II - LE ROYAUME D’ANGLETERRE

14. EDWARD VI, LE ROI ADOLESCENT (1547 à 1553)

Né en 1537, fils d’Henry VIII et de Jane Seymour (morte peu après sa naissance). Couronné à l’âge de neuf ans, ce qui en fait l’un des plus jeunes souverains anglais, mais son intelligence est vive et sa piété grande ; outre sa langue maternelle et le latin, il a appris le français, l’espagnol, l’italien, et s’intéresse à la géométrie et à la géographie. Pendant les cinq années de son règne, le pouvoir est exercé par un Conseil de régence de seize membres qui assure la direction collégiale du royaume. Le Conseil est présidé par son oncle Edward Seymour, le frère aîné de Jane Seymour nommé duc de Somerset et Lord Protecteur. Celui-ci accapare rapidement l’essentiel du pouvoir à partir des lettres patentes qu’il a fait signer au jeune roi, mais il se heurte à son frère cadet, Thomas Seymour, qui essaie de séduire la princesse Elizabeth. Le Conseil de régence devient un champ clos dans lequel s’affrontent des rivalités internes. Les privautés de Thomas Seymour, l’oncle préféré du jeune roi, font qu’il est condamné à mort par son aîné Edward (mars 1549). Ce dernier est à son tour exécuté suite à la mauvaise gestion de diverses insurrections paysannes (janv. 1552) ; sa fonction est partiellement reprise par John Dudley, comte de Warwick et plus tard duc de Northumberland. L’enfant-roi meurt de la tuberculose avant d’avoir atteint sa majorité, à l’âge de quinze ans. C’est pendant son règne que la Réforme s’implante au cœur de l’Église d’Angleterre avec des transformations comprenant l’abolition du célibat des prêtres et de la messe, la disparition des statues et vitraux des églises, l’imposition de l’anglais lors des offices et une persécution intensifiée des catholiques. Afin de prévenir un retour au catholicisme à sa mort, Edward VI, d’entente avec Northumberland, nomme pour héritière sa cousine Jeanne Grey, petite-nièce de Henry VIII, et écarte de sa succession, officiellement pour cause d’illégitimité, ses deux demi-sœurs, Marie la catholique (fille de Catherine d’Aragon), 31 ans, et Elizabeth la protestante (fille d’Anne Boleyn), 14 ans.
1923® Lady Jane Grey or the Court of Intrigue (GB) d’Edwin Greenwood. – av. Forbes Dawson (Edward VI).
1936® Tudor Rose / Nine Days A Queen (GB) de Robert Stevenson. – av. Desmond Tester (Edward VI).
1953(tv) The Young Elizabeth (GB) de Michael Henderson (tv) et Charles Hickman (th)
BBC Television (BBC 12.1.53), 45 min. – av. Mary Morris (la princesse Elizabeth), Joseph O’Conor (Lord Thomas Seymour), Peggy Thorpe-Bates (Mary Tudor), Margaretta Scott (Catherine Parr), Beryl Andrews (Katherine Ashley), Eric Dodson (l’évêque Stephen Gardiner), John Crocker (Sir Thomas Wyatt), Roy Dean (Sir Francis Verney), Basil Dignam (Lord Robert Tyrwhitt), Betty England (Lady Elizabeth Tyrwhitt), John French (Sir Peter Carew), Godfrey Kenton (William Cecil, baron Burghley), Alan Wilson (Abel Cousins), Michael Plant (un page).
La vie turbulente de la jeune Elizabeth de 1547 à 1558, soit du décès de son père Henry VIII à l’accession au trône, en passant par les règnes de son demi-frère Edward VI et de sa demi-sœur Mary Tudor. La pièce éponyme en deux actes des Américains Jenette Dowling Letton et Francis Letton (1952) est diffusée en captation live du Criterion Theatre à Londres (extraits). Cf. dramatique de la BCC de 1964.
Jean Simmons en Elizabeth adolescente, du temps du bref règne d’Edward VI.
1953* Young Bess (La Reine vierge) (US) de George Sidney
Sidney A. Franklin/Metro-Goldwyn-Mayer, 112 min – av. Stewart Granger (Sir Thomas Seymour, baron Seymour of Sudeley), Charles Laughton (Henry VIII), Jean Simmons (la princesse Elizabeth), Deborah Kerr (Catherine Parr), Dawn Addams (Catherine Howard), Kathleen Byron (Anne Seymour-Stanhope), Elaine Stewart (Anne Boleyn), Guy Rolfe (Ned [Edward] Seymour, frère de Thomas), Ann Tyrrell (Mary Tudor), Kay Walsh (Katherine Ashley, la gouvernante), Cecil Kellaway (Thomas Parry), Rex Thompson (le jeune Edward VI), Leo G. Carroll (Mr. Mums, le précepteur), Robert Arthur (Barnaby FitzPatrick, le page), Doris Lloyd (Mother Jack), Lumsden Hare (l’archevêque Thomas Cranmer), Lester Matthews (Sir William Paget), Norma Varden (Lady Tyrwhitt), Alan Napier (Robert Tyrwhitt), Noreen Corcoran (Elizabeth à 6 ans), Ivan Triesault (l’envoyé danois), Carl Saxe (le bourreau).
Récit conté en flash-back : En 1558, au manoir de Hatfield House, alors que « Bloody » Mary Tudor agonise et que la princesse Elizabeth est appelée à monter sur le trône, sa gouvernante, Katherine Ashley, et son intendant, Thomas Parry, se souviennent des joies et des peines qui ont jalonné la jeunesse de la future souveraine... Enfant, Elizabeth a été écartée de la Cour lorsque sa mère Anne Boleyn fut exécutée sur ordre de son père. En 1543, Catherine Parr, la sixième et dernière épouse de Henry VIII, charge Sir Thomas Seymour, l’arrogant mais très séduisant Lord-Haut-Amiral de la flotte royale (et frère de l’ex-reine Jane Seymour, morte en couches), de se rendre à Hatfield House pour persuader Elizabeth, dix ans, de retourner au château de Whitehall à Londres. Il parvient à la manipuler en ce sens. Elizabeth s’attache à sa chaleureuse belle-mère, puis retrouve son père, toujours aussi tyrannique, et son jeune demi-frère Edward, l’héritier du trône. Catherine Parr affiche des opinions « hérétiques » qui la mettent en danger ; à bord du navire « The Great Harry » que commande Thomas Seymour, le roi accuse son épouse d’avoir autorisé la traduction anglaise de la Bible, mais Elizabeth, en colère, la défend vigoureusement et son géniteur est impressionné par son tempérament : il reconnaît là son propre sang.
