IV - L’ITALIE

5. LA RÉPUBLIQUE DE VENISE

Casanova (Ivan Mosjoukine) devant Catherine II (Suzanne Bianchetti) (« Casanova » d’Alexandre Volkoff, 1926).

5.3. Giacomo Casanova

(1725-1798) alias le chevalier Jacques Jérôme Casanova de Seingalt, aventurier, écrivain, musicien et séducteur vénitien.
1918/19Casanova – seine galanten Abenteuer (DE)
Saturn-Film Berlin, 2280 m. - (peut-être identique avec le film suivant)
1919Casanova (HU) d’Alfréd Deésy 
Star Filmgyár, 2100 m. – av. Alfréd Deésy (Casanova), Kamilla Hollay, Norbert Dán, Sandy Igalits, Richard Kornai, Annie Góth (Marie, princesse Felsenburg), Gyula Margittay, Sári Sólyom.
1919Das Herz des Casanova (DE) d’Erik Lund 
Ring-Film, 1609 m. – av. Bruno Kastner (Casanova), Sybill Morell, Wilhelm Diegelmann.
1920Casanovas erste und letzte Liebe (AT) de Julius von Szöreghi 
Alfa, 12 bob. – av. Lucy Doraine.
1922Δ How Women Love (US) Kenneth S. Webb. – av. Templar Saxe (Casanova).
1926**Casanova (FR) d’Alexandre Volkoff 
Noé Bloch, Gregor Rabinovitch/Ciné Alliance-Société des Cinéromans-Deulig Europa, 3100 m./132 min. – av. Ivan Mosjoukine (Casanova), Diana Karenne (Marie, duchesse de Lardi), Rudolf Klein-Rogge (le tsar Pierre III), Suzanne Bianchetti (Catherine II), Paul Guidé (Orloff), Jenny Jugo (Thérèse), Rina De Liguoro (Corticelli), Nina Koshetz (comtesse Vorontzoff), Olga Day (Lady Stanhope), Michel Simon (sbire).
Grande superproduction avec séquence en couleurs (carnaval de Venise, feux d’artifices sur le Canale Grande), visuellement somptueux, un rôle en or pour Mosjoukine, au sommet de sa popularité et dont l’interprétation déborde d’humour et d’élégance. Tournage au studio Menchen à Epinay (Boulogne-sur-Seine) et au Lido de Venise, assistant-réalisateur : Anatole Litvak. Un faste spectaculaire qui masque l’indigence de l’intrigue.
1933/34Casanova / Les Amours de Casanova (FR) de René Barberis 
M.J. Films, 100 min. – av. Ivan Mosjoukine (Casanova), Colette Darfeuil (Anne la Corticelli), Jeanne Boitel (Anne Roman/Baronne de Meilly-Coulonge), Marcelle Denya (marquise de Pompadour), Saturnin Fabre, Jeanne Boitel, Madeleine Ozeray, Pierre Larquey, Marguerite Moreno (Mme Morin).
A Grenoble, Casanova séduit Anne Roman, future maîtresse de Louis XV, et fait échouer un complot de la Pompadour contre elle. Tentative d’un remake sonore du succès de 1926, le retour cinématographique manqué de Mosjoukine, filmé aux studios GFFA à la Villette, à Versailles (Cour d'Honneur, bassin d'Apollon) et à Venise.
1936Arma bianca (Casanova a Parma) (IT) de Ferdinando M. Poggioli 
Negroni Film, 69 min. – av. Nerio Bernardi (Casanova), Leda Gloria, Mimi Almieri, Romolo Costa (duc de Parme), Tina Lattanzi (duchesse de Parme). – Accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, Casanova s’échappe de prison et démasque des conspirateurs voulant assassiner le duc de Parme.
1943® Münchhausen (DE) de Josef von Baky. – av. Gustav Waldau (Casanova). – cf. Allemagne (4.7).
1946Les Aventures de Casanova – 1. Le Chevalier de l’aventure – 2. Les Mirages de l’enfer (FR) de Jean Boyer
Les Films Sirius (2 parties), 100 et 88 min. – av. Georges Guétary (Casanova), Aimé Clariond (Don Luis), Gisèle Casadesus (Geneviève de Cerlin), Jacqueline Gauthier (Coraline), Noëlle Norman (Clotilde du Manoir), Jean Tissier (Van Hope), Gisèle Préville (Mme Van Hope), Luce Feyrer (la Borelli), Albert Dinan (Jasmin).
