V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

7. ENTRE FANTAISIE, FANTASTIQUE ET HISTOIRE

L’univers magique du « Faust » de Friedrich Wilhelm Murnau (1926).

7.1. La légende de Faust

Faust a cédé son âme au diable contre une vie de savoir et de jeunesse sans limites, ne réalisant pas qu’il s’agit d’un marché de dupes. Les origines du protagoniste de ce récit fantastique remontent à la Renaissance allemande : un certain Dr. Georg Johann Faust, savant, astrologue et alchimiste de Württemberg (v. 1480-v. 1538), aurait étudié la magie noire à Cracovie, puis aurait parcouru l’Allemagne en défrayant la chronique par ses activités assez charlatanes (il prétendait accomplir des miracles supérieurs à ceux du Christ !). Luther et Mélanchthon le dénoncent publiquement comme « nécroman et sodomite ». En 1587 paraît Historia von Johann Fausten, dem weitbeschreyten Zauberer und Schwarzkünstler, un écrit anonyme qui, traduit en anglais, pousse le dramaturge élisabéthain Christopher Marlowe à concocter une première œuvre littéraire sur l’énigmatique personnage : The Tragical History of Doctor Faustus (1594), un fait divers fantasque situé à Wittenberg - et qui va devenir un mythe universel. Marlowe y mobilise le pape, l’empereur Charles Quint, Hélène de Troie, Alexandre le Grand, des allégories des sept péchés capitaux, Belzébuth, Lucifer et leur serviteur Méphisto(félès) qui traversent les longs monologues métaphysiques d’un savant vieillard cherchant à retrouver vigueur, pouvoir et séduction, un rêve de démiurge oscillant entre les incertitudes des savoirs de son temps et les vertiges de son imagination. Un conflit que l’on pourrait interpréter comme la transposition prométhéenne des aspirations de la Renaissance. Johann Wolfgang von Goethe s’inspire de Marlowe pour rédiger sa propre tragédie de Faust, plusieurs fois retravaillée (entre 1773, 1808 et 1832) et qui fixe définitivement les grandes lignes de la trame aujourd’hui mondialement connue en y introduisant les personnages de l’innocente Marguerite qui cède aux charmes du fieffé séducteur et tombe enceinte, de son frère Valentin qui meurt en voulant défendre son honneur, etc. (cf. à ce propos le synopsis du film de F. W. Murnau en 1926). Le chef-d’œuvre de Goethe bénéficie notamment d’une traduction française de Gérard de Nerval parue en 1828. L’influence de la pièce de Goethe se répercute chez Adalbert von Chamisso (1804), Alexandre Pouchkine (1825), Christian Dietrich Grabbe (1829), Nikolaus Lenau (Faust. Ein Gedicht, 1840), Heinrich Heine (1851) et Ivan Tourgueniev (la nouvelle Faust, 1856). Ces diverses fictions ont à leur tour inspiré la composition des opéras de Hector Berlioz (La Damnation de Faust, 1846), Charles Gounod (Faust, 1859, livret de Jules Barbier et Michel Carré), Arrigo Boïto (Mefistofele, 1868) et Ferruccio Busoni (1925), en plus d’une ouverture de concert de Richard Wagner (v. 1840) et d’une symphonie de Franz Liszt (1857). Rembrandt, Delacroix, Salvador Dali se sont chargés de l’iconographie.
Nota bene : Ne sont retenues que les mises en scène bénéficiant d’un décorum et de costumes médiévaux ou de la Renaissance. La liste de captations de théâtre et d’opéra n’est pas exhaustive.
1897Faust : Métamorphose de Faust et apparition de Marguerite suivi de Apparition de Méhistophélès (FR) de Georges Hatot
Établissements Frères Lumière (Lyon), catalogue no. 683, 2 x 15 m./2 min.
1897Le cabinet de Méphistopheles (FR) de Georges Méliès
Star Film (Montreuil) no. 118-120, 60 m.
1897Faust et Marguerite (FR) de Georges Méliès
Star Film (Montreuil) no. 138, 20 m. - av. Georges Méliès (Faust), Jeanne d'Alcy (Marguerite). – Une « scène à transformations » : le vieillard devient un jeune homme.
1898Faust and Mephistopheles (GB) de George Albert Smith
The George Albert Smith Films (G.A.S.), Brighton, 24 m./1 min. – Méphisto fait apparaître Marguerite et Faust accepte le pacte infernal qui le transforme en jeune homme.
1900Faust and Marguerite (US) d’Edwin S. Porter
Thomas A. Edison/Edison Manufacturing Company (Bronx Park, New York), 20 m./1 min. – Méphisto exige de Faust qu’il tue Marguerite ; comme Faust refuse, le diable la fait disparaître.
