; fils de pasteur, longtemps brimé, le vice-amiral a découvert sur le tard que « l’amour charnel avait également une dimension spirituelle ». Avant de repartir en mer, Nelson demande au roi de pourvoir aux besoins de sa maîtresse s’il ne revenait pas. La Couronne n’en fera rien.
La matière devient d’abord un scénario de téléfilm en 1966 (cf. supra, Nelson – A Study in Miniature), puis une pièce de théâtre (A Bequest to the Nation avec Zoe Caldwell et Ian Holm, 1970), fraîchement accueillie, enfin ce film de cinéma mis sur pied par le producteur hollywoodien Hal B. Wallis, un vétéran (Casablanca) devenu anglophile en fin de carrière, mais qui n’a rien perdu de son comportement dictatorial. Pour son premier film, James Cellan Jones, téléaste réputé (The Forsyte Saga), et Rattigan auraient souhaité offrir le rôle d’Emma à Elizabeth Taylor, qui a pris passablement de poids et conviendrait idéalement. En dépit de l’accord enthousiaste de la star (établie à Londres), Wallis, buté, impose Glenda Jackson, alors au sommet de sa carrière après son travail pour Ken Russell et ses interprétations d’Elisabeth I re (Elizabeth R, tv 1970, Mary Stuart de Charles Jarrott, 1971, également produit par Wallis). Glenda Jackson ne s’entend ni avec son partenaire, Peter Finch, ni avec son réalisateur ni même avec Rattigan, auteur du scénario, qui souffre déjà du cancer qui l’emportera quatre ans plus tard. « Dans le film, Miss Jackson a oublié l’essentiel, l’amour qu’Emma portait à Nelson ; elle l’a interprétée comme une garce malfaisante au lieu d’une putain au grand cœur » (Rattigan), falsifiant ainsi un film qui se voulait plus réaliste que les sagas sentimentales précédentes. Wallis, quant à lui, extirpe plusieurs dialogues révélateurs mais probablement trop subtils pour son entendement.
Le résultat un peu verbeux interpelle plus le public anglais qu’américain. Le « legs à la nation » du titre est Lady Hamilton elle-même, que Nelson aurait, sur son lit de mort, remise entre les mains du roi. Cellan Jones fait précéder l’affrontement de Trafalgar (complété par quelques stock-shots) par la prière de Nelson, un détail authentique, mais une scène à laquelle Finch se serait plié difficilement, s’étant converti au bouddhisme. Le film est rehaussé par une émouvante prestation de Margaret Leighton en Lady Nelson, douce et généreuse, par la sensibilité de Dominic Guard en jeune neveu (le petit Messager/The Go-Between de Joseph Losey), par la musique émouvante de Michel Legrand et une suite de tableaux splendidement photographiés, mais ces qualités n’empêchent pas un déluge de critiques aussi moroses que le sujet et des salles à demi-vides : on ne s’attaque pas à une légende populaire. Tournage en Technicolor aux studios de Shepperton, en extérieurs à Bath (Landsdown Crescent), à Windsor, dans les paysages bucoliques du Devonshire (Dartmouth), de Surrey et Berkshire. – US : The Nelson Affair, DE : Die Nelson-Affäre.
1974[(tv) La bataille de Trafalgar, 1805 (FR) de Daniel Costelle ; Série « Grandes batailles du passé » d’Henri de Turenne (FR3 13.11.74), 53 min. – Interviews, documents et extraits de films.]
1976(tv) Operation Patch (GB) de Don Leaver
Southern Television (ITV 13.6.-25.7.76), 7 x 30 min. – av. Lynsey Baxter (Betsy Cosserat), Nigel Greaves, Michael Robbins, Barry Lowe, Virginia Balfour, Anthony Pedley.
Deux garçons découvrent un complot pour assassiner Nelson à l’aube de Trafalgar. Le téléaste Don Leaver est nominé au BAFTA Award 1977 pour la meilleure série dramatique.
1978[(tv) Nelson (GB) de John Lloyd Fraser ; Anglia Television. – av. Michael Bryant (la voix de Nelson). – Documentaire.]
1979Δ [Nelson’s Touch (GB) de John Crome ; Des Good/Emitel (EMI), 24 min. – av. Nicholas Asner, Anthony Longden, Tony Clifton, David Ryall. – Le fantôme de Nelson aide une classe de marins ineptes.]
1979® (tv) The Duke of Wellington at Home (GB) de Hugh David. – av. Alan Penn (Horatio Nelson).