Peu après, en janvier 1547, Henry VIII décède et le prince Edward, d’une santé fragile, monte sur le trône, tandis que l’ambitieux et despotique Ned [Edward] Seymour, frère de Thomas, est nommé Lord Protecteur durant la minorité de son royal neveu, contrevenant à la volonté du roi décédé qui réservait cette fonction à Thomas. L’épouse de Ned, Anne, accuse Elizabeth de s’être mal comportée à la Cour et la jeune fille qui lui a jeté un encrier à la tête est renvoyée à Hatfield House. Mais Thomas l’installe ainsi que Catherine Parr au manoir de Chelsea, à la colère de Ned. Amoureuse de son sauveur, Elizabeth a le coeur brisé en découvrant que celui-ci aime depuis toujours Catherine, sa fiancée bien avant que Henry VIII ne l’accapare. Comme Ned s’oppose à leur union qui permettrait à son frère d’entrer dans la famille royale, Elizabeth convainc le petit roi, qui souffre de la perfidie du régent, d’autoriser le mariage. Thomas épouse donc Catherine Parr et, à la pointe d’une grande flotte, se couvre de gloire contre des pirates, ce qui met son frère en rage. Ned cherche vainement à unir Elizabeth à un prince danois, mais cette dernière embrasse son page, puis Thomas, furieux mais ébranlé, auquel elle avoue sa passion de jeune fille romantique ; Catherine Parr la surprend, les deux femmes s’expliquent et Elizabeth, à présent âgée de quatorze ans, retourne de son propre gré à Hatfield House. Une année plus tard, Catherine Parr décède en couches. Lors des quinze ans d’Edward VI, Elizabeth apprend par le jeune roi que le régent a intercepté des lettres d’amour de Thomas adressées à elle et que la vie de son « oncle préféré » est en danger. En guise d’adieu, Thomas passe secrètement une nuit avec Elizabeth. Ned accuse son frère de complot contre la couronne : Thomas chercherait à épouser la princesse et à détourner l’affection que le peuple porte au jeune souverain afin de s’emparer du trône d’Angleterre. Le Conseil de régence aux ordres de Ned le condamne à mort malgré l’intercession véhémente d’Elizabeth et celle d’Edward VI qui vient trop tard. Retour au présent : mûrie par la perte du seul homme qu’elle a jamais aimé, la « jeune Bess », vingt-cinq ans, renonce désormais au mariage. Elle sera une « reine vierge ».
Henry VIII (Charles Laughton) ne voit pas que sa fille se fait séduire par Sir Thomas Seymour (Stewart Granger).
 Ces dernières réflexions prêtent à sourire, mais c’est oublier qu’elles proviennent du best-seller Young Bess de l’Anglaise Margaret Irwin, paru à Londres en 1944, ouvrage à l’eau de rose de la trilogie Good Queen Bess qui sera suivi d’Elizabeth, Captive Princess (1948) et d’Elizabeth and the Prince of Spain (1953). On y prend de grandes libertés avec l’Histoire, notamment en ce qui concerne Thomas Seymour (v. 1508-1549), un homme auquel, à en croire l’historien David Starkey, aucune femme ne résistait et qui apparaît ici comme un héros positif. En réalité, l’individu était peu recommandable, rongé par la jalousie qu’il éprouvait envers l’influence et le pouvoir de son frère aîné Edward (Ned) Seymour qui s’était fait nommer Lord Protecteur d’Angleterre. La rumeur courait qu’il aurait eu ou tenté d’avoir une liaison avec Elizabeth encore adolescente pour asseoir sa route vers le pouvoir ; son mariage clandestin avec la tutrice d’Elizabeth, Catherine Parr (accessoirement une des femmes les plus riches d’Angleterre en tant que veuve du roi), peut aussi être vu comme une tentative de se rapprocher de la jeune princesse. Par la suite, cet incapable notoire s’acoquina avec des pirates dans la Manche avec lesquels il partageait les butins, corrompit le vice-trésorier de la Monnaie de Bristol et échafauda un plan pour kidnapper Edward VI à Hampton Court (janvier 1549) ; arrêté par les gardes, il fut incarcéré à la Tour de Londres. Le Conseil fit interroger Elizabeth, soupçonnée d’être enceinte de son enfant et d’avoir comploté avec lui pour renverser son demi-frère. Thomas fut exécuté pour haute trahison le 20 mars 1549. En apprenant sa mort, Elizabeth aurait rétorqué : « Aujourd’hui est mort un homme qui avait beaucoup d’intelligence et peu de jugement. » Quant à Edward Seymour, qui déjoua la tentative de coup d’État de son frère cadet, il tomba à son tour en disgrâce – les Seymour étaient désormais mal vus – et fut décapité quatre ans plus tard. Autres cocasseries scénaristiques : jamais Henry VIII ne se serait exclamé « Votre future reine, Elizabeth ! » en exhibant le bébé à la cour (il voulait un fils), et il ne vanta pas non plus les mérites de sa fille « illégitime » sur son lit de mort. Si elle avait tenu tête à son père comme une teenager américaine à bord du « Great Harry », il lui en aurait coûté la vie. Enfin, le roman comme le script (de Jan Lustig et Arthur Wimperis, déjà actif sur le Henry VIII de Korda) présentent Anne Boleyn comme adultère.
 Flairant une variante tudorienne des filles du docteur March ou d’autres bluettes rémunératrices en costumes, la MGM acquiert les droits du roman de Margaret Irwin dès sa parution, mais il faudra attendre sept ans pour en voir la transposition à l’écran. Le producteur-réalisateur Sidney A. Franklin obtient un premier feu vert en 1948/49, avec peut-être Greer Garson ou Deborah Kerr dans le rôle convoité de Bess et Errol Flynn en Seymour, puis s’achoppe à des difficultés de casting. On envisage un tournage aux studios anglais d’Elstree à Borehamwood avec des fonds gelés de la MGM, mais les patrons optent finalement pour une fabrication plus économique sur place, à Hollywood, dans les studios MGM à Culver City et sur son backlot « Salem Waterfront » où l’on réutilise la caravelle du Mayflower fabriquée pour Plymouth Adventure (tournage d’octobre à novembre 1952). L’absence frappante d’extérieurs est censée souligner la semi-captivité de la damoiselle et quelques matte paintings remplacent l’authentique patrimoine architectural. La distribution finale est prestigieuse et presque exclusivement britannique. Vivien Leigh a refusé, James Mason et Walter Pidgeon n’ont pu se libérer. Charles Laughton reprend le rôle qui lui valut l’Oscar et la consécration internationale vingt ans auparavant (The Private Life of Henry VIII) en lui donnant une coloration moins cocasse, plus terrifiante : la moindre contradiction signifie la mort. Elizabeth Taylor est envisagée pour le rôle-titre, mais Franklin souhaite imposer la jeune Anglaise Jean Simmons (Ophélie dans le Hamlet de Laurence Olivier) sur le marché américain. Elle est flanquée ici de son époux Stewart Granger et, à la demande de ce dernier, dirigée par son réalisateur-fétiche de Scaramouche, George Sidney (déjà responsable de l’euphorique The Three Musketeers avec Gene Kelly), et photographiée en luxueux Technicolor par le même chef-opérateur, Charles Rosher. Radieuse, têtue, volontaire, sensible et d’une élégance toute naturelle, Jean Simmons rend par instants les invraisemblances du script crédibles. Quoique superficiel et sentimental, ce film est son écrin, embelli par des nuances chromatiques qui évoquent la peinture hollandaise et les violons déchaînés de Miklos Rosza soulignant à satiété le romanesque. Le travail est soigné, plaisant mais impersonnel, Sidney, styliste inspiré de films de cape et épée ou de comédies musicales (Kiss Me Kate) étant ici privé du dynamisme et de la fluidité qui caractérisent ses meilleurs travaux. La faute en revient à un scénario sans ligne dramatique, à des dialogues redondants sinon pompeux et à une intrigue en fin de compte peu captivante.
