XI - LA RUSSIE

Alexandre II amoureux de Katarina Mikhailova (Danielle Darrieux) dans « Katia » de Maurice Tourneur (1938)

3. ALEXANDRE II NIKOLAÏEVITCH - 1855 / 1881

Né en 1818, fils de Nicolas Ier. Epouses : Maria Alexandrowna von Hessen-Darmstadt (décédée 1880), mariage morganatique : Katarina (« Katia ») Mikhaïlova, princesse Dolgorouki. Met fin à la guerre de Crimée après la chute de Sébastopol (1856) et s’engage dans une série de réformes libérales audacieuses (réforme judiciaire, enseignement, abolition du servage : 20 millions de serfs des domaines privés sont libérés), mais trop soudaines et incomplètes. Conquête du Caucase (1859), de Boukhara et de Samarkande. Naissance des mouvements anarchistes et nihilistes. Le tsar périt dans un attentat, déchiqueté par une bombe lancée par les terroristes de « Narodnaia Volia (Volonté du peuple) ».
1923Dvorec i krepost (Le Palais et la forteresse) (SU) d’Aleksandr Ivanovskij 
Sevzapkino, 3000 m. – av. Evgenij Boronikhine (Mikhail Beydemann), J. Korvin-Krukovskij (Lagoutine), E. Hmelevskaya, M. Joureva.
1860-1887, un jeune révolutionnaire échoue dans la forteresse de Petropavlovsk (Pierre et Paul), où il est voisin de cellule de Netchaïev.
1928Kastus Kalinovsky (SU) de Vladimir Gardine 
Lenfilm, 72 min. – av. Nikolai Simonov (Kastus Kalinovsky), V. Plotnikov, Alexei Feona, Grigory Ge, Sofie Magarill, Boris Livanov, Tatyana Bulakh, Konstantin Khokhlov. – Le soulèvement des paysans en 1863 mené par Kalinovsky.
1938**Katia – le démon bleu du tsar Alexandre II (FR) de Maurice Tourneur 
Metropa Films, 89 min. – av. Danielle Darrieux (Katarina Dolgorouky, dite Katia), John Loder (tsar Alexandre II), Aimé Clariond (comte Schowaloff), Marcel Carpentier (gén. Potapoff), Marie-Hélène Dasté (tsarine Maria Alexandrowna), Jacques Erwin (Troubetzkoï), Marcel Simon (prince Dolgorouky), Génia Vaury (Eugénie de Montijo), Georges Flateau (Napoléon III), Raymond Aimos (Anatole).
1861-1881 : les amours clandestins, le mariage morganatique et l’assassinat du tsar Alexandre II qui meurt dans les bras de Katia, son épouse et ancienne maîtresse (d’après le roman de la princesse Marthe Bibesco, paru en 1938 sous le pseudonyme de Lucile Decaux). Tournage aux studios Paramount de Saint-Maurice. Romantique en diable, porté par le charme de ses interprètes, des moyens importants et une mise en scène aussi élégante qu'inspirée, le film devait initialement être réalisé par Raymond Bernard en 1937 déjà; le tournage fut retardé en raison des engagements de Danielle Darrieux à Hollywood, et Bernard n’était plus libre. Un succès international et un des films français marquants de Tourneur.
1955Geroite na Shipka / Geroi Shipki (Hommes en guerre / Les Héros de Chipka) (SU/BG) de Sergeï Vasiliev 
Boyana Film-Bulgar Film-Lenfilm, 137 min. – av. Ivan Pereverzev (Katorgin), Viktor Avdyushko (Osnobishin), Georgi Yumatov (le cosaque Sashko Kozir), Konstantin Sorokin (Makar Lizyuta), Yevgeni Samojlov (général Skobolov), Dako Dakovski (sultan Abdul Hamid), I. Kononenko (Alexandre II).
Superproduction soviétique en Sovcolor sur la guerre russo-turque et la grande bataille qui opposa les soldats russes, ukrainiens et bulgares aux Ottomans sur le col de Chipka (Bulgarie) en 1877.
