II - LE ROYAUME D’ANGLETERRE

13. HENRY VIII ET SES SIX ÉPOUSES (1509 à 1547)


Né en 1491, fils d’Henry VII et d’Elizabeth d’York. Il a un frère, Arthur Tudor (décédé à 14 ans) et deux sœurs, Margaret (qui épouse le roi d’Écosse) et Mary (qui épouse le roi de France, puis Charles Brandon). Marié en 1509 à son ex-belle-sœur, l’Espagnole Catherine d’Aragon, tante de Charles Quint (1483-1536, divorce, fille : Mary); en 1533 à Anne Boleyn (1507-1536, exécutée, fille : Elizabeth); en 1536 à Jane Seymour (1509-1537, morte en couches, fils : Edward); en 1540 à Anne de Clèves, princesse allemande protestante (1515-1557, divorce); en 1540 à Catherine Howard (c.1520-1542, exécutée); en 1543 à Catherine Parr (1512-1548), sa veuve. À son accession au trône, les ministres de son père, Richard Empson et Edmund Dudley, sont décapités, le nouveau roi inaugurant ainsi un règne scandé par la hache du bourreau : le nombre et l’arbitraire des exécutions capitales est proprement effrayant. Lord Chancellors / Premiers ministres : le cardinal Thomas Wolsey (1471-1530, mort avant l’exécution); Sir Thomas More (1478-1535, exécuté); Thomas Cromwell (1485-1540, exécuté).
Premier roi d’Angleterre à avoir eu une éducation humaniste, le jeune Henry VIII maîtrise le français, l’anglais et le latin, possède une vaste bibliothèque, compose musique et poèmes et cultive l’image d’un homme de la Renaissance, invitant artistes et érudits à sa cour. Les humanistes ont remis à la mode le souvenir des grands empereurs romains : en étant autoritaires, les premiers Tudors sont dans l’air du temps. Le début de règne de Henry VIII est marqué par une politique de perpétuelle adaptation aux circonstances géostratégiques et par son aspiration à reconstituer l’empire des Plantagenêt. Ses campagnes militaires sur le continent échouent cependant face aux ambitions de jeunes rivaux, François Ier en France et Charles Quint en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas. L’Angleterre est un petit pays de 3 millions d’habitants, face aux « géants » valois (env. 18 millions d’habitants) et habsbourgeois (l’empire de Charles Quint étendu aux limites du monde connu). Les guerres dans l’Hexagone et le mode de vie somptueux du roi ont tôt fait de vider les caisses du royaume. L’annulation du mariage avec Catherine d’Aragon – faute d’héritier mâle – se heurte au refus du pape Clément III (lui-même à la merci de Charles Quint) qui excommunie docilement Henry VIII, sa maîtresse Anne Boleyn et Thomas Cranmer, l’archevêque de Canterbury qui a autorisé le divorce.

En 1534, par l’Acte de suprématie, Thomas Cromwell pousse le roi à la rupture avec le Saint-Siège, le pape est relégué au rang d’évêque de Rome. Cette mesure repose sur un vieux sentiment anticlérical des Anglais, la papauté étant considérée comme l’alliée tantôt de l’Espagne et tantôt de la France. La Réforme anglaise apparaît comme la nouvelle forme religieuse d’un nationalisme insulaire et linguistique. Devenu chef suprême de l’Eglise nationale anglicane, Henry VIII ordonne entre 1536 et 1540 la dissolution de quelque 800 monastères et le pillage systématique de tous les sanctuaires du royaume au bénéfice de la Couronne. Cette politique accroît le mécontentement populaire et le soulèvement catholique de Robert Aske dans le Nord du pays est écrasé dans le sang. Papistes et luthériens qui s’opposent à l’anglicanisme sont condamnés au bûcher ou au gibet. Par l’Acte de trahison, tout refus des titres du roi, toute déclaration qu’il serait infidèle ou hérétique est punissable de mort. Par l’Acte de succession, par lequel le roi choisit lui-même son héritier, le pouvoir royal devient despotique. À la fin de sa vie, les douleurs du dictateur nourrissent sa paranoïa. Jadis fort et athlète de grande taille, Henry VIII est devenu obèse (178 kg), souffrant de la goutte, de furoncles douloureux et d’une blessure ulcérée à la jambe ; il est même réduit à se déplacer à l’aide d’un appareillage complexe de courroies et de poulies. Il laisse un fils unique, Edward, de santé fragile. Avant de mourir, sous l’influence de sa dernière épouse, le monarque rétablit dans la succession au trône ses filles qu’il en avait un temps écartées, Mary Tudor, 27 ans, et Elizabeth, 10 ans (dans l’ordre de naissance). Mais l’enfançon Edward, 6 ans, a la préséance.
Rarement la raison d’État a été autant assujettie aux lubies et caprices personnels d‘un seul homme et autant de décisions radicales ont été prises pour de mauvaises raisons. Henry VIII a fait exécuter deux de ses épouses, une troisième échappa de justesse à la mort (la dernière, soupçonnée d’hérésie, parvint à amadouer son époux sur son lit de mort). A sa manière brutale et avec un rare égoïsme, ce tyran sanglant a imposé des changements sociaux (toujours lancés pour des raisons personnelles) qui vont transformer le pays. En contrant la logique des droits héréditaires et en permettant à des hommes du peuple d’accéder à de hautes fonctions, il a fait évoluer le rôle du Parlement et émerger dans le pays une classe moyenne de propriétaires. Mais il laisse un royaume ruiné et profondément divisé sur le plan religieux. Peut-être le seul mérite de Henry VIII aura-t-il été d’être le géniteur de la Grande Elizabeth.
Les derniers jours d’Anne Boleyn vus par George Méliès (1905).
1905La Tour de Londres ou Les Derniers Moments d'Anne de Boleyn (FR) de Georges Méliès
Star Film no. 732-37, 135 m./6 min. – av. Marguerite Thévenard (Anne Boleyn).
Épisode dramatique en cinq tableaux mis en scène en juin 1905 au studio-verrière de Méliès à Montreuil, avec un décor peint qui serait « la reproduction exacte de la cour » où mourut la reine, une reconstitution effectuée grâce aux nombreux croquis faits durant ses séjours londoniens. Le pionnier américain Charles Urban est particulièrement ravi de cette production destinée à ses acheteurs anglais. – Anne (de) Boleyn est enfermée depuis plusieurs semaines dans la partie de la Tour nommée Tour de Beauchamp où elle dort sur une paillasse et n’a qu’un quignon de pain et une cruche d’eau pour étancher sa soif. Les geôliers lui témoignent leur compassion (1. « L’intérieur de la Tour »). Dans son sommeil, elle rêve qu’elle est toujours reine d’Angleterre (2. « La vision »), mais le Grand Chancelier et deux juges lui annoncent son exécution imminente (3. « La condamnation »). Anne est traînée jusqu’au billot ; à l’instant où la hache s’abat, Anne se réveille dans son cachot : ce n’était qu’un cauchemar (4. « La cour de la Tour de Londres »). C’est alors que le Chancelier lui annonce pour de vrai qu’elle va mourir. Elle s’avance avec sérénité et majesté vers l’échafaud, son geôlier fond en larmes en regardant l’exécution de la malheureuse injustement condamnée par le tyran (5. « La réalité »).
1908A Traitor to his King (GB) d’A. E. Coleby
George Howard Cricks, John Howard Martin/Cricks & Martin, 730 ft./235 m. – av. A. E. Coleby.
En 1510, une jeune fille délivre un homme injustement incarcéré qui sauve ensuite la vie de Henry VIII, agressé par un conspirateur. Bande filmée dans les studios Cricks & Martin de Mitcham (Surrey).
1909® The Prince and the Pauper (US) de J. Searle Dawley. – av. Charles Ogle (Henry VIII). – cf. Edward VI,
1911Henry VIII and Catherine Howard / Catherine Howard (GB)
Charles Urban Trading Company, 1195 ft.
Le duc de Norfolk a épousé secrètement Catherine Howard, mais celle-ci est courtisée par le roi. Henry VIII exige que Norfolk se marie avec sa sœur Margaret, mais le duc se fait passer pour mort. Catherine l’ignore, devient reine et paie son ambition et son infidélité de sa tête.
Laura Cowie (Anne Boleyn) et le roi (Arthur Bourchier) dans « Henry VIII » (1911).
1911Henry VIII (GB) de William Barker
William Barker, Herbert Beerbohm Tree/Barker Motion Photography (BMP), London, 610 m./40 min. (5 tableaux). – av. Arthur Bourchier (Henry VIII), Sir Herbert Beerbohm Tree (le cardinal Thomas Wolsey), Violet Vanbrugh (Catherine d'Aragon), Laura Cowie (Anne Boleyn), Edward O'Neill (Charles Brandon, duc de Suffolk), Basil Gill (Edward Stafford, duc de Buckingham), Reginald Owen (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), S. A. Cookson (le cardinal Campeius), Charles Fuller (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Albert Edward George (Thomas Howard, duc de Norfolk), Géard Lawrence (Henry Howard, comte de Surrey), Edward Sass (Lord Chamberlain), Francis Chamier (Capucius, ambassadeur de Charles Quint), Clarence Derwent (Lord Abergavenny), Walter Creighton (Lord Sands), Edmund Gurney (Sir Henry Guildford), Henry Hewitt (Sir Thomas Lovell), Charles James (Sir Nicholas Vaux), Henry Morrell (Griffiths), Clifford Heatherley (Garter), Lila Barclay (Patience).
Un premier biopic (aujourd’hui perdu) se basant sur la pièce The Famous History of the Life of Henry VIII de William Shakespeare et John Fletcher (1613), réarrangée par le célèbre Sir Herbert Beerbohm Tree (acteur shakespearien, propriétaire-directeur du prestigieux His Majesty’s Theatre à Londres, père naturel de Carol Reed et grand-père du comédien Oliver Reed, qui est payé la fortune de 1000 £ pour interpréter le cardinal Wolsey). L’écrivain et historien Louis N. Parker sert de conseiller historique, la danseuse Margaret Morris est responsable de la chorégraphie lors du banquet à Wolsey’s Palace et Edward German compose une partition musicale pour accompagner les images muettes. L’immense succès public du film – vendu en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis – suscite une série de réductions cinématogaphiques de Shakespeare, notamment un Macbeth (1916) à nouveau avec Beerbohm Tree dans le rôle-titre. (En cas d’échec public ou artistique du film, Barker s’était engagé à brûler les 20 copies existantes.) Le tournage a lieu en février 1911 aux studios BMP de West Lodge à Ealing (Middlesex), avec 200 figurants ; décors, costumes et acteurs proviennent de la mise en scène de la pièce au His Majesty’s Theatre, spectacle qui fait un malheur avec 254 représentations de septembre 1910 à avril 1911.
Notons que Shakespeare reste discret quant aux diverses épouses d’Henry VIII et leur sort tragique : la prudence est de mise, car le terrifiant satrape (dont le bilan de victimes est infiniment supérieur à celui d’un Richard III) est le père de la reine Elizabeth ! Or l’Angleterre élisabéthaine a une image positive du roi, ce héros national sage, bienveillant, indulgent (!) et vertueux qui a délivré le pays de l’influence corruptrice du Vatican. Le Grand Barde n’aborde qu’une petite partie de son règne, taisant ou ignorant ses guerres ruineuses, ses dépenses extravagantes, son despotisme vicieux et lubrique. L’intrigue montre la dignité et la résignation de Catherine d’Aragon lors du divorce et reprend quelques événements marquants du règne, comme l’exécution du duc de Buckingham, la chute de Wolsey, le couronnement d’Anne Boleyn et le triomphe de l’archevêque Thomas Cranmer (qui a encouragé la rupture du roi avec Rome), enfin, en apothéose, le baptême de la petite Elizabeth. Cet éclairage lénifiant, tribut symbolique à la dynastie des Tudors, correspond aussi à l’image de la royauté sous la reine Victoria et ses successeurs Edward VII (décédé en 1910) et George V, ce qui explique le succès de Beerbohm Tree. (Cf. aussi dramatique tv de 1979.)
1911Une intrigue à la cour d'Henry VIII d’Angleterre / Anne de Boleyn (FR) de Camille de Morlhon
Pathé Frères S.A. (Paris)/Série d'Art, 800 m. (dont 698 en couleur)/14 min. – av. Henri Etiévant (Henry VIII), Madeleine Roch (Jane Seymour), Léontine Massart (Anne Boleyn), Auguste Volny (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Henry Krauss, Edmond Duquesne.
Henry VIII songe à répudier Catherine d’Aragon. L’ambitieuse Jane Seymour, dame d’honneur de la reine, entrevoit alors la possibilité d’accéder au trône. Invitée par le roi à un déjeuner champêtre, un accident l’empêche d’y assister et le hasard donne sa place à la table royale à la douce Anne Boleyn, dont la simplicité et le charme l’emportent. Folle de jalousie, Jane Seymour parvient à réunir dans un rendez-vous nocturne la nouvelle reine et un jeune gentilhomme. Toutes les apparences condamnent la malheureuse Anne qui est conduite à l’échafaud tandis que, peu après, Jane Seymour ceint sur sa tête la couronne royale. – « Drame historique » filmé dans les studios Pathé à Vincennes. Le film est rebaptisé Anne de Boleyn en 1914. – US : Anne Boleyn ; A Court Intrigue in the Reign of Henry VIII of England.
1912Cardinal Wolsey (US) de James Stuart Blackton et Lawrence Trimble
Vitagraph Co. of America, 1000 ft./325 m./9 min. – av. Hal Reid (le cardinal Thomas Wolsey), Clara Kimball Young (Anne Boleyn), Julia Swayne Gordon (Catherine d’Aragon), Tefft Johnson (Henry VIII), Logan Paul, George Ober, Robert Gaillard.
Alors qu’il discute avec Catherine d’Aragon et son aumônier privé, le puissant cardinal et homme d’État Thomas Wolsey (v.1471-1530), Henry VIII guigne par la fenêtre et observe Anne Boleyn en train de changer de robe. Wolsey met la reine au courant des nouveaux appétits de son royal époux et celle-ci affronte la colère du roi en brandissant un crucifix. Wolsey tente de dissuader Henry de divorcer et en appelle au pape Clément VII, une lettre que le roi intercepte. Une fois Anne Boleyn reine, le cardinal dénonce la nouvelle traduction de la Bible qui justifie l’annulation du premier mariage du souverain. Mal lui en prend : destitué, tous ses biens confisqués, Wolsey meurt d’épuisement à l’abbaye de Leicester au cours de son transfert à la tour de Londres où il devait être exécuté pour haute trahison. – Le film montre à tort une scène où le courageux homme d’Église excommunie le roi, ce dont il n’aurait pas eu le pouvoir, et passe sous silence les tractations secrètes entre Catherine et le pape afin de contraindre Anne à l’exil. Pas un mot non plus du Traité de Londres de 1518 dont Wolsey fut l’artisan, pacte de non-agression entre les grandes puissances européennes qui influença fortement le Siècle des Lumières. Un film tourné dans les studios de la Vitagraph à Flatbush (Brooklyn), en s’inspirant de passages tirés de la pièce The Famous History of the Life of Henry VIII de William Shakespeare et John Fletcher (1613).
1913Anne de Boleyn (FR) d’Henri Desfontaines et Louis Mercanton
Société Générale des Cinématographes Éclipse-Charles Urban Trading Co. (Paris), 600 m. – av. Laura Cowie (Anne Boleyn), Max Maxudian (Henry VIII), Albert Decoeur (Sir Thomas Wyatt), Suzanne Méthivier (Jane Seymour), Laurence Duluc (Margaret).
L’année précédente, le tandem artistique Desfontaines-Mercanton a signé La Reine Elizabeth avec la grande Sarah Bernhardt et l’Arménien Max Maxudian dans le rôle du comte de Nottingham. Maxudian donne cette fois la réplique à l’actrice écossaise Laura Cowie, qui reprend le rôle-titre déjà tenu dans le Henry VIII de William Barker deux ans plus tôt. Le scénariste Paul Garbagni imagine une réception de la Cour à Greenwich en 1532 où le politicien, ambassadeur et poète Sir Thomas Wyatt (1503-1542) lit des vers de sa composition à la reine Catherine d’Aragon. Henry VIII y aperçoit la nouvelle dame d’honneur de la reine, Anne Boleyn, qui est amoureuse de Wyatt. Le roi convie Anne à Windsor, organise une chasse en son honneur et lui offre un bijou. Wyatt reproche à la jeune femme de se laisser acheter et Henry VIII, jaloux, bannit Wyatt de la cour. Anne suit le roi ... et perd la tête lorsque Jane Seymour fait son apparition à Windsor.
On soupçonne effectivement une liaison amoureuse entre le poète et Anne Boleyn avant son mariage avec le roi, et il fut incarcéré en mai 1536 à la Tour de Londres pour adultère avec elle, mais, protégé par Catherine d’Aragon et faute de preuves, le poète échappa au billot et mourut dans son lit. Dans ses intertitres, la version du film distribuée aux USA transforme Thomas Wyatt en Sir Henry Norris (1482-1536), porte-coton du roi qui fut, lui, un des cinq malheureux décapités en même temps que la reine tombée en disgrâce.
1915® The Prince and the Pauper (US) d’Edwin S. Porter, Hugh Ford. – av. Robert Broderick (Henry VIII).
1920® Prinz und Bettelknabe (AT) d’Alexander Korda. – av. Alfred Schreiber (Henry VIII).
“Anna Boleyn” d’Ernst Lubitsch (1920) : le tyran (Emil Jannings) et sa proie (Henny Porten).
1920** Anna Boleyn (Anne de Boleyn / Anne Boleyn) (DE) d’Ernst Lubitsch
Paul Davidson, Kurt Waschneck/Messter-Film GmbH (Berlin)-Projektions-AG « Union » (PAGU, Berlin)-Universum-Film AG (UFA), 6 actes, 2793 m./118 min. – av. Emil Jannings (Henry VIII), Henny Porten (Anna Boleyn), Paul Hartman (Sir Henry Norris), Hedwig Pauly-Winterstein (Catherine d'Aragon), Hilde Müller (Mary Tudor, soeur cadette d’Henry VIII), Aud Egede Nissen (Jane Seymour), Adolf Klein (le cardinal Thomas Wolsey), Ludwig Hartau (Thomas Howard, duc de Norfolk), Maria Reisenhofer (Jane Boleyn, vicomtesse Rochford), Ferdinand von Alten (Marc Smeaton, musicien), Wilhelm Diegelmann (le cardinal Lorenzo Campeggio), Friedrich Kühne (l’archevêque Thomas Cranmer), Josef Klein (Sir William Kingston, commandant de la Tour), Paul Biensfeldt (le bouffon), Karl Platen (le médecin du roi), Erling Hanson (le comte Percy), Sophie Pagay (la nourrice), Albert Steinrück, Friedrich Schütze.
Synopsis : Nièce du grand-duc de Norfolk, Anne Boleyn rentre en bateau dans son pays natal après des années passées en France et retrouve son amour de jeunesse, Sir Henry Norris. Elle est appelée à la Cour au service de la reine Catherine d’Aragon où elle attire l’attention du roi en fuyant ... lorsque sa robe reste coincée dans une porte et qu’il accourt à son aide. Elle a une mission sacrée, annonce-t-il, celle “de lui procurer un héritier au trône d’Angleterre”. Harcelée, Anne finit par accéder à sa demande en mariage tout en restant éprise de Norris qui, lui, la rejette. Henry VIII charge Norris d’éloigner Mary Tudor (fille de son épouse répudiée) pendant la cérémonie de mariage, mais la princesse, délivrée par la foule, force l’entrée de la cathédrale de Westminster, traite Anne de “putain” et exige qu’elle rende sa couronne. Les protestataires sont chassés par la soldatesque, Mary s’enfuit, Norris s’évanouit sur le parvis, Anne est bouleversée. Le bouffon la met en garde contre un musicien, Mark Smeaton, qui l’a surprise en compagnie de son ancien amour le jour où, lors d’une fête printanière, Henry a disparu avec Jane Seymour dans les bois. Norris a tenté de l’embrasser mais Anne, fidèle à son époux volage, l’a repoussé. Smeaton cherche à la faire chanter, elle s’évanouit. Peu après, elle met au monde une petite fille, Elizabeth, mais Henry lui tourne le dos et s’en va à la chasse avec sa nouvelle maîtresse. Anne intervient pour défendre son mariage et tente d’éloigner la rivale. Dans la salle à manger, Smeaton chante un air qui sous-entend qu’Anne trompe son époux, mais l’oncle d’Anne défend son honneur devant le roi. Ce dernier reste soupçonneux. Le lendemain durant un grand tournoi, les deux femmes du roi rivalisent de beauté. L’oncle d’Anne charge un sbire d’éliminer l’encombrant Norris pendant les joutes et celui-ci est gravement blessé dans l’arène. La reine désespérée crie son nom ; elle est arrêtée et son oncle qui préside le tribunal est chargé de la faire disparaître. Norris meurt sous la torture, Smeaton est supplicié et pendu après avoir signé de faux aveux. Condamnée à mort, Anne supplie le prêtre de pouvoir faire ses adieux à son enfant, mais le clerc refuse. Anne marche seule vers le billot où elle sera décapitée à la hache. (Pour les détails du drame, cf. le film Anne of the Thousand Days, 1969).
« Anna Boleyn » (1920) : Le cortège du couronnement à Westminster – La marche vers l’échafaud.
 Au lendemain de la guerre, la UFA berlinoise qui vient de naître de par la volonté conjuguée des militaires et de la haute finance allemande a reçu pour mission de produire des films illustrant les épisodes les moins reluisants des pays vainqueurs, une sorte de campagne de propagande anti-alliée. Ainsi, Louis XV, Ivan le Terrible, Danton, Cesare Borgia, Henry VIII font leur entrée sur les écrans germaniques. C’est dans ce cadre, mais sans intentions politiques claires, qu’Ernst Lubitsch, le « Molière du Septième Art », tourne en rapide succession cinq superproductions historiques – dont Madame Dubarry (1919), Anna Boleyn et Das Weib des Pharao/La Femme du pharaon (1921) – qui vont amener les Américains à s’intéresser à lui. Leur importance vient du fait qu’ils diffèrent radicalement de l’école italienne en vogue à cette époque, marquée surtout par l’opéra (Cabiria et autres péplums grandiloquents). Lubitsch cherche à « désopératiser » ses sujets, à humaniser ses personnages, à traiter les nuances intimes sur le même plan que le spectaculaire. Il montre l’histoire par le petit bout de la lorgnette, carambole les événements historiques, représente ceux-ci comme les conséquences de conflits psychologiques. Ses monarques ressemblent à tout le monde, agissent comme tout le monde. Anna Boleyn, qui cherche à capitaliser sur le succès international de Madame Dubarry, est le film le plus important de Lubitsch pour cette période et, à ce jour, sans doute le plus spectaculaire de tous ceux consacrés à l’ère des Tudor. On est certes encore loin de l’inimitable sophistication et de l’élégance enjouée du futur auteur d’Angel (1937), de Ninotchka (1939) ou de To Be or Not to Be (1942), mais la patte du maître y est déjà présente dans de nombreux détails.
La production cumule les superlatifs, déjà par le fait qu’il s’agit alors du film le plus cher fabriqué en Allemagne et que sa réalisation, du 20 juillet au 25 octobre 1920, attire d’importants visiteurs, dont Friedrich Ebert, le président de la nouvelle République de Weimar, accompagné de divers ministres et de députés au Reichstag. N’est-ce-pas déjà un Allemand – Hans Holbein le Jeune – qui immortalisa Henry VIII et ses proches en peinture, se pavane la presse de l’époque ? Le tournage se fait aux studios de Berlin-Tempelhof (Ufa-Messter et Ufa-Union Ateliers) et en extérieurs sur les rives du Liepnitzsee près de Wandlitz. Hans Poelzig et Kurt Richter recréent méticuleusement façades ou répliques partielles du château de Windsor, de Hampton Court, de la Tour de Londres, du port de Douvres et de Westminster Abbey ; 4000 figurants (des chômeurs sous-alimentés qui susciteront quelques manifestations houleuses) animent tournois, défilés, cérémonies royales, chasses et fêtes populaires. « L’Allemagne est le seul pays où l’on mette en scène ce genre de chose d’une manière impeccable, commente ironiquement Kurt Pinthus. J’ai toujours le sentiment que nous récoltons aujourd’hui, au théâtre comme au cinéma, les fruits du militarisme de jadis. Les scènes de masse ne peuvent être menées d’une manière aussi précise qu’avec un peuple habitué à la manœuvre » (Das Tage-Buch, 31.12.20). Lubitsch parvient en effet à lier avec virtuosité les mouvements de foules avec le drame intimiste, une dramaturgie qui trahit l’influence du grand Max Reinhardt.
Henny Porten, la toute première star du cinéma allemand (active depuis 1906) est admirée, adulée alors que son physique n’a rien de charmeur. Elle s’est spécialisée dans les rôles de mater dolorosa teutonne, petite-bourgeoise sage, affectueuse et vertueuse et joue ici la vierge effarouchée, puis l’épouse humiliée et apeurée, enfin la victime terrorisée. Le peintre Lovis Corinth la dessine en Anne Boleyn pour la campagne publicitaire du film. Sa première apparition la montre déjà victime impuissante du roulis des vagues, allégorie des marées de l’Histoire. Visiblement, n’étant ni ambitieuse ni calculatrice, elle ne fait pas le poids face à son époux et aujourd’hui, ses mimiques et lamentations ont vieilli. Mais les dernières images restent très poignantes et sobres, avec la jeune martyrisée en longue chemise blanche marchant hagarde vers l’échafaud, encadrée par deux bourreaux tandis que la porte de la salle d’exécution se referme sur le mot « fin ». Son tortionnaire est campé par un véritable « monstre sacré » que Lubitsch connaît depuis leurs années communes de formation au théâtre de Reinhardt : Emil Jannings, dont le public se souvient à présent surtout en tant que pathétique professeur Unrath dans Der blaue Engel (L’Ange bleu). Le cinéaste fera huit fois appel à lui entre 1917 et 1921. Son Henry VIII est un grand enfant capricieux et un tyran brutal (il fouette son bouffon jusqu’au sang), colosse débauché, ripailleur, imbu de son pouvoir et bien sûr infidèle, qui « ressemble plus à un bourgmestre allemand aviné qu’au souverain d’une des nations les plus civilisées – même si les plus brutales – de l’époque » (Télérama 21.2.07) ; Lubitsch et Jannings introduisent le prototype du tyran pantagruélique et lubrique qui engloutit des poulets en se servant de ses mains ; de toute évidence, Charles Laughton s’en souviendra treize ans plus tard dans The Private Life of Henry VIII, la bestialité et le sadisme en moins. Dans le contexte germanique (et compte tenu des choix idéologiques de Jannings sous le nazisme), la réduction histrionique du boucher couronné pousse un Siegfried Kracauer à voir en ce Henry VIII de celluloïd « un précurseur d’Hitler », ce qui est sans doute excessif mais laisse songeur (From Caligari to Hitler, Princeton, 1947, chap. 4). Si la gravité l’emporte, l’œuvre bascule de la comédie de mœurs au superspectacle et à la tragédie avec, déjà, un zeste d’ironie qui piaffe derrière la chronique de tableaux vivants, et parfois des cadrages inventifs qui annoncent le génie lubitschien en gestation (la cabine en mer qui se balance avec ses habitants, la paroi de lances contre le peuple, et, déjà, le rôle déterminant des portes qui cachent, révèlent et closent à la fois). Sorti en décembre 1920, le film récolte un succès considérable en Allemagne et fait sensation à New York le printemps suivant sous le titre de Deception  tromperie ») ; le film, qui a coûté 8,5 millions de Reichsmarks, est vendu aux États-Unis pour 14 millions de Marks (soit 200’000 $ de l’époque). Deux ans plus tard, Lubitsch s’embarque pour Hollywood où la presse l’a surnommé (à tort) « le Griffith européen » en raison de la démesure de ses productions historiques. – ES: Ana Bolena, IT: Anna Bolena, US: Deception.
1922The Threefold Tragedy / The Unwanted Bride / The Queen’s Secret (Henri VIII et ses femmes) (GB) d’Edwin Greenwood
Série « Romance of British History », British & Colonial Films (London), 760 m.+650 m.+380 m./1700 m. – av. Lauderdale Maitland (Henry VIII), Thelma Murray (Catherine d'Aragon), Margaret Yarde (Anne de Clèves), Gordon Hopkirk, Janet Alexander, Edith Morley, Sylvia Caine.
Trois courts métrages filmés aux studios de Hoe Street à Walthamstow (Londres) et réunis en un long métrage pour l’exploitation à l’étranger.
1924In Tudor Days (GB) de Gerald Ames
Série « Fights through the Ages », Regent Films, 320 m. – av. Gerald Ames.
Court métrage didactique tourné aux studios de Surbiton à Park Road, aménagés dans le manoir de Regent House (Kingston-upon-Thames).
1926Hampton Court Palace (GB) de Bert Cann
Série « Haunted Houses and Castles of Great Britain », Cosmopolitan Productions, 486 m. – av. Gabrielle Morton (Catherine Howard), Eric Cowley (Sir Thomas Culpeper), Shep Camp (Henry VIII), Adeline Hayden Coffin (Mary Lasselles).
Le château de Hampton Court (Richmond upon Thames, Londres) serait hanté : ce fut la résidence favorite de Henry VIII et le lieu où la reine consort Catherine Howard entama une liaison avec Thomas Culpeper. Le témoignage de Mary Lassell(e)s, femme de chambre et épouse du réformateur protestant John Lasselles, leur est fatal, ils sont décapités.
1929A Princess of Destiny (US) de Tom Terriss
Série « Great Events », Herbert T. Kalmus/Colorcraft Pictures Corp.-Technicolor Motion Pictures Corp.-Metro-Goldwyn-Mayer, 1340 ft./2 bob. – av. Anders Randolf (Henry VIII), Doris Lloyd (Anne Boleyn), Dorothy Gould (Jane Seymour), Lloyd Ingraham (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Fairfax Burgher.
Court métrage muet en Technicolor bichrome. Titre de travail : A Royal Lover.
1933® Don’t Play Bridge with Your Wife (US) de Leslie Pearce. – av. Richard Kramer (Henry VIII), Marjorie Beebe (Anne Boleyn).
1933*** The Private Life of Henry VIII (La Vie privée d'Henri VIII) (GB) d’Alexander Korda
Alexander Korda, Ludovico Toeplitz/London Film Productions, 97 min. – av. Charles Laughton (Henry VIII), Binnie Barnes (Catherine Howard), Elsa Lanchester (Anne de Clèves), Merle Oberon (Anne Boleyn), Wendy Barrie (Jane Seymour), Everley Gregg (Catherine Parr), Robert Donat (Thomas Culpeper, amant de Catherine Howard), Franklin Dyall (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), John Turnbull (Hans Holbein le Jeune), Miles Mander (Thomas Wriothesley, comte de Southampton), Laurence Hanray (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), William Austin (Jean III, duc de Clèves), John Loder (Thomas Peynell), Frederick Culley (Thomas Howard, duc de Norfolk), William Heughan (Sir William Kingston), Judy Kelly (Jane Boleyn, vicomtesse de Rochford), Hay Petrie (le barbier du roi), Wally Patch (le boucher), Arthur Howard (l’aide-cuisinier), Annie Esmond (la femme du cuisinier), Claude Allister (Cornell), Gibb McLaughlin (le bourreau français), Sam Livesey (le bourreau anglais), Lady Tree (la nourrice royale), Robin Livingstone (le petit prince Edward), Florence Woodgate (la petite princesse Elizabeth).