L’artiste de music hall Georges Guétary en bretteur, chanteur (huit chansons) et danseur de menuet. Tourné aux studios d’Epinay et à Aix-en-Provence. Décousu et privé de rythme.
1947The Adventures of Casanova / El capitán Casanova (Le Règne de la terreur) (US/MX) de Roberto Galvadon 
Leonard S. Picker-Eagle-Lion Films Hollywood (Bryan Foy), 83 min. – av. Arturo de Córdova (Casanova), Lucille Bremer (Bianca D’Albernasi), John Sutton (comte Julien de Brissac), Turhan Bey (Lorenzo), Fritz Leiber (Bernardo D’Annecci), Georges Tobias (Jacopo), Noreen Nash (Zanetta).
Une aventure apocryphe du grand séducteur : à Palerme, en Sicile en 1796, Casanova, ses compagnons Felipe et D'Anneci et des partisans siciliens luttent contre l’occupant hispano-autrichien et le gouverneur de Brissac, envoyé spécial du roi de Naples, Ferdinand IV, et dont le but secret est de se rendre maître de la Sicile à des fins personnelles. Bien qu'amoureux de la fille du comte, Casanova tue ce dernier en duel. Un petit film de cape et d'épée un peu tiré par les cheveux, tourné aux studios Churubusco et au château de Chapultepec à Mexico City. En 1796, le véritable Casanova, âgé de 71 ans, syphilitique et grabataire, se morfondait en Bohème où il allait mourir deux ans plus tard!
1948**Il cavaliere misterioso / Le cento donne di Casanova (Le Cavalier mystérieux) (IT) de Riccardo Freda 
Dino De Laurentiis-Lux Film, 93 min. – av. Vittorio Gassman (Casanova), Maria Mercader (Elisabetta), Yvonne Sanson (Catherine II de Russie), Gianna Maria Canale (le comte/la comtesse Lehmann), Guido Notari (le doge Francesco Loredan), Hans Hinrich (Grand Inquisiteur), Dante Maggio (Gennaro), Guido Notari (comte Ipatieff), Antonio Centa (Antonio Casanova), Guido Notari (le doge), Hans Hinrich (le chef de la police), Sandra Mami (la comtesse Ipatieff), Dante Maggio (Gennaro, serviteur de Casanova), Guido Notari (le comte Ipatieff), Vittorio Duse (Antonio Morin), Eli Parvo (la dogaresse), Antonio Centa (le baron Porsky), Aldo Nicodemi (le comte Orloff), Tino Buazzelli (Joseph).
Casanova en mission secrète à Saint-Pétersbourg. Un portrait original de Casanova en gentilhomme espion qui, pour sauver son frère Antonio des geôles du doge, doit parcourir l’Europe à la recherche d’une lettre compromettante pour la République de Venise. Il séduit les femmes pour le bien de son enquête et parvient à Saint-Petersbourg via la Pologne, où il réussit à approcher la tsarine et à lui dérober le document alors qu'elle entendait lire la lettre aux ambassadeurs durant le bal de la cour. Elisabetta, qui l'a aidé dans son enquête, est tuée à la frontière par les cosaques lancés à la poursuite du séducteur. A Venise, Casanova obtient la libération de son frère, mais reste inconsolable, la seule femme qu'il a jamais aimée lui ayant été enlevée...
Brio des scènes d’action, narration enlevée et enjouée, photographie superbe, Gassman jeune très à l’aise dans un rôle qui lui va comme un gant. Une perle (et un des meilleurs films de Freda), tournée aux studios Safir à Rome et en extérieurs à Venise (Palazzo Mocenigo) et à Pescasseroli (Parc National des Abruzzes), d’après un scénario de Freda, Mario Monicelli et Stefano Vanzina (alias Steno).
1954Casanova’s Big Night (La Grande Nuit de Casanova) (US) de Norman Z. McLeod 
Paul Jones/Paramount, 86 min. – av. Bob Hope (Pippo Popolino, tailleur), Joan Fontaine (Francesca Bruni), Vincent Price (Casanova), Audrey Dalton (Elena Di Gambetta), Basil Rathbone (Lucio), Hugh Marlowe (Stefano Di Gambetta), Arnold Moss (Francesco Loredan, doge de Venise), John Carradine (le ministre Foressi), Raymond Burr (le ministre Bragadin), Lon Chaney Jr. (Emo le tueur), Primo Carnera (Corfa), Henry Brandon (cpt. Rugello).
