V - CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE

1. LA SUISSE DEVIENT UN ÉTAT MODERNE

Constatant l’échec de la République helvétique dans laquelle se déchirent les adeptes de la révolution égalitaire et les fédéralistes conservateurs qui s’opposent à la centralisation du pays, Napoléon impose l’Acte de médiation (1803). Sauvée de la guerre civile, la Suisse devient une confédération de dix-neuf cantons multiculturels et aux droits égaux, un pas décisif vers l’établissement d’un Etat fédératif moderne. En 1847, la guerre civile du Sonderbund/Sondrebond divise le pays entre cantons catholiques et le gouvernement à Berne dont l’armée victorieuse est dirigée par le général Guillaume-Henri Dufour. Une nouvelle Constitution amène une paix durable en 1848.
1941Der letzte Postillon vom St. Gotthard (Le Postillon du Gothard) (CH) d'Edmund Heuberger
Alfred Gamper, Hermann Gnädinger/Heimat-Film-Produktion GmbH, Zurich-Winterthur, 106 min. - av. Adolf Manz (Johannes Zgraggen, le postillon), Rudolf Bernhard (Kaspar Danioth, le cocher), Ellen Widmann (Ursula Drösch), Isabella Mahrer (Trini Zgraggen), Werner Kraut (Ernesto Caminata), Otto Bosshard (Louis Favre), Alfred Lucca (Toni).
Flüelen en 1879, au Lac des Quatre-Cantons. Des passagers montent à bord d'une diligence pour rejoindre l'Italie par les Alpes. Sur le trajet, ils font la rencontre des habitants de la région qui se querellent avec les cheminots chargés du percement du tunnel du Gothard. Une évocation historico-romantique du dernier voyage du cocher (postillon) du St.-Gothard, de sa famille, des troubles sociaux, des voyageurs étrangers entre Flüelen et Camerlata, mêlée au percement du premier tunnel du Gothard et au destin de l'ingénieur Louis Favre, terrassé par une crise cardiaque sur les rails, en juillet 1981. Des chromos nostalgiques (on évite tout sujet dérangeant, comme le sort des travailleurs étrangers, où l'intervention sanglante de la troupe en 1875 pour mâter des ouvriers "anarchistes") qui font déborder les tiroirs-caisses du samedi soir en Suisse encerclée par les forces de l'Axe.
1941Il vetturale del San Gottardo (IT) de Hans Hinrich et Ivo Illuminati
Ettore Presutti/Venus Film-SEFI di Lugano. 83 min. - av. Leonardo Cortese (Paolo Caminata), Osvaldo Valenti (Mortens), Giovanni Grasso (Me Antonio, le postillon), Mariella Lotti (Maria, sa fille), Mario Ferrari (Louis Favre), Giorgio Costantini (Fritz), Germania Paolieri (Diva).
Un ingénieur brillant, le Genevois Louis Favre, remporte le concours pour réaliser le tunnel du Gotthard. Dès le début de ces travaux titanesques, en 1872, il est confronté à l'hostilité des habitants, aux obstacles naturels et à la jalousie d'un collègue. Son rival corrompt son assistant, obtient les plans du tunnel et met sur pied le sabotage. L'ingénieur périt au cours des travaux (1881), qui sont achevés par son assistant. "Document historique passionnant, non seulement pour l'histoire qu'il raconte - la révolte quasi syndicale des postillons qui craignent de perdre leur travail avec l'ouverture du tunnel, mêlée à une histoire d'amour classique -, mais aussi pour ses décors et implications politiques. On y discerne les vues de Mussolini sur le Tessin, qu'il considérait 'Italica terra', le Gothard incarnant ainsi la montagne qui sépare l'Italie de la Suisse" (Corriere del Ticino, 2011). Tournage dans les studios FERT à Turin.
1974Die Auslieferung (L’Extradition) (CH) de Peter von Gunten 
Cinov Prod., 90 min. – av. Roger Jendly (Sergej Netchaïev), Anne Wiazemsky (Nathalie Herzen), Bernard Arcynski, Silvia Jost. – Suisse en 1869, l’extradition d’un anarchiste russe en exil, livré aux Russes.
1977San Gottardo (CH) de Villi Herman 
Filmkollektiv Zürich-V. Herman, 90 min. – av. Hans-Dieter Zeidler (Alfred Escher, 1889-1882), Maurice Aufair (l’ingénieur Louis Favre, 1826-1879), Siegried Meisner (gén. von Röder), Ernst Stiefel (l’écrivain Gottfried Keller), Gabi Färber (Lydia Escher), Roger Jendly. – Lors du percement du tunnel ferrovier du Gothard (1872-1882), une grève des ouvriers de Göschenen est brisée par l’armée en 1875.