Pas nécessairement le plus brillant mais sans conteste le plus célèbre film en la matière. Quand son auteur, Alexander (Sándor) Korda, fonde la légendaire London Film Productions – la cloche Big Ben figure au générique – avec ses frères Vincent et Zoltán, il a déjà plus de 50 films derrière lui. Le premier remonte à 1914 à Budapest. Sa carrière s’est poursuivie à Vienne, à Berlin, à Hollywood, à Paris, enfin au Royaume-Uni dès 1932 où il ambitionne avec ses frères de créer de grands films d’exportation, car la production locale est dans son ensemble très médiocre et de peu d’envergure (le jeune Hitchcock excepté). Mais au début de l’année 1933, la London Film frôle la faillite, ayant perdu le soutien de Gaumont-British et des distributeurs britanniques. Korda se débat comme un diable, use de son charme proverbial et paie ses employés qui lui sont restés fidèles avec des sourires et des promesses plutôt qu’avec du cash. Pour sauver la société, il a l’idée de miser sur un genre qui a fait son succès inespéré à Hollywood en 1927 : la comédie satirique muette The Private Life of Helen of Troy.
En un premier temps, Korda parvient à attirer Charles Laughton, qui jouit déjà d’une petite réputation sur la côte du Pacifique (il vient d’y apparaître en Néron homosexuel dans Sign of the Cross de Cecil B. DeMille et en terrifiant Dr. Moreau dans Island of Lost Souls) et se prépare justement à interpréter Henry VIII de Shakespeare en décembre sur les planches du Sadler’s Wells Theatre. Il a la silhouette de l’emploi – et le format ; le sujet s’impose donc naturellement, le rôle étant taillé sur mesure. Korda connaît bien la période Tudor, car en 1920 en Autriche il a réalisé Prinz und Bettelknabe, adaptation de Le Prince et le Pauvre de Mark Twain (cf. infra, s. Edward IV). Laughton se plonge dans son travail avec enthousiasme. Son épouse Elsa Lanchester, qui sera immortalisée en Fiancée de Frankenstein en 1935, négocie les contrats et joue elle-même Anne de Clèves, une des élues destinées à l’alcôve royale dans l’épisode le plus hilarant du film (qui est aussi le point de départ du script). Il faut sept scénarios pour concocter la formule définitive, car on envisage d’abord d’illustrer seulement la relation avec Anne (titres de travail : Royal Husband, The Fourth Wife of Henry VIII). Reste à trouver l’argent. L’apport financier vient non des Anglais qui se dérobent tous, mais de la United Artists américaine (sur ordre de Douglas Fairbanks), intéressée à la distribution de films qui sortent du lot aux États-Unis, et, à la dernière minute, aussi d’un banquier italien, Ludovico Toeplitz (Rome). Or Henry VIII est le monarque britannique les plus connu dans le Nouveau Monde, surtout depuis que son portrait a figuré dans une vaste campagne publicitaire pour une bière locale dans le Midwest !
Korda tourne pendant cinq semaines, de la mi-mai au début juillet 1933, aux British & Dominions Studios à Elstree/Borehamwood et à Hatfield House (Hertfordshire). Une légende veut que le film ait été fabriqué avec des bouts de ficelle, alors que ses coûts réels (93’710£, soit le double du budget annoncé) furent inhabituellement élevés pour une production locale. Tous les salaires sont mis en participation et plusieurs acteurs, dont Laughton, n’auraient été payés qu’une fois le film en salle. Les décors sont de dimensions modestes, mais très astucieusement mis en valeur par la caméra (on ne quitte pratiquement pas le palais de Hampton Court) ; les meubles d’époque sont empruntés à des musées ou collections privées, on porte les mêmes costumes tout au long du film. Le travail est parfois ralenti par les humeurs, caprices ou états d’âme de Laughton qui, aussi minutieux qu’exigeant, fait répéter ses confrères avant les prises de vue. Une dispute avec Korda à propos de son personnage retarde le tournage de trois jours. « Pour Laughton, jouer équivaut à un enfantement, ce n’est pas un metteur en scène qu’il lui faut, mais une sage-femme ! » dira son producteur. Merle Oberon fait une apparition brève mais remarquée en Anna Boleyn, une très belle actrice d’origine mi-galloise mi-sri lankaise qui deviendra Mme Korda en 1939.
Le portrait de Holbein et Charles Laughton en Henry VIII.
 « Henry VIII avait six femmes », rappelle le prologue (pour le spectateur, c’est l’essentiel) : « Catherine d’Aragon était la première, mais son histoire est sans intérêt, c’était une femme respectable. Donc Henry divorça, puis épousa Anne Boleyn. Ce mariage fut aussi un échec, mais pas pour les mêmes raisons... » Le récit commence dans la bonne humeur (et l’humour noir). Le jour de l’exécution d’Anne Boleyn, le bourreau français (venu exprès de Calais) sifflote en aiguisant son épée, à la colère du bourreau britannique qui a dû lui céder sa place, la hache étant considérée indigne du cou d’une si belle reine... La populace s’agglutine autour de l’échafaud, on veut des bonnes places et on prie la dame assise devant soi d’enlever son chapeau car on ne voit pas le billot. Résignée, la condamnée murmure qu’on l’appellera désormais « Anne Sans-Tête ». Boleyn et Seymour font les mêmes gestes et disent la même chose (« what a lovely day ») au même moment, la mort de l’une permet le mariage de l’autre. Les dames de cour bavardent : « Anne Boleyn meurt ce matin, Jane Seymour prend sa place cette nuit. Quelle chance ! » – « Pour laquelle des deux ? ». Leitmotiv du film : le lit nuptial préparé par les domestiques (seuls les initiales sur les draps changent), l’échafaud, les commentaires dans les cuisines avant les banquets et ceux du barbier du roi sur la nécessité de se (re)marier. Korda parcourt l’Histoire au galop, sautant les années, le ton amusé, les allusions paillardes. C’est une Histoire vue par le trou de la serrure ; l’imagerie populaire y anime un recueil de saynètes qui bascule entre le tragique, le picaresque, le sarcastique et le mélancolique.
Son roi apparaît la première fois dans l’embrasure de la porte comme dans la toile de Hans Holbein le Jeune (1537), autocrate assertif, les lèvres serrées, les mains sur les hanches, les jambes écartées. Au risque de surjouer (sujet de dispute entre le comédien et son metteur en scène), Laughton brosse le portrait quasi caricatural d’un dictateur tour à tour truculent, criard, rageur (il tape du pied), vulgaire et féroce. À table, il désosse de ses mains graisseuses un poulet entier qu’il fourre dans sa bouche tout en proclamant que « le raffinement est chose du passé, les bonnes manières se perdent », puis lance os et restes de la volaille derrière lui et rote bruyamment. Ses immenses éclats de rire terrorisent la Cour qui rit timidement en écho. Mais, prisonnier de la raison d’État et poussé à avoir des héritiers mâles, le personnage se modifie au fil des épouses et du temps. Joyeuse bécasse, Jane Seymour meurt en couches. Le roi estime que « Catherine d’Aragon était trop intelligente, Boleyn trop ambitieuse et Jane Seymour stupide ». Henry envisage la conjointe suivante avec fatalité et bientôt avec effroi : Anne de Clèves alias la duchesse Anna von Jülich-Kleve-Berg ne veut pas de lui, elle aime le peintre Peynell. La nuit de noces, Anne massacre l’anglais avec un accent germanique désopilant, joue la demeurée, mâche une pomme et s’enlaidit en faisant des grimaces. Mais le roi ne peut reculer, refuser signifierait la guerre en Europe (« ce que j’aurai fait pour l’Angleterre ! » soupire-t-il). En attendant, le couple réticent joue aux cartes sur le lit nuptial, la fausse oie blanche plume Sa Majesté, puis obtient le divorce au petit matin avec de confortables compensations matérielles et l’autorisation d’épouser son Peynell. Henry l’a échappé belle !
Puis le roi perd la tête pour la voluptueuse Catherine Howard, dame de cour rusée, intrigante, qui le séduit en chantant au banquet mais lui refuse sa porte. Amoureux pataud, il tente en vain de la rejoindre discrètement la nuit, sa garde veille dans les couloirs et annonce sa venue à haute voix… Une fois marié, le benêt royal s’assagit (« je veux la paix, que la France et l’Allemagne cessent de s’entretuer ! »). « Catherine était heureuse avec sa couronne, Henry était heureux avec sa Catherine », résume le narrateur, sauf que la nouvelle reine consort trompe son conjoint avec le beau Thomas Culpeper, secrétaire privé et ami du roi. Pour impressionner sa jeune épouse lors d’un festin, Henry se mesure imprudemment à un lutteur et fait un malaise. « Voilà ce qui arrive quand on a 50 ans et qu’on veut faire croire à sa femme qu’on en a 30 », commente Catherine. Lorsque l’archevêque de Canterbury lui révèle l’adultère de son adorée, il s’effondre, pleure de chaudes larmes, geint (« mea culpa, mea maxima culpa ») puis envoie les coupables au billot. Ellipse : prisonnier emmitouflé dans une couverture de laine, les cheveux et la barbe blanchis, Henry subit les remontrances de sa dernière compagne, Catherine Parr. Dragon de ses vieux jours, la faconde intarissable, elle surveille sa digestion et lui interdit la boisson. Le monarque réduit à une baudruche pathétique se tourne vers la caméra : « Six épouses, et la meilleure est la pire de toutes ! ». Fin.
Charles Laughton et son épouse Elsa Lanchester (Anne de Clèves) dans une scène comique.
 Certes, le portrait de glouton obèse et lascif popularisé par Laughton (et Jannings avant lui) est fortement contesté par l’historiographie. Les sources existantes montrent un monarque qui avait la stature physique d’un géant, ne mangeait jamais en public dans les grandes halles de son palais et dont les manières à table étaient plutôt raffinées (à l’image de l’étiquette de sa cour). L’authentique Henry VIII était un homme exigeant voire obsédé en matière d’hygiène ; avec les femmes, il se montrait discret, même prude. Mais Korda se veut moins historien qu’observateur sardonique et drôle d’une cour dont les particularismes ont marqué le folklore de son pays d’accueil. Les réalités socio-politiques, les réformes et bouleversements des Tudor ne l’intéressent pas et sa fascination pour l’Empire et la gloriole britanniques ne sont un secret pour personne (il sera naturalisé en 1936 et anobli en 1942). Le film ne dépeint pas le despote paranoïaque ou le monarque politiquement agressif qui a marqué son siècle (Henry VIII était les deux) mais le cas d’un homme seul, qui a l’autorité suprême sur ses sujets mais s’avère impuissant à forcer leur affection, ne sachant jamais s’il est aimé pour lui-même ou pour son pouvoir. Les deux épisodes les plus longs (Anne de Clèves, Catherine Howard) tournent autour de deux épouses amoureuses d’un autre. Toutes ces dames le manipulent et l’utilisent à leurs propres desseins, et la jeunesse disparue, reste une figure vulnérable, émasculée et tragique, constamment trahie par la vie. Grâce à l’interprétation mémorable de Laughton qui force le trait en accentuant la vulgarité et à une réalisation sans temps morts, cette « vie privée » acquiert une dimension universelle (servie toutefois avec un zeste de misogynie du cru qui ne passerait plus aujourd’hui). Pas un mot, en revanche, de la cohorte phénoménale de gens, à la cour comme ailleurs, dont il a impitoyablement ordonné la mise à mort. Une approche crue et réaliste du règne de Henry VIII eut sans doute été refusée en bloc par le public britannique (et probablement aussi par la censure) des années trente-quarante. Les Windsor sont en tout cas satisfaits de cette « humanisation » de la personne royale.
À l’instar du Napoléon d’Abel Gance, épopée française financée par un consortium d’Allemands, de Russes blancs, d’Espagnols, de Suédois, de Hollandais et de Tchèques, le Henry VIII de Korda avec ses bailleurs de fonds italo-américains démontre de manière flagrante l’incapacité des Anglais à promouvoir une initiative « nationale » à la fois originale et d’envergure. Refusé au départ par tous les distributeurs, boudé par quelques critiques en raison de la représentation bouffonne du monarque, ce film aura pourtant plus fait pour le prestige de l’industrie cinématographique locale, dans le pays comme à l’étranger, que tout ce qui avait été entrepris jusqu’alors dans ce domaine en Grande-Bretagne. Quant à Korda, il affirme que pour réussir un sujet « national », la meilleure approche doit être internationale ; la première mondiale a donc lieu au cinéma Lord Byron à Paris (1.10.33), puis à New York (12.10.) et à Londres (24.10.). Si les acteurs, tous promis à la célébrité, sont bel et bien britanniques, le producteur-réalisateur, le scénariste-dialoguiste (Lajos Biró) et le décorateur (Vincent Korda) sont hongrois, le chef opérateur est français (Georges Périnal), le musicien est allemand (Kurt Schröder) et le monteur américain (Stephen Harrison). Henry VIII est le premier film étranger à récolter un Oscar à Hollywood (pour Charles Laughton) ainsi qu’une nomination comme meilleur film ; le New York Times le place sur la liste des dix meilleurs films de l’année. Et c’est la toute première production anglaise à faire une carrière internationale, de la Suède au Portugal, de la Hongrie à l’Argentine, au Mexique, en Finlande ... et même dans le Reich. À New York, le film encaisse en une semaine d’exploitation plus de la moitié de ses coûts de production ; les recettes mondiales se montent à 214,360£. C’est enfin le premier scénario anglais à avoir été publié intégralement sous forme de livre, chez Methuen Publishing Ltd. (1934). Aux États-Unis, la censure puritaine impose son veto sur quelques passages grivois, tandis qu’en Angleterre, le Parlement débat à propos de l’opportunité de distribuer en Inde coloniale un film aussi irrespectueux envers la Couronne. En France, dans sa comédie François Ier (1937), Christian-Jaque fait dire un lapsus à Fernandel, qui, présenté à Henry VIII, l’appelle « Monsieur Laughton » avant de se reprendre... Ce triomphe critique et public suivi, l’année suivante, de celui de The Scarlet Pimpernel (Le Mouron rouge) avec Leslie Howard (d’origine germano-magyare) et Merle Oberon va permettre à Korda de construire son propre studio à Denham – et au cinéma anglais de connaître un premier âge d’or.
DE: Sechs Frauen und ein König, AT: Das Privatleben Heinrichs VIII., IT: Le sei mogli di Enrico VIII, ES: La vida privada de Enrique VIII.
1934Henry the Ache (US) de Ray McCarey
Monroe Shaff, Meyer Davis/Van Beuren Studios, 20 min. – av. Bert Lahr (Henry VIII), Janet Reade (Catherine Howard), Leni Stengel (Anne de Clèves), Monte Collins Jr. (Sir Thomas Culpeper), Shemp Howard (Artie, laquais du roi) et The Girlfriend Trio.
La nouvelle reine, Anne de Clèves, découvre que son royal époux a de sérieuses lacunes en ce qui concerne les femmes et se tourne vers Sir Thomas Culpeper, amant secret de Catherine Howard, pour des conseils pratiques... Une comédie burlesque qui voudrait parodier le film d’Alexander Korda, mais hélas, le réalisateur Ray McCarey n’a ni le talent ni la verve comique de son frère, le grand Leo McCarey.
1937(tv) Catherine Parr (GB) de George More O’Ferrall
Série « Theatre Parade », George More O’Ferrall/BBC Television (BBC 7.1.37), 12 min. – av. Miriam Adams (Catherine Parr), Alban Blakelock, Lionel Dixon.
La comédie en un acte Catherine Parr or Alexander’s Horse de Maurice Baring (1911) se déroule à Londres en 1548. Henry VIII et sa sixième épouse Catherine Parr se disputent au petit-déjeuner à propos des oeufs trop liquides, puis de la couleur de Bucéphale, le cheval préféré d’Alexandre le Grand. Le roi se fache et ordonne à son page de chercher le Chambellan et de préparer l’exécution de Catherine à la Tour de Londres. La reine s’apprête à partir quand le roi la retient pour faire de la musique ensemble. Pièce enregistrée en direct dans les studios BBC d’Alexandra Palace (North London).
1937[épisode] Les Perles de la Couronne (FR) de Sacha Guitry et Christian-Jaque
Serge Sandberg/Impéria Films Production-Cinéas, 120 min. – av. Lynn Harding (Henry VIII), Barbara Shaw (Anne Boleyn), Percy Marmont (le cardinal Thomas Wolsey), Rosine Deréan (Catherine d'Aragon), Jacqueline Pacaud (Jane Seymour), James Craven (Hans Holbein le Jeune), Yvette Pienne (Mary Tudor), Colette Borelli (Mary Stuart enfant), Ermete Zacconi (le pape Clément VII), Sacha Guitry (François Ier).
La couronne royale d’Angleterre était ornée de sept perles fines, jadis offertes par le pape Clément VII à sa nièce Catherine de Médicis ; quatre des perles, remises à Elizabeth Ière peu après l’exécution de Mary Stuart ornent encore les arceaux de la couronne, mais où sont passées les trois autres ? Un romancier parisien (Guitry), un officier de Maison royale britannique et le camérier du pape au Vatican s’interrogent simultanément sur l’origine de ces perles dont le spectateur suit la destinée à travers les siècles, grâce à un art du montage presque insolent. Un puzzle subtil de vignettes où Guitry – qui comprend enfin la langue anglaise quand les Anglais parlent en français ! – décrit avec férocité têtes couronnées et séductrices fanées. À Windsor, Holbein œuvre au célèbre portrait de Henry VIII tandis que celui-ci est à table avec Anne Boleyn et Jane Seymour, dont il s’est épris. Le roi s’empare d’un poulet et lui tranche le cou avec un couteau, puis rit aux éclats sans quitter Anne des yeux... Tournage aux studios de Billancourt avec Christian-Jaque comme collaborateur technique. Un régal.
1937® François Ier (FR) de Christian-Jaque. – av. Alexandre Rignault (Henry VIII).
1937® The Prince and the Pauper (US) de William Keighley. – av. Montagu Love (Henry VIII).
1937William Tyndale (GB) de S. W. Edwards et Lawrence Barrett
Religious Film Society, 41 min. – av. Alan Wheatley (William Tyndale), S. E. Reynolds (commentaires).
Biographie de Tyndale (1516-1587), un ex-prêtre catholique, disciple de Martin Luther, qui traduisit la Bible en anglais et l’imprima en 1525/26. Il fut étranglé et brûlé à Vilvorde près de Bruxelles, probablement à l’instigation de Henry VIII (cf. le film de 1987).
1939(tv) Traitor’s Gate (GB) de George More O’Ferrall (tv) et Leslie French (th)
George More O’Ferrall/BBCtv (BBC 22.1.39), 90 min. – av. Basil Sydney (Sir Thomas More), Margaretta Scott (Margaret [Peg] Clement, sa pupille), Allan Judd (John Clement), Charles Carson (Thomas Howard, Lord Norfolk), Julien Mitchell (Thomas Cromwell), Frank Moore (Thomas Cranmer), Michael Benthall (William Roper), Michael Martin-Harvey (Dr. Nicholas Wilson), Julian d’Albie (Rich, Sollicitor-General), Herbert Lister (Southwell), Winifred Evans (Dame Alice More), Sylvia Coleridge (Margaret Roper).
La dernière année de Sir Thomas More avant son exécution sur ordre de Henry VIII. Script de Morna Stuart adapté de sa pièce Traitor’s Gate : a Historical Play in Three Acts (1938), mise en scène par Leslie French au Duke of York’s Theatre à Londres (novembre 1938). Enregistré « live » aux studios BBC d’Alexandra Palace (North London) avec les comédiens du théâtre. Le titre de la pièce désigne l’entrée spécifique de la Tour de Londres réservée aux condamnés à mort.
1943® Prints i Nichtchi (Le Prince et le pauvre) (SU) ‘Erast Garine et Khessia Lokchina. – av. Iouri Toloubieiev (Henry VIII).
1947(tv) The Rose Without a Thorn [La Rose sans épine] (GB) de Desmond Davis
(BBC 11.9.47 / 3.10.48), 90 min. – av. Arthur Young (Henry VIII), Victoria Hopper (Catherine Howard), John Bryning ( 1948: Patrick Troughton (Sir Thomas Culpeper), William Roderick / 1948: Denis Cannan (Francis Dereham), Keith Pyott (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Richard Hurndall (Sir Thomas Audley, Lord Chancellor), Ena Moon / 1948: Betty Cooper (Katherine Tilney, dame de compagnie), William Roderick (Francis Derham), Christine Lindsay (Margery Morton), Ann Lancaster (Mary Lasselles), Brian Oulton (John Lasselles, réformateur protestant), Robert Sansom / 1948: R. Stuart Lindsell (Edward Seymour, comte de Hertford).
Les seize mois de mariage du monarque avec la jeune Catherine Howard (1524 ?-1542), sa cinquième épouse qu’il surnommait affectueusement sa « rose sans épine ». Cousine d’Anne Boleyn, manipulée par la noblesse autour de son oncle, le duc de Norfolk déterminé à restaurer la foi catholique en Angleterre, Catherine entre à la cour comme dame d’honneur de la quatrième femme du roi, Anne de Clèves. Elle épouse le roi, de trente ans son aîné, en 1540, mais ses maladies (ostéomyélite, diabète) et son obésité la dégoûte (136 kilos) ainsi qu’un ulcère sur sa cuisse dégage une odeur nauséabonde. Catherine n’est plus vierge depuis l’âge de 14 ans, ce qu’ignore son mari. Une année plus tard, devenue orgueilleuse, dépensière et dénuée de toute prudence, elle entame une liaison avec un des favoris d’Henry et son ancien admirateur, Sir Thomas Culpeper. En poussant son royal époux à se rapprocher des catholiques, elle s’attire l’inimitié des protestants, notamment de Thomas Cranmer, antipapiste virulent qui mène l’enquête lorsque la relation adultérine de Catherine est révélée. Le témoignage de Mary Lasselles, femme de chambre et épouse du réformateur protestant John Lasselles, lui est fatal. Catherine et Culpeper sont décapités à la Tour de Londres, ainsi que Jane Boleyn, Lady Rochford, accusée d’avoir organisé leurs rendez-vous galants ; un ancien amant de Catherine avant son mariage, Francis Dereham, secrétaire de la maison de Norfolk, finit pendu, éviscéré et démembré.
Une dramatique « live » de la BBC tirée de la pièce éponyme en trois actes de Clifford Bax, sortie en février 1932 au Duchess Theatre à Londres dans une interprétation très remarquée de Frank Vosper en Henry VIII. Extrêmement populaire, la pièce de Bax opte pour une approche romantique, creuse et superficielle du drame, ignorant la politique comme la religion : Henry VIII, qui n’est pas ici un Barbe-Bleue mais un idéaliste, un rêveur attendant tout de l’amour, rajeunit au contact de Catherine – elle lui « redonne ses vingt ans » – puis s’effondre et pleure à chaudes larmes en apprenant sa trahison. Son amour se transforme en haine (ce qui fut effectivement le cas). Autres adaptations de la pièce au petit écran, cf. 1953 et 1958.
1947We Do Believe in Ghosts (GB) de Walter West
Walter West British Productions, 36 min. – av. Arthur Dibbs (Henry VIII), Valerie Carlish (Anne Boleyn), John Latham (Gray), John Blythe (commentaire).
Un ensemble de trois épisodes reliés aux lieux hantés de l’histoire d’Angleterre : 1. « The Legend of Woodcroft Manor (1648) », 2. « The Ghost of Fred Archer (1886) » et 3. « The Ghost of Anne Boleyn and Katherine Howard at Hampton Court ».
Maruchi Fresno (Catherine d’Aragon), Rafael Luis Calvo (Henry VIII) et Mary Lamar (Anne Boleyn).
1950-1952Catalina de Inglaterra, la verdadera esposa de Enrique VIII (ES) d’Arturo Ruíz-Castillo [et Juan F. Mercadal]
Alfonso Balcázar, Enrique F. Sagaseta/Balcázar Producciones Cinematográficas (Barcelona)-Covadonga Films, 110/105 min./99 min. – av. Maruchi Fresno (Catherine d'Aragon), Rafael Luis Calvo (Henry VIII), Carlos Agosti (Sir Henry Algernon Percy, comte de Northumberland), Mary Lamar (Anne Boleyn), Carlo Tamberlani (le cardinal Thomas Wolsey), Elena Salvador (Leonor de Carvajal), Guillermo Marín, Ricardo Calvo, Osvaldo Genazzani, Ramón Martori, Aníobal Vela, Esperanza Grases, María Jesús Valdés, Gabriel Llopart, Silvana Jachino, Lily Vincenti, José Bruguera, Lita Rey, Luis Orduña, Salvador Muñoz, César Pombo, Rafael Calvo Gutiérrez, Domingo Rivas, Emilio Sancho, José Gayán, Fortunato García, Paco Martínez, José Zaro, Ricardo Vázquez, Carmen Reyes, Julia Martínez.
De juin 1509 à janvier 1536, la vie de Catherine d’Aragon, fille des Rois Catholiques devenue l’épouse modèle et très pieuse du souverain (une belle rousse aux yeux bleus, selon les témoins d’époque). Le scénario ignore sa jeunesse comme son premier mariage avec le prince de Galles Arthur Tudor en 1502, décédé cinq mois plus tard ; afin de ne pas devoir rembourser la dot de 200'000 ducats versés par Madrid, Henry VII, veuf, envisagea d’épouser l’adolescente lui-même, puis finit par la confier à son second fils, Henry, duc d’York, de cinq ans plus jeune qu’elle. En attendant la dispense du pape et que le prince soit assez âgé pour consommer son union, Catherine vécut séquestrée pendant sept ans à Durham House à Londres ; cultivée, érudite même, elle parlait l’anglais, le français, le latin et le grec (ses liens d’amitié plus tard avec Erasme de Rotterdam et Thomas More ont frappé les esprits). En 1507, elle fut nommée ambassadrice d’Espagne à Londres, et devint ainsi la toute première femme diplomate de l’histoire européenne.
Tout cela n’apparaît pas dans ce film. On débute par des noces à Londres (Greenwich Palace) qui entérinent l’alliance des deux pays et renforcent la position de l’Angleterre sur l’échiquier européen. Mais la nouvelle souveraine n’est pas la bienvenue, la Cour méprise l’étrangère, espagnole de surcroît ; Leonor de Carvajal, sa demoiselle d’honneur, subit railleries et humiliations sous l’influence de l’ambitieux et toujours intriguant cardinal Wolsey (qui rêve de devenir pape). Parti guerroyer en France en 1513, Henry VIII nomme Catherine régente du royaume et, assistée de Sir Thomas Howard, la reine remporte une victoire militaire contre les Écossais révoltés ; lorsque François Ier est battu et fait prisonnier par Charles Quint à Pavie en 1525, Henry VIII se voit contraint de supplier son épouse (et tante de Charles Quint) pour que le monarque captif soit traité avec clémence à Madrid. Des tensions s’installent entre les époux. Catherine lui donne une fille, Mary, que le roi ignore, car il voulait un héritier (ses six fils sont décédés en bas âge). Lorsqu’apparaît Anne Boleyn, fille de l’ambassadeur anglais à Paris, Henry VIII n’a d’yeux que pour celle – et le montre ostensiblement. Quoiqu’amoureuse de Sir Percy (qui, lui, aime Leonor de Carvajal), Anne devient la maîtresse du roi. Wolsey conseille l’annulation du mariage avec l’encombrante Espagnole et, sur ordre royal, convoque un tribunal qu’il préside lui-même, en présence d’un envoyé spécial du pape Clément VII. Appuyée par le Vatican, Catherine refuse en bloc toute annulation. Fou de rage, Henry VIII rompt avec Rome et renvoie Wolsey qui décède à l’abbaye de Leicester, rongé par la culpabilité. Tandis que Catherine est bannie de la Cour avec interdiction de revoir sa fille, Anna Boleyn devient reine – pour trois ans. Catherine décède d’un cancer au château de Kimbolton quatre mois avant l’exécution de sa rivale, après avoir pardonné à son époux « qu’elle a toujours aimé ». Tourmenté par les remords, Henry VIII perd la raison à force d’entendre les voix accusatrices de ses innombrables victimes et meurt à son tour.
Ainsi, le cinéma franquiste livre sa propre version – teintée de national-catholicisme – du sort de la troisième fille des Rois Catholiques et de l’histoire de l’Angleterre protestante. Cela donne un film à la facture plutôt médiocre, théâtral, bavard, tourné en majorité à Barcelone aux studios Kinefon, au monastère de San Cugat del Vallés, au château de Santa Florentina à Canet de Mar, au Palacio de la Generalitat et à Casa de Campo à Madrid et dont l’accouchement a été difficile. Commencé par Juan F. Mercadal en aout 1950 (Guadalupe Films) à partir d’un script de Jesus Pascual et sous le titre de Catalina de Aragón, interrompu deux fois faute d’argent (Horizonte Films), achevé en juin 1951 grâce au producteur Alfonso Balcázar, puis bloqué par la censure jusqu’en mars de l’année suivante. Avec le recul, le personnage magnifié de Catherine ne manque pas d’intérêt (« en guerre, l’unique compensation que nous avons, nous les femmes, est de nous montrer vaillantes ») : elle se révèle capable d’exercer ses droits politiques et personnels, de se défendre, elle comme sa fille Mary, seule face aux juges qui la vilipendent. Le film se veut une dénonciation du divorce en général, c’est-à-dire de « l’abandon de l’épouse ». Les Anglais sont ici les défenseurs du patriarcat tandis que les Espagnols s’affichent comme les avocats des droits politiques de la femme – une représentation pourtant aux antipodes des réalités du régime de Franco ! L’ensemble est porté par la grande souffrante des écrans ibériques, la noiraude Maruchi Fresno, très populaire dans les rôles de souveraines sacrifiées sur l’autel de la Realpolitik (son interprétation d’Isabelle d’Aragon dans Reina santa de Rafael Gil en 1946 l’a rendue célèbre). Sa « Catherine d’Angleterre » – soit, comme l’assène le sous-titre du film, « la véritable épouse d’Henry VIII » (puisque le Vatican ne reconnaît pas le divorce) -, victimisée par l’ogre britannique aviné, perfide et vicieux, lui vaut le Prix de la meilleure actrice de l’année décerné par le « Circulo de Escritores Cinematográficos » à Madrid tandis que le « Sindicato Nacional del Espectáculo » couronne la production à titre de « deuxième meilleur film » du pays. Le public, lui, reste indifférent. – IT : Anna Bolena (sic).
1951® (tv) The Trial of Andy Fothergill (GB) d’Alan Bromly. – av. Raymond Rollett (Henry VIII).
1952(tv) The Trial of Anne Boleyn (US) d’Alex Segal et Michael Ritchie
Série « Omnibus » no.1 (CBS 9.11.52), 30 min. – av. Rex Harrison (Henry VIII), Lili Palmer (Anne Boleyn), Edwin Jerome (Thomas Howard, duc de Norfolk), Jonathan Harris (Sir Thomas Cromwell), Richard Kiley (Smeaton), Robert Pastene (Norris).
