I - LE ROYAUME DE FRANCE

7 . LA GUERRE DE CENT ANS (1339 à 1453)

7 .4 . La folie d’un roi, les excès d’une reine: Charles VI et Isabeau de Bavière

À la mort de son père, Charles VI est encore mineur, ce sont ses oncles qui se partagent la régence et donc les recettes fiscales. C’est la lutte pour le contrôle des recettes de l’État qui entraîne une inextricable guerre civile entre les Armagnacs du duc d’Orléans, partisans de la couronne menés par le comte Bernard VII d’Armagnac, et les Bourguignons que dirige Jean sans Peur, duc de Bourgogne, liés à l’Angleterre (1407). En 1420, après la victoire anglaise à Azincourt (cf. infra) et à la faveur des crises de folie de Charles VI, la reine, Isabeau de Bavière, et Philippe IV le Bon, chef du parti bourguignon, font signer au roi le traité de Troyes qui déshérite le dauphin (futur Charles VII) au profit du vainqueur britannique, leur gendre Henry V. Le traité, dûment ratifié par les États généraux du royaume, est d’abord défendu par une large partie de la population qui voit l’avènement d’une « double monarchie » anglo-française d’un bon œil, tandis que le Parlement de Londres craint, lui, un déséquilibre en faveur de la France, plus vaste, plus riche et plus peuplée.
1911Charles VI (FR) de Louis Feuillade
Etablissement Gaumont S.A. (Paris), 314 m. – Synopsis : Après le « Bal des ardents » de 1393, un charivari donné pour les noces d’une demoiselle d’honneur de la reine Isabeau qui provoque accidentellement la mort atroce de quatre compagnons du roi, Charles VI bascule dans la folie. Son épouse a une liaison avec Louis d’Orléans, frère du roi, qui finit assassiné par les Bourguignons. – US : A Queen’s Treachery ; or, The Betrayal of Charles VI of France, DE : Karl der Sechste von Frankreich.
Un connétable breton à la cour de Charles VI : « Olivier de Clisson » (1911).
1911Olivier de Clisson (FR)
Paul Gavault/Le Film d’Art (Paris), 300 m. – Synopsis : En 1392, sous Charles VI, le connétable breton Olivier V de Clisson (1336-1407), frère d’armes de Du Guesclin, est fait prisonnier par son suzerain, Jean IV, duc de Bretagne. Celui-ci ordonne à Pierre de Craon de l’assassiner dans sa geôle durant la nuit. Averti du projet de meurtre, Charles VI fait évader le connétable. De retour à la cour, Clisson est blessé par les sbires de Craon. Le roi fait rechercher les coupables, mais un incident dans la forêt du Mans déclenche chez lui les premières crises de démence. Désabusé, Clisson rend son épée de connétable. Banni du royaume de France, il se retire au château de Josselin, dans le Penthièvre.
Fern Andra, Lothar Müthel (la tête sur le billot) et Fritz Kortner (au fond) dans « La Nuit de la reine Isabeau » (1920).
1920Die Nacht der Königin Isabeau (La Nuit de la reine Isabeau) (DE) de Robert Wiene
Erich Pommer/Decla-Bioscop AG Berlin, 5 actes/1972 m./73 min. – av. Fern Andra (Isabeau de Bavière), Alexander Moissi (Charles VI), Fritz Kortner (Raoul [=Olivier] de Clisson, connétable de France), Lothar Müthel (Jehan de Maulle), John Gottowt (le bouffon noir), Harald Paulsen (l’ami), Hans Heinrich von Twardowski (Bourdon, le page), Albert Lind (le bouffon blanc), Elsa Wagner (la camériste).
Synopsis : Isabeau de Bavière (1371-1435), reine de France, trompe son mari Charles VI devenu dément avec Jehan de Maulle, un étudiant. Amoureux de la souveraine, Raoul [=Olivier] de Clisson, le connétable, l’empêche de rejoindre son amant mystérieux pendant la nuit et pour détourner les soupçons, Isabeau sacrifie son page qui meurt sous la torture sans trahir la reine. Afin d’éviter à Jehan un sort similaire, Isabeau se donne finalement au connétable, mais l’étudiant ne comprend pas son sacrifice et la quitte. Devenue folle à son tour, Isabeau rejoint son époux dément, entourée des bouffons de la cour.
