Ia - NAPOLÉON ET L'EUROPE

8. NAPOLÉON REDESSINE LA CARTE D’ITALIE

Giuseppe Porelli (le roi Ferdinand IV), Maria Mauban et Amedeo Nazzarri (Fra Diavolo) dans Donne et briganti de Mario Soldati (1950).

8.6. Fra’ Diavolo, brigand et patriote napolitain

Né dans une famille aisée d’Itri, Michele Pezza, dit Fra’ Diavolo (1771-1806), est d’abord sergent de l’armée royale napolitaine. Il participe dans le sud du Latium et le nord de la Campanie aux combats contre les troupes franco-polonaises (« la Légion polonaise ») qui s’emparent de Naples pour y instaurer la République parthénopéenne. Les dérapages de l’occupant (pillages, viols, exécutions) renforcent les rangs des rebelles ; le père de Pezza est tué lors d’une opération de représailles. Pezza, qui a réuni une troupe de 4000 irréguliers sanfédistes au nord de Terra di Lavoro, devient un des principaux chefs de l’armée insurrectionnelle de la Santa Fede du cardinal Ruffo en Calabre, organisant des embuscades d’une rare férocité (des centaines de prisonniers sont torturés et mutilés) ; préfigurant les méthodes de la guérilla espagnole, il fait remplacer, dans les villages conquis, les « arbres de la liberté » par des crucifix. Ses maquisards brigands, les « lazzari », contribuent à reprendre Naples en 1799, aux côtés des régiments royaux et de la flotte britannique. En récompense, le cardinal-ministre accorde à Pezza un brevet de colonel, le fait duc de Cassero et lui attribue une pension royale ; devenu riche, Pezza s’installe près d’Itri avec son épouse, Fortunata Rachele Di Franco, qui lui donne deux fils. En janvier 1806, lorsque Napoléon envahit Naples et place son frère Joseph sur le trône, Pezza reprend les armes et opère depuis la Sicile avec l’aide des Anglais. Le maréchal Masséna lui inflige une défaite décisive en Calabre, sa tête est mise à prix. Il poursuit une guérilla sauvage durant l’été, mais sans espoir : les Anglais se retirent, les armées impériales sont en surnombre ; en novembre, faute de soutien des Calabrais, Pezza est trahi et capturé à Baronissi par des régiments corses du major Joseph-Léopold Hugo (le père de Victor Hugo), venus de Bastia. Hugo le condamne à mort pour « banditisme » et le fait pendre sur la Piazza del Mercato à Naples le 10 novembre 1806. En récompense, le roi Joseph nomme Hugo colonel, maréchal du palais et chef militaire de la province d’Avellino ; il finira général d’Empire.
Fra Diavolo a durablement marqué le folklore et la fiction, apparaissant dans la pièce Fra Diavolo, chef des brigands dans les Alpes de Cuvillier et Franconi (1808), divers écrits d’Alexandre Dumas (I Borboni di Napoli, 1862-66, La San-Felice, 1865), la nouvelle The Inn at Terracina d’Irving Washington (1824) et le feuilleton Les Habits Noirs de Paul Féval (1863). Sa réputation abusive sinon exclusive de brigand (il a tout de même de menues attaques de diligences à son actif), il la doit à ses ennemis français, en particulier à l’opéra comique en 3 actes Fra Diavolo ou L’Hôtellerie de Terracine, composé par Daniel-François-Esprit Auber à partir d’un livret d’Eugène Scribe et de Casimir Delavigne [1830]. Notons que dans cette œuvre lyrique, une des plus populaires du XIXe siècle, l’intrigue ignore le contexte historique, et hormis la géographie, le banditisme de l’époque et le célèbre patronyme, elle ne présente aucun rapport avec l’authentique Fra Diavolo, farouche pourfendeur de Français. À l’opéra, ce dernier est un bandit tout sauf altruiste, idéaliste ou politiquement engagé. Lord Cockburn et Lady Pamela, un couple d’aristocrates anglais qui viennent d’être dépouillés de leurs bijoux et de leur argent par Fra Diavolo, arrivent furieux dans une taverne près de Terracine où se ravitaillent un groupe de carabinieri. Le brigadier Lorenzo rêve de capturer le hors-la-loi, car la récompense lui permettrait d’épouser Zerline, la fille de l’aubergiste Mathéo. Une chasse à l’homme est organisée. Après un coup partiellement manqué, Fra Diavolo se déguise en marquis et s’installe à l’auberge (où les Anglais racontent leurs mésaventures) pour y parachever son travail et récupérer une précieuse cassette d’argent. Les carabinieri reviennent victorieux, ils ont tué vingt brigands, mais leur chef court toujours ; en récompense, Lorenzo reçoit dix mille francs du Lord. On prépare le mariage. Toutefois, le brigadier suspecte cet étranger qui fait les doux yeux et à Lady Pamela et à sa Zerline, et il finit par le provoquer en duel. Fra Diavolo prépare un guet-apens pour l’assassiner, tandis que deux de ses sbires voleront l’argent du Lord. Zerline alerte les gendarmes qui découvrent les instructions écrites par le brigand, Fra Diavolo est arrêté et l’hymen du vaillant brigadier et de la fille de l’aubergiste peut enfin avoir lieu.