Les derniers jours d’Anne Boleyn. La première du programme « Omnibus », l’émission culturelle la plus prestigieuse des chaînes commerciales américaines, qui durera jusqu’en 1957 (financée par la Ford Foundation TV-Radio Workshop, sans inserts publicitaires). Pour l’occasion, Rex Harrison y apparaît aux côtés de son épouse Lili Palmer dans un extrait de la pièce Anne of the Thousand Days de Maxwell Anderson, pièce dont il était l’interprète principal à la première mondiale au Shubert Theatre à New York, le 8 décembre 1948 aux côtés de Joyce Redman dans le rôle d’Anne Boleyn (mise en scène de H. C. Potter pour « The Playwrights’ Company »); Rex Harrison avait remporté son premier Tony Award avec ce rôle. Une version cinématographique à Hollywood fut envisagée, puis abandonnée en raison du veto de la censure du Code Hays. Synopsis cf. film de 1969.
1953(tv) A Queen's Way (US) d’Albert McCleery
Série « The Hallmark Hall of Fame » no. 81, Hallmark Cards, Inc. (NBC 27.9.53 / 1.10.53), 60 min. – av. Sarah Churchill (Catherine Parr).
Une biographie de Catherine Parr (interprétée par la fille de Winston Churchill, alias Sarah Millicent Hermione Tuchet-Jesson, baronesse Audley et, aux Etats-Unis, vedette de Hallmark), la dernière épouse du monarque qui sauva ses enfants, notamment les princesses Mary et Elizabeth qu’elle réussit à faire rétablir dans l’ordre de la succession. Scénario de Jennette et Francis Letton, les auteurs de la pièce The Young Elizabeth (cf. s. Elizabeth I, 1953).
1953® Young Bess (La Reine vierge) (US) de George Sidney. - av. Stewart Granger (Sir Thomas Seymour, baron Seymour of Sudeley), Charles Laughton (Henry VIII), Jean Simmons (la princesse Elizabeth), Deborah Kerr (Catherine Parr), Dawn Addams (Catherine Howard), Kathleen Byron (Anne Seymour-Stanhope), Elaine Stewart (Anne Boleyn), Guy Rolfe (Ned [Edward] Seymour, frère de Thomas), Ann Tyrrell (Mary Tudor), Rex Thompson (le jeune Edward VI), Dawn Addams (Catherine Howard), (l’archevêque Thomas Cranmer), Noreen Corcoran (Elizabeth à 6 ans). – Période de 1543 à 1548, cf. Edward VI.
1953(tv) The Rose Without a Thorn [La Rose sans épine] (GB) de Michael Barry
Série « BBC Sunday-Night Theatre » (BBC 27.12.53), 100 min. – av. Basil Sydney (Henry VIII), Barbara Jefford (Catherine Howard), Tony Britton (Sir Thomas Culpeper), Peter Wyngarde (Francis Derham), Barbara Murray (Margery Morton), Christie Humphrey (Anne de Clèves), Maurice Colbourne (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Margot Van der Burgh (Mary Lasselles), John Ruddock (John Lasselles, réformateur protestant), Andrew Cruickshank (Edward Seymour, comte de Hertford), André Van Guyseghem (Sir Thomas Audley), Frances Rowie (Katherine Tilney), Dudley Jones, Peter Bryant, Donald Richie, Morris Sweden, John Scott, Edwin Apps, James Campbell, Shirley Lorimer, Pamela Lyon, Brian Moorehead, Jennifer Owen.
La pièce très populaire de Clifford Bax sur l’année de mariage du monarque avec la jeune Catherine Howard, surnommée « la rose sans épine » (cf. supra, dramatique de 1947). La pièce a été reprise un mois plus tôt à la radio de la BBC par James Mason en Henry VIII et son épouse Pamela Kellino (23.11.53).
1954(tv) The Joyful Tydings (US) d’Albert McCleery
« The Hallmark Hall of Fame » no. 136 (NBC 26.12.54). – av. Terence De Marney (William Tyndale).
Le pasteur William Tyndale défend la traduction anglaise de la Bible contre le cardinal Wolsey et Henry VIII (cf. le film de 1987). Production en couleurs.
1954(tv) The Crisis of Anne Boleyn, May 16, 1536 (US)
Série « You Are There » no. 63, Charles W. Russell/CBS Broadcasting Inc. (CBS 20.6.54), 30 min. – av. Beatrice Straight (Anne Boleyn), Walter Cronkite (narration). – Un reportage-fiction présenté et commenté par Walter Cronkite.
1955® (tv) The Prince and the Pauper (GB) Dorothea Brooking. – av. Leslie Kyle (Henry VIII).
1956(tv) The White Falcon (GB) de Rudolph Cartier
Série « BBC Sunday-Night Theatre », Rudolph Cartier/BBC Television (BBC 5.2.56), 92 min. – av. Paul Rogers (Henry VIII), Jeannette Sterke (Anne Boleyn), Margaretta Scott (Catherine d'Aragon), Parick Troughton (le cardinal Thomas Wolsey), Eric Lander (Sir Thomas Wyatt), Marius Goring (Doctor Cranmer), Rupert Davies (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Julia James (la duchesse de Suffolk), Enid Lindsey (Mistress Saville), Cyril Shaps (Master Salmon), Roger Delgado (Mark Smeaton, professeur de danse), Jennifer Browne (Jane Seymour), Paddy Webster (une dame de compagnie), Julian Yardley et Kevin Kendall (des pages), Grace Webb, Charles Price.
Le « faucon blanc » du titre de la pièce en trois actes de Neilson Gattey et Jordan Lawrence (1952) est le surnom qu’Henry VIII donne à Anne Boleyn lors de leur première rencontre à Bridewell Palace, « un oiseau léger sur le dos de ma main et qui attend ma volonté pour s’envoler ». Mais ce qui commence comme une romance se termine sur le billot à la Tour de Londres. Enregistrement « live » dans les studios de la BBC. Paul Rogers et Jeanette Sterke ont joué les mêmes rôles dans la mise en scène du Henry VIII de Shakespeare à l’Old Vic en 1954.
1957(tv) A Man for All Seasons (GB) de Peter Dews
Peter Dews/BBCtv (BBC 1.1.57), 60 min. – av. Bernard Hepton (Sir Thomas More, Chancelier du Royaume), Noel Johnson (Henry VIII), Nancie Jackson (Lady Alice More), Ralph Hallett (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Leon Eagles (Sir Richard Rich), Judith Hackett (Margaret More), David March (l’évêque de Durham), Peter Wilde (Sir Richard Southwell), Frank Windsor (Thomas Howard, duc de Norfolk), John Wood (l’archevêque Thomas Cranmer), Peter Woodthorpe (le cardinal Thomas Wolsey).
Homme intègre, Sir Thomas More, Chancelier du Royaume, s’oppose aux réformes introduites par Henry VIII et le paie de sa tête. – Dramatique de Robert Bolt écrite d’abord pour BBC Radio en 1954, puis retravaillée trois ans plus tard pour la télévision. Bolt adaptera ensuite son texte pour la scène (1961) et le cinéma. Synopsis cf. le film de Fred Zinnemann (1966).
1957® (tv) The Prince and the Pauper (US) Daniel Petrie. – av. Douglas Campbell (Henry VIII).
1958(tv) A Rose Without a Thorn [La Rose sans épine] (AU) d’Alan Burke
Australian Broadcasting Corporation (ABC 10.9.58 / 2.11.58), 60 min. – av. Kevin Brennan (Henry VIII), Margo Lee (Catherine Howard), Jerome White (Sir Thomas Culpeper), Moray Powell (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Margaret Wolfit (Anne de Clèves), Elisabeth Waterhouse (Mary Lascelles), Charles Tasman (Audley), Juston Huson (Edward Seymour, comte de Hertford).
La pièce du Britannique Clifford Bax sur l’année de mariage du monarque avec la jeune Catherine Howard, surnommée « la rose sans épine » (cf. supra, dramatique de 1947), enregistrée en direct par un des pionniers de la télévision australienne (dont c’est le premier travail) aux studios ABC de Gore Hill à Sydney.
1959(vd) La Jument du Roi (FR) de Jacques Fabbri
Théâtre de Paris-ORTF-INA (20.11.59). – av. Jacques Fabbri (Henry VIII), Sophie Desmarest (Anne de Clèves), Claude Pieplu (Thomas Wriothesley, comte de Southampton), Bernard Sancy (Sir John Godsalve), Raymond Jourdan (Thomas Cromwell), Jacques Couturier (Thomas Howard, duc de Norfolk), Jean Coste (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Jacques Gaffuri (Mont), Michel Bouleau (Le Troubade), Gabriel Jabbour (Holbein le Jeune), Charles Charras (le Chancelier de Clèves), Paulette Frantz (Mme Brempt), Ludmila Hols (Mme Schwarzenbock), Elsa Kine (Mme Osnabrück), Fiamma Walter (Catherine Howard), Alain Janey (le secrétaire), Nadia Barentin et Frédérique Cantel (des dames de compagnie).
Captation vidéo de la comédie en 2 actes Sœur Anne ou la jument du roi de Jean Canolle (1959) sortie au Théâtre de Paris le 7 novembre 1959. Canolle s’amuse à brocarder la cour des Tudor et le monarque dans le cadre du ratage plutôt cocasse du quatrième mariage d’Henry VIII en janvier 1540, après le décès inattendu de Jeanne Seymour, cette fois avec la princesse allemande Anne de Clèves, fille du duc de Clèves et comte de la Marck et de Ravensberg, née à Düsseldorf (et ne parlant qu’allemand, une langue que son époux ne maîtrise pas). C’est clairement un mariage politique dont l’objet est de rapprocher Henry VIII des protestants d’Allemagne. Le roi choisit Anne à partir d’un portrait un peu trop flatteur peint par Hans Holbein le Jeune. L’union reste non consommée : trouvant son élue physiquement peu attrayante (un long nez qui lui donne un profil de jument, d’où le surnom de « jument de Flandres », grande, corpulente, marquée par la petite vérole, mamelles pendantes et dégageant de fortes odeurs corporelles), Henry VIII fait annuler son mariage six mois plus tard. Anne accepte le divorce, reçoit de généreuses gratifications, devient une bonne amie du roi avec lequel elle restera jusqu’à la fin en d’excellents termes, déclarée membre honoraire de la famille royale, souvent conviée à la cour et recevant le titre de « Sœur bien-aimée du Roi ». Après la mort de ce dernier, elle se convertira au catholicisme et restera en bons termes avec la reine Mary Tudor. Canolle montre cette « chère sœur » pleine d’esprit et de repartie. Tandis qu’Henry lui promet d’apprendre l’allemand et d’imposer cette langue dans toutes les écoles du royaume, elle se contente de n’être « qu’une des femmes du roi, la plus ignorée, la plus oubliée, mais la plus heureuse… » (elle survivra d’ailleurs à toutes les autres épouses). La nuit de noces avortée entre le débauché goguenard qui souffre de la goutte et marche avec des béquilles et la princesse germanique aux mœurs irréprochables est aussi drôle qu’incongrue, teintée d’humour noir (« envoyer cet individu à la Tour de Londres, vous n’y pensez pas : elle est pleine ! »). L’échec de ce mariage coûtera la vie à Thomas Cromwell. Cf. aussi la dramatique ORTF de 1973 signée par l’auteur et la version de 2010 par Jean-Laurent Silvi.
1960(tv) Heinrich VIII. oder Der Ketzerkönig [Henri VIII ou le roi hérétique] (DE-RDA) de Jürgen Degenhardt
Deutscher Fernsehfunk der DDR (Ost-Berlin) (DFF 15.12.60). – av. Wolf Kaiser (Henry VIII), Georg Peter-Pilz (le cardinal Thomas Wolsey), Herbert Maisbaender (le cardinal Campeius), Helmut Müller-Lankow (Sir Thomas Cromwell), Waldemar Schütz (Sir Thomas More), Bruno Böning (l’évêque John Fisher), Kurt Ulrich (Thomas Cranmer, évêque de Canterbury), Günther Haack (le poète de la cour), Paul Zeidler (Norris), Elfriede Florin (Catherine d’Aragon), Ingrid Rentsch (Jenny), Eva-Maria Hagen (Anne Boleyn), Heinz Frölich (le comte Wiltshire), Hans Knötzsch (le victomte de Rochefort), Dieter Bisetzky (George Cheney), Wolfgang Brunecker (Charles Brandon, duc de Suffolk), Else Wolz, Karla Kersten.
La comédie sarcastique et ironique du dramaturge allemand Joachim Knauth (1955) : Henry VIII rompt avec Rome et s’instaure chef de l’Église anglicane pour des raisons privées, puis découvre que cette rupture religieusse a des conséquences politiques et surtout financières particulièrement intéressantes pour la Couronne d’Angleterre et pour sa propre poche.
1961(tv) Royal Gambit (CA) de Robert Allen
« Festival » épis. 16, Canadian Broadcasting Corporation (CBC 3.4.61), 60 min. – av. Albert Dekker (Henry VIII), Katharine Blake (Catherine d’Aragon), Tani Guthrie (Anne Boleyn), Louise Nicol (Jane Seymour), Kate Reid (Anne de Clèves), Victoria Mitchell (Catherine Howard), Diana Maddox (Catherine Parr).
Dramatique d’après Heinrich der Achte und seine Frauen, comédie en 5 actes de Hermann Gressieker (1956) dans une traduction anglaise signée George White (cf. téléfilm de 1968).
1961® (tv) Le Prince et le Pauvre (FR) de Marcel Cravenne. – av. Camille Guerini (Henry VIII).
1962® (tv) The Prince and the Pauper (GB) de Don Chaffey. – av. Paul Rogers (Henry VIII).
1964(tv) A Man for All Seasons (AU) de William Sterling
William Sterling/Australian Broadcasting Commission, 100 min. – av. John Gray, Wyn Roberts, Neil Curnow, Hugh Stewart, Terri Aldred, Fay Kelton, Douglas Kelly, Terry Norris.
Sir Thomas More, Chancelier du Royaume, s’oppose aux réformes introduites par Henry VIII et le paie de sa tête. Dramatique d’après la pièce de Robert Bolt (1961), synopsis cf. film de Fred Zinnemann (1966).
1964(tv) Thomas More (DE) de Gerhard Klingenberg
Westdeutscher Rundfunk (WDR 1.11.64), 135 min. – av. Kurt Meisel (Sir Thomas More), Hans Quest (Henry VIII), Vera Tschechowa (Margaret More), Edda Seippel (Lady Alice More), Werner Schumacher (Thomas Cromwell), Michael Hinz (William Roper), Josef Fröhlich (Richard Rich), Karl Maria Schley (le cardinal Thomas Wolsey), Franz Gary (l’archevêque Thomas Cranmer), Friedrich Joloff (Eustace Chapuys, ambassadeur d’Espagne), Hubert Suschka (Thomas Howard, duc de Norfolk), Franz Kutschera (Common Man), Michael Rüth, Lilly Towska.
Sir Thomas More s’oppose au remariage du roi, tombe en disgrâce et finit exécuté. Dramatique d’après la pièce A Man for All Seasons de Robert Bolt (1961) traduite en allemand par Hanns A. Hammelmann et Ruth von Marcard, synopsis cf. film de Fred Zinnemann (1966).
1965® (tv) Mary Tudor (FR) d’Abel Gance. – av. Michel de Ré (Henry VIII).
1966** A Man for All Seasons (Un homme pour l’éternité) (GB/[US]) de Fred Zinnemann
William N. Graf, Fred Zinnemann, Mike Frankovich/Highland Films Ltd.-Columbia Pictures, 120 min. – av. Paul Scofield (Sir Thomas More, Chancelier du Royaume), Robert Shaw (Henry VIII), Wendy Hiller (Lady Alice More-Middleton), Susannah York (Margaret More), Orson Welles (le cardinal Thomas Wolsey), Vanessa Redgrave (Anne Boleyn), Nigel Davenport (Thomas Howard, duc de Norfolk), Leo McKern (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), John Hurt (Richard Rich, Lord Chancellor), Corin Redgrave (William Roper), Colin Blakely (Matthew), Cyril Luckham (l’archevêque Thomas Cranmer), Jack Gwillim (Chief Justice), Michael Latimer (l’aide de Norfolk), Thomas Heathcote (le batelier), Matt Zimmermann (le messager), John Nettleton (le geôlier), Nick Tate (le capitaine d’armes), Martin Boddey (gouverneur de la Tour), Molly Urquhart (une servante), Eric Mason (le bourreau), Philip Brack (le capitaine de la garde), Yootha Joyce (Averil Machin), Anthony Nicholls (le représentant du Roi).
Synopsis : Henry VIII veut divorcer de Catherine d’Aragon, son ex-belle-sœur espagnole, pour épouser sa maîtresse, Anne Boleyn. En 1529, le cardinal Thomas Wolsey convoque Sir Thomas More, catholique intransigeant mais d’une redoutable intégrité, à Hampton Court où il tente de le convaincre de plaider la cause d’Henry VIII auprès du pape afin qu’il annule ce premier mariage. Fidèle à Rome, Thomas More s’y refuse, ce qui met le cardinal en difficulté. Quand Wolsey meurt en disgrâce (évitant de justesse le billot), il propose More comme son successeur à la charge de Lord-Chancelier du Royaume, suscitant la colère de son propre secrétaire, l’ambitieux et retors Thomas Cromwell qui convoitait la place. Mais ne pouvant renier ses principes religieux, More s’oppose ouvertement aux désirs de remariage du roi, son ancien ami, lorsque celui-ci, lors d’une promenade en barque royale sur la Tamise, lui fait une visite surprise à Chelsea avec ses courtisans. Pris d’une crise de rage, le monarque lui tourne le dos et s’en va. More se sait désormais menacé et implore sa femme Alice et sa fille Margaret (qui vient d’épouser un protestant) de quitter le pays. Pour ne pas le mettre en danger, il pousse aussi son meilleur ami, le duc de Norfolk, à se détourner de lui, puis démissionne de sa charge. Ce renoncement signifie la fin des privilèges, le renvoi du personnel de maison et à terme, la pauvreté. Henry VIII rompt avec l’Église et épouse Anne Boleyn. En brillant juriste, More refuse dorénavant de se prononcer sur l’affaire du divorce royal et prend soin de ne jamais exprimer ses objections, ce qui, croit-il, le met à l’abri. Ses objections n’ont rien de politique mais relevent d’un problème de conscience personnelle. Mais son « silence assourdissant », intolérable, est plus éloquent encore et fait jaser toute l’Europe.
Thomas Cromwell, à présent conseiller du roi, est décidé à se débarrasser de cet homme trop intègre devenu un reproche vivant et utilise dans ce dessein les services de Richard Rich, un jeune arriviste que More avait refusé d’engager en raison de sa labilité morale. Au printemps 1534, More est envoyé à la Tour de Londres mais refuse toujours de signer le décret qui fait du roi « l’unique et suprême chef sur terre de l’Église d’Angleterre ». Il est privé de visites et de livres. Quatorze mois plus tard, il comparaît devant un tribunal et, sa propre famille n’étant pas parvenue à le faire changer d’avis, il se voit accusé par Rich qui fait un faux témoignage. Le jury se laisse intimider. Reconnu coupable, Thomas More est condamné pour haute trahison. Au terme du procès, il déclare que placer l’autorité royale au-dessus de l’autorité religieuse est « directement contraire aux lois de Dieu et de sa sainte Église. » More est décapité le 6 juillet 1535. « Au service de Sa Majesté, mais d’abord de Dieu » sont ses dernières paroles. Un texte final rappelle que Thomas Cromwell et Anne Boleyn le suivirent sur le billot peu après, que Norfolk faillit aussi perdre sa tête si le roi n’avait été terrassé par la syphilis [?] la veille et que le peu recommandable Richard Rich, devenu baron, avocat général pour l’Angleterre et membre du Conseil privé du roi, décéda dans son lit.
Le tyrannique Henry VIII (Robert Shaw), pressé de divorcer, embarrasse Sir Thomas More (Paul Scofield).
 Signé par l’auteur dramatique anglais Robert Bolt, le drame des six dernières années de Sir Thomas More est à l’origine une pièce radiophonique écrite pour la BBC (1954), transformée par la suite en téléfilm (1957), puis en pièce de théâtre montée au Globe Theatre à Londres (1960, 320 représentations) et à Broadway (1961, 620 représentations). Jean Vilar la monte pour ses adieux au T.N.T. à Avignon en 1963 sous le titre de Thomas More ou l’homme seul, lui-même jouant More et Daniel Ivernel le roi. L’engouement des sixties révolutionnaires pour un sujet en apparence aussi rétrograde peut étonner et tient à un climat général de tolérance et d’indifférence religieuse, à la modernisation de l’Église catholique sous Jean XXIII, à l’assassinat des frères Kennedy (catholiques), aux révélations glaçantes du procès d’Eichmann et des romans de Soljenitsyne. Pour les détails biographiques, Bolt s’est inspiré en grande partie de l’ouvrage The Life of Sir Thomas More, rédigé par son beau-fils William Roper (v. 1556). Né en à Londres en 1478, deux fois marié et père de trois enfants, Thomas More était chanoine, juriste, historien, théologien et homme politique. Proche du peuple dont il sortait et dont il défendit la cause comme avocat, magistrat municipal et ministre, il était témoin des dérèglements d’une société gangrênée ; toutefois, il pratiquait fort bien l’art de la flatterie, comme en témoigne sa correspondance avec Wolsey. Son célèbre roman philosophique Utopia trace les plans d’un monde sans doute chimérique mais égalitaire, généreux, sans entrave et moralement sain. More était un humaniste, grand ami d’Érasme et de Holbein, mais en tant que catholique aussi un ennemi acharné de Martin Luther (il rédigea de 1528 à 1533 sept livres en anglais de réfutation de ses thèses, vouant le réformateur aux flammes de l’enfer et condamnant son mariage avec une nonne). La disgrâce du tout-puissant cardinal Wolsey, dont il gérait les biens, le fit accéder à la plus haute charge, celle de Chancelier du Royaume (il fut le premier laïc nommé à ce poste), mais sa rage contre les hérétiques, même après sa démission, déplut au roi qui cherchait alors à s’allier avec les Luthériens. Enfin, en farouche intégriste catholique, More fit emprisonner et brûler vif une cinquantaine de protestants, dont Richard Bayfield, John Tewkesbury, Thomas Hitton et autres martyrs de la Réforme (1531) – ce que la pièce de Bolt se garde bien de relever ! Son propre martyre de la foi lui vaudra d’être béatifié par le Saint-Siège en 1886 et – sans doute pas un hasard – même canonisé en 1935, peu avant que les dictatures de l’Axe n’étouffent l’Europe et ses vestiges de christianisme. Notons que ce saint catholique ne manquait pas d’humour, comme en témoignent ses dernières paroles devant l’échafaud : « Aidez-moi à monter, pour descendre je me débrouillerai ! » En 2002, il figure dans la première moitié des 100 plus grands Britanniques selon un classement de la BBC.
Agnostique, Bolt ignore la théologie et présente son héros comme un homme d’une honnêteté à toute épreuve, d’une vertu inébranlable et qui, en toute circonstance, n’obéit qu’à sa conscience et aux lois. Peu lui chaut que le pape soit corrompu et soumis à Charles Quint, qu’importent aussi la lâcheté et la vilenie de la cour à Hampton Court (« la noblesse de l’Angleterre aurait ronflé pendant le Sermon de la Montagne ! »). En réalité, en tant que catholique, l’authentique More n’aurait jamais défendu la primauté de la conscience individuelle. Bolt a introduit dans sa pièce un personnage brechtien appelé « Common Man » (l’homme de la rue) qui commente l’action et représente le peuple sous tous ses aspects, tantôt domestique, tantôt rameur, geôlier, membre du jury ou bourreau, incapable de penser par lui-même et qui s’adapte à tous les régimes pour rester vivant, pour « continuer à respirer ». La pièce montre la soumission sans restriction de la population face au pouvoir absolu et la problématique des grands procès politiques (en 2008, elle sera même jouée en cantonnais à Hong Kong, ville sous la menace du régime dictatorial de Pékin). Rappelons que Bolt avait rejoint le parti communiste de Grande-Bretagne (qu’il quitta en 1968 après l’invasion de la Tchécoslovaquie) et qu’il fut arrêté en emprisonné en 1960 en tant que membre du « Comité des 100 » opposé à la prolifération du nucléaire.
Sir Thomas Moore présente sa famille au roi. – Parvenu sans scupules, Richard Rich trahit son protecteur.
 Fred Zinnemann, prestigieux et exigeant vétéran d’Hollywood, se sent immédiatement interpellé par une matière qui lui tient à cœur depuis toujours. Plusieurs héros de sa filmographie possèdent en effet une identique intégrité et fidélité à soi-même, au risque de détruire leur vie : le shérif Kane de High Noon /Le Train sifflera trois fois (1952), le soldat Prewitt de From Here to Eternity/Tant qu’il y aura des hommes (1953), Soeur Luke de The Nun’s Story/Au risque de se perdre (1959), etc. Pour un Autrichien qui a fui le nazisme, les thèmes de loyauté et de trahison ne relèvent pas que de la littérature. Bolt est chargé de l’adaptation de sa pièce ; ce n’est pas un débutant, ayant été le scénariste oscarisé de David Lean pour Lawrence of Arabia (1962) et Doctor Zhivago (1965); pour le cinéma, il élimine le personnage du « Common Man », un équivalent du chœur grec jugé à raison trop théâtral, ainsi que toutes les scènes impliquant Eustace Chapuys, l’ambassadeur de Charles Quint qui fait pression sur lui et tente de le corrompre avec l’argent du Vatican. Le film va à contre-courant de toutes les modes, avec un titre peu attirant, un budget relativement modeste (600’000£), peu d’action, peu de violence, pas de figuration importante (sauf au procès final), pas de sexe ni de scènes d’amour, pas de vedettes connues du public américain excepté Orson Welles, qui joue le rôle le plus bref (rôle d’abord refusé par Alec Guinness). Paul Scofield est un brillant homme de théâtre (il joua More sur scène dans les premières à Londres et à New York) et Zinnemann, poigne de fer, opte pour lui contre l’avis des producteurs exécutifs qui souhaitaient confier le rôle à Laurence Olivier, après avoir approché sans succès Richard Burton et Peter O’Toole. Bolt souhaitait John Huston pour incarner Norfolk. Robert Shaw (qui campe Henry VIII) en est à ses débuts et ses traits de rapace a surtout frappé en tant qu’ennemi implacable de James Bond 007 dans From Russia with Love (1963). Leo McKern, de la Royal Shakespeare Company comme Scofield, apparaît dans l’habit du pire ennemi de More, Thomas Cromwell, et fait une composition saisissante et physiquement très ressemblante à la peinture de Holbein. Vanessa Redgrave, d’abord sollicitée pour interpréter la fille de More, n’étant pas libre (Antonioni la dirige au même moment dans Blow Up, ode du Swinging London), accepte néanmoins d’apparaître quelques minutes en Anne Boleyn, à condition de ne pas figurer au générique ni d’être payée. C’est dire que le tournage, financé par Hollywood mais réalisé en Angleterre avec une affiche presque exclusivement britannique, se déroule pour une fois sans interférence des studios, dont les attentes sont minimes (Zinnemann : « Mon tournage le plus agréable ! »). On filme en Technicolor en avril-mai 1966 à l’abbaye bénédictine de Studley Priory à Hortoncum-Studley (Oxfordshire), devenu à l’écran la demeure de More, sur les rives de Beaulieu River et à Beaulieu Abbey (domaine privé dans le Hampshire), enfin dans les studios de Shepperton où sont reconstruits les décors du palais de Hampton Court.
Le sujet est grave et attachant. Si le film, d’une rare discrétion émotionnelle, reste parfois prisonnier des conventions d’un théâtre historique et académique, il ne manque pas d’allure, brillant d’abord par ses dialogues et une direction d’acteurs parfaite. Tout héros contestataire qu’il soit, le Thomas More de Scofield peut se montrer sec et pédant, peu chaleureux, procédurier, hautain face aux esprits simples et, surtout, politiquement naïf dans un entourage d’espions, de dénonciateurs potentiels et de paranoïa. Son attitude suicidaire ne concerne que lui, elle reste sans conséquence pour le pays, ce qu’on peut interpréter comme un commentaire ironique sur le pouvoir réel de toute justice face à la politique. En 1530, Henry VIII est près de la quarantaine et déjà en surpoids, ce n’est plus le beau jeune homme athlétique qu’incarne ici Robert Shaw. Et pourtant, en quelques images, face au « seul homme qu’il juge estimable », il parvient à brosser le portrait terrifiant d’un psychopathe toujours imprévisible, infantile, cajoleur (quand il teste les notions de latin de la séduisante fille de son hôte), puis inquisiteur et hystérique (hurlant « Je n’ai pas de reine ! »), pour redevenir à nouveau gai et enjoué. La dépression couplée avec la suspicion et la manie de la persécution en font un fauve dangereux.
La grande rigueur narrative et visuelle de Zinnemann est parfois aérée par une poétisation (feuillages, jeux de vagues ou de brouillard sur la Tamise) qu’amplifie la fort belle musique « tudorienne » de Georges Delerue pour marquer le passage du temps et souligner les enjeux : le naturel contre l’arbitraire, l’humanisme contre l’hypocrisie sociétale, l’idéalisme contre le pragmatisme, l’éternel des principes contre l’opportunisme de la cour, la fierté du juste contre la puissance et les privilèges. Le cinéaste encadre son film au début comme à la fin par des images de monstres (les gargouilles de Hampton Court, le dragon du sceau du cardinal), et si, en débarquant chez More, le tyran salit ses souliers dans la boue, le futur traître Richard Rich s’y étale de tout son long. Le mariage du roi avec Anne Boleyn est résumé visuellement par le reflet inversé d’une église dans l’eau tandis que les valeurs humanistes se déchiffrent à partir des vêtements toujours plus délabrés de More, toujours plus luxueux de Rich.
Contre toute prévision, A Man for All Seasons est le grand triomphateur de la cérémonie des Oscars de l’année 1966, obtenant la statuette d’or du meilleur film, pour le meilleur acteur (Scofield), pour la mise en scène, le scénario, la photo et les costumes ; suivent les Golden Globe Awards (réalisation, scénario) et les British Academy Film Awards (meilleur film, meilleur film britannique, photo, direction artistique/décors). En salle, le film rapportera douze fois ses frais de production. – Pour la pièce de Bolt, cf. aussi les dramatiques de 1964 (2x), 1957 et le téléfilm de 1988.
DE: Ein Mann zu jeder Jahreszeit, IT: Un uomo per tutte le stagioni, ES: Un hombre para la eternidad.
1967(tv) Král a zena [Le Roi et sa Femme] (CZ) d’Evald Schorm
Televizní Filmová Tvorba (tv 30.12.67), 22 min. – av. Jan Werich (Henry VIII), Jana Brejchová (Catherine Parr), Vladimír Klos (le page).
