II - LE ROYAUME D’ANGLETERRE

10. ÉCOSSE

James Durrie (Errol Flynn) lutte pour ses droits familiaux (« The Master of Ballantrae » de William Keighley, 1953).

10.3. "The Master of Ballantrae" de R. L. Stevenson

("Le Maître de Ballantrae", roman de Robert Louis Stevenson paru en 1889. - L’Écosse en 1745. Afin d’assurer la pérennité du domaine familial, le patriarche de Durrisdeer place son fils aîné James, maître de Ballantrae, dans le camp de la rébellion jacobite, tandis que le cadet Henry reste au manoir, fidèle aux Hanovriens. James, dit-on, serait tombé à Culloden, et Henry, héritant du titre de maître de Ballantrae, épouse l’ex-fiancée de son aîné, Alison Graeme. Mais James survit, fait fortune parmi les pirates sur la côte américaine, voyage en Inde, puis s’installe à Albany (New York). Quoique adulé par les gens de Durrisdeer, c’est un aventurier arrogant et sans scrupules, et la rivalité entre les frères pour l’argent, le domaine et la séduisante Alison (qui ignore longtemps que James est toujours en vie) dégénère bientôt en hostilité ouverte ; le vertueux Henry engage même des assassins pour le débarrasser de son frère trop encombrant. Après bien des mésaventures, tous deux périssent sur les rives glacées de l’Hudson.
1950(tv) The Master of Ballantrae (CA)
Canadian Television Corp.
1952(tv) The Master of Ballantrae (GB)
BBCtv (juin 52), 30 min. – av. John Cairney (James Durie), John Breslin (Henry Durie).
1953*The Master of Ballantrae (Le Vagabond des mers) (GB/US) de William Keighley 
Warner Bros., 88 min. – av. Errol Flynn (Jamie Durrisdeer [=James Durie]), Anthony Steel (Henry Durrisdeer [=Henry Durie]), Beatrice Campbell (Alison Graeme), Yvonne Furneaux (Jessie Brown), Roger Livesey (col. Francis Burke), Felix Aylmer (Lord Durrisdeer), Mervyn Johns (Andrew MacKellar), Charles Goldner (Mendoza), Ralph Truman (maj. Clarendon), Francis De Wolff (Matthew Bull), Jacques Berthier (cpt. Arnaud), Charles Carson (col. Banks), Moultrie Kelsall (MacCauley), Gillian Lynne (Marianne).
Le scénario de Herb Meadow simplifie fortement l’intrigue de Stevenson en n’en retenant que les prémisses et certaines situations fortes, et en atténuant l’inimitié entre les deux frères. L’aîné James (calqué sur la personnalité de Flynn) aime l’aventure, le jeu et les femmes (en particulier sa cousine Alison), mais est dépourvu de toute méchanceté. Revenu secrètement à Ballantrae après le désastre de Culloden (Jessie, une ancienne maîtresse, le cache) pour financer son exil en France, il tombe dans un piège des « Redcoats » hanovriens et passe pour mort. Henry le retrouve blessé. James accuse à tort son frère de l’avoir trahi (c’est Jessie, jalouse, qui l’a donné), ils échangent quelques coups de rapière, puis le proscrit disparaît, emmené par son compagnon d’armes irlandais Burke. Les deux compères s’embarquent sur un galion de pirates qui les conduit aux Caraïbes où, déjouant les plans des boucaniers français et espagnols, il accumulent un trésor. Ils retournent à Ballantrae, infesté de « Redcoats », en se faisant passer pour de riches Anglais. Henry s’est fiancé avec Alison ; James, qui le prend toujours pour un traître, le provoque en duel. Lui et Burke sont capturés par les Hanovriens et condamnés à la pendaison. Jessie (qui a tout avoué) et Alison facilitent leur évasion par un souterrain, James remet sa part du trésor à son frère et s’embarque pour le Nouveau Monde avec Alison et Burke…
Certains ont crié à la trahison : dans le livre, les deux frères demeurent ennemis et finissent par s’entretuer en duel après avoir vécu d’extraordinaires aventures au Canada. Qu’importe, ce film empreint de nostalgie (titre de travail : « The Sea Rogue ») est un des derniers grands rôles d’Errol Flynn, son dernier film à la Warner Bros. (le tournage en aurait été particulièrement heureux), et aussi le dernier de William Keighley, qui a dirigé Flynn trois fois par le passé (« The Adventures of Robin Hood » avec Curtiz, 1938). L’action est rondement menée et Jack Cardiff photographie de magnifiques images en Technicolor – inspirées par la peinture anglaise du XVIII e - en Grande-Bretagne, en Ecosse (Eilean Donan Castle à Dornie, Ballachulich, Glencoe), en Cornouailles (Newquay, Watergate Bay), dans la baie de Palerme en Sicile (le port de l'Arenella, Tonnaria Florio, Palazzina de' Quattro Pizzi, séquence de pirates) et en studio à Elstree. La brigantine italienne « Marcel B. Surdo », utilisée dans « Captain Horatio Hornblower » de Raoul Walsh en 1951, devient ici un navire de pirates, et les scènes du rassemblement de l’armée jacobite avant Culloden sont extraites du film « Bonnie Prince Charlie » d’Anthony Kimmins (1948).
