V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

7. ENTRE FANTAISIE, FANTASTIQUE ET HISTOIRE

7.9. Contes, légendes et récits non datés

Ce chapitre ne se veut pas exhaustif et ne tient pas compte des innombrables films germanisants de « sword and sorcery » ou de fabrication récente selon les codes à la mode « fantasy ». Les récits fantastiques retenus sont tous en majorité vieux de plusieurs siècles.
1906/07Ein Volksgericht im Mittelalter (Die Zeit des Schreckens und des Grauens) (DE) d’Alfred Möller
Internationale Kinematographen- u. Lichteffekt-GmbH, Berlin, 175 m. - A en croire son titre, le film décrit "un tribunal populaire au Moyen Âge (Le temps des frayeurs et des horreurs)", résumant tous les clichés et préjugés du XIXe siècle sur cette époque. Une femme y est condamnée comme sorcière et brûlée pour avoir refusé les avances d’un chevalier.
1907Patto infernale / Il segreto dell’orologiaio (IT) de Gaston Velle
Società Italiana Cines (Roma), 228 m. – Dans une ville allemande vers 1500, un horloger fait un pacte avec le diable pour remporter la commande d’une grande horloge sur la tour de la place centrale. L’horloger perd la raison, mais les prières de sa fille et l’Ange de la Lumière sauvent son âme.
1907Le Secret de l’horloger (FR)
Pathé Frères S.A. (Paris), 235 m. – Un pacte avec le diable, sujet identique au film italien précédent.
1910Des Sängers Fluch (DE) de Friedrich Zelnik
Oskar Messter/Messter Filmprojektion GmbH (Berlin). – av. Friedrich Zelnik (le ménéstrel). – Deux ménestrels concourent pour émouvoir le cœur d’un cruel seigneur. Ce-dernier en tue un avec son épée tandis que l’autre lui jette un mauvais sort et prédit la destruction du château. Le scénario comme les intertitres sont tirés d’une ballade du poète romantique Ludwig Uhland (1814).
1912Das Mirakel (DE/AT) de Michel-Antoine Carré et Max Reinhardt
Continental Kunstfilm Co., 4 actes, 1459 m./80 min. – av. Florence Winston (Megildis), Maria Carmi (la Madone), Joseph Klein (le vieux roi), Theodor Rocholl (son fils), Ernst Matray (le poète chantant), Ernst Benzinger (le comte pillard), Douglas Payne (le jeune chevalier), Agathe Barsescu (l’abbesse), Marie von Radgy (le vieux sacristain), Alfred König (le paralytique), Ernst Lubitsch (un musicien), Alexander Moissi, Grete Wiesenthal.
Synopsis: Megildis, la jeune et jolie nonne d’un couvent gothique, déserte son ordre et renie ses vœux pour les beaux yeux d’un chevalier. La statue de la Vierge, avec laquelle la religieuse se débattait avec véhémence au fil de ses conflits intérieurs, s’anime, descend de son piédestal dans le sanctuaire et prend les traits et la place de la jeune disparue afin que personne ne remarque son absence. Megildis est bientôt plongée dans une vie de péchés, de honte, de soucis et de souffrance : son amant est assassiné par un comte qui la perd aux dés contre un prince. Celui-ci veut l’épouser contre l’avis de son propre père et ce dernier le tue. Megildis est condamnée à mort pour sorcellerie, échappe au bûcher grâce à des brigands qui l’exploitent dans un bouge pour marins, puis, enceinte, suit comme fille de joie un régiment de lansquenets. Son errance la conduit le soir de Noël devant son ancien couvent ; repentie, honteuse, elle dépose le nouveau-né aux pieds de la Vierge et celle-ci reprend discrètement sa place au sanctuaire avec l’enfant tandis que Megildis réintègre le couvent.
Le drame du poète rhénan Karl Gustav Vollmoeller, adapté par l’auteur et présenté en étroite collaboration avec le légendaire metteur en scène autrichien Max Reinhardt, se veut à la fois une pièce sans dialogues, une pantomime parfois dansée et une œuvre musicale d’une durée initiale de quatre heures. La matière est tirée du Dialogus miraculorum du moine cistercien Caesarius von Heisterbach (v. 1220). Le spectacle scénique conçu par Reinhardt fête sa première mondiale à l’Olympia Hall à Londres (13.12.1911), puis à Vienne (Rotunde) en 1912, à Prague en 1913, enfin à Berlin au cirque Busch (30.4.1914). La première américaine a lieu à Broadway début 1924, enfin au Festival de Salzbourg en 1925 (avec William Dieterle en chevalier et Otto Preminger en prêtre !), suivie d’une version retravaillée au théâtre à Hollywood en janvier 1927. (Le cinéma hollywoodien s’emparera de la matière en 1959 avec The Miracle d’Irving Rapper, l’action transposée à l’époque de Napoléon en Espagne et starring Carroll Baker.) La version cinématographique muette, nettement plus courte que la théâtrale, est à l’origine prévue en coproduction avec les Américains (le scénariste Joseph Menchen), mais les négociations capotent et le réalisateur français Michel-Antoine Carré (SCAGL-Pathé) seconde Reinhardt derrière la caméra, aux côtés de l’opérateur britannique Cherry Kearton. Maria Carmi, qui joue la Vierge, premier rôle d’une longue carrière, est l’épouse italienne de Vollmoeller. Le tournage en automne 1912, qui mobilise 2000 participants, s’effectue dans les environs de Vienne, au château de Kreuzenstein à Leobendorf et dans l’église de Perchtoldsdorf, avec des images colorées au pochoir. Sorti en décembre 1912 à Londres, le film fait sensation et est salué internationalement comme un événement culturel majeur. New York le projette en 1913, Berlin en 1914. – N.B. : Cette même année, l’énigmatique cinéaste austro-roumain Mime Misu (alias Misu Rosescu) aurait réalisé à Berlin une autre version de la pièce intitulée Das Marienwunder - Eine alte Legende, film dont il ne reste aucune trace.
