V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

L’arrivée de Brunhild à Worms dans « Die Nibelungen », la fresque muette en deux parties de Fritz Lang (1924).

1. LE MYTHE PRÉMÉDIEVAL DES NIBELUNGS (Ve siècle)

Gunther, le roi des Burgondes à Worms, est jaloux des pouvoirs magiques, de la popularité et de la richesse phénoménale (le trésor des nains des Nibelungs) de son beau-frère Siegfried von Xanten (Sigurdh/Sigrdrifa), qu’un bain dans le sang du dragon Fafnir a rendu presque invulnérable, sauf pour un endroit dans le dos, gardé secret. Pour obtenir la main de la princesse Kriemhild, Siegfried a dû prêter main-forte à Gunther qui souhaitait épouser la belle et belliqueuse Brunhild, une reine du Nord crainte pour avoir terrassé tous ses prétendants précédents en combat singulier. Caché par son manteau d’invisibilité, Siegfried assiste Gunther et vainc Brunhild, qui se résigne à épouser le souverain burgonde. De retour à Worms, elle découvre qu’elle a été trompée et somme son époux de laver l’affront dans le sang. Suivant les conseils de son bras droit Hagen von Tronje, Gunther soutire à sa sœur trop confiante le secret de l’invincibilité de Siegfried. Hagen attire le héros dans un piège et l’assassine. Kriemhild décide de venger son mari en faisant tuer Gunther et tout son clan. Elle obtient les moyens nécessaires à son projet meurtrier en épousant le roi des Huns, Etzel ou Atle, plus connu sous le nom d’Attila. Celui-ci extermine les Burgondes à la demande de sa nouvelle épouse, qui périt dans le massacre final. - cf. Das Lied der Nibelungen (XIIe s.), Die Wölsungensaga (XIIIe s.), les chants scandinaves de l’Edda (IXe-XIIIe s.), Die Nibelungen, drame de Friedrich Hebbel (1861) et Der Ring des Nibelungen (L’anneau du Nibelung), le cycle d’opéras de Richard Wagner : Die Walküre (La Walkyrie) (1856), Das Rheingold (L’or du Rhin) (1869), Siegfried (1876) et Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux) (1876). Seuls les deux derniers opéras de la tétralogie traitent de la légende de Siegfried ; la liste des captations télévisuelles de Wagner n’est pas exhaustive.

NOTA BENE : Ce chapitre figure également dans la partie « Antiquité » (tirée de notre ouvrage L’Antiquité au cinéma paru en 2009 et repris dans ce site sous forme de flipbook, pp. 598-606), mais comme sa représentation visuelle à l’écran situe en général le récit dans un univers et des décors médiévaux, nous reprenons la matière ici sous une forme complétée et mise à jour.
1910Attila (I Nibelungi) (IT) de Mario Bernacchi
Milano Films, 225 m. – Passionnés d’opéra, ce sont les Italiens qui, les premiers, adaptent la légende nordique. Le film se réfère à l’œuvre de Wagner (alors que celle-ci ne mentionne pas le personnage d’Etzel/Attila). Dévorée de jalousie, Brunhild ordonne le meurtre de Siegfried. La chose faite, ses assassins Hunding et Hagen confient le trésor des Nibelungs à Attila qui épouse Kriemhild. Cette dernière se venge, puis poignarde Attila. Tournage dans la verrière de la Via Farini à Milan ; les accords wagnériens accompagnent les projections.
1912Sigfrido ovvero i Nibelungi / L'epopea dei Nibelungi / Siegfried (Siegfried) (IT) de Mario Caserini
S. A. Ambrosio, Torino, 914 m./ 3 bob. - av. Dario Silvestri (Siegfried von Xanten), Fernanda Negri-Pouget (Kriemhild von Burgund), Antonietta Calderari (Brunhild, reine d’Islande), Mario Voller Buzzi (le barde), Mario Granata (Gunther, roi des Burgondes), Serafino Vité (Hagen von Tronje).
Pas de dragon dans cette version : Siegfried délivre Mime, captif des nymphes, et reçoit en guise de remerciement une épée magique. Celle-ci lui permet de libérer la reine vierge Brunhild, prisonnière d’un cercle de flammes, pour obtenir la main de Kriemhild. Brunhild aime son sauveur mais doit épouser Gunther et complote avec les Burgondes pour assassiner Siegfried. Plus tard, Kriemhild venge le meurtre du héros en assiégeant le château de sa rivale Brunhild et en la tuant d’un coup d’épée alors qu’elle se prépare à épouser son complice Hagen. Filmé dans les nouveaux studios d’Ambrosio à la Via Mantova à Turin.
1912Der Nibelungenring (DE)
Express Film Co., Freiburg in Breisgau. – Peut-être identique avec le précédent (?).
La version la plus marquante et la plus spectaculaire de la légende, « Die Nibelungen » de Fritz Lang (1924).
1924*** Die Nibelungen (Les Nibelungs) (DE) de Fritz Lang
Parties : 1. Siegfried (La Mort de Siegfried) - 2. Kriemhilds Rache (La Vengeance de Kriemhild)
Erich Pommer/Decla-Bioscop AG (Berlin)-Universum Film (UFA), 3216 m. + 3576 m./143 + 144 min. - av. Paul Richter (Siegfried von Xanten), Margarethe Schön (Kriemhild), Hanna Ralph (Brunhild, reine d’Islande), Hans Adalbert von Schlettow (Hagen von Tronje), Rudolph Klein-Rogge (Etzel=Attila), Georg John (Blaodel=Bleda, son frère / le nain Alberich / Mime), Theodor Loos (Gunther, roi des Burgondes), Hans Carl Müller (Gernot, son frère), Erwin Biswanger (Giselher, son frère), Gertrud Arnold (reine-mère Ute), Fritz Albert (Dietrich von Bern [=Théodoric de Vérone, roi des Goths, dit Théodoric le Grand]).