1903Faust aux enfers / La Damnation du docteur Faust (FR) de Georges Méliès
Star Film (Montreuil) no. 527-533, 145 m. (16 tableaux teintés), 9 min. - av. Georges Méliès (Faust), Jeanne d'Alcy (Marguerite). – « Fantaisie fantastique » en 15 tableaux inspirée par l’opéra d’Hector Berlioz : après la mort de Marguerite, Faust est emmené aux enfers, prétextes à trucages divers.
1903Faust et Méphistophélès (FR) d’Alice Guy
Société des Établissements L. Gaumont (Paris), 44 m./2 min. – Scènes de divers tableaux de l’opéra de Charles Gounod.
Faust tue Valentin dans « La Damnation du Docteur Faust » de Méliès (1904).
1904La Damnation du Docteur Faust (FR) de Georges Méliès
Star Film (Montreuil) nos. 562-574, 260 m./20 scènes/4 min. - av. Georges Méliès (Méphisto), Jeanne Calvière (Siebel). – Vingt scènes tirées de l’opéra de Charles Gounod.
1907Faust (GB) d’Arthur Gilbert
A.C. et R.C. Bromhead/Gaumont British Picture Corporation (London-Shepherd’s Bush), 22 scènes/66 min. - Vingt-deux extraits de l’opéra de Charles Gounod présentés avec le système Chronophone par la société subsidiaire de la Gaumont parisienne et présentés comme « the first complete opera with 22 arias ».
1907Serenata di Faust (IT)
Societá Italiana Pineschi/Fonoteatro Pineschi, Roma, 47 m. – La sérénade « Vous qui faites l’endormie » de Charles Gounod synchronisée par disque.
1908Faust ... à moi les plaisirs ! (FR)
Pathé Frères S.A. (Paris) no. 1649. – L’air de Charles Gounod sur disque (système Ciné-phono).
1908Margarete / Faust (DE)
Duskes Film-Fabriken (Berlin), 80 m. – av. Emmy Destinn (Marguerite), Paul Knüpfer (Faust), von Scheele-Müller, Karl Jörn. – Scène sonore d’après Charles Gounod.
1909Mephisto and the Maiden (US) de Francis Boggs
William Nicholas Selig/Selig Polyscope Company (Chicago), 900 ft. - av. Tom Santchi (Faust), Jean Ward (Marguerite), Harry Todd, James L. McGee. – Une production relativement ambitieuse pour l’époque, filmée dans les studios Polyscope de Jacksonville en Floride.
1909Faust (US) de James Searle Dawley et Edwin S. Porter (supervision)
Thomas A. Edison/Edison Manufacturing Company (Bronx Park, New York), 325 m./12 min. - av. William J. Sorelle (Mephisto), Laura Sawyer (Margerite).
1909Margarete / Faust (DE)
Deutsche Bioscop (Berlin), 65 m. – Scène d’après Charles Gounod.
Enrico Guazzoni aborde la Renaissance allemande avec son « Faust » de 1910.
1910Faust (IT) d’Enrico Guazzoni
Società Italiana Cines (Roma), 361 m./18 min. - av. Alfredo Bracci (Faust), Ugo Bazzini (Méphisto), Fernanda Negri-Pouget (Marguerite), Giuseppe Gambardella (Valentin). – La tragédie de Goethe filmée par le vétéran du muet italien Guazzoni, peintre et décorateur, pionnier dans le domaine des grandes reconstitutions historiques (Quo Vadis en 1913, etc.), dans les studios Cines de la Via Appia Nuova à Rome.
1910Faust (DE) de Franz Porten
Oskar Messter Film-Projektion GmbH, Berlin (Biophon Tonbilder), 1 bob./2 x 3 min. - av. Henny Porten (Marguerite), Franz Porten (Faust). – Deux extraits de Charles Gounod chantés sur disque par Sigrid Arnoldson et Johannes Sembach ; la future star du cinéma muet allemand est dirigée par son père, le pionnier Franz Porten.
1910Faust (GB) de David Barnett
Arthur Gilbert/Animatophone Syndicate (London), 10 min. – Divers extraits de Charles Gounod.
1911Faust (FR) d’Henri Andréani
Série Film d’Art Pathé Frères (SAPF, Paris) no. 3937, 605 m. coloré/18 min. - av. Ferdinand Zecca (Faust). – Adaptation colorée au pochoir du drame de Goethe par Georges Fagot et projeté avec la musique de Charles Gounod.