1913Le Miracle des roses (FR)
SCAGL (Société cinématographique des auteurs et gens de lettres)-Pathé Frères S.A. (Paris), 550 m. - av. Albert Decœur (le margrave de Thuringe), Nita Romani (Élisabeth, sa femme), Georges Saillard (le bûcheron Hidelin), Charlotte Barbier (sa femme).
La pieuse Élisabeth, épouse du landgrave, fait bâtir un hôpital pour les pauvres près de son palais et intercède pour le bûcheron Hidelin que son époux a d’abord condamné à mort pour le vol d’une brebis, puis au bannissement à vie grâce à son intercession. Surprise par son mari alors qu’elle apporte en secret de la nourriture au malheureux et à sa famille, elle lui montre le contenu caché de son tablier qui s’est métamorphosé en roses. – N.B. : un film du même titre et peut-être du même contenu a été produit par la Gaumont (réal. : Étienne Arnaud, 114 m.) en 1908.
1914Irrfahrt ums Glück (Ein Kostümfilm aus dem Mittelalter) (DE) de Ludwig Hamburger et August M. Kormann (dir. artistique)
Kormann Produktion (Heidelberg), 990 m./3 actes. - av. Max Bayrhammer. – Un jeune homme revient d’un voyage à l’étranger et retrouve sa fiancée mariée à un autre. Filmé sur les rives du Neckar (Bad Wurtemberg).
Un conte de fées pour adultes : « Rübezahls Hochzeit » de Paul Wegener (1916).
1916Rübezahls Hochzeit (Le Mariage du bon géant Rubezahl) (DE) de Paul Wegener [et Rochus Gliese]
Paul Davidson/Projektions-AG Union (PAGU, Berlin)-UFA, 1264 m./5 actes. - av. Paul Wegener (le géant Rübezahl), Lyda Salmonova (Elfchen/la princesse des elfes), Ernst Waldow (l’enseignant), Emilie Kurz (la gouvernante), Marianne Niemeyer (la grand-mère), Arthur Ehrens (le comte), Georg Jacoby (l’inspecteur), Rochus Gliese (le coiffeur) et des enfants de l’école de danse Jacques-Dalcroze à Hellerau (les elfes).
Féerie lyrico-dionysiaque : L’esprit des montagnes Rübezahl, un géant à longue barbe proéminente, est de mauvaise humeur. Il s’est épris de la petite princesse des elfes qui, elle, s’est entichée de l’enseignant logeant dans le château voisin. Pour être près de l’élu de son cœur, elle s’est transformée en gouvernante et travaille à ses côtés. Elle supporte toutefois mal de voir ses amis animaux de la forêt finir sur la table à manger des humains. Le géant se fâche, prend la forme de l’inspecteur des forêts (qu’il a catapulté dans une région lointaine), conquiert le cœur de son elfe chérie après avoir ridiculisé les humains qu’elle fréquentait et retourne avec elle dans les bois pour se marier, entouré d’une licorne, de nains, de faunes et d’une nuée d’elfes. – Un conte cocasse rehaussé par les décors inventifs de Rochus Gliese (futur collaborateur de Murnau pour Sunrise / L’Aurore), les titres du générique dessinés par une débutante surdouée nommée Lotte Reiniger et tout l’univers magique qu’animent joyeusement le couple formé par Paul Wegener (également responsable du scénario) et Lyda Salmonova, son épouse à la ville. Visuellement, Wegener s’inspire des dessins de Dürer, de Mantegna et des peintres romantiques allemands comme Moritz von Schwind. Il a déjà fait ses preuves avant la guerre avec le remarquable conte fantastique de Der Golem (1914), sujet qu’il reprendra en 1920. Le tournage s’est fait en juillet 1916 aux Union-Ateliers à Berlin-Tempelhof, dans la région de Schreiberhau (aujourd’hui en Pologne : Szklarska Poreba), dans une ferme près de Dresde, près d’un étang à Lausa et dans les forêts autour de Moritzburg (Saxe). Un très grand succès critique et public. Les légendes autour du bon géant du Riesengebirge silésien ont déjà été rapportées par Johannes Praetorius dans Daemonologia Rubinzalii en 1662 et Johann K. A. Musäus dans son recueil Volksmärchen der Deutschen de 1783. – N.B. : les films Rübezahl – Herr der Berge (1957) d’Erich Kobler et Rübezahls Schatz oder Der etwas andere Berggeist (tv 2017) de Stefan Bühling ne se déroulent pas au Moyen Âge, mais respectivement aux XVIIIe et XIXe siècles.
1918[épisode médiéval :] Alraune, die Henkerstochter, genannt die Rote Hanne (DE) d’Eugen Illès
Neutral-Film GmbH (Berlin), 88 min. - av. Hilde Wolter (Alraune), Joseph Klein (le bourreau), Szokol Aoles (Gabriela), Gustav Adolf Semler, Friedrich Kühne, Max Auzinger, Ernst Rennspies, Tatjana Sand. – Selon la légende d’Alraune (la Mandragore), dont l’origine serait située au XVe siècle, une mère donne à son enfant malade de la racine de mandragore, produit magique, mais l’enfant meurt néanmoins. La mère est arrêtée, condamnée pour sorcellerie et périt sur le bûcher. Dans les temps modernes, la mère – qui a rêvé l’épisode médiéval - passe outre aux avertissements et son enfant guérit. Aucun rapport avec le roman de Hanns Heinz Ewers (1911) et ses diverses transpositions cinématographiques.