Le tsar Alexandre II est tué par la bombe d’un anarchiste (« Katia » de Maurice Tourneur, 1938)
1959*Katia (FR) de Robert Siodmak 
Michel Safra-Spéva Film, 91 min. – av. Romy Schneider (Katarina, princesse Dolgorouky), Curd Jürgens (le tsar Alexandre II), Pierre Blanchar (Koubaroff), Antoine Balpêtré (Kilbatchich), Monique Mélinand (tsarine Maria Alexandrowna), Françoise Brion (Sofia Perovskaya), Gabrielle Dorziat (directrice de l’institut Smolny), Michel Bouquet (Bibesco), Bernard Dhéran (Stephane Ryssakov), Hubert Noël (Michel Dolgorouki), Heinz Czeike (tsarévitch).
Remake en Eastmancolor du film de 1938 tiré du roman de la princesse Marthe Bibesco. Tournage à Paris (studios de Boulogne, porte Dauphine, parc Saint-Cloud) et à Vienne (Palais de l’Arsenal). Premier film français de Romy Schneider, qui échappe à ses rôles de Sissi. Sans le charme romantique de la version de 1938, mais avec une lecture plus politisée : le tsar est assassiné indirectement par ses propres services secrets, dont les chefs sont ralliés aux milieux réactionnaires du pays et qui laissent agir impunément les terroristes avant d’intervenir, une fois le trop libéral Alexandre II éliminé. De facture conventionnelle mais pas inintéressant. - Nota bene: les accointances entre les services de sécurité russes dirigés par le sinistre Georgi Soudeïkine et le chef du mouvement terroriste "Volonté du peuple" responsable de l'attentat, Sergeï Degaev, ne sont pas imaginaires. Après le régicide, le 13 mars 1881, une rafle à grande échelle décima l'organisation, mais Degaev fut curieusement libéré sous caution et blanchi après avoir donné noms et adresses d'activistes révolutionnaires en grand nombre. Il parvint à s'enfuir en France, puis à Londres et de là aux États-Unis, où il mourut dans son lit en janvier 1921 sous le nom d'Alexander Pell, gentil professeur de mathématiques à l'Université du Dakota du Sud.
1960® Song Without End (Le Bal des adieux) (US) de Charles Vidor, George Cukor. – av. Hans Unterkirchner (Alexandre II), cf. France, bio Liszt (9.3).
1963(tv) Keisari ja senaattori [L’Empereur et le sénateur] (FI) de Matti Aro, Heikki Ritavuori 
Suomen Television (ST 4.8.63), 30 min. – av. Risto Mäkelä (Isä), Martti Helovirta (Poika), Helmo Lepistö (J. V. Snellman), Matti Aro (Rkoassovsky), Kauko Helovirta (Alexandre II). – La pièce de Mika Waltari. (1963). La rencontre du sénateur finlandais Snellman et du tsar en 1863.
1967Sofiya Perovskaya (SU) de Lev Arnshtam 
Mosfilm, 114 min. – av. Aleksandra Nazarova (Sofia Perovskaya), Viktor Tarasov (Andreï Zhelyabov), Boris Khmelnitsky (Nikolaï Kibalchich), Georgi Taratorkin (Ignaty Grinevitsky), Vladislav Strzhelchik (Alexandre II), Yefim Kopelyan (Mikhail Loris-Melikov).
La vie de la révolutionnaire affiliée au groupement terroriste Narodnaya Volya et condamnée à mort pour sa participation à l’assassinat d’Alexandre II.
1972I leoni di Pietroburgo (Le Lion de Saint-Petersbourg) (IT) de Mario Siciliano 
Metheus Film, 98 min. – av. Mark Damon (Eldar Khan), Erna Schurer (Tamila), Gary Wilson, Barbara O’Neil (Anastasia), Frank Farrel (=Franco Fantasia), Stephen Peicev (Pavel), Anthony Lee.