Hollywood retrouve ici son anglophilie d’avant-guerre, célébrant l’Empire ou la grande nation de navigateurs. En dépit de ses moments sordides ou ironiques (les allers-retours, les montées et descentes de Bess au début du récit), le film véhicule une apologie discrète de la monarchie britannique : ce n’est pas un hasard s’il sort au moment du couronnement d’Elizabeth II, avec une projection spéciale le 2 juin 1953 à Brighton dans le cadre des festivités royales. Il profite ainsi de l’engouement des foules pour la jeune reine et du folklore médiatique lié à Buckingham Palace. Produit pour 2,4 millions de $, Young Bess engrange 4,1 millions de recettes mondiales et décroche deux nominations à l’Oscar pour costumes et décors. Quant à faire interpréter la jeune Elizabeth, guère réputée pour sa beauté ou ses effusions fleur bleue, par une des plus ravissantes stars du firmament hollywoodien – voilà qui se passe de commentaire et résume l’approche générale des producteurs.
DE, AT: Die Thronfolgerin, IT: La regina vergine, ES: La reina virgen, BE: La Reine vierge.
1964(tv) The Young Elizabeth (GB) de Charles Jarrott
« Thursday Theatre », Cedric Messina/BBCtv (BBC 24.12.64 / 17.12.67), 95 min. – av. Valerie Gearon (la princesse Elizabeth Tudor), Katherine Blake (Mary Tudor), Gwenn Cherrell (Catherine Parr), Scott Forbes (Thomas Seymour), Cyril Luckham (l’évêque Gardiner), Rolf Lefebvre (Lord William Howard), Michael Johnson (Robert Dudley), Newton Blick (Thomas Parry), Hugh Paddick (Lord Robert Tyrwhitt), Douglas Milvain (William Cecil), Patricia Samuels (Amy), Madeleine Christie (Katherine Ashley), Margaret Denyer (Lady Tyrwhitt), Victor Winding (Sir Thomas Wyatt), Michael Graham (Sir Francis Verney), Michael Lynch (Sir Peter Carew).
Les années de jeunesse de la future reine Elizabeth, de la mort de Henry VIII en 1547 à son accession au trône en 1558, selon la pièce des auteurs dramatiques américains Jennette Dowling et Francis Letton parue en 1952 (cf. supra, dramatique de 1953). Le décès du roi force sa veuve Catherine Parr à quitter la cour et à s’installer à Chelsea avec son amant Thomas Seymour, frère du duc de Somerset (protecteur du royaume durant le bref règne d’Edward VI). Elizabeth les rejoint, sa liaison avec Seymour provoque un scandale et l’exécution de ce dernier. Mary Tudor devient reine, souveraine contestée en raison de ses options religieuses et politiques, et une menace constante pour sa demi-sœur Elizabeth. – C’est après avoir vu cette dramatique que le producteur américain Hal B. Wallis donne à Charles Jarrott sa chance de réaliser un premier long métrage, Anne of the Thousand Days (1969, cf. supra) sur Anne Boleyn, qui sera suivi de Mary, Queen of Scots (1971), sur Mary Stuart.
1971® (tv) Elizabeth R (GB) de Herbert Wise. – av. Jason Kemp (Edward VI), John Ronane (Sir Thomas Seymour), Rosalie Crutchley (Catherine Parr).
1985® (tv) Lady Jane – Under the Shadow of the Axe (GB) de Trevor Nunn. – av. Warren Saire (Edward VI).
– (tv) Edward and Mary : The Unknown Tudors (GB) de Rachel Bell et Lucy Swingler
1. Edward VI: The Boy King – 2. Mary I: The First Virgin Queen
Rachel Bell, Mark Fielder/Granada Television (Channel Four 7.+14.11.02), 48 min.+52 min. – av. Tim Wright (Edward VI), Rachel Jenkins (Mary Tudor), Emily Smith (Mary enfant), Charles Neville (un prêtre), David Starkey (présentation).
Lorsque naît son demi-frère Edward, futur Edward VI, Mary Tudor est rejetée dans l’ombre, ignorée par son géniteur et déclarée illégitime. Edward monte sur le trône à l’âge de neuf ans, brutalement séparé de sa sœur bien-aimée qui est une catholique fervente alors qu’il est protestant. Docu-fiction sans relief commenté par l’historien David Starkey.
2005(tv) Monarchy with David Starkey – 8. The Shadow of the King (The Children of Henry VIII) (GB) de David Hutt
Granada Pictures-Channel Four (C4 26.9.05), 55 min. – av. Tony Cottrell, Gail Felton, Katy Finn-Bar, Matthew Ford, Gerard Hayling, Darrell Heath, Claire Jennings, Angela Kelly, Nina Maffey, Stuart Powell.
Docu-fiction d’après David Starkey. L’Acte de succession de 1544 autorise les trois enfants d’Henry VIII à accéder au trône. Edward veut imposer le protestantisme, Mary Tudor le catholicisme, Elisabeth impose la modération dans le domaine religieux.
2008® (vd) The Twisted Tale of Bloody Mary (GB) de Chris Barnard. – av. Nicholas Edmondson (Edward VI).