1979(tv) Der Galgensteiger (Steiger de la potence) (CH/AT/DE) de Xavier Koller, Alfons Sinniger 
Intertel-SRG-ORF-ZDF (DRS 9.3.80 / ZDF 17.3.80), 120 min. – av. Hilmar Tate (Jakob Robert Steiger), Angelica Domrose (Sophie Steiger), Günther Lamprecht (Constantin Siegwart), Hans Heinz Moser (Joseph Leu), Matthias Gnädinger (Johannes Gross), Sigfrit Steiner, Charles Regnier, Janet Haufler.
A Lucerne en 1844/45, le médecin anticlérical Jakob Robert Steiger s’oppose aux Jésuites qui assument l’enseignement supérieur et tente de renverser le gouvernement. Condamné à mort, Steiger s’enfuit à Zurich où il est fêté comme un héros. En 1848, il devient le premier président du Conseil national.
1982(tv) La Grande Guerre du Sondrebond (CH) d’Alain Bloch
(TSR 12.1.83), 37 min. – av. François Simon (Jean Daniel), William Jacques. – Un vieux paysan évoque sa participation à la guerre du Sondrebond (1847) à laquelle il n’a pas compris grand’chose (d’après Charles Ferdinand Ramuz).
1986(tv) Der Weg zur Gegenwart (Die Schweiz im 19. Jahrhundert) / Dernières Nouvelles de notre passé (La Suisse au XIXe siècle) (CH) de Paul Siegrist
SRG (DRS 14.9.86 / TSR 21.9.86 / TSI ), 12 x 55 min. – Docu-fiction : chronique de la Suisse de 1798 à 1918.
1997(tv) Ce fou de Toepffer (CH) de Frédéric Gonseth
F. Gonseth Prod.-TSR (TSR 1.10.97), 56 min. – av. Gil Pidoux (Rodolphe Toepffer), Catherine Azad (Anne-Françoise Töpffer, dite Kity), Jean-Pierre Gos, Jean Bruno, Peter Wyssbrod, W. Duxburry, Max Rüdlinger. – « Reportage-fantaisie » qui conte un des « voyages en zig-zag » de Toepfer avec une vingtaine d’étudiants, du Valais à Interlaken en 1826.
1998Léopold R (CH) de Jean-Blaise Junod 
J.-B. Junod-TSR, 93 min. – av. Robert Bouvier, Jacques Baillart, Carlo Brandt (Victor Schnetz), Frédéric Lugon (Aurèle Robert), Catherine Sumi (Sophie Huguenin-Robert), Caroline Gasser (Adèle Robert), Jean-François Balmer. – La vie du peintre neuchâtelois Léopold Robert (1794-1835) entre la Chaux-de-Fonds, Rome et Venise où il se suicide.
1998Grenzgänge. Eine filmische Recherche zum Sonderbundskrieg 1847 (CH) d’Edwin Beeler, Louis Naef 
Calypso Film, 118 min. – av. Peter Glauser (colonel Johannes Burckhardt), Gregor Vogel, Ivo Dolder (Bernhard Meyer, chef du Sonderbund), Walter Hess (Constantin Siegwart-Müller), Max Huwyler (Konrad Bosshard), Peter Fischli (col. Franz von Elgger). – Evocation de la guerre civile du Sondrebond en 1847 entre cantons catholiques et protestants.
2012/13*(tv) Guerre civile en Suisse: Guillaume-Henri Dufour / Guillaume-Henri Dufour – der General, der die Schweiz rettete (CH) de Dominique Othenin-Girard 
série « Les Suisses / Die Schweizer / Gli Svizzeri / Ils Svizzers », Rudolf Santschi/Triluna Film AG, Zurich-SRG SSR idée suisse (TSR 20.11.13), 52 min. – av. Michel Voïta (gén. Guillaume-Henri Dufour), Rachel Monnat (Annette Dufour), Gilles Tschudi (James Fazy), Barbara Tobola (Suzanne Dufour), Samuel Streiff (Constantin Siegwart-Müller), Frédéric Landenberg (Maupin), Matthias Fankhauser (Ulrich Ochsenbein), Daniel Distel (Josef Leu), Philippe Graver (Ueli), Paul Kaiser (col. Ziegler), Vincent Aubert (le maire de Genève).