Comédie burlesque en Technicolor : Afin de séduire Francesca, une jolie veuve, le tailleur Pippo se fait passer pour Casanova, mais les nombreux créanciers du séducteur et la politique vénitienne lui jouent de mauvais tours Quatre stars du cinéma d'horreur sont ici au rendez-vous: Rathbone, Chaney, Carradine et en particulier Vincent Price, qui fait un Casanova plutôt inattendu (non crédité au générique) dans cette farce fabriquée sur mesure pour Bob Hope et filmée aux studios Paramount, un grand succès populaire (3,5 millions $ en recettes domestiques).
1954/55*Le avventure ed amori di Giacomo Casanova / Les Aventures et les amours de Casanova (IT/FR) de Stefano Vanzina [=Steno] 
Dario Sabatello, Ezio Gagliardo, Emo Bistolfi/Orso Film-Iris Film-Comptoir Français de Productions Cinématographiques (Paris), 95 min. – av. Gabriele Ferzetti (Casanova), Corinne Calvet (comtesse Louise de Charpillon), Marina Vlady (la mariée), Nadia Gray (Maria-Theresa von Reichsburg, princesse électrice), Irène Galter (Dolores), Mara Lane (Barbara), Carlo Campanini (le valet), Nico Pepe (comte Bragadin), Nerio Bernardi (Grand Inquisiteur), Arturo Bragaglia (comte de Charpillon), Ursula Andress.
Passagèrement emprisonné, Casanova se souvient de ses exploits avant de s’échapper une fois de plus pour obéir à ses pulsions… Dans le dernier plan, il poursuit un carrosse transportant Ursula Andress dont c’est la toute première apparition au cinéma. Le film italien le plus censuré des années cinquante (50 coupes, env. 400 m.), d’abord séquestré pendant trois mois à la demande de la Curi, puis retiré des salles en mars 1955 pour « offense à la morale, aux bonnes mœurs et à la décence ». L’évêque de Turin exige son interdiction totale. Le film est dénoncé par l’Azione Cattolica, à l’initiative de Oscar Luigi Scalfaro (sous-secrétaire à la Présidence du Conseil) qui sera accusé ensuite par la presse de gauche d’avoir appliqué une loi fasciste de 1923. La version intégrale est seulement exploitée en France (le film reste inédit aux Etats-Unis). Une "cause célèbre" dans la cinématographie de la péninsule italienne, qui a fait couler beaucoup d'encre.
La bande, dont le tournage à Cinecittà et à Venise fut assez onéreux (400 millions de lire), n’a rien d’un chef-d’œuvre mais surprend agréablement par son manque total d’hypocrisie et une forme de candeur en matière sexuelle qui devait choquer dans les années cinquante (alors que les déshabillages sont rares). Une photo en Eastmancolor de Mario Bava (son premier film en couleurs) qui tranche sur la production bariolée de l’époque, et de magnifiques costumes signés Maria De Matteis ("Othello" d'Orlon Welles, "Le Carrosse d'or" de Renoir, "War and Peace" de King Vidor). Pour l'anecdote: durant le casting, la production considéra la candidature d'une certaine Brigitte Bardot, mais Steno estima qu'elle avait un visage trop "moderne" pour le XVIIIe siècle. (Reconstruction et restauration du film en 2005.)
1964[Casanova 70 (IT) de Mario Monicelli. – Marcello Mastroianni, Virna Lisi (variante moderne du mythe).]
1966Posledni ruze od Casanovy (La Dernière Rose de Casanova) (CS) de Václav Krska 
Filmstudio Barrandov, 94 min. – Felix le Breux (Casanova), Milena Dvorská (comtesse Valerie Waldstein), Vladimir Brabec (Franz Adam Waldstein, son époux), Bohus Záhorsky (comte Josef Karl Waldstein), Ota Simánek (Dr. O’Reilly), Lubuse Havelkova, Valja Petrová, Zuzanna Savrdová, Richrd Záhorsky.
Casanova vieillissant parie encore sur ses dons de séducteur (comédie). Tournage aux studios Barrandov à Prague, à Krkonose, Benecko et Olesovice.
1966Δ Ten Blocks on the Camino Real (US) de Jack Landau. – av. Hurt Hatfield (Casanova).
1967(tv) The Magicians : The Incantation of Casanova (GB) de Herbert Wise 
« Theatre 625 » (BBC 22.10.67), 90 min. – av. Jeremy Brett (Casanova), Anthony Webb (Stage Manager), Geoffrey Bayldon (Don Antonio Capitani), Anne Cunningham (Marina), Jacqueline Pearce (Eva Franzia), Daphne Anderson (Lucia Franzia), Patrick O’Connell (cpt. O’Neilan), George Selway (Giorgio Franzia).