14.1. « The Prince and the Pauper » de Mark Twain

Roman de Mark Twain paru à New York en 1881. – Londres en 1547. Tandis que le roi Henry VIII se meurt, Edward, prince de Galles, son fils âgé d’une douzaine d’années, rêve d’échapper à l’étiquette de la Cour et de s’amuser au-dehors avec des enfants de son âge. Au même moment, Tom Canty, gamin pauvre des rues, martyrisé par son père, une brute avinée, rêve d’échapper à sa condition, car le Père Andrew lui a appris à lire et à écrire. Ayant surpris un garde royal maltraitant Tom devant les grilles du palais, le prince invite discrètement ce dernier dans ses appartements. Ils sympathisent et se racontent leurs histoires respectives. Profitant d’une ressemblance frappante, les deux enfants décident d’échanger leurs « rôles » ainsi que leurs vêtements. Le prince, qui n’a pu rentrer au palais en guénilles et a échappé au milieu sordide des Canty à Offal Court (la cour des miracles londonienne), prend conscience de la pauvreté de ses futurs sujets. De son côté, le petit mendiant, ne pouvant quitter le palais, découvre le luxe, la cour, son étiquette et sa corruption. Le décès de Henry VIII précipite les événements. L’intervention salutaire d’un aventurier, le soldat de fortune Miles Hendon qui prend le jeune roi sous sa protection, permet de rétablir la situation juste à temps pour que le véritable prince de Galles soit couronné roi à Westminster sous le nom d’Edward VI. Son camarade Tom est annobli. – Un classique de la littérature pour la jeunesse (le roman a pour sous-titre « A Tale for Young People of All Ages »). En introduction, l’humoriste américain avertit le lecteur : « This is not a history, but a tale of once upon a time. It may have happened. It may not have happened. But it could have happened (Ceci n’est pas une histoire vraie, mais une antique fable. Peut-être raconte-t-elle des faits réels, peut-être pas. Mais elle aurait tout à fait pu se produire) ».
1909The Prince and the Pauper (US) de J. Searle Dawley
Edison Mfg. Co., 2 bob./346 m. – av. Cecil Spooner (Edward Tudor, prince de Galles / Tom Canty), Charles Ogle (Henry VIII), William Sorelle (Miles Hendon), Mabel Trunnelle et Mark Twain (lui-même [?]).
Film perdu. La participation de Mark Twain, malade et mort l’année suivante, est peu vraisemblable.
1915The Prince and the Pauper (US) d’Edwin S. Porter et Hugh Ford
Famous Players Film Co., 5 bob./50 min. – av. Marguerite Clark (Edward Tudor, prince de Galles / Tom Canty), Robert Broderick (Henry VIII), William Barrows (Edward Seymour, comte de Hertford), William Sorelle (Miles Hendon), William Frederic (John Canty), Alfred Fisher (Père Andrew), Nathaniel Sack, Edwin Mordant.
William Sorelle reprend le rôle de Miles Hendon déjà joué en 1909 dans une version qui oblitère toute la satire sociale du roman.
1920* Prinz und Bettelknabe / Seine Majestät, das Bettelkind (AT) d’Alexander Korda
Alexander Kolowrat/Sascha Filmindustrie AG (Wien), 2400 m./75 min./61 min. – av. Alfred Schreiber (Henry VIII), Tibor Lubinsky (Edward Tudor, prince de Galles /Tom Canty), Franz Everth (Miles Hendon), Lilly Lubin (Isabelle, infante d'Espagne), Adolf Weisse (Edward Seymour, comte de Hertford), Franz Herterich (John Canty), Wilhelm Schmidt (Hugh Hendon), Ditta Ninjan (Lady Edith).
C’est la première rencontre du producteur-réalisateur hongrois Alexander Korda, futur nabab du cinéma britannique, avec cet Henry VIII qui allait tant lui porter chance (Charles Laughton dans The Private Life of Henry VIII en 1933). Elle se fait curieusement à Vienne, sous la houlette de la toute nouvelle Sascha Film de l’extravagant comte Alexander Kolowrat, où Korda, ayant fui la Hongrie protofasciste de Miklós Horthy, s’est réfugié. Le succès international du film allemand Anna Boleyn d’Ernst Lubitsch cette même année a attiré l’attention sur le souverain Tudor (campé par Emil Jannings) et Korda, assisté de son fidèle scénariste Lajos Biro, autre compatriote en exil, dessine, lui, un Henry VIII loin des clichés usuels, pour une fois ni ruffian Barbe-Bleue ni vulgaire bouffon (ce qu’applaudira le public et la presse anglais). Le cinéaste joue sur le contraste entre la magnificence de la cour et la misère des quartiers populaires, un complexe décoratif presque écrasant des rues de Londres et du château de la Tour érigé dans la « cité du cinéma » de la Sascha Film à Sievering, très spectaculaire, avec la mobilisation de près de mille figurants (un autre futur cinéaste, l’Autrichien Karl Hartl, est son assistant-réalisateur et son monteur). Quoiqu’un peu lourde et carrée, cette superproduction fait un tabac et réussit même à être exploitée aux États-Unis en 1922 où la publicité passe la nationalité autrichienne du film sous silence (la Grande Guerre est encore trop proche) et Kolowrat est présenté comme un Pragois. – GB, US : The Prince and the Pauper.
Protégé par Errol Flynn, le jeune Edward VI a un sosie qui sème la trouble à la cour (1937).
1937** The Prince and the Pauper (Le Prince et le Pauvre) (US) de William Keighley [et William Dieterle]
Jack L. Warner, Hal B. Wallis, Robert Lord/Warner Bros.-First National, 118 min. – av. Errol Flynn (Miles Hendon), Claude Rains (Edward Seymour, comte de Hertford), Montagu Love (Henry VIII), Robert J. Mauch (Edward Tudor, prince de Galles), Billy Mauch (Tom Canty), Henry Stephenson (Thomas Howard, duc de Norfolk), Barton MacLane (John Canty), Alan Hale (le capitaine de la garde), Eric Portman, Lionel Pape et Leonard Willey (trois Lords), Murray Kinnell (Hugo), Halliwell Hobbes (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Joan Valerie (Lady Jane Seymour), Ivan F. Simpson (Clemens), Phyllis Barry (une serveuse), Fritz Leiber (Père Andrew), Mary Field (la mère Canty), Elspeth Dudgeon (la grand-mère Canty), Lester Matthews (Lord Saint John), Robert Warwick (John Dudley, comte de Warwick), Anne Howard (Lady Jane Grey), Gwendolyn Jones (la princesse Elizabeth Tudor) Will Somers (le bouffon).