1918/19Die Tochter des Henkers [La Fille du bourreau] (DE) de William Wauer
Rheinische Lichtbildgesellschaft, 1329 m./4 actes. – av. Hanni Weisse (la fille du bourreau), Ernst Deutsch (le comte), Friedrich Dorsch, Ilse Pütz, Elly Leffler, Paul Richter, Kurt Gross, Robert Bolander, Theodor Burghardt, Elli Röcknitz. – La fille d’un bourreau épouse un comte, mais lorsque celui-ci la quitte, elle le tue et se suicide.
1918/19[épisode médiéval :] Veritas vincit (Die Wahrheit siegt !) (DE) de Joe May
Joe May/May-Film GmbH der Ufa (Berlin), 127 min. - av. Mia May (Ellinor), Johannes Riemann (le chevalier Lutz von Ehrenfried), Leopold Bauer (Maître Heinrich, le joailler), Lina Paulsen (Ursula), Friedrich Kühne (Florian).
Trois épisodes similaires illustrent les drames qu’entraînent mensonges et dissimulations, tantôt dans l’Antiquité romaine, tantôt à la Renaissance puis dans les temps modernes, où l’héroïne fait enfin face et célèbre la victoire de la vérité sur le mensonge... En 1500 dans une petite ville allemande, Ellinor, la fille du bijoutier, se voit compromise et risque réputation et vie si elle révèle l’identité de son amant, un chevalier ; elle se tait, celui-ci est assassiné et elle finit ses jours dans un monastère. Tourné en juillet-septembre 1918 au Greenbaum-Atelier de Berlin-Weissensee par le Viennois Joe May - mentor du jeune Fritz Lang – pour son épouse Mia May. Les décors de cette première grande fresque allemande calquée sur les péplums italiens de l’époque sont signés Paul Leni.
1920Der Henker von Sankt Marien (DE) de Fritz Freisler, direction artistique : Joe May
Joe May/May-Film GmbH Berlin (“Die goldene Neun-Serie”), 2220 m./6 actes. – av. Paul Richter (Konrad, un étudiant), Eva May (Beatrix von Ravenau Schroffenstein), Wilhelm Diegelmann (le burgrave Ravenau), Wolfgang von Schwindt (le comte Schroffenstein), Max Gülstorff (le bouffon), Gustav Czimek (le bourreau), Karl Platen (le scribe municipal), Margarete Buchholz, Hans Kuhnert, Jacques Wandryck.
Au XVe s., un jeune bourreau doit exécuter la femme qu’il aime, mais la Vierge intervient en sa faveur. Balthasar, le bourreau de Sankt Marien, veut éviter à son fils Konrad d’avoir à lui succéder professionnellement un jour. Il amène donc le nouveau-né à Wittenberg, où ce dernier grandit et étudie. Mais après le décès de son géniteur, Konrad, découvert par les autorités, est contraint de devenir le nouveau bourreau. De retour à Sankt Marien, il s’éprend de Beatrix von Ravenau alors que cette dernière est mariée au comte palatin von Schroffenstein. L’évasion planifiée des deux amants est déjouée et la jeune Beatrix est condamnée à mort pour avoir tué son mari, alors qu’elle est innocente : l’époux a bu par erreur le poison avec lequel elle voulait se suicider. Konrad est censé la décapiter et supplie le Ciel pour un signe de son innocence. Une icône de la Vierge apparaît et fait fuir le peuple et les juges tandis que les amants enlacés sont transformés en statue de pierre. – Une production de Joe May pour sa fille Eva May (fille de l’actrice Mia May), tournée au May-Atelier Berlin-Weissensee et sur les terrains du studio à Woltersdorf (Brandebourg).
Vénérée comme une sainte, Simplicia (Eva May) tente le diable (1920).
1920Die heilige Simplicia / Die Legende von der heiligen Simplicia (DE) de Joe May
Joe May/May-Film GmbH (Berlin), 5 actes/2310 m. – av. Eva May (Simplicia), Alfred Gerasch (le chevalier Rochus), Wilhelm Diegelmann (l’aubergiste), Elisabeth Wilke (la mère supérieure), Georg John (le mendiant aveugle), Max Gülstorff (le pèlerin), Lia Eibenschütz (une servante). – Enfant, la petite Simplicia a été placée au couvent par sa mère mourante et, à sa demande, élevée dans le seul but de servir Dieu. À cause de sa piété, elle reçoit du Ciel le don de guérir les malades par ses prières et l’imposition de ses mains. Rochus, un chevalier pervers, tente de transformer la sainte en pécheresse et la détourne du monastère et la séduisant. Sur son ordre, elle commet presque tous les péchés, mais ceux-ci se transforment mystérieusement en bienfaits. Lorsque Rochus lui demande de passer la nuit avec un autre homme à titre de test final, Simplicia se poignarde. Rochus prend alors conscience de sa monstruosité et, converti, il ramène sa bien-aimée au monastère pour veiller sur elle. Le troisième jour, on retrouve les amants réunis dans la mort. – Mélo fantastique tourné, comme le film précédent, en août 1920 sur les terrains de la May-Film aux studios de Berlin-Weissensee et à Woltersdorf (Brandebourg).