Une dispute qui tourne presque mal entre le roi et sa sixième épouse lors du petit-déjeuner, un matin de l’an 1548. Court métrage réalisé par le cinéaste tchèque Evald Schorm (Du courage pour chaque jour, 1964), tiré de la comédie en un acte de Maurice Baring, Catherine Parr or Alexander’s Horse de Maurice Baring (1911). Cf. téléfilm britannique de 1937. – DE: Am Anfang war das Ei, GB: King and Women, The King and His Wife.
1968(tv) Heinrich der Achte und seine Frauen (DE) de Heinz Schirk
Zweites Deutsches Fernsehen, Mainz (ZDF 6.10.68), 75 min. – av. Hans-Dieter Zeidler (Henry VIII), Eva-Katharina Schultz (Catherine d’Aragon), Christine Wodetzky (Anne Boleyn), Karin Anselm (Jane Seymour), Monika Peitsch (Catherine Howard), Hannelore Schroth (Catherine Parr).
Dramatique d’après la comédie éponyme en 5 actes de Hermann Gressieker (1956), metteur en scène, critique et dramaturge allemand. La pièce a été montée au théâtre en 1957 à Essen et à Bremen, puis traduite en anglais par George White en 1958 sous le titre de Royal Gambit : Henry VIII and His Six Wives où elle récolte un vif succès à Broadway et dans plusieurs autres villes américaines (cf. dramatique canadienne de 1961).
Une vision originale qui veut illustrer le passage de l’Âge de la foi à l’Âge de la raison : les six épouses d’Henry VIII, confrontent le monarque, épitomé par trop humain de la Renaissance, avec ironie au libéralisme moderne qu’il a induit et aux séquelles de ses actions tout en s’adressant parfois directement au public.
1969(tv) Catalina de Aragón (ES)
« Estudio Uno », Televisión Española (TVE 22.7.69). – av. Florella Faltoyano (Catherine d’Aragon), Julio Goróstegui (Henry VIII), Gabriel Llopart, Francisco Merino, Jesús Puente, Pedro Sempson, Vicente Soler. – Dramatique sur la « reine madrilène d’Angleterre ».
Anne Boleyn (Geneviève Bujold) épouse Henry VIII (Richard Burton) dans “Anne of the Thousand Days” (1969).
1969* Anne of the Thousand Days (Anne de mille jours) (GB/US) de Charles Jarrott
Hal B. Wallis/Hal Wallis Productions-Universal Pictures, 146 min./139 min. – av. Richard Burton (Henry VIII), Geneviève Bujold (Anne Boleyn), Anthony Quayle (le cardinal Thomas Wolsey), Lesley Paterson (Jane Seymour), Irene Papas (Catherine d’Aragon), John Colicos (Thomas Cromwell), Katharine Blake (Lady Elizabeth Boleyn), Michael Hordern (Thomas Boleyn), Valerie Gearon (Mary Boleyn, leur fille), Michael Johnson (George Boleyn, leur fils), Peter Jeffrey (Thomas Howard, duc de Norfolk), Joseph O’Connor (l’évêque John Fisher), William Squire (Sir Thomas More), Esmond Knight (Sir William Kingston), Nora Swinburne (Mary Scrope, Lady Kingston), Vernon Dobtcheff (Don Iñigo López de Mendoza y Zúñiga, ambassadeur de Charles Quint), Brook Williams (Sir William Brereton), Gary Bond (Mark Smeaton, un serviteur), T. P. McKenna (Sir Henry Norris), Denis Quilley (Sir Francis Weston), Terence Wilton (Lord Henry Percy), Nicola Pagett (princesse Mary, future Mary Tudor), June Ellis (Bess), Kynaston Reeves (Willoughby), Marne Maitland (le cardinal Lorenzo Campeggio), Cyril Luckham (le Prieur, Saint John Houghton), Amanda Jane Smythe (princesse Elizabeth, future Elizabeth Ière), Elizabeth Taylor (une courtisane masquée), Kate Burton et Liza Todd Burton (des servantes).
Synopsis : Marié depuis dix-huit ans à Catherine d’Aragon qui, en dépit de six maternités, ne lui a donné qu’une fille, Henry VIII s’ennuie et lutine discrètement Mary Boleyn, la fille à présent enceinte d’un de ses courtisans, Sir Thomas Boleyn. En 1522, il est frappé par la beauté d’Anne, dix-huit ans, la jeune sœur de Mary revenue de France et fiancée à Henry Percy, le fils du comte de Northumberland. Il ordonne au cardinal Wolsey de rompre ces fiançailles, à l’indignation, puis la révolte d’Anne qui reproche au monarque d’être capricieux, assoiffé de vengeance et sanguinaire : “Vous faites l’amour comme vous mangez, bruyant et balourd !” Henry, guère habitué à ce qu’on lui résiste, la ramène de force à la Cour comme demoiselle d’honneur de sa “vache espagnole”, où la jeune femme se laisse peu à peu intoxiquer par le goût du pouvoir (“aussi excitant que l’amour”) et sape insidieusement l’autorité de Wolsey, l’homme le plus riche du royaume. Elle continue à se refuser obstinément au roi, car elle ne veut pas accoucher d’un bâtard, dit-elle. Brûlant de passion, Henry propose alors de l’épouser et Wolsey, horrifié, le met vainement en garde contre les implications politiques d’un divorce avec Catherine, tante très pieuse de Charles Quint. Les démarches de Wolsey auprès du pape n’aboutissent pas, cet échec signifie sa fin. Anne encourage son royal amoureux à démettre “le traître” Wolsey de ses charges et obtient en cadeau Hampton Court, le magnifique palais du cardinal à Londres. Devenue la femme la plus puissante de la Cour, elle finit par s’éprendre d’Henry et, une fois enceinte, elle l’épouse en secret. Le couronnement en juin 1533 est somptueux, quoique le peuple, resté fidèle à Catherine d’Aragon, la considère avec mépris et la conspue dans les rues, la traitant de “putain du roi”, d’intrigante et d’usurpatrice. Poussé par l’ambitieux et rusé Thomas Cromwell, Henry décide la séparation d’avec Rome (“Je suis roi d’Angleterre : quand je prie, Dieu me répond”), prend la direction de l’Église anglicane et nomme Cromwell archevêque de Canterbury ; ceux qui ne signent pas un serment de fidélité à la Couronne sont systématiquement condamnés à mort. La naissance d’Elizabeth crée un froid entre les époux et le roi lorgne désormais vers Jane Seymour qu’Anne Boleyn fait aussitôt chasser de la Cour. Sir Thomas More, Chancelier du Royaume, s’étant opposé à son statut de reine consort, elle devient hystérique et se refuse désormais au roi à moins qu’il ne le fasse exécuter. More est décapité, mais le fils qu’Anne attendait meurt en couches. Henry demande à Cromwell, son nouveau ministre, de le débarrasser de l’encombrante conjointe qui ose lui tenir tête. Celui-ci obtient des confessions délirantes en torturant des proches et du personnel de la reine. Anne est accusée de multiples adultères et même d’inceste avec son propre frère. “Le roi devient fou, je suis perdue !” murmure-t-elle. Lors du procès, elle parvient toutefois à interroger un témoin qui admet que les charges portées contre elle ne sont que mensonges, mais rien n’y fait. Le roi se rend à la Tour de Londres pour revoir une dernière fois sa femme. Il lui offre la vie sauve si elle renonce à son mariage et à la légitimité de leur enfant, mais Anne refuse, préférant mourir que de trahir sa fille. Cherchant à blesser son incommensurable orgueil machiste, elle affirme avoir couché avec toute la Cour. Furieux, il la gifle et la remet au bourreau. La petite Elizabeth trottine seule dans le jardin quand un coup de canon annonce la mort de sa mère. (Les amants présumés de la reine seront exécutés deux jours plus tard.) On entend la voix de Jane s’adressant à ses bourreaux en off : “Elizabeth sera une plus grande reine que tous vos rois. Elle règnera sur une Angleterre plus grande que tout ce que vous avez achevé. Mon sang n’aura pas été versé en vain.”
Catherine d’Aragon (Irene Papas) craint pour son trône. – La naissance de la princesse Elizabeth.
 Les trois ans du règne d’Anne Boleyn, souvent évoqués à l’écran depuis Méliès (1905) et la superproduction de Lubitsch à Berlin (1920), sont reconstitués pour la première fois avec des capitaux américains et dirigés par un producteur américain de renom, Hal B. Wallis. Ce nabab hollywoodien occupa un poste clé à la Warner Bros. pendant les années trente-quarante: son nom figure au générique de tous les classiques de l’époque, de Little Caesar (1931) à The Adventures of Robin Hood (1938) et autres fresques en costumes “starring” Errol Flynn, en passant par The Maltese Falcon (1941) de John Huston et Casablanca (qui lui valut l’Oscar en 1942) de Michael Curtiz. Devenu indépendant, il s’occupera surtout de Jerry Lewis, d’Elvis Presley (King Creole, 1958), de westerns de prestige (Gunfight at the O.K. Corral, 1957, True Grit, 1969) puis en particulier de sujets tirés de l’histoire de la Grande Bretagne (et filmés sur place), une matière qui le passionne, à commencer par Becket (1964) de Peter Glenville. Richard Burton, qui joue Henry II et s’entend fort bien avec son producteur, prend goût aux têtes couronnées.
Le scénario d’Anne of the Thousand Days est l’adaptation assez fidèle (signée John Hale) de la pièce à succès de l’Américain Maxwell Anderson (auteur qui se pencha également sur le sort d’Elizabeth et Essex et de Mary Stuart). Le drame sort à Broadway en décembre 1948, interprété par Rex Harrison et Joyce Redman (mise en scène de H. C. Potter, 288 représentations) et Victor Fleming brûle de le porter à l’écran, mais en vain : le Code Hays, l’autocensure d’Hollywood qui sévira jusqu’en 1966, prohibe toute matière impliquant adultère, sexe hors mariage et inceste sans que les coupables ne soient punis. Difficile de punir retroactivement Henry VIII ! C’est à l’instigation de Richard Burton, qui rêve d’interpréter le monarque, que Wallis rachète les droits de la pièce deux décennies plus tard. Avec beaucoup de doigté, Burton parvient à persuader son épouse Elizabeth Taylor qu’à trente-sept ans elle n’a plus l’âge pour le rôle-titre (elle apparaît brièvement en courtisane). Olivia Hussey, Faye Dunaway, Julie Christie et Claude Jade refusent l’offre de Wallis. Le rôle revient finalement à une inconnue de vingt-sept ans, la Franco-Canadienne Geneviève Bujold, que le producteur, enthousiaste, engage même sans essais préliminaires : d’une fragilité toute apparente, mélange d’innocence et de rouerie, l’actrice irradie une volonté d’acier, une passion, une intensité qui marque tout le film et lui permet d’accéder au vedettariat international. Son visage à la fois pur et pervers secrète vaut à lui seul le déplacement.
La fin des mille jours d’Anne Boleyn (Geneviève Bujold).
 Wallis offre au téléaste britannique Charles Jarrott la possibilité de réaliser son premier long métrage de cinéma après avoir apprécié son travail sur The Young Elizabeth à la BBC (1967) et il refera appel à lui en 1971 pour diriger Vanessa Redgrave et Glenda Jackson dans Mary Queen of Scots (Mary Stuart, reine d’Écosse), car ce dictateur des plateaux aime les réalisateurs dociles et sans trop de personnalité (ses démêlés avec Curtiz sont légende). Le tournage se déroule de juin à août 1969 en Technicolor et Panavision aux studios britanniques de Shepperton et de Pinewood, puis en extérieurs à Hever Castle (l’authentique séjour des Boleyn) et dans les jardins de Penshurst Place (Kent), au Plantagenet Manor House de Puttenden à Lingfield (Surrey), au Richmond Park à Londres (scènes de chasse) et à Greenwich (King Williams Walk, Old Royal Naval College). Anderson suit assez scrupuleusement les faits historiques, sauf pour l’ultime entrevue du couple royal, scène non seulement fictive mais invraisemblable (le mariage était déjà annulé et Elizabeth déclarée enfant illégitime, enfin le roi n’aurait jamais accordé la liberté à son ex-épouse ; Anne n’eut d’ailleurs pas l’autorisation d’interroger les témoins durant son procès truqué). Le scénario, revu de près par Wallis, ne diffère que peu de la pièce, sinon au début : dans le film, Cromwell annonce au roi le verdict fatal du procès et, tout en signant les arrêts de mort, ce dernier se souvient alors du passé vécu avec Anne en flash-back.
On peut reprocher au film de se réduire à une somptueuse histoire d’alcôve dépourvue de réflexion politique. Si la séparation de Rome et la fondation de l’Église d’Angleterre sont évoqués, pas un mot en revanche sur ses conséquences concrètes, sur la Réforme (Anne Boleyn se fit protestante), sur la dissolution des monastères par Cromwell ou la lutte de pouvoir des différentes factions religieuses à la Cour qui conditionnent pourtant les humeurs du roi et de son entourage ; les dégats parallèles sont à peine mentionnés (Sir Thomas More, inexistant dans la pièce). Mais ces absences sont compensées par des dialogues ciselés d’une remarquable intelligence et des analyses psychologiques d’une acuité, d’une finesse jouissives, loin de tout manichéisme facile : de Henry (“Hal”) et Anna (“Nan”), on ne saura jamais si l’un ne poursuit pas inconsciemment à travers l’autre le désir de briser, de dominer. “Taureau royal” obsédé par la naissance d’un héritier mâle qui, croit-il, empêcherait l’Angleterre de sombrer dans le chaos, Henry s’en veut de se rabaisser en exhaussant tous les désirs d’une femme qui se refuse à lui, et réalise à la naissance d’une “fille inutile” que le coût payé était trop élevé. Anne n’est pas une simple victime, mais une belle enfant tout sauf vierge, fière, révoltée, jouant avec sa chasteté de façade pour aguicher le désir du roi. Mais à l’instant de son triomphe, elle n’a pas un seul regard pour le visage ravagé de sa rivale écartée, et Wolsey comme Thomas More paient leur inimitié de leur vie. Un mélange d’innocence et de rouerie. La mise en scène de Jarrott est peu originale mais très précise, surtout affairée à équilibrer le faste du décorum et une interprétation peu ordinaire, dominée par un Richard Burton au sommet de sa forme. La star, que l’on a vue à l’écran en Alexandre le Grand (1956), Marc-Antoine (1963) ou Thomas Becket (1964), offre ici un mélange fascinant de puissance velléitaire, de vigueur animale, de sensibilité tourmentée et d’égocentrisme hypertrophié. Son approche modifie de fond en comble l’image caricaturale du Barbe-Bleue paillard, obèse, débauché, rabelaisien brossée par Emil Jannings ou Charles Laughton.
Le film est sélectionné pour la prestigieuse Royal Film Performance de 1970, en présence de la reine Elizabeth II. Si l’accueil de la presse est tiède, les spectateurs affluent et placent le film au top du box-office britannique. Il décroche un Oscar (les costumes de Margaret Furse) sur dix nominations (meilleur film, Burton, Bujold, Quayle, scénario, photo, musique de Georges Delerue, décors, son) et quatre Golden Globe Awards (meilleur film, Jarrott, Bujold, scénario) sur sept nominations (musique, décors, costumes).
Keith Mitchel, formidable Henry VIII jeune et âgé dans la série « The Six Wives of Henry VIII » (1970).
1970* (tv) The Six Wives of Henry VIII / The Private Life of Henry VIII (Les Six Femmes d'Henry VIII) (GB) minisérie de John Glenister (1-3-4) et Naomi Capon (2-5-6)
Parties : 1. Catherine of Aragon – 2. Anne Boleyn – 3. Jane Seymour – 4. Anne of Cleve – 5. Catherine Howard – 6. Catherine Parr
Ronald Travers, Mark Shivas/BBC Television-Mark Shivas Productions (BBC Two 1.1.-5.2.70), 6 x 90 min. – av. Keith Michell (Henry VIII), Angela Pleasance (Catherine Howard), Annette Crosbie (Catherine d'Aragon), Dorothy Tutin (Anne Boleyn), Rosalie Crutchley (Catherine Parr), Elvi Hale (Anne de Clèves), John Baskcomb (le cardinal Thomas Wolsey), Alison Frazer (la princesse Mary Tudor, soeur d’Henry VIII), Patrick Troughton (Thomas Howard, duc de Norfolk), Bernard Hepton (Thomas Cranmer, évêque de Canterbury), John Woodnutt (Henry VII), Martin Ratcliffe (le prince Arthur Tudor, frêre aîné d’Henry), Donald Bisset (Henry Howard, comte de Surrey), Peter Stephens (Don Gutierre Gomez de Fuensalida), Robert Hartley (l’évêque Richard Fox), Daniel Moynihan (Edward Seymour, Lord Hertford), John Ronane (Thomas Seymour), Howard Goorney (Will Somers), Patrick Godfrey (Sir Thomas Wriothesley), Edward Atienza (Eustace Chapuys, ambassadeur de Charles Quint), Julia Cornelius (Anne Carey), Gillian Bailey (Dorothy Seymour), Catherine Lacey (Lady Elizabeth Stafford, duchesse de Norfolk), Michael Osborne (Mark Smeaton), Ken Wynne (Dr. de Puebla), Ralph Bates (Thomas Culpeper), Dorothy Black (Lady Margaret Seymour), Hilary Mason (Lady Boleyn), Sally Travers (Doña Elvira Manuel), Jonathan Newth (George Boleyn, vicomte Rochford), Margaret Ford (Maria de Salinas), Ronald Adam (le cardinal Lorenzo Campeggio), James Mellor (Hans Holbein), Christopher Hancock (Sir Henry Norreys), Howard Lang (Sir John Seymour), Simon Prebble (Francis Dereham), Carol MacReady (Amalie), William Abney (Sir Frances Bryan), Christopher Beeching (Henry Howard, comte de Surrey), Jim Kennedy (Anthony Knevet), William Maxwell (le duc Guillaume de Clèves), Elizabeth Bell (Anne Askew), David Butler (Christopher Mont), Louis Haslar (Sir Nicholas Carew), Joyce Mandre (Francesca de Carceres), Robert Cawdron (Sir William Kingston), Valentine Palmer (Lord Willoughby), Jo Kendall (Anne Stanhope), Peter Cellier (Sir Christopher Hales), Verina Greenlaw (la princesse Mary Tudor, future reine), Jody Schaller (la princesse Elizabeth, future reine), Raymond Adamson (Charles Brandon, duc de Suffolk), Basil Dignam (Stephen Gardiner, évêque de Winchester), Charles Workman (l’archévêque Warham), Ina de La Haye (Iñez de Venegas), Peter Reeves (Philippe de Hesse).
Une série de la BBC dont chaque épisode d’une heure et demie est raconté à travers les yeux de l’une des épouses successives du monarque (conception : Maurice Cowan). Le dernier segment, consacré à Catherine Parr, sort du lot, retraçant le conflit entre, d’un côté l’archevêque Cranmer, la famille Seymour et la reine qui soutient la Réformation et la succession du jeune prince Edward, et de l’autre l’évêque Stephen Gardiner qui veut réinstaurer la foi catholique et soutient la princesse anglo-espagnole Mary. Pour autant que l’on oublie la réalisation austère, statique et un peu datée ainsi que les décors désespérément vides, on peut apprécier un script intelligent, des dialogues soignés et surtout une interprétation de qualité : il faut retenir Dorothy Tutin en Anne Boleyn (nominée aux BAFTA TV Awards), Annette Crosbie en Catherine d’Aragon (lauréate du BAFTA TV Award) et la prestation mémorable de l’Australien Keith Michell (lauréat des BAFTA TV Award et Emmy Award), peut-être le Henry VIII physiquement le plus ressemblant (1,88 mètres comme son modèle) et le plus crédible au cinéma comme à la télévision, loin de toute caricature, au point où Michell reprendra le rôle encore trois fois, dans Elizabeth R (tv 1971), dans le film Henry VIII and His Six Wives de Waris Hussein (1972) et dans The Prince and the Pauper (tv 1996). De jeune homme cultivé et idéaliste, mais aussi sanguin, violent et excessif, qui rêve de remplir sa cour de sages et de poètes, il se transforme progressivement en ce politicien combatif puis en ce tyran machiavélique dont se souvient la postérité.
Henry VIII (K. Michell) inconsolable à la mort de Jane Seymour. – Le cinquième mariage, avec Catherine Howard.
 Résultat : battant de plusieurs longueurs la très populaire Forsythe Dynasty, cette série obtient le taux d’audience le plus important jamais relevé dans l’histoire de la télévision anglaise ; les téléspectateurs obtiennent même de retarder la diffusion de l’alunissage d’Apollo-13 pour permettre de suivre l’un des épisodes à l’heure prévue ! La production est vendue dans 75 pays. Au Canada, des tonnes de courrier donnent à la série la priorité absolue sur tout autre programme, sportif, comique ou politique, tandis qu’aux États-Unis sa diffusion triomphale sur CBS (narration par Anthony Quayle), puis sur PBS/« Masterpiece Theatre » fait dire à la presse envieuse : « La BBC est financée par des taxes et non par les spots publicitaires : on n’y oblige pas le producteur à travailler sur l’axiome qui fait du spectateur un amateur de stupéfiant... » En Italie, la série récolte un Prezzo Italia en 1970 pour l’épisode sur Jane Seymour. Du théâtre filmé, sans pittoresque mais historiquement passionnant, tourné entièrement aux studios 1 du Television Centre à White City (West London). Encouragée par cet accueil exceptionnel, la BBC produira une sorte de suite en 1971, Elizabeth R, et un prequel en 1972, The Shadow of the Tower (sur Henry VII), puis coproduira un résumé des divers mariages du roi destiné au grand écran (cf. infra, 1972).
1970The Undercover Scandals of Henry VIII / Royal Flesh (US) de Charlton De Serge
Laurence Morse/Vox Pop Productions-Go Enterprises, 84 min./75 min. – av. Lawrence Adam (Henry VIII), Elizabeth Ada (Anne Boleyn), Dee Lockwood (Maria), Whit Dickington (Lord Lansing), Forman Shain (Sir William), William Keys (Lord Douglas), Lori Brown (Maureen), Najila (Snake Dancer).
Film pornographique : Anne Boleyn amuse son royal époux en lui servant des concubines qu’il peut faire décapiter à souhait, jusqu’au moment où elle-même est surprise dans les bras de son amant, Lord Douglas. Les deux sont exécutés, et Maria, craignant pour sa tête, somme le roi de s’accoupler avec huit femmes dans l’espoir que son coeur lâche pendant l’effort. Sans commentaires.
1970(tv) Le Dernier Adieu d’Armstrong (FR) de Gilbert Pinest
ORTF (1e Ch. 6.4.70), 145 min. – av. Pierre Tabard (John Armstrong of Gilnockie), Edith Loria (Janet Armstrong, son épouse), Jean-Pierre Hercé (James V, roi d’Écosse), Jean Vinci (Sir David Lindsay), Claude Brosset (Johnstone de Wamphray), Daniel Emilfork (Gavin Dunbar, archevêque de Glasgow), Anna Gaël (la maîtresse d’Armstrong), Pierre Nègre (Gilbert Eliot of Stobs), Catherine de Seynes (Meg Eliot, sa fille), Jean Martin (l’inquisiteur), Henri Piégay (McGlass Lindsay), Jean-Marie Richier (le chef du clan Armstrong), Eric Kruger (Martin Elliott), Jean Martin (un évangéliste protestant), Sacha Briquet, Marc de Géorgi, Dominique Page, Jean-Louis Le Goff.
Synopsis : En 1528, quinze ans après la terrible défaite des Écossais à Flodden, James V d’Écosse (fils de James IV et de Marguerite Tudor, la sœur aînée du roi d’Angleterre), âgé de dix-sept ans, ne peut plus risquer une nouvelle guerre contre Henry VIII, son oncle. Il doit faire valoir son autorité sur ses propres sujets turbulents, déchirés entre clans des Highlands et des Lowlands, entre seigneurs féodaux et leurs vassaux, en plus de la menace que font peser les réformateurs protestants anglais et du continent, qu’il hait, sur la Catholic Scottish Kirk. Pour pouvoir négocier la paix avec Londres, James V sacrifie un des redoutables seigneurs pillards de la région frontalière, John Armstrong of Gilnockie (John Armstrong of Langholm et Staplegorton, dit Johnnie of Gilnockie), véritable héros populaire. Le roi cherche en vain à se concilier ce chef de bandes armées par la ruse. En 1530, Armstrong est attiré par traîtrise à la cour d’Edinbourg où il est arrêté et pendu avec trente-six de ses hommes. – Dramatique d’après la pièce de John Arden, Armstrong’s Last Goodnight. An Exercise in Diplomacy (1964), dans une traduction de Jacqueline Autrusseau et Maurice Goldring. Tournage aux studios des Buttes-Chaumont à Paris.
1970/71Carry On Henry, or Mind My Chopper (GB) de Gerald Thomas
Peter Rogers/Adder Productions-Rank Organisation, 89 min. – av. Sidney James (Henry VIII), Patsy Rowlands (Jane Seymour), Monica Dietrich (Katharine Howard), Joan Sims (Marie de Normandie), Barbara Windsor (Bettina), Kenneth Williams (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Charles Hawtrey (Sir Roger de Lodgerley), Kenneth Connor (Lord Hampton of Wick), Julian Orchard (duc de Pincenay), Bill Maynard (Guy Fawkes), Peter Butterworth (Charles, comte de Bristol), Terry Scott (le cardinal Thomas Wolsey), Peter Gilmore (François Ier), Patsy Rowlands (Catherine d'Aragon).
Le 21ème épisode de la série très populaire des Carry On, qui en compte 31 de 1958 à 1992. Parodie burlesque d’Anne of the Thousand Days de Charles Jarrott (1969), baptisée initialement Anne of a Thousand Lays (“Anne aux mille coucheries”), d’après un scénario assez loufoque de Talbot Rothwell dans lequel Henry VIII tente vainement de séduire deux femmes qui ne sont pas encore passées par son lit, Marie de Normandie, une cousine de François Ier, et Bettina, fille du comte de Bristol – soit deux dames à ce jour inconnues des historiens. La ravissante Joan Sims en princesse française met fin à sa nuit de noces en croquant sans s’arrêter une douzaine de gousses d’ail... La majorité des costumes provient du film précité de Jarrott et Sidney James porte vêtements et bijoux utilisés par Richard Burton dans Anne of the Thousand Days. Tournage en octobre-novembre 1970 aux studios de Pinewood et sur le domaine de Windsor Castle (Windsor Great Park, Long Walk, Knebworth House), avec un budget de 223'000£.
1971® (tv) Elizabeth R (GB) de Claude Whatham. – av. Keith Michell (Henry VIII), Rosalie Crutchley (Catherine Parr).
1971® (tv) Princ a chudas (Le Prince et le Mendiant) (CZ) de Ludvík Ráza. – av. Ota Slencka (Henry VIII).
1971® (tv) Bewitched : How Not to Lose Your Head to Henry VIII (US) de William Asher. – av. Ronald Long (Henry VIII).
1972** Henry VIII and his Six Wives (Henri VIII et ses six femmes) (GB) de Waris Hussein
Roy Baird, Mark Shivas/Anglo EMI (Electrical and Musical Industries)-BBC, 125 min. – av. Keith Michell (Henry VIII), Frances Cuka (Catherine d'Aragon), Charlotte Rampling (Anne Boleyn), Jane Asher (Jane Seymour), Jenny Bos (Anne de Clèves), Lynne Frederick (Catherine Howard), Barbara Leigh-Hunt (Catherine Parr), Michael Goodliffe (Sir Thomas More), Donald Pleasance (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Simon Henderson (le prince Edward), Michael Gough (Thomas Howard, duc de Norfolk), Brian Blessed (Charles Brandon, duc Suffolk), Bernard Hepton (Thomas Cranmer, évêque de Canterbury), John Bryans (le cardinal Thomas Wolsey), Robin Sachs (Thomas Culpeper), Michael Byrne (Edward Seymour), Peter Clay (Thomas Seymour), Garfield Morgan (l’évêque Stephen Gardiner), John Bennett (Sir Thomas Wriothesley), Peter Madden (Fisher), Sarah Long (Mary), Richard Warner (l’archevêque William Warham), Michael Godfrey (Sir Ralph Ellerker), Nicholas Amer (Eustace Chapuys, ambassadeur de Charles Quint), Basil Clarke (l’abbé), Clive Merrison (Francis Weston), Alan Rowe (Charles de Marillac, ambassadeur de France), Margaret Ward (Jane Boleyn, vicomtesse Rochford), Imogen Claire (Maria de Salinas), Jim Kennedy (Anthony Nevitt).
Au vu du succès international de la télésérie The Six Wives of Henry VIII deux ans plus tôt (cf. supra), la BBC se décide de coproduire avec EMI une version destinée cette fois au grand écran, en reprenant certains collaborateurs du projet de 1970 : le producteur Mark Shivas, un des scénaristes (Ian Thorne), le costumier (John Bloomfield), et parmi les interprètes évidemment le principal, Keith Michell et Bernard Hopton qui joue l’archevêque Cranmer ; la réalisation est confiée à un transfuge de la télévision d’origine indienne, Waris Hussein, qui a fait ses armes sur la fameuse série science-fictionnelle de Doctor Who. Le toujours patibulaire Donald Pleasance (Blofeld, l’ennemi de James Bond dans You Only Live Twice, 1967) campe un Thomas Cromwell machiavélique, et Charlotte Rampling, diva perverse des Damnés de Visconti (1969), fait une Anne Boleyn pas si innocente que ça, et de plus en plus névrosée. Le tournage en Technicolor se fait pendant onze semaines (d’octobre à décembre 1971) aux studios d’Elstree (Borehamwood), complété par quelques rares extérieurs à Hatfield House (Hertfordshire) pour le tournoi du jeune Henry, à Eton College (Berkshire), à Tower Green pour Hampton Court et l’exécution de Catherine Howard (seule mise à mort filmée), à l’abbaye de Woburn (Bedfordshire) et au château d’Allington (Kent).
L’entreprise est une gageure, car il s’agit de compresser le contenu de neuf heures d’antenne en deux, et d’emblée, Ian Thorne inverse radicalement l’approche : le film présente les six épouses telles que leur royal époux les a vues, ce qui permet de sauter nombre de détails biographiques et psychologiques qui étoffaient la série. Après un bref discours au Parlement sur la nécessité de la charité et de la conciliation pour préserver l’unité du royaume, Henry VIII, déjà sénile à 56 ans, à moitié chauve, boite lourdement dans la pénombre en s’appuyant sur sa canne, puis, allongé sur son lit de mort, agonisant, la voix chevrotante, à peine audible, il revit ses souvenirs en flash-back, entouré de sa future veuve, de sa fille Mary (en réalité toutes deux absentes au moment de son décès), de ses médecins et de l’évêque Thomas Cranmer. Ses propos tardifs sur la charité semblent surréalistes dans la bouche d’un autocrate qui ne connaissait pas la pitié, mais le vieillard aurait-il appris de ses erreurs ? La performance prodigieuse de Keith Michell, 33 ans, confirme le fait que son Henry VIII reste humainement et physiquement l’incarnation audio-visuelle de très loin la plus crédible, la moins caricaturale de toutes : il réussit à rendre le monstre poignant.
Henry VIII (Keith Michell) observe Anne Boleyn sous le regard méfiant de Catherine d’Aragon.