Metro-Goldwyn-Mayer rachète les droits du roman, souhaitant produire le film avec Freddie Bartholomew dans le double rôle d’Edward et de Tom (1935), puis renonce et cède la matière à la Warner Bros. qui possède sous contrat Robert et Billy Mauch, deux jumeaux de quinze ans d’une parfaite ressemblance et, de surcroît, d’un naturel rafraîchissant ; seule la télésérie britannique de 1955 fera, elle aussi, appel à des jumeaux, les autres productions préférant utiliser un même acteur en double exposition ou spéculer sur de vagues ressemblances. Patrick Knowles est le premier choix pour interpréter l’aventurier Miles Hendon, mais il ne fait pas le poids ; Hal Wallis estime que l’histoire elle-même ne suffit pas à attirer les foules et mobilise Errol Flynn, la toute nouvelle star du studio, révélée l’année précédente dans la saga de pirates Captain Blood, pour un rôle en fait secondaire : Flynn se fait attendre, n’apparaissant qu’après 53 minutes, mais son nom est placé en tête d’affiche et le studio lui verse la bagatelle de 25'000 $. Il n’a pas de femmes à lutiner (excepté une serveuse en quatrième vitesse) et ses coups de rapière se limitent à un bref duel avec Alan Hale (qui deviendra son grand ami et jouera avec lui dans douze films). Visiblement, l’acteur décontracté ne se sent pas très impliqué, car son rôle a été sérieusement réduit : chez Twain, le mercenaire Miles Hendon est victime de son frère Hugh, qui l’a fait passer pour mort, l’a dépossédé, a épousé sa fiancée adorée, Lady Edith, et le fait arrêter puis fouetter comme imposteur ; à la fin, Hugh sera banni du royaume et, devenu comte de Kent par la grâce de son royal protégé, Miles pourra récupérer l’amour de sa vie. Curieux que les scénaristes n’aient pas retenu cet épisode romantique. Quant à Claude Rains en comte de Hertford, il fait un redoutable comploteur, un rôle qui n’existe pas non plus sous cette forme dans le roman, où le ministre et oncle du prince reste un loyal sujet. Ayant découvert le subterfuge des sosies, le Hertford d’Hollywood tente de faire assassiner le prince à la faveur de son escapade dans les bas-fonds de Londres et de prendre Tom, devenu Edward, sous sa coupe. Hendon sauve le garçon en tuant le père Canty, un dangereux criminel, puis le séide envoyé par Hertford pour éliminer le véritable héritier de la couronne.
Un aventurier protège le jeune Edward VI contre les manigances d’Edward Seymour (Claude Rains).
 Comme dans tous les films de la Warner, firme alignée sur la politique sociale de Roosevelt, le script dénonce la misère du peuple tout en divertissant. Il y est question de patriotisme, de piété (alors que Twain avait une sérieuse dent contre la religion), d’une flotte militaire forte, d’un souverain élu par le peuple (sic) et d’une étiquette de cour aussi ridicule qu’anachronique : le réveil du roi entouré d’une vingtaine de courtisans serviles est calqué sur celui de Louis XIV à Versailles un siècle plus tard ! Le tournage a lieu en janvier-février 1937, entièrement en studio à Burbank (ce qui se voit) et William Dieterle remplace William Keighley pendant la maladie de ce dernier. En Grande-Bretagne, le film est distribué au moment du couronnement du roi George VI (après l’abdication d’Edward VIII, devenu le duc de Windsor), ce qui peut expliquer l’étendue de la scène du couronnement du jeune Edward VI dans une reconstitution scrupuleuse de l’intérieur de Westminster Abbey, séquence de vingt minutes portée par les accords solennels d’Erich Wolfgang Korngold et qui nécessite sept jours de filmage. Produit daté, sage et inutilement longuet – presque deux heures – de l’anglophilie américano-hollywoodienne des années 1930, cette version ne manque toutefois pas de charme (grâce aux jumeaux Mauch) ni d’un certain humour à la fois ironique et bon-enfant (on apprend que le Grand Sceau Royal britannique est surtout utile pour casser des noix…). L’accueil est bon : budgété à 858'000 $, le film en rapporte 1,7 millions. On regrette cependant l’absence d’une mise en scène plus musclée, plus racée et visuellement plus inventive. En 1938, Errol Flynn campera Robin des Bois (The Adventures of Robin Hood), classique incontournable des aventures en costume commencé par Keighley et, sur ordre de Wallis, repris par Michael Curtiz. On eut souhaité pareille rocade déjà dans ce film-ci, Keighley étant plus porté sur les cowboys ou les gangsters que sur la fantaisie historisante.
DE : Mit eiserner Faust, AT : Ein König wider Willen (Prinz und Bettelknabe), ES: El príncipe y el mendigo, IT: Il principe e il povero.
1943Prints i nichtchi (Le Prince et le Pauvre) (SU) d’Erast Garine et Khessia Lokchina
Mosfilm (Moscou). – av. Iouri Toloubieiev (Henry VIII), Mariya Barabanova (Edward Tudor, prince de Galles /Tom Canty), Andrej Abrikossov (Miles Hendon), Klavdiya Polovikova (la mère Canty), Matvei Lyarov (Sir Berkeley), Sergey Komarov (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Georgiy Millyar (Yokel), Mikhail Troyanovskiy (Burns), Aleksey Konsovskiy (Hugo).
Un sujet en or pour la jeunesse soviétique qui dénonce l’injustice sociale et brocarde la classe régnante en Angleterre « féodale ».
1955(tv) The Prince and the Pauper (GB) minisérie de Dorothea Brooking
(BBC 21.8.-25.9.55), 6 x 55 min. – av. Tegid Wyn Jones (Edward Tudor, prince de Galles), Dwyryd Wyn Jones (Tom Canty), Leslie Kyle (Henry VIII), Annoko Willys (Lady Jane Grey), Alan Edwards (Miles Hendon), James Raglan (Edward Seymour, comte de Hertford), Seymour Green (Lord St. John), Colin Douglas (John Canty), Vera Cook (la mère Canty), Eira Griffiths (Nan Canty), Harold Jamieson (Ruffler, le chef des mendiants), Jack MacCowran (Patch Eye), Tom Bowan (Hugh Hendon), Christine Russell (Edith), Raymond Rollett (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Harry Landis (Hugo, le mendiant).
Un enregistrement « live », en direct, adapté pour le petit écran par Rhoda Power. Comme déjà le film de 1937, la BBC fait appel à deux jumeaux pour les rôles d’Edward Tudor et Tom Canty, la technique télévisuelle ne permettant pas encore de trucages optiques. – Épisodes : 1. « Exchange » – 2. « Miles Hendon » – 3. « The Beggars » – 4. « Hendon Hall » – 5. « Prison » – 6. « The Coronation ».
1957(tv) The Prince and the Pauper (US) de Daniel Petrie
Série « DuPont Show of the Month », David Susskind/CBS-Talent Associates, (CBS 28.10.57), 90 min. – av. Christopher Plummer (Sir Miles Hendon), Rex Thompson (Edward Tudor, prince de Galles), Johnny Washbrook (Tom Canty), John Carradine (John Canty), Sir Cedric Hardwicke (Edward Seymour, comte de Hertford), Rosemary Harris (Lady Edith), Hurd Hatfield (Sir Hugh Hendon), Douglas Campbell (Henry VIII), Peter Lazer (Humphrey Marlowe), John Milligan (Hugo), Arthur Malet (Hodge).