Une curiosité : Robert Wiene vient de signer le fameux « Cabinet du docteur Caligari », suivi du non moins extravagant « Genuine » (1919/20), deux films aux intrigues délirantes qui introduisent l’expressionnisme et ses décors difformes à l’écran. Le présent sujet, tiré d’un scénario de Wiene, a été fignolé sur mesure pour la star américaine Fern Andra, une acrobate et productrice établie à Berlin qui a incarné Genuine, la vamp sanguinaire. Elle vient du reste d’interpréter au cinéma une autre grande dame de l’Histoire, « Madame Récamier » (1920). Alexander Moissi et Fritz Kortner, sommités des tréteaux allemands, confèrent une certaine puissance au drame, mais l’actrice n’est, elle, pas à la hauteur de son rôle. Artistiquement ambitieux, tourné en studio (Decla-Bioscop), le film souffre de l’inadéquation entre la stylisation visuelle, ses effets d’ombres appuyés, et son sujet outrancier, qui n’est ici qu’un prétexte à dépeindre la folie des suzerains en la noyant dans un bain décoratif de « caligarisme » un peu gratuit (à en croire la presse de l’époque, car le film est perdu). L’action en pâtit, le public et la critique font la moue. On ne constate aucune tentative d’aborder le sort réel de la reine franco-bavaroise (1371-1435), régente maladroite tiraillée entre Armagnacs et Bourguignons, qui se retirera finalement, saine d’esprit, dans l’hôtel Saint-Pol, treize ans après le décès de son époux dément. – IT : La notte della regina Isabeau.
1960(tv) Le Roi de l’ombre (FR) de Jean Vernier
Radio-Télévision Française (RTF) (1e Ch. 6.12.60), 1h30 min. – av. William Sabatier (Charles VI), Robert Arnoux (Juvénal), Gabriel Cattand (Louis, duc d’Orléans), Robert Porte (Jean sans Peur, duc de Bourgogne), Germaine Lafaille (Isabeau de Bavière), Hélène Sauveneix (Valentine Visconti, duchesse d’Orléans), Michèle Lemoine (Odette de Champdivers), Michel Marceau (le dauphin, futur Charles VII), Georges Lannes (Gerson), Maurice Chevit (le bouffon), René Fleur (l’astrologue), Yves Brainville (Legrand), Jacques Ferry (Vieilleville), Jean Clarieux (Jean Caboche), Pierre Réal (l’officier).
Synopsis : Tandis que Charles VI sombre lentement dans la démence, son frère unique, le duc Louis d’Orléans, lorgne le trône. Isabeau de Bavière est régente. Dans la rue, le peuple gronde et Jean Caboche se met à sa tête. Jean sans Peur, le nouveau duc de Bourgogne, se sent menacé par les prodigalités du frère du roi, son influence au sein du Conseil royal et ses manœuvres pour affaiblir les ambitions de la Bourgogne. Voyant le pouvoir lui échapper, il le fait assassiner à Paris le 23 novembre 1407. Ce meurtre provoque la guerre civile entre Armagnacs et Anglo-Bourguignons, désordres qui permettent à la guerre de Cent Ans de reprendre. – Une dramatique écrite par Jean Loisy qui repose partiellement sur le décalage existant entre la réalité politique et les fictions d’un esprit perdu, celles de « Charles le Fol ».
Prêt à pactiser avec le diable : Marcel Lupovici et Françoise Fabian dans « Pierre de Giac » de Jean Kerchbron (tv 1960).
1960(tv) Pierre de Giac qui vendit son âme au Diable (FR) de Jean Kerchbron
série « L’Histoire dépasse la fiction », Radio-Télévision Française (RTF) (1e Ch. 31.5.60), 1h30 min. – av. Marcel Lupovici (Pierre de Giac), Françoise Fabian (Catherine de l’Isle Bouchard), Marcel Bozzuffi (Jean de La Roche), Yves Brainville (Georges de La Trémoille), Simone Cendrar (Jeanne de Naillac, dame de Giac), Gérard Guillaume (le connétable Arthur de Richemont), Jean-Paul Roussillon (Charles VII), Denise Carvenne (la reine Yolande d’Aragon), Pierre Moncorbier (Cavalcanti), Eugène Berthier (le prêtre).