Fils du roi Siegmund, Siegfried quitte son pays pour la cour des Burgondes à Worms, après avoir servi le forgeron Mime, tué le dragon Fafnir et ravi au nain Alberich, roi des Nibelungs, son trésor ainsi que son manteau d’invisibilité. A Worms, le roi Gunther lui accorde la main de sa sœur Kriemhild à condition qu’il l’aide à épouser la Walkyrie Brunhild, reine d’Islande, qu’il doit vaincre en combat singulier. Siegfried utilise à cet effet sa chape magique, mais une fois mariée, Brunhild découvre la supercherie de son époux et exige l’exécution du fautif. Hagen, âme damnée et vassal du roi, assassine Siegfried par traîtrise. Brunhild se suicide. Poussée par le désir de vengeance, Kriemhild quitte Worms et épouse Etzel, le roi des Huns. Elle incite celui-ci à inviter les Burgondes à sa cour et les fait massacrer dans un bain de sang qui entraîne la mort du fils qu’elle à donné à Etzel, de Gunther et de tous ses vassaux. Horrifié, le vieux Hildebrand la tue et Etzel pénètre dans les flammes de son palais en portant le cadavre de sa femme (version alternative: Kriemhild meurt sous l’émotion après la fin de Hagen, Etzel la pleure).
Le scénario de Lang et de sa femme Thea von Harbou s’inspire non pas de Wagner, mais directement de l’ancienne légende et de la tragédie qu’en a tirée Friedrich Hebbel en 1861. Les dieux nordiques passent à l’oubliette. Lang conçoit son film comme un « hommage au peuple allemand » (carton introductif) meurtri par les troubles politiques, l’inflation et le chômage. Politiquement naïf, il reconstitue avec faste l’univers du plus grand mythe fondateur germanique, mais c’est avant tout le défi esthétique que soulève son ambitieuse adaptation qui le motive. Visuellement, le cinéaste donne libre cours à son imagination d’architecte, privilégiant à Worms les compositions géométriques du Bauhaus, les ornements Art déco ou Jugendstil, les alignements hiératiques, la symétrie statique, tandis que la hutte de Mime, le château de flammes d’Islande ou la forêt du dragon sont, eux, vivifiés par une dramaturgie expressionniste du clair-obscur (références picturales à l’illustrateur viennois Carl Otto Czeschka, à Arnold Boecklin et à Max Klinger). Un environnement entièrement stylisé et figé qui a tendance à engloutir les personnages : l’opulence des vêtements, l’immensité des forteresses et des arbres hauts comme une cathédrale transforme peu à peu le décor en tombeau de tout un peuple. Le tournage intégral aux studios Decla-Bioscop-Ufa à Berlin-Neubabelsberg (d’octobre 1922 à novembre 1923) confère à ces images, outre leur beauté plastique, une impressionnante unité. La réalisation du rêve prémonitoire de Kriemhild selon les principes du cinéma abstrait est confiée à l’avant-gardiste Walter Ruttmann (Berlin, Symphonie einer Grossstadt). 400 cavaliers russes exécutent la charge des Huns sur un terrain vague à Rebergen. Die Nibelungen, fresque de presque cinq heures qui nécessite deux ans de travail et 31 semaines de tournage, est alors le film le plus cher fabriqué en Allemagne (8 millions de Reichsmark), mobilisant les meilleurs spécialistes du trucage photographique. Le dragon mécanique, d’une longueur de 22 mètres, est animé par 17 techniciens cachés à l’intérieur. Seul Metropolis, deux ans plus tard, dépassera cette fresque en ampleur – et en coûts.
Ce diptyque chantant la fidélité et l’obéissance au clan jusqu’à la mort sacrificielle (Hagen), le cœur de pierre et la volonté de fer de Kriemhild (« le sang réclame le sang »), la noblesse des guerriers aryens, n’est pas à l’abri de la récupération nationaliste. Séduits par sa dimension mythique, par sa perspective de destin collectif, Hitler et Goebbels le citent en modèle. Pourtant, dans sa fureur dévastatrice, Kriemhild est plus cruelle que le barbare Etzel/Attila, dont le campement chaotique, agité, fourmillant de silhouettes difformes, grimaçantes et rampantes (représentations implicitement racistes) est plongé dans une oppressante pénombre. Si la première partie des Nibelungen fascine les tenants du Troisième Reich par son panégyrique du héros allemand victime d’une honteuse trahison (allusion à la paix imposée de 1918), envoûte par son alliance entre un romantisme magique et l’ordre glacé des formes, de la lumière et de l’espace, le second volet préfigure en quelque sorte l’hécatombe générale de 1944/45: la volonté de vengeance, monstrueuse et suicidaire, y appelle la mort sur tous les protagonistes, anéantis dans un feu crépusculaire. En 1933, après le départ de Lang, les Nazis ignoreront cette fin dont le pessimisme paraît peu propice à la propagande pour ne rééditer que la première partie, rebaptisée Siegfrieds Tod, soutenue par la musique de Wagner (que le cinéaste détestait) et un commentaire dit par Theodor Loos. Déjà la première à Berlin en 1924 est accompagnée de flons-flons ultrapatriotiques et même d’un discours de Gustav Stresemann, alors ministre des Affaires étrangères. Un accueil public et critique excellent en Allemagne, un succès d’estime à Londres et à Paris, un échec commercial aux Etats-Unis où les spectateurs peinent à s’identifier avec des protagonistes aussi fortement prisonniers des rouages de la fatalité (thème langien par excellence). – AT : Die Nibelungen – 1. Siegfrieds Kampf mit dem Drachen, IT: I Nibelunghi – 1. Sigfrido 2. La vendetta di Crimilde, ES: Los nibelungus – 1. La muerte de Siegfredo, 2. La venganza de Krimilda, GB: The Nibelungs et The She-Devil, US: Siegfried et Krimhild’s Revenge.