1906Fra Diavolo (DE) d’Oskar Messter
Biophon-Theater, Berlin (Tonbilder), 60 m./3 min. – av. Albert Kutzner (Fra Diavolo), Hedwig Francillo-Kaufmann (Zerlina). – Un air de l’opéra comique d’Auber sur phonographe accompagne les images à l’écran.
1910Fra Diavolo (FR) d’Albert Capellani
Société cinématographique des auteurs et gens de lettres (S.C.A.G.L.)-Pathé Frères S.A. (Paris), 245 m./env. 10 min. – av. Jean Angelo (Fra Diavolo), Georges Baud (cpt. Lorenzo), Marcelle Barry (Zerlina, la fille de l’aubergiste), Maurice Luguet, Eugénie Nau, Germaine Rouer.
Michel Carré reprend dans son scénario l’intrigue apolitique (et fortement abrégée) de l’opéra comique d’Auber, Eugène Scribe et Casimir Delavigne : le carabinieri Lorenzo capture Fra Diavolo et épouse Zerlina.
1912Fra Diavolo (US) d’Alice Guy-Blaché
Herbert Blaché/Solax Film Co. (Flushing, N.Y.), 3 bob./env. 45 min. – av. Billy Quirk (Fra Diavolo), George Paxton (Lord Allcash [Cockburn]), Fanny Simpson (Lady Allcash [Cockburn]), Darwin Karr (cpt. Lorenzo), Blanche Cornwall (Zulima/Zerlina), Lee Beggs (un brigand), la petite Magda. – L’intrigue d’Eugène Scribe filmée dans les studios Solax à Flushing et dans les forêts de Long Island par la première femme cinéaste, la Française Alice Guy, formée chez Gaumont à Paris.
1916Fra Diavolo (FR)
Société Française des Films Eclair (Paris), 1290 m. (drame en quatre actes).
1920/21Δ [Banditen (DE) de Max Agerty ; Sing-Film GmbH (Berlin). – av. Alois Pennarini (Santanello, chef des brigands), Karl Geppert (Lord Rossbif), Vera Schreiber (Lady Rossbif), Erner Hübsch (Serafino, l’aubergiste), Harry Ensor (Lorenzo, son fils), Melitta Kiefer (Marietta, une orpheline), Werner Stein (Neppo), Emil Stammer (Beppo), Juana del Soto (Zita). – Un scénario de Carlo Emerich qui plagie ouvertement le Fra Diavolo d’Eugène Scribe.]
1922Fra Diavolo (GB) de Challis Sanderson
Série « Tense Moments from Opera », Master Films-Gaumont (opéra), 394 m./env. 12 min. – av. Gordon Hopkirk (Fra Diavolo), Vivian Gibson (Zerlina), Lionelle Howard (cpt. Lorenzo), Amy Willard (Lady Allcash/Donna Elvira). – Quelques airs de l’opéra d’Auber-Scribe.