Synopsis : En 1419, alors que Charles VI sombre dans la folie et qu’Armagnacs et Bourguignons se disputent le pouvoir, Giac, amant de la reine-mère Isabeau de Bavière, assiste à l’assassinat du duc de Bourgogne (Jean sans Peur) lors de sa rencontre fatidique avec le dauphin, un meurtre qui fera basculer la Bourgogne dans le camp anglais. Giac tient le dauphin sous sa coupe. Plus tard, il tue sauvagement sa femme, Jeanne de Naillac, qui est tombée enceinte de Philippe le Bon, le nouveau duc de Bourgogne, puis épouse l’influente Catherine de l’Isle Bouchard. Devenu Chambellan de Charles VII, il exerce ses rapines sur le Trésor de la Couronne, mais portant ombrage à la politique menée par Yolande d’Aragon, la belle-mère du roi, il est condamné et noyé en présence de La Trémoille (qui épouse sa veuve).
Kerchbron, grand défenseur des classiques français et de fantastique à la télévision (« Le Golem », 1969), se penche sur la destinée faustienne d’un personnage singulièrement violent et arriviste, le chevalier Pierre de Giac (1377-1427). En 1425, à la cour de Charles VII (alors seulement roi de Bourges), Giac vend son âme à Satan par l’entremise du mage italien Cavalcanti, ce qui lui permet de conquérir l’amour, le pouvoir et la richesse. Reconnu coupable d’assassinat, vol, brigandage, pillage, détournement des deniers publics et lèse-majesté lors de son procès deux ans plus tard, longuement évoqué ici, Giac se dit innocent… et accuse le diable comme responsable de ses crimes. Le téléfilm fait partie d’une série historique qui ambitionne vainement d’égaler « La caméra explore le temps », écrite par Henri Noguères.
1961(tv) La Reine offensée (FR) de Dominique Rety
Radio-Télévision Française (RTF) (1e Ch. 24.10.61) 60 min. – av. Malka Ribowska (Isabeau de Bavière, régente de France), Jacques Toja (Louis, duc d’Orléans), Jacques Verlier (Olivier de Maulle), Pierre Tabard (Bressac), Véronique Verlac (Odette de Champ-d‘Hiver), Jean Muselli (Jean de Nevers, duc de Bourgogne, dit Jean sans Peur), Liliane Sorval (Jehannine), Piéral (Guillaume Le Fouel), Gillian Hills (Bérénice Escabala), Dominique Varenne (Christine de Pisan), Jean-Marie Fertey.
Synopsis : En 1404, Isabeau de Bavière, régente de France, est prise entre les factions ennemies du duc d’Orléans, son beau-frère et ancien amant, et celle du duc de Bourgogne. Coquette, orgueilleuse et capable de cruauté, elle organise des fêtes fastueuses à l’hôtel Barbette. Son favori du moment, de Maulle, parie avec des courtisans qu’il obtiendra les faveurs de la vertueuse et ravissante Bérénice Escabala, 17 ans, fille de l’argentier du roi. Louis d’Orléans rapporte ces propos à sa belle-sœur. La reine fait bouter le feu à la demeure des Escabala et condamner son amant comme incendiaire. De Maulle peut s’évader grâce à la complicité de son avocat qui est roué à sa place. – Dramatique d’après la pièce de Dominique Varenne, elle-même inspirée de La Reine Ysabeau, un conte cruel d’Auguste de Villiers de l’Isle-Adam (Histoires insolites, 1888).
Geneviève Cluny et Philippe Lemaire animent la comédie burlesque « Les Filles de La Rochelle » (1962).
1962Les Filles de La Rochelle / Tout s'enchaîne (FR) de Bernard Deflandre
Guépard Production, 1h32 min. (nb) – av. Philippe Lemaire (le capitaine Timoléon), Geneviève Cluny (Hildegarde), Noël Roquevert (Charles VI), Annette Poivre (Isabeau de Bavière), Raymond Bussières (Pépin), Guy Decomble (Sire Basile), Max Desrau (l’Écossais), Gustave (Engolvent), Jocelyne Langer (Teutberge), Paul Mercey (le maire de La Rochelle), Pierre Parel (Geoffroy).