1962(tv) The Master of Ballantrae (GB) de Pharic MacLaren 
BBCtv Scotland (BBC1 27.5.-1.7.62), 6 x 30 min. – av. John Breslin (Henry Durie), John Cairney (James Durie), Paul Kermack (Ephraim MacKellar), David Steuart (Lord Durrisdeer), Hilary Thompson (Alison Graeme), Andrew Robertson (Alexander Durie), Wallace Campbell (cpt. Harris), Phil McCall (Secundra Dass), John Young (Sir William Johnson), Iain Dunnett (Tam Macmorland), Una McLean (Jessie Brown), Douglas Murchie (Jean Paul), James Gibson (Macconochie), Marjorie Thomson (Maggie Gibson), Martin Heller (gén. Clinton), Leonard Maguire (Francis Burke). – Adaptation de Constance Cox (série perdue).
1965(tv) Le Maître de Ballantrae (FR) d’Abder Isker
(TF1 28.12.63), 2 x 80 min. – av. Georges Descrières (James Durie), Paul Guers (Henry Durie), Maurice Chevit (Andrew Mac Kellar), Christiane Minazzoli (Alison Graeme), Jean Clarens (Lord Dorrisdeer), Corinne Armand (Kathryn), Jacky Galatayud, Charles Minazzoli.
La pièce télévisée de d’André Josset, une excellente adaptation, fort habilement mise en scène en noir et blanc par Abder Isker (avec un minimum d’extérieurs), qui tient surtout compte de l’étude psychologique de Stevenson.
1972[El señor de Osanto [Le Maître d’Osanto] (MX) de Jaime Humberto Hermosillo 
Estudios Churubusco Azteca, 108 min. – av. Daniela Rosen (Alicia [=Alison Graeme], Hugo Stiglitz (Jaime [=James Durie]), Mario Castillón Bracho (Enrique [=Henry Durie]), Fernando Soler (Gonzalo [=Lord Durrisdeer]), Farnesio de Bernal, Rogelio Guerra, Patricia Reyes Spíndola, Salvador Sánchez, Carlos Castañon, Martin LaSalle.
L’action est déplacée de l’Écosse du XVIIIe s. au Mexique de 1864-67, pendant l’intervention française et la guerre civile entre l’empereur Maximilien de Habsbourg et Juarez ; les deux frères ennemis se noient dans un fleuve. Filmé en couleurs à Acapulco, Querétaro, Taxco et Mexico City (Chimalistac, studios Churubusco).]
1975(tv) The Master of Ballantrae (GB) de Fiona Cumming 
Martin Lisemore/BBCtv (BBC1 9.3.-13.4.75), 6 x 30 min. – av. Brian Cox (Henry Durie), Julian Glover (James Durie), Brigit Forsyth (Alison Graeme), Jane Ferguson (Catherine), Fulton Mackay (Ephraim MacKellar), Bryden Murdoch (Lord Durrisdeer), Joseph Greig, John McFadden. – Adapté par Martin Worth.
1979(tv) Il signore di Ballantrae (IT) d’Anton Giulio Majano
(RAI 7.1.79), 5 x 90 min. – av. Luigi La Monica, Giuseppe Pambieri, Andrea Bosic, Giancarlo Zanetti, Mita Medici, Gino Lavagetto, Paolo Domenino, Marcello Mandò, Enzo Musumeci Greco, Gianni Musy, Ivano Staccioli, Carla Todero.
Adaptation en couleurs de A. G. Majano et Franca Cancogni, d’après le scénario de Martin Worth (cf. 1975). Tournage au Centro di Produzione RAI à Naples.
1984(tv) *The Master of Ballantrae (Le Maître de Ballantrae) (US/GB) de Douglas Hickox [et Peter Graham Scott] 
« Hallmark Hall of Fame », Peter Graham Scott/HTV-Columbia Pictures Television (Hugh Benson) (CBS 31.1.84), 156 min. – av. Richard Thomas (Henry Durie), Michael York (James Durie), Sir John Gielgud (Lord Durrisdeer), Timothy Dalton (col. Francis A. Burke), Ian Richardson (Andrew MacKellar), Pavel Douglas (prince Charles Edward Stuart, dit « Bonnie Prince Charles »), Finola Hughes (Alison Graeme), Brian Blessed (cpt. Edward Teach, dit « Blackbeard »), Nickolas Grace (Secundra Dass), Richard Driscoll (McGregor), Donald Eccles (Jean Paul), Kim Hicks (Jessie Broun), Brian Coburn (John Mountain), Ed Bishop (Pinkerton), Andrew Panton (Alexander Durie).
Une version réussie et plutôt fidèle au roman (de nombreux dialogues sont repris tels quels), empreinte d’amertume, qui montre l’égoïsme, le cynisme et l’amoralité de James, opposé à la pingrerie et la petitesse de Henry. Après avoir illustré avec un certain faste et réalisme le débarquement de Charles Stuart (prince vaniteux et inconscient) en Ecosse suivi du désastre à Culloden, le téléfilm détaille le périple mouvementé de James et de son compère, le colonel Burke, autour du monde, en Europe, en Inde (où décède Burke), en Amérique du Nord et dans les Caraïbes, cette dernière étape étant enrichie d’une rencontre avec le fameux pirate Barbenoire alias Edward Teach (qui, en fait, est mort trois décennies plus tôt). La fin diffère légèrement de Stevenson : Henry ne meurt pas auprès de son frère, mais retourne en Écosse avec Alison et leur fils Alexander. Michael York et Timothy Dalton forment un tandem joussif. Tourné entièrement en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles. Les scènes d’action et la seconde équipe sont dirigées par Peter Graham Scott. Trois nominations au Primetime Emmy Awards (décors, costumes et Sir John Gielgud).