Acteur-réalisateur, le prolifique Philippin Manuel Conde terrasse le dragon en jouant Siegfried
1950/51Sigfredo (PH) de Manuel Conde
Rafael Anton/Lebran Productions, Manila. – av. Manuel Conde (Siegfried von Xanten), Elvira Reyes (Brunhild, reine d’Islande), Erlinda Cortes (Kriemhild von Burgund), Fernando Royo (Gunther, roi des Burgondes), Ric Bustamante (Hagen von Tronje), Gil de Leon, Juan Monteiro, José Villafranca, Ely Nakpil, Andres Centenero, Juan Urbano, Doro Cristostomo.
Comme l’’indique le titre, le film se tient à la première partie de la saga, en brodant beaucoup, beaucoup : l’attaque surprise de l’armée de Loki contre le château du roi Sigismond, le meurtre des parents de Siegfried, qui, lui, parvient à s’enfuir dans la forêt avec le nain Mime, son mentor. Devenu adulte, Siegfried prend la tête de la rébellion de la population contre le tyrannique Loki, assisté par les hors-la-loi Volgan, Holgar, Goram et un prêtre. Siegfried, Volgan et Mime se rendent au tournoi qu’organise le roi Gunther, avec lequel Loki envisage de signer un pacte de sang. En vérité, Loki planifie la « mort accidentelle » de Gunther lors des joutes, aidé en cela par Hagen. Avant le tournoi, Siegfried rencontre Kriemhild, avec laquelle il fut fiancé jadis, à l’âge de cinq ans. Il remporte le tournoi, se mesure à Gunther, le bat et le laisse en vie. En récompense, il obtient la main de Kriemhild. Il révèle son identité lors du banquet au soir, et parvient par deux fois à échapper aux sbires de Loki, tandis que Mime est tué par une flèche. Siegfried se rend dans le royaume de Dragon, terrasse le monstre Fafnir (Nafnair) et se baigne dans son sang. Il bat le nain Alberich, frère de Mime, et récupère le manteau d’invisibilité, l’épée Balmung, l’anneau magique et le trésor des Nibelungs. L’usurpateur Loki périt à son tour, Siegfried monte sur le trône. Suivent les épisodes connus de Brunhild dans son île du Nord et du double mariage Siegfried-Kriemhild et Gunther-Brunhild. Cette dernière prépare le meurtre du héros à la chasse, mais Hagen se trompe de cible et tue Gunther ; Siegfried exécute Hagen et court vers le château où il sait Kriemhild en danger de mort. Holgar périt en la défendant. Siegfried affronte Brunhild, guerrière redoutable déchirée entre la haine et l’amour, en combat singulier. Battue, elle refuse la paix que lui propose Siegfried et se jette dans le vide…
Influencé par Fritz Lang, le comédien, réalisateur, scénariste et producteur Manuel Conde, surnommé « le Cecil B. DeMille philippin », réalise une variante exotique du combat de Siegfried contre le dragon. Ce film aujourd’hui perdu est un des plus grands succès commerciaux de la société Lebran, filmé en noir et blanc aux studios de Movietec à Manille (parlé tagalog). Botong Francisco est le responsable des costumes, le conseiller historique est Carlos V. Francisco, la musique a été composée par le professeur J. Esteban Anguita. L’année suivante, un autre film en costumes réalisé et interprété par Manuel Conde, la fresque Genghis Khan, sera projeté au festival de Venise et applaudi par le célèbre critique James Agee.
Sebastian Fischer en Siegfried médiéval dans « Sigfrido » (1957) de Giacomo Gentilomo.
1957Sigfrido - la leggenda dei Nibelunghi (Le Chevalier blanc) (IT) de Giacomo Gentilomo et Piero Pierotti
Antonio Ferrigno/AEFFE Cinematografica-Lux Films, 93 min. - av. Sebastian Fischer (Siegfried von Xanten), Katharina Mayberg (Brunhild, reine d’Islande), Illaria Occhini (Kriemhild), Rolf Tasna (Hagen von Tronje), Giorgio Costantini (Gunther, roi des Burgondes), Franca Mazzoni (la reine-mère Ute), Giulio Donnini (le nain Alberich), Alberto Cinquini (Mime), Enrico Olivieri (le roi Giselher), Germano Longo (le roi Gernot), Tina Gioriani (la reine Sieglinde, mère de Siegfried), Philippe Hersent (Danwarth).