Synopsis : En juillet 1389, Charles VI et son épouse Isabeau s’apprêtent à entrer dans le dernier port inviolé, celui de La Rochelle. Courtisée par Timoléon, capitaine des gardes, mais éprise de Geoffroy, Hildegarde, la fille du gouverneur, veut assurer la défense de la ville. Pépin, un espion, essaie d’empêcher que l’on tende la chaîne du port qui barrerait l’accès aux navires anglais et, assisté de l’Écossais, il calomnie Geoffrey qui est condamné à la pendaison. Ameutées par Hildegarde, les filles de La Rochelle sauvent le jouvenceau. Celui-ci parvient à libérer le treuil de la chaîne qui tiendra l’ennemi à distance, mais La Rochelle n’accueillera pas le roi : le 14 juillet, Charles VI est frappé de démence.
Une comédie qui cherche à se démarquer des habituelles caleçonnades du cinéma français populaire en lorgnant, trop timidement, hélas, vers les classiques du burlesque américain (la bataille aux fromages blancs, les poursuites dans les rues de la ville). Ancien assistant d’Astruc, de Vadim et de Claude Barma (« Les Trois Mousquetaires » version tv), Bernard Deflandre installe ses caméras à La Rochelle, à l’Hôtel de Ville et devant les Tours du vieux port. Son film est un fiasco. – US : The Girls of La Rochelle.
1969Catherine (il suffit d’un amour) / Catherine, un solo impossibile amore / Catherine, ein Leben für die Liebe (Abenteuer und Leidenschaft im sinnesfrohen Paris) (FR/IT/DE) de Bernard Borderie
B. Borderie/Lira Films (Paris)-KG Divina Film (München)-Ascot Cineraid (Roma), 1h42 min./1h26 min. – av. Olga Georges-Picot (Catherine Legoix [de Montsalvy]), Horst Franck (Philippe le Bon, duc de Bourgogne), Roger Pigault (Garin de Brazey, grand connétable de Bourgogne), Francine Bergé (Sara la Noire), Bérangère Dautun (Joëlle), Claude Brasseur (Jean Caboche), Roger Van Hool (Arnaud de Montsalvy), André Pousse (Barnabé), Robert Berri (Doux-Jésus), Pierre Hatet (De Lifan), Fred Williams (Michel de Montsalvy), Claude Orengo (Jean Poton de Xaintrailles), Arturo Dominici (La Grêle).
Synopsis : Paris en 1418-1422 est occupé par les Armagnacs et assiégé par les troupes de Philippe de Bourgogne. Meurtrie par les luttes qui opposent la corporation des Bouchers, alliés des Bourguignons, aux étudiants fidèles aux Armagnac, Catherine est enfermée au Châtelet pour rébellion : son père et son amant Michel de Montsalvy ont été assassinés. Elle est convoitée successivement par le boucher félon Caboche, par le grand connétable de Bourgogne Garin de Brazey et par le duc Philippe le Bon, mais elle parvient à s’enfuir avec son amie Sarah et rejoint les hors-la-loi d’Arnaud de Montsalvy (dont elle s’éprend) dans la forêt de Chaillot. Arnaud la renvoie à Paris pour piéger le Bourguignon. Le duc organise un mariage blanc entre elle et Garin de Brazey devant permettre à Catherine de vivre au palais comme maîtresse du prince. Arnaud tente un coup au cœur de Paris, mais ses maquisards sont cernés. Catherine intercède en sa faveur et se donne au duc en échange de sa libération. Pourra-t-elle retrouver son amoureux un jour ?
Borderie tente de renouer avec le succès si lucratif de ses cinq « Angélique » (1964-1967) en reprenant des personnages et des situations similaires, schéma rabâché qui remonte à la saga coquine des Caroline chérie de Cécil Saint-Laurent : une (trop) belle femme, persécutée par le désir des princes, est amoureuse d’un noble hors-la-loi qu’elle perd et retrouve au fil des épisodes... Le réalisateur porte son dévolu sur le premier tome de la série romanesque des Catherine de Juliette Benzoni, intitulé Il suffit d’un amour (1963), dans l’espoir évident de lui donner plusieurs suites. Juliette Benzoni, très courtisée par la télévision dans les années 1980/90 (les feuilletons historiques à l’eau-de-rose « Marianne, une étoile pour Napoléon », « Le Gerfaut », « La Florentine »), adapte son propre texte. Borderie souhaite cette fois une héroïne « anti-voluptueuse », à la fois plus classique et plus moderne que sa Marquise des Anges. Michèle Mercier s’étant désistée, c’est la Franco-russe Olga Georges-Picot (découverte dans « Je t’aime, je t’aime » d’Alain Resnais l’année précédente) qui reprend le rôle-titre. Le choix de cette comédienne racée et intelligente semble prometteur, mais l’entreprise est coulée par un scénario dont les péripéties aux personnages ectoplasmiques relèvent d’une extrême niaiserie, et qu’une mise en scène maladroite ne parvient jamais à rehausser. Le public boude, exit Catherine (le petit écran l’accueillera dans une série en 1985, cf. infra). Tournage en Panavision 70 mm et Eastmancolor en forêt de Fontainebleau et aux studios de Cinecittà et d’Epinay, avec de beaux décors de Max Douy. Pour en savoir plus sur Juliette Benzoni et son oeuvre, cf. www.catherinedemontsalvy.ch – US : Catherine – One Love Is Enough.