Action située en 1870. Eldar Khan, un hors-la-loi luttant pour la libération des serfs, est aux prises avec des aristocrates cruels et décadents qui ont enlevé sa fiancée, alors qu'il ignore ses propres origines nobles. Fauché et confus (en Technicolor et Totalscope).
1977® (tv) Pentru patrie [Pour la patrie] (RO) de Sergiu Nicolaescu. - av. Mircea Anghelescu (le tsar Alexandre II).
1986Tainstvennyy uznik / Detinitul misterios (SU) de Valeriu Gajlu 
Moldova Film-Sovinfilm, 92 min. – av. Gheorghe Grâu (Mikhail Beideman), Dmitrij Kharatyan (Sergeï Rusanin), Olga Sirina (Vera Lagutina), Larisa Guzeeva (Larissa Rossety), Aleksandr Lazarev (Alexandre II), Gennadi Chulkov (comte Chouvalov), Guram Pirtskhalava (Giuseppe Garibaldi), Galiks Kolchitsky (Lagutin).
Katia (Romy Schneider), épouse morganatique d’Alexandre II (Curd Jürgens) (« Katia » de Robert Siodmak, 1959)
1991® Tsareubiytsa / Assassin of the Tsar (RU) de Karen Shakhnazarov. – Aleksandr Lazarev (Alexandre II).
2002(tv) Lyubov imperatora [L’Amour de l’empereur] (RU) de Svetlana Guralskaya, Aleksandr Orlov, Tatiana Yegorychyova 
Russiya, 7 x 52 min. – av. Georgi Taratorkin (Alexandre II), Natalya Antonova (Katarina, princesse Dolgorouki, dite Katia), Irina Kupchenko (impératrice Maia Alexandrovna), Ekaterina Rednikova (Vareara Shebego), Viktor Kharitonov (Adlerberg), Natalia Panina (Maria Fyodorovna), Aleksei Barabash (Mikhail Dolgorouki), Leonid Patsenko (Napoléon III). – La romance d’Alexandre II et de Katia revue par la télévision russe.
2003(tv) Bayazet (RU) d’Andreï Tchemykh, Nikolaï Stambula 
Mosfilm Studios (Russiya 13.10.03), 12 x 25 min. – av. Aleksey Serebryakov (ltn. Karabanov), Olga Budina (Olga (Khvochetchinskaya), Viktor Soloviev (col. Khvochetchinski), Boris Khimitchev (col. Patsevitch), Ignace Abrachkov (baron Klugenau), Sergeï Batalov (Trezhonny), Pier Luigi Bruno (Samuel Petrosov), Aleksandr Tyutin (cpt. Chtokvitsa), Slava Stepanian (Ismail Khan Nakhitchevan), Jean Daniel (Pacha Faïk).
La défense de la forteresse de Bayazet pendant la guerre russo-turque de 1877/78. Une petite garnison russe sous le commandement du lieutenant-colonel Patsevitch, puis du capitaine Chtokvitsa, résiste pendant vingt-trois jours aux 12’000 assiégants turcs, jusqu’à l’arrivée des renforts (4-28 juin 1877). Olga, l’épouse du colonel Khvochetchinski, succombe pendant le siège à son ancien amant, le lieutenant Karabanova qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Série télévisée d’après le roman de Valentin S. Pikul.
2011Tadas Blinda. Pradzia (Fireheart. La légende de Tadas Blinda) (LT) de Donatas Ulvydas 
Tauras Films, 106 min. – av. Mantas Janjkavicius (Tadas Blinda), Agnia Ditkovskite (Kristina), Tatyana Lyutayeva (Konstancija) Vidas Petkeviius (Gruinius), Antanas Surna (Snegiriovas), Dainius Kazlauskas (Edmundas), Jokubas Bareikis (Motiejus).
En Lituanie en 1861, alors que le tsar Alexandre II a déclaré illégale la servitude des paysans, le jeune Tadas Blinda, amoureux d’une aristocrate, prend la tête des rebelles contre la répression qu’a déclenchée un militaire et ses cosaques. Filmé dans les magnifiques paysages lituaniens d’Aukstadvaris, Dubingiai, Lentvaris et Nemencines pelkes.