Une amusante relecture méditerranéenne des mythes nordiques, avec quelques variantes : le roi Siegmund a été massacré avec les siens. Veuve et mourante dans la forêt enneigée, Sieglinde confie son fils Siegfried au forgeron Mime, frère du nain maléfique Alberich. Devenu adulte, Siegfried tue le dragon – un monstre mécanique verdâtre assez pataud créé par Carlo Rambaldi (E.T., Alien, King Kong 1976, etc.) qui fait ici ses débuts dans le cinéma, supervisé par Eugenio Bava, le papa de Mario - et bat son rival Hagen au tournoi pour courtiser Kriemhild. Après avoir assassiné le héros, Hagen doit comparaître devant son cadavre qui se met à saigner. Tandis que Brunhild se suicide, le félon s’empare de l’anneau magique et pénètre dans la grotte du trésor des Nibelungs, mais la montagne s’écroule et l’ensevelit... Une première moitié « magique », préchrétienne, une deuxième plus médiévale, mobilisant les poncifs du film de chevalerie (joutes, banquet, chasse à courre). De l’imagerie candide en Eastmancolor et Supercinescope, avec utilisation fréquente de motifs wagnériens (Götterdämmerung): le vétéran Gentilomo, qui a étudié les beaux-arts en Allemagne dans les années vingt, est un inconditionnel de Bayreuth. Certains plans sont des copies carbones du premier volet du film de Lang (les escaliers de la cathédrale de Worms, les amoureux sous le pommier en fleur, la mort de Siegfried, etc.). Le réalisateur imite à l’occasion le hiératisme, le monumentalisme et les compositions géométriques de son modèle, mais ses images sagement colorées et sans âme n’en paraissent que plus théâtrales, parfois même délicieusement kitsch (le cortège funèbre sous une lune rouge). Ses interprètes allemands et italiens, tous insipides, ne le soutiennent guère. Siegfried, aryen blond, est interprété par Sebastian Fischer, qui travailla surtout au théâtre (comme sa partenaire Ilaria Occhini, ici dans son premier rôle à l’écran) et dans la synchronisation (il doubla en allemand Gérard Depardieu dans Cyrano de Bergerac). Quoiqu’entrepris avec quelque ambition, le film n’est, au mieux, qu’une curiosité construite sur un accompagnement musical continuel qui en accentue l’aspect opéra. Tournage aux studios Titanus à Rome, aux cascades de Monte Gelato (Valle del Treja), à Manziana (Tuscia Romana) et dans les forêts lombardes où Piero Pierotti dirige la seconde équipe. La nef des Argonautes utilisée dans les deux Hercule de Pietro Francisci avec Steve Reeves (1957/58) est transformée en drakkar des Burgondes. – DE : Siegfried – Die Nibelungensaga, ES : El tesoro de los nibelungos, US: The Dragon’s Blood.
Les Nibelungs à l’italienne : Gordon Mitchell dans « Il tesoro della foresta pietrificata » (1965).
1965Il tesoro della foresta pietrificata (Le Trésor de la Forêt-Noire) (IT) d’Emimmo Salvi
Emimmo Salvi, Olga Chart/Asteria Film-Avis Film (Roma), 111 min./86 min. - av. Gordon Mitchell (Hunding, roi des Vikings), Eleanora Bianchi (Sieglinde von Xanten, mère de Siegfried), Ivo Payer (Siegmund von Xanten, père de Siegfried), Pamela Tudor (Brunhild, reine des Walkyries), Luisa Rivelli (Hélène), Luigi Tosi (Otto), Kronos (le géant Hans), Mike Moor [=Amedeo Trilli] (Gunnar, frère de Sieglinde), Lella Cattaneo (la sorcière Odrun), Franco Doria (Kurt, le nain), Attilio Severini (Fredrik), Franco Beltramme (Manfred), Giorgio Tesei (Olaf), Lia Giordano (une femme viking), Nat Koster [=Luigi Tosi] (Nibelung barbu).
Le dieu germanique Wotan confie au jeune Siegmund et à sa sœur Brunhild, reine des Walkyries, la tâche de défendre le trésor des Nibelungs et l’Épée d’Or du Walhalla cachés dans une « forêt en pierre » au cœur de la Vallée Pétrifiée. Mais une armée de Vikings sanguinaires commandés par l’insatiable Hunding traverse la Forêt-Noire et, suivant les suggestions de la sorcière Odrun, avance vers la Vallée Pétrifiée pour s’emparer des richesses sacrées. Après un premier affrontement surprise contre l’envahisseur, Siegmund est contraint de se retirer dans la vallée, suivi par Sieglinde, sa fiancée viking. Jalouse, Erika, la sœur de cette dernière et amoureuse de Hunding, fait capturer le couple, mais les Nibelungs parviennent à les délivrer. Siegmund se retranche dans la Vallée Pétrifiée et la défend avec succès contre les Vikings, aidé par d’astucieuses machines de guerre et par les redoutables Walkyries de Brunhild (sur les accords musicaux de la Cavalcade des Walkyries de Wagner). Il finit par terrasser le puissant Hunding au cours d’un long duel.
Une adaptation très, très libre de la Völsungasaga (l’histoire des parents de Siegfried, Siegmund et Sieglinde, du méchant Hunding, de la Walkyrie Brunhild et ses flèches mortelles) mélangée à la tétralogie wagnérienne du Ring des Nibelungen, sauf que dans ces sources, Hunding n’est pas un Viking mais l’époux de Sieglinde, cette dernière étant la sœur jumelle de Siegmund, etc. À l’écran, Wotan apparaît comme un vieux prêtre barbu, une sorte de druide germanique. Ce ragoût tolkienisé est bâclé en quatrième vitesse en Asterscope et Eastmancolor aux studios IN.CI.R.-DePaolis à Rome et dans les bois de Manziana par un tâcheron de la série B. En tête d’affiche, l’Américain bodybuildé Gordon Mitchell, exilé sur les rives du Tibre pour y camper Maciste, Brennus ou Achille dans d’innombrables péplums italiens. – DE : Der steinerne Wald, Wikinger – Das Schwert von Walhalla, US: The Stone Forest, Treasure of the Petrified Forest.
Les Burgondes du roi Hagen s’invitent chez les Huns (« Die Nibelungen » de Harald Reinl.
1966/67* Die Nibelungen (Le Trésor des Nibelungen) (DE/YU) de Harald Reinl
Parties : 1. Siegfried von Xanten (La Vengeance de Siegfried) - 2. Kriemhilds Rache (Le Massacre des Burgondes)
Artur Brauner/CCC Filmkunst-Avala Film, 91 + 90 min. - av. Uwe Beyer (Siegfried von Xanten), Maria Marlow (Kriemhild), Karin Dor (Brunhild, reine d’Islande), Siegfried Wischnewski (Hagen von Tronje), Herbert Lom (Etzel=Attila), Sam Burke (Blo-Edin=Bleda, son frère), Rolf Henniger (Gunther, roi des Burgondes), Hilde Weissner (la reine-mère Ute), Skip Martin (le nain Alberich), Mario Girotti [=Terence Hill] (le roi Giselher), Fred Williams (le roi Gernot), Christian Rode (Dietrich von Bern [=Thédoric de Vérone, roi des Goths]), Benno Hoffmann (Mime), Dieter Eppler (Rüdiger von Bechelaren), Hans von Borsody (Volker von Alzey).