Catherine (Claudine Ancelot), l’héroïne des romans de Juliette Benzoni, dans le feuilleton de Marion Serraut (tv 1985). © Mistral - www.catherinedemontsalvy.ch
1985(tv) Catherine – Il suffit d’un amour (FR) de Marion Serraut
Antenne 2-Société Française de Production (A2 19.3.-11.6.86), 60 x 26 min. – av. Claudine Ancelot (Catherine Legoix), Pierre-Marie Escourrou (Michel/Arnaud de Montsalvy), Pascale Petit (Sara la Noire), Philippe Auriault (Landry), Serge Marquand (le boucher Caboche), Jean-François Poron (Philippe IV le Bon, duc de Bourgogne), Georges Montillier (l’évêque Pierre Cauchon), Henry Guybert (Guillaume-Pierre Legoix), Antonin (Charles VII), Cyril Spiga (Jean sans Peur), Philippe Clay (Barnabé), Dora Doll (Ermengarde), Benoît Brionne (Gilles de Rais), Isabelle Guiard (Jeanne d'Arc), Geneviève Casile (la reine Yolande d'Aragon), Christian Alers (Mathieu Gautherin), Jacques Brucher (Jacques de Roussay), Stéphane Bouy (Garin de Brazey), Isaach de Bankolé (Alis), Jean-François Bayonne (La Mise), Gérard Chambre (Jean Poton de Xaintrailles), Pierre Deny (Dunois), Isabelle Duby (Isabelle de Séverac), Jean-Louis Buquet (Jan Van Eyck), Jacques Duby (frère Etienne), Anne Lefébure (Jacquette Legoix), Christian Alers (Mathieu Gautherin), Sylvie Lebrigant (Marthon), Amidou (Abou), Clément Michu (Cornelis), Sylvie Folgoas (Michelle de France), Daniel Tarrare (Jean de Luxembourg), François Brincourt (Richemont), Lena Grinda (Mme de La Trémoille), Marie Daëms (Anne de Sillé), Sylvain Lemarie (l’abbé Bernard), Anne-Marie Scieller (Marie de Comborn), Philippe Murgier (l’argentier Jacques Cœur), James Sparrow (le chevalier Hugh Alan Kennedy), Serge Bento (Renaudot).
Synopsis : En avril 1413 à Paris, au moment de l’émeute menée par le boucher Caboche, l’universitaire Pierre Cauchon et Guillaume Legoix. La nièce de ce dernier, la belle Catherine, va croiser moult personnages historiques pendant cette période troublée qui oppose les Bourguignons, partisans de Jean sans Terre, aux Armagnacs qui soutiennent Charles VI, puis son fils Charles VII. Catherine reste fidèle à l’amour de sa vie, Arnaud de Montsalvy, alors que Philippe de Bourgogne lui fait un enfant, que Gilles de Rais la viole, que le sadique Garin de Brazay la maltraite, qu’elle est présentée à la cour de Charles VII, rencontre l’évêque Pierre Cauchon et le peintre flamand Van Eyck, qu’elle tente de sauver Jeanne d’Arc du bûcher, trouve refuge auprès de l’argentier royal Jacques Cœur, etc.
Une interminable série de 26 heures tirée d’un non moins redoutable cycle de romans de gare de Juliette Benzoni, dont les titres sont éloquents : Il suffit d’un amour (1963), Belle Catherine (1966), Catherine des Grands Chemins (1967), Catherine et le temps d’aimer (1968), Piège pour Catherine (1973) et La Dame de Montsalvy (1978). Le premier volume a déjà été adapté par Bernard Borderie en 1969, sans succès (cf. supra). Cette pâle copie carbone d’« Angélique » mobilisant toutes les célébrités de la France du XVe siècle est bâclée en vidéo par la SFP, maison spécialisée dans la fabrication de fictions télévisuelles à moindre coût. Il n’y a rien à y sauver, sinon guetter au fil des épisodes l’apparition cocasse de Philippe Clay, de Pascale Petit, de Jean-François Poron, de Dora Doll ou encore de l’historien médiéviste Jacques Duby, égaré dans cette galère.