1982*(tv) I Remember Nelson : Recollections of a Hero’s Life / Nelson (GB/IT) de Simon Langton
Cecil Clarke/Central Independant Television-RAI-Thames Television (ITV 14.4.-18.10.82 / RAIuno 2.7.84), 4 x 52 min. – av. Kenneth Colley (Horatio Nelson), Anna Massey (Lady Frances Nelson), Geraldine James (Lady Emma Hamilton), John Clemens (Sir William Hamilton), Tim Pigott-Smith (cpt. Thomas Masterman Hardy), Paolo Bonacelli (Ferdinand IV, roi de Naples), Sylvester Morand (Lord Byron), Raf Vallone (amiral Francesco Caracciolo), Phil Daniels, Daniel Massey.
Le portrait psychologique et les exploits de Nelson, de 1801 (son retour à Londres avec Emma Hamilton) à 1805, chaque épisode étant conté par un témoin : Lady Frances (Fanny) Nelson (1), Sir William Hamilton (2), le capitaine Thomas Hardy (3) et le matelot fictif William Blackie du « HMS Victory » (4). Nelson apparaît comme un homme complexe, conscient de ses faiblesses jusque dans l’erreur, mais aussi un chef inspiré et un navigateur hors pair. Frances Nelson cesse de l’aimer lorsqu’il refuse d’assister à l’enterrement de son propre père. Lord Hamilton le décrit comme un homme faible, mûr et avide de gloire (ce que Nelson admet) et lui reproche son inhumanité dans l’affaire de l’amiral napolitain Caracciolo : outrageusement humilié par la noblesse locale, ce dernier se rallie à la République parthénopéenne et fait échouer un débarquement de la flotte britanno-sicilienne, mais lorsque la réaction reprend le pouvoir à Naples, Nelson refuse à Caracciolo un prêtre pour se confesser et le peloton d’exécution au lieu de la corde : il est pendu au grand mât de sa frégate, en dépit des protestations de Hamilton et de Hardy. Hamilton voit dans le comportement indigne de Nelson l’influence d’Emma, elle-même sous la coupe de la reine Marie-Caroline. Le capitaine Hardy visite Nelson à Merton en 1805, désapprouve sa liaison affichée avec Emma et ses affaires financières louches avec William Beckford, un dilettante fortuné, adepte de satanisme et auteur du roman fantastique Vathek. Après le décès de l’amiral, Hardy ramène à Emma les souliers, une boucle de ses cheveux et des lettres. Dans le dernier épisode, un canonnier fictif, blessé et amputé à Trafalgar, décrit ses contacts avec le vice-amiral pendant la bataille.
Une tentative très intéressante de cerner le personnage de Nelson sous ses facettes les plus contradictoires (scénario de Hugh Whitemore), captée par un téléaste de talent, sensible et cultivé. – Episodes : 1. « Love » – 2. « Passion » – 3. « Duty » – 4. « Battle ».
1987® (tv) Napoleon and Josephine : A Love Story (US) de Richard T. Heffron. – av. Nickolas Grace (Horatio Nelson).
1988Δ Blackadder’s Christmas Carol (GB) de Richard Boden. – av. Philip Pope (Horatio Nelson).
1991(vd) The Campaigns of Napoleon : 1805 – The Battle of Trafalgar (Les grandes batailles de l’Histoire : Nelson – Trafalgar) (GB) de Bob Carruthers et Chris Gormlie
Bob Carruthers, Ronald Davis, Dennis Hedlund/Cromwell Films Ltd. (Stradford u. Avon)-Kultur International Films, 55 min. – av. Robert Powell (narration). – Docu-fiction avec brèves reconstitutions de la bataille, extraits de divers longs métrages (I Remember Nelson de Cecil Clarke et HMS Defiant) et commentaires d’historiens (Dr. David Chandler).
1993[(tv) Horatio Nelson and the Battle of Trafalgar (Horatio Nelson et la bataille de Trafalgar) (GB/US/AU) de Phil Grabsky; Série « Great Commanders », BBC-Seventh Art-Channel Four, 60 min. – Documentaire.]
1999(tv) Nelson (GB) de Graham C. Williams
Série « The Timekeepers of the Millenium », Vanessa Hill/Foundation TV Productions-New Millennium Experience Co.-Carlton Television (ITV 10.10.99), 25 min. – av. Leslie Grantham (Horatio Nelson), June Whitfield. – Programme pour la jeunesse : voyage dans le temps.
1999(tv) Napoleon’s Lost Fleet (CA) de Christopher Rowley
Série « Undersea Treasures », Jane Armstrong, Christopher Rowley/CineNova Productions Inc. (Discovery Channel), 50 min. – av. SCOTT McCULLOCH (Napoléon), Laughlan Currie et John O’Leary (marins), Yuval David. – Docu-fiction sur Napoléon en Égypte, Nelson et la bataille navale d’Aboukir en 1798.