Dans la lancée des remakes de grands classiques d’aventures du cinéma muet (Der Tiger von Eschnapur, la série des Mabuse), le producteur berlinois Artur Brauner cherche vainement depuis 1959 à intéresser le vétéran Fritz Lang à une version sonore en Eastmancolor et Ultrascope de son fameux diptyque de 1924. Mais Lang fait la sourde oreille et Brauner se replie sur Harald Reinl, un technicien aguerri dont les nombreuses adaptations d’Edgar Wallace et surtout de Karl May (Der Schatz im Silbersee, Winnetou I-II-III, etc.), toutes filmées en Yougoslavie, battent les records du box-office en RFA. Reinl impose sa femme Karin Dor pour le rôle de la Walkyrie, la Russe Maria Marlow joue sa rivale. Worms et la forteresse d’Attila sont érigés dans les studios d’Avala à Belgrade, les intérieurs photographiés aux ateliers CCC de Berlin-Spandau, les extérieurs à Sremska Raka, Postojna cave et à Kovin (Yougoslavie) avec 3500 figurants, en Serbie (forteresse de Golubac), en Islande et dans le site de La Ciudad Encantada (prov. de Cuenca) en Espagne. Le tournage a lieu du 20 avril au 20 octobre 1966, les coûts s’élèvent à 5,5 millions de DM (alors le film allemand le plus cher de l’après-guerre). Le dragon Fafnir, long de 16 mètres et d’une hauteur de 2,5 mètres, est animé par un moteur et des treuils. Comme de bien entendu, l’accueil critique est dévastateur, les intellos se tordent de rire, mais Brauner se console avec l’énorme succès commercial de sa fresque (couronnée par « L’Ecran d’or » 1967). Revu quarante ans plus tard, son film n’est pas indigne du cinéma populaire américain, avec ses naïvetés, mais aussi ses qualités : l’épos national germanique est détrôné.
Dans les grandes lignes, le remake suit l’original, en ajoutant des séquences spectaculaires que magnifient la couleur et l’écran large, comme la bataille des Burgondes menés par Siegfried contre les Saxons du roi Lüdegast. Mais le premier épisode est desservi par des décors et des costumes sans inspiration et par un Siegfried fort niais et balourd (qu’interprète un obscur lanceur du marteau olympique), peut-être voulu ainsi par Reinl qui voit en lui non l’irréprochable adonis germanique chanté jadis par Fritz Lang, mais un gentil paquet de muscles condamné à se faire mener par le bout du nez et trucider. Les scènes en Islande où Gunther se mesure à la reine guerrière émergent du lot. A la place du pathos, de l’aura de mystère et de l’implacabilité du destin qui marquent la fresque de Lang, Reinl met en avant la majesté de la nature « vierge » (les étranges panoramas islandais, l’éruption du volcan de Surtsey), patrie des Eddas nordiques, monde disparu dans lequel s’ébattent ses protagonistes d’un autre âge : un univers païen sur le point d’être évacué par le christianisme.
Le second volet révèle un Reinl plus inspiré : son crépuscule des héros possède une véritable ampleur, solidement rythmé, baigné dans le rouge des tuniques, le bleu métallique et le noir des palais carbonisés. (Le barde Volker, seul survivant, accompagne l’holocauste final des vers originaux de l’épopée du XIIe siècle.) Wischnewski fait un borgne terrifiant. Toute trace d’idéologie douteuse ou de racisme qui entachaient la version muette a disparu : les Huns de Reinl sont loin des sous-hommes de Lang, et l’Etzel/Attila interprété par le Tchèque Herbert Lom (il fut Napoléon dans War and Peace de King Vidor) est un souverain digne, amoureux et vulnérable. Généreux et loyal, il est grièvement blessé en affrontant Hagen seul afin de venger le meurtre de son petit garçon, et son épouse s’empale dans l’épée du félon une fois le dernier de son clan à terre. L’anneau des Nibelungs roule dans une flaque de sang. Alors que le Troisième Reich fêtait la « Nibelungentreue » (la loyauté jusqu’à la mort des Nibelungs) comme vertu nationale-socialiste par excellence, Reinl en dénonce la monstruosité. A travers les propos du vieux margrave Rüdiger, vassal des Huns et par conséquent contraint de combattre son gendre Giselher (ils se trucident mutuellement), le cinéaste fait clairement allusion aux derniers jours d’Hitler : « C’est la fin des Burgondes. Ainsi périssent ceux qui restent fidèles à un assassin ». Curieusement, la presse allemande de l’époque n’a pas perçu ou négligé ce rapprochement tout sauf anodin… En 1976, les deux parties sont remontées en un seul film : Die Nibelungen / Das Schwert der Nibelungen (110 min.). -IT : I Nibelunghi, ES : Los nibelungos – 1. La muerte de Sigfrido, 2. La venganza de Krimilda, US: Whom the Gods Wish to Destroy.
La tragédie de Friedrich Hebbel en version télévisée (1967).
1967(tv-th) Die Nibelungen. 1. Siegfrieds Tod - 2. Kriemhilds Rache (DE/AT) de Wilhelm Semmelroth
Westdeutscher Rundfunk-Österreichischer Rundfunk (ARD/ORF2 26+29.10.67), 125 + 120 min. - av. Gerd Seid (Siegfried von Xanten), Antje Weisgerber (Kriemhild), Hans Caninenberg (Gunther), Alfred Schieske (Hagen von Tronje), Lola Müthel (Brunhild), Günther König (Volker), Ruth Baldor (Ute), Lutz Hochstrate (Giselher), Hermann Lenschau (Dietrich von Bern), Helmut Peine (Etzel=Attila), Erwin Linder (Rüdiger), Rolf Becker (Gerenot), Helga Gruel (Frigga), Hans J. Worringen (Dankwart), Gustav Bockx (Hildebrandt).