 Le film englobe la quasi-totalité de son règne, et c’est en véritable prince de la Renaissance qu’il débute, grand, élancé, glabre, cheveux blonds et longs, à l’aise en danseur, en amuseur public aux banquets, au tournoi, au luth et à la chasse, encore amoureux de Catherine d’Aragon. Il mène des débats passionnés de théologie (avant comme après la rupture avec Rome), puis, tout en prenant de l’âge et de l’embonpoint, écrit des lettres d’amour enflammées (à Anne Boleyn), mange avec une fourchette et s’essuie délicatement la bouche avec une serviette... D’abord catholique dévot (il aurait suivi jusqu’à trois messes par jour), le monarque se met à considérer le décès de tous ses enfants mâles comme une punition divine en raison de son mariage « illégitime » avec la veuve de son frère aîné. Les maquilleurs se surpassent pour transformer progressivement l’athlétique séducteur du début en géant obèse, amer, pleurnichard, colérique et terrifiant. C’est un homme qui souffre autant qu’il fait souffrir. Sa jambe droite handicapée par une blessure à cheval, inguérissable, purulente, doit être enveloppée pour ne pas effrayer ses proches. Impitoyable, imprévisible et traître (il fait exécuter des quidams auxquels il vient d’accorder la vie sauve), il malmène l’ambassadeur d’Espagne (« J’ai été trop souvent trompé ! »), hurle de douleur en apprenant l’adultère de Catherine Howard à qui il ne pouvait rien refuser, tandis que celle-ci devient hystérique en se découvrant piégée. Enfin, à la dévouée Catherine Parr qui s’occupe de ses enfants, il marmonne enfin un aveu : il a besoin de compagnie, la solitude le pèse. À la fin du film, il fait comprendre qu’il souhaite reposer à Windsor aux côtés de Jane Seymour, sa troisième épouse, puis, interpellé pour se confesser, il grommelle quelque chose d’inaudible en tendant la main vers Cranmer – et rend l’âme.
Le contexte socio-politique, longtemps mis de côté au cinéma pour des raisons de censure, de choix ou d’opportunité, ressurgit au fil des séquences, montrant une Angleterre encore marquée par la guerre civile des Deux-Roses, puis secouée par les nouveaux conflits politico-religieux dus à la Réforme sur le continent. La dissolution des monastères est présentée comme un acte de vandalisme culturel au cœur d’un royaume tout sauf pacifié et d’une cour minée par les intrigues, les factions, les dissensions (le clan des Boleyn, des Seymours protestants, la jalousie des ministres) ; les cloîtres sont en ruines, les bibliothèques brûlent, les statues et peintures religieuses sont mutilées, certains moines massacrés par la soldatesque ivre de sang, les routes sont bordées de pendus. Le roi tempête contre le commerce juteux des indulgences et des reliques. Tombé en disgrâce, le visage en sang, le Premier ministre Cromwell est assailli par une douzaine de barons en furie qui le dépouillent sauvagement de ses colliers, bagues et bijoux. La rupture avec le Vatican apparaît comme une assertion d’indépendance nationale, non pas doctrinale : Henry VIII veut une Angleterre anglo-catholique, et cette volonté reflète en quelque sorte la relation ambigüe – et toujours actuelle – de la Grande-Bretagne avec ses voisins continentaux, tantôt tiraillée entre l’Espagne et la France, tantôt isolationniste et méfiante face aux alliances avec l’Europe. (Les tiraillements à propos de l’Union européenne, le double veto du général de Gaulle en 1963 et 1967 et les accords Heath-Pompidou en 1971 sont encore dans toutes les mémoires.) Vu sous cet angle, on serait tenté de voir en Henry VIII and His Six Wives un digest plus qu’honorable du règne en question et quasiment une référence en tant que biopic. En fait, une sorte de pendant sérieux et réaliste au classique d’Alexander Korda. Hélas, la mise en scène est rarement à la hauteur de ces atouts. Elle manque d’invention, de style comme de souffle. La facture du film est aussi honnête que fade, plus proche d’un téléfilm à gros budget que des rutilantes fresques tudoriennes montées avec l’aide indirecte de Hollywood auxquelles les spectateurs sont à présent habitués après la sortie en salle d’A Man for All Seasons (1966) de Fred Zinnemann, d’Anne of the Thousand Days (1969) ou de Mary Queen of Scots (1971) de Charles Jarrott. D’où un accueil de la presse plutôt tiède et un succès public modeste.
DE : Heinrich VIII. und seine sechs Frauen, IT : Enrico VIII : tutte le donne del re, ES : Enrique VIII y sus seis mujeres.
1972® (tv) O Principe e o Mendigo (BR) de Dionisio Azevedo. – av. Manoel da Nóbrego (Henry VIII).
1973(tv) La Jument du Roi (FR) de Jean Canolle
ORTF (1e Ch. 9.8.73). – av. Jean Le Poulain (Henry VIII), Françoise Seigner (Anne de Clèves), Jacques Harden (Thomas Cromwell), Pierre Nègre (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Bernard Lavalette (Thomas Wriothesley, comte de Southampton), Roger Crouzet (Sir John Godsalve), Jacques Couturier (Thomas Howard, duc de Norfolk), Frédérique Cantrel.
Le cas d’Anne de Clèves, épouse du roi répudiée après quelques mois de mariage. Dramatique enregistrée aux studios parisiens des Buttes-Chaumont d’après la comédie en deux actes Sœur Anne ou la jument du roi de Jean Canolle (1959). Synopsis cf. supra, 1959.
1974(tv) The Whip of Heaven (GB) de Michael Ferguson
Série « Churchill’s People » no. 6, Gerald Savory/BBCtv (BBC 24.3.75), 51 min. – av. Robert Lang (Hugh Goodrest), T. P. McKenna (doctor Layton), Carleton Hobbs (le vieil abbé William), Derek Neward (Sir John Dudley, duc de Northumberland), Elizabeth Bell (Ann Goodrest), Martin Neil (Jack), Geoffrey Beevers (Philip), George Innes (Thomas), John Woodnutt (frère Martin), Peter Sproule (frère Samson), Douglas Nilvain (frère Francis), Frederick Hall (frère Paul), Doug Wootton (le ménestrel).
En 1534, Hugh Goodrest, un juriste du Warwickshire, est témoin de la confiscation des biens de l’abbaye locale et de sa dissolution sur ordre de Cromwell, ministre du roi, opération dirigée contre Rome et menée par Layton. Goodrest tente de mobiliser les villageois pour calmer le jeu, mais Layton, fanatique, est déterminé à prouver que la direction de l’abbaye est corrompue. Menée par Thomas, la population tente d’assassiner Layton ; Goodrest parvient à calmer la foule pour éviter une intervention de la soldatesque. Le vieil abbé William le remercie et célèbre sa dernière messe. Tiré de A History of the English-Speaking People de Winston Churchill (1956-58), cet épisode de la série Churchill’s People illustre un chapitre de la dissolution dramatique de plus de huit cents abbayes anglaises (avec destruction des bibliothèques, ce qui entraîna la perte irrémédiable de la plupart des manuscrits en vieil anglais) : il est écrit par Nick McCarthy et enregistré au BBC Television Centre (TC1) de Shepherd’s Bush à Londres.
1974® (tv) La Reine galante (FR) de Michel Roux. – Jacques Dannoville (Henry VIII), Mireille Delcroix (Mary Tudor, sa soeur), Anne Marbeau (Catherine d’Aragon). – cf. France : Louis XII
1977® (tv) It Could Happen To You (GB) de Stanley A. Long. – av. Jonathan Adams (Henry VIII).
1977® Crossed Swords / The Prince and the Pauper (US/GB) de Richard Fleischer. – av. Charlton Heston (Henry VIII).
1977(tv) La segunda señora Tudor – Ana Bolena (ES) de Cayetano Luca de Tena
Série « Mujeres insólitas », Adolfo Dufour/Radiotelevisión Española, Madrid (RTVE 8.2.77), 66 min. – av. Teresa Rabal (Anne Boleyn), Javier Loyola (Henry VIII), Encarna Paso (Catherine d’Aragon), Montserrat Julió (Lady Isabel), Andrés Mejuto (Thomas Moore), Gabriel Llopart (le duc de Norfolk), José María Caffarel (le cardinal Thomas Wolsey), Alfredo Cembreros (Chamberlain), Mercedes Lezcano, Fidel Almansa, Salvador Orjas, Nieves Bailo, Carmen Gran, Manuela Madrid, Luis Varela (Pepe).
Dramatique de José López Rubio sur la « deuxième Madame Tudor ». Anne Boleyn commente elle-même l’action et explique aux spectateurs les dessous psychologiques et politiques en jeu, tout en insérant quelques passages de la pièce de Pedro Calderón de la Barca, La cisma de Ingalaterra (Le Schisme d’Angleterre ou l’Histoire d’Henri VIII) (1659) qui servirent aussi à l’opéra Henry VIII de Camille Saint-Saëns.
1979(tv) Henry VIII / The Famous History of the Life of King Henry the Eighth, or All Is True (GB/US) de Kevin Billington
« The Shakespeare Plays », Cedric Messina/British Broadcasting Corporation-Time-Life Television Productions (BBC 25.2.79 / Time-Life 25.4.79), 166 min. – av. John Stride (Henry VIII), Julian Glover (Edward Stafford, duc de Buckingham), Timothy West (le cardinal Thomas Wolsey), John Rowe (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Claire Bloom (Catherine d’Aragon), Barbara Kellermann (Anne Boleyn), Lewis Flander (le duc de Suffolk), Ronald Pickup (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), John Nettleton (Lord Chamberlain), Charles Lloyd Pack (Lord Sandys), Nigel Lambert (Sir Thomas Lovell), Jeremy Kemp (le duc de Norfolk), Jack McKenzie (Sir Nicholas Vaux), Michael Poole (le cardinal Campeius), Peter Vaughan (Gardiner, archevêque de Winchester).
Un téléfilm luxueux consacré à une pièce rarement représentée de William Shakespare (1613), une des dernières, des plus spectaculaires, rédigée en collaboration avec John Fletcher et placée, cela va de soi, au service hagiographique de la dynastie des Tudors. Henry VIII défie Rome en exigeant l’annulation de son mariage avec Catherine d’Aragon afin d’épouser sa maîtresse Anne Boleyn. Le cardinal Wolsey, homme d’État et d’Église machiavélique, défend mollement sa cause auprès du pape Clément VII (dont il ambitionne le siège). Après le divorce, Catherine est reléguée à Kimbolton Castle, tandis qu’Anne Boleyn devient reine et met au monde une fille : la pièce s’achève sur le baptême de la petite princesse Elizabeth. Shakespeare se penche en particulier sur l’ascension du tout-puissant cardinal dont les hésitations et tergiversations auprès du pape ont pour effet de lui faire perdre tout crédit à la cour. Son échec pour l’obtention de l’annulation du premier mariage entraîne la colère d’Henry VIII et cause largement sa chute. (Il mourra d’épuisement au cours de son transfert à la Tour de Londres, en 1530.) Cf. aussi commentaires de la version muette de 1911.
Le téléfilm est tourné en hiver 1978/79 à Hever Castle où vécut Anne Boleyn, à Leeds Castle où séjournait Henry VIII et à Penhurst Place (Kent), domicile de Buckingham. Avec As You Like It de Basil Coleman (1978), c’est une des deux uniques productions de Shakespeare à la BBC réalisée entièrement en extérieurs réels, une opération ruineuse qui force le producteur Cedric Messina à enregistrer tous les autres drames du cycle en studio. Claire Bloom en Catherine d’Aragon pieuse et vertueuse domine la distribution par son jeu subtil et sa beauté, carrément inoubliable lors de ses deux confrontations avec Wolsey, le « méchant » de la pièce.
1984(tv-mus) Anna Bolena (CA) de Lotfi Mansouri
Canadian Broadcasting Corporation (CBC 30.9.84), 157 min. – av. Joan Sutherland (Anne Boleyn), James Morris (Henry VIII), Judith Forst (Jane Seymour), Michael Myers (Lord Richard Percy), Janet Stubbs (Mark Smeaton), Gideon Saks (George Boleyn, Lord Rochfort, frère d’Anna), Ben Heppner (Sir Hervey).
Captation de l’opera seria en deux actes de Gaetano Donizetti, sur un libretto de Felice Romani (1830). Synopsis : Henry VIII s’éprend de Jane Seymour, la dame de compagnie de la reine, Anne Boleyn. Pour se débarrasser de cette dernière, le roi rappelle à Londres Lord Richard Percy, jadis l’amant d’Anne Boleyn, pour créer une situation qui compromette la reine. Lorsqu’Anne repousse les avances de Percy, celui-ci menace de se suicider. Henry VIII surprend le couple, ainsi que le jeune Smeaton, amoureux de la reine, et Rochefort, le frère d’Anna Boleyn. Le roi accuse les présents de trahison envers le trône et les condamne tous au billot.
Premier triomphe public du compositeur, cet opéra a été longtemps plongé dans l’oubli jusqu’à ce que Luchino Visconti le ressuscite à la Scala de Milan en 1957 avec Maria Callas dans le rôle-titre. Après la Callas, c’est l’Australienne Joan Sutherland, dont la présente prestation a été enregistrée au O’Keefe Centre (Sony Centre for the Performing Arts) à Toronto, au Canada, qui redonne toute sa gloire à cette héroïne. L’Irano-Américain Lotfi Mansouri, ancien directeur de l’opéra de San Francisco, assume la mise en scène.
1987God’s Outlaw : The Story of William Tyndale (GB/US/NZ/NL) de Tony Tew
Tony Tew, Ken Curtis, Grant Bradley, Olave Snelling/Grenville Film Productions-Channel Four Television-Bible Society-CTVC-Mezzo Two-Gateway Films-EO Television-International Bible Society, 94 min. – av. Keith Barron (Henry VIII), Roger Rees (William Tyndale), Bernard Archard (Sir Thomas More), Willoughby Goddard (le cardinal Thomas Wolsey), Oona Kirsch (Anne Boleyn), Terrence Hardiman (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Pamela Salem (Lady Anne Walsh), Gary Raymond (Sir John Walsh), Paul Shelley (John Frith), Alan Bennion (l’archidiacre Bell), Dick Mapletoft (Simon Mourton), Anthony Allen (Thomas Pointz), Kenneth Gilbert (Humphrey Monmouth), George Waring (Cuthbert Tunstall, évêque de Durham), Frank Moorey (Johan Cochlaeus), Jerome Willis (l’évêque Stokesley), Stuart Harrison (Henry Phillips), Michael Haughey (Jacques Masson).
Le conflit entre le protestant anglais William Tyndale (1494-1536), disciple de Luther et premier traducteur du Nouveau Testament depuis le texte grec dans une langue moderne (en l’occurrence le moyen anglais), et l’Église catholique, représentée en Angleterre par le cardinal Thomas Wolsey. Avant la rupture d’Henry VIII avec Rome, la détention non autorisée des Saintes Écritures en anglais était passible de la peine de mort. En lisant ses écrits en 1534, Henry VIII y trouve des raisons de rompre avec Rome. Deux ans plus tard, Tyndale est arrêté à Bruxelles, convaincu d’hérésie par le bras séculier de Charles Quint et exécuté par strangulation, son cadavre étant ensuite brûlé au bûcher. La « Bible Tyndale » contribuera à l’essor de la Réforme dans tout le monde anglophone ; en 1938, Henry VIII décrétera que cette Bible doit être lue « dans toutes les paroisses d’Angleterre ». – Le film est du travail d’amateur, de l’ouvrage pédagogique et hagiographique (scénario de Ben Steed) destiné aux églises et tourné aux studios de Bray (Windsor).
DE : Geächtet im Namen Gottes : William Tyndale.
1987(tv) Anne Boleyn, Part XI : The Final Chapter (US) de Paul Miller
Série « Saturday Night Live », saison 13, épis. 5 (NBC 21.11.87), 6 min. – av. Candice Bergen (Anne Boleyn), Phil Hartman (Thomas Howard, duc de Norfolk).
À la Tour de Londres, Anne Boleyn et le duc de Norfolk discutent des détails de l’exécution (comédie noire).
Vanessa Redgrave et Charlton Heston (Sir Thomas More) dans « A Man for All Seasons » (tv 1988).
1988(tv) A Man for All Seasons (Un homme pour l'éternité) (US/GB) de Charlton Heston [et Fraser C. Heston]
Fraser C. Heston, Ted Lloyd, Peter Snell/Agamemnon Films-British Lion Film Corporation-Turner Network Television (TNT 21.12.88), 150 min. – av. Charlton Heston (Sir Thomas More, Chancelier du Royaume), Vanessa Redgrave (Lady Alice More), Sir John Gielgud (le cardinal Thomas Wolsey), Martin Chamberlain (Henry VIII), Richard Johnson (Thomas Howard, duc de Norfolk), Benjamin Whitrow (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Roy Kinnear (The Common Man), Adrienne Thomas (Margaret More), John Hudson (William Roper), Jonathan Hackett (Richard Rich, Lord Chancellor), Nicholas Amer (Eustace Chapuys, ambassadeur de Charles Quint), Milton Cadman (l’archevêque Thomas Cranmer), Brian Badcoe (le Chambellan), Valerie Minifie, Geoff Owen.
Synopsis cf. film de 1966. – Humaniste intègre, Sir Thomas More, Chancelier du Royaume, s’oppose aux réformes introduites par Henry VIII et le paie de sa vie. Téléfilm d’après la pièce de Robert Bolt (1960), adapté par l’auteur et tourné dans les studios de Pinewood à Iver Heath, au manoir de Dorney Court (Buckinghamshire) et à Eton College (Berkshire) avec un casting de luxe. Le comédien Charlton Heston, mondialement célèbre pour son incarnation de Ben-Hur et de Moïse, est passé à la réalisation en 1971 avec Antony and Cleopatra (d’après Shakespeare) puis travaille à la télévision en collaboration avec son fils, Fraser Clarke Heston. Leur téléfilm reprend deux personnages exclus par Bolt et Fred Zinnemann dans leur film de 1966, le “Common Man”, qui représente le peuple, et Eustace Chapuys, l’ambassadeur d’Espagne qui soutient More politiquement et tente même de le corrompre avec l’argent du Vatican. Heston brigua en vain le rôle de Thomas More dans le film de Zinnemann et le joua plusieurs fois sur scène dans les années 1970/80 à New York, à Londres et à Aberdeen. Son Thomas More diffère de celui, austère, ascétique, intellectuel joué par Paul Scofield dans le film de 1966 ; Heston le voit plus chaleureux, passionné, avec un certain sens de l’humour. Quant à Vanessa Redgrave, qui joue Lady Alice More, Zinnemann la voulait initialement pour interpréter Margaret More, mais elle n’était pas libre et ne put apparaître que très brièvement en Anne Boleyn (rôle muet non mentionné dans le générique). Le téléfilm est trop long et si l’interprétation est généralement correcte, elle n’est pas la hauteur du travail d’orfèvre de Fred Zinnemann, quant au rythme, aux équivalences visuelles et à la direction d’acteurs. Rappelons que Charlton Heston a aussi interprété Henry VIII dans Crossed Swords / The Prince and the Pauper de Richard Fleischer en 1977.
1990® (tv) Border Warfare (GB) John McGrath. – av. Bill Riddoch (Henry VIII).
1991(vd-mus) Henry VIII (FR) de Pierre Jourdan
Théâtre Impérial de Compiègne/Théâtre Français de la Musique-House of Opera/Lyric VHS, 195 min. – av. Philippe Rouillon (Henry VIII), Michèle Command (Catherine d’Aragon), Lucile Vignon (Anne Boleyn), Alain Gabriel (Don Gómez de Feria), Philippe Bohée (le duc de Norfolk), Gérard Serkoyan (le cardinal Campeggio), Alexandre Laiter (le comte de Surrey), Jean-Marc Loisel (l’archevêque de Canterbury), Dominique Khalfouni et Jan Broeckx (danseurs).
Captation de l’opéra de Camille Saint-Saëns (1883) mis en scène pour l’inauguration du Théâtre Impérial de Compiègne. L’opéra décrit la rupture du roi avec l’Église catholique lors de son divorce avec Catherine d’Aragon pour épouser Anne Boleyn, l’ancienne maîtresse de Don Gómez de Feria, l’ambassadeur d’Espagne. Le livret de Léonce Détroyat et Armand Silvestre se base à la fois sur la pièce de Pedro Calderón de la Barca, La cisma de Ingalaterra (Le Schisme d’Angleterre ou l’Histoire d’Henri VIII) (1659), et sur The Famous History of the Life of King Henry the Eighth de William Shakespeare (dont c’est une des dernières écrits, rédigé en collaboration avec John Fletcher (1613). Calderón dépeint curieusement Henry VIII avec sympathie, montrant ses regrets et ses remords d’avoir maltraité Catherine d’Aragon et rompu avec Rome, et rendant Anne Boleyn et Wolsey seuls responsables du schisme. Quant au drame de Shakespeare, il a pour sujet les relations entre le monarque, sa première épouse espagnole et le cardinal Thomas Wolsey, éclairant ainsi les événements à la source de l’anglicanisme (cf. le téléfilm de Kevin Bellington en 1979). Pierre Jourdan ne livre pas une simple captation ; son travail se veut un « spectacle vivant », le point de vue de la caméra à partir des représentations, et sans aucun play-back. Sa mise en scène a été conçue pour être compatible avec les cadrages de la caméra, de même que les costumes, les éclairages et les maquillages ont été créés pour supporter les prises de vue rapprochées.
1993® (tv) King and Queens of England (GB) de Vanessa Tovell. – av. David Melchett (Henry VIII).
1994Great Harry & Jane (US) de Salvador Litvak
David F. Frankel/Windfall Pictures, 31 min. – av. Chris Weatherhead (Catherine d’Aragon), Brian Lally (Henry VIII), Nick Benedict, David Allen Blackburn, Allen Garfield, Oliver Page, Guy Siner.
Le conflit de Henry VIII lorsque son épouse Jane Seymour accouche et qu’il faut choisir entre elle et l’enfant (récit commenté par la future reine Elizabeth Ier). Court métrage primé par le Hollywood Foreign Press Association.
1994(vd) King Henry VIII and His Six Wives (GB) de Steve Gillham
Série « The History Makers », Steve Gilham, Frank Batavick, Bob Carruthers/Cromwell Productions-Films for the Humanities & Sciences-Kultur International Films, 50 min. – av. Brian Ralph (Henry VIII), Kate Dunn (Catherine d’Aragon), Kate Temple-Brown (Anne Boleyn), Sharon Baylis (Jane Seymour), Glynis Fletcher (Anne de Clèves), Tom Dunn (Lord Mountjoy), J. J. Scarisbrick et Les Prince (commentaires), Terry Moloy (narration).
Docu-fiction sans surprises.
1994® U. F. O. (GB) de Tony Dow. – av. Rusty Goffe (Henry VIII).
1996® (tv) The Prince and the Pauper (GB) d’Andrew Morgan. – av. Keith Michell (Henry VIII).
1998® (tv) I’m Henry VIII, I Am (GB) série BBC « Julia Jekyll and Harriet Hyde ». – av. Martyn Ellis (HenryVIII).
1999[épisode:] (tv) The Nearly Complete and Utter History of Everything (GB) de Dewi Humphreys, Paul Jackson et Matt Lipsey
Patricia McGowan, Jon Plowman/BBCtv (BBC1 2.1.2000). – av. Brian Blessed (Henry VIII), Julia Sawalha (Catherine Parr), Clive Anderson (Thomas Cranmer, l’archevêque de Canterbury).
Sketch parodique de la BBC.
1996-2000Monarch : Henry VIII – One Night of Torment (GB) de John Walsh
John Walsh, Maura Walsh, David Walsh/Hourglass Productions-Walsh Bros. Ltd., 109 min./97 min./89 min. – av. T. P. McKenna (Henry VIII), Jean Marsh (ses différentes épouses), James Coombes (Thorn), Mark Montgomerie (Will, son fils), Peter Miles (un courtisan), Steve Emerson, George Staines, Peter Sowerbutts.
Synopsis : Une nuit de fin janvier 1547, alors que royaume est en banqueroute et le chaos règne. Thorn, domestique dans un manoir fermé pour l’hiver, accueille terrorisé le roi d’Angleterre, voyageant incognito avec ses proches, en majorité des débauchés homosexuels. Son carrosse a été attaqué par des brigands, à moins qu’il ne s’agisse d’une tentative d’assassinat déguisée, ourdie par un de ses conseillers. Après trente-huit années de règne, Henry VIII, âgé de cinquante-cinq ans, se meurt. Obèse (178 kg), épuisé par des excès en tous genres, il souffre de la goutte et d’une blessure pustuleuse à la jambe suite à un tournoi de joute. Paranoïaque, rageur, impuissant et paralysé sur sa couche près d’un feu de cheminée, le tyran est obsédé par la longue liste de ses ennemis et son sommeil hanté par le souvenir – et les fantômes – de ses épouses (un amalgame de silhouettes féminines interprétées par Jean Marsh, Emmy Award en 1975 pour Upstairs, Downstairs).
La première œuvre de fiction du documentariste irlandais John Walsh se déroule en une seule nuit et dresse un bilan psychologique et politique accablant du monarque. Tout le récit est plongé dans une obscurité menaçante (à la caméra, Ray Andrew, l’opérateur de Stanley Kubrick pour The Shining). Walsh tourne en octobre 1996 à Charlton House au sud de Londres (Greenwich), mais le montage n’est achevé que quatre ans plus tard. Sélectionné au Mill Valley Film Festival (USA) et au Festival international d’Edinbourg en 2000, ressorti en salle en 2014 après la réapparition du négatif original qu’on avait cru perdu, le film est salué chaleureusement par la presse londonienne qui y voit un « mélodrame gothique » plein de détails horrifiques, un bijou de « film noir » situé au XVIe siècle.
2000® (tv) The Prince and the Pauper (US) de Giles Foster. – av. Alan Bates (Henry VIII).
2000® (tv) The Nearly Complete and Utter History of Everything (GB) de Dewi Humphreys, Paul Jackson, Matt Lipsey (BBC 2.1.00). – av. Brian Blessed (Henry VIII), Julia Sawalha (Catherine Parr).
2001® (tv) The Royal Ring (GB/FR) de John Bell (série « Relic Hunter/Sydney Fox l’aventurière »). – av. Michael Hofland (Henry VIII), Sarah Pratt (Anne Boleyn).
2001(tv) The Six Wives of Henry VIII (GB) minisérie de Steven Clarke (1), Mary Grantich (2), Louise Wardle (3) et Nicholas White (4)
Parties : 1. Catherine of Aragon – 2. Anne Boleyn – 3. Jane Seymour & Anne of Cleves – 4. Catherine Howard & Catherine Parr
Mark Fielder/Channel Four Television Corp. (Channel 4 10.9.-1.10.01), 4 x 55 min. – av. Chris Larkin (Henry VIII – ép. 1/2), Andy Rashleigh (Henry VIII- ép. 3/4), Annabelle Dowler (Catherine d’Aragon), Michael Fitzgerald (Thomas Wolsey), David Fleeshman (Campezzio), Karis Copp (Catherine jeune), Daniel Northover (Henry jeune), Julia Marsen (Anne Boleyn), Charlotte Roach (Jane Seymour), Catherine Siggins (Anne de Clèves), Alistair Mayden (Heinrich Harst), Robert Hickson (Nicholas Carew), Michelle Abrahams (Catherine Howard), Caroline Lintott (Catherine Parr), Sergio Corvino (Thomas Culpeper), Richard Felix (Thomas Seymour), Christopher Reeks (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), David Fleshman (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Leon Green (Thomas Howard, duc de Norfolk), Simon Merrels (Francis Dereham), Richard Syms (Stephen Gardiner).
Docu-fiction présenté par l’historien controversé David Starkey, plutôt mal joué et tourné sur les lieux historiques (Thornbury Castle, Hever Castle, Hampton Court, Wells Cathedral, etc.).
2001(tv) The King’s Servant (GB) de Catrine Clay
Série « Timewatch » (BBC Two 26.1.01), 50 min. – av. Nicholas LePrevost (Sir Thomas More), Al Stringer (Henry VIII). John Guy (narration).
Docu-fiction sur l’ascension et la fin tragique de Thomas More que l’ambition a perdu.
2002(tv-mus) Henry VIII (ES) de Pierre Jourdan
Premiere Opera, 180 min. – av. Simon Estes (Henry VIII), Montserrat Caballé (Catherine d’Aragon), Nomeda Kazlaus (Anne Boleyn), Charles Workman (Don Gómez de Feria).
Captation de l’opéra de Camille Saint-Saëns (1883) au Gran Teatre del Liceu à Barcelone. Commentaires cf. version de 1991.
2003(tv) The Other Boleyn Girl (GB) de Philippa Lowthorpe
Ruth Caleb, Alex Holmes, David M. Thompson/BBCtv (BBC Two 28.3.03), 90 min. – av. Natascha McElhone (Mary Boleyn), Jodhi May (Anne Boleyn), Jared Harris (Henry VIII), Ron Cook (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Yolanda Vasquez (Catherine d’Aragon), Naomi Benson (Jane Seymour), Steven Mackintosh (George Boleyn, vicomte de Rochford), Philip Glenister (William Stafford), Jack Shepherd (Sir Thomas Boleyn), John Woodvine (Thomas Howard, duc de Norfolk), Anthony Howell (William Carey), Jane Gurnett (Lady Elizabeth Boleyn, comtesse de Wiltshire et d’Ormond), Geoffrey Streatfeild (Francis Weston), Oliver Chris (Henry Percy), Zoe Waites (Jane Parker), Charlie Beall (Mark Smeaton), Roger Hammond (Lord Farmleigh), Noni Lewis (la nurse de Mary), Clare Banfield (la nurse d’Anne), Marion Shearman (la nurse d’Elizabeth), Phil Lowes (Rider), Elizabeth Pencavel (dame de compagnie).
Synopsis cf. le film éponyme de 2008. Première adaptation audiovisuelle du roman de Philippa Gregory (lauréate du Romantic Novel of the Year Award 2002) qui présente la sœur cadette et rivale d’Anne Boleyn, Mary Boleyn, un temps également maîtresse de Henry VIII. Philippa Lowthorpe (téléaste qui dirigera un Beau Brummel en 2006 et plusieurs épisodes de la série Netflix The Crown en 1917) adapte le roman en le raccourcissant considérablement, en simplifiant l’intrigue qui s’étend sur quinze ans pour la ramener à une durée standard de 90 minutes et en montrant les deux sœurs qui s’adressent directement à la caméra, comme dans un talk show ; Anne couche ici avec son frère George, inceste qui ne figure pas dans le roman. Filmé au château de Berkeley (Gloucestershire) avec une caméra tenue à la main, passablement d’improvisation et un budget minimaliste de 750’000£.
