VII - LA CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE

1. LES CANTONS SUISSES DANS LA TOURMENTE RÉVOLUTIONNAIRE

L’Ancien Régime est ébranlé par la Révolution française qui taille à son gré dans le territoire de la Confédération des cantons suisses. Genève et l’évêché de Bâle sont annexés dès 1795. Bonaparte arrache la Valteline aux Grisons en 1797 pour la rattacher à la République cisalpine. En 1798, les armées de la Révolution occupent tout le territoire suisse et proclament une RÉPUBLIQUE HELVÉTIQUE, état satellite de la France.
1934Zu Strassburg auf der Schanz / Ich hab' eine Sehnsucht / AT: Söhne der Berge (DE) de Franz Osten; Hans von Petersdorff, Nicolaus Olivier/Ideal-Film GmbH Berlin, 80 min. - av. Carl de Vogt (Konrad Pfister, son fils), Hans Stüwe (Ruedi Pfister, son frère cadet), Anna von Palen (Ida Pfister, leur mère), Eduard von Winterstein (Jakob Rusti), Margarete Kupfer (Berta Rusti, son épouse), Ursula Grabley (Beate Rusti, leur fille), Otto Sauter-Sarto (Peter Ruegg, le maire), Harry Hardt(ltn. Renan Ruegg, son fils), Heinrich Schroth (le commandant français), Ernst Rückert (un officier).
En Suisse centrale vers 1790. Des recruteurs de l'armée française sillonnent les campagnes. Konrad Pfister, un jeune paysan timide, réalise que Ruedi, son frère cadet adoré, aime et est aimé de Beate, sa fiancée. Il s'enrôle par dépit sous les couleurs françaises, mais revient sur sa décision et se terre pendant trois semaines dans les hauteurs de la montagne. Les soldats le recherchent partout. Ruedi le retrouve et prend secrètement sa place dans le régiment stationné à Strasbourg, tandis que l'aîné reconstruit la ferme familiale incendiée lors d'un orage. Souffrant du mal du pays et confiné à des travaux ingrats sur les fortifications par un autre rival en amour, le lieutenant Renan, Ruedi finit par déserter. Il est capturé et condamné à mort. Konrad se dénonce au commandant et offre sa vie en échange de celle de son frère, mais son intervention arrive trop tard. (La version distribuée en Autriche finit en happy-end.)
Ce gros mélo militaro-rural dont le double titre pourrait se traduire par "Sur les fortifications de Strasbourg" et "J'ai le mal du pays" reconduit tous les clichés du genre "Terre et Sang (Blut und Boden)" en vogue en Allemagne dans les années trente. On y chante (littéralement, l'action étant plus d'une fois interrompue par des airs folkloriques ou martiaux) l'amour de la patrie, l'opposition ville-campagne, la souffrance des paysans, on prône la xénophobie ("un type bien ne va pas s'enrôler chez des étrangers!") en oblitérant soigneusement le fait que les Suisses ont servi pendant cinq siècles comme mercenaires de toute l'Europe. En fait, le titre du film provient d'une chanson de la fin du XVIIIe siècle (auteur inconnu), intitulée également La Chanson du déserteur. Marchant sur les pas de Luis Trenker, le réalisateur bavarois Franz Osten (curieusement un pionnier du cinéma indien muet à Bombay) fignole quelques compositions plastiques assez expressives, plongées dans la nuit et la tempête, mais les effusions pathétiques noient le récit. Il tourne en octobre-novembre 1933 aux ateliers Jofa à Berlin-Johannisthal et en extérieurs à Strasbourg et en Suisse, dans le canton d'Uri (Schächental). En raison de son contenu militariste (?), le film sera interdit par les Alliés en 1945.
1934Der ewige Traum (Der König des Mont-Blanc) / Rêve éternel (Le Roi du Mont Blanc) (DE/FR) d’Arnold Fanck, Henri Chomette (co-réal., v.f.) ; Cine-Allianz, 95 min. – av. Sepp Rist (Jacques Balmat, 1762-1834), Georges Colin, Brigitte Horney, Ernst Nansen (Dr. med. Michael Gabriel Paccard, 1757-1827), Willi Kaiser-Heyl (prof. Horace Bénédict de Saussure, 1740-1799). – Le 8 août 1786, première ascension du Mont Blanc par Balmat et le Dr. Paccard.