1923Fra Diavolo (IT) d’Emilio Zeppieri
Bosia Film-Zeppieri Fonocinema, 1122 m./env. 70 min. – Une tentative de cinéma sonore effectuée à partir de l’opéra d’Auber et Scribe, enregistrée au Teatro Verdi à Milan avec des artistes de l’opéra. Le résultat est si peu concluant que le film est déprogrammé après la première projection.
1925Frà Diavolo (IT) de Mario Cargiulo et Roberto Leone Roberti
E.F.A., 1921 m./env. 75 min. – av. Gustavo Serena (Fra Diavolo alias Michele Pezza), Tina Xeo (Grazia Mimi Pretolani), Arnold Kent (Monacello), Giovanni Enrico Vidali (Don Gaspare Arcinati), Carlo Benetti (Enrico di San Germano), Umberto Scalpellini (Bartolomeo), Alfredo Martinelli (Zufolo), Gino Soldarelli (Falco), Lido Manetti, Alfredo Martinelli, Mimi Dovia, Marcella Sabbatini.
Loin de l’opéra comique d’Auber et Scribe, Cargiulo et Roberto Leone Roberti (le père de Sergio Leone) veulent aborder la véritable histoire de Michele Pezza, patriote napolitain opposé au général Hugo et sujet du roi Ferdinand. Sa tête est mise à prix, il se sauve grâce à l’aide du cardinal Ruffo et chasse les Français à Gaeta, avant d’être capturé et exécuté. Un film peu distribué, produit alors que le cinéma italien est au plus bas.
1931Fra Diavolo / Der Teufelsbruder (IT/DE) de Mario Bonnard
Charles Delac, Marcel Vandal/Itala Film S.A., Roma-Itala Film GmbH, Berlin, 82 min. – av. Tino Pattiera (Fra Diavolo), Brigitte Horney (Anita, sa maîtresse), Kurt Lilien (Scaramanzia), Heinrich Heiliger (cdt. Viani, chef de la police), Ernst Stah-Nachbaur (Giovanni d’Arezzo, prince Fondi, gouverneur de Pescara), Philipp Manning (Peter), Friedrich Gnass (Rodomonte), Margarethe Hruby (Paula Gori), John Mylong.
Synopsis : En été 1798 dans les Abruzzes, le chef des brigands Fra Diavolo veut provoquer la chute de la monarchie des Bourbons à Naples et s’allie avec les rebelles jacobins. Le gouverneur de Pescara met sa tête à prix. Soupçonnant à tort Anita, son amoureuse gitane, de le trahir, il la chasse. Sur la route d’Aquila, Fra Diavolo enlève le marquis Corri, envoyé spécial du roi Ferdinand pour écraser la révolte, puis se rend à Pescara sous son identité, flanqué de son compagnon Scaramanzia déguisé en secrétaire privé. Sur place, il décrète une amnistie pour tous les prisonniers politiques, mais un soldat blessé lors de l’enlèvement du marquis le démasque. Le palais est cerné. Anita, devenue la maîtresse du chef de la police, le cauteleux Viani, les aide à s’évader. Elle est incarcérée, Viani dresse un guet-apens pour s’emparer de Fra Diavolo, mais il périt lors du soulèvement général des Napolitains contre les Bourbons. La République parthénopéenne est instaurée, Fra Diavolo épouse Anita.
L’histoire est ici sérieusement malmenée, puisque la République fut proclamée le 21 janvier 1799 par les troupes franco-polonaises du général Championnet, dont Fra Diavolo, rallié à la Sainte Foi par le cardinal Ruffo, va devenir l’adversaire le plus impitoyable ! Cette ambitieuse coproduction entre Berlin, Paris et Rome affiche un emballage luxueux : elle reprend des motifs de l’opéra comique d’Auber avec une demi-douzaine d’airs interprétés par Tino Pattiera, un ténor croate qui eut son heure de gloire à Dresde et à Chicago dans les années vingt (il est le seul à chanter dans le film) ; les costumes sont de Boris Bilinsky, la photo de Nicolas Farkas, la musique additionnelle de Giuseppe Becce ; nouvelle star au firmament de la Ufa, Brigitte Horney lui donne la réplique en allemand. Le script de Nunzio Malasomma et Hedy Knorr intègre quelques éléments seulement du livret de Scribe. Quoique tourné à Cinecittà par l’Italien Bonnard (avec des extérieurs dans la région parisienne), le film n’a curieusement pas de version parlée italien, seulement une française (avec un casting différent, cf. infra) et une anglaise (les acteurs sont français), distribuée par Universal à Londres en avril et à New York en novembre 1931. Le résultat à l’écran est un peu laborieux et lourd, mais son statut de premier film-opéra parlant, rehaussé par cavalcades et batailles, suffit à assurer son succès. – GB, US : Fra Diavolo, AT : Hass und Liebe (Schön ist die Liebe).