1969***Infanza, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova veneziano (Casanova, un adolescent à Venise) (IT) de Luigi Comencini 
Camera One-Multicine, 125 min. – av. Leonard Whiting (Casanova), Maria Grazia Buccella (Zanetta, sa mère), Lionel Stander (Don Tosello), Senta Berger (Giulieta Cavamacchia), Claudio De Kunert (Casanova enfant), Tina Aumont (Marcella), Sylvia Dionisio (Mariolina), Mario Peron (père de Casanova).
Chef-d’œuvre de Comencini, écrit avec Suso Cecchi d’Amico (la scénariste de Visconti), véritable chronique de la vie vénitienne populaire et décadente au XVIIIe siècle, foisonnant de vie, plein d’humour, riche en aperçus inusités, en détails cocasses. Le séducteur, dont on n’illustre que les cinq premiers chapitres de ses mémoires, fonctionne ici surtout comme le révélateur fascinant d’une époque. Le jeune Casanova y est un personnage innocent que l'hypocrisie institutionnalisée, appuyée sur de monstrueuses contraintes sociales, économiques et culturelles, va progressivement corrompre. Tournage à Cinecittà et à Venise.
1971(tv) Casanova (GB) de Mark Cullingham et John Glenister 
Mark Shivas-BBCtv (BBC2 16.11.-21.12.71), 6 x 55 min. – av. Frank Finlay (Casanova), Norman Rossington (Lorenzo), Zienia Merton (Cristina), Geoffrey Wincott (Baragadin), Christopher Hancock (Circospetto), Christine Noonan (Barberina), Frederick Peisley (Capitani), Lyn Yeldham (Genoveffa), Valerie Gearon (Pauline), Patrick Newell (Schalon), David Swift (Valenglart), Elaine Donnelly (Helena), Ania Marson (Anne Roman-Coupier), Jean Holness (Mme Morin), Graham Crowden (Feldkirchner), Gillian Hills (Caroline), John Ringham (Dr. Rasp).
La vie du séducteur, de l’âge de 30 ans à son décès d’une crise cardiaque à 73 ans, scénario rédigé par Dennis Potter. Episodes : 1. « Steed in the Stable » – 2. « One at a Time » – 3. « Magic Moments » – 4. « Window, Window » – 5. « Fevers of Love » – 6. « Golden Apples » (remonté en deux parties de 195 minutes pour la BBC en 1974).
1972(tv) L’Évasion de Casanova / L’evasione di Casanova (La mia fuga dai Piombi di Venezia) (FR/IT/BE/HU/CH/CA) de Jean-Pierre Decourt 
série « Les grandes évasions historiques / Verso la libertà » no. 7, ORTF-Pathé Cinéma-RAI-GBC-RTB (TF1 17.4.72), 55 min. – av. Hugo Pagliai (Casanova), Beba Loncar (M. M.), Paola Gassman (Tonine), Danièle de Metz/Daniela De Meo (Barberine), Anna Mariacher (Anna-Maria), Patrizia Valturri (comtesse Bonafede), Arnaldo Momo (Bragadin), Vincenzo Ferro (Balbi), Ileana Fraia (Mme Vitturi). – Venise en 1775, Casanova revient dans sa ville natale où il est arrêté et emprisonné sans explication dans les « Piombi », les prisons cachées dans le Palais des Doges. Treize mois plus tard son procès n’ayant toujours pas eu lieu, il décide de s’évader. Tourné à Venise.
1974® Cagliostro (IT) de Daniele Pettinari. – av. Massimo Girotti (Casanova), cf. France (6.4).
1975(tv) Frag nach bei Casanova (DE) de Peter Eschberg. – av. Romuald Pekny (Giacomo Casanova), Klaus Maria Brandauer (Max), Carmen-Renate Köper, Herlinde Latzko, Christian Reiner, Christine Wodetzky.
1976® (tv) Le Siècle des Lumières (FR) de François Villiers. – av. Jean-François Poron (Casanova), cf. France (6)..
1976***Il Casanova di Federico Fellini (Le Casanova de Fellini) (IT) de Federico Fellini 
PEA, 165 min. – av. Donald Sutherland (Casanova), Margaret Clementi, Chesty Morgan, Tina Aumont, Daniel Emilfork, Harold Innocent (comte de Saint-Germain [=prince Léopold Rakoczi, v. 1696-1784 ( ?)]), Luigi Zerbinati (le pape Benoît XIV), Dudley Sutton (duc de Würtemberg), Hans van den Hoek (prince Del Brando), Marjorie Bell (comtesse de Waldstein-Wartenberg), Cicely Browne (marquise d’Urfé, ambassadrice de France à Venise), Marie Marquet (mère de Casanova), Gabriele Carrara (comte de Waldstein-Wartenberg), Leda Logodice (la femme automate).
