I - LA FRANCE

8. LE DIRECTOIRE (1795 à 1799)

8.6. "The Rover" de Joseph Conrad

("Le Frère-de-la-Côte"), le dernier roman de l'écrivain, paru en 1923. - En 1797, Jean Peyrol, un aventurier et vieil écumeur des mers, est accusé à tort par les autorités françaises de piraterie et de vol d’une cargaison d’or; il se sacrifie en forçant le blocus de Toulon par les Anglais.
1966**L’Avventuriero / The Rover / The Adventurer (Peyrol le boucanier) (IT/GB) de Terence Young [et Giancarlo Zagni, Alberto Cardone] 
Arco Film (Alfredo Bini)-Selmur Prod., 103 min. – av. Anthony Quinn (Jean Peyrol), Rosanna Schiaffino (Arlette), Rita Hayworth (Catherine), Richard Johnson (ltn. Eugène Réal), Anthony Dawson (cpt. Vincent), Ivo Garrani (Scevola), Mino Doro (Dussard), Luciano Rossi (Michel).
Un des meilleurs films de Terence Young, et aussi un des moins connus : pas un banal film d’aventures, mais une méditation poétique sur les illusions d’un aventurier vieillissant, interprétée par un Anthony Quinn très convaincant et une Rita Hayworth émouvante et flétrie. Le film récolte quelques louanges des critiques français, en particulier dans les « Cahiers du Cinéma » où Jean-André Fieschi s’en fait le défenseur enthousiaste, saluant ici « peut-être la première adaptation adulte de Conrad au cinéma » (n os 195 et 196/nov.-déc. 1967).
Ancien pirate, rusé mais un peu fruste et fatigué, Peyrol force le blocus de Toulon pour délivrer à l’amirauté française des documents secrets. A terre, il devient l’enjeu d’une partie diplomatique dont il ignore les règles entre Jacobins fanatiques et l’armée révolutionnaire : si la mer n’a pas de secrets pour lui, tout à terre le désécurise, ses repères chavirent. En attendant l’autorisation de regagner le large, il s’installe dans une vieille demeure en surplomb d’une crique, où vivent Catherine, une veuve digne et lasse, sa nièce Arlette qui a perdu la mémoire, fragile, traumatisée par le massacre de sa famille sous la Terreur, et une brute sanguinaire qui veut abuser d’elle. Peyrol cherche vainement à aider les deux femmes, puis, blessé par son échec, accepte la mission secrète que lui confie l’amirauté : se laisser capturer par l’ennemi avec de faux plans de guerre à bord. Il meurt seul, sans héroïsme ni bravade, canonné par une frégate anglaise.
Généralement incompris, « The Rover » est un échec commercial en Europe comme aux États-Unis (où il est à peine exploité, malgré ses stars, en 1971). Tourné en Techniscope et Eastmancolor aux studios IN.CI.R-De Paolis et à Cinecittà à Rome, puis en extérieurs à Capodarco et au large de la Corse (les scènes navales sont réalisées par Marc’Antonio Bragadin), avec le trois-mâts qui vient de servir pour "Surcouf" de Roy Rowland. Musique très mélancolique d’Ennio Morricone.
1983(tv) Il corsaro / Le Corsaire / Der Freibeuter (IT/FR/DE) de Franco Giraldi 
Arturo La Pegna-PEC-RAI (A2 8.9.83 / RAI 8.1.85), 3 x 60 min. – av. Philippe Leroy (Jean Peyrol), Fabrizio Bentivoglio (Eugène Réal), Gunther Malzacher (Michel), Laura Morante (Arlette), Ingrid Thulin (Catherine), Gérard Sergues (Scevola), Velmir Hitil, Rainer Penkiel, Julie Perlaki, Alain Cuny.
Version sous forme de télésérie d’aventures, tournée à Cinecittà. Sympathique mais superficiel.