Film-pilote devenu le troisième épisode d’une excellente série de 4 docu-fictions retraçant la vie des grands hommes du pays, dont le général, ingénieur, cartographe et homme politique Dufour (1787-1875) qui commanda l’armée fédérale en 1847 et remporta la victoire sur le Sondrebond. Auteur de la première carte à relevé topographique du pays et cofondateur de la Croix-Rouge internationale. Tournage à Genève, Thoune, Berne, Fribourg et à Merlischachen en Suisse centrale (pour la guerre du Sondrebond).
2012/13*(tv) Alfred Escher und Stefano Franscini - Kampf um den Gotthard / L'Aventure du Gothard - Alfred Escher et Stefano Franscini (CH) de Dominique Othenin-Girard
série « Les Suisses / Die Schweizer / Gli Svizzeri / Ils Svizzers », Rudolf Santschi/Triluna Film AG, Zurich-SRG SSR idée suisse (TSR1 27.11.13), 52 min. – av. Samuel Weiss (Alfred Escher), Roberto Turri (Stefano Franscini, politicien tessinois libéral), Manuel Kühne (Emil Welti), Peter Hottinger (Johann Jakob Rüttimann), Helena Daehler (Lydia Escher), Gilles Tschudi (James Fazy), Babett Arens (Lydia Escher), Hanna Binder (Augusta Escher-Uebel), Daniel Ludwig (Louis Favre), Ruben Oberholzer (Escher jeune).
Docu-fiction fort bien ficelé sur l’homme politique et l’industriel Alfred Escher (1819-1882), un pionnier dans le domaine des chemins de fer helvétiques, promoteur du tunnel ferroviaire du Gothard. Magnat de l’industrie, il devient le roi sans couronne de la Suisse, incarnant le triomphe du système économique libéral et du progrès technique. Commenté par Jean-Luc Bideau.
2016(tv) Gotthard / Gothard (CH/DE/AT/CZ) d'Urs Egger
Lukas Hobi, Reto Schärli/Zodiac Pictures Ltd.-Schweizer Radio und Fernsehen (SRF)-SRG SSR-TSI-RTS-ZDF-ORF-Wilma Film SRO (Prague-Barrandov) (RTS1 12.12.16 / ZDF 19.12.16), 2 x 90 min. - av. Carlos Leal (Louis Favre), Maxim Mehmet (Max Bühl), Pasquale Aleardi (Tommaso), Miriam Stein (Anna), Christoph Gaugler (Anton Tresch), Maximilian Simonischek (Bachmann), Walter Leonardi (Giuseppe), Silvia Busuloc (Leo), Joachim Król (valet), Marie Bäumer (Lina), Anna Schinz (Maja), Peter Jecklin (Dr. Zwyssig), Hanspeter Müller (Emil Welti), Cornelius Obonya (Riedinger), Pierre Siegenthaler (Alfred Escher), Roeland Wiesnekker (Wagner), Peter Zumstein (Loesch).
De 1872 à 1882, des milliers de travailleurs se relaient sur la construction du premier tunnel du Gothard, sous la direction de l'architecte du projet, le Genevois Louis Favre. Une décennie de travaux pour un tronçon de quinze kilomètres (alors le plus long tunnel du monde) qui relie le Nord et le Sud de l'Europe. Une chronique suivant les travaux au quotidien, vécue par Max Bühl, un jeune technicien allemand qui rêve d'être ingénieur; arrivé au camp de base à Göschenen, il doit partager sa chambre avec un mineur et agitateur piémontais, Tommaso, tombe amoureux de sa logeuse, Anna (qui balance entre ses deux locataires) et rencontre Louis Favre, le concepteur genevois du tunnel. Bühl prend du galon, mais dans une compétition avec un collègue et comptable ambitieux. Le 27 juillet 1875, les mineurs se révoltent, font la grève, l'armée suisse tire, quatre mineurs sont tués. Menacé par la faillite, l'homme d'affaires Alfred Escher, initiateur du projet et président de la Gotthardbahn, doit démissionner en 1878. Favre décède d'une rupture d'anévrisme peu avant la fin des travaux, en 1879.
Une grande fresque qui montre une sorte de "Deadwood" du Far East helvétique, chantier boueux et graveleux de toutes les passions, beuveries, défouloirs racistes entre Suisses et ouvriers italiens, contestations sociales, affairisme et cupidité. Lieu de danger permanent, de morts tragiques au coeur de la montagne, le point de vue du récit étant celui d'en gens d'en bas. Du spectacle sans surprises mais très correctement ficelé. Tournage avec 2500 figurants et 150 techniciens aux Grisons (le village de Valendas pour Göschenen), en République tchèque (une carrière près de Prague pour les extérieurs du chantier) et en studio à Cologne (intérieurs du tunnel), avec insertion digitale d'images des alpes suisses. Un devis de 10,5 millions de francs suisses. Première mondiale de la minisérie au Festival de Locarno (2.8.16).