1941® Suvorov (Souvorov) (SU) de Vsevolod Poudovkine. – av. Nicolaï Tcherkassov-Sergejev (gén. Alexandre Souvorov). – 1794-1799 : Souvorov en Italie et en Suisse où il se heurte à l’armée d’Helvétie de Masséna, cf. Russie (8).
1942Der Schuss von der Kanzel [Le Coup de feu tiré de la chaire] (CH) de Leopold Lindtberg ; Lazar Wechsler/Praesens-Film AG Zürich, 100 min. – av. Leopold Biberti (gén. Hans-Rudolf Werdmüller, 1614-1677), Adolf Manz (le pasteur Werdmüller, son cousin), Irene Naef (Rahel Werdmüller), Fred Tanner (Pfannenstiel), Jakob Sulzer (cdt. Kilchsperger), Zarli Carigiet (Hassan, le maure)Mathilde Danegger (Babeli), Emil Hegetschweiler (Krachhalder). – Chassé-croisé sentimental dans une bourgade du lac de Zurich vers 1670 : le synode zurichois n’apprécie guère la passion des armes à feu du pasteur Werdmüller et son avenir professionnel est menacé. L’homme d’église voudrait donner sa fille Rahel à un fringuant militaire, mais celle-ci aime le timide vicaire Pfannenstiel et supplie son oncle et parrain, le célèbre condottiere Hans-Rudolf Werdmüller, de l’aider. Amusé et sentant sa fin proche, celui-ci décide de jouer un tour à son cousin qui ne peut s’empêcher de jouer secrètement avec un pistolet pendant le sermon dominical… Une comédie en dialecte tirée du roman de Conrad Ferdinand Meyer (1877), qui met en scène le général Werdmüller (1614-1677), seigneur de la presqu’île d’Au et commandant en chef d’une compagnie de mercenaires vénitiens au service de la France. Réfugié en Suisse, le metteur en scène viennois Lindtberg filme cette inoffensive saynète en s’inspirant visuellement de Frans Hals et de Vermeer. Le tournage se fait à Stein-am-Rhein (monastère de Saint-Georges), au château de Hallwil, dans le Seetal argovien, sur les rives du lac de Zurich et aux studios zurichois de Rosenhof. Un succès local mitigé.
1952(tv) Father Time (US) d’Albert McCleery ; « Hallmark Hall of Fame », épisode 2.12 (NBC 28.12.52), 30 min. – av. Charles Nolte (Daniel Jeanrichard), Janet de Gore, Curtis Cooksey, Alexander Campbell, Francis Bethancourt, David Winters, Anita Webb, Thomas McElhany. – La vie du forgeron neuchâtelois Daniel Jeanrichard (1665-1741), fondateur de l’industrie horlogère suisse.
1964(tv) Briefe der Liebe : Heinrich Pestalozzi – Anna Schulthess (DE/AT/CH) d’August Everding ; Bayerischer Rundunk-ORF-DRS (BR 20.7.64), 45 min. – av. Helmuth Lohner (Johann Heinrich Pestalozzi), Elfriede Kuzmany (Anna Schulthess). – La correspondance amoureuse du grand pédagogue avec celle qui devient sa femme en 1769 et lui donnera un fils, Hans Jakob.
