VII - L’ESPAGNE et le PORTUGAL

Espion britannique, Sir William Walker (Marlon Brando) destabilise les Caraïbes (« Queimada », 1968/68)

8. LES CARAÏBES HISPANO-BRITANNIQUES

1968/69*Queimada ! / US : Burn ! (IT/FR) de Gillo Pontecorvo 
Alberto Grimaldi-Produzioni Europee Ass.-Artistes Associés, 132 min./112 min. – av. Marlon Brando (Sir William Walker), Evaristo Marques (José Dolorès), Renato Salvatori (Teddy Sanchez, gouverneur de Queimada), Dana Ghia (Mrs. Francesca Walker), Tom Lyons (gén. Prada).
En 1845 dans les Caraïbes, Sir William Walker (1824-1860), agent britannique, débarque sur l’île portugaise de Queimada. Aventurier cynique, flibustier et soldat de fortune d’origine américaine, il est chargé par Londres de fomenter une rébellion pour chasser les Portugais et permettre aux grandes compagnies marchandes anglaises de contrôler les plantations de cannes à sucre. Il s’adjoint les services d’un docker noir, José Dolorès, qui prend le maquis avec des esclaves révoltés et renverse le gouvernement en place, et de l’ambitieux Teddy Sanchez, qui ne tarde pas à confisquer la révolution en faveur de la bourgeoisie créole. Walker, ravagé par l’alcool, doit retourner à Queimada pour écraser l’insurrection continue de Dolorès qui menace les intérêts anglais. Il capture le rebelle, le fait exécuter, mais il périt lui-même poignardé au moment de quitter l’île.
Traumatisé par les assassinats de Robert Kennedy et Martin Luther King, choqué par le sort des Noirs et des Amérindiens, Marlon Brando prend ses distances avec Hollywood et contacte Pontecorvo (dont il a admiré « La bataille d’Alger », nominé à l’Oscar) dans le but de faire un film à message. Pontecorvo tente, sans y parvenir pleinement, une synthèse entre le film d’aventures romantique et l’allégorie politique (marxiste) dénonçant avec fougue l’impérialisme occidental ; on y décèle des allusions au Vietnam. Lâché par les Britanniques, l’authentique Walker fut fusillé au Honduras. Un tournage interminable et extrêmement tendu – la vedette se dispute quotidiennement avec son réalisateur qui veut imposer sa vision très manichéenne de Walker – en Colombie (neuf mois à Carthagène), puis au Maroc (Marrakech), à St. Thomas (Virgin Islands), à Saint-Malo (=bas-fonds de Plymouth) et à Cinecittà en Technicolor et écran panoramique. Initialement, le film était intitulé « Quemada » et mettait en cause les Espagnols qui avaient exterminé toute la population indigène de l’île en 1562 pour la remplacer par des Noirs plus dociles, mais devant la menace d’un boycott en Espagne, la production opta pour un titre et un contexte « portugais ». Un échec public considérable. – N.B. : William Walker est interprété par Ed Harris dans « Walker » (1987) d’Alex Cox, film qui relate sa conquête du Nicaragua pour des capitalistes américains et sa mort au Honduras, cf. Etats-Unis (3.1).
1972Black Snake ! ...The Whip ! (Serpent noir) (US) de Russ Meyer 
Trident Films, 82 min. – av. Anouska Hempel (Lady Susan Walker), David Warbeck (Sir Charles Walker), Percy Herbert (Joxer Tierney), Bernard Boston (cpt. Raymond Daladier), Thomas Baptiste (Isiah), Milton McCollin (Joshua), Vikki Richards (Cleone). – 1835 : sadisme et racisme dans les plantations de sucre aux Caraïbes (« Sexploitation Movie » filmé aux Barbades).
2018(tv) The Long Song (GB) de Mahalia Belo
Roopesh Parekh/Heyday Television-BBC (BBC1 18.-19.-20.12.18), 3 x 58 min. - av. Tamara Lawrance (July), Hayley Atwell (Caroline), Jack Lowden (Robert), Dona Croll (July âgée), Ayesha Antoine (Molly), Ethan Hazzard (Elias), Richard Pepple (Dublin Hilton), Joy Richardson (Miss Rose), Madeleine Mantock (Miss Clara), Arinzé Kene (Thomas), Jo Martin (Hannah), Ansu Kabia (Iames Richardson), Andy Frestner Joseph (samuel Lewis), Dorian Gallo Da Silva (Driver Jackson), Leo Bill (John Howarth)
L'esclave noire July est une des héroïnes (fictives) de la Grande révolte des esclaves ("Rébellion de Noël" ou "Baptist War") dirigée par le prédicateur baptiste noir Samuel Sharpe, soulèvement qui a mobilisé de 60'000 à 300'000 esclaves de la Jamaïque pendant 11 jours, du 25 décembre 1831 au 4 janvier 1832. La rébellion fut écrasée dans le sang par l'armée britannique et la milice de colons. Une année plus tard, le Parlement britannique votait le Slavery Abolition Act. Un script de Sarah Williams, adaptation du roman éponyme de Andrea Levy (2010), tourné en République Dominicaine.
2018Insumisa / L'Insoumise (CU/CH) de Laura Cazador et Fernando Pérez
André Martin, Danilo León Aloso, Ramon Samada Suarez, Vera Michalsky-Hoffmann, Françoise Mayor/Bohemian Films-Instituto Cubano del Arte et Industrias Cinematográficos (ICAIC)-TSR, 94 min. - av. Sylvie Testud (Enrique/Enriqueta/Henriette Faber), Yeni Soria (Juana de León), Antonio Buíl (le maire), Mario Guerra (Benítez), Héctor Noas (José Angel Garrido), Corina Mestre, Giselle Gonzáles (María Eugenia Garrido).
En 1819, Enriqueta Faber (1786-?), une chirurgienne suisse de Bavois, veuve à 18 ans et déguisée en homme, débarque à Cuba à la recherche de son fils qui aurait été tué lors d'une révolte des Noirs. Elle s'installe à Baracoa pour y poursuivre son enquête tout en exerçant avec succès son métier de médecin et en s'opposant à la domination blanche. Elle épouse à l'église Juana de Leon, dont elle a sauvé la vie. Mais lorsque son travestissement apparaît au grand jour (par l'entremise d'un marchand d'esclaves), en 1823, les foudres de la justice coloniale se déchaînent contre elle. Elle est expulsée de Cuba et s'installe aux États-Unis, où l'on perd sa trace... Réhabilitée, elle est célébrée comme pionnière du mouvement féministe et icône transgenre. Tournage à La Havane, où le film a été primé au Festival du Nouveau cinéma latino-américain.