20191818 - La débâcle du Giétro (CH) de Christian Berrut
Michel Deslarzes/Aardvark Film Emporium (Bienne), 73 min. - av. Diego Valsecchi (Ignace Venetz), Jean-Émile Fellay (le chasseur Jean-Pierre Perraudin), Mali Van Malenberg, Daniel Jeanloz, Baptiste Morisod, Bernard May.
Docu-fiction sur la naissance de la glaciologie : Le 16 juillet 1818, au glacier du Giétro dans le val de Bagnes (Valais), un barrage se rompt et précipite vingt millions de mètres cubes d'eau, de glace, de boue, de rochers et d'arbres dans la vallée, faisant 36 morts. Un lac menaçant se forme, emprisonné par les glaces. L'ingénieur Venetz tente le pari fou de creuser un tunnel à travers le glacier afin que ses eaux s'écoulent; il parvient ainsi à éviter un désastre de plus grande ampleur.
2022* Unrueh (Désordres) (CH) de Cyril Schäublin
Cinédokké-Schweizer Radio und Fernsehen (SRF)-Seeland Filmproduktion, 93 min. - av. Clara Gostynski (Josephine Gräbli), Valentin Merz (le directeur de fabrique Roulet), Alexei Evstratov (Pyotr Kropotkine), Monika Stalder (Mireille Paratte), Li Taro (Mila Fuchs), Nikolaï Bosshardt (Künzli), Mayo Irion (le photographe Clément).
Vers la fin du XIXe siècle, Josephine Gräbli, une ouvrière dans une fabrique d'horlogerie, découvre les méfaits du capitalisme et fréquente les milieux anarchistes où elle fait la connaissance de Kropotkine (1842-1921), théoricien russe du communisme libertaire. Prix de la réalisation au Festival de Berlin 2022 (section "Encounters").
Henri Dunant (Pierre Blanchar) dans « D’homme à hommes » de Christian-Jaque (1948).

1.1. HENRY DUNANT (1828-1910)

fondateur de la Croix-Rouge en 1863, signature de la Convention de Genève en 1864. Premier prix Nobel de la Paix (1901).
1940The Flag of Humanity (US) de Jean Negulesco 
Vitaphone-Warner Bros (Technicolor), 19 min. – av. Nana Bryant (Clara Barton), Fay Helm, John Hamilton (gén. Garfield), Ted Osborne, Joseph King (Rutherford B. Hayes), John Alexander (Robert Todd Lincoln), Frank Puglia (Henry Dunant), Jack Rice (Dr. Louis Appia).
Sous l’impulsion d’Henry Dunant, l’infirmière américaine Clara Burton (1821-1912) soigne les blessés pendant la guerre de Sécession et fonde l’American Red Cross. – cf. Etats-Unis : guerre de Sécession (6.1).
1948*D’homme à hommes (FR/CH) de Christian-Jaque 
Jean Erard-P. Albert/Réalisation d’Art Cinématographique (RAC Paris)-Réalisation d’Idées Cinématographiques (RIC Genève), 96 min. – av. Jean-Louis Barrault (Henry Dunant), Hélène Perdrière (Elsa Kastner), Louis Seigner (Philibert Routorbe), Maurice Escande (Jérôme de Lormel), Berthe Bovy (Mme Dunant), Bernard Blier (Coquillet), Abel Jacquin (Gustave Moynier), René Arrieu (Dr. Louis Appia), Serge Emrich (Jean Kastner), Denis d’Inès (gén. Guillaume-Henri Dufour), Jean Debucourt (Napoléon III), Sabine André (Hortense Schneider), Carmen Boni (la comtesse).
Traumatisé par le champ de bataille à Solférino en 1859, Henri Dunant se met au service des victimes de la guerre. Aidé par l’aimable et riche Madame Kastner, persécuté par son créancier Routorbe qui le traîne devant un tribunal et obtient sa condamnation, il doit démissionner de la société qu’il a créée. En 1870, il fait flotter le drapeau de la Croix-Rouge pendant le siège de Paris, puis, âgé et toujours pauvre, il entre dans un hospice de vieillards où il reçoit le prix Nobel de la Paix en 1901.