1911Faust et Marguerite (FR) de Jean Durand
Société des Établissements Louis Gaumont (Paris), 200 m. - av. Gaston Modot. – Une parodie de la pièce interprétée par Gaston Modot, ami de Picasso, Modigliani et Blaise Cendrars, et dirigée par Jean Durant, fondateur de la troupe des « Pouittes » qui pratique à l’écran le comique burlesque et l’absurde délirant.
1911Faust (GB) de Cecil Milton Hepworth
Hepworth Picture Plays (London), 15 min. - av. Hay Plumb (Faust), Claire Pridelle (Marguerite), Jack Hulcup (Méphisto), Frank Wilson (Valentin). – Des extraits de Charles Gounod filmés dans les studios de Walton-on-Thames et présentés avec le système Vivaphone.
Frantisek Krampera, un « Faust » autro-hongrois (1913).
1913Faust / Faust und Margarete (AT) de Stanislav Hlavsa
Antonin Pech/Kinofa (Prag), 8 min. - av. Frantisek Krampera (Faust), Stanislav Hlavsa (Méphisto), Marie Soukupova (Marguerite). – Faust réfléchit à la futilité de la vie et tente de s’empoisonner quand Méphisto lui offre l’elixir de jouvence… Une version austro-hongroise inspirée par Charles Gounod (1er acte), conçue par le peintre tchèque Hlavsa et filmée dans les studios du Palais Lucerna à Prague. Une tentative locale de film sonore, la projection étant accompagnée de la voix de Hlavsa qui se tenait à côté de l’écran et interprétait à la fois la partie de ténor (Faust) et celle de basse (Méphisto).
1913Faust and the Lily (US) de Dell Henderson
Biograph Company (New York), 5 min. – av. Edward Dillon (Faust), Charles Murray (Marguerite dite « the Lily »), Charles Hill Mailes (Méphisto), Gertrude Bambrick, Clarence Barr, W.C. Robinson. – Comédie burlesque dans laquelle Faust ridiculise Méphisto et épouse Marguerite.
1915The Devil to Pay (GB) de Edwin Joseph Collins
Martin Film (London), 190 m. - av. Jack Jarman (Faust). – Un vieil alchimiste retrouve la jeunesse grâce au diable.
1915Faust (US) de Edward Sloman
Sigmund Lubin/Lubin Film Manufacturing Company (Philadelphia), 2 bob./30 min. - av. Edward Sloman (Méphisto). – L’intrigue de l’opéra de Charles Gounod filmée à Coronado (Calif.).
1916[inachevé:] Faust (US) de George E. Middleton
J. Frank Hatch Enterprises-California Motion Picture Corporation (San Rafael). - av. William Pike (Faust), Beatriz Michelena (Marguerite). – Après la faillite de la société de production, la pellicule tournée est incorporée en 1919 dans le film The Price Woman Pays de George Terwilliger, dans lequel l’héroïne (Lois Wilson) revit le récit de Faust en rêve après l’avoir lu dans un livre.
1918Mefistofele e la leggenda di Faust (IT) de Mario Gargiulo
Mario Gargiulo, Ippolito Rasini/Flegrea Film (Roma), 65 min. – (Film annoncé mais peut-être non réalisé ?)
1922Faust (GB) de Challis Sanderson
George Pearson/Gaumont-British Picture Corporation, London (série « Tense Moments from Operas »), 365 m./15 min. - av. Dick Webb (Faust), Sylvia Caine (Marguerite), Lawford Davidson (Méphisto), Gordon Hopkin (Valentin), Minnie Rayner (Marthe). – Projeté avec la musique de Charles Gounod.
Marcel L’Herbier invente un univers d’avant-garde pour « Don Juan et Faust » (1922).
1922* Don Juan et Faust (FR) de Marcel L'Herbier
Marcel L’Herbier/Gaumont, « Série Pax », 2000 m./154 min. - av. Jaque Catelain (Don Juan de Manara), Vanni Marcoux (Faust), Marcelle Pradot (Doña Anna), Johanna Sutter (Doña Elvira), André Daven (Velazquez), Philippe Hériat (Wagner, valet de Faust), Michel Duran (Deo-Gracias), Jacques Lerner (Colochon, valet de Don Juan), Noémi Seize (Anita), Lise d’Ajac (la marquise de Goyana), Georges Deneubourg (le commandeur), Jeanne Cadix (jeune fille au balcon), Irène Derjane (Line Chaumont), Galip (l’aubergiste), Madeleine Geoffroy (Jacinthe), Claire Prélia (la duchesse Isabella), Cyril Hamsley et Raphane (les danseurs).