1972(tv) Le Colonel Jenatsch / Jürg Jenatsch, l’eroe dei Grigioni (FR/CH/IT/AT/HU) de Tony Flaadt ; série « Les Évasion célèbres / Les Grandes Évasions historiques » no. 8, SSR-Regusci Film Lugano, pour ORTF-Pathé Cinéma-SSR Lugano-RTBF-TV Hungarofilm-Defnei Cinematografica (TF1 13.11.72), 55 min. – av. Michael Baloh (col. Jürg Jenatsch), Guido Gagliardi (ltn. Hans-Rudolf Werdmüller), Alexandra Stewart (Lucrezia von Planta de Rietberg), Françoise Christophe (duchesse de Rohan), Yves Brainville (le duc Henri II de Rohan), Siro Pannini (Bass), Ruggerio Donadio (Rudolph von Planta de Rietberg), Elio Crovetto (puisatier), Ezio Sancrotti (Don Alfonso Maria Mendoza y Serrano, comte de Figueras, commandant de Fuentes). – Uniques points de passage entre le Tyrol autrichien et les possessions espagnoles du Nord de l’Italie (le duché de Milan) qui appartiennent toutes deux aux Habsbourg, les cols des Grisons sont très convoités et changent de main à plusieurs reprises pendant la Guerre de Trente Ans. Le pasteur et colonel Jürg Jenatsch (1596-1639) se bat pour l’indépendance des Grisons en s’alliant d’abord à la France de Richelieu. Le duc Henri II de Rohan, dont il devient le bras droit, le charge de libérer la Valteline occupée par les armées austro-espagnoles. Mais elle est gardée par la redoutable forteresse de Fuentes que Jenatsch visite clandestinement pour étudier la possibilité de s’en emparer. Il est trahi, capturé, torturé et condamné à mort par les Espagnols. Lucrezia von Planta, la propre fille de son ennemi politique Pompejus von Planta (qu’il avait jadis assassiné), feint de ne pas le reconnaître et le fait libérer au moment où il va être pendu ; il doit combattre pour les Grisons, lui dit-elle après, mais il n’échappera pas à la vengeance des Planta… Richelieu tardant à restituer la Valteline et ses pays sujets à la Ligue grisonne, Jenatsch se reconvertira par la suite au catholicisme, deviendra général des Ligues grisonnes avec le soutien armé des Espagnols et, comblé de richesses, finira anobli par Philippe IV d’Espagne. Il périra assassiné un soir à une table d’auberge à Coire, dans des circonstances jamais éclaircies. Le film laisse sous-entendre que Lucrezia elle-même, masquée, lui aurait déchargé son pistolet en plein visage. Tourné (fort maladroitement) en couleurs au château de Rivalta (Trebbia) et à Venise, d’après le roman « Jörg Jenatsch, eine alte Bündnergeschichte » (1874) de Conrad Ferdinand Meyer, adapté par Marcello Pagliero. Jenatsch est campé par un vétéran du cinéma yougoslave.
1971(tv) I pag / Die Wette (CH) de Willy Walther ; RTR-SF. – av. Andri Peer (colonel Jürg Jenatsch).
1979(tv) Der Landvogt von Greifensee (Le Bailli de Greifensee) (CH/DE) de Wilfried Bolliger ; Peter-Christian Fueter/Condor-Film Zürich-DRS-NDR, 105 min. – av. Christian Quadflieg (le colonel et bailli Salomon Landolt), Adelheid Arndt (Salomé), Laura Trotter (Figura), Alida Valli (Marianne), Silvia Dionisio (Wendelgard), Pauline Larrieu (Aglaja), Brigitta Furgler (Barbara). – Entre 1765 et 1783 dans la campagne zurichoise. Bailli quadragénaire de Greifensee, Salomon Landolt (1741-1818) est tour à tour amoureux de Salomé, la fille rebelle d’un puritain opposé à Voltaire, d’une maniaco-dépressive, d’une artiste-peintre, puis décide sagement de rester célibataire. Adaptation d’une nouvelle satirique de Gottfried Keller (1877). Tournage en couleurs aux châteaux de Lenzbourg, de Wildegg et de Greifensee, à Jona, Rapperswil, Saint-Gall, Pfäffikon et Regensberg, avec des costumes taillés pour le « Casanova » de Fellini. Prix d’interprétation (Laura Trotter) à Taormina 1979, Mention spéciale à Karlovy Vary 1981.
1981Processo a Caterina Ross (IT) de Gabriella Rosaleva ; SAS Cinema Milano. – av. Daniela Morelli, Massimo Sacilotto. – 1700, procès en sorcellerie en Suisse (film inédit).