Une production télévisuelle surtout intéressante pour son casting de qualité, avec Christopher Plummer, John Carradine et Hurd Hatfield (l’inoubliable Dorian Gray de 1945) ; passé au grand écran trois ans plus tard, le téléaste canadien Daniel Petrie se fera connaître au cinéma avec un film antiraciste, A Raisin in the Sun (1961), interprété par Sidney Poitier.
1958(tv) O Príncipe e o Pobre (BR) de Geraldo Vietri
TV Tupi São Paulo (feuilleton). – av. Neide Alexandre, Odilon del Grande, Amilton Fernandes, Luis Gustavo, Carmen Marinho, Meire Nogueira, Nair Silva, Walter Stuart, Maria Vidal.
1960(tv) The Prince and the Pauper (US) de David Greene
Série « Shirley Temple’s Storybook », William Asher/Henry Jaffe Enterprises (NBC 30.10.60), 60 min. – av. Gig Young (Miles Hendon), Peter Lazer (Edward Tudor, prince de Galles /Thomas Canty), Richard Ney (Edward Seymour, comte de Hertford), Julie Sommars (la princesse Mary Tudor), Ronald Lang (Lord Saint John), Portland Mason (la princesse Elizabeth Tudor), Laurie Main (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Paul Playdon (Hugo), Ted de Corsia (Ruffler), Shirley Temple (présentation et narration).
Première version en couleurs, tournée aux NBC Studios à Burbank, L. A. pour l’anthologie hebdomadaire présentée pour la jeunesse par une Shirley Temple devenue adulte.
1960(tv) Le Prince et le Pauvre (FR) de Marcel Cravenne
RTF (1e Ch. 20.10.60), 60 min. – av. Philippe Ogonez (Tom Canty), Jean-Paul Roussillon (Edward Tudor, prince de Galles), Brigitte Morisot (Lady Jane Grey), Camille Guerini (Henry VIII), Jean-Pierre Marielle (Miles Hendon), Marie Mercey (la mère Canty), Jean-Marie Amato (John Canty, le père), Jacques Castelot (Lord Saint John), Moïté Andres (Nane), André Weber (Yokel), Marcel Perès (le chef des brigands), Géo Moutax (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury).
Tournage aux studios des Buttes-Chaumont à Paris.
1962(tv) The Prince and the Pauper – 1. The Pauper King – 2. The Merciful Law of the King – 3. Long Live the Rightful King (GB) minisérie de Don Chaffey
Walt Disney Productions-Buena Vista (The Disney Channel 11-18-25.3.62), 3 x 60 min./93 min. – av. Guy Williams (Miles Hendon), Sean Scully (Edward Tudor, prince de Galles / Tom Canty), Paul Rogers (Henry VIII), Jane Asher (Lady Jane Grey), Laurence Naismith (Edward Seymour, comte de Hertford), Niall MacGinnis (Père Andrew), Geoffrey Keen (Yokel), Walter Hudd (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Dorothy Alison (la mère Canty), Peter Butterworth (Will the Knifegrinder), Sheila Allen (la princesse Mary Tudor), Katya Douglas (la princesse Elizabeth Tudor), Geoffrey Baldon (Sir Geoffrey), Walt Disney (présentation).
Télésérie opulente en Technicolor enregistrée aux Studios Disney à Burbank, L. A. et en Angleterre par Don Chaffey, un réalisateur britannique très éclectique, versé en particulier dans la fantaisie et le fantastique (Jason and the Argonauts en 1963, One Million Years B.C. en 1966, à la télévision les séries-culte The Prisoner en 1967 et The Avengers/Chapeau melon et botte de cuir en 1968/69). La version qui suit le plus fidèlement la trame de Mark Twain, avec Guy Williams, le très populaire Zorro de Disney.
1963 – [Aysecik – fakir prenses [Aysecik la pauvre princesse] (TR) d’Ertem Göreç ; Hulki Saner/Er-Ay Film, 86 min. – av. Ayfer Feray, Hulusi Kentmen, Vahi Öz, Ahmet Tarik Tekçe, Mualla Sürer, Zeynep Degirmencioglu, Efgan Efekan, Muhterem Nur. – US: Aysecik the Poor Princess. – Une variante turque imaginée par Hamdi Degirmencioglu, avec deux fillettes dont une est la fille du sultan.]
1966(tv) Príncipe y mendigo (ES) minisérie de Pedro Amalio López
Série “Novela”, Florencio Guerra/RTVE (TVE 20.-24.6.66), 5 x 20 min. – av. Juan Ramón Torremocha (Edward Tudor, prince de Galles / Tom Canty), Francisco Morán (Miles Hendon), Alberto Fernández (Henry VIII), Angel Terrón (Edward Seymour, comte de Hertford), Emilio Gutiérrez Caba (le bouffon), Manuel Soriano (Père Andrew), Fernando Sánchez Polack (John Canty), Mary González (la mère Cante), Concha Bañuls (la tante de Tom), Enrique Vivó (Lord Saint John), José Luis Lespes (Rod), Ernique Closas.
Une version libre écrite par Augustín Garcia et Federico Ruiz.
1966(tv) Prinz und Betteljunge (AT) d’Otto Anton Eder
Herbert Hauf/Österreichischer Rundfunk (ORF 26.12.66), 105 min. (2 parties). – av. Peter Trost (Edward Tudor, prince de Galles), Heinz Zuber (Tom Canty), Gabriele Buch (la princesse Elizabeth Tudor), Volker Brandt (Miles Hendon), Astrid Bisteghi (Ed), Karl Fochler (Edward Seymour, comte de Hertford), Georg Lhotzky (Lord Seymour), Paula Nefzger (la mère Canty), Peter Tost (John Canty).
1968 – [Raja aur runk (Le Roi et le roturier) (IN) de Kotayya Pratyagata; L. V. Prasad Productions. – av. Sanjeev Kumar, Kumkum, Ajit, Mukri. – Transposition du roman en Inde.]
1969The Adventures of the Prince and the Pauper (US) d’Elliot P. Geisinger
Marcel Broekman, Ronald Saland/Storyland Films-Childhood Productions, 66 min. – av. Gene Bua (Miles Hendon), Kenny Morse (Edward Tudor, prince de Galles), Barry Pearl (Tom Canty), Barbara Huston (Lady Anne), Michael Brill (Edward Seymour, comte de Hertford), Tom Fleetwood (John Canty), Ken Shaffel, Allan Jefferys (narration).
Une version musicale, transposition d’un spectacle new-yorkais de Joseph Beinhorn (Musical Theatre for Children Productions, 1962-65), lui-même tiré d’une pièce de Verna Woskoff. Tournage minimaliste, mais en couleurs, presque exclusivement en extérieurs en Irlande et dans le pays de Galles. Barry Pearl, qui joue Tom Canty, aura un petit moment de célébrité aux côtés de John Travolta dans Grease (1978).