Un véritable règlement de comptes : Fellini, qui abhorre le personnage, conçoit ce film cauchemardesque, réclamé à haut cris par ses producteurs qui flairent la bonne affaire, comme « La dolce vita » des années 1700. Son Casanova n’est qu’un mondain vaniteux réduit à une pitoyable marionnette, un séducteur mécanique, un homme stupide, frigide, narcissique, que le monde entier a pris comme le symbole de l’amour : « C’est ce refus total, cette absence d’affinité entre Casanova et moi, cette nausée et cette répulsion qui m’ont indiqué dans quel sens organiser mon film : le vide. C’est mon film le plus achevé, le plus expressif, le plus courageux » (Fellini). Un hymne fantasmagorique à la mort, entièrement tourné à Cinecittà (90 décors fabuleux), dans une ville faite de faux-semblants, où même la mer est artificielle, comme tout ce qui entoure et traduit la nature de ce pantin pathétique, victime de la glaciation des sentiments, qui, peu avant de rendre l’âme, se réfugie dans les bras d’un automate. Trouvant Casanova bête et laid, Fellini n'offre pas le rôle de ce tâcheron de la copulation à son acteur fétiche, Marcello Mastroianni, mais effectue des tests avec Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi et Alberto Sordi avant de se résigner à engager un acteur américain, d'ailleurs superbe en débauché aussi triste que la chair qui l'entoure. De la poésie acide, traversé d'instants magiques (Casanova et la femme automate). L'assassinat du plus célèbre des vaniteux, réduit ici à un pathétique bouffon.
1977Casanova & Cie / Treize femmes pour Casanova / The Rise and Fall of Casanova / The Amorous Mis-Adventures of Casanova (AT/DE/IT/FR) de François Legrand [=Franz Antel] 
Neue Delta-Panther-Cofci-TV 13, 104 min. – av. Tony Curtis (Casanova), Maria Berenson, Hugh Griffith, Marisa Mell, Britt Ekland, Jean Lefebvre.
1977Δ (tv) C’est arrivé à Paris (FR) de François Villiers. – av. Jean-Pierre Andréani (Casanova).
1977The New Erotic Adventures of Casanova (US) de John C. Holmes 
Diamond Films-Financine, 80 min. – av. John C. Holmes (Casanova), Jane Goodman, Susan Silver, Peter Johns, Cathy Linger. – Film pornographique.
1978(tv) Il ritorno di Casanova (IT) de Pasquale Festa Campanile 
Filmes Cin.ca (Monica Venturini) (RAI 6.+8.1.80), 120 min. – av. Giulio Bosetti (Casanova), Grazia Maria Spina (Amalia), Piero Vida (Olivo), Francesca Marciano (Marciolina), Mirella D’Angelo, Carlo Simoni, Enzo Robutti, Bianca Toccafondi, Ettore Carloni, Pietro Tordi.
Espion du doge, Casanova quinquagénaire séduit une dernière fois une jeune femme dans une auberge de Mantoue. Film tiré de la nouvelle Casanovas Heimfahrt (Le retour de Casanova) d’Arthur Schnitzler (1918), cf. film de 1991.
1981(tv) Casanova (DE) de Kurt Pscherer. – av. Walter Koeninger (Casanova), Gretel Hartung (marquise d’Urfe), Adelheid Hansen (Catarina Capretta), Luis Lamprecht (abbé de Bernis), Erich Kleiber (Frédéric II de Prusse), Thomas Tipton (Lord Pembroke).
1982® La Nuit de Varennes / Il mondo nuovo (FR/IT) d’Ettore Scola. – av. Marcello Mastroianni (Casanova), cf. France (7.1).
1983® (tv) Der blinde Richter (DE) de Vojtech Jasny. – av. Relja Basic (Casanova). – cf. Angleterre (8.3).
1984® (tv) Die schöne Wilhelmine (DE) de Rold von Sydow. – av. Jean-Claude Brialy (Casanova), cf. Allemagne (8).