1987[épisodes historiques] *Jenatsch (CH/FR/DE) de Daniel Schmid ; Limbo Film AG Zürich-Bleu Films SA-ZDF. – av. Michel Voïta, Christine Boisson, Vittorio Mezzogiorno (col. Jürg Jenatsch), Carole Bouquet (Lucrezia von Planta de Rietberg), Jean-Marie Henchoz (Pompejus von Planta, son père). – Un journaliste du XXe siècle se rend en Engadine pour effectuer des recherches historiques sur le colonel Jürg Jenatsch, héros ambigu de la libération des Grisons durant la Guerre de Trente Ans (cf. téléfilm de 1972). Il fut assassiné dans des circonstances mystérieuses avec la hache même qu’il avait utilisée pour éliminer en 1621 un de ses opposants, Pompejus von Planta, chef du parti catholique espagnol des Ligues grisonnes, dans son château de Domleschg. Obsédé par son personnage, le journaliste est sujet à des hallucinations qui le projettent à l’époque de Jenatsch et de ses amours avec l’énigmatique Lucrezia (Carole Bouquet), la fille de son ennemi. Il assiste finalement au meurtre de Jenatsch à Coire … dans la peau de son meurtrier. – Une œuvre fascinante de Daniel Schmid, faite de glissements temporels complexes et tournée à Coire et à Flims (Engadine). Première mondiale au festival de Cannes 1987 (section « Un Certain Regard »), puis festival de Locarno. Le plus gros succès suisse de l’année.
1989Pestalozzis Berg / La montagna di Pestalozzi (La Montagne de Pestalozzi) (CH/DE-RDA+RFA/IT) de Peter von Gunten ; Praesens-DEFA-Ellepi-Stella, 117 min. – av. Gian-Maria Volontè (Johann Heinrich Pestalozzi), Angelica Ippolito (Anna Schulthess, son ex-femme), Rolf Hoppe (Zehender), Heidi Züger (Mädi), Christian Grashof (Zschokke), Michael Gwisdek (Perrault), Corinna Harfouch (Juliette Benoit), Peter Wyssbrod (Hofstetter), Matthias Gnädinger (Büttel), Stefan Zopfi (Jacques Pestalozzi). – En 1798, le pédagogue rousseauiste Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827), défenseur de l’éducation populaire, a fondé au couvent de Stans un foyer pour les orphelins des guerres révolutionnaires. L’année suivante, le couvent est réquisitionné par les troupes françaises qui le transforment en hôpital militaire et le gouvernement helvétique force le pédagogue à renvoyer les enfants. Ruiné et déprimé, Pestalozzi cherche refuge au sanatorium de Bad Gurnigel pour dresser le bilan de son expérience. Il finit par reprendre confiance et s’engage comme simple enseignant pour appliquer ses théories pédagogiques. Une adaptation du roman de Lukas Hartmann (1978) filmée dans les studios berlinois de la DEFA à Babelsberg et en extérieurs en Suisse, au Gurnigel, à Bolligen, au couvent de Müstair et à Lucerne. Présenté aux festivals de Berlin et de Locarno 1989.