1931Fra Diavolo (FR/IT/DE) de Mario Bonnard
Charles Delac, Marcel Vandal/Itala-Film, 82 min. – av. Tino Pattiera (Fra Diavolo), Madeleine Bréville (Anita), Armand Bernard (Scaramanzia), Pierre Magnier (gén. Dufresne), May Vincent (comtesse Dufresne), Alex Bernard (le marquis Corri), Jacques Varennes (cdt. Viani, chef de la police), Jean d’Yd, Nathalie de Sol, Germaine Kerjean, Henri Valbel. – Version française du précédent, diffusée également, après postsynchronisation, dans les pays anglo-saxons.
1933*The Devil’s Brother / Fra Diavolo (Fra Diavolo) (US) de Hal Roach et Charles Rogers
Hal Roach Prod./Metro-Goldwyn-Mayer, 88 min. – av. Stan Laurel (Stanlio), Oliver Hardy (Ollio/Oliviero), Thelma Todd (Lady Pamela Rockburg [= Cockburn]), Dennis King (Fra Diavolo/marquis de San Marco), James Finlayson (Lord Rockburg [= Cockburn]), Lucile Browne (Zerlina), Arthur Pierson (cpt. Lorenzo), Henry Armetta (Matteo, l’aubergiste), Matt McHugh (Francesco), Lane Chandler (le lieutenant), Nina Quartero (Rita).
Synopsis : Après s’être fait passer pour le terrible Fra Diavolo et son bras droit auprès des voyageurs qu’ils détroussent, Stanlio et Ollio sont confondus par le véritable brigand qui leur donne à choisir entre la mort et leur complicité dans le vol des bijoux de Lady Rockburg, à l’auberge voisine. Les deux accompagnent le marquis de San-Marco alias Fra Diavolo comme domestiques mais, cumulant bêtises et maladresses, ils finissent par trahir la véritable identité de leur maître. Les trois sont arrêtés et vont être passés par les armes quand Stanlio, en sortant un mouchoir rouge, met en fureur un taureau qui charge les soldats du peloton d’exécution. Les deux compères parviennent à s’enfuir dans la confusion générale, à califourchon sur le taureau, tandis que Fra Diavolo disparaît à cheval.
Amalgame de burlesque et d’opéra comique, ce film écrit par Jeanie Macpherson et tourné aux Hal Roach Studios à Culver City, est une parodie souvent hilarante de l’œuvre d’Auber et Scribe ; il s’agit sans doute du long métrage le plus célèbre du tandem Laurel et Hardy (affublés d’invraisemblables perruques), et leur préféré. Ce qui ne veut pas dire leur meilleur, car il est handicapé par des lourdeurs, des maladresses et les remplissages sentimentaux liés à l’intrigue autour du ténor Dennis King (le seul à chanter). Cela dit, on n’est pas près d’oublier les phénoménaux jeux de mains de Laurel (le « kneesie-earsie-nosie » et le « finger-wiggle »), une scène de fou rire collectif ainsi qu’une scène d’ivresse qui font la joie des spectateurs grands et petits. (Le film totalisait 117 min. à l’origine, mais fut réduit à 88 min. après une « preview » catastrophique.) – DE, AT : Die Teufelsbrüder, Dick und Doof – Hände hoch, oder nicht, US : Bogus Bandits (rééd.).