Première dramatique tv réalisée d’après la trilogie en vers en 11 actes de Friedrich Hebbel (Der Gehörnte Siegfried, Siegfrieds Tod et Kriemhilds Rache, 1861), qui servit de point de départ à la fresque muette de Fritz Lang. La tragédie, d’une durée de douze heures dans sa version intégrale, s’achève sur une note positive : après l’anéantissement des Burgondes par les Huns, Dietrich von Bern (Théodoric le Grand) proclame le début d’une nouvelle ère chrétienne. Ce drame rédigé à l’aube de l’unification de l’Allemagne par Bismarck influencera fortement Richard Wagner. Semmelroth, qui a déjà produit une adaptation radiophonique très acclamée de la tragédie en 1954 concentre l’intrigue sur deux volets au lieu de trois, confie les décors à Paul Haferung (la forêt d’Odenwald où périt Siegfried) et, prenant ses distances avec Wagner, fait écrire la musique à Werner Haentjes. Le tournage se fait en juin-juillet 1966. Une perle dans la production télévisuelle ouest-allemande, dominée par le jeu à la fois subtil et impressionnant d’Antje Weisgeberger en Kriemhild.
1971Siegfried und das sagenhafte Liebesleben der Nibelungen (Les Fantaisies amoureuses de Siegfried) (DE) d’Adrian Hoven
Hermes-Synchron-Atlas, 82 min. - av. Raimund Harmstorf (Siegfried von Xanten), Sybill Danning (Kriemhild), Heidy Bohlen (Brunhild, reine d’Islande), Carlheinz Heitmann (Gunther), Fred Koplan (Hagen von Tronje), Fred Berghoff (le roi Giselher), Walter Kraus (roi Gernot).
Insipide comédie érotique qui marque les débuts de Raimund Harmstorf (le futur Michel Strogoff du petit écran). Après avoir tué son dragon, Siegfried seconde efficacement Gunther, car pour épouser Brunhild, tout prétendant doit passer trois nuits sans faiblir dans sa couche... US : The Long Swift Sword of Siegfried, The Lustful Barbarian (réal.: David F. Friedman).
1976[(tv) Die Nibelungen oder was Wagner nicht wusste (DE) de Curt Linda; Linda-Film Produktion München-Zweites Deutsches Fernsehen. – Série animée parodique en 27 épisodes, censée illustrer « ce que Wagner ignorait de la légende des Nibelungs ».]
1976(tv-mus) Der Ring des Nibelungen. 1. Das Rheingold – 2. Die Walküre – 3. Siegfried – 4. Götterdämmerung (DE) de Patrice Chéreau
Festspiele Bayreuth, 849 min. – av. René Kollo (Siegfried von Xanten), Gwyneth Jones (Brünnhilde [=Brunhild]), Heinz Zednik (Mime), Donald McIntyre (Wotan), Hanns Schwarz, Peter Hofmann, Matti Salminen, Jeanine Altmeyer, Manfred Jung.
Première diffusion télévisée de la mise en scène de la tétralogie wagnérienne par Patrice Chéreau, située dans des décors du XIXe siècle, avec des costumes du Moyen-Age et de l’ère victorienne.
1979/80(vd-mus) Der Ring des Nibelungen. 1. Das Rheingold – 2. Die Walküre – 3. Siegfried – 4. Götterdämmerung (DE) de Patrice Chéreau (th) et Brian Large (tv)
Philips-Unitel Film-Festspiele Bayreuth, 832 min. – av. Manfred Jung (Siegfried von Xanten), Gwyneth Jones (Brunhild), Fritz Hübner (Hagen von Tronje), Franz Masura (Gunther), Ilse Gramatzki (Wellgunde), Hermann Becht (Alberich), Donald McIntyre (Wotan), Helmut Pampuch (Mime), Carmen Reppel (Freia), Hanna Schwarz (Fricka), Martin Egel (Donner), Matti Salminen (Hunding), Peter Hoffmann (Siegmund). - Captation de la tétralogie de Richard Wagner à Bayreuth sous la direction musicale de Pierre Boulez. Première intégrale accessible en vidéo.
1989(tv-th) Die Nibelungen (DE) de Jürgen Flimm
(ZDF 3+4.4.89), 2 x 90 min. – av. Hans Kremer (Siegfried von Xanten), Hans-Christian Rudolph (Gunther), Traugott Buhre (Hagen von Tronje), Anne Marie Kuster (Kriemhild), Hildegard Schmahl (Brunhild, reine d’Islande), Peter Franke (Etzel=Attila). – Dramatique d’après la tragédie de Friedrich Hebbel, cf. version 1967.
1989Quest for the Mighty Sword / The Lord of Akili / Ator l’invincibile / The Hobgoblin (L’épée du Saint Graal) (IT) de David Hills / Joe D’Amato [=Aristide Masseccesi]
Filmirage-Mirage. 88 min. – av. Eric Allen Kramer (Ator), Margaret Lenzey (Dejanira), Donald O’Brian (Gunther), Laura Gemser (Grimilde), Domenico Semeraro (Thorn-Grendel Hagen), Marisa Mell.
Cet obscur avatar de la série des Ator emprunte divers éléments à la légende des Nibelungs, mêlés aux clichés du genre « Sword & Sorcery » en vogue dans les années 1980. Bannie dans un cercle de feu, la déesse Dejanira (=la Walkyrie Brunhild) y est délivrée par l’invincible prince Ator (=Siegfried) avec la puissante épée que lui a remise son précepteur, le gnome Grendel (=Mime). Il tue un dragon, puis rencontre au château du roi Gunther la séduisante Grimhilde (=Kriemhild), etc.