1991*Anna Göldin – letzte Hexe (Anna Göldin, la dernière sorcière) (CH/DE) de Gertud Pinkus [et Stephan Portmann] ; Alpha-P&P Film AG Solothurn, 115 min. – av. Cornelia Kempers (Anna Göldin), Rüdiger Vogler (Dr. Tschudi), Ursula Andermatt (Mme Tschudi), Roger Jendly (Jeanneret), Luca Kurt (Anna-Maria Tschudi), Dominique Horwitz (Kubli), Peter Wyssbrod (Blumer), Dimitri (Steinmüller), Anne-Marie Blanc (Mme Zwicky). – En automne 1780, Anna Göldin est engagée comme servante à Glaris chez le Dr. Tschudi, où elle développe une relation privilégiée avec une de ses filles, la petite Anna-Maria, affectueuse mais tyrannique. L’enfant crache des épingles et un de ses pieds se paralyse. Tschudi accuse Anna d’avoir jeté un sort à sa fille. Anna s’enfuit, est rattrapée et arrêtée. Incapable de se disculper, elle accepte un marché : sa liberté contre la guérison de l’enfant. Sa réussite ne fait que l’accuser. Interrogée durant des semaines, elle avoue sous la torture et, le 18 juin 1782, elle est exécutée par le glaive. C’est la dernière condamnation à mort pour sorcellerie par un tribunal en Europe. La réalisatrice étudie le contexte socio-économique d’une société tiraillée entre les superstitions propres à l’Ancien Régime et l’avènement des Lumières, démontrant paradoxalement que ce n’est pas l’obscurantisme, mais au contraire le positivisme qui la condamne. D’après le roman d’Eveline Hasler (1982). Tourné au Musée suisse de l’habitat rural à Ballenberg (ct. Berne), à Enenda, Mollis et Werdenberg. Mention spéciale du jury œcuménique au festival de Locarno 1991, Prix du public au festival Max-Ophüls à Sarrebruck 1992.
1991(vd) Sehnsucht Liebe Hoffnung (CH) de Theodor Boder (+ prod.), 73 min. – av. Ulrich Georg Meyer (Julius Schönfeld), Michael Margotta (J. Schönfeld enfant), Tanja Vogler (Sophie), Klaus Stangier, Yvonne Moix, Rosmarie Laplace. – Entre 1780 et 1806, les mémoires d’un poète-instituteur entre l’Allemagne du Sud et la Suisse.
1991Jacques et Françoise (CH/FR) de Francis Reusser ; Productions JMH SA Genève (Jean-Marc Henchoz)-Les Films du Phare (Paris), 80 min. – av. François Florey (Jacques Bosson) Geneviève Pasquier (Marie-Françoise Magnin), Roland Amstutz (Magnin), Michel Voïta (Ramel de Grandvillard), Sarah Chaumette (Mme Elisabeth de France, sœur de Louis XVI), Karine Guex-Pierre (Angélique de Mackau, marquise de Bombelles), Thomas Tanner (M. von der Weid), Laurence Amy (Mme de Tavanet), Armen Godel (Python). – En Gruyère en 1789, les amours contrariées d’un vacher et de la fille de son patron (film chanté, d’après « Pauvre Jacques », jeu scénique de Carlo Boller et Fernand Ruffieux, 1947). Pour éloigner Jacques, le père de Françoise le place comme laitier chez Elisabeth de France, sœur de Louix XVI, au château de Montreuil-Bellay. Quant éclate la Révolution, Jacques retourne au pays et enlève Françoise le jour de son mariage avec Grandvillard. (Élisabeth de France sera guillotinée en 1794.) Une tentative séduisante et ambitieuse (140 comédiens, des centaines de figurants costumés) de s’essayer à la comédie musicale ; compte tenu du sujet, Reusser accentue les rapports de classes et les mésalliances tout en utilisant des teintes et éclairages inspirés de la peinture romantique de David Caspar Friedrich. Tournage dans les cantons de Vaud et de Fribourg (Gruyère). Un accueil critique et public chaleureux, mais une diffusion limitée à la Suisse romande.