1941/42Fra’ Diavolo (IT) de Luigi Zampa
Edoardo Brescia/S. A. Fotovox, 90 min. – av. Enzo Fiermonte (Fra Diavolo alias Michele Pezza), Elsa De Giorgio (Fortunata Consiglio), Laura Nucci (Gabriella Del Prà), Cesare Bettarini (Carlo Consiglio), Corrado De Cenzo (gén. Pierre Dupont de l’Étang), Celio Bucchi (gén. André Masséna), Agostino Salvietti (Ciccio La Rosa, chef de la police), Carlo Romano (Tiburzio), Loris Gizzi (le préfet), Marcello Giorda (le général), Renato Chiantoni (Sputafuoco), Giulio Battiferri (brigand), Eugenio Duse (Pasquale Rotolo), Tino Erler (l’envoyé de Lord Nelson), Remo Lotti (Giulio La Forgia), Alberto Marchió (ltn. Le Marnier), Emilio Petacci (le ministre du roi).
Synopsis : Devenu bandit par patriotisme, Fra Diavolo alias Michele Pezza parvient à chasser les Français du royaume de Naples. En guise de récompense, le cardinal Ruffo l’intègre à l’armée des Bourbons avec le grade de colonel et le fait duc. Mais, quoique marié à une jeune et belle aristocrate napolitaine, Pezza se lasse de la vie oisive à la cour et reprend le maquis contre les Français. Il est capturé et condamné à la potence, mais une espionne française, amoureuse du beau rebelle, l’aide à s’évader et à se réfugier en Calabre avec ses compagnons.
Premier long métrage de Luigi Zampa, un des futurs petits maîtres de la comédie à l’italienne, auteur également de quelques films dénonçant le fascisme et la guerre (Vivere in pace, 1946). C’est de l’honnête cinéma populaire, farceur, picaresque, mélodramatique à souhait, loin de toute vérité historique – la trame est tirée d’une pièce inédite de Luigi Bonelli et Giuseppe Romualdi – que Zampa et son chef opérateur Giovanni Vitrotti tournent aux studios Pisorno à Tirrenia et dans la campagne toscane. Ancien champion de boxe très admiré par le Duce, Enzo Fiermonte se recycle avec un certain entrain dans le cinéma d’aventures. Signe des temps, ce Fra Diavolo du cinéma mussolinien, un révolutionnaire devenu homme d’État (comme le dictateur), ne s’attaque pas seulement aux Français, mais aussi aux Anglais (il refuse l’aide visiblement intéressée de l’hypocrite Lord Nelson). – US : The Adventures of Fra Diavolo.
1948Fra’ Diavolo (IT) d’Enrico Fulchigoni (th), Edmondo Cancellieri (film)
George Richfield/First Opera Film Festival Prod., 25 min. – av. Nino Adami (Fra Diavolo), Palmira Vitali-Marina (Lady Pamela), Luciano Neroni (Giacomo), Gino Conti (Matteo, l’aubergiste), Giacinto Prandelli, Magda Laszlo (Zerlina). – Captation partielle de la mise en scène de l’opéra de Rome sous la direction musicale d’Angelo Questa.
1950*Donne e briganti / Fra Diavolo (Héros et brigands) (IT/FR) de Mario Soldati
Valentino Brosio/Lux Film (Roma)-Lux C.C.F. (Paris), 91 min. – av. Amedeo Nazzari (Michele Pezza dit Fra Diavolo), Maria Mauban (Marietta Luciani), Jean Chevrier (gén. Joseph-Léopold Hugo), Paolo Stoppa (Peppino Luciani), Enrico Viarisio (le général-cardinal Fabrizio Dionigi Ruffo), Jacqueline Pierreux (Nora), Giuseppe Porelli (Ferdinand IV de Bourbon, roi de Naples), Nando Bruno (Beato, l’aubergiste), Felice Minotti (fourrier Dupont), Guido Celano (sgt. Borbonne), Virgilio Riento (frère Marco), Nino Vingelli (Ciccillo), Ada Dondoni (Mère supérieure), Rina Franchetti (sœur Emilia).