1989(vd-mus) Der Ring des Nibelungen. 1. Das Rheingold – 2. Die Walküre – 3. Siegfried – 4. Götterdämmerung (DE) de Nikolaus Lehnhoff
EMI. – av. Robert Hale (Wotan), Hildegard Behrens (Brunhild), René Kollo (Siegfried). – Captation de la tétralogie de Richard Wagner à la Bayerische Staatsoper de Munich, sous la direction musicale de Wolfgang Sawallisch.
1990(tv-mus) Der Ring des Nibelungen. 1. Das Rheingold – 2. Die Walküre – 3. Siegfried – 4. Götterdämmerung (US) d’Otto Schenk (th) et Brian Large (tv)
PBS, 17 h. – av. Siegfried Jerusalem (Siegfried von Xanten), Hildegard Behrens (Brunhild), Matti Salminen (Hagen von Tronje), Christa Ludwig (Waltraute/Fricka), Ekkehard Wlaschiha (Alberich), James Morris (Wotan), Marianne Häggander (Freia), Heinz Zednik (Mime). – Captation de la tétralogie de Richard Wagner au Metropolitan Opera à New York, sous la direction musicale de James Levine. Peut-être la mise en scène la plus conforme aux intentions originales de Wagner.
1991(tv-mus) Der Ring des Nibelungen. 1. Das Rheingold – 2. Die Walküre – 3. Siegfried – 4. Götterdämmerung (DE) de Harry Kupfer (th) et Horant H. Hohlfeld (tv)
Festspiele Bayreuth-Teldec. – av. Poul Elming (Siegfried von Xanten), Anne Evans (Brunhild), Graham Clarke (Mime), Günter von Kannen (Alberich), Philip Klang (Hagen von Tronje), Matthias Hölle (Hunding), John Tomlinson (Wotan), Linda Finnie (Fricka), Bodo Brinkmann (Gunther), Eva-Maria Bundschuh (Gutrune), Eva Johansson (Freia). – Captation de la tétralogie de Richard Wagner mise en scène par Harry Kupfer à Bayreuth en 1988 (décors modernistes), sous la direction musicale de Daniel Barenboim.
1996(vd-mus) Der Ring des Nibelungen. 1. Das Rheingold – 2. Die Walküre – 3. Siegfried – 4. Götterdämmerung (DK) de Klaus Hoffmeyer (th) et Thomas Grimm (tv)
Danmarks Radio-Musikhuset Aarhus. – av. Stig Anderson (Siegfried von Xanten), Lisbeth Balslev (Brunhild), Lars Waage (Wotan), Jörgen Klint (Alberich), Aage Haugland (Hagen/Hunding), Poul Elming (Siegmund), Tina Kiberg (Sieglinde). – Captation de la tétralogie de Richard Wagner au Jutland Opera de Copenhague, sous la direction musicale de Tamás Vetö et Francesco Cristofoli.
1999(tv-mus) Der Ring des Nibelungen. 1. Das Rheingold – 2. Die Walküre – 3. Siegfried – 4. Götterdämmerung (NL) de Pierre Audi (th), Misjel Vermeiren et Hans Hulscher (tv)
NLTV (Amsterdam). – av. Wolfgang Göbbel, Jeannine Altmeyer, John Bröcheler, Henk Smit, Graham Clark, Chris Merritt, Anne Gjevang, John Keyes, Wolfgang Schöne. – Captation de la tétralogie de Richard Wagner au Nederlands Opera à Amsterdam sous la direction musicale de Harmut Haenchen.
2002(tv-th) Die Nibelungen (DE) de Dieter Wedel (th) et Volker Weicker (tv)
(3SAT 17.8.02 / ZDF 29.9.02), 150 min. – av. Mario Adorf (Hagen), Götz Schubert (Siegfried von Xanten), Judith Rosmair (Brunhild), Maria Schrader (Kriemhild), Wolfgang Pregler (Gunther), Hans Diehl (Etzel/Attila), André Eisermann (Giselher), Uwe Friedrichsen (Dietrich von Bern), Josef Ostendorf (Gernot), Suzanne Tremper (Ute). – Deuxième captation télévisée de la tragédie de Friedrich Hebbel (1861), cette fois-ci au théâtre plein-air de Worms, dans la nouvelle version de Moritz Rinke (mise en scène en costumes du XXe siècle). Pour la trilogie de Hebbel, cf. version 1967.
2003(tv-mus) Der Ring des Nibelungen. 1. Das Rheingold – 2. Die Walküre – 3. Siegfried – 4. Götterdämmerung (DE/FR) de Joachim Schlömer (th 1), Christof Nel (th 2), Jossi Wieler et Sergio Morabito (th 3), Peter Konwitschny (th 4), János Darvas, Thorsten Fricke (tv 1-2), Hans Hulscher (tv 3-4)
(Arte 6-9-10-13.8.03). 153 min., 229 min., 247 min., 265 min., total:15 h. – av. Jon Frederic West (Siegfried von Xanten 3), Albert Bonnema (Siegfried von Xanten 4), Hernan Iturralde (Gunther 4), Franz-Josef Kapellmann (Alberich 4), Roland Bracht (Hagen 4), Luana DeVol (Brunhild 4), Heinz Göhrig (Mime 3), Björn Waag (Alberich 3), Lisa Gasteen (Brunhild 3), Attila Jun (Fafner 3), Robert Gambill (Siegmund 2), Renate Behle (Brunhild 2), Tichina Vaughn (Fricka 2), Angela Denoke (Sieglinde 2), Wolfgang Probst (Wotan), Esa Ruuttunen (Alberich, 1), Eberhard Francesco Lorenz (Mime, 1), Helga Rós Indridadóttir (Freia, 1). - Captation de la tétralogie de Richard Wagner à la Staatsoper de Stuttgart sous la direction musicale de Lothar Zagrosek (la distribution est différente pour chaque partie).