1920[épisode médiéval :] Der Schädel der Pharaonentochter (DE) d’Otz Tollen
John Hagenbeck-Film GmbH (Berlin), 2118 m./77 min. – av. Emil Jannings (le pharaon Osorcon), Erna Morena (Amnertis, sa fille), Kurt Vespermann (Tirhaka), Bernhard Goetzke, Hermann Valentin, Hanna Ralph, Erra Bognar Curt Ehrle, Wilhelm Diegelmann, Elsa Wannek, Toni Zimmerer, Leopold von Lederbur. – La tragédie d’amour entre la fille d’un pharaon et son amant entraîne une cascade de malédictions à travers les siècles (quatre époques, dont le Moyen Âge). Tous les propriétaires du crâne de la malheureuse périssent d’une mort violente.
1922/23Der steinerne Reiter - Eine Filmballade [Le Chevalier de pierre] (DE) de Fritz Wendhausen
Erich Pommer/Decla-Bioscop AG (Berlin), 1978 m./73 min. - av. Rudolf Klein-Rogge (le châtelain), Lucie Mannheim (la bergère), Gustav von Wangenheim (le chasseur), Martin Lübbert (le fiancé), Anni Mewes (la fiancée), Wilhelm Diegelmann (le chanteur). - Lorsqu’un seigneur féodal réclame le droit de la première nuit à l’épouse de son vassal, le marié se jette sur lui, mais dans la mêlée, il tue sa propre épouse et se suicide. Sa sœur veut le venger, mais elle s’éprend peu à peu du châtelain. Lorsque la population se révolte contre le châtelain et l’emprisonne, elle le libère et cherche à s’abriter au château avec lui, mais au cours de leur fuite, ils sont frappés par un éclair qui les transforme en statues de pierre. – Mélo en costumes filmé aux studios de Neubabelsberg en mai-août 1922.
1935/36Hans im Glück. Ein heiteres Spiel im Volksliedton (DE) de Robert Herlth et Walter Roehrig
Hermann Schmidt-Delta Filmproduktions- und Vertriebs GmbH (Berlin), 88 min. - av. Erwin Linder (Hans), Georgia Holl (la fille), Oskar Sima (l’aspirant), Elsa Wagner (la mère), Lola Chlud (l’hôtelière), Rudolf Platte (le marchand), Rudolf Biebrach (le meunier), Käte Haack (la meunière), Eugen Rex (le paysan à la vache), Erich Dunskus (le paysan au cochon).
Synopsis : Ayant fini son apprentissage de meunier, Hans retourne dans son village natal auprès de sa mère. En cours de route, il se fait duper lors de diverses rencontres, perd toutes ses économies mais voit souvent en rêve le visage d’une jeune beauté. Arrivé en ville, il reconnaît cette dernière dans l’auberge, s’en éprend et accepte un travail temporaire sur place. Ayant corrigé divers rivaux et adversaires, il reprend la route, cette fois en compagnie d’un véritable trésor, sa bien-aimée. - Farce paysanne semi-fantastique située en Allemagne vers 1500 (avec références picturales à Albrecht Dürer), inspirée d’un conte des frères Grimm et tournée en extérieurs dans la ville pittoresque de Rothenburg ob der Tauber et à Schwedt an der Oder, tandis qu’on recrée place du marché et édifices médiévaux sur les terrains de Neu-Babelsberg près de Berlin (juillet-octobre 1935). Le scénario et la mise en scène de ce « conte pour adultes » sont dus aux prestigieux décorateurs et costumiers des films expressionnistes de F. W. Murnau (Faust), de Fritz Lang (Der müde Tod) et Robert Wiene (Caligari), qui truffent leur récit semi-expérimental d’images poétiques. Quoiqu’encouragé par le régime nazi qui y voit une apologie de la germanité rurale, le film ne trouve pas son public.
Antonio Cassinelli dans le « Lohengrin » italien de Max Calandri (1948).
1948Lohengrin (IT/FR) de Max Calandri
Gennaro Proto/Scalera Film (Venezia)-P.G.P. Films Comète, 109 min. - av. Antonio Cassinelli [voix : Giacinto Prandelli] (Lohengrin), Jacqueline Plessis [voix : Renata Tebaldi] (Elsa de Brabant), Inge Borg [voix : Elena Nicolai] (Ortrud von Telramund), Attilio Ortolani [voix : Antonio Cassinelli] (le comte Friedrich von Telramund), Giulio Oppi (Henri l’Oiseleur, roi de Germanie), Giuseppe Modesti (le héraut du roi), Nino Marchesini, Ivan Miriev [=Giovanni De Dominis], Leonardo Severini, Gianpiero Malaspina.