Synopsis : Michele Pezza, un chasseur contrebandier, veut épouser Marietta, son amie d’enfance, mais les origines de la belle sont mystérieuses, seul le cardinal Ruffo connaît son secret. On la dit fille illégitime du roi de Naples, et Luciani, son père officiel, la cache. Refusant de se faire embrigader dans l’armée des Bourbons, Michele tue accidentellement un soldat et s’enfuit dans les montagnes où il prend le nom de Fra Diavolo et vit de brigandages. Mais lorsque arrivent les Français, il les combat avec ses compagnons hors-la-loi et leur barre le chemin vers Naples. Napoléon ordonne au général Hugo de s’emparer de Fra Diavolo. Ferdinand IV s’enfuit en Sicile après avoir fait de Michele un officier. En récupérant Marietta, enfermée dans un couvent, ce dernier est surpris par les Français qu’un rival, Peppino, a alertés. Il croise le fer avec Hugo, le désarme et disparaît. Nora, une aventurière, l’aide à traverser les lignes ennemies et le soigne quand Peppino lui tire dessus pour le tuer. Croyant son adversaire mort, le félon commet des atrocités contre l’occupant sous l’identité usurpée de Fra Diavolo, intrigue à la cour sicilienne en faisant chanter le cardinal Ruffo et s’arroge le titre de duc de Cassano. Mais le glas sonne lorsque le général Hugo offre la paix à condition qu’on lui livre Fra Diavolo. Hugo, qui s’est pris d’amitié secrète pour Michele, feint de ne pas le reconnaître sous son déguisement de moine et ordonne l’exécution de Peppino à sa place. Le faux Fra Diavolo étant mort, Michele peut épouser Marietta avec la bénédiction du roi, son père naturel mis au courant par le cardinal Ruffo.
Un film d’aventures bondissant, alerte et joliment ficelé, original malgré ses libertés et inévitables conventions scénaristiques (le script est signé Nicola Manzari, Pierre Lestringuez et Vittorio Nino Novarese). Romancier humaniste, cinéaste raffiné et de vaste culture, très à l’aise dans l’esthétisme du film à costumes (comme en témoignent ses chefs-d’œuvre, Piccolo mondo antico et Malombra en 1941-42), Mario Soldati est pourtant mal parti avec ce bandit notoirement réactionnaire et antijacobin ; le réalisateur s’ingénie donc à ne pas masquer les idées libertaires de l’envahisseur tout en condamnant la guerre et le militarisme de toute obédience. Il n’a pas le cœur de tuer son héros ni d’incriminer le père de Victor Hugo. Ses Napolitains sont sympathiques et ridicules, hypocrites et arrogants quand ils détiennent le pouvoir, mais leurs tyrans sont inoffensifs (Fra Diavolo rit chaque fois qu’il aperçoit un portrait du roi). Accessoirement, Soldati s’amuse à suggérer une vague passion incestueuse de Peppino pour Marietta, qu’il a longtemps prise pour sa sœur. Le film – qui sortira en France en 1952 – est tourné aux studios Titanus à Rome, à Anagni (Latium), en Campanie et dans le palais royal de Caserte à Naples. Deux ans plus tard, Soldati dirigera une autre coproduction franco-italienne consacrée à un bandit légendaire, Les Aventures de Mandrin avec Raf Vallone. Là, une fois de plus, Mandrin ne sera pas supplicié à la fin, la Pompadour ayant obtenu sa grâce du roi (!). – DE : Frauen und Rebellen, ES : Fray Diablo, US : The King’s Guerrillas (Of Love and Bandits).
1961(tv) Fra Diavolo (FR) de Jean Kerchbron
Série « L’Histoire dépasse la fiction », Radio-Télévision Française (RTF) (1re Ch. 25.3.61), 90 min. – av. Jean-Marie Amato (Fra Diavolo), Jean-Pierre Marielle (Ruffo), Clément Bairam (Mattéo), Marcel Lupovici (Luigi), Yvonne Clech (Lady Hamilton), Jacques Chavert (Lord Horatio Nelson), Jacqueline Jefford (Marie-Caroline de Habsbourg, reine de Naples), Jean Gras (gén. Joseph-Léopold Hugo), Jean Champion (Joseph Bonaparte), Georges Beauvilliers (Puizetti), Gabriel Garran (Marini), Pierre Constant, Michel Touraille, Albert Litchi, Pierre Sabbagh (présentation).