2013(tv) Romanoviy istoriiya rossiskoy dinasty, 1613-1917 (Les Romanov, histoire d'une dynastie) (RU) de Maxim Bespaly
Valeriy Babich/Mostelefilm-Star Media-Babich Design (1e Ch. 4.11.-22.12.13), 8 x 52 min. - av. Vadim Skvirsky (Alexandre II), Denis Bespaly (narration). - Minisérie docu-fictionnelle conçue par Marina Bandilenko, célébrant le 400e anniversaire de la dynastie des Romanov.

3.1. « Les Cosaques » (« Kazaki »), roman de Léon Tolstoï (1863)

Dans le Caucase conquis par Alexandre II, les Cosaques sont déchirés entre l’armée haïe du tsar et les voisins tchétchènes. Mécontent de son existence oisive à Saint-Pétersbourg, le prince Olénine découvre dans le Caucase une vie primitive, mais imprégnée d'une simplicité noble et fière; il s'éprend follement de Mariana, sereine et équilibrée comme les paysages qui les entourent, mais la jeune beauté retourne à son fiancé, le cosaque Loukachka, lorsque celui-ci est blessé au cours d'une attaque des Tchétchènes. Olénine regagne la capitale russe en condamnant l'utopie d'un retour à une vie naturelle.
1928The Cossacks (Les Cosaques) (US) de George W. Hill [et Clarence Brown] 
Metro-Goldwyn-Mayer, 93 min. – av. John Gilbert (Lukachka), Renée Adorée (Maryana), Ernest Torrence (Ivan), Nils Asther (prince Dimitri Oliénin), Paul Hurst (Sitchi).
Lukachka humilie son chef de père, Ivan, en refusant de combattre le Turc ; on le traite de couard, sa fiancée Maryana lui tourne le dos. Lorsque des prisonniers turcs s’enfuient, Lukachka est saisi d’une soudaine ardeur guerrière et remporte une grande bataille. Il récupère Maryana qui a fugué avec le prince russe Oliénin, et livre ce dernier à des bandits turcs.
Viatcheslav (Victor) Tourjansky, qui avait dirigé des films en Russie tsariste et s’était réfugié à Paris où il venait de tourner « Michel Strogoff », fut invité à Hollywood avec une troupe de cosaques pour tourner ce film, mais l’écriture du scénario prit tant de temps que Tourjansky, en désaccord avec Irving Thalberg, regagna l’Europe avant le premier tour de manivelle. George Hill le réalisa, puis Clarence Brown en retourna la majeure partie sur ordre de Thalberg. Une russerie à la sauce californienne pour laquelle Alexandre Toloubov recrée entièrement un village idoine avec, pour arrière-plan, la vallée de San Fernando. Malgré ces efforts de folklore, le film regorge d'erreurs factuelles (les Cosaques avaient perdu leur autonomie au XVIIIe siècle déjà, Moscou n'était pas la capitale de l'empire russe, mais Saint-Pétersbourg, etc.). Tolstoï est oublié, disparue ici la conversion rousseauiste d'un mondain de la cour du tsar à l'univers naturel et sain du Caucase. L'aristocrate féminisé se masculinise au contact avec la virilité authentique, opérant une réconciliation revigorante entre civilisation et barbarie. Le scénario définitif de Frances Marion mélange des éléments tirés de la saga de Stenka Razine, du Taras Boulba de Gogol (relations père-fils), de Hadji Mourad de Tolstoï et même du Michel Strogoff de Jules Verne (le sabre brûlant d'un musulman aveugle un prisonnier chrétien). Sorte de "bons sauvages" exotiques, les Cosaques du film vivent à la limite du "monde civilisé" pour en défendre les frontières contre les Ottomans musulmans (les Tchétchènes sont inconnus): Hollywood recycle ses propres représentations de la "russité" en y surajoutant un conflit religieux facile.