L’opéra en trois actes écrit et mis en musique par Richard Wagner (1850). – Synopsis : Henri Ier l’Oiseleur, roi de Germanie (Heinrich der Vogler, 876-936), visite le duché de Brabant pour lever des troupes, car les Hongrois menacent le royaume. Dans le château d’Anvers, le comte brabançon Friedrich von Telramund explique au roi que le duc défunt le nomma protecteur de ses deux enfants, Gottfried et Elsa. Elsa est revenue seule d’une promenade dans la forêt avec son frère, et le comte est persuadé qu’elle a noyé Gottfried dans un étang, ce pourquoi il a refusé sa main et pris pour épouse Ortrud, une princesse frisonne. Mais il réclame néanmoins l’héritage du duc et accuse Elsa d’avoir un amant secret, ce que celle-ci nie avec véhémence. Le roi décrète un Jugement de Dieu. Elsa veut pour champion un chevalier pur et vaillant qu’elle a vu en rêve et supplie le Ciel de le faire apparaître. Sur les flots de l’Escaut, un cygne tire une nacelle, un chevalier à l’armure étincelante s’y tient debout : Lohengrin. Le chevalier remercie le cygne qui repart, puis accepte de défendre la jeune fille accusée à tort, puis de l’épouser à condition que celle-ci ne lui demande jamais qui il est ni d’où il vient. Telramund est terrassé. Banni, il accuse Ortrud de l’avoir induit en erreur. Ortrud, adoratrice de Wotan et de Freia, les dieux germaniques « répudiés », persuade son époux qu’il a été vaincu par la magie et mijote leur vengeance. On prépare les noces d’Elsa avec le mystérieux chevalier au cygne, que le roi reconnaissant a nommé Protecteur du Brabant et chef des armées. Ordrud feint le repentir, se jette aux pieds de la naïve Elsa et la supplie d’intervenir auprès de son fiancé pour obtenir le pardon royal. Au début de la cérémonie nuptiale, elle exige toutefois la préséance, sous prétexte qu’un faux jugement obtenu par un mystérieux inconnu aux pouvoirs de sorcier aurait écarté son époux de noble lignée. Lohengrin rétorque qu’il n’a pas de compte à rendre ni à un homme ayant « oublié l’honneur » ni même au roi. Dans la chambre nuptiale, les époux se déclarent leur amour, mais Elsa, ébranlée par les insinuations d’Ortrud et les propos de « félicité » à laquelle son mari aurait renoncé pour elle, lui pose la question interdite - et leur bonheur s’enfuit. Lohengrin tue Telramund, niché en embuscade dans la pièce voisine. Il fait porter le cadavre du félon devant le tribunal du roi, puis révèle son identité : fils de Perceval, un chevalier de la Table Ronde, il vient du lointain château de Montsalvat au centre duquel se trouve un temple lumineux « d’une splendeur telle que la terre n’en connaît point ». Ce temple abrite le calice sacré du Graal, « apporté par une légion d’anges ». Grâce à lui, « une foi sainte et pure se répand sur la chevalerie » ; Perceval en est le gardien et lui, Lohengrin, le paladin. Investi de pouvoirs célestes, il est invincible tant qu’il reste inconnu et c’est par le Graal qu’il fut envoyé à la cour de Brabant. Le cygne venu chercher le chevalier se métamorphose en Gottfried – que Lohengrin proclame duc de Brabant avant de disparaître à jamais dans une nacelle tirée par une colombe. Ortrud pousse un cri terrifiant, Elsa s’effondre sans vie dans les bras de son frère retrouvé.
L’ouvrage romantique de Richard Wagner s’inspire du Parzival de Wolfram von Eschenbach (XIIIe s.), et de sa suite anonyme, Lohengrin, écrite en Thuringe puis remaniée en Bavière, elle-même tirée du poème épique de Garin le Lorrain (ou Loherin), chanson de geste provenant du cycle nommé Geste des Lorrains (XIIe s.). Autre source que Der Schwanritter (Le Chevalier au cygne) de Konrad von Würzburg (v. 1260) qui contient, comme le Parzival, l’histoire de l’accusation injuste, du chevalier à l’attelage volatile et de la question interdite. Mais ce n’est pas le merveilleux chrétien ni le manichéisme exprimé par l’amour éthéré d’Elsa et de Lohengrin d’un côté, par les machinations ourdies par Otrud et Friedrich de Telramund de l’autre qui interpellent les idéologues du nazisme dès les années 1920. Heinrich Himmler, chef suprême de la SS, voue un culte idolâtre à Henri l’Oiseleur, souverain-fondateur martial et maître du Saint-Empire romain germanique à partir de 916 (bien qu’il n’ait jamais été couronné). Aussi le haut Moyen Âge allemand est-il instrumentalisé à outrance par le parti pour justifier la vision européenne d’un Hitler - qui avait pourtant prévu d’éradiquer le christianisme après que « la question juive allemande » ait été réglée.
Le mysticisme réarrangé de Lohengrin et Perceval via Wagner étant passé au service de la cause nationale-socialiste, il est compréhensible que l’œuvre ait subi une certaine éclipse au lendemain de la guerre. Le film de Max Calandri en 1948 est un cas à part, « latinisé » en quelque sorte, car chanté en italien et non en allemand. Le tout est filmé en octobre-novembre 1947 dans les studios de la Scalera Film à Fert, au parc Belvedere de la Villa Erizzo à Mirano, sur l’île de Murano dans la lagune de Venise et sur les rives du lac de Garde (avec un cygne en papier mâché) - où le tournage doit être interrompu après la découverte de bombes non désamorcées au fond de l’eau. Il s’agit d’un enregistrement assez plat de l’opéra, sans imagination et en noir et blanc, avec des comédiens dont les voix sont doublées par quelques artistes de renom, provenant de la Scala de Milan, de l’Opéra Royal de Rome, du San Carlo de Naples et de la Fenice à Venise. Parmi ceux-ci, l’illustre soprano Renata Tebaldi, 26 ans, qui a justement percé sur scène à Bologne deux ans plus tôt dans le rôle d’Elsa de Brabant, où elle a été remarquée par Arturo Toscanini. La Française Jacqueline Plessis, qui interprète Elsa à l’écran, est une ancienne résistante devenue actrice et productrice de cinéma après la guerre (elle sera l’impératrice Eugénie dans Nana de Christian-Jaque, 1954, et la reine Éléonore de Habsbourg dans Si Paris nous était conté de Sacha Guitry, 1955) ; la basse Antonio Cassinelli, de Bologne, lui donne la réplique en Lohengrin. Le film n’est exploité qu’en province, en Italie comme en France. – Pour toutes les autres versions de la légende, cf. partie II. ROYAUME D’ANGLETERRE, Le Mythe d’Arthur et les chevaliers de la Table Ronde, chap. 1.2. Perceval et Lohengrin, gardiens du Graal
1955Der Teufel vom Mühlenberg / Der steinerne Mühlmann (Le Diable du moulin sur la montagne) (DE-RDA) de Herbert Ballmann
Hans-Joachim Schoeppe/DEFA-Studio für Spielfilme (Potsdam-Babelsberg), 87 min. – av. Eva Kotthaus (Anne), Hans-Peter Minetti (Jörg), Willy A. Kleinau (le meunier), Werner Peters (Schulze Bangebös), Gerhard Fei (le bailli Raufer), Heinz Kammer (Ratte, un lansquenet), Johannes Arpe (le forgeron Anselm), Marianne Rudolph (sa femme), Josef Stauder (Konrad, le valet), Gertrud Paulun (la servante Marie), Hans Klering (le meunier en forêt), Lotte Loeblinger (la meunière, sa femme), Werner Tronjeck (le paysan Melchior), Kurt Ullrich (le paysan Martin), Georg Niemann (le paysan Thomas), Trude Brentina (Else), Brigitte Lindenberg (Margrit), Alfred Maack (le charbonnier gris), Aribert Grimmer (le charbonnier noir).
