I - LA FRANCE

5. LOUIS XV (1715 à 1774)

Fanfan la Tulipe est décoré par Louis XV (Gérard Philipe et Gina Lollobrigida, dans le film de Christian-Jaque, 1951).

5.7. Fanfan la Tulipe

Héros populaire, bretteur et séducteur. Inspiré d’un sergent La Tulipe qui se serait illustré contre les Anglais à la bataille de Fontenoy (17 mai 1745), héros d’une chanson populaire d’Emile Debraux écrite en 1819. Un mélodrame de Paul Meurice (1858) et une opérette de Louis Varney (1882) perpétuent ses exploits, mais c’est à l’écran qu’a lieu la consécration.
1903Fanfan-la-Tulipe (FR)
Etablissements Lumière, cat. no. 267, 30 m.
1907Fanfan la Tulipe (FR) d’Alice Guy 
Films Gaumont / Lux ( ?).
1925*Fanfan la Tulipe, premier cavalier de France (FR) de René Leprince et Louis Nalpas 
Pathé-Société des Cinéromans (8 chapitres). – av. Aimé Simon-Girard (Fanfan la Tulipe), Pierre de Guinguand (Robert d’Aurilly), Paul Guidé (chevalier de Lurbeck), Jacques Guilhène (Louis XV), Claude France (marquise de Pompadour), Simone Vaudry (Perrette), Alexandre Colas (maréchal de Saxe), Paul Cervières (Fier-à-Bras), Renée Héribel (Mme Favart), Jean Peyrière (M. Favart). –
Fanfan, un bretteur normand, jeune, gaillard et caracolant, aime Perrette, mais les parents s’opposent au mariage. Il s’engage dans les troupes du roi, tandis que Perrette devient comédienne et se fait courtiser par Robert d’Aurilly, le maréchal de Saxe, le fourbe chevalier de Lurbeck et Fier-à-Bras. Fanfan, qui est en vérité le frêre disparu de d’Aurilly, devient le héros de la bataille de Fontenoy en 1745, sacré « premier cavalier de France », et peut épouser Perrette.
Une production réalisée avec beaucoup de soins aux châteaux de Vaux-le-Vicomte, de Blois, de Chambord, de Chenonceau, de Rambouillet, d’Azay-le-Rideau et de Versailles (galeries des glaces, appartements de Mme de Pompadour et du roi, escalier de la reine, parc), à Lisieux, Saint-Julien-de-Mailloc, Orbec, Hermival-les-Vaux, Pont-Audemer, forêt de Rambouillet, Piquefleurs (Normandie), Alençon (Orne), Saint-Cénery, Bayeux, dans la forêt de Rambouillet et aux studios de Joinville. À redécouvrir, comme le restant de l’œuvre subsistante de René Leprince.
1951/52** Fanfan la Tulipe (FR/IT) de Christian-Jaque 
Les Films Ariane (Alexandre Mnouchkine)-Filmsonor-Giuseppe Amato Produzione (Cristaldi), 102 min. – av. Gérard Philipe (Fanfan la Tulipe), Gina Lollobrigida (Adeline La Franchise), Noël Roquevert (Fier-à-Bras), Marcel Herrand (Louis XV), Henri Rollan (maréchal d’Estrées), Geneviève Page (marquise de Pompadour), Sylvie Pélayo (Henriette de Bourbon), Olivier Hussenot (Tranche-Montagne), Lucien Callamand (maréchal de Brandebourg), Nerio Bernardi (La Franchise), Jean Parédès (La Houlette), Jan-Marc Tennberg (M. Lebel), Georgette Anys (Mme Tranche-Montagne).
Pendant la guerre de Sept Ans, Fanfan, insouciant, gai, séducteur, s’enrôle dans l’armée royale parce qu’Adeline, la fille du sergent recruteur, déguisée en bohémienne, lui a prédit qu’il se couvrirait de gloire et épouserait la fille de Louis XV. La princesse Henriette de Bourbon et Mme de Pompadour sont effectivement délivrées d’une embuscade de brigands par le bondissant Fanfan, et celui-ci se met en tête de conquérir la princesse. Il est surpris au château, emprisonné, condamné à la pendaison pour espionnage, puis gracié après un simulacre d’exécution. Par un acte de bravoure bien involontaire en voulant sauver Adeline (que le roi s’est réservée pour sa consommation personnelle), il provoque la défaite des armées ennemies en capturant l’état-major autrichien. Louis XV lui rend Adeline dont il a fait sa fille adoptive…
Ainsi, ce simple fils du peuple devient « un Cyrano ou un d’Artagnan démocratique » (Jacques Chabot) qui réconcilie la Révolution et l’Ancien Régime. Vedette masculine la plus populaire de la décennie, Gérard Philipe campe une sorte de « Douglas Fairbanks voltairien et bien français au charme irrésistible » (André Bazin). Impossible de résister au ballet insolent et survolté de ce bretteur coureur de jupons, quoique les cavalcades et duels, servis par de formidables cascadeurs, finissent par être un peu longuets. En dépit de quelques baisses de régime dans la narration et quelques sorties désuètes, la caméra de Christian Matras, constamment en mouvement, suit ces péripéties à un rythme endiablé. Christian-Jaque (comme Philippe de Broca plus tard) trouve ici un point d’équilibre très rarement atteint dans le cinéma français entre les références cultivées et la veine populaire. Sa pétillante satire en costume est pimentée par un dialogue souvent drôle, des bons mots caustiques mais un peu envahissants d’Henri Jeanson sur la "guerre en dentelles" et le cynisme inhumain des grands de ce monde ("la guerre est le seul divertissement des rois où le peuple prend sa part"). Les généraux ennemis se mettent d’accord avant la bataille sur le choix du terrain, le nombre de victimes et l’avancement qu’ils peuvent en retirer. Marcel Herrand fait un Louis XV figé et glacial, toujours à la quête de nouvelles « biches ». Gina Lollobrigida s’impose comme une vedette européenne.
Tournage à la Victorine à Nice (Studios Riviera), aux studios de Billancourt, en extérieurs aux châteaux de Maintenon (Eure-et-Loir) et de Castellaras (v. Mougins), à Grasse, Sospel, Beynes, Magagnose, sur les bords de la Siagne près de Cannes et sur le plateau de Saint-Christophe. Immense succès critique et populaire (5,3 millions de spectateurs dans l’Hexagone). Grand prix de la mise en scène au festival de Cannes 1952, Christian-Jaque décroche l’Ours d’argent au festival de Berlin, Gérard Philippe et Gina Lollobrigida reçoivent chacun le prix « Victoire du cinéma français » pour leurs performances.
2003Fanfan la Tulipe (FR) de Gérard Krawczyk 
Luc Besson-Europa Corporation-Open Art, 95 min. – av. Vincent Perez (Fanfan la Tulipe), Penelope Cruz (Adeline, la gitane), Hélène de Fougerolles (Mme de Pompadour), Didier Bourdon (Louis XV), Michel Muller (Tranche-Montagne), Philippe Dormoy (Fier-à-Bras).
Médiocre et bien inutile remake du film de 1951, où, malgré de sympathiques interprètes, l’humour fait place à la vulgarité et le panache à la prétention. Tournage aux châteaux des Bourines (Aveyron), de Najac (Aveyron) et de Plessis-Bourré (Maine-et-Loire), à Monpazier (Dordogne) et aux studios Eclair à Epinay-sur-Seine.