V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

7. ENTRE FANTAISIE, FANTASTIQUE ET HISTOIRE

7.8. Jedermann - la fin terrestre de l’homme riche

Jedermann, la pièce en vers de l’Autrichien Hugo von Hofmannsthal est créée sur scène en 1911 à Berlin par Max Reinhardt, et elle est depuis 1920 jouée chaque année au Festival de Salzbourg (dont le poète est le co-fondateur), sur le parvis de la cathédrale. Sa trame de mystère médiéval s’apparente fortement à celle de Von dem sterbenden reichen Menschen, Hekastus genannt de Hans Sachs (1549), et plus encore à celle de la moralité anglaise Everyman. A Morality Play, œuvre anonyme également du XVe siècle, deux textes où sont mis en scène des choix moraux ou existentiels sous forme allégorique. Lorsque Dieu voit que les hommes l’oublient, il ordonne à la Mort de visiter la maison de Jedermann (« tout un chacun »), bourgeois riche, bon-vivant, lubrique, méprisant et avare. Jedermann est confronté à sa vieille mère, à sa maîtresse, à ses débiteurs. Épouvanté à l’annonce de sa fin proche, déchiré entre sa soif de vivre et la nature éphémère de l’existence, il supplie la Mort de lui laisser un délai d’une heure afin de trouver quelqu’un qui témoignera en sa faveur lors du Jugement céleste. En vain. Mais au dernier moment, les personnifications de ses rares Bonnes Actions et de la Foi acceptent de prendre sa défense au nom du Pardon divin. Il meurt en paix et Satan s’en retourne en enfer.
Nota bene : la majorité des mises en scène postérieures à 1980 se jouent en costumes modernes et ne figurent par conséquent pas dans le corpus qui suit.
1916Jedermann – Das Spiel vom Sterben des reichen Mannes (DE)
Franz Vogel/Eiko-Film GmbH (Berlin). – av. Werner Krauss (la Mort), Johanna Terwin (la courtisane). – Le film de 1916 montre Werner Krauss quatre ans avant d’interpréter le sinistre Dr. Caligari, rôle qui lui vaudra une célébrité mondiale.
1958(tv-th) Jedermann – Das Spiel vom Sterben des reichen Mannes (AT) d’Ernst Lothar
Österreichischer Rundfunk (ORF) Wien (ORF/ARD 24.8.58), 90 min. – av. Ernst Deutsch (la Mort), Will Quadflieg (Jedermann), Adrienne Gessner (sa mère), Maria Becker (la Foi), Ernst Ginsberg (le diable), Karl Blühm (la voix du Seigneur), Martha Wallner (la courtisane), Erich Auer (le compagnon), Karel Navratil (Hausvogt), Marion Haindorff (le cuisinier), Günther Haenel (le pauvre voisin). – Première captation télévisée de la mise en scène historique de Max Reinhardt de 1920 (avec les décors de Caspar Neher) enregistrée au Festival de Salzbourg sur le parvis de la cathédrale en été 1958. Incarner Jedermann à Salzbourg est considéré comme la plus haute récompense attribuée à un comédien germanophone (Alexander Moissi, Ewald Balser, Attila Hörbiger, plus tard Curd Jürgens, Maximilian Schell, Klaus Maria Brandauer, etc.), et dès les années 1950 le rôle de la courtisane est souvent confié à une vedette de cinéma ou de télévision comme Nadja Tiller, Senta Berger ou Marthe Keller.
Le film de « Jedermann » mis en scène par Gottfried Reinhardt, fils de Max Reinhardt (1961).
1961Jedermann (DE/AT) de Gottfried Reinhardt
Otto Dürer/Bavaria Filmkunst AG (München-Geiselgasteig)-Vienna Filmproduktion GmbH (Wien), 105 min. - av. Ewald Balser (la voix du Seigneur), Walther Reyer (Jedermann), Alma Seidler (sa mère), Ellen Schwiers (la courtisane), Paula Wessely (la Foi), Kurt Heintel (la Mort), Heinrich Schweiger (le diable), Sonja Sutter (les Bonnes œuvres), Viktor Braun (le cuisinier), Helmut Janatsch (le voisin pauvre), Eduard Cossovelle (le concierge).
La pièce de Hugo von Hofmannsthal filmée au Festival de Salzbourg de juillet-août 1961, Gottfried Reinhardt, fils de Max, de retour de Hollywood, se contente de documenter fidèlement la mise en scène de son père, un grand spectacle en Eastmancolor destiné à l’exploitation en salle ; certaines scènes sont toutefois tournées à d’autres endroits de la ville que la traditionnelle place du dôme. La conception théâtrale de Max Reinhardt et les détails de sa mise en scène historique ont été reprises chaque année à Salzbourg de 1946 à 1968.
Christiane Hörbiger et Ernst Schröder dans le « Jedermann » dirigé par Leopold Lindtberg (1970).
1970(tv-th) Jedermann – Das Spiel vom Sterben des reichen Mannes (AT/DE) de Leopold Lindtberg (th) et Hermann Lanske (tv)
Salzburger Festspiele-Österreichischer Rundfunk (Wien)-Zweites Deutsches Fernsehen (ORF/ZDF 6.9.70), 95 min. – av. Eward Balser (le Seigneur), Ernst Schröder (Jedermann), Liselotte Schreiner (sa mère), Peter Arens (la Mort), Heinz Reincke (le diable), Christiane Hörbiger (la courtisane), Kurt Heintel (le bon compagnon), Hanns Obonya (le voisin pauvre), Sonja Sutter (la Foi). - Captation télévisée de la pièce de Hugo von Hofmannsthal mise en scène par le cinéaste austro-suisse Leopold Lindtberg (Die letzte Chance, 1945) et jouée au Festival de Salzbourg en été 1970.
Marthe Keller et Klaus Maria Brandauer dans « Jedermann » (1983).
1983(tv-th) Jedermann – Das Spiel vom Sterben des reichen Mannes (AT) de C. Rainer Ecke (vd) et Ernst Hauessermann (th)
Salzburger Festspiele-Österreichischer Rundfunk (Wien) (ORF 31.7.83), 105 min. – av. Klaus Maria Brandauer (Jedermann), Marthe Keller (la courtisane), Will Quadflieg (le Seigneur), Helmuth Lohner (le diable), Romuald Pekny (la Mort), Robert Werner (le cuisinier), Rudolf Wessely (le pauvre voisin), Sonja Sutter (la Foi), Marianne Nentwich (les Bonnes Œuvres). - Captation télévisée de la pièce de Hugo von Hofmannsthal jouée au Festival de Salzbourg en été 1983.