Dans le massif montagneux du Harz au Moyen Âge, le propriétaire brutal et avide d’un moulin s’entend secrètement avec le bailli local Raufe et le chef du village Bangebös pour incendier le moulin forestier rival situé en forêt ; déguisés en diables, les malfaiteurs s’y attaquent de nuit après s’être emparé de toute la farine. Désormais, les paysans sont forcés de confier leur blé à des conditions très défavorables au meunier brigand qui fait croire que le moulin anéanti par ses soins était ensorcelé. Anna, servante dans le domaine de ce dernier, découvre les sacs de farine volés. Surprise, elle est emprisonnée au château où se morfond déjà son fiancé. Mais un trio de charbonniers sorciers qui hantent les grottes du massif sauve le couple, font reconstruire le moulin détruit et transforment le meunier criminel qui cherchait à se venger en statue. – Un éloge de la politique de Berlin-Est déguisé en conte fantastique et filmé en Agfacolor par le fondateur de la production de films pour la jeunesse communiste.
L’inquiétante Barbara Steele dans « I lunghi capelli della morte » d’Anthony Dawson (1964).
1964I lunghi capelli della morte (La Sorcière sanglante) (IT) d’Anthony Dawson [=Antonio Margheriti]
Felice Testa Gay/Cinegai S.p.A., 96 min. - av. Barbara Steele (Helena Rochefort Karnstein / Maria Karnstein), George Ardisson (le jeune baron Kurt Sebastian Weil Humboldt), Jean Rafferty [=Giuliano Raffaelli] (le comte Humboldt, son père), Halina Zalewska-Dawson (Adele Karnstein/Lisabeth Karnstein), Robert Rains [=Umberto Raho] (le prêtre Von Klage), Laureen Nuyen [=Laura Nucci] (Grumalda), Nello Pazzafini (le moine), Jeffrey Darcey (Egmont, le messager), Piero Pastore (le baron Von Letz), Aldo Barozzi, Severino D’Ottavi, Alba Maiolini, Enzo Mondino. John Carey.
En décembre 1499, Adele Karnstein, la femme du comte Humboldt, est brûlée vive sous l’accusation fausse d’avoir assassiné le frère du comte, Franz, que veillent ses deux filles, Helena et Lisabeth. Le fils pervers du comte, Kurt Humboldt, tue Helena et force la cadette Lisabeth à se marier avec lui. Mais Helena revient d’entre les morts pour terroriser les vivants et venger sa mère... Ligoté, baillonné, caché à l’intérieur d’une poupée de paille, Kurt finit à son tour brûlé vif sur la place publique. - De l’épouvante médiévale germanique – Nosferatu oblige ! - à la lueur des torches et bougies. Un honnête thriller d’horreur sur le modèle des danses macabres (bien supérieures) d’un Roger Corman ou d’un Mario Bava - qui les deux ont su utiliser et mettre en valeur l’étrange fascination de Barbara Steele, une actrice anglaise devenue pendant quelques années l’hégérie culte du genre. Un joli succès populaire, surtout apprécié par les aficionados du gore, filmé en Techniscope noir et blanc à Cinecittà et au château Massimo di Arsoli (prov. Rome). – DE : Der Todesfluch der brennenden Hexe, ES : Los largos cabellos de la muerte, US : The Long Hair of Death.
1968[épisode médiéval :] Komm nur, mein liebstes Vögelein… (...und sie schämten sich nicht !) / Dio me l’ha data, guai a chi la tocca (Viens mon petit oiseau) (DE/IT) de Rolf Thiele
Luggi Waldleitner(Roxy Film GmbH & Co. KG (München)-Sancro International S.p.A. (Roma), 93 min. - av. Maria Raber (Hildileis), Peter Hohberger (Siegfried), Tanja Gruber (la châtelaine), Kim Dimon (le châtelain), Marius Aicher (le chevalier Kuno von Hohenebersberg), Bernd Kampka (le comte Heinrich), Kurt Strauss (le curé), Gerd Baltus (narration). – Une comédie érotique sur la situation de la femme et la sexualité à travers les âges. Filmé en Eastmancolor et Techniscope d’août à novembre 1968 dans les environs de Salzbourg, Munich et Berlin par un artisan du film à scandale qu’on a vu jadis plus ambitieux (Das Mädchen Rosmarie en 1958, Wälsungenblut et Tonio Kröger d’après Thomas Mann en 1964/65, Grieche sucht Griechin d’après Dürrenmatt, 1966) et qui tire ici ses toutes dernières cartouches.