1987(tv) *Casanova / Il Veneziano – Vita e amori di Giacomo Casanova (Casanova, la vie et les amours d’un Vénitien) (US/GB/IT/DE) de Simon Langton [et Ken Russell] 
Frank Konigsberg/Larry Sanitsky Prod.-Reteitalia-Taurus Film-Hessischer Rundfunk (ABC 1.3.87), 2 x 95 min. – av. Richard Chamberlain (Casanova), Faye Dunaway (Mme Durfe), Ornella Muti (Henriette), Hanna Schygulla (mère de Casanova), Sophie Ward (Jacqueline), Sylvia Kristel (Maddalena), Frank Finlay (Razetta), Christopher Lee (le maréchal comte Franciszek Ksawery Branicki), Jean-Pierre Cassel (Louis XV), Toby Rolt (Casanova jeune).
Un téléfilm plutôt réussi, à partir d’un excellent scénario de George MacDonald Fraser (un brin parodique), d’une facture très soignée et dotée d’une interprétation convainquante.
1988/89(tv+ciné) Divoky páv / Casanova, der wilde Pfau [Le Paon orgueilleux], épisode de Divoka srdce / Berühmte Duelle [Duels célèbres] (CS/DE) de Jaroslav Soukup 
Barrandow-ARD (ARD 19.2.89), 50 min.. – av. Boris Rösner (Casanova), Zdenek Ornest (comte Josef Karl Waldstein), Jan Vavra (maréchal Branicki, adversaire de Casanova à Varsovie), Antonin Procházka (W. A. Mozart), Lucie Bílá (Constance Mozart), Zutana Kucurikova (Josefina Duskova).
Âgé, vivant à Schloss Dux en Bohème, Casanova se remémore sa fuite de Venise, son voyage en Russie, la première du « Don Giovanni » de Mozart à Prague et son duel avec le comte Branicki à Varsovie en 1766.
1991*Le Retour de Casanova (FR) d’Edouard Niermans 
Alain Sarde/Films A2-Canal Plus-CNC, 98 min. – av. Alain Delon (Casanova), Fabrice Luchini (Camille, son valet), Elsa (Marcolina), Wadeck Stanczak (Lorenzi), Delia Boccardo (Amélie), Alain Cuny (le marquis).
Le retour de Casanova à Venise. Éprouvé par l’âge, le légendaire homme à femmes est confronté pour la première fois à l’échec sentimental et sombre dans la neurasthénie lorsque Marcelina reste insensible à son charme (d’après la nouvelle Casanovas Heimfahrt d’Arthur Schnitzler, 1918). Absent des écrans depuis longtemps et fort soucieux de son image, Alain Delon entre toutefois en conflit avec Niermans, empêchant le cinéaste d’accentuer la déchéance du séducteur comme le fit Schnitzler. À l'arrivée, cela donne donc un spectacle séduisant mais pas entièrement cohérent et maîtrisé. Tandis que Delon casse non sans peine son image de séducteur en s'emmurant dans une dramatique solitude, Luchini est proprement délectable en valet ironique et sautillant. Tournage aux châteaux de Champlâtreux (Val d’Oise) et de La Mogère (Hérault). Sélection officielle au festival de Cannes 1992.
1991® Mí Prazané mi rozumejí [Les Pragois me comprennent] (CS) de Vera Chytilová. – av. Milos Kopecki (Giacomo Casanova). – Casanova rencontre Mozart, cf. Autriche (6.1).
1993(vd) Casanova (US) de Fred J. Lincoln, 110 min. – av. Rocco Siffredi (Casanova), Tabatha Cash, Flame. – Film pornographique.
1994Δ U. F. O. (GB) de Tony Dow. – av. Kenny Baker (Casanova).
1996Δ The Exotic House of Wax (US) de Cybil Richards. – av. Rick Phares (Casanova).
1996Δ A spasso nel tempo (IT) de Carlo Vanzina. – av. Antonio Cantafora (Casanova).
1999® Ferdinando e Carolina (IT) de Lina Wertmüller. – av. Giuseppe Bottiglieri (Casanova), cf. (4).
2000Goodbye Casanova (US) de Mauro Borrelli, 85 min. – av. Gian-Carlo Scandiuzzi (Casanova), Yasmine Bleeth, Ellen Bradley, Carmen Filpi, Paul Ganus.
2001*(tv) Le Jeune Casanova / Il giovane Casanova / Casanova – Ich liebe alle Frauen (FR/BE/IT/DE) de Giacomo Battiato 
Pathé Télévision-FR2-RTBF-Mediatrade-Tangram-Evision-A.T.Prod. (France2 4+11.3.02), 2 x 90 min. – av. Stefano Accorsa (Casanova), Thierry Lhermitte (François de Bernis, ambassadeur de France à Rome), Claire Keim (Elisabetta), Catherine H. Flemming (Elena), Cristiana Capotondi (Manon), Toni Bertorelli (le juge Maniero), Barbara Schultz, Katja Flint (Mme de Pompadour), François Berléand (Louis XV), Yann Colette (de Gramont), Virginie Coliari.