2003(tv) Henry VIII (GB/US/AU) minisérie de Pete Travis
Francis Hopkinson/Granada Television-WGBH Boston-Powercorp-Australian Broadcasting Corporation (ABC) (ITV 12+19.10.03), 193 min./2 x 120 min. – av. Ray Winstone (Henry VIII), David Suchet (le cardinal Thomas Wolsey), Helena Bonham Carter (Anne Boleyn), Sid Mitchell (Henry VIII jeune), Charles Dance (Edward Stafford, duc de Buckingham), Mark Strong (Thomas Howard, duc de Norfolk), Assumpta Serna (Catherine d’Aragon), Thomas Lockyer (Edward Seymour), William Houston (Thomas Seymour), Daniel Webb (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Benjamin Whitrow (Thomas Boleyn, comte de Wiltshire, son père), Scott Handy (Lord Henry Percy), John Higgins (le réformateur Robert Barnes), Joss Ackland (Henry VII), Stephen Noonan (Don Bernardino de Mendoza, l’ambassadeur d’Espagne), Lara Belmont (Mary Tudor), Michael Maloney (Thomas Cranmer), Edward Kelsey (Lorenzo Campeggio), Edward Tudor-Pole (Frère Peto), Christopher Good (Sir John Seymour), Emila Fox (Jane Seymour), Sean Bean (Sir Robert Aske), Joseph Morgan (Thomas Culpeper), Marsha Fitzalan (Lady Elizabeth Stafford, duchesse de Norfolk), Terence Harvey (l’évêque Stephen Gardiner), Pia Girard (Anne de Clèves), Catrin Rhys (Mary Lascelles), Kelly Hunter (Jane Boleyn, vicomtesse Rochford), Emily Blunt (Catherine Howard), Tom Turner (Francis Dereham, amant de Catherine Howard), Daniel Betts (John Lascelles), Clare Holman (Catherine Parr), Hugh Mitchell (le prince Edward Tudor, futur Edward VI), Clare Cameron (Mary Boleyn), Lorna Lacey (Elizabeth jeune), Dominic Mafham (George Boleyn, vicomte Rochford), David Gwillim (le médecin), Rhys Meredith (Thomas Smeeton) et Derek Jacobi (narration).
La vie du roi pendant les vingt-et-une dernières années, de la désintégration de son premier mariage – qui le laisse sans héritier – à sa mort en 1547. Le casting est intéressant – avec David Suchet (parfait Hercule Poirot à la télévision) en surprenant cardinal Wolsey et Helena Bonham Carter, habituée des têtes couronnées (Lady Jane Grey en 1986 et la reine consort Elizabeth dans The King’s Speech, 2010) en Anne Boleyn – mais l’ensemble manque de crédibilité.
Ray Winstone (le héros viking Beowulf en 2007) affirme avoir tenté une approche psychologique plus approfondie du monarque, marqué par le devoir absolu de procréer, pris par le désespoir avec l’âge, psychotique, paranoïaque, victime des commandements de son père (ses derniers mots : « tu dois avoir un fils ») et de sa relation complexe avec Wolsey, son père de substitution. Mais sur la durée, le portrait se limite à une brute épaisse sans charme ni intelligence (« le Parrain en collants » selon Pete Travis) qui colore son anglais d’un fort accent « cockney » et castagne et viole sa deuxième épouse alors qu’elle est enceinte et hurle. Le scénariste Peter Morgan, plus tard un formidable peintre de la royauté des Windsor (The Queen de Stephen Frears, 2006, et la remarquable série The Crown, 2016-19) aligne ici une suite de clichés et de stéréotypes tout juste dignes d’un manuel scolaire, sans parler des nombreuses erreurs factuelles. Ainsi, quand ce « roi gangster » obèse agonise enfin, le film montre sa famille autour de sa couche, guettant ses dernières paroles, alors qu’en réalité elle fêtait le Nouvel An à des kilomètres de là. Violences graphiques inadéquates, souvent en ralenti (la fermeture des monastères avec incendies et viols, le bourreau qui exhibe la tête de la reine, etc.), coupes de cheveux modernes, sensationnalisme glamour et dramatisations excessives (la rébellion catholique menée par Robert Aske et le massacre des moines à York) baignées dans le sang et la boue sapent les efforts de reconstitution. Reste un divertissement moyen, dans l’air du temps, filmé pour 5,2 millions £ aux studios de Pinewood (intérieurs), au château d’Arundel et à East Head Beach (West Sussex), à Middle Temple à Holborn ainsi qu’aux châteaux de Berkeley (Gloucestershire) et de Leeds (Kent). Lauréat, allez savoir pourquoi, de l’International Emmy pour la meilleure série télévisuelle de l’année 2004. – ES : Enrique VIII.
2004(tv) Affairs of the Crown : The Execution of Anne Boleyn (GB) de Tanya Cheadle
Série « Days That Shook the World » (BBC Four 20.12.04), 45 min. – av. P. J. King (Eustace Chapuys, ambassadeur du Saint Empire Romain), Peter Guinness (narration), Paul Betts, Robert Donald, David Farrington, Jim Fowler, Gerry Hinks, Jo Martel, Julia Tamoky.
La toute première exécution d’une reine anglaise, une dramatisation des récits de témoins oculaires réunis par l’historien Eric Ives.
2005(tv) Monarchy – 7. Henry VIII: King and Emperor (GB) de David Hutt
Granada Pictures-Channel Four (C4 19.9.05), 55 min. – av. Darren Alder (Henry VIII), Anna Burns (Catherine d’Aragon), Tony Cottrell, Gerard Hayling, James Hurst, Kate Lindesay, Jeremy Towler.
Docu-fiction d’après David Starkey. La décision arbitraire et unilatérale de Henry VIII de divorcer de Catherine d’Aragon après vingt-quatre années de mariage, sans autorisation papale, mène à la rupture avec Rome, à la dissolution des monastères et la violence à grande échelle dans tous le pays.
2006(tv) The Madness of Henry VIII (US) de Doug Shultz
Série « Icons of Power », Doug Shultz, Sandya Viswanathan/Partisan Pictures-Domino Film-National Geographic Channel (The History Channel 8.1.06), 88 min. – av. Dan Astileanu (Henry VIII), Georgeta Marin (Catherine d’Aragon), Ioana Flora (Anne Boleyn), Gabi Rauta (Henri VIII jeune), Alexandru Antemia (le cardinal Thomas Wolsey), Alexandru Georgescu (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Paul Gardescu (Mark Smeaton), Greg Stebner (narration).
Docu-fiction filmé en Roumanie (Bucarest et Hunedoara), puis en Angleterre (Pendennis Castle à Falmouth, en Cornouailles).
2006(tv) Heinrich VIII. Mörder auf dem Königsthron (Henri VIII, le roi sanglant) (DE) d’Eike Schmitz
Série « Sphinx – Geheimnisse der Geschichte (L’Aventure humaine) », Atlantis-Film Berlin-ZDF-Arte (Arte 16.9.06), 52 min. – av. Benjamin Gottmann (Henry VIII), Bernhard Christian (Henry VIII âgé), Lisa Brühlmann (Anne Boleyn), Sandra Lommerzheim (Catherine d’Aragon) Rain Wulf (le cardinal Thomas Wolsey), Dieter Müller (Sir Thomas More), Friederike Becht (Jane Seymour), Hans-Peter Cruchten (le pape Clément VII), Vera Seemann (la dame de compagnie d’A. Boleyn), Ina Gottmann (une dame de compagnie), Tobias Wegner (le bouffon).
Un docu-fiction superficiel qui relate en détail la décapitation d’Anne Boleyn, puis de Catherine Howard, mais ne souffle mot des milliers de ses sujets jugés hérétique et des centaines de têtes tombées après la rupture avec Rome et la création de l’Église anglicane.
2006® (tv) La mandrágora (ES) de Miguel Sarmiento (TVE 12.7.06). – av. Jan Werich (Henry VIII), Jana Brejchová (Catherine Parr).
2007-2010(tv) The Tudors (Les Tudors) (GB/CA/IE/US) télésérie de Ciarán Donnelly (9, 10, 15, 16, 21, 22, 23, 24, 32, 33, 34, 37, 38), Jeremy Podeswa (11, 12, 25, 26, 27, 28, 35, 36), Dearbhia Walsh (17, 18, 29, 30, 31), Steve Shill (1, 3, 4), Charles McDougall (1, 2), Brian Kirk (5, 6), Alison Maclean (7, 8), Colm McCarthy (13, 14), et Jon Amiel (19, 20)
James Flynn, Gary Howsam, Michael Hirst/Peace Arch Entertainment Group-Showtime Networks-Reveille Eire Productions-Working Title Television-Octagon Entertainment-Canadian Broadcasting Corporation-Bórd Scannán nah Éireann (Showtime / BBC Two /CBC / TV3 Ireland 1.4.-10.6.07 / 30.3.-1.6.08 / 5.4.-24.5.09 / 11.4.-20.6.10), 38 x 52 min. (4 saisons). – av. Jonathan Rhys-Meyers (Henri VIII), Maria Doyle Kennedy (Catherine d’Aragon), Natalie Dormer (Anne Boleyn), Annabelle Wallis (Jane Seymour), Joss Stone (Anne de Clèves), Tamzin Merchant (Catherine Howard), Joely Richardson (Catherine Parr), Bláthnaid McKeown / Sarah Bolger (la princesse Mary), Kate Duggan / Claire MacCauley / Laoise Murray (la princesse Elizabeth), Eoin Murtagh / Jake Hathaway (le prince Edward), Gabrielle Anwar (Margaret/Mary Tudor, soeur cadette de Henry VIII), Sam Neill (le cardinal Thomas Wolsey), Peter O’Toole (le pape Paul III), Max von Sydow (le cardinal Otto Truchsess von Waldburg, évêque d’Augsburg), Simon Ward (l’évêque Stephen Gardiner), Hans Matheson (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Ian McElhinney (le pape Clément VII), John Kavanagh (le cardinal Lorenzo Campeggio), Emmanuel Leconte (François Ier), Sebastian Armesto (l’empereur Charles Quint), Henry Cavill (Charles Brandon, duc de Suffolk), James Frain (Thomas Cromwell, comte d’Essex), Jeremy Northam (Sir Thomas More), Frank McCusker (Thomas Wriothesley, comte de Southampton), Henry Czerny (Thomas Howard, duc de Norfolk), Ruta Gedmintas (Lady Elizabeth Blount), Callum Blue (Sir Anthony Knivert), Kristen Holden-Ried (Sir William Compton), Joe Van Moyland (Thomas Tallis), Steven Waddington (Edward Stafford, duc de Buckingham), Jamie Thomas King (Thomas Wyatt), Nick Dunning (Thomas Boleyn, comte de Wiltshire), Perdita Weeks (Mary Boleyn), Padraic Delany (George Boleyn, vicomte Rochford), Joanne King (Jane Boleyn, vicomtesse Rochford), Laura Jane Laughlin (Lady Margaret Sheldon), David Alpay (Mark Smeaton), James Gilbert (William Brereton), Max Brown (Edward Seymour, comte de Hertford), Emma Hamilton (Anne Seymour, comtesse de Hertford), Andrew McNair (Thomas Seymour), Rod Hallett (Sir Richard Rich), Alan van Sprang (Sir Francis Bryan), Gavin O’Connor (George Talbot, comte de Shrewsbury), David O’Hara (Henry Howard, comte de Surrey), Catherine Steadman (Joan Bulmer), Torrance Coombs (Sir Thomas Culpeper), Allen Leech (Francis Dereham), Peter Gaynor (Hans Holbein le Jeune), Anthony Brophy (Eustace Chapuys, ambassadeur du Saint Empire romain), Lothaire Bluteau (Charles de Marillac, ambassadeur de France), Bosco Hogan (John Fisher, évêque de Rochester), Mark Hildreth (le cardinal Reginald Pole), Rebekah Wainwright (Catherine Brandon, duchesse de Suffolk), Jane Brennan (Lady Margaret Bryan), Colin O’Donoghue (Philippe, duc de Bavière), Paul Ronan (William, duc de Jülich-Clèves-Berg, frère d’Anne de Clèves), Gerard McSorley (Robert Aske), Colm Wilkinson (Thomas Darcy, baron Darcy de Darcy), Zac Jenciragic (Henry FitzRoy, duc de Richmond et Somerset), Kate O’Toole (Margaret Plantagenêt, comtesse de Salisbury).
La série relance la chronique télévisée des grandes familles corrompues et criminelles du passé occidental comme I, Claudius (1976) et Rome (2005-07) pour l’Antiquité, Les Rois maudits (1972/73, 2005) pour la fin des Capétiens, The Devil’s Crown (1977/78) sur les Plantagenêts et l’agonie du Moyen Âge, et elle sera suivie de Les Borgias de Neil Jordan (2011-13), de la série rivale Borgia (2011-14), de Charles Quint (2015-16) et de Les Médicis (2016-19) pour la Renaissance, enfin de Versailles (2015-18) pour les turpitudes de l’Absolutisme. La majorité de ces produits privilégient les intrigues sentimentales et les complots en tous genres au détriment des faits historiques. Le titre de The Tudors est du reste trompeur, car la télésérie n’aborde pas toute la dynastie et ses 120 ans de règne, mais uniquement celui de Henry VIII, et encore à partir de l’année 1518, oblitérant les neuf premières années du satrape. Mais qu’importe, les Tudors sont tendance et font recette, quelle que soit la cuisine qui les sert, ici en lorgnant fortement du côté des 155 épisodes de la série The West Wing (À la Maison-Blanche) diffusés entre 1999 et 2006. C’est un produit destiné en priorité à la chaîne américaine Showtime, haut de gamme, riche à l’oeil, doté d’un budget royal (38 millions de dollars pour la première saison), une saga rutilante d’intrigues politico-religieuses dramatisées à l’excès, sur fond de soif de pouvoir, d’agressivité et de sexe. On y applique les recettes du soap opera, d’où un fort parfum iconoclaste qu’accentue encore l’interprétation par un éventail de « beautiful people ». Cette volonté affichée de jeunisme ruine un matériau historique fascinant en se complaisant dans une peinture superficielle jusqu’à la caricature. L’annonce publicitaire de la quatrième et dernière saison est éloquente : « Toujours plus de complots, de passion et de trahisons mêlés à la descente aux enfers du roi… ». Âgé de 56 ans, ce dernier épouse Catherine Howard et « sombre peu à peu dans la folie, ce qui mettra fin à la dynastie des Tudors ». L’oubli de son fils Edward VI, de sa petite-nièce Jane Grey, de ses filles « Bloody Mary » Tudor et la Grande Elizabeth qui tous lui ont succédé en dit long sur le sérieux de l’entreprise.
La série « Les Tudors » : des images de magazine de luxe sexy qui se passent de commentaire.
 L’aspect très juvénile de l’Irlandais Jonathan Rhys-Meyers en prolifique « serial killer » frappe d’emblée. Ce jeune rockstar débraillé, glabre, sexy, svelte et athlétique laisse oublier que Henry VIII avait quarante-deux ans (et non vingt-cinq comme le laisse entendre cette fiction) quand il tomba amoureux d’Anne Boleyn et qu’il ressemblait donc au barbu ventripotent et aux joues flasques peint par Holbein ; mais l’acteur a refusé de modifier son physique et de sacrifier à l’embonpoint. Petite concession : sur le tard, il se laisse pousser le bouc. La bouche pulpeuse, ourlée avec dédain, Rhys-Meyers mime un monarque de papier glacé (tendance « adolescent ingérable »), assoiffé de plaisirs, dominé par ses passions et jamais très loin de la folie. Un impulsif criseux (avec gesticulations et bris de meubles), lâche et capricieux, d’abord manipulé par ses conseillers, bref un piètre souverain adonné surtout aux galipettes à la lueur des chandelles. L’acteur, chanteur et mannequin, s’est trémoussé en Elvis Presley dans la mini-série Elvis en 2005 et sera ... le grand vampire dans la série Dracula en 2013 : vaste programme ! Anne Boleyn est réduite à une courtisane de passage qui gagne les faveurs du roi grâce aux voluptés érotiques apprises à la cour de France : c’est une « battante anachronique dans un monde férocement masculin » (Télérama, 26.3.08). Quant aux violences qui rythment les saisons de cette mégasérie, le catalogue propose pendaisons, décapitations, embrochement à l’épée, crimes au couteau ou à l’arc, éventration au tisonnier incandescent, en attendant les bûchers pour hérétiques en tous genres. Distrayant mais vain.
Michael Hirst, scénariste britannique des deux films de Shekhar Kapur avec Cate Blanchett, Elizabeth (1998) et Elizabeth : The Golden Age (2007), puis des séries The Borgias (2010), Camelot (2012) et Vikings (2013), connaît certes son métier, la réécriture mélodramatique et « new look » de l’Histoire qu’exigent les producteurs américains de Showtime n’a pas de secrets pour lui. La première saison recouvre les années 1518 à 1530 (mort de Thomas Wolsey), la saison deux 1532 à 1536 (mort d’Anne Boleyn), la saison trois 1536 à 1540 (mort de Thomas Cromwell) et la saison quatre 1540 à 1547 (morts de Henry VIII et de Charles Brandon). Couronné à dix-sept ans, l’énergique jeune roi prend progressivement conscience de son pouvoir et du champ infini des plaisirs disponibles. L’assassinat de son ambassadeur en Italie le conforte dans son désir de partir en guerre contre l’ennemi de toujours, la France. Mais le cardinal Wolsey, éminence grise du gouvernement, l’en dissuade : en 1520, Henry VIII arrive au Camp du Drap d’or près de Calais pour y signer un accord de paix avec François Ier à Calais où, sur conseil de Wolsey, les deux rois confirment le Traité de Paix Universelle... que l’Anglais ne songe pas à appliquer puisqu’il est déjà en pourparlers secrets avec leur ennemi commun, l’Espagne. Tout cela est authentique dans les grandes lignes, mais que penser de l’attitude grotesque du Saint Père à Rome qui suggère de supprimer Anne Boleyn, déjà enceinte, afin de raisonner Henry VIII et de lui éviter une rupture avec l’Église, tentative d’assassinat mandatée par Charles Quint et qui échoue par deux fois de justesse ? D’ailleurs, le script confond les papes Alexandre VI, Jules II, Paul III et Clément VII (qui excommunia le roi) ; il confond également Marguerite Tudor (grand-mère de Mary Stuart) et Marie d’Angleterre, les deux filles de Henri VII. Quant à Charles Quint et son ambassadeur Eustace Chapuys, ils n’avaient pas l’accent espagnol, leur langue maternelle étant le français, et Thomas Wolsey, ancien Lord Chancellor, ne s’est pas suicidé en prison à la Tour, il est mort d’épuisement à Leicester lors de son transfert à Londres pour y être décapité ; quant à Hans Holbein auquel le roi commande une toile à la veille de sa mort, il était déjà décédé depuis sept ans.
Même les décors et paysages sont faux : la série est tournée entièrement en Irlande, aux studios d’Ardmore à Bray (County Wicklow), puis à Dublin (châteaux de Drimnagh et Dublin, prison de Kilmainham, cathédrale de la Sainte Trinité, Phoenix Park), au Powerscourt Estate à Enniskerry et au Kilruddery House à Bray. Cela n’empêche un succès d’antenne assuré, la série récoltant entre autres deux nominations au Golden Globe (meilleure série dramatique et Jonathan Rhys Meyers), lauréate de sept Irish Film and Television Awards, dont un vraiment mérité, celui des splendides costumes.
Episodes de la première saison : 1. « In Cold Blood (La Paix universelle ?) » – 2. « Simply Henry (Illusions perpétuelles) » – 3. « Wolsey, Wolsey, Wolsey ! (Projets ambitieux) » – 4. « His Majesty, The King (Prise de conscience) » – 5. « Arise, My Lord (Liaisons dangereuses) » – 6. « True Love (Bras de fer) » – 7. « Message to the Emperor (La Grande Suette) » – 8. « Truth and Justice (Ainsi sera, grogne qui grogne) » – 9. « Look to God First (À bout de patience) » – 10. « The Death of Wolsey (La Rupture) » – Deuxième saison : 11. « Everything Is Beautiful (Suprématie royale) » – 12. « Tears of Blood (Marquise de Pembroke) » – 13. « Checkmate (Un nouvel archevêque) » – 14. « The Act of Succession (Acte de succession) » – 15. « His Majesty’s Pleasure (Martyrs) » – 16. « The Definition of Love (Regrets amers) » – 17. « Matters of State (Reine légitime) » – 18. « Lady in Waiting (Amour courtois) » – 19. « The Act of Treason (Ambitions contrariées) » – 20. « Destiny and Fortune (Un mariage consommé) » – Troisième saison : 21. « Civil Unrest (Jeanne, reine d’Angleterre) » – 22. « The Northern Uprising (Le Pardon royal) » – 23. « Dissension and Punishment (Trahison) » – 24. « The Death of a Queen (La Fin d’une reine) » – 25. « Problems in the Reformation (Le Sans Pareil) » – 26. « Search for a New Queen (Tractations matrimoniales) » – 27. « Protestant Anne of Cleves (Un roi désenchanté) » – 28. « The Undoing of Cromwell (Plus dure sera la chute) » – Quatrième saison : 29. « Moment of Nostalgia (Nouvelle Jeunesse) » – 30. « Sister (Telle une rose sans épine) » – 31. « Something for You (Douce petite folle) » – 32. « Natural Ally (Conduite outrageuse) » – 33. « Bottom of the Pot (Peine royale) » – 34. « You Have My Permission (Nouvelles Alliances) » – 35. « Sixth and the Final Wife (Le Siège de Boulogne) » – 36. « As It Should Be (Le Bout du tunnel) » – 37. « Secrets of the Heart (Une reine en danger) » – 38. « Death of a Monarchy (Être et ne plus être) ».
DE : Die Tudors, Es : Los Tudor, IT : I Tudors.
« The Other Boleyn Girl » (2008): le roi (Eric Bana) préfère Anne (Natalie Portman) à Mary (Scarlett Johansson).
2008The Other Boleyn Girl (Deux Sœurs pour un roi) (US/GB) de Justin Chadwick
Alison Owen, Mark Cooper, Scott Rudin, David M. Thompson/Columbia Pictures Corp.-Focus Features-BBC Films, 115 min. – av. Natalie Portman (Anne Boleyn), Scarlett Johansson (Mary Boleyn), Eric Bana (Henry VIII), Jim Sturgess (George Boleyn, vicomte de Rochford), Mark Rylance (Sir Thomas Boleyn, comte de Wiltshir et d’Ormond), Kristin Scott Thomas (Lady Elizabeth Boleyn, comtesse de Wiltshire et d’Ormond), David Morrissey (Thomas Howard, duc de Norfolk), Benedict Cumberbatch (Sir William Carey), Oliver Coleman (Henry Percy, comte de Northumberland), Ana Torrent (Catherine d’Aragon), Eddie Redmayne (William Stafford), Tom Cox (Rider), Michael Smiley (le médecin), Montserrat Roig de Puig (la femme enceinte), Juno Temple (Jane Parker), Iain Mitchell (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Andrew Garfield (Francis Weston), Mark Lewis Jones (Charles Brandon, duc de Suffolk), Corinne Galloway (Jane Seymour), Bill Wallis (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Alfie Allen (le messager royal), Joseph Moore (Henry VIII jeune), Tiffany Freisberg (Mary Talbot), Brodie Judge (Catherine jeune), Oscar Negus (le petit Henry), Maisie Smith (Elizabeth Tudor jeune), Daisy Doidge-Hill (Anne jeune), Kizzy Fassett (Mary Boleyn jeune), Constance Stride (Mary Tudor jeune).
Synopsis : Trois enfants innocents, Anne, Mary et George Boleyn vivent en harmonie à la campagne. Mais l’ambition et la soif de pouvoir de leur père Sir Thomas, freinée par leur mère Lady Elizabeth, mais attisée par leur oncle, le duc de Norfolk, va bouleverser leur existence. Quand la rumeur se répand que le roi souhaite un héritier mâle, Thomas et son frère intriguent pour gagner la faveur royale grâce à Anne, l’aînée, belle, ambitieuse et intelligente. Lors du mariage arrangé de Mary avec Sir William Carey, Anne jette son dévolu sur le plus riche noble du royaume, Henry Percy, promis à Mary Talbot. Elle charme néanmoins le roi, en visite dans leur demeure, mais celui-ci, alité à la suite d’un accident de chasse, s’éprend de la douce Mary et la fait venir à la Cour comme demoiselle d’honneur de la reine Catherine d’Aragon, où elle devient sa maîtresse. Anne, jalouse, s’unit secrètement à Percy, mais le roi annule leur union et envoie Anne, furieuse contre sa sœur, en exil en France. George est marié de force à une intrigante suivante de la reine, Jane Parker, qui le trahira plus tard. Les Boleyn, conscients que le roi se détache de Mary, enceinte et alitée, font revenir Anne avec mission de la soutenir, mais Anne, au contraire, éblouit le roi par son insolente personnalité tout en se refusant à lui. Lorsque Mary accouche d’un fils, Henry Carey, le roi l’éloigne. Fasciné par Anne, qui exige le mariage, Henry VIII fait annuler le sien avec Catherine, mais lorsqu’Anne lui donne une fille, il courtise Jane Seymour. Anne prend peur, demande sans succès à son frère George de la mettre enceinte, mais, accusé d’inceste à la suite de la délation de Jane Parker, ce dernier est décapité. Convaincue d’adultère et rejetée par tous, sauf par sa mère anéantie et par Mary, qui intercède vainement en sa faveur, Anne subit le même sort. Mary se retire à la campagne avec Elizabeth, la future reine d’Angleterre. Elle vivra heureuse loin de la Cour, ayant épousé Sir William Stafford.
Corrigeons quelques libertés que prend Philippa Gregory, l’auteure du roman éponyme paru en 2001 dont ce film – et le téléfilm de 2003 – s’inspirent pour brosser le récit d’une rivalité salace. Mary Boleyn (v. 1499-1543) fut en 1514 d’abord dame d’honneur auprès de la princesse Mary d’Angleterre (Mary Tudor, fille cadette d’Henry VII et sœur de Henry VIII), puis maîtresse de François Ier et d’autres nobles, ce qui provoqua son renvoi de France et son retour en Angleterre (François Ier la qualifia de « grande putain, la plus infâme de toutes ») ; ceci explique pourquoi le roi anglais ne la voulait pas comme épouse. Il n’existe aucune preuve contemporaine que Henry Carey (né en 1526 et anobli par la reine Elizabeth Ière) ait été l’enfant biologique de Henry VIII ; Mary eut encore trois autres enfants. Quant à Anne Boleyn, elle n’était pas aussi dépourvue et esseulée qu’on le montre à l’écran : elle avait plus de 150 personnes à son service et on la disait prodigieusement dépensière ; son royal époux la fit d’abord condamner au bûcher, puis commua généreusement la sentence en décapitation. Anne ne versa pas une larme lors de son exécution.
Le scénario est signé Peter Morgan, amateur de têtes couronnées (Henry VIII en 2003, The Queen de Stephen Frears en 2006, la série Netflix The Crown en 2016-19) qui sera élevé au rang de Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique. L’auteur dramatique se dit fasciné par le « face-à-face de la diva et de l’émotive, deux redoutables séductrices ». Le roman comme le film font de Mary une femme douce, solide, presque campagnarde, tandis qu’Anne est une courtisane étincelante, vivace, fine et fragile, première victime de son ambition. Mary est ici une pure jeune fille éperdue d’amour pour le Henry VIII du séduisant Eric Bana (plus romanesque et « glamour » que l’original), aussi blonde et loyale que sa sœur Anne, véritable traîtresse de soap, est brune et intrigante. Sentimentale, Mary est davantage préoccupée de construire sa vie, son couple, sa famille que de satisfaire des desseins familiaux qu’elle sent trop grand pour elle. Le résultat, qui marche sur les plates-bandes de la mégasérie The Tudors diffusée l’année précédente, se résume à un luxueux duel de stars entre Natalie Portmann et Scarlet Johansson, la confrontation de deux princesses du box-office, toutes deux éclipsées par Kristin Scott Thomas, tragique et bouleversante dans un rôle de mère impuissante face à l’aveuglement de son mari et la frivolité de ses filles. L’ardeur et la vivacité de l’interprétation parviennent à faire oublier l’académisme d’un récit facilement empesé et léché. Ce premier film du téléaste Justin Chadwick, budgété à 35 millions de $, est en outre rehaussé par les couleurs des costumes d’Anne et de Mary (bleu profond, bleu turquoise, vert soutenu) et un tournage en décors naturels : au manoir de Great Chalfield (Wiltshire, propriété des Boleyn), à l’abbaye de Lacock (le palais royal de Whitehall), à Knole House (Kent), à Peak Disstrict (Derbyshire), dans l’église Saint Bartholomew à Londres (procès de la reine Catherine, mariage d’Anne) et au château de Douvres dans le Kent (exécutions) ; la majorité des intérieurs sont photographiés à Dorney Court (Berkshire), à Haddon Hall (Derbyshire), Bolebroke Castle (East Sussex), Lackock Abbey (Wiltshire), Penshurst Place (Kent) avec la scène du bal aux studios d’Elstree à Borehamwood. Sorti en première mondiale au Festival de Berlin 2008, le film rapportera plus du double de ses coûts. – DE : Die Schwester der Königin, IT : L’altra donna del re, ES : Las hermanas Bolena.
2008(tv) The Other Boleyn Girls (US) de Don Roy King
Série « Saturday Night Live », saison 33, épis. 6 (NBC 1.3.08), 3 min. – av. Ellen Page (Anne Boleyn), Jason Sudeikis (Henry VIII), Kristen Wiig (Eunice Boleyn), Casey Wilson (Mary Boleyn).
Sketch parodique sous la forme d’une fausse bande annonce du film The Other Boleyn Girl (cf. supra).
2008Tudor Rose (US) de Sarah R. Lotfi
Sarah R. Lotfi, Dustin Dunaway/The Cool Channel Productions-White Cloud Productions, 7 min. – av. Ethan Eagar (Henry VIII), Tracey Allyn (Catherine d’Aragon), Rebecca Bigler (la princesse Mary Tudor), Mimi Forrester (la princesse Elizabeth), Sarah R. Lotfi (Anne Boleyn), Lauren Lunsford (Lady Rochefort), Annie Young (Jane Seymour).
Henry VIII distribue sa « rose » à ses différentes maîtresses et épouses. Court métrage tourné dans les parages de Colorado Springs par une jeune réalisatrice américaine d’origine irano-chinoise.
2008® (vd) The Twisted Tale of Bloody Mary (GB) de Chris Barnard. – av. Jason Sharp (Henry VIII), Lisa Marie Kennedy (Anne Boleyn), Burtie Welland (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Graham Bill (Thomas Cranmer), Victoria Peiró (Catherine d’Aragon).
2009(vd) The Battle of Flodden (GB) de Bob Carruthers
Série « The History of Warfare », Bob Carruthers/Cromwell Productions Ltd.-Studio Pegasus, 60 min. – Terry Molloy (commentaire).
Docu-fiction avec comédiens anonymes et reconstitutions digitales illustrant la défaite militaire la plus catastrophique de l’histoire écossaise. – En septembre 1530, James IV, roi d’Écosse, envahit l’Angleterre d’Henry VIII avec quelque trente mille hommes, la plus grande armée jamais réunie dans le royaume, dans le but de détourner les troupes anglaises de leur campagne contre le roi de France Louis XII (guerre de la Ligue de Cambrai). La bataille a lieu à Flodden Field ou Branxton (Northumberland) le 9 septembre. James IV tombe sur le champ de bataille avec près d’un tiers de ses soldats écrasés par l’armée anglaise que dirige Sir Thomas Howard, comte de Surrey, et la reine consort Catherine d’Aragon.