Siegfried (Benno Fürmann) et Gunther (Samuel West) en route pour le royaume de Brunhild (2004).
2004(tv+ciné) Die Nibelungen. 1. Der Fluch des Drachen – 2. Liebe und Verrat / Sword of Xanten / Ring of the Nibelungs / The Curse of the Ring (L’Anneau sacré) (DE/GB/ZA/IT) d’Uli Edel
Tandem Communications (Rola Bauer, Tim Halkin)-VIP Medienfonds-Uncharted Territory-Channel 4-Radiant-SAT1 (SAT1 29-30.11.04), 2 x 92 min. / cinéma: 132 min. – av. Benno Fürmann (Siegfried von Xanten), Kristanna Loken (Brunhild), Alicia Witt (Kriemhild), Max von Sydow (Eyvind [=Mime]), Julian Sands (Hagen von Tronje), Samuel West (Gunther), Sean Higgs (Alberich), Tamsin MacCarthy (reine Sieglinde), Mavie Hörbiger, Leonard Moss (le roi Siegmund), Robert Pattinson (Giselher), Götz Otto (le roi Thorikwin), Ralf Moeller (le roi Thorkilt).
Encouragé par le succès mondial du triptyque de Lord of the Rings de Peter Jackson (comme on le sait, les romans de Tolkien empruntent maints éléments à la légende germanique), Tandem Communications produit une nouvelle mouture des exploits de Siegfried, également en deux parties. C’est l’Allemand Uli Edel, à l’aise dans les légendes prémédiévales (il a abordé la saga arthurienne avec The Mists of Avalon en 2001) qui est chargé de réaliser à Capetown, en Afrique du Sud, ce premier téléfilm tourné entièrement sur support digital en haute définition (budget : 20 millions d’€). Il mélange habilement images de synthèse, paysages nordiques et éléments d’architecture médiévale filmés en Europe.
Edel prend lui aussi passablement de libertés avec le mythe. Ayant survécu au siège de la forteresse paternelle de Xanten par les rois jumeaux Thorkilt et Thorkwin, le jeune Siegfried est élevé par le forgeron Eyvind. 20 ans passent. Amoureuse, Kriemhild charge Hagen de faire boire à Siegfried adulte un philtre d’amour. Le jeune homme ensorcelé se trompe de personne, séduit Brunhild, reine-guerrière d’Islande, après l’avoir vaincue et lui promet le mariage, puis oublie tout. Il trucide le dragon, s’empare du trésor que convoite également Hagen, fait sa cour à Kriemhild, accompagne le roi Gunther au Nord pour demander la main de Brunhild, puis utilise le stratagème connu pour duper la Walkyrie toujours éprise de lui... Le dernier acte se joue autour de la dépouille du héros : Gunther et Hagen se disputent la possession de l’anneau des Nibelungs qui donne accès au trésor, Hagen tue le roi en duel (comme chez Wagner) et il est tué à son tour par Brunhild dans un accès de furie vengeresse. La reine d’Islande, véritable héroïne tragique de cette version, se suicide ensuite sur le drakkar en flammes qui entraîne Siegfried dans les profondeurs de la mer. A l’instar du « Crépuscule des dieux » wagnérien, Kriemhild est réduite à un rôle décoratif, pas de trace d’Etzel/Attila ni de ses Huns. Un film aux images convaincantes, mais malheureusement tourné à l’économie, avec un scénario, des dialogues et des comédiens inaptes, Max von Sydow excepté. Autres titres (de travail): Kingdom in Twilight, The Ring.
2005Siegfried (DE) de Sven Unterwaldt Jr.
Constantin Film-B.A. Produktion, 89 min. – av. Tom Gerhardt (Siegfried), Dorkas Kiefer (Kriemhild), Jan Sosniok (Gunther), Axel Neumann (le nain Alberich), Volker Büdts (Hagen von Tronje), Michael Brandner (Mime), Daniela Wutte, Mirko Nontschew, Janine Kunze-Budach.
Parodie inepte montée avec des acteurs sitcom de la télévision allemande et tournée à Bratislava, à Strecno, au château de Cerveny et à Záhorie (Slovaquie). Siegfried y est un benêt blond (« Siggi »), doté d’une force surhumaine et affublé d’un petit cochon rose. Sa bêtise fait fuir toutes les femmes, Kriemhild et son complice « gay » Hagen l’envoient vainement se faire tuer dans la caverne du dragon Fafnir.
2007(tv-df) Der Schatz der Nibelungen – 1. Auf den Spuren Siegfrieds – 2. Auf den Spuren des Goldes (Le trésor des Nibelungen – 1. Sur les traces de Siegfried – 2. A la recherche de l'or du Rhin) (DE) de Jürgen Stumpfhaus
Simone Baumann-L. E. Vision-ARD-Arte (Arte 25.11.07), 104 min. – av. la troupe Heimdalls Erben (Chérusques et Burgondes), Christian Rode (narration).
Docu-fiction avec reconstitutions et acteurs anonymes muets. Hagen assassine Siegfried, exile sa veuve et fait disparaître l’or des Nibelungs dans les profondeurs du Rhin, de crainte que le trésor (144 chars à bœufs chargés d’or et de bijoux) n’aide à financer les projets de vengeance de Kriemhild. Peu après, les Burgondes sont anéantis par les Romains et leurs alliés huns. Enquête sur les faits historiques derrière la légende, en partant du sarcophage de Siegfried à Lorch et du Codex 857 conservé à la bibliothèque de Saint-Gall, la plus ancienne transcription de la légende (XIIIe s.). Le script d'André Meier fait un rapprochement entre Siegfried et Arminius le Chérusque, chevalier de l'Empire romain.