I - LE ROYAUME DE FRANCE

La chevalerie française sous-estime gravement l’adversaire anglais à Azincourt (« Henry V » de K. Branagh, 1989).

7 . LA GUERRE DE CENT ANS (1339 à 1453)

Déclenchée par des querelles familiales sordides, la Guerre de Cent Ans devient le premier conflit occidental opposant non pas deux lignages - les Plantagenêts et les Valois - mais deux États et leurs alliés; les Français affrontent non seulement des Anglais, mais se combattent aussi entre eux, Armagnacs contre Bourguignons, sans parler des ravages commis par les Grandes Compagnies, meutes de mercenaires sans foi ni loi. La guerre n'a du reste pas duré cent ans : les dates de 1339 à 1453 ont tendance à occulter de longues périodes de trêve, voire de paix; il n'y eut en tout que sept ans de véritables conflits armés. Edward III d’Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle, de langue et de culture françaises comme ses prédécesseurs Plantagenêts, revendique la couronne de France et déclenche les hostilités sur le continent. Avec ses 14 millions d’habitants, la France est alors le royaume le plus peuplé et le plus riche de l’Occident chrétien ; l’Angleterre ne compte que 3,5 millions d’habitants, soit quatre fois moins que la France. Les souverains adversaires de l’Angleterre sont :

PHILIPPE VI de Valois 1328 / 1350
Né en 1293, fils de Charles de Valois et de Marguerite de Sicile. Reines: Jeanne de Bourgogne (1293-1348), Blanche de Navarre (?-1398). Victoire écrasante des Anglais à Crécy (1346), qui imposent une nouvelle tactique de guerre fondée sur les archers et les fantassins, et perte de Calais (1347) qui restera anglais pendant deux cents ans. Philippe VI meurt complètement discrédité.
Cette même année, en 1350, la Grande Peste, venue d’Asie, commence à ravager l’Europe et s’étend de Paris à Moscou, faisant trente millions de victimes, soit entre un tiers et une moitié de la population du continent.
JEAN II dit « le Bon » 1350 / 1364
Né en 1319. Reines: Bonne de Luxembourg (1316-1349), Jeanne de Boulogne (1326-1361). Fait prisonnier à la bataille de Poitiers, une nouvelle défaite française en 1356 (sept mille Anglais affamés et terrorisés écrasent quinze mille Français mal dirigés), Jean le Bon finit ses jours en captivité à Londres.
CHARLES V dit « le Sage » 1364 / 1380
Né en 1338, fils de Jean II le Bon. Reine: Jeanne de Bourbon (1338-1377). Régent pendant la captivité de son père à Londres, son règne marque la fin de la première partie de la guerre de Cent Ans : Charles V réussit à récupérer la quasi-totalité des terres perdues par ses prédécesseurs, restaure l’autorité de l’État et relève le royaume de ses ruines. L’instauration d’impôts durables permet à Charles V de doter la couronne d’une armée permanente. Ayant retourné les vassaux gascons favorables à l’ennemi, il encourage le sentiment national naissant qui transforme peu à peu les Anglais en « envahisseurs ». Souverain lettré, il fonde au Louvre la première librairie royale.
CHARLES VI dit « le Fou » 1380 / 1422
Né en 1368, fils de Charles V, pris de crises de folie à partir de 1392. Reine: Isabeau/Elisabeth (Isabelle) de Bavière (1371-1435), fille d’Etienne II de Bavière. Guerre civile entre les Armagnacs du duc d’Orléans, partisans de la couronne, et les Anglo-Bourguignons que dirige Jean sans Peur, duc de Bourgogne (1407). Après la défaite d’Azincourt (1415) où cinquante mille Français sont écrasés par douze mille Anglais, les souverains déshéritent le dauphin en faveur du roi d’Angleterre (traité de Troyes).
CHARLES VII dit « le Victorieux » 1422 / 1461
Né en 1403, fils de Charles VI. Reine: Marie d’Anjou (1404-1463). Quoique déshérité en faveur de Henry V d’Angleterre, puis du jeune fils de celui-ci, Henry VI (qui, enfant, monte sur le trône en 1422), le dauphin est sacré roi à Reims en 1429 grâce à Jeanne d’Arc et au parti armagnac. Mais il ne fait rien pour sauver la Pucelle du bûcher.

Les victoires successives de Jeanne d’Arc (cf. infra, 7.7) et de Charles VII à Orléans (1429), à Patay, en Bretagne et en Normandie annulent le traité de Troyes. Devenu un des seigneurs les plus puissants d’Europe mais craignant d’être débordé par les Anglais, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, finit par se rapprocher de Charles VII et conclut avec lui le traité d’Arras en 1433, qui (en échange de grosses concessions territoriales sur la Somme et en Picardie) met fin à l’alliance anglo-bourguignonne. Privés du soutien de la population, les Anglais sont peu à peu chassés du continent. La guerre de Cent Ans – qui en aura duré cent douze – prend fin en 1453, tandis que l’Angleterre plonge à son tour dans une guerre civile dite « des Deux-Roses. »