De la prison des Plombs à Venise à la cour de Versailles, où Casanova met au point la Loterie Nationale : un Casanova à la fois jouisseur et penseur, joueur, téméraire au nom de la liberté. Une fiction séduisante, qui pratique l’humour avec élégance. Tournage à Venise et à Versailles.
2002Casanova (GB) Darlow Smithson Prod. – av. Paul Harris (Casanova).
2003(tv) The Real Casanova (GB) de Neil Rawles 
Channel Four Television (C4 3.4.03), 50 min. – av. Paul Davis (Casanova), Donato Rostaine (Casanova enfant), le comte Emile Targhetta (Casanova âgé), Lottie Alexander (mère de Casanova), Ray Alexander (Bragadin), Christina Baker (Bettina), Jocelyn Brook-Hamilton (Henriette), Hugh Curriston (le pape), Richard Bowman. – Un docu-fiction qui explore l’homme derrière son mythe.
2004(tv) Casanova (DE) de Richard Blank 
Provobis Film-Bayerischer Rundfunk (BR 30.12.04), 98 min. – av. Robert Hunger-Bühler (Giacomo Casanova), Martina Gedeck (Mme de Roll), Lambert Hamel (Lorenzo), Mavie Hörbiger (Bellino/Teresa), Michael Brandner (de Bernis), Michael Mrakitsch (marquis de Roll), Nikolas Lansky (l'avocat), Elisabeth Endriss (la mère de Bellino), Dietmar Mössmer (Arturo).
2004Δ (tv) Peter Ackroyd’s London : The Crowd (GB) de Roger Parsons (BBC2 14.5.04). – av. Toby Stephens (Casanova).
2005(tv) Casanova (GB) de Sheree Folkson 
Gillian McNeill/Red Production Co.—Power-BBC Wales-Granada TV (BBC3 13.+20.+27.3.05), 3 x 55 min. – av. Peter O’Toole (Casanova âgé), David Tennant (Casanova jeune), Rose Byrne (Edith), Rupert Penry-Jones (Grimani), Laura Fraser (Henriette), Shaun Parkes (Rocco), Nina Sosanya (Bellino), Dervia Kirwan (mère de Casanova), John Sandilands (Casanova à 5 ans), Zachary Fox (Casanova à 12 ans), Mark Heap (Dr. Gozzi), Freddie Jones (Bragadin), Matt Lucas (Villars), Tom Burke (Jack).
Un Casanova arrivé au terme de sa vie guide les spectateurs dans les méandres de sa propre histoire. Peter O’Toole en Casanova sentimental et parfois burlesque, dans un divertissement modeste mais pétillant tourné à Doubrovnik et en Grande-Bretagne (Chirk Castle, Preston, Lytham St. Annes, Manchester, Towneley Hall Museum à Burnley).
2005Casanova’s Last Stand / Casanova’s Love Letters (GB) de Mark Murphy ;
Constantine de Naray-Solar Prod., 100 min. – av. Patrick Bergin (Giacomo Casanova), Tom Frederic (Casanova jeune), Sophie Lovell Anderson (Ann Marie Charpillon), David Acton (comte Waldstein), Armand Assante, Glen McCready (Arthur Symons), Mona Ibellini (Ignazia), Kate Somerset How (Henriette), Renato De Fazio (comte Branicki), Natalie Stone (Guistannia Wynne).
La vie de Casanova vue à travers ses lettres écrites et recues, retrouvées au château de Duchov, où il est mort. Le confident des rois (et reines) qui finit par haïr ce qu’il était devenu.
2006Casanova (US) de Lasse Hallström 
Gondola Pictures-Touchstone-Mark Gordon Co.-Buena Vista (Walt Disney), 111 min. – av. Heath Ledger (Giacomo Casanova), Sienna Miller (Francesca Bruni), Jeremy Irons (l’évêque Pucci), Oliver Platt (Andrea Bruno), Ornid Djalili (Lupo), Stephen Greif (Donato), Helen McCrory (mère de Casanova), Charlie Cox (Giovanni Bruni), Tim McInnemy (le Doge), Lauren Cohan, Christopher Egan, Andrea Osvárt, Paola Pessot.