Des « aventures romanesques en deux parties » établies à partir de sources allemandes, la tragédie Don Juan und Faust de Christian Dietrich Grabbe (1829) et les Faust, ein Gedicht (1834) et Don Juan (1844) de Nikolaus Lenau, poète qui voit dans l’hidalgo la contrepartie sensuelle du docteur-philosophe allemand, le tout agrémenté d’un zeste du Don Juan de Tirso de Molina (1630) où le mythique Espagnol finit sa trajectoire amoureuse sous la bure d’un moine au couvent de la Caridad à Séville. Ignorant Molière comme Goethe, le film conte les destins du séducteur latin et du savant alchimiste inféodé à Satan qui se croisent pour le cœur de Doña Anna, dont Don Juan, adolescent timide, a accidentellement tué le père, le Commandeur de Castille. Faust, qui convoitait Anna, avait révélé l’idylle au père courroucé, fait enlever la belle avec la complicité de son terrifiant valet Wagner, puis enfermer sa victime dans un couvent. Anna repousse désormais Don Juan et celui-ci, devenant vicieux et débauché, décide de se venger de toutes les femmes. A la fin de sa vie, dégoûté, il se retire à son tour dans un monastère, fait sa confession publique et reçoit le baiser du pardon que lui donne une religieuse : Anna, son ancienne fiancée. Quant à Faust, obsédé par le désir de posséder une science inhumaine, il meurt misérablement, trahi et assassiné.
Avant d’être condamné à fabriquer des produits commerciaux, Marcel L’Herbier est une figure de proue de « l’impressionnisme français d’avant-garde », pratiquant à l’écran (muet) un raffinement esthétique extrême, marqué par le théâtre d’art - mais en contradiction totale avec le système dans et pour lequel le cinéaste travaille. Son film est servi par des images superbement composées, une abondance de recherches visuelles, des décors originaux, des costumes de Claude Autant-Lara (entre cubisme et Velázquez). Un film au coût exorbitant (650’000 francs), trop long, source de gros conflits avec la production et avec la censure (pour ses « effets de nudité »). Dans une de ses rares apparitions à l’écran, le fameux tragédien lyrique piémontais Vanni [Giovanni] Marcoux incarne le Faust goethéen (il chanta Méphisto dans le Faust de Gounod en 1903 déjà, puis le rôle-titre de Mefistofele d’Arrigo Boito en 1908, cette même année à l’Opéra Garnier de Paris de nouveau le Méphisto de Gounod, suivi en 1924 du démon dans La Damnation de Faust selon Berlioz). Le tournage difficile s’étire d’automne 1921 à janvier 1922 en Espagne (à Ségovie, autour de l’Alcazar et à l’église de San-Martín) – la presse madrilène attaque l’entreprise pour « offense à l’honneur espagnol » ! - puis dans les studios de La Villette à Paris, mais une fois en salle, Don Juan et Faust ne récupère que la moitié des fonds investis et provoque la rupture définitive de L’Herbier avec Léon Gaumont (avril 1922). Malgré les louanges du critique René Clair qui estime que le film « doit être vu si l’on veut savoir jusqu’où peut atteindre la beauté des images animées » (Comoedia illustré, oct. 1922), et le fait que le visionnement du film aurait incité le jeune Jean Renoir à se lancer dans le cinéma, L’Herbier estime que son œuvre a été « mutilée ». C’est ainsi qu’il fonde sa propre société, « Cinégraphic », premier atelier indépendant de création filmique qui produira notamment ses chefs-d’œuvre que sont L’Inhumaine (1924) et L’Argent d’après Zola (1928).
Une tentative française de film en relief : le « Faust » de Gérard Bourgeois.
1922Faust (FR) de Gérard Bourgeois
Société des Cinématographes Azur (Paris), 2000 m./72 min. - av. George Wague (Méphisto), Maurice Varny (Faust), Jeanne Leduc (Marguerite), Christine Kerf (Marthe), Albert Reusy (Valentin). - Une curiosité : un film en relief, photographié selon le procédé de César Parolini (Paris). Ce dernier a développé en collaboration avec L. W. Batifol un dispositif constitué d’écrans en étamine fixes ou mobiles qui permettent l’apparition ou la disparition de décors construits, voire des projections additives de scènes d’acteurs pré-filmées sur fond noir et autres animations multiples. Les extérieurs sont tournés en Alsace. Pionnier du cinéma d’origine genevoise, Bourgeois – actif depuis 1908 – a imposé en France la notion de long métrage (plus d’une heure de projection) et développé la profondeur de champ. Ce Faust quasi inconnu (et probablement perdu), tiré de la trame de l’opéra de Charles Gounod, est un des nombreux films en costume qu’il affectionnait, outre une longue série de feuilletons policiers.