2003/04® (tv) Luisa Sanfelice / La San Felice (IT/FR) de Vittorio et Paolo Taviani. – av. Marie Bäumer (Lady Emma Hamilton), Johannes Silberschneider (Lord Horatio Nelson). – Nelson participe au retour des Bourbons à Naples et à la chasse aux jacobins (cf. p. 237).
2005(tv) Nelson’s Trafalgar (GB) de Will Aslett
Will Aslett/BBCtv (BBC2 22.6.05), 52 min. – av. Simon Wright (Horatio Nelson), Paul Jerricho (cpt. Thomas Masterman Hardy), Daniel Gillingwater (William Beatty), Anton Blake (Sir Henry Blackwood), Jenniger Guy (Lady Emma Hamilton), Timothy Morand (l’amiral Pierre Charles Silvestre de Villeneuve), Westley Gardner (Nelson jeune), Rosie Holmes (Horatia Nelson, fille illégitime d’Emma Hamilton et de Nelson), Michael Portillo (présentation).
Docu-fiction de la BBC commémorant le bicentenaire de la bataille navale au moyen de reconstitutions, plans des manœuvres tactiques et la correspondance privée de Nelson.
2005(tv) Trafalgar Below Decks : Nelson’s War (GB) de William Cran
Paul Bryers, William Cran/Paladin InVision (Channel 4 28.8.05), 55 min. – av. William Cran (narration). – Docu-fiction avec reconstitutions et comédiens anonymes pour Nelson, Lady Hamilton et Napoléon.
2005(tv) Trafalgar Below Decks : Rum, Sodomy and the Lash (GB) de Neil Crombie
Neil Crombie/Seneca Produtions-Channel 4 (Ch. 4 28.8.05), 55 min. – av. Stan Hodgson (Horatio Nelson jeune), Chris Connel (Jack Nastyface), Ellie Fletcher (Mary Lacy), Chantal Loiseau (Hannah Snell), Siya Morgan (William Brown), Vicky Sandison (Mrs. McClean), Bill Gerard (Mr. McClean), Alex Kinney (Philip Francis), Laura Norton, Catherine MacCabe, Rachel Kirk, Fiona Punchard, Anne Marie Pearson (prostituées), Stephen Mangan (narration). – Docu-fiction sur le quotidien des équipages : le rhum, la sodomie, les prostituées et le fouet.
2005(tv) Trafalgar Below Decks : Trafalgar Battle Surgeon (GB) de Justin Hardy
Justin Hardin Films-Hary & Sons-Channel 4 (Ch. 4 29.8.05), 55 min. – av. Robert Linge (Horatio Nelson), Francis Magee (le chirurgien William Beatty), Roger Daltrey (Loblolly boy), John Castle (Gunner Rivers), Jim De Groot (William Westenburg), Bennett Warden (Andrew Ram), Michael Dunning (William Rivers), Kate Ambler (Sarah Pitt), Christopher Sloman (cpt. Thomas Masterman Hardy), Carwyn Owen (rév. Scott), Nathan Mellows (Richard Roberts), Vern Griffiths (John Pasco), Philip Desmeules (George Westphal).
Docu-fiction sur la chirurgie en mer à bord du « HMS Victory ». Lorsqu’on lui amène Nelson avec une balle flanquée dans la colonne vertébrale, le chirurgien irlandais Beatty refuse de l’opérer pour extraire le plomb (ce qui entraînerait probablement la mort immédiate), préférant laisser le vice-amiral en vie assez longtemps pour qu’il puisse apprendre la victoire de sa flotte. Beatty publiera ses souvenirs à ce propos dans The Death of Lord Nelson (1807).
2007**(tv) Trafalgar (FR) de Fabrice Hourlier
Arte France-Atom & MVC-Prodom Planète-Planète Thalassa (Arte 5.5.07), 52 min. – av. Laurent Schilling (l’amiral Pierre Charles Silvestre de Villeneuve), Jérôme Pradon (cpt. Jean Jacques Etienne Lucas, cdt du « Redoutable »), Pierre Macherez (Horatio Nelson), FRANK SAMSON (Napoléon), Frédéric Mouquet (Cavalier), Shane Woodward, Jeremy Braitbart, Hugo Bariller, Fabrice Berger.