Financé en partie par les montres suisses Girard-Perregaux SA (La Chaux-de-Fonds), mais le tournage se déroule en France (Nice, Digne pour la bataille de Solférino, Sospel, Pont-Sainte-Maxence, studios de Boulogne à Paris et Victorine à Nice), à Genève, puis en Algérie près de Bou-Saada. Première mondiale à Stockholm, lors du Congrès international de la Croix-Rouge. Grand succès critique et public. Hormis Barrault, facilement exalté, cette hagiographie évite avec bonheur la boursouflure, le film étant vivifié par une mise en scène inventive et picturalement séduisante.
1979(tv) Agonie et Résurrection d’Henri Dunant (CH) de Jean-Jacques Lagrange
(TSR 26.1.79). – av. Jean Topart (Henri Dunant), Catherine Egger (Simone Weitz), Georges Wod (Capski), Claude Valérie (Augusta, reine de Prusse), Robert Party (Gustave Moynier, président du CICR).
2006(tv) *Henry Dunant. Du Rouge sur la Croix / Henry Dunant. Red on the Cross / Henry Dunant. Blut auf dem Kreuz (CH/FR/AT/DZ) de Dominique Othenin-Girard 
André Martin-Dune-Bohemian Films-Pale Blue Productions-TSR-ENTV Alger-Arte-France 2-Union Européenne de Télévision (TSR1 14.3.06), 98 min. – av. Thomas Jouannet (Henry Dunant), Emilie Dequenne (Cécile Thuillier), Noémie Kocher (Léonie Bourg-Thibourg), Jean-François Balmer (Adolphe Thuillier), Fritz Karl (col. Delaroche), Tom Novembre (Napoléon III), Michel Galabru (Hubert Dunant), Vincent Winterhalter (Dr. Louis Appia), Samuel Labarthe (Daniel Dunant), Vania Vilers (Pierre Bourg-Thibourg), Henri Garein (gén. Guillaume-Henri Dufour), Fritz von Friedl (von Eckert), Anne Comte (Sophie Dunant), Jacques Michel (Jean-Jacques Dunant), Josette Chanel (Nancy Dunant), Pascal Vincent (Samuel Löwenthal), Patrice Bornand (Gustave Moynier), Jean-Pierre Gos (Théodore Maunoir), Hans Steunzer (gén. Berthier), Jeff Eleini (duc de Morny, Gunther Gillian (Uhlan).
Illustration très romancée en ce qui concerne la vie intime de Dunant (ses amours brèves avec l’infirmière Cécile, sa liaison platonique avec sa belle-sœur Léonie), un portrait psychologique sans nuances, qui ignore la nature tourmentée et contradictoire de l’homme, de ses zones d’ombre, etc. Globalement cependant de l’ouvrage soigné (éclairages, compositions), dramatiquement bien construit et convainquant, beaucoup plus fidèle à l’événementiel historique et au contexte social que la version de Christian-Jacque et Charles Spaak (1948).
Comme cette dernière, ce téléfilm commence par les problèmes d’irrigation des colons suisses en Algérie, mais il s’arrête à la création de la Croix-Rouge et passe donc sous silence la dernière partie de sa vie, la condamnation pour faillite, la démission forcée de la Croix-Rouge, la vieillesse. Le scandale des lettres d’Italie à Cécile publiées dans le « Journal de Genève », les « Souvenirs de Solférino » qui fâchent les milieux militaristes et ultra-nationalistes (incendie de l’imprimerie, l’imprimeur blessé). La faillite de Dunant en Algérie est ici le résultat d’un complot ourdi par le duc de Morny avec l’accord tacite de Napoléon III pour discréditer Dunant et chercher à saper son œuvre. Budget de 8,5 millions de CHF. Tournage à Genève (Bourg-de-Four, rue du Puits-Saint-Pierre, palais de l’Athénée, salle historique Alabama de l’Hôtel de Ville où a été signée le 18.8.1864 la première Convention de Genève, à l’origine de la Croix-Rouge internationale), en Algérie (région de Biskra) et pour les batailles en Autriche du Sud (Bad Radkersburg), recréation des combats à Solférino avec 500 figurants.

Nota bene: Un gros projet inabouti sur Henri Dunant fut mis en chantier en 1988/89, "*The Man in White / L'uomo in bianco (L'Homme en blanc)", coproduction italo-helvético-soviétique d'Italmedia Film Roma et Mosfilm, écrite par Suso Cecchi d'Amico. La réalisation en était confiée à Richard Attenborough et à Sergej Bondartchouk (qui devait, lui, filmer la bataille de Solférino en Ukraine).