1998Fin de siècle (CH) de Claude Champion ; Intermezzo Films SA Genève-TSR-Musée historique de Lausanne, 88 min. – av. Mireille Perrier (Rosalie de Constant, cousine de Benjamin Constant), Robert Bouvier (Louis Reymond), Laurent Sandoz (Jules-Nicolas-Emmanuel Muret), Pascale Vachoud (Germaine de Staël), Dominic Noble (Benjamin Constant), Julien Basler (René Crot), Michel Fidanza (Isaac Hignou), Vincent Siegfrist (Georges Boisot), Thierry Jorand (le cordonnier Michel). – En 1797, le jacobin vaudois Louis Reymond (1762-1821) revient de Paris à Lausanne pour fonder un journal, « Le Régénérateur », ainsi qu’un club révolutionnaire. Son influence inquiète l’avocat Jules Muret (1759-1847) qui veut tirer parti de la Révolution française pour rendre sa liberté au Pays de Vaud, mais refuse toute égalité sociale. Loin de l’agitation politique, dans la haute société lausannoise, Rosalie Constant accueille son cousin Benjamin ainsi que Germaine de Staël qui vivent dans son salon quelques épisodes de leurs amours tumultueuses. Tous craignent de voir leur monde disparaître. Après un ultime combat de Louis Reymond aux côtés des « Brûle-Papier (Bourla-Papey) » (des paysans insurgés contre les droits féodaux) en 1802, la révolution locale est muselée. La Suisse n’échappe pas au retour de l’Ancien Régime, et le premier Landamman vaudois n’est autre que Jules Muret, devenu bonapartiste. Reymond sombre dans la folie. – Un film tourné à Bière, Lausanne, Morges, La Sarraz et Villeneuve à l’occasion du bicentenaire de la proclamation de la République Helvétique en 1798. Les personnages déambulent en costumes dans l’environnement du XX e siècle, le réalisateur souhaitant comparer histoire et actualité.
1998*La Guerre dans le Haut-Pays (CH/FE/BE) de Francis Reusser ; Jean-Louis Porchet, Gérard Ruey/CAB Productions SA (Lausanne)-Arena Films (Bruxelles)-Rezo Films-Saga Films (Paris)-TSR-Canal Plus, 105 min. – av. Marion Cotillard (Julie Bonzon), Yann Trégouët (David Aviolat), François Marthouret (Josias Aviolat), Antoine Basler (Ansermoz), François Morel (Devenoge), Laurent Terzieff (Isaïe), Patrick Le Moff (Tille), Jacques Michel (Jean Bonzon), Jean-Pierre Gos (le pasteur), Maurice Aufair (Moïse Pittet). – Hiver 1797/98, les troupes du Directoire alliées aux Libéraux vaudois occupent le pays de Vaud après en avoir chassé les Bernois. Toutefois, les paysans de la vallée des Ormonts, fidèles à Berne et hostiles aux idées des Lumières, résistent. L’instituteur s’oppose au pasteur, les habitants sont divisés. Le jeune David Aviolat dont le père, Josias, est un conservateur pur et dur, s’éprend de Julie Bonzon, une jeune fille née d’un père progressiste et d’une mère ancrée dans la tradition paysanne. Josias s’oppose avec violence à cette union. Renié et battu par son père, David s’engage dans les troupes franco-vaudoises et les mène sur la route du village par les cols enneigés qu’il connaît. Dans l’ultime bataille, remportée par les révolutionnaires, le père et le fils Aviolat s’affrontent jusqu’à la mort de ce dernier. - À l’occasion du bicentaire de la proclamation de la République Helvétique, et avec l’appui du scénariste-vedette Jean-Claude Carrière, Reusser adapte pour la deuxième fois (après « Derborence », 1985) un roman de Charles Ferdinand Ramuz, paru en 1915. Monté en coproduction avec la France (Marion Cotillard à ses débuts, Laurent Terzieff) et la Belgique, son film est réalisé avec adresse, quoique un peu trop didactique et léché (la bataille dans la neige est belle à voir mais peu réaliste). Tournage en scope et en couleurs au Musée suisse de l’habitat rural à Ballenberg (ct. Berne), à Aigle, La Croix, Pont-de-la-Tine, La Tréchadèze, Ormonts-Dessus, aux gorges de la Grande-Eau (Vaud) et en Haute-Savoie. En compétition au festival de Berlin 1999. Rappelons qu’en 1798, le choix pour les Ormonans est cornélien : faut-il adhérer au nouveau Pays de Vaud ou rester aux côtés des Bernois (qui les ont affranchis du joug savoyard en 1475, et leur ont depuis accordé de nombreux privilèges fiscaux) ? Devant le refus des Ormonans de se rallier aux options politiques de la plaine, le général Michel Chastel, commandant des troupes franco-vaudoises, attaque les positions bernoises le 5 mars 1798 à La Forclaz, Le Sépey et Tréchadèze. L’acte de capitulation des Bernois et Ormonans est signé au Vélard.