1973Die Hosen des Ritters von Bredow (DE-RDA) de Konrad Petzold
Deutsche Film DEFA Studio für Spielfilme, Gruppe “Johannistal” (Ost-Berlin), 109 min. - av. Rolf Hoppe (le chevalier Götz von Bredow), Lissy Tempelhof (Brigitte von Bredow), Kati Bus (Evi), Petr Skarke (le Junger Hans-Jürgen), Gerry Wolff (Kaspar), Armin Mueller-Stahl (le curé de Krummensee), Ezard Haussmann (Melchior), Fred Delmare (Hedderich), Arno Wyzniewski (le prince-électeur Joachim Ier), Axel Triebel (Bodo von Bredom), Eva-Maria Hagen (Wibke), Gerd Ehlers (Armin, bailli de Potsdam). – Une grosse farce, lourdingue et pataude, située dans le Brandebourg (Köpenick) vers 1510 : le château de Sire Götz von Bredow, chevalier trop souvent imbibé, est dans tous les états lorsque le maître des lieux perd ses pantalons en cuir, vêtement qui, croit-il, le rend invincible, mais dont le pouvoir disparaît si on le lave... Une caricature communiste (en couleurs) de l’aristocratie décadente avec Armin Müller-Stahl en curé lubrique. Adaptation libre du roman éponyme de Willibald Alexis (1846).
1974Die Stossburg (Wenn nachts die Keuschheitsgürtel klappern) / Schloss Bums / Votre plaisir, Mesdames (DE/FR) de Franz Marischka
Gunter Otto/Dynamic Film-Victoria Film (München)-Société Nouvelle de Doublage (SND), 98 min./88 min. - av. Peter Steiner (Sire Archibald), John Kraaijkamp Sr. (Bert), Miriam Daniel (Gudrun), Eleonore Leipert (Sieglinde), Rinaldo Talamonti (Fernando Giovanni Lorenzo Luigi Francesco Ministrone Aurelio), Peter Martell (Kasimir) Helga Bender (Walpurga), Dagmar Wöhrl (Adeladia), Walter Kraus (Kuni), Jean Droze (le prince Sigurd von Schreckenstein), Anne Graf, Marie-France Morel. – Sire Archibald rejoint une croisade faite de débauche, laissant son épouse, sa fille et sa maîtresse « protégées » par des ceintures de chasteté. Mais un ancien bagnard italien sait comment les ouvrir… L’artisan viennois qui a commis jadis les divers films de Sissi avec Romy Schneider finit sa carrière dans la gaudriole érotique en costumes. Tourné en Autriche, au château de Kreuzenstein et à Leobendorf (Korneuburg). – US : Clattering Chastity Belts.
1978(tv) Der rostrote Ritter (DE) télésérie
(ARD 26.3.-23.4.78), 6 x 30 min. - av. Dieter Krebs (le chevalier Kunibert von Scharfenstein), Peter Schiff (son écuyer Schorse), Inge Wolffberg (Frau Schute), Walter Gross, Ulrich Bödecker. – Série comique pour la jeunesse : cadet rêveur d’une famille ruinée, le chevalier Kunibert quitte le château familial avec son écuyer pour partir à l’aventure ; après avoir vaincu un dangereux magicien, il épousera la fille du roi Kasimir.
1990(tv) Damals auf Burg Wutzenstein (DE) télésérie de Ron Jones
(ARD 4.9.90), 12 x 25 min. - av. Hans Wyprächtiger (le comte Wutz von Wutzenstein), Christiane Rücker (Edelgunde, son épouse), Mila Mladeck (Erdmute, leur fille), Veronika Faber (tante Abraxa), Karl Lieffen (Berthold, le frère), Hans Hanfstingl (majordome), Kurt Weinzierl (cuisinier), Oliver Hörner (son élève), Herbert Fux (Schmied), Renato Grüning (fou), István Bujtor (le comte Klotz von Klotzenstein). - La vie délirante au château Wutzenstein, une série comique d’avant-programme écrite par Krystian Martinek et Neithardt Riedel.
20081½ Ritter – Auf der Suche nach der hinreissenden Herzelinde / 1½ Knights – In Search of the Gorgeous Heart Child (DE/US) de Til Schweiger, Torsten Künstler et Christoph Wahl
Jügen Hebstreit, Wolfgang Oppenrieder, Marian Redmann, Til Schweiger, Tom Zickler/Warner Bros.-Barefoot Films-Lionheart Entertainment-Seven Pictures, 115 min. – av. Til Schweiger (le chevalier Lanze), Rick Kavanian (le demi-chevalier Erdal), Julia Dietze (la princesse Herzelinde), Thomas Gottschalk (le roi Gunther), Udo Kier (Luipold Trumpf), Tobias Moretti (le Chevalier Noir), Ralph Heforth (Walter Sattler), Hannelose Elsner (la sorcière), Mark Keller (le prince Gustav).
Parodie débile du film de chevalerie, bien sûr sans assise historique : le roi Gunther charge deux chevaliers, dont l’un est un ancien brigand d’origine turque, de retrouver sa fille, la princesse Herzelinde, enlevée par le fourbe Luitpold Trumpf…. Tournage à Blankenburg, Eckartsburg, Burg Querfurt, Klostermansfeld (Sachsen-Anhalt), Burg Trausnitz et Burghauwen (Bavière), Münchenlohra (Thuringe).
2017/18Hagazussa – Der Hexenfluch / Hagazussa : A Heathen’s Curse (Incantations) (AT/DE) de Lukas Feigelfeld
Ben Gibson, Simon Lubinski, Lukas Feigelfeld/Deutsche Film- und Fernsehakademie GmbH (Berlin)-Retina Fabrik Filmproduktion (Berlin), 102 min. – av. Aleksandra Cwen (Albrun), Claudia Martini (la mère), Tanja Petrovsky (Swinda), Haymon Maria Buttinger (le prêtre du village), Celina Peter (Albrun jeune), Franz Stadler (Sepp), Judith Geerts (la nonne).