L’affrontement désastreux pour la France est conté ici selon la perspective de l’amiral Villeneuve, un des rares rescapés de la destruction de la flotte française à Aboukir en 1798. Au plus fort de la mobilisation menée à Boulogne-sur-Mer par Napoléon dans son dessein d’envahir l’Angleterre, Villeneuve se trouve réfugié avec la flotte franco-espagnole dans la rade de Cadix ; Napoléon le relève de son commandement, mais l’ordre ne suit pas. Pessimiste, hésitant, Villeneuve commet l’irréparable en quittant son abri pour défier Nelson, dont la puissance de feu est incomparablement supérieure, au large du cap Trafalgar. 4700 marins français périssent sous la force de frappe anglaise, 500 sont faits prisonniers, des centaines deviennent sourds à l’issue de la bataille ; les Anglais perdent 450 hommes. Tandis que Villeneuve assiste impuissant à la destruction de ses navires (son propre vaisseau, le « Bucentaure », coule avec tous ses blessés), le « Redoutable » du commandant Lucas utilise des tireurs postés dans les hunes, tactique qui s’avère fatale pour le vice-amiral Nelson. Capturé, puis libéré en 1806, accablé par les reproches de Napoléon, Villeneuve ne rentre pas à Paris. On le retrouvera mort dans une chambre d’auberge à Rennes, où il s’est vraisemblablement suicidé.
Un docu-fiction remarquable d’intelligence, réunissant des reconstitutions particulièrement soignées, selon une esthétique inédite dans le genre, qui allie rigueur scientifique et magie picturale ; seuls les acteurs sont réels, décors et vaisseaux en 3D ont tous été modélisés (« compositing spatial » de la société Indigènes) ; les images de synthèse, très suggestives et spectaculaires, avec effets de brume, s’inspirent des peintures marines du XIX e siècle (notamment Horace Vernet). Les historiens intervenants ont été intégrés qui sur le pont d’un navire, qui dans un carré des officiers. Des images d’Épinal au service d’une magnifique leçon d’histoire. – DE : Trafalgar : Napoleons Scheitern auf See.
2010(tv) The Untold Battle of Trafalgar (Les Héros oubliés de la bataille de Trafalgar) (GB) de Richard Bond
Série « Bloody Foreigners », Sophia Roberts/Hardy Pictures Ltd.-Channel 4 (Channel 4 28.6.10 / Arte 16.6.12), 49 min. – av. Liam Thomas (ltn. William Cumby), Merveille Lukeba (John Hackett), Joe Golby (John Moulder), Ivan Wilkinson (aspirant Henry Walker), Jamie Lee (narrateur).
Un docu-fiction qui mérite l’attention par son seul sujet : il n’y avait pas que des Anglais à bord de la flotte commandée par Nelson : le « HMS Bellerophon » comptait dix anciens esclaves noirs, trois Français, un Suédois, un Portugais, un Danois et un Américain parmi ses marins.
2011(tv) Nelson’s Navy Back From the Dead (GB) de Jeremy Turner
James Tovell-J. Turner/October Films Ltd-Channel 4-National Georgraphic Ch. (Ch. 4 4.9.11), 46 min. – av. Finn Burridge, Mickey Cockrane, Christopher Connell, Alec Davis, Christian Hudson, Jonathan Leonard, Catherine Maccabe, Samantha Morris, Rachel Teate, Andrew Thompson. Stephen Woods (l’équipage de Nelson), Jamie Lee (narration). – Docu-fiction d’investigation sur l’équipage et les conditions de vie de la Royal Navy sous Nelson.
2013/14(tv) Nelson in His Own Words (GB) de David Belton
Steve Condie, Martin Davidson/Oxford Scientific Films-BBC Cymru Wales (BBC2 6.3.15), 60 min. – av. Jonathan Slinger (Horatio Nelson), Lydia Rose Bewley (Lady Emma Hamilton), Jonathan Firth (narration). – Docu-fiction : la vie de Nelson pendant les années 1798 (Aboukir) et 1805 (Trafalgar) évoquée à travers ses lettres privées. Sa correspondance révèle un homme bien plus complexe que sa légende posthume : téméraire, ambitieux, sans scrupules, obsédé, égocentrique, jaloux et totalement irrationnel, des traits assez inattendus pour un héros national. Manipulateur redoutable quand il s’agit de faire avancer sa carrière, avare en compliments envers ses rivaux potentiels, amoureux passionné dans ses lettres à Emma Hamilton (scénario de David Belton).
2020(tv) Splendeur et déchéance de Lady Hamilton (FR) de Benjamin Lehrer (fict.), Vincent Mottez et David Jankowski (doc.)
Série "Secrets d'Histoire" présentée par Stéphane Bern (saison 14, épis. 2), Laurence Menec, Jean-Louis Remilleux/Société Européenne de Production-France Télévisions (FR2 20.1.20), 115 min. - av. Clara Botte (Lady Emma Hamilton), Zazou de Crécy (la reine Marie Caroline), Aubry Houilliez (l'amiral Horatio Nelson), Lou Gala (Fanny), Pascal Fonta (le peintre George Romney), Alexis Neret, Junon Bouteille, Gérard Ducroux, Manon Hoffmann Adrien Philippon, Mathieu Theoleyre.
Docu-fiction avec reconstitutions tourné sur les lieux historiques à Londres et à Naples.