Kerchbron s’applique à restituer la véritable histoire du bandit dans cette dramatique d’Henri Noguères filmée en noir et blanc aux studios des Buttes-Chaumont et présentée par Pierre Sabbagh. Le brigand répond à l’appel lancé au nom de la « Sainte Foi » par le cardinal Ruffo dans sa lutte entreprise en 1799 contre l’occupation française. On suit Fra Diavolo, devenu colonel et baron dans le maquis, à la cour de la reine Marie-Caroline, à bord du « Foudroyant » de l’amiral Nelson où intrigue la belle Lady Hamilton et enfin dans le camp français où Fra Diavolo affronte le commandant Hugo.
1962I tromboni di Fra’ Diavolo / Fra Diávolo (Les Dernières Aventures de Fra Diavolo) (IT/ES) de Giorgio Simonelli et Miguel Lluch (vers. esp.)
Produzione Dario Sabatello (Roma)-Agata Films S.A. (Madrid), 97 min. – av. Ugo Tognazzi (sgt. Visicato), Raimondo Vianello (ltn. Salimei), Francisco Rabal (Fra Diavolo/marquis de Torrebuna), Jocelyn Lane (Cristina Forzano), Moira Orfei (Carolina), Germán Cobos (col. Chamonis), María Cuadra (Carla), Fernando Sancho (Mammone), Alberto Bonucci, Julio Riscal, José Calvo, Jesús Puente.
Synopsis : Ferdinand IV s’enfuit devant les armées de Bonaparte, qui entrent dans Naples au son de la Marseillaise, et tombe dans une embuscade de Fra Diavolo. Révulsé par la lâcheté du souverain, le bandit décide de défendre son pays envahi avec ses « lazzari ». Il est secrètement fiancé à Cristina, la fille d’un noble italien dont le château est occupé par les soldats français du colonel Chamonis et un détachement de volontaires italiens de la République cisalpine. Ces derniers se couvrent de ridicule en se laissant berner par le rebelle, tandis que leurs alliés français s’égarent dans les montagnes. Les deux responsables, le lieutenant Salimei et le sergent Visicato, sont dégradés et condamnés à la potence. Mais Fra Diavolo les sauve et ils se rallient à sa cause. Salimei, soucieux de regagner ses galons, trahit son bienfaiteur qui tombe dans un piège : le couvent où il veut se marier avec Cristina est tenu par des militaires français de Chamonis déguisés en moines. Les véritables capucins interviennent à temps pour rosser les Français. Pas très fier et dégoûté de l’uniforme, Salimei choisit définitivement le maquis.
Cette bande de joyeuses aventures est tournée en Eastmancolor en extérieurs en Castille et à Tolède (Palacio-Museo de Tavera) ; les « tromboni » du titre sont des tromblons (aussi appelés espingoles ou mousquetons), des fusils au canon évasé en forme de trompette, arme très répandue parmi les bandits italiens. La légende est ici revue avec humour, grâce à un des tandems comiques alors les plus populaires du petit écran, formé par Ugo Tognazzi et Raimondo Vianello. Dans les décennies qui suivent, le film battra un record de diffusions à la RAI. – Nota bene : cette même année, la RAI produit la pièce radiophonique Storia di Michele Pezza, detto Fra Diavolo, mise en ondes par le futur téléaste Anton Giuliano Majano. – DE : Fallen für Fra Diavolo.
1962La leggenda di Fra’ Diavolo (Légions impériales) (IT) de Leopoldo Savona
Giovanni Addessi, Felice D’Alisera/Era Cinematografrica-G. A. Produzione Cin.ca., 118 min./90 min. – av. Tony Russell (Michele Pezza, dit Fra Diavolo), Haya Harareet (Fiamma), Mario Adorf (Nardone), Amedeo Nazzari (col. Joseph-Léopold Hugo), Claudia Mori (la comtesse Luisa), Giacomo Furia (Vedovo), Mario Valdemarin (Sebastiano), Nino Vingelli, Milla Sannoner, Roger Luis.