Le seul épisode qui ne figure pas dans les Mémoires de Casanova: Séducteur compulsif, le Vénitien met tout en œuvre pour conquérir la seule femme qui se refuse à lui, la belle Francesca Bruni, escrimeuse hors pair et auteur hérétique de livres féministes sous le nom de plume de Guardi. Condamné à la pendaison, il s'échappe grâce à la troupe de théâtre que dirige sa mère; il vivra désormais incognito dans la troupe ambulante, jouant les pièces qu'écrit Francesca. Andrea Bruni, le frère de cette dernière, prend l'identité du séducteur et poursuit sa carrière amoureuse dans la ville du Doge Une farce à peine coquine sous emballage de luxe, enjolivée superficiellement d'images léchées, tout juste sauvée par ses décors naturels à Venise et Vicenza.
2010® Io, Don Giovanni (Don Giovanni, naissance d’un opéra) (IT/ES) de Carlos Saura. – av. Tobias Moretti (Giacomo Casanova). – La genèse romancée de l’opéra de Mozart, cf. Autriche (6.1).
2013Historia de la meva mort / Histoire de ma mort (ES/FR) d'Albert Serra
Thierry Lounas, Montse Triola, Albert Serra/Andergraun Films-Capricci Films-L'Age d'Or-Televisio de Catalunya (TVC), 148 min. - av. Vincenç Altaió (Giacomo Casanova), Clara Visa, Noella Rodenas, Montse Triola, Eliseu Huertas, Lluis Serrat.
Casanova engage un nouveau domestique qui sera témoin du crépuscule de sa vie, puis s'installe en Europe septentrionale, en Transylvanie, royaume de Dracula: le représentant du rationalisme, des Lumières et de la sensualité rencontre le prince (vampire) du romantisme, de l'obscurantisme et de la violence (parlé en catalan). Tournage au château de Bourgon (Mayenne), en Catalogne et en Roumanie. Fresque interminable, prétentieuse, incurablement bavarde, hiératique et grotesque selon les uns, admirable et originale selon d'autres, comme le jury du festival de Locarno 2013 qui lui décerne le Léopard d'Or. De gustibus...
2014The Casanova Variations / Variações de Casanova (FR/AT/PT/DE) de Michael Sturminger
Paulo Branco, Alexander Dumreicher-Ivanceanu, Bady Minck/Alfama Films-Amour Fou Filmproduktion-X-Filme Creative Pool-Leopardo Filmes-Ulrich Seidl Film Produktion GmbH, 118 min. - av. John Malkovich (Giacomo Casanova), Tracy Ann Oberman (Jessica), Fanny Ardant (Lucrecia), Veronica Ferres (Elisa), Maria João Bastos (Lady Doctor), Victória Guerra (Sophie), Lola Naymark (Cécile), Jonas Kaufman (le comte Branicki), Miguel Monteiro (le docteur), José Corvelo (le comte Waldstein).
Un puzzle un peu cérébral autour de Casanova, Don Juan et John Malkovich: illusions, mensonges, tromperies et inceste se mêlent dans une intrigue déraisonnable, au son de la musique de Mozart. Jouvenceau à peine déniaisé, Casanova côtoie celui qu'il est devenu, le vieux bibliothécaire du duc de Bohème (tourné à Lisbonne).
2019Dernier amour / Casanova, Last Love (FR/CZ) de Benoît Jacquot
Jean-Pierre Guérin, Kristina Larsen/Les Films du Lendemain-JPG Films-Wild Bunch-France 3 Cinéma-Sirena Film Prague, 98 min. - av. Vincent Lindon (Giacomo Casanova), Stacy Martin (Marianne de Charpillon), Christian Erickson (Lord Pembroke), Valeria Golino (La Cornelys), Julia Roy (Cécile), Nancy Tate (Hortense Stevenson), Nathan Willcocks (Claremont).
A Londres, Marianne de Charpillon, une prostituée française qui se donne à tout le monde mais attachée à sa liberté, "allume" un Casanova vieillissant et exilé pour mieux se refuser à lui, le faisant espérer tout en repoussant sans cesse le moment de passer à l'acte. Son désir non assouvi, le séducteur patenté à qui nulle ne résistait découvre, sur le tard, les affres de la passion amoureuse, celle qui fait souffrir. Il trouve une maigre consolation auprès d'une ancienne maîtresse, La Cornelys, courtisane ruinée et contrainte à l'exil mais dont l'amitié a résisté au passage des ans (épisode tiré des mémoires de Casanova, tourné en Île-de-France, en Angleterre et en République Tchèque). - Vincent Lindon, au physique massif, est aux antipodes des représentations habituelles de Casanova. La critique est divisée: une fresque subtile, un récit crépusculaire pour les uns, une fiction dépourvue d'émotion pour les autres.