2009(tv) Henri VIII, roi d’Angleterre : un amour de tyran (FR) de David Jankowski
Série « Secrets d’Histoire », Jean-Louis Remilleux/France Télévisions-Société Européenne de Production (SEP) (FR2 13.8.09), 100 min. – av. Stéphane Bern (présentateur).
Docu-fiction sur l’extravagant Barbe Bleue anglais présenté et commenté par Stéphane Bern, avec réutilisation des images de la série The Tudors (2007-). A la demande en mariage de Marie de Guise, celle-ci aurait décliné en disant « j’ai le cou trop court !
2009(vd) Henry VIII: Mind of a Tyrant (GB) minisérie de David Sington
Duncan Copp, David Sington/DOX Productions (Channel 4 6.-27.4.09), 4 x 50 min. – av. Laurence Spellman (Henry VIII jeune), Adam James (Henry VIII), Ian Redford (Henry VIII âgé), Roger Ashton-Griffiths (Thomas Wolsey), Ken Bones (Érasme), Siobhan Hewlett (Catherine d’Aragon), Sophie Hunter (Anne Boleyn), Ryan Kiggell (Sir Thomas More), Jack Fox (Perkin Warbeck), Wick Sampson (Thomas Cromwell), Graham Turner (Robert Aske).
Docu-fiction, une tentative d’expliquer la transformation du jeune prince idéaliste en tyran impitoyable. – Épisodes : 1. “Prince 1485-1509” – 2. “Warrior 1509-1525” – 3. “Lover 1526-1536” – 4. “Tyrant 1537-1547”.
2009/10® (tv) Henry 8.0 (GB) de Matt Holt. – av. Brian Blessed (Henry VIII), Catherine Skinner (Catherine Parr).
2010Echoes of the Past : Queen Catherine Howard (GB) de Nick Loven
Chris Roberts/WAG Screen Productions-Crows’ Eye Production, c. m. – av. Bryony Roberts (la reine Catherine Howard), Su Toogood (Lady Jane Rochford, sa dame de compagnie), Adam Fox (le prédicateur John Wesley, fondateur de Methodist Church), Abigail Griffin (Violet), Victoria Rigby, Robyn McKenna.
Docu-fiction tourné pour le complexe muséal de Gainsborough Old Hall (Lincolnshire), manoir où séjournèrent Catherine Howard et Henry VIII lors de leur voyage de Lincoln à York en août 1541.
2010(vd) La Jument du Roi (FR) de Jean-Laurent Silvi
Les Comédiens de la Petite Comédie-Théâtre de la Main d’Or (Paris)-movitube.sk., 83 min. – av Axel Blind (Henry VIII), Marina Cristalle (Anne de Clèves), Jean-Laurent Silvi (Thomas Wriothesley, comte de Southampton), Denis Souppe (Thomas Cromwell), Frédéric Guignot (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Sylvain Mossot (le chancelier allemand), Jean-Claude Eskenazi (Holbein le Jeune / le secrétaire).
Captation vidéo de la comédie en 2 actes Sœur Anne ou la jument du roi de Jean Canolle (1959) en octobre 2010. Cf. la version de 1959 (synopsis) et la dramatique de 1973.
2010Love Across Time (US) de Kendra Fowler et Desmon Heck
K. Fowler Prod., 6 min. – av. Stephanie Cervantes (Catherine d’Aragon), Desmon Heck (Jeremy), Rosanne Limeres (Katherine Parr), Whitney Milam (Kathryn Howard), Chandra Moore (Anne de Cleves), Alia Raelynn (Anne Boleyn), Alexa Rose (Jane Seymour), Ron Schneider (Henry VIII).
Invité dans un talk show télévisé, Henry VIII est confronté à ses six femmes.
2010(vd) To Catch a Tudor (US) de Sasha Stewart
UCB Comedy-smallGRAND Productions, 3 min. – av. John Dykstra (Henry VIII), Michael Bernstein (Charles Brandon, duc de Suffolk), Daniel Genalo (Chris Hansen).
Court métrage parodique de la série The Tudors (2007-10, cf. supra) : le monarque en pédophile.
2011(tv-mus) Anna Bolena (US) de Gary Halvorson (tv) et David McVicar (th)
Série « The Metropolitan Opera HD Live », David McVicarThe Metropolitan Opera-A Metropolitan Opera High Definition Production. – av. Anna Netrebko (Anne Boleyn), Ildar Abdrazakov (Henry VIII), Ekaterina Gubanova (Jane Seymour), Stephen Costello (Lord Richard Percy), Tamara Mumford (Mark Smeaton), Keith Miller (George Boleyn, Lord Rochfort, frère d’Anna), Eduardo Valdes (Sir Hervey).
Captation de l’opera seria en deux actes de Gaetano Donizetti (1830) au Metropolitan Opera à New York, sur un libretto de Felice Romani (1830). Synopsis cf. la version de 1984.
2011(tv-mus) Anna Bolena (AT/FR) d’Éric Génovèse, Johannes Haider (th) et Brian Large (tv)
Heidelinde Rudy/Österreichischer Rundfunk (ORF)-UNITEL-Arte-Wiener Staatsoper-Classica (Arte 5.4.11), 150 min. – av. Anna Netrebko (Anne Boleyn), Ildebrando D’Arcangelo (Henry VIII), Elina Garanca (Jane Seymour), Elisabeth Kulman (Mark Smeaton), Francesco Meli (Lord Richard Percy), Dan Paul Dumitrescu (George Boleyn, Lord Rochfort), Peter Jelosits (Sir Hervey).
Captation de l’opera seria en deux actes de Gaetano Donizetti (1830) à Vienne (Wiener Staatsoper), sur un libretto de Felice Romani (1830). Synopsis cf. la version de 1984. Le triomphe d’Anna Netrebko, proclamée « diva assoluta del mondo ».
2012(vd) Henry VIII at Shakespeare’s Globe (GB) de Mark Rosenblatt
James Whitbourn/Globe Theatre on Screen, 166 min. – av. Dominic Rowan (Henry VIII), Miranda Raison (Anne Boleyn), Kate Duchêne (Catherine d’Aragon), Mary Doherty (Patience), John Cummins (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), IanMcNeice (le cardinal Thomas Wolsey), John Dougall (Gardiner, évêque de Winchester), Peter Hamilton Dyer (le duc de Norfolk), Wil Featherstone (le comte de Surrey), Anthony Howell (Edward Stafford, duc de Buckingham, Lord Chancellor), Dickon Tyrrell (le duc de Suffolk), Ben Deery (Abergavenny), Michael Bertenshaw (le cardinal Campeius), Sam Cox (Lord Chamberlain), Amanda Lawrence (la vieille femme).
Captation de la pièce The Famous History of the Life of Henry VIII (1613) de William Shakespeare (cf. version de Kevin Billington en 1979) au Globe Theatre à Londres.
2013(tv) The Last Days of Anne Boleyn (GB) de Rob Coldstream
Rob Coldstream, Nicholas Kent, Susan Jones/Oxford Film and Television Ltd.-BBC Two (BBC Two 23.5.13), 59 min. – av. Daniel Flynn (Henry VIII), Tara Breathnach (Anne Boleyn), Brian Shelley (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Neil Salvage (John Skip), Catherine Cusack (Catherine d’Aragon), Hannah Boyde (Jane Seymour), John Ioannou (Eustace Chapuys, ambassadeur de Charles Quint), Henry Douthwaite (Henry Norris), Christopher Arley (Mark Smeaton), Walt Kissack (George Boleyn, Lord Rochford), Verity Hewlett (Lady Worcester).
Docu-fiction sur la première reine d’Angleterre à être exécutée, le 19 mai 1536. Les historiens (ici Hilary Mantel, David Starkey, Suzannah Lipscomb, Philippa Gregory) restent perplexes quant aux raisons invoquées par le roi pour se débarrasser de sa deuxième épouse - trahison, adultère, même inceste avec son frère George (également exécuté) – et la rapidité de sa condamnation. Ouvrage soigneux mais académique.
DE : Die letzten Tage von Anne Boleyn.
2014(tv) Henry & Anne. The Lovers Who Changed History (GB) de Chris Mitchell.
Chris Mitchell/Lion Television Ltd.-Channel 5 (Channel Five 20.-27.2.14), 2 x 60 min. – av. Emma Connell (Anne Boleyn), Jack Hawkins (Henry VIII), Jon Edgley Bond (Henry Norris).
Docu-fiction sur le couple royal dont l’union a mené au schisme de l’Église, écrit et présenté par Suzannah Lipscomb.
Sir Thomas Cromwell (Mark Rylance), le ministre dans l’ombre de Henry VIII (Wolf Hall).
2015*** (tv) Wolf Hall (Dans l’ombre des Tudors) (GB/[FR]) minisérie de Peter Kosminsky
Colin Callender, Mark Pybus/Company Pictures and Playground Production-BBC-Masterpiece Entertainment-Prescience-Arte France (BBC Two 21.1.-25.2.15 / Arte 21.+28.1.16), 6 x 60 min. – av. Mark Rylance (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), Damian Lewis (Henry VIII), Claire Foy (Anne Boleyn), Jonathan Pryce (le cardinal Thomas Wolsey), Bernard Hill (Thomas Howard, duc de Norfolk), Anton Lesser (Sir Thomas More), Joanne Whalley (Catherine d’Aragon), Kate Phillips (Jane Seymour), Mark Gatiss (l’évêque Stephen Gardiner), Mathieu Amalric (Eustace Chapuys, ambassadeur de Charles Quint), Thomas Brodie-Sangster (Sir Rafe Sadler, pupille de Cromwell), Tom Holland (Gregory Cromwell, fils de Sir Thomas), Harry Lloyd (Sir Harry Percy), Jessica Raine (Jane Boleyn, Lady Rochford), Saskia Reeves (Johane Williamson), Charity Wakefield (Mary Boleyn), Edward Holcroft (George Boleyn), David Robb (Sir Thomas Boleyn, comte de Wiltshire et père d’Anne), Joss Porter (Sir Richard Cromwell), Emma Hiddleston (Meg/Margaret More, épouse de Thomas More), Jonathan Aris (James Bainham), Natasha Little (Elizabeth/Liz Cromwell-Wyckes, épouse de Thomas), Will Keen (Thomas Cranmer), Ed Speleers (Edward Seymour), Hannah Steele (Mary Shelton), Richard Dillane (Charles Brandon, duc de Suffolk), Florence Bell (Helen Barre), Iain Batchelor (Thomas Seymour), Paul Clayton (Sir William Klingston), Felix Scott (Sir Francis Bryan), Luke Roberts (Sir Harry Norris), Alastair Mackenzie (Sir William Brereton), Mark Fowler (Mark Smeaton), Robert Wilfort (l’écrivain George Cavendish), Aimee-Ffion Edwards (sœur Elizabeth Barton, la “sainte nonne”), Bryan Dick (Richard Rich, avocat général), Thomas Arnold (Hans Holbein le Jeune), Lucy Russell (Lady Shelton-Boleyn), Kerry Ingram (Alice Williamson), Enzo Cilenti (Antonio Bonvisi, évêque de Worcester), James Larkin (le Grand trésorier William FitzWilliam), Tim Steed (Lord Chancellor Thomas Audley), Joel MacCormack (Thomas Wriothesley), Jacob Fortune-Lloyd (Sir Francis Weston), Paul Ritter (Sir John Seymour), Sarah Crowden (Gertrude Courtenay, Lady Exeter), Janet Henfrey (Lady Margaret Pole), Nigel Cooke (Sir Nicholas Carew), Benjamin Whitrow (l’archevêque William Warham), Richard Durden (l’évèque John Fisher), Athena Droutis (Grace Cromwell), Christopher Fairbank (Walter Cromwell), Emilia Jones (Anne Cromwell), Lily Lesser (la princesse Mary Tudor).
Synopsis : En octobre 1529, âgé et perclus de rhumatismes, le puissant cardinal Wolsey, fils de boucher, n’a plus les faveurs du roi depuis son échec à obtenir l’annulation du mariage avec l’« encombrante » Catherine d’Aragon. Rendu responsable de l’enlisement des négociations avec Rome et entouré d’ennemis farouches comme le duc de Norfolk ou Thomas Boleyn, il est démis de ses fonctions de Lord Chancellor. Son secrétaire et homme de confiance Thomas Cromwell, un avocat supérieurement intelligent, d’origine roturière, donc méprisé par la Cour (et martyrisé dans son enfance par un père forgeron d’une rare brutalité), attend patiemment son heure dans l’ombre, attentif, s’informant de tout, impénétrable, la mémoire tenace. Anne Boleyn hait Wolsey qui l’a jadis empêché d’épouser Harry Percy, mais Cromwell refuse d’abandonner le vieux prélat tombé en disgrâce et parle vainement en sa faveur auprès de la nouvelle favorite royale comme auprès du roi lui-même, qui reste évasif mais frappé par la loyauté de l’avocat. Elizabeth, l’épouse de Cromwell, et ses deux filles sont emportées par la maladie dans leur maisonnée d’Austin Friars. Le veuf se console passagèrement auprès de sa belle-sœur Johane Williamson que son mari délaisse, mais refuse, sourire aux lèvres, les avances complices de Mary Boleyn, l’insolente sœur d’Anne, séduite par son adresse à manœuvrer dans la fosse aux loups de Hampton Court (« il faut savoir fermer ses oreilles »). Malade, Wolsey décède alors qu’on l’emmène à la Tour de Londres pour y être exécuté (1530) et l’intégriste catholique Sir Thomas More le remplace comme ministre du roi. More menace Cromwell en raison de ses sympathies protestantes et de ses contacts avec William Tyndale, le traducteur de la Bible en anglais, puis condamne au bûcher l’avocat et réformateur hérétique James Bainham, autre ami de Cromwell (1532). Dans les rues, la religieuse Elizabeth Barton (dite la « sainte nonne du Kent », pendue en 1534) prophétise un cataclysme si le roi épouse la « putain » Boleyn. Pour ne rien arranger, Harry Percy met la virginité de son ancienne fiancée en doute, mais Cromwell, devenu l’homme le plus puissant du royaume après le roi et qui a des espions partout, sait le faire taire.
Anne Boleyn est couronnée reine à Westminster et met au monde Elizabeth. Déception. Après une fausse couche, elle commence à malmener son entourage, soumis à ses caprices et à sa paranoïa, exigeant d’humilier Thomas More dont elle veut la tête ; Cromwell tente vainement de sauver le philosophe-théologien aux yeux du roi, mais More se perd en persistant à ne pas vouloir cautionner le schisme avec Rome et en se cantonnant dans le silence. Henry VIII exige de son ministre qu’il fasse « parler » More et lorsque Cromwell se refuse à appliquer la torture (« ce ne sont pas nos méthodes »), le roi s’emporte : « Je vous garde parce que vous êtes un serpent, mais ne devenez pas une vipère dans mon sein. Vous connaissez ma décision, appliquez-la ! » Après avoir assisté à la décapitation de More, Cromwell perd conscience et, malade, délire plusieurs jours (juillet 1535). Sur insistance de son épouse, le roi refuse à Catherine d’Aragon, mourante d’un cancer, le droit de revoir sa fille. Le pape annonce l’excommunication du couple royal tandis que Charles Quint envisage l’invasion de l’Angleterre. Blessé au cours d’un tournoi, Henry VIII est d’abord donné pour mort et son ministre réalise que sa propre vie ne tient qu’à un fil si le monarque (« mon seul ami ») décède, car la famille Boleyn prendrait le pouvoir, au risque de déclencher une nouvelle guerre civile. Le roi se remet, mais un autre danger menace, comme l’insinue Eustace Chapuys, ambassadeur de Charles Quint : si « la concubine » du roi accouche d’un héritier mâle, elle et son clan deviendront tout-puissants, ce qui, à moyen terme, entraînera la chute du « fils de forgeron », haï par tous les barons du royaume. Anne l’accuse de trahison pour avoir envisagé la « bâtarde » Mary Tudor dans le cas d’une éventuelle succession au décès du roi. « Je ne peux garder le trône pour un enfant au berceau ni pour un enfant à naître », rétorque Cromwell. Imprudente, la reine lui rappelle que « ceux qui sont promus peuvent être déchus », observation que le ministre ne peut que confirmer... Deuxième fausse couche. Henry VIII, à présent épris de Jane Seymour, houspille publiquement son conseiller et exige d’être « libéré d’Anne » par tous les moyens. Contraint de « trouver des coupables », mais conscient qu’il peut ainsi venger Wolsey, feu son père de substitution et mentor dont la fin continue à le hanter, Cromwell réunit une demi-douzaine de témoignages douteux permettant d’accuser Anne d’adultère et même d’inceste avec son frère Thomas. Tous subissent la peine capitale. Le voyage nocturne qu’effectue Anne sur la Tamise en route vers la Tour de Londres évoque visuellement la traversée du Styx (mai 1536). Minutieusement rendue, l’exécution frappe par des détails rares mais authentiques (le bourreau français enlève ses chaussures pour qu’Anne, tremblante, ne réalise pas d’où vient le coup mortel). De retour à Whitehall, Cromwell est reçu les bras ouverts par le roi qui arbore un grand sourire de satisfaction. Heureux, Henry VIII enserre chaleureusement « Crom » qui, lui, regarde dans le vide, au faîte de sa gloire mais captif dans les bras envahissants du souverain, piégé par son allégeance, résigné, pressentant sa propre fin.
Anne Boleyn (Claire Foy) pousse le roi (Damian Lewis) au divorce (Wolf Hall).
 Une série surprenante d’intelligence et de subtilité psychologique, la première dépourvue de sexe et de violence : en fait, l’exact opposé de The Tudors (2007-2010). Une production en costumes exigeante, suggestive, qui captive sans ne rien montrer d’extraordinaire et ne trouve que peu d’équivalences dans l’audiovisuel mondial (à l’exception peut-être de La Prise de pouvoir par Louis XIV de Roberto Rossellini en 1966). Ce téléfilm pour adultes se base sur les deux premiers romans historiques d’une trilogie, Wolf Hall (Dans l’ombre des Tudors – Le Conseiller, 2009) et Bring Up the Bodies (Le Conseiller 2 : Le Pouvoir, 2012) signés par la romancière britannique Dame Hilary Mantel et qui ont chacun récolté une demi-douzaine de prix littéraires. Ils ont été adaptés au théâtre à Londres par Mike Poulton et la Royal Shakespeare Company (janvier 2013). Le troisième volume, The Mirror and the Light (2020), couvre les quatre dernières années de Cromwell ; pas encore porté à l’écran à ce jour, l’ouvrage décrit comment, après le décès inattendu de Jane Seymour et sur conseil de Cromwell, le roi se résigna à épouser l’Allemande Anne de Clèves, dont la laideur l’épouvanta cependant au point de ne pouvoir accomplir son devoir conjugal. Cromwell, mal vu car plus luthérien qu’anglican, paya ce fiasco de sa vie. Une précision quant au titre du roman et de la série : Wolf Hall ou Wulfhall à Great Bedwyn est un luxueux manoir du Wiltshire, siège de la famille Seymour, construit vers 1530 grâce à l’aide financière de Cromwell et de Henry VIII (le roi y séjourna en 1535 pour faire sa cour à Jane Seymour). Mais Hilary Mantel se réfère ici moins à la bâtisse historique qu’à la métaphore qu’évoque son nom (homo homini lupus), à savoir le lieu où s’affrontent les bêtes féroces.
L’étude révisionniste de Mantel corrige l’image négative du chancelier, une figure d’exécuteur des basses œuvres datant de l’époque victorienne et qui fut reprise par Robert Bolt pour sa pièce A Man for All Seasons/Un homme pour l’éternité, l’hagiographie laïque de Sir Thomas More (cf. film de 1966) ; l’auteur y confronte l’intégrité morale de son héros à l’esprit calculateur et opportuniste de son ennemi Cromwell. Selon Mantel, ce dernier était (au contraire de More qui traitait Martin Luther d’« excrément » et voulait la peau de Tyndale) un homme relativement tolérant et pragmatique, tantôt implacable mais humain, tantôt austère mais joueur et pas insensible aux femmes. Un personnage attachant par son ambivalence et sa complexité même, à la fois d’une loyauté totale à sa fonction – défendre la raison d’État, c’est-à-dire les intérêts du souverain – et attaché à sa famille comme à ses amis, un numéro de haute voltige quand il faut survivre aux machinations de la cour. Sa connaissance de la nature humaine, son habileté et sa droiture impressionnent le roi. À Thomas More qui se plaint des rigueurs de son emprisonnement, Cromwell répond : « Vous devriez nous remercier de vous épargner les méthodes que vous appliquiez à vos victimes », puis, après sa condamnation à mort, il précise : « Si j’étais roi, je vous aurais laissé la vie sauve pour vous donner l’occasion de vous repentir de vos cruautés. » Rien d’étonnant si le portrait peu flatteur de More, canonisé comme martyr par le Vatican en 1935, suscite des protestations de l’épiscopat catholique américain et entraîne de tumultueux débats dans le courrier des lecteurs de la presse britannique !
Mantel trouve un réalisateur idéal en Peter Kosminsky, ciné-téléaste couvert, lui aussi, de prix internationaux. Réputé pour s’attaquer à des sujets d’actualité brûlants, voire très controversés (les mensonges de la guerre en Irak avec The Government Inspector en 2005, les traumatismes des Casques bleus en Bosnie avec Warriors en 1999, l’expropriation des Palestiniens en Israël avec la fiction dérangeante The Promise/Le Serment en 2011), Kosminsky se dit attiré par la matière intensément politique du sujet qui lui permet d’éclairer la nature du despotisme et d’analyser le comportement d’un individu confronté de près à un gouvernement absolutiste, en l’occurrence à un monarque « qui n’est pas homme à pardonner ». À l’instar de ses autres fictions géopolitiques, Kosminsky s’approprie en virtuose une matière déjà abondamment traitée pour réaliser une saga intemporelle sur le pouvoir. Il ne s’attarde pas sur les aléas de la Réforme (dont Cromwell fut un des pivots), mais restitue le portrait d’une époque et d’un homme avec la nervosité et la tension d’un thriller psychologique d’aujourd’hui, soutenu magistralement par les dialogues de l’auteur dramatique Peter Straughan : leur justesse est pour beaucoup dans « la fascination exercée par ce jeu d’échecs au sommet de l’Ètat, où soufflent l’esprit de Machiavel, de Shakespeare, mais aussi du Parrain ou de House of Cards » (Télérama 13.1.16).
Cette volonté de réalisme quasi documentaire, sans artifices ni mélodrame, se retrouve dans les images d’intérieurs sombres du film, éclairé – comme jadis le Barry Lyndon de Kubrick – uniquement à la lumière du jour ou à la bougie et filmé parfois caméra à l’épaule ; la splendeur visuelle de cette toile d’araignée enluminée évoque plus d’une fois les compositions du Caravage ou de Vermeer. Pour influencer le jeu des interprètes, le tournage a lieu exclusivement en décors naturels, de mai à juillet 2014 dans le Kent (Penshurst Place, château de Douvres), le Somerset (cathédrale de Wells, Montacute House, château de Caerphilly, Barrington Court, manoir de Cothay), le Wiltshire (abbaye de Lacock, manoir de Great Chalfield), le Hampshire (Winchester), le Gloucestershire (Chavenage House à Tetbury, château de Berkeley, cathédrale de Bristol pour le couronnement), le Dorset (Sherborne School) et au pays de Galles (Castell Coch à Tongwynlais, châteaux de Raglan et de St. Donats) ; seules quelques scènes sont filmées aux Bottle Yard Studios à Bristol.
Homme de terrain, Kosminsky est conscient que le casting est une démarche créative déterminante, tout particulièrement pour un sujet qui ne repose pas sur du spectaculaire, et la distribution ici est prodigieuse. L’acteur, dramaturge et metteur en scène de théâtre Marc Rylance incarne Cromwell. Directeur artistique du Globe Theatre, il a joué le père d’Anne Boleyn dans The Other Boleyn Girl et sera nominé aux Oscars 2016 pour son rôle de l’espion soviétique Rudolf Abel dans Bridge of Spies de Steven Spielberg. Son expérience avec Kosminsky sur The Government Inspector (il jouait David Kelly, scientifique retrouvé mort après avoir révélé les dessous du dossier irakien) lui a valu le BAFTA Award, et c’est à sa demande expresse que le projet a été confié au réalisateur. Rylance compose un personnage insaisissable, tout en retenue, à la fois mélancolique, impassible, capable de bienveillance mais aussi de froids calculs. Kosminsky célèbre en Cromwell, toujours vêtu de noir, le premier serviteur de l’État qui ne soit pas issu du clergé. Son Henry VIII est légèrement en retrait, très éloigné de la brute sanguinaire qu’il est devenu à la fin de son règne : Damian Lewis (révélé dans la série Band of Brothers/Frères d’armes produite par Spielberg en 2001) lui confère une forme de puissance charismatique, mais aussi une inconstance et une imprévisibilité dangereuses. Son roi est évasif, hésitant, narcissique et velléitaire. Sa victime, Anne Boleyn, têtue, ambitieuse, flirteuse, est interprétée par Claire Foy, l’Elizabeth II de la série The Crown (2016). Huit autres comédiens habitués à porter le costume viennent de peupler divers épisodes de Game of Thrones, dont le Gallois Jonathan Pryce (inoubliable en doux rêveur pathétique dans Brazil de Terry Gilliam, 1985) et qui incarne ici le cardinal Wolsey dans sa descente aux enfers. Bref, l’ère des Tudors à l’écran n’a jamais été mieux servie.
Wolf Hall est lauréat du Golden Globe 2016 pour le meilleur téléfilm (trois nominations) et deux British Academy Television Awards pour la meilleure série dramatique et le meilleur acteur (Mark Rylance), les prix de la meilleure photo à Gavin Finney décernés par la British Society of Cinematographers (BSC) et la Royal Television Society. Huit nominations à l’Emmy Awards et trois aux Golden Globe Awards. – En mai 2019, la BBC annonce la préparation de la deuxième saison, d’après The Mirror and the Light et à nouveau sous la direction de Peter Kosminsky.
Épisodes : 1. « Three Card Trick (Jeux de dupes) » – 2. « Entirely Beloved (Cromwell, le bien-aimé) » – 3. « Anna Regina (La Reine Anne) » – 4. « The Devil’s Spit (Le Baiser du diable) » – 5. « Crows (Mauvais Présage) » – 6. « Master of Phantoms (Le Maître des ombres) ». – DE : Wölfe.
2015(tv) Inside the Court of Henry VIII (Henri VIII, complots à la cour) (GB) de Peter Chinn
The Ideas Room-PBS International (PBS 7.4.15), 56 min. – av. John Sanderman (Henry VIII), Harriet Green (Anne Boleyn), Richard Kilgour (Sir Thomas Cromwell, comte d’Essex), John Canmore (le cardinal Thomas Wolsey), Richard Banks (Edward Stafford, duc de Buckingham), Chris Hardcastle (Thomas Howard, duc de Norfolk).
Diffusé dans le sillage de Wolf Hall, ce solide docu-fiction pédagogique retrace la somme des paradoxes de celui qui fut « le monarque le plus égoïste de l’histoire d’Angleterre ». Henry VIII fut un despote tyrannique, cruel et sans pitié dont les affaires conjugales aboutirent au schisme de l’Église. En filigrane, les destinées du cardinal Wolsey et du conseiller Thomas Cromwell, hissés au sommet puis broyés par le pouvoir. – DE : Der Hof von Heinrich VIII ; Heinrich VIII – Tödliche Intrigen.
2015(tv) King Henry VIII vs. Saint Thomas More (US) de Michael Masny
Série "Saints vs. Scoundrels", Michael Masny/Eternal Word Television Network (EWTN), Irondale/Alabama (EWTN 1.6.15), 2 x 28 min. - av. Ryan Patrick Shanahan (Thomas More), Jeremy Tillery (Henry VIII). - Une confrontation orale entre les saints et les crapules selon le dogme de l'Église catholique romaine.
2015/16® (tv) Carlos, Rey Emperador (Charles Quint) (ES) d’Oriol Ferrer, etc. – av. Alex Brendemühl (Henry VIII), Blai Llopis (le cardinal Thomas Wolsey), Mélida Molina (Catherine d’Aragon), Angela Tremonte (Mary Tudor), Ferran Audi (Thomas Cromwell). – cf. Espagne.
2016-2018 – ® (tv) The Windsors (GB) série parodique d’Adam Miller et Amanda Blue. – av. James Doherty (Henry VIII).
2016The Complete Walk : Henry VIII (GB) de Mark Rosenblatt
Shakespeare’s Globe (23.4.16), 10 min – av. Danny Sapani (Henry VIII), David Calder (Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury), Pauline McLynn (une femme âgée).
Court métrage fait d’extraits de la pièce The Famous History of the Life of Henry VIII (1613) de William Shakespeare (cf. téléfilm de 1979) filmés au Hampton Court Palace à East Molesey (Surrey).
2016(tv) The Private Lives of the Tudors – 1. Rise of a Dynasty – 2. Tyrant King (GB) de Henry Scott
Henry Scott, Danny O’Brien/Like a Shot Entertainment (London)-Smithsonian Networks-UKTV Media Ltd., 2 x 44 min. – av. Anastasia Drew (Anne Boleyn), Marian Elizabeth (Elizabeth d’York), Tracy Borman (présentation).
Docu-fiction superficiel commenté par Tracy Borman, curatrice des Historic Royal Palaces. Pour le troisième épisode, cf. Elizabeth Ire. – DE : Die Geheimnisse der Tudor-Dynastie.
2016(tv) The Six Queens of Henry VIII /Henry VIII and His Six Wives (Les Reines d’Henry VIII) (GB) de Chris Holt
Nick Tanner, Sue Jones, Nick Kent/Oxford Film & Television-Group M Entertainment-Channel 5 (Channel Five 15.+22.+29.4.+6.5.16), 4 x 55 min. – av. Charlie Clements (Henry VIII), Marta Hermida (Catherine d’Aragon), Harriet Green (Anne Boleyn), Lucy Telleck (Jane Seymour), Kay Dent (Anne de Clèves), James Bryce, Jamie Pigott, Toby Osmond, James Groom, Kleran Gough, Chris Clynes, Harry Napier, Rob Pomfret, David Broughton-Davies, Elena Valentine, Kate Holderness, Malcolm Tomlinson, Sarah Holt, Darren Bransford, Chris Huntly-Turner.
Docu-fiction en quatre parties, écrit et présenté par les historiens Suzannah Lipscomb et Dan Jones. Mince, minimaliste et superficiel. – Épisodes : 1. « Katherine of Aragon » – 2. « Anne Boleyn » – 3. « Jane Seymour & Anne of Cleeves » – 4. « Catherine Howard & Catherine Parr ».