Au XVe siècle, après la mort traumatisante de sa mère, la jeune bergère Albrun vit seule dans les alpes, les villageois la considérant comme une païenne et une sorcière, et elle finit par se prendre au jeu : elle sent la présence inquiétante qui la guette dans la forêt et peu à peu sombre dans un cauchemar paranoïde permanent... Une fantaisie audiovisuelle presque sans dialogues. Première mondiale au Fantastic Film Fest à Austin (USA) en septembre 2017, première en Allemagne en mai 2018. Prix Max Ophüls à Saarbrücken.
Le moine zélé et l’artiste aventurier : « Narziss und Goldmund » (2020).
2020Narziss und Goldmund (Narcisse et Goldmund) (DE/AT) de Stefan Ruzowitzky
Christoph Müller, Helge Sasse, Thomas Pridnig, Peter Wirthensohn/Mythos Film Produktions GmbH & Co. (Berlin)-Tempest Film GmbH (München)-Lotus-Film GmbH (Wien)-Deutsche Columbia Pictures Filmprod. GmbH (Berlin), 118 min. – av. Sabin Tambrea (le moine Narcisse/Narziss), Jannis Niewöhner (Goldmund), Henriette Confurius (Lene), Elisa Schlott (Julia), Emilia Schüle (Lydia), Jessica Schwarz (Rebekka), Matthias Habich (le seigneur du château), Georg Friedrich (le prince), Uwe Ochsenknecht (Maître Nicolas, le sculpteur), Kida Khodr Ramadan (Anselm), Branko Samarovski (l’abbé Daniel), Roman Johannes Kornfeld (Ulrich), Roxane Duran (Lisbeth), Michael Glantschnig (le moine Benjamin), Johannes Krisch (le père de Goldmund), Oskar von Schönfels (Narcisse à 14 ans), Jeremy Miliker (Goldmund à 10 ans), Lukás Bech (un prêtre), Elisabeth Knettis (Lise, diseuse de bonne aventure).
Adaptation libre du roman éponyme de Hermann Hesse (1930). – Les étudiants Narcisse et Goldmund font connaissance au monastère de Mariabronn où ce dernier a été livré par son père. Alors que l’aîné, le pieux Narcisse, se soumet avec ferveur aux règles strictes du couvent, le novice Goldmund, aimant s’amuser et libre d’esprit, ne voit aucun véritable but à sa vie dans ces règles rigides mais il essaie néanmoins d’être un bon élève, doué en dessin. Une profonde amitié se développe entre les deux. Finalement, Goldmund quitte le monastère et, encouragé par son ami, part à la recherche de sa mère qui quitta jadis la famille. Ainsi commence un voyage aventureux au cours duquel il rencontre son grand amour en la servante Lene. Il grandit pour devenir artiste, connaît la liberté et le bonheur, mais aussi l’enfer de la peste, de la souffrance et de la mort. Quinze ans plus tard, les vieux amis se retrouvent, Narcisse est devenu abbé, Goldmund vit de ses sculptures. Ce dernier est surpris nu dans les appartements de l’épouse du prince, jeté en prison et torturé, mais son ami l’aide à fuir et le guérit. Il n’a pas retrouvé sa mère qui fut assassinée par son père lorsqu’elle voulut le quitter, raison pour laquelle, raconte-t-il, il a tué son géniteur. Il s’est ensuite marié avec Lene qui est décédée après avoir été violée par un pestiféré. À la demande de Narcisse, l’artiste éprouvé par la vie crée un nouvel autel pour le monastère, complexe délirant où chaque statue de saint porte le visage d’une femme aimée. Scandalisé, le frère Lothar, un moine réactionnaire rigide, y met le feu et Goldmund, cerné par les flammes, meurt dans les bras de son ami.
Le cinéaste autrichien Stefan Ruzowitzky (oscarisé pour Die Fälscher en 2008) s’attaque au plus grand succès éditorial de Hermann Hesse, ouvrage traduit en 30 langues, en modifiant les motivations des héros ou en les remettant au goût douteux du jour ; avec ses deux amis aux motivations philosophiques contraires, Hesse cherchait à réconcilier l’opposition entre l’esprit et la matière, entre le dionysiaque et l’apollinien, entre l’animalité de l’homme et sa spiritualité. Le réalisateur, lui, exploite et dramatise ce que l’écrivain n’abordait que discrètement tout en ajoutant divers incidents, une dimension homoérotique entre les deux héros qui est inexistante dans le texte, des bubons omniprésents de la peste, et surtout une fin dramatique de son cru, avec la mort du géniteur brutal de Goldmund, l’incendie final du kitschissime autel et l’agonie de son concepteur (qui, chez Hesse, meurt d’épuisement d’avoir trop vécu). Le film se réduit ainsi à un « roadmovie médiéval » à l’imagerie plaisante sans plus, frôlant parfois la joliesse gratuite (décors et maquillages sont nominés au Deutscher Filmpreis). Le tournage s’est fait en CinemaScope d’août à octobre 2018 à Burg Hardegg (Thayatal à la frontière austro-tchèque), à l’abbaye de Zwettl, à l’église de Döllersheim, dans le Tyrol du sud et en Tchéquie aux châteaux de Pernstejn, Tocnik, Svihov, au musée plein air de Repora et dans le dôme de Kutná Hora. La sortie du film est retardée de presque deux ans en raison de la pandémie du Covid-19. Les salles sont encore à moitié vides et l’accueil critique est tiède : mieux vaut relire le roman.