Synopsis : En 1799, les troupes françaises du commandant Joseph-Léopold Hugo (sic) s’emparent du Royaume de Naples, Le roi s’étant lâchement enfui à Palerme, l’âme de la résistance est Michele Pezza surnommé Fra Diavolo, qui tient tête aux envahisseurs avec sa bande de « lazzari ». Après l’armistice, Ferdinand retourne à Naples et nomme Fra Diavolo colonel, mais l’aristocratie qui le hait et craint son franc-parler le rend responsable de diverses rapines, et il doit fuir dans les hauteurs du Latium. Il y est jalousé par le chef de bande Nardone qui ne rêve que de pillages. Aimé par Fiamma, Fra Diavolo a renoncé à l’amour de la comtesse Luisa qui lui a donné un fils. Lorsque la guerre recommence, en 1806, il reprend le maquis. Alors qu’il affronte les troupes impériales de Hugo avec son armée de rebelles, Nardone le trahit. Fiamma abat le traître et, blessée, décède dans les bras de Fra Diavolo qui, lui, est capturé par les Français et pendu.
Ce produit sans prétention du réalisateur napolitain Leopoldo Savona a le mérite relatif de coller d’un peu plus près aux faits historiques (Hugo ne débarqua toutefois en Italie qu’en 1806 et obtint le grade de colonel après la capture de Fra Diavolo), offre quelques cavalcades animées et surtout un casting amusant, avec l’Américain Tony Russell (né Antonio Pietro Russo au Wisconsin), l’Israélienne Haya Harareet (Esther, la fiancée vite oubliée de Charlton Heston dans Ben-Hur), Amedeo Nazzari en fringant officier impérial et le toujours patibulaire Mario Adorf en chef de bande. Le tout est bouclé en Totalscope et Eastmancolor aux studios IN.CI.R-De Paolis à Rome et en extérieurs dans la région de Lubiana, en Yougoslavie. – US : The Legend of Fra Diavolo.
1963L’ultima carica (La Dernière Charge) (IT) de Leopoldo Savona
Giovanni Addessi/Telefilm International, 94 min. – av. Tony Russel (Rocco Vardarelli), Haya Harareet (Claudia), Barbara Nelli (Fiamma), Giacomo Furia, Arturo Dominici, Oreste Lionello, Anna Maria Surdo, Franco Balducci, Aldo Buffi Landi.
Synopsis : Rocco, un brigand patriote des Abruzzes, combat avec acharnement pour libérer son pays de la tyrannie des Bourbons. Il s’éprend de Claudia, une belle aristocrate qui lui propose d’entrer au service du gouverneur local, un homme haï par la population qu’il exploite. Rocco retourne auprès des siens et de sa fidèle Fiamma. Lorsque les troupes royales mettent la commune rebelle d’Itri (le lieu de naissance de Fra Diavolo, province de Latina) à feu et à sang, il s’attaque au gouverneur. Alors qu’il revoit en secret Claudia, les soldats le capturent. Il est persuadé que Claudia l’a trahi, mais celle-ci, au contraire, sacrifie sa vie pour le sauver. À la tête de ses maquisards, Rocco remporte une victoire décisive sur les Bourbons.
Ce salmisgondis ultramodeste, calqué sur les exploits attribués à Fra Diavolo, est en fait bricolé avec les chutes et toutes les scènes d’action du précédent film de Leopoldo Savona, La leggenda di Fra’ Diavolo (1962, cf. supra), tourné en Totalscope et Eastmancolor en Yougoslavie. Savona utilise également les mêmes acteurs principaux, Tony Russel, Haya Harareet et Giacomo Furia. Dans son recueil Impressions de voyage : le Corricolo, paru en 1843, Alexandre Dumas conte les exploits de l’authentique bandit Gaetano Vardarelli, qui aurait servi sous le roi Murat, puis rejoint plus tard les carbonari. – US : The Last Charge, ES : La ultima carga.
1980(tv-mus) Fra Diavolo (FR) d’André Flédérick (tv), Jacques Rosny (th)
(FR3 29.11.80), 120 min. – av. Rémy Corazza (Fra Diavolo), Bernadette Antoine (Lady Pamela), Christine Barbaux (Zerlina), Gérard Friedmann (Lord Cockburn), Tibère Raffalli. – Captation de l’opéra bouffe d’Auber et Scribe à l’Opéra de Strasbourg, sous la direction musicale de Jean-Marc Cochereau.