1928Kazaki / Kazakebi (SU) de Vladimir Barski 
Goskinprom Grouzij, 2000 m./70 min. – av. Sandro Inachivili (prince Dimitri Olénine), Maria Tcherkasskaïa (Mariana), Aleksandr Chiraï (Loukachka), N. Patchouïev (Erochka), Ivan Pankov (Vanioucha).
Un projet mis sur pied en 1925 déjà, sous les auspices de Viktor Chklovski, théoricien de la littérature et grand spécialiste de l'oeuvre de Tolstoï. Selon Valérie Pozner, un premier scénario s'éloigne du roman en célébrant les vieilles traditions et le soulèvement national tchétchènes, tout en condamnant la politique coloniale tsariste et les exactions des soldats russes. Le tournage est prévu aux studios de Leningrad et dans le Caucase. Mais après de nombreux remaniements exigés par la Direction de l'Éducation Politique (GPP), la vision marxiste fort éloignée du livre est sacrifiée sur l'autel des célébrations nationales: réalisé en 1927/28 par le Goskinprom de Géorgie, le film sort dans le cadre du premier jubilé de Tolstoï (édition complète de ses oeuvres, cérémonies au Bolchoï, congrès d'écrivains, inauguration d'une statue à Moscou, etc.). Plus conforme au récit tolstoïen, mais aussi en plus mièvre, il porte sur les aventures romantiques et le triangle amoureux entre Olénine, Mariana et Loukachka.
1959I cosacchi / Les Cosaques (IT/FR) de Victor Tourjansky (supervis.), Giorgio Rivalta 
Vanguard-Faro-CFPC-Explorer Film, 113 min. – av. Edmund Purdom (cheikh Chamil), John Drew Barrymore (Djamal, son fils), Massimo Girotti (tsar Alexandre II), Giorgia Moll (Tatiana), Pierre Brice (Boris), Elena Zareschi (Patimat), Erno Crisa (Casi), Maria Grazia Spina (Alina), Mario Pisu (Vorontsov), Laura Carli (Ferguson), Louis Seigner (général), Feodor Chaliapin.
Vers 1859, le cheikh Chamil, chef irréductible des Tcherkesses, sacrifie son propre fils Djamal, un pacifiste longtemps otage puis officier à la cour du tsar, à la haine qu’il voue aux Russes, lorsque Jamal brandit le drapeau blanc pour mettre fin au massacre des siens. Adaptation très, très lointaine du roman de Tolstoï par Damiano Damiani. Tournage en Totalscope et Eastmancolor à Cinecittà et en Yougoslavie (studios Kosutnjak à Belgrade) avec des centaines de cavaliers de l’armée de Tito (seconde équipe dirigée par Giorgio Capitani).
Les Tcherkesses combattent la suprématie russe&
1961Kazaki (Les Cosaques) (SU) de Vassilij Pronine 
Mosfilm, 110 min. – av. Léonid Goubanov (prince Dimitri Olénine), Zinaïda Kirienko (Mariana), Edouart Brédoun (Loukachka), Boris Andréiev (Loukakcha), Boris Andreev (Erochka), German Kachibn (Vanioucha), Boris Novikov, Anatoli Papanov.
Un projet à nouveau proposé par le scénariste Viktor Chklovski (cf. film de 1928) afin de marquer le cinquantième anniversaire de la mort de l'écrivain (qui doit être célébré en 1960). L'actualité politique en Union soviétique exige de condamner toute guerre offensive; la doctrine de l'amitié entre les peuples nécessite d'atténuer les conflits entre Tchétchènes et Cosaques, et d'expliquer, voire excuser les réactions défensives des premiers. Boris Barnet est pressenti à la réalisation en république de Tchétchéno-Ingouchétie en été 1960, mais de multiples tergiversations et le chaos de la production retardent l'entreprise, confiée finalement à Pronine, et tournée en Sovcolor dans les studios moscovites et près de Grozny. La critique, mitigée, relève le casting surprenant de Zinaïda Kirienko dans le rôle de la beauté cosaque Mariana, résultat de l'opportunisme politique du moment: son type est caucasien et elle apparaît presque toujours voilée, comme une musulmane.