I - LA FRANCE

5. LOUIS XV (1715 à 1774)

Glenn Close et John Malkovich intriguent dans « Dangerous Liaisons » de Stephen Frears (1988).

5.12. "Les Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos

Roman de moeurs paru en 1782. - Fruit d’un pari, un jeu de séduction sans scrupules conduit une épouse vertueuse à la mort.
1959[Les Liaisons dangereuses 1960 (FR) de Roger Vadim ; Films Marceau, 95 min. – av. Gérard Philipe (Valmont), Jeanne Moreau (Mme de Merteuil), Annette Vadim (Marianne Tourvel), Jeanne Valérie (Cécile Volanges), Jean-Lous Trintignant (Danceny). – Version transposée au XXe s.]
1967® (tv) Valmy (FR) d’Abel Gance. – av. Renaud-Mary (Choderlos de Laclos), cf. (7.1).
1980(tv) Les Liaisons dangeureuses (FR) de Charles Brabant
(TF1 28.5.80), 132 min. – av. Jean Négroni (Choderlos de Laclos), Claude Degliame (marquise de Merteuil), Jean-Pierre Bouvier (vicomte de Valmont), Maïa Simon (Marianne de Tourvel), Pascale Bardet (Cécile de Volanges).
Depuis sa prison où il croupit, l’écrivain et homme politique Choderlos de Laclos voit apparaître la marquise de Merteuil, la terrible héroïne de son roman, dont Brabant offre une relecture audacieuse, renversante, cruelle : il l’intégre dans une fantasmagorie débordante d’inventivité narrative et de panache visuel. Un téléfilm comme on n’en fait plus.
1988***Dangerous Liaisons (Les Liaisons dangereuses) (US) de Stephen Frears 
NFH Ltd.-Warner, 120 min. – av. John Malkovich (vicomte de Valmont), Glenn Close (marquise de Merteuil), Michelle Pfeiffer (Marianne de Tourvel), Keanu Reeves (chevalier Danceny), Uma Thurman (Cécile de Volanges), Swoosie Kurtz (Mme de Volanges), Mildred Natwick (Mme de Rosemonde), Peter Capaldi (Azolan), Joe Sheridan (Georges), Valérie Cogan (Julie), Laura Benson (Emilie).
Frears conserve l’essentiel de la pièce de Christopher Hampton (aussi auteur du scénario), mais s’inspire surtout du roman pour l’intrigue, un duel claustrophobique de rapaces manipulateurs. Un spectacle traumatisant, une réussite éblouissante, portée en particulier par le tandem Close-Malkovich et couronné par trois Oscars (costumes, décors, scénario). Révélation des tout jeunes Uma Thurman et Keanu Reeves, performance de Malkovitch en troublion vénéneux, son premier rôle en vedette. Filmé à l’Hôtel de Béthune-Sully, aux châteaux de Champs-sur-Marne et de Maisons à Maisons-Laffitte, à ceux de Vincennes, Lésigny, Neuville, du Saussay et Guermantes, au Théâtre Montansier à Versailles et à l’Abbaye du Moncel à Ponpoint (Oise).
1989® (tv) Les Nuits révolutionnaires (FR) de Charles Brabant. – av. Jean-Pierre Sentier (Choderlos de Laclos), cf. (7.1).
1989***Valmont (GB/FR) de Milos Forman 
Orion-Renn-Timothy Burrill, 137 min. – av. Colin Firth (vicomte Valmont), Annette Bening (marquise de Merteuil), Meg Tilly (Marianne de Tourvel), Fairuza Balk (Cécile de Volanges), Henry Thomas (chevalier Danceny), Sian Phillips (Mme de Volanges), Jeffrey Jones (M. de Gercourt), Fabia Drake (Mme de Rosemonde), Antony Carrick (Président de Tourvel).
Le romancier Milan Kundera a initié Milos Forman à Choderlos de Laclos. Mais contrairement au film de Stephen Frears, cette version, adaptée par Jean-Claude Carrière, est infidèle au roman : suppression du personnage d’Emilie, modification radicale de la fin, jugée comme une concession à la censure de l’époque, "une hécatombe morale" peu crédible: Cécile ne perd pas son enfant et ne retourne pas au couvent mais épouse Gercourt penaud, en présence de Louis XV et avec la complicité amusée de sa vieille tante; Mme de Tourvel ne meurt pas mais retrouve son équilibre auprès d'un mari compréhensif. Réellement amoureux et perturbé par l'ampleur de ses méfaits, Valmont se suicide en affrontant la rapière redoutable de Danceny, laissant seule Mme de Merteuil (ravissante Annette Benning), victime déboussolée de sa perversité, entre rires et larmes. Forman et Carrière estiment que la trame de Choderlos (un "artilleur") et la pièce de Hampton sont trop schématiques et psychologiquement peu vraisemblables: ils veulent des personnages plus subtils, moins manichéens. Le tournage, long et onéreux, est commencé bien avant le film de Frears aux studios d’Epinay, à l’Hôtel de Béthune-Sully, aux châteaux de Vaux-le-Vicomte et de La Motte-Tilly (Aube), de Chantilly (écuries) et de Meaux (Seine-et-Marne), puis à Bordeaux et à Caen (Abbaye aux Hommes), enfin à Paris (Opéra Comique, Musée Nissim de Camondo, Hôtel des Ambassadeurs de Hollande). Forman tient à faire contraster la splendeur de l’architecture d’antan avec la noirceur des âmes qui s’y abîment, mais montrer aussi que les personnages sont le fruit de leur époque, ici très finement observée. Une approche très différente de celle de Frears, mais non moins aboutie, élégiaque et cruelle, même si Forman plonge ses caractères dans un soap opera plus proche du XIXe siècle bourgeois que des artificialités tourmentées du siècle des Lumières. Un film maudit, visuellement superbe, qui lorgne plutôt vers une insoutenable légèreté des êtres: le public le snobe. Un gros échec commercial, dû surtout au fait qu'il sort après celui de Frears. Aujourd'hui un film culte.
1994(tv-mus) The Dangerous Liaisons (US) de Gary Halvorson (vd), Colin Graham (th) 
série « Great Performances », San Francisco Opera (PBS 17.10.94), 139 min. – av. Frederica von Stade (marquise de Merteuil), Thomas Hampson (Valmont), Renée Fleming (Mme de Tourvel), Mary Mills (Cécile de Volanges), Judith Forst (Mme de Volanges), David Hobson (Danceny). – Captation de l’opéra de Conrad Susa et Philip Littell.
2002[(tv) Les Liaisons dangereuses (FR) de Josée Dayan ; JLA Prod.-TF1 (TSR 23.8.03 / TF1 25/26.8.03), 2 x 90 min. – av. Catherine Deneuve (marquise de Merteuil), Rupert Everett (Valmont), Nastassja Kinski (Mme de Tourvel), Leelee Sobieski (Cécile de Volanges). – Version transposée au XXIe s.]