2021*** The Last Duel (Le Dernier Duel) (US/GB) de Ridley Scott
Ridley Scott, Nicole Holofcener, Kevin J. Walsh/20th Century Studios (Walt Disney)-TSG Entertainment-Scott Free Production, 152 min. - av. Matt Damon (Sire Jean de Carrouges), Adam Driver (Jacques le Gris), Jodie Comer (Dame Marguerite de Carrouges de Thibouville), Ben Affleck (le comte Pierre II d'Alençon), Harriet Walter (Nicole de Buchard), Nathaniel Parker (Robert de Tribouville), Sam Hazeldine (Thomin du Bois), Michael McElhatton (Bernard Latour), Caoimhe O'Malley (Elizabeth), Aoibhin Murphy (Béatrice), Tallulah Haddon (Marie), Zoé Bruneau (Marie chamallart), Alex Lawther (le roi Charles VI), William Houston (le héraut du tournoi).
En 1386, le chevalier et chambellan Jean de Carrouges, de retour après une expédition militaire sur le front écossais, retrouve son épouse, Marguerite de Thibouville. Celle-ci accuse l'écuyer Jacques Le Gris, vieil ami du chevalier, de l'avoir violée et exige réparation. Il n'y a pas de témoins. Le Gris, favori du machiavélique comte d'Alençon (dont Le Gris est le favori) et qui a jadis sauvé la vie de Carrouges à la bataille de Poitiers en 1370, se dit innocent. Le roi Charles VI "le Fol", immature et fébrile, ordonne un "procès par le combat", soit un Jugement de Dieu entre le chevalier et l'écuyer pour déterminer la vérité. Si le mari perd le duel et donc la vie, la femme bafouée sera également brûlée vive pour fausse accusation... Guerrier aguerri, Jean de Carrouges sort vainqueur.
Il s'agit de l'adaptation du livre The Last Duel: A True Story of Crime, Scandal and Trial by Combat in Medieval France (Le Dernier Duel: Paris, 29 décembre 1386), paru à New York en 2004 sous la plume de l'universitaire américain Eric Jager et traitant de l'ordalie Carrouges-le Gris de 1386, un des derniers duels judiciaires autorisés en France. D'emblée, impossible de ne pas penser au magnifique The Duellists (1977), le premier film de Ridley Scott, qui se déroulait sous Napoléon. Mais on est loin de l'ombrageux sociopathe narcissique du Premier Empire comme du survivalisme enragé de Gladiator (2000) et The Last Duel se métamorphose de film de chambre en film de procès, puis en grand spectacle épique avec des scènes de combat aussi courtes que sauvages et ultra-violentes, dans une arène hivernale saturée de neige et de sang.
Afin de rendre compte de la pluralité des points de vue, Scott opte pour une narration elliptique, tout en finesse et en sauts temporels, une dramaturgie "à la Rashomon" où chacun des trois protagonistes fait le récit des événements et donne sa vision très contrastée, pleine de surprises, du consentement ou du viol et de la nature réelle des concernés (les trois narrations ont été écrites respectivement par Ben Afflek, Matt Damon et la cinéaste Nicole Holofcener). Cette confrontation répétitive "procure un malaise qui fait écho au calvaire des victimes condamnées à revivre continuellement leur traumatisme" (J. Couston, Télérama 13.10.21) - alors que l'enjeu final est moins la vérité que le pouvoir et l'honneur masculins, aux dépens de la femme outragée.
Le tournage a lieu de février à mi-octobre 2020 - interrompu toutefois pendant six mois à cause de la pandémie du Covid-13 - en France, en Dordogne (Sarlat-la-Canéda, châteaux de Beynac et Fénelon, Monpazier), vers Narbonne (abbaye de Fontfroide), au château de Berzé en Saône-et-Loire, puis en Irlande dans le comté de Meath (Bective Bridge et Bective Abbey), dans celui de Tipperary (Cahir Castle) et aux studios d'Ardmore (Wicklow). Présentation au Festival de Venise 2021.