2016(tv) Six Wives – with Lucy Worsley (GB) de Russell England
Ben Evans, Katie Greening/Emma Hindley, Leanne Klein/Wall to Wall South-BBCtv (BBC One 7.+14.+21.12.16), 3 x 55 min. – av. Scott Arthur (Henry VIII), Richard Ridings (Henry VIII âgé), Paola Bontemps (Catherine d’Aragon), Claire Cooper (Anne Boleyn), Elly Condron (Jane Seymour), Nicholas Agnew (Henry Norris), Natalie Grady (Maud Parr), Bea Segura (Maria de Salinas), Sam Phillips (Thomas Hawley), Crispin Letts (l’archevêque Thomas Cranmer), Grace Dew (la princesse Mary Tudor), Sophie Bleasdale (Anne Savage), Rebecca Dyson Smith (Anne de Cleves), Lauren McQueen (Catherine Howard), Alice Patten (Catherine Parr), Madeline Power (la princesse Elisabeth), Carsten Hayes (l’ambassadeur Karl Harst), Wilf Scolding (Thomas Culpeper), Andrew Greenough (Charles Brandon), Leigh Jones (un prêtre), Sophie Roberts (Eleanor Paston), Tom Durant Pritchard (un garde).
Docu-fiction : l’historienne Lucy Worsley, conservatrice en chef des Palais royaux et présentatrice à la BBC, se déguise en servante muette à la Cour où, affublée d’un bonnet du XVIe siècle, elle est témoin des divers drames. Henry VIII est un vieux bouc qui s’amourache de l’adolescente Catherine Howard. Catherine Parr évite la mort grâce à son intelligence et survit au monstre. La bibliothèque du Vatican interdit à la BBC de filmer une lettre du roi à Anne Boleyn dans laquelle il fait allusion à ses seins.
2016® (tv) The Inquisition (US/SK) mini-série de Stefano Mazzeo. - av. Roger Scopie (saint Thomas More). - cf. Italie: Rome.
2017(tv) Horrible Histories : Ridiculous Romantics (GB) de Simon Gibney, Ian Curtis.
Lisa Mitchell/Lion Television (CBBC 31.7.17), 29 min. – av. Gemma Whelan (Anne Boleyn), Richard David-Caine (Henry VIII).
Sketches comiques.
2017(tv) Tim Vine Travels through Time (GB) de Barbara Wiltshire
Claire McCarthy/Baby Cow Productions-BBCtv (BBC One 29.12.17), 30 min. – av. John Archer (Henry VIII), Sally Phillips (Catherine d’Aragon), Mandeep Dhillon (Jane Seymour), Danny John-Jules (le cardinal Thomas Wolsey), Spencer Jones (Belvedere), Rev. Richard Coles (le pape Clément VII), Marek Larwood (le bourreau Gordon), Emma Bunton (invitée spéciale), Tim Vine (lui-même).
Tim Vine, journaliste, présentateur et comédien britannique connu pour ses jeux de mots et ses blagues, voyage à travers le temps et s’amuse à la cour des Tudor.
2017/18(vd) Tudor Tales : King Henry VIII and His Queens / Henry VIII and the eight Tudor Queens / King Henry VIII and Queen Margaret Tudor / Henry VIII and His Children, etc. (US) de Shihyun Sherry Wang
Shihyun Sherry Wang Prod.-Skills Enrichment Learning Foundation (sur YouTube). – av. Rob Krueger (Henry VIII / Matthew Stewart, comte de Lennox), Brett Sachs / Rocky Clark (Henry VIII jeune), Barbara Wilder / Juliana Gutierrez / Juliana Canelli (Catherine d’Aragon), Sophie Hoffman / Patricia Raven (Anne Boleyn), Brit Stiles / Morgan Krueger (Jane Seymour), Charlie Parker / Corisssa Baer (Anne de Clèves), Christina Evans / River Lundskog (Catherine Howard), Katherine Pegova / Toneata Morgan (Catherine Parr), Laura Meadows (la princesse Margaret Tudor, soeur aînée du roi), Toneata Morgan (Mary Tudor, soeur cadette du roi / Mary Stuart), Cameron Place (Henry Stuart, Lord Darnley), Grant McLellan (Edward VI), Morgan Krueger (la reine Elizabeth I / Mary Stuart jeune), Melody McLellan (la reine Mary Tudor), Seth Morales (Lord James Hepburn, comte de Bothwell), Brandy Ridgevale (Margaret Douglas, niece de Henry VIII), Rob Androus (Thomas Howard, duc de Norfolk), Kiera McInally (Arbella Stuart), Alyssa Casanova (Arbella Stuart jeune), David McInally (James Stuart I), Jessica Valkyre (Mary Fleming), John Wilcox (William Maitland), Ken Peters (narration), Grant McLellan (François II de France), Karl Massabni (James Stuart V), Shihyun Sherry Wang (Marie de Guise).
Trente-quatre courts métrages docu-fictionnels d’une durée variable de 10 à 40 minutes, bricolés par la prolifique vidéaste sino-américaine Shihyun Sherry Wang et diffusés sur YouTube. Un comédien en costume (surtout Rob Krueger grimé en Henry VIII) raconte son histoire, tandis que les personnages secondaires de son récit (notamment ses épouses ou sa descendance) apparaissent en médaillon et répondent parfois à ses remarques. Du travail d’amateur plutôt médiocre, mais qui s’amuse en passant à établir des parallèles entre le tonitruant Barbe-Bleue tudorien et le président Donald Trump.
2018® (tv) La Guerre des trônes : Le Roi et l’Empereur (1515-1558) – Noces de sang (1567-1574) (FR) série d’Alain Brunard et Vanessa Pontet. – av. Mathieu Lagarigue (Henry VIII), Julia Gratens (Anne Boleyn), Alix Heurmont (leur fille Elizabeth, jeune), Vanessa Valence (Mary Tudor), Daphné Bonneton (Mary Stuart jeune). – cf. France.
2019(tv-mus) Anna Bolena (BE) de Stefano Mazzonis di Pralafera (th) et Nicolas Foulon (tv)
Opéra Royal de Wallonie-Liège (Mezzo 22.7.20), 180 min. – av. Olga Peretyatko (Anne Boleyn), Sofia Soloviy (Jane Seymour), Celso Albelo (Lord Richard Percy), Marko Mimica (Henry VIII), Francesca Ascioti (Mark Smeaton), Luciano Montanaro (George Boleyn, Lord Rochfort), Maxime Melnik (Sir Hervey).
Captation de l’opera seria en deux actes de Gaetano Donizetti (1830) à Liège (17.4.2019) avec la soprano russe Olga Peretyatko, sur un libretto de Felice Romani. Une reconstitution somptueuse quant aux décors et aux costumes tudoriens. Synopsis cf. la version de 1984.
2019/20® (tv) The Spanish Princess [La Princesse espagnole] (US) série de Lisa Clarke (5,6), Daina Reid (3,4), Birgitte Staermose (1,2), Stephen Woolfenden (7,8). – av. Ruairi O’Connor (Harry duc d’York, futur Henry VIII), Charlotte Hope (Catherine d’Aragon), Philip Cumbus (l’archevêque Thomas Wolsey), Jordan Renzo (Charles Brandon, duc de Suffolk), Isla Merrick-Lawless (la princesse Mary Tudor), Andrew Buchan (Thomas More). – cf. Henry VII.
2020(tv) Henry VIII – Man, Monarch, Monster (GB) de Luke Korzun Martin
Luke Korzun Martin, Emma Hindley, Blakeway Productions-Motion Content Production-Channel 5 (Channel Five 14.+21.+28.10.20), 3 x 60 min. – av. Howard Perret (Henry VIII jeune), Laurence Spellman (Henry VIII adulte), John Hales (Henry VIII vieux), Kim Durham (Henry VII), Steve Steen (le cardinal Thomas Wolsey), Hannah Lee (Catherine d’Aragon), Amelia Strohm (Anne Boleyn), Enzo Squillino Jr. (Thomas Cromwell), Andrew Jefferson Tierney (Sir Thomas More), Chris Barnes (Thomas Howard, duc de Nofolk), Bethan Rose Young (Catherine Howard), Andrew Shire (Hans Holbein le Jeune), Jason Isaacs (narration).
Docu-fiction sur le monarque, sa transition de jeune prince prometteur et bel homme à un monstre obèse et paranoïaque. Épisodes : 1. « Rise of a Tyrant » – 2. « Bloodlust and the Boleyns » – 3. « Endgame ».
2020(tv) Henry VIII and the Men Who Made Him (Henri VIII et les hommes du roi) (GB/US) de Henry Scott
Steve Gillham/Like a Shot Entertainment (London)-Smithsonian Networks-UKTV Media Ltd. (Arte 6.2.21), 3 x 52 min. – av. Tracy Borman (présentation).
Docu-fiction superficiel commenté par Tracy Borman, curatrice des Historic Royal Palaces et auteur du livre du même titre (2018), avec reconstitutions minimales et comédiens anonymes. – Parties : 1 « Le Jeune Prince » – 2. « La Rupture avec Rome » – 3. « Pouvoir et intrigues ».
2021(tv) Anne Boleyn (GB) minisérie de Lynsey Miller
Faye Ward, Hannah Farrell, Dan Jones/Fable Pictures Production-Channel 5-Sony Pictures Television (Channel 5 1.-3.6.21), 2 x 60 min, 1 x 75 min. - av. Jodie Turner-Smith (Anne Boleyn), Mark Stanley (Henry VIII), Paapa Essiedu (George Boleyn), Barry Ward (Thomas Cromwell), Amanda Burton (Lady Shelton), Lola Petticrew (Jane Seymour), Thalissa Teixeira (Madge Shelton), Isabella Laughland (Elizabeth Browne), Anna Brewster (Lady Rochford), Kris Hitchin (le duc de Norfolk), Turlough Convery (Henry Norris), Jamael Westman (Edward Seymour), Phoenix Di Sebastiani (Eustace Chapuys, ambassadeur d'Espagne), Aoife Hinds (la princesse Mary Tudor), Abhin Galeya (l'archevêque Cranmer).
Un scénario d'Eve Hedderwick Turner qui n'apporte strictement rien de neuf sinon, mode oblige, le casting "color blind" qui fait interpréter Anne Boleyn et son frère George (qui serait peut-être même incestueux ?) par des comédiens noirs de la Jamaïque. On sentirait ainsi mieux à quel point Lady Anne a été ostracisée à la Cour... À quand la reine Marie-Antoinette en kimono, les yeux bridés ? Le pari est absurde (la future reine Elisabeth serait donc une mulâtre ?). On eut mieux fait de échanger les décors renaissance contre des extérieurs du Londres aujourd'hui...
2021(tv) The Boleyns : A Scandalous Family - 1. Ambition - 2. Desire - 3. The Fall (GB) mini-série de Katie Greening et Emma Frank
Kathryn Ellinger, Katie Greening, Emma Frank, Maxime Watson, Richard Curson Smith/BBC Studios Production-PBS (BBC2 13+20+27.8.21), 3 x 60 min. - av. Rafaelle Cohen (Anne Boleyn), Elizabeth McCafferty (Mary Boleyn), Max Dowler (Thomas Boleyn), Philip Brodie (Thomas Howard), Sam Retford (George Boleyn), Roger Evans (Thomas Wolsey), Matthew Brenher (Thomas Cromwell), Kaisa Hammarlund (Elizabeth I), Rosaleen Cunningham-Day (Anne Boleyn jeune).
Docu-fiction sur la famille des Boleyn, une famille de riches marchands qui s'est habilement introduite dans la cour royale et ses jeux périlleux grâce à des mariages avec la noblesse (notamment Thomas Boleyn qui épouse une Howard). Une série dans laquelle, curieusement, Henry VIII n'apparaît jamais à l'écran (excepté ses jambes).
2023Firebrand (GB/US) de Karim Aïnouz
Carolyn Marks Blackwood, Gabrielle Tana/Brouhaha Entertainment-FilmNation Entertainment-Magnolia Mae Films-MBK Productions, 120 min. - av. Alicia Vikander (Catherine Parr), Jude Law (Henry VIII) Eddie Marsan (Edward Seymour), Sam Riley (Thomas Seymour), Ruby Bentail (Cat), Mia Threapleton (Joan), Erin Doherty (Anne Askew), Simon Russell Beale (Stephen Gardiner), Bryony Hannah (Ellen), Amr Waked (Dr. Mulay Al-Farabi), Patsy Ferran (la princesse Mary), Junia Rees (la princesse Elizabeth), Andy M. Milligan (Earl of Warwick), Ian Drysdale (Sir Anthony Denny), Edward Harrison (John Gates), Mila Andala (Jalifa), Richard Taylor (John Dudley), Anna Mawn (Agnes Howard).
Une adaptation du roman Queen's Gambit (Le Jeu de la reine) de Elizabeth Freemantle (2013) évoquant le destin de Catherine Parr, reine consort d'Angleterre et d'Irlande (1543-1547). En tant que sixième et dernière épouse de Henry VIII, elle fut désignée régente et gouverna le pays pendant trois mois lorsque son mari guerroyait en France. Le film du Brésilien Karim Aïnou est tourné d'avril à juin 2022 à Bakewell (Derbyshire) et projeté au Festival de Cannes 2023.

13.1. « When Knighthood Was in Flower » de Charles Major

Roman (1898), puis pièce de théâtre (1901) de l’Américain Charles Major. Pour des raisons politiques dans le cadre du traité du Camp du Drap d’or en 1520, Henry VIII contraint sa sœur cadette Mary Tudor, dite Marie d’Angleterre (1496-1533) – à dix-huit ans une des plus belles princesses d’Europe – d’épouser le roi Louis XII de France, âgé de cinquante-deux ans. Elle consent aux vœux de son frère à condition de pouvoir épouser qui elle voudra en secondes noces. Mary est reine consort de France pendant trois mois. À la mort de son royal époux, elle peut enfin se marier avec l’homme de son cœur, Charles Brandon, duc de Suffolk (v. 1484-1545), bravant les caprices tyranniques de son frère qui, ayant oublié sa promesse, la destinait au duc de Buckingham. – Mary Tudor et Charles Brandon sont les grands-parents de la malheureuse Lady Jane Grey, la jeune « reine des neuf jours » exécutée en 1554 (cf. infra). Nota bene : ne pas confondre cette Mary Tudor avec la fille d’Henry VIII et Catherine d’Aragon, la future reine « sanglante » (cf. infra).
1908When Knights Were Bold (US) de Wallace McCutcheon, Sr.
American Mutoscope & Biograph Co. (New York), 905 ft./293 m. (env. 20 min.). – av. David Wark Griffith (?) (Charles Brandon), Linda Arvidson (?) (Mary Tudor, soeur cadette de Henry VIII), Harry Solter.
La première des quatre transpositions, celle-ci très, très abrégée, du roman When Knighthood Was in Flower de Charles Major, texte d'abord adapté à Broadway sous forme de pièce de théâtre (14.1.1901), puis revendu à la Biograph. (Pour détails et synopsis, cf. le remake en Technicolor The Sword and the Rose de Ken Annakin/Walt Disney, 1953.) Le scénario est de David Wark Griffith, le père du cinéma américain qui débute à la Biograph, mais sa participation devant la caméra, aux côtés de son épouse Linda Arvidson, n'est pas certaine ; le film est photographié par l'inséparable opérateur de Griffith, G. W. Bitzer, dans les studios de East 14th Street à New York. L'intrigue, plus fantaisiste encore que le roman, se résume à ceci : Henry VIII veut contraindre sa sœur cadette, Mary Tudor, à épouser le duc de Buckingham alors qu'elle aime Charles Brandon. Le duc découvre une lettre d'amour de ce-dernier à Mary et au cours de la querelle avec son rival, Brandon tue le capitaine de la garde. Il s'évade de prison avec Mary déguisée en garçon, mais les amoureux sont arrêtés avant de monter à bord d'un navire. Brandon est à nouveau arrêté, mais il s’évade avec la complicité de la femme de chambre de Mary, sauve cette dernière des assauts de Buckingham grâce à un passage secret. Les amoureux se marient, Henry VIII leur pardonne à leur retour à la Cour. – À ne surtout pas confondre avec les films homonymes tirés de la comédie de Charles Marlowe alias Harriett Jay (sortis en 1916, 1929 et 1936).
1913A Tudor Princess (US) de Walter Edwin [ou James Searle Dawley]
Edison Mfg. Co., 2 bob./648 m. (env. 40 min.). – av. Robert Bower (Henry VIII), Mary Fuller (Mary Tudor, sa sœur cadette), Benjamin F. Wilson (Charles Brandon, duc de Suffolk), Marjorie Bonner Erskine (Catherine d’Aragon), Charles Ogle (le cardinal Thomas Wolsey), Barry O’Moore [=Herbert Yost] (Louis XII, roi de France), Rex Hitchcock [=Rex Ingram] (François d’Angoulème, le dauphin, futur François Ier), Allen Crolius (Will Sommers), Henry Grady (le duc de Longueville), Elizabeth Miller (Lady Jane Bolingbroke), George Anderson (Jean Freizot).
L’amour de Mary Tudor, soeur cadette d’Henry VIII, pour Charles Brandon. La deuxième adaptation à l’écran du roman When Knighthood Was in Flower (1898) de Charles Mayor, tournée aux studios Edison dans le Bronx (Decatur Avenue) à New York. Au générique, Charles Ogle, le premier monstre de Frankenstein (1910) et le futur cinéaste Rex Ingram, débarqué d’Irlande deux ans auparavant. (Pour détails et synopsis, cf. le remake en Technicolor The Sword and the Rose de Ken Annakin/Walt Disney, 1953). – DE: Der Roman einer Prinzessin, GB: A Tudor Princess – Being a Romance of the times of Henry VIII.
La princesse Mary (Marion Davies) brave la volonté de son tyrannique frère (Lyn Harding).
1922* When Knighthood Was in Flower (Sur les marches d’un trône / Au temps de la chevalerie) (US) de Robert G. Vignola
William Randolph Hearst/Cosmopolitan Productions (New York)-Paramount Pictures, 12 bob./3765 m./134 min. – av. Marion Davies (Mary Tudor, soeur cadette d’Henry VIII), Forrest Stanley (Charles Brandon, duc de Suffolk), Lyn Harding (Henry VIII), Theresa Maxwell Conover (Catherine d'Aragon), Arthur Forrest (le cardinal Thomas Wolsey), William Norris (Louis XII), William Powell (François Ier), Pedro de Cordoba (Edward Stafford, duc de Buckingham), Ruth Shepley (Lady Jane Bolingbroke), Ernest Glendinning (Sir Edwin Caskoden), Johnny Dooley (Will Sommers), William Kent (le couturier du roi), Charles K. Gerrard (Sir Adam Judson), Arthur Donaldson (Sir Henry Brandon), Downing Clarke (William Sandys, Lord Chamberlain), Macey Harlam (François d’Orléans-Longueville, ambassadeur de France), Gustav von Seyffertitz (Gabriel de Gramont, ambassadeur de France), Paul Panzer (cpt. de la garde), George Nash (un aventurier).
Henry VIII contraint sa sœur Mary Tudor à épouser Louis XII de France, vieillard grabataire, alors qu’elle aime passionnément Charles Brandon, un roturier. Lorsque le roi de France décède, son neveu François Ier tente de séduire Mary, mais celle-ci est sauvée à temps, et à la pointe de l’épée, par son amoureux. Ils se marient et placé devant le fait accompli, Henry VIII pardonne et fait Brandon duc de Suffolk. L’intrigue est tirée du best-seller du romancier-juriste américain Charles Mayor, When Knighthood Was in Flower. The Love Story of Charles Brandon and Mary Tudor the King’s Sister, and Happening in the Reign of His August Majesty King Henry the Eighth (1898). Pour détails et synopsis, cf. le remake en Technicolor The Sword and the Rose de Ken Annakin/Walt Disney (1953).
Avec ce mégaspectacle historique mêlant mélodrame et comédie, Marion Davies, l’égérie du richissime magnat de la presse William Randolph Hearst (le “Citizen Kane” d’Orson Welles) devient une star. Impressionné par l’Anna Boleyn berlinois d’Ernst Lubitsch, Hearst s’est lancé dans une production ruineuse (1’426’000 $, du jamais-vu pour l’époque) et en offre d’abord la mise en scène à D. W. Griffith – qui refuse poliment. C’est le réalisateur italo-américain Robert G. Vignola qui obtient le poste convoité et qui dirigera Marion Davies dans cinq autres films, notamment dans le non moins spectaculaire Yolanda (1924) où elle interprète Marie de Bourgogne, la capricieuse fille de Charles le Téméraire. L’actrice, qui peut par ailleurs être très drôle, fait une princesse Tudor impétueuse, déterminée, qui se déguise en garçon et affronte ses ennemis rapière à la main. Autre star prometteuse, William Powell (c’est son deuxième film) la harcèle sous le maquillage du libidineux François Ier. Marion Davies porte une quinzaine de robes créées par Gretl Urban Thurlow, reproductions fidèles de celles portées par la sœur du monarque. Les décors de Joseph Urban sont si imposants et si vastes qu’il faut louer deux studios annexes à New York pour les ériger (Cosmopolitan-International Studios à Manhattan, Jackson Studio dans le Bronx et Paramount Studios/Astoria dans le Queens), le tout animé par 3000 figurants ; quelques extérieurs sont filmés dans le port de Ladder Rock à Bridgeport (Connecticut) avec une réplique de la barque royale des Tudors, et autour de Windsor Castle en Angleterre. Le lancement du film est pharaonique (650 panneaux d’affichage et des affiches dans 300 métros à New York seulement), et Hearst commande pour la première mondiale du film une partition spéciale composée par William Frederick Peters et deux chansons de Victor Herbert. L’accueil américain est chaleureux, public et critiques applaudissent, Marion Davies est sacrée “reine de l’écran” pour 1922 ; selon les lecteurs du magazine Screenland, c’est un des dix meilleurs films de l’année (avec une recette locale de plus d’un million de dollars). L’accueil est moins enthousiaste en Angleterre pour des raisons surtout chauvines (l’américanisation excessive des têtes royales comme leur comportement rocambolesque ou l’étiquette fantaisiste choquent), et ce malgré les applaudissements d’Edward, prince de Galles (futur Edward VIII, puis duc de Windsor) dans la presse. Mais on ne peut nier que, sur le plan strictement décoratif, la reconstitution somptueuse de la cour des Tudors n’a jusqu’alors pas eu son pareil, ni sur scène ni à écran. En France, on lui reproche bien sûr le mariage et la mort grotesques de Louis XII. Le film sera parodié dans la comédie burlesque When Knights Were Cold (1923) de Broncho Billy Anderson, avec Stan Laurel en Sire Helpus, le Chevalier Glissant. – ES: La hermana del rey.
Disney chez les Tudor : Mary (Glynis Johns) désobéit au roi, son frère, pour le beau Brandon (Richard Todd).
1953* The Sword and the Rose / GB+tv US: When Knighthood Was in Flower (La Rose et l'Épée) (US/[GB]) de Ken Annakin
Perce Pearce, Walt Disney/Walt Disney Productions (Walt Disney British Films Ltd.)-RKO Radio Pictures, 91 min. – av. Glynis Johns (Mary Tudor, sœur cadette d’Henry VIII, dite Marie d’Angleterre), Richard Todd (Charles Brandon, duc de Suffolk), James Robertson Justice (Henry VIII), Michael Gough (Edward Stafford, duc de Buckingham), Jane Barrett (Lady Margaret Tudor, sœur ainée d’Henry VIII), Rosalie Crutchley (Catherine d'Aragon), Peter Copley (Sir Edwin Caskoden, Maître des Danses), D. A. Clarke-Smith (le cardinal Thomas Wolsey), Jean Mercure (Louis XII), Gérard Oury (François, Dauphin de France, futur François Ier), Bryan Coleman (Henry Howard, comte de Surrey), Ernest Jay (William Sandys, Lord Chamberlain), Fernand Fabre (François d’Orléans-Longueville, ambassadeur de France), Gaston Richer (Antoine Duprat, chancelier de France), Helen Goss (la princesse Claude de Valois), Caven Watson (cpt. Bradhurst), Robert Le Beal (le médecin de Louis XII).
Au vu des recettes mirifiques de ses deux grands films d'action en Technicolor produits en Grande-Bretagne avec des fonds gelés pendant la guerre, Treasure Island (L'Ìle au trésor) et Robin Hood and His Merry Men (Robin des Bois et ses joyeux compagnons) en 1950 et 1952, Walt Disney délaisse une fois de plus l'animation et opte pour une troisième intrusion dans l'aventure costumée, en reprenant le réalisateur (Ken Annakin) et l'interprète (Richard Todd) britanniques de Robin Hood. Il se passionne pour Henry VIII, mais ne voulant rien savoir de ses six épouses, sa nouvelle production s’inspire du roman sentimental When Knighthood Was in Flower. The Love Story of Charles Brandon and Mary Tudor the King’s Sister, and Happening in the Reign of His August Majesty King Henry the Eighth (Quand la chevalerie était en fleur) de Charles Major (1898), sorti sous le pseudonyme d'Edwin Caskoden ; l'auteur, un juriste américain dont c'est le premier roman, affirme s'être inspiré des mémoires de son « aïeul » et fait apparaître ce dernier dans le récit. Le best-seller est transformé en pièce de théâtre par Paul Kester (Broadway, 14.1.1901). Charles Major s'inspirera à nouveau de l'ère des Tudors avec Dorothy Vernon of Haddon Hall (1902), filmé en 1924 (cf. s. Elizabeth I.).
Mary Tudor ou Mary d’Angleterre (1495-1533) devient chez Disney une ravissante sœur cadette d'Henry VIII, bien déterminée à épouser l’homme de son cœur, à savoir le séduisant Charles Brandon, roturier en route pour le Nouveau-Monde. Son tyran de frère la destine pourtant au roi de France, afin de sceller la réconciliation entre leurs deux pays. L'infatuation capricieuse de la princesse, âgée de dix-huit ans, pour l’aventurier provoque la jalousie du perfide duc de Buckingham, follement amoureux. Mary se déguise en homme pour fuguer avec Brandon, mais ils sont arrêtés à bord du navire à Bristol, Brandon est incarcéré à la Tour de Londres. Cédant à la volonté de son frère pour sauver la tête de Brandon, Mary se résigne à épouser le roi de France, Louis XII, veuf âgé de cinquante-deux ans, mais celui-ci décède trois mois plus tard (1515). Buckingham ramène Mary à Londres où il est tué en duel par Brandon dont il avait organisé la fuite pour mieux le faire assassiner. Amusé par ces péripéties, Henry VIII pardonne, les amoureux rappellent la promesse du roi à sa sœur : elle a le droit de choisir son second mari et le monarque, bon perdant, octroie à celui-ci le titre de duc de Suffolk. François Ier, qui convoitait la princesse et a payé un lourd tribut d'or à Londres pour en faire sa femme, devra se consoler ailleurs.
 Le grand rôle féminin est confié à l'Anglaise Glynis Johns, qui fut une capricieuse mais craquante sirène dans la fantaisie Miranda d'Annakin en 1948. À en croire les témoins et les peintres de l'époque, Mary Tudor fut effectivement une beauté, courtisée en vain par tous les célibataires couronnés d'Europe, y compris le futur empereur Charles Quint. Éconduit, François Ier, encore comte d'Angoulême, aurait fait surveiller étroitement la « reine blanche » (couleur du deuil à l'époque), car toute grossesse de la reine-veuve pouvait l'écarter du trône, ce qui était le souhait secret de son oncle Louis XII. Selon certains, la reine, appelée Marie d'Angleterre, voulait un fils pour garder son titre et ne pas être renvoyée à Londres après la mort de son époux. Lorsque François Ier la surprit à Cluny avec Charles Brandon, de douze ans son aîné, déjà duc de Suffolk et un ami d'enfance d'Henry VIII, il les obligea à se marier la nuit même, puis les expédia tous deux le lendemain en Angleterre ! Le mariage se fit sans l'autorisation d'Henry VIII. Mary, à présent duchesse de Suffolk, lui donna trois enfants. Ses relations avec son frère se tendirent plus tard, lorsqu'elle s'opposa à la demande d'annulation du mariage de son frère avec Catherine d'Aragon, n'appréciant guère Anne Boleyn qui avait été une de ses dames d'honneur à la cour de France. Sur ce point, le film d'Annakin-Disney est certes historiquement des plus fantaisistes, et le remarquable Henry VIII de James Robertson Justice, 110 kilos, truculent et colérique comme le veut la légende, est loin de la réalité : en 1515, le monarque n'arborait que vingt-trois ans, un jeune homme svelte et athlétique qui n'avait pas encore la corpulence que le film lui attribue. Quant au rôle néfaste du duc de Buckingham, en réalité dûment marié et père de sept enfants, c'est une invention du romancier.
Disney surveille et commente les moindres détails du storyboard depuis ses bureaux californiens à Burbank, puis laisse à Annakin une grande liberté pour le reste, dialogues compris. Les membres de la cour de France sont tous interprétés par des acteurs français, Gérard Oury, Jean Mercure, Fernand Fabre et Robert Le Beal. On filme de juillet à novembre 1952 aux studios de Pinewood avec quelques extérieurs dans le domaine de Wilton Park (Wiston House) à Beaconsfield (Buckinghamshire), qui tient lieu de Windsor Castle, et dans la crique de Chapmans Pool sur l’île de Purbeck (Dorset). Les magnifiques « glass paintings » de Peter Ellenshaw qui complètent les prises de vues réelles (62 peintures) sont un apport majeur dans la recréation scrupuleuse du siècle des Tudor (Ellenshaw gagnera Hollywood par la suite, où il créera pour Disney les visuels de Vingt-mille lieues sous les mers). Autres collaborations notables que celles de Carmen Dillon, qui conçut les décors oscarisés du Hamlet de Laurence Olivier quatre ans plus tôt, et de Geoffrey Unsworth, qui deviendra avec Jack Cardiff un des meilleurs directeurs de la photographie en couleurs du Royaume-Uni (2001 : A Space Odyssey de Stanley Kubrick, 1968). Ces talents font de The Sword and the Rose un livre d'images assez plaisant, à la narration bien rythmée et dont le charme très « fifties » reste intact. Mais Disney s'est un peu trompé de cible : en dépit de grands et bons sentiments, les dialogues assez enlevés, souvent empreints d'humour et d'ironie, les enjeux politiques de la cour et les complications scénaristiques ne sont pas toujours à la portée d'un jeune public. Disney n'engrange qu'une recette honorable de 2,5 millions de $. Son film sera repris par la chaîne de « Disneyland » sur ABC Television et diffusé en deux parties sous le titre de When Knighthood Was in Flower (4+11.1.1956).
DE: Eine Prinzessin verliebt sich, AT: Schwert und Rose, ES: La espada y la rosa, IT: La spada e la rosa.
1955® (tv) Hunt Royal (GB) de Stephen Harrison. – av. Jane Wenham (Mary Tudor, soeur de Henry VIII), Donald Houston (Charles Brandon, duc de Suffolk), Sylvia Bidmead (Anne Boleyn, dame de compagnie de Mary). – cf. France: Louis XII
1974® (tv) La Reine galante (FR) de Michel Roux et Georges Folgoas. - av. Mireille Delcroix (Mary Tudor, soeur de Henry VIII), Jacques Dannoville ((Henry VIII), Anne Marbeau (Catherine d'Aragon), Yvan Varco (Charles Brandon, duc de Suffolk). - cf. France, Louis XII.
1990® (tv) Plus folle que reine (FR) de Bernard Toublanc-Michel. - av. Hester Wilcox (Mary Tudor,soeur de Henry VIII), Franck Beckmann (Charles Brandon, duc de Suffolk). - cf. France, Louis XII.