1971(tv) Princ a chudas (Le Prince et le Mendiant) (CZ) de Ludvík Ráza
Ceskoslovenská Radio i Televize. – av. Roman Skamene (Edward Tudor, prince de Galles), Ota Slencka (Henry VIII), Petr Kostka (Miles Hendon), Josef Bláha (Tom Canty), Vladimir Smeral (Edward Seymour, comte de Hertford), Martin Ruzek (Lord Saint John), Ladislav Pesek (Lord Wilson), Libuse Svormová (la princesse Mary Tudor), Nada Konvalinková (Lady Jane Grey), Rudolf Jelínek (Hugo Hendon). – Adaptation télévisuelle par Ondrej Vogeltanz.
1972(tv) O Príncipe e o Mendigo (BR) télésérie de Dionisio Azevedo
(Record TV 4.1.-9.4.72), feuilleton de 84 épisodes. – av. Kadu Moliterno (Edward Tudor, prince de Galles /Tom Canty), Manoel da Nóbrega (Henry VIII), Sebastião Campos (Miles Hendon), Nádia Lippi (Lady Jane Grey), Edmundo Lopes (Thomas Howard, duc de Norfolk), Suzana Gonçalves (la princesse Mary Tudor), Adriana de Góis (la princesse Elizabeth Tudor), Perry Salles (Edward Seymour, comte de Hertford), Mauro Mendonça (John Canty), Flora Geny (la mère Canty), Célia Helena (Lady Saint John), Miriam Mehler (Lady Edith), Ademir Rocha (Horace), Fernando Baleroni (Père Andrew).
1972 – [The Prince and the Pauper (AU) de Chris Cuddingon; Air Programs Internationl (API), 60 min. – Dessin animé.]
1972(tv) Prints i Nichtchi (SU) de Vadim Gauzner
Gostelradio-Lenfilm Studio, 73 min. – av. Viktor Smirnov, Youri Astafyev, Ivan Krasko, Maya Boulgakova, Alexander Sokolov, Marina Neyelova, Rolan Bykov, Oleg Borisov, Anatoliy Solonitsyn, Gennadi Poloka, Mikhail Urzhumtsev.
1976* (tv) The Prince and the Pauper (Le Prince et le Mendiant) (GB) minisérie de Barry Letts
BBC-Time Life Films (BBC1 4.1.-8.2.76), 6 x 25 min. – av. Nicholas Lyndhurst (Edward Tudor, prince de Galles /Tom Canty), Barry Stokes (Miles Hendon), Ronald Radd (Henry VIII), Robert James (Thomas Cranmer, archevèque de Canterbury), Nina Thomas (la princesse Elizabeth Tudor), Donald Eccles (Père Andrew), Bernard Kay (Edward Seymour, comte de Hertford), Martin Friend (Lord Sudbroke), Ronald Lacey (Lord Rushden), Leon Eagles (Quill), Judy Wiles (Lizzie), Richard Bealy (Lord Elyot), Max Faulkner (Darbon), June Brown (la mère Canty), Tilly Vosburgh (Nan Canty), Ronald Herdman (John Canty), Maria Charles (la grand-mère Canty).
Le soudard Miles Hendon (Oliver Reed) et sa fiancée Lady Edith (Raquel Welch) dans Crossed Swords (1977).
1977** Crossed Swords / The Prince and the Pauper / Koldus es Kirialfy (Le Prince et le Pauvre) (US/GB/HU) de Richard Fleischer
Alexander Salkind, Ilya Salkind, Pierre Spengler/International Film Production-Prince and the Pauper Film Export A.G.-Dovemead Ltd., 121 min./113 min. – av. Oliver Reed (Miles Hendon), Mark Lester (Edward Tudor, prince de Galles / Tom Canty), Charlton Heston (Henry VIII), Raquel Welch (Lady Edith), Ernest Borgnine (John Canty), George C. Scott (Ruffler), Rex Harrison (Thomas Howard, duc de Norfolk), David Hemmings (Hugh Hendon), Harry Andrews (Edward Seymour, comte de Hertford), Lalla Ward (la princesse Elizabeth Tudor), Felicity Dean (Lady Jane Grey), Sybil Danning (la mère Canty), Graham Stark (le bouffon), Preston Lockwood (Père Andrew), Richard Hurndall (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury).
Cinématographiquement la traduction la plus satisfaisante du livre de Twain, grâce au stupéfiant savoir-faire et à l’efficacité du cinéaste Richard Fleischer (The Vikings en 1958, Barabbas en 1962, Soylent Green/Soleil vert en 1973, etc.) qui ne travaille pourtant ici qu’en mercenaire. Le clan Salkind a imposé le titre de Crossed Swords, estimant que l’original n’attirerait plus grand monde, et réuni un casting de rêve, une distribution prestigieuse réunissant un bouquet de stars hollywoodiennes : Heston, Reed, Scott, Harrison, Hemmings, Borgnine, Raquel Welch, et le légendaire Jack Cardiff à la caméra (Technicolor et Panavision 70 mm). Le scénario « final » porte la signature du romancier George MacDonald Fraser, auquel on doit l’admirable version semi-parodique de The Three Musketeers de Richard Lester et ses suites (1973/74, 1988). Le film est réalisé de mai à l’automne 1976 pour 8 millions de $ aux studios de Pinewood à Iver Heath, puis en extérieurs à Penshurst Place (Kent), au manoir de Compton Wynyates à Stratford-on-Avon (Warwickshire), puis en Hongrie (Budapest, Sopron) en coopération avec Hungarofilm-Mafilm.
Les sosies Tom et le prince Edward (Mark Lester) à Westminster au moment où le premier doit être couronné.
 L’approche n’est pas sans quelque originalité : Ainsi, c’est le duc de Norfolk alias Rex Harrison, condamné à mort par Henry VIII (authentique) mais sauvé par Tom Canty, qui commente l’action, récupère son pouvoir à la fin et fait décapiter ses ennemis, Hertford et St. John. Le Miles Hendon d’Oliver Reed (notoirement porté sur la boisson) est un soudard depuis qu’il a été lésé de son héritage par son frère Hugh qui a épousé de force sa fiancée, Lady Edith : personne ne le reconnaît et en Angleterre on le croit mort, son frère ayant falsifié des lettres du contingent où il servait comme soldat de fortune. Hendon se trouve dorénavant dans la même situation que le jeune prince Edward : il a perdu son identité, le monde entier le croit fou. Attaché au pilori, il est sauvé par son ex-fiancée qui, elle, ne l’a jamais oublié. Heston (Henry VIII) et Borgnine (Canty père) en font des tonnes, George C. Scott en roi de la cour des Miracles est délicieux. N’empêche, Fleischer perd parfois le contrôle du navire, l’ensemble est un peu lourd, surchargé d’échauffourées, de poursuites et de combats en tous genres, et le dénouement est peu probable : Hendon, Edith et le prince s’introduisent par l’épée dans Westminster au moment où le sosie doit être couronné et la cour assiste à la confrontation amicale des deux adolescents. Âgé de dix-huit ans et peu crédible dans son double rôle, Mark Lester (qui fut le petit Oliver Twist sous la férule de Carol Reed en 1968) a neuf ans de plus que le prince quand celui-ci monta sur le trône, ce que le public averti peine à accepter : à cet âge-là, Edward VI était sous terre depuis longtemps ! Jugé « trop américain » en Grande-Bretagne et un peu trop violent, donc inadéquat pour un public familial, Crossed Swords ne rentre pas dans ses frais (inédit en salle en France, mais sorti en dvd).
ES : El príncipe y el mendigo, IT : Il principe e il povero, DE : Der Prinz und der Bettler.
1990[The Prince and the Pauper / Mickey’s The Prince and the Pauper (US) de George Scribner; Walter Disney Productions (The Disney Channel 16.11.90), 25 min. – Dessin animé.]
1996[(vd) The Prince and the Pauper (CA) de Richard Allen; Blye Migicovsky Productions-Phoenix Animation Studios, 45 min – Dessin animé.]
1996** (tv) The Prince and the Pauper (Le Prince et le Pauvre) (GB) d’Andrew Morgan
Julian Fellowes/BBCtv-Lionhead Associates (BBC1 10.11.-15.12.96), 171 min./105 min./6 x 28 min. – av. Philip Searson (Edward Tudor, prince de Galles /Tom Canty), Keith Michell (Henry VII), Alan Bates (Henry VIII), Sophia Myles (Lady Jane Grey), Peter Jeffrey (Thomas Howard, duc de Norfolk), John Bowe (Edward Seymour, comte de Hertford), James Purefoy (Miles Hendon), Rupert Frazer (Sir Thomas Seymour), Elizabeth Ann O’Brien (la princesse Elizabeth Tudor), Max Johnson (Humphrey Marlow), Virginia Beare (la princesse Mary Tudor), John Bowe (le duc de Somerset), Nick Smallman (Sir Hugh Hendon), Victoria Gay (Lady Edith de Bohun), Richenda Carey (Lady Milford), Paul Chapman (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Jenny McCracken (la mère Canty), John Judd (John Canty), Lucy Speed (Nan Canty).
Les nombreux et fort beaux extérieurs de cette minisérie britannique de luxe ont été tournés au prieuré de Christchurch (Dorset), à Haddon Hall (Derbyshire) et dans le West Sussex (Arundel Castle, Parham Park à Storrington, Open Air Museum à Singleton). Un atout majeur, dans le premier épisode : Keith Michell réinterprète le monarque après ses prestations très remarquées au petit écran dans The Six Wives of Henry VIII (1970) et Henry VIII and his Six Wives (1972) en salle. Le producteur Julian Fellowes est l’auteur de Gosford Park (2001) de Robert Altman et surtout de la série à succès Downton Abbey (2010-2015) ; dans sa version, l’ambitieux clan des frères Seymour menace Tom de l’enfermer dans un asile de fous s’il persiste à affirmer qu’il n’est pas le roi. Allié de la jeune princesse Elizabeth, ce même Tom refuse de cautionner le mariage entre Edward Seymour et elle, puis assiste impuissant à la mort sur le bûcher de deux femmes « hérétiques ». Nominé au BAFTA Children’s Award for Best Drama.
1999[The Prince and the Surfer (Le Prince et le surfeur) (US) de Arye Gross, Gregory Gieras ; Crystal Sky Worldwide-Paul Family Films. – av. Sean Kellman, Robert Englund, Jenniger O’Neill. – Variante moderne débile : un prince du XXe siècle et un jeune surfeur californien.]
2000* (tv) The Prince and the Pauper (Le Prince et le Pauvre) (US) de Giles Foster
Robert A. Halmi, Robert Halmi Sr., Howard Ellis, Mykelle Sabin/Hallmark Entertainment-HCC Happy Crew Entertainment (Hallmark Channel 1.12.00), 90 min. – av. Aidan Quinn (Miles Hendon), Alan Bates (Henry VIII), Jonathan Hyde (Edward Seymour, comte de Hertford), Jonathan Timmins (Edward Tudor, prince de Galles), Robert Timmins (Tom Canty), Perdita Weeks (Lady Jane Grey), Ian Redford (John Canty), Alison Newman (Ann Canty), Aaron Keeling (Daniel Hunter), Sam Jones (Stephen Bartlett), János Gyuriska (Hugh Hendon), Ruth Platt (Sarah), James Saxon (Père Andrew), James Greene (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury).
Un téléfilm tourné à Budapest qui prend passablement de libertés avec le roman et, comme le film Warner de 1937, fait d’Edward Seymour, comte de Hertfort, le grand méchant ; en revanche, le contexte historique est très présent. Le récit débute avec la naissance d’Edward VI en 1537 sous les yeux émus de Henry VIII, alors que Jane Seymour se meurt. Neuf ans plus tard, le prince se fait admonestrer par Edward Seymour parce qu’il s’apitoye sur des miséreux dans la rue, tandis que son sosie Tom Canty assiste à l’exécution publique de la poétesse protestante Anne Askew, une suivante de la reine Catherine Parr condamnée pour hérésie (16 juillet 1546), torturée à la Tour de Londres et brûlée vive. Lîgnoble père de Tom en profite pour dépouiller, puis poignarder un spectateur. Lady Jane Grey lit Aristote en grec. Devant une abbaye bénédictine pillée, Edward défend la politique d’Henry VIII, car l’abbé était « avide et gras » – « Comme votre père ! », lui répond Miles Hendon.
2001 – [(tv) Le Prince et le Pauvre (FR) d’Alain Jaspard, Pef (FR3 23.12.01). – Dessin animé.]
2004 – [(vd) Barbie as the Princess and the Pauper (Barbie : Coeur de princesse) (US) de William Lau; Lion’s Gate Home Entertainment. – Dessin animé.]
2005Printzat i Prosyakat (BG) de Mariana Evstatieva-Biolcheva
Kiril Kirilov, Galina Toneva/BNT-Gala Film (Sofia), 86 min. – av. Dossio Dossev, Ivan Rankov, Plamen Dimitrov, Ivayio Geraskov, Aneta Sotirova, Plamena Getova, Elena Rainova, Vassil Mihajlov.
2007 – [(tv) The Prince and the Pauper (US) de James Quattrochi. – version moderne, XXe s.]