1923Faust (GB) de Bertram Phillips
Bertram Phillips/Syncopated Picture Plays (London), 2 bob./580 m. - av. Jeff Barlow, Adeline Hayden Coffin, Tubby Phillips, Frank Stanmore, Queenie Thomas, Peter Upcher. – Comédie parodique du texte de Goethe.
1923[projet inabouti : Marguerite and Faust (US) d’Ernst Lubitsch; The Mary Pickford Company (Hollywood). – Premier film américain de Lubitsch prévu pour Mary Pickford, jusqu’au moment où la star réalise que son rôle n’est pas le principal à l’affiche, que Faust et Méphisto passent avant elle, et, pire, que Marguerite tue son enfant ! Lubitsch n’est pas enthousiaste, le projet est abandonné et on en reste à 327 m. (12 min.) de “screen tests” avec Charles King, Lester Cuneo, Francis McDonald, Frank Leigh et Lew Cody.]
1925La Damnation de Faust (FR) de Victor Charpentier et Stéphane Passet
Paris Film. - av. Gabriel Signoret, Maurice Escande, Mlle Sylvestre, Marcel Laporte et les Chanteurs et Chœurs de l’Opéra. – Une tentative peu documentée de film en 3D, un tournage en relief destiné à l’Europe centrale, d’après l’opéra d’Hector Berlioz. Victor Charpentier pourrait être le chef d’orchestre, frère du compositeur Gustave Charpentier.
1926*** Faust - eine deutsche Volkssage (Faust [une légende populaire allemande]) (DE) de Friedrich Wilhelm Murnau
Erich Pommer, Hans Neumann/Universum-Film AG (UFA), Berlin, 116 min. - av. Gösta Ekman (Faust), Emil Jannings (Méphisto), Camilla Horn (Marguerite), Frida Richard (sa mère), Wilhelm Dieterle (Valentin), Yvette Guilbert (Marthe Schwedtlein), Eric Barclay (le duc de Parme), Hanna Ralph (la duchesse de Parme), Werner Fuetterer (l’archange Gabriel), Hans Brausewetter (le valet de ferme), Lothar Müthel (un moine), Hans Rameau, Hertha von Walther, Emmy Wyda.
Un classique incontournable, follement ambitieux et aux images inoubliables dues au génie pictural de F. W. Murnau – c’est son dernier film allemand avant Hollywood - ainsi qu’aux as de la UFA. Le scénario signé Hans Kyser s’inspire à la fois de Goethe, de Marlowe, de Nikolaus Lenau, d’un texte de Ludwig Berger (Das verlorene Paradies) et bénéficie initialement même d’intertitres de l’auteur dramatique Gerhart Hauptmann. À ces sources littéraires, Murnau rajoute divers récits populaires pour capter l’essence-même de la légende. - Synopsis : Dans les nuées célestes, l’archange Gabriel dresse sa rayonnante figure contre Méphisto, tourmenteur de l’humanité avec la guerre, les maladies, la famine. Méphisto affirme que « la terre est sienne », se fait fort de triompher par ses maléfices chimériques de l’intelligence humaine et choisit comme victime le docteur Faust, vieil alchimiste célèbre par ses travaux et sa piété, un juste dont l’archange a vanté la vie exemplaire, preuve que la terre n’est pas totalement soumise au Mal. Or, impuissant à conjurer la peste que Méphisto a déchaînée sur le monde, Faust invoque le Prince des Ténèbres au moyen d’un ancien grimoire et par magie, l’épidémie est enrayée. Mais s’apercevant que Faust ne peut regarder la croix en face, les villageois se mettent à le lapider. Le savant vieillard s’enfuit, envisage le suicide, quand le démon l’entraîne à voyager sur un tapis volant – son manteau. Pendant vingt-quatre heures, il fait miroiter à sa future victime les merveilles et les jouissances terrestres qu’elle s’est toujours refusée. Pressé d’y goûter, Faust demande que lui soit rendue la jeunesse – fût-ce au prix de son âme. Marché conclu. Grâce à l’entreprise sournoise de Méphisto, qui est devenu son mentor, son serviteur et son bourreau, Faust arrive dans une petite ville où il séduit Marguerite, une pure jeune fille, alors que le diable distrait Marthe, sa voisine et confidente. Mais, averti par le démon, le frère de Marguerite, Valentin, s’interpose et provoque le séducteur en duel. Caché dans la coulisse, Méphisto lui porte le coup fatal. Valentin meurt en maudissant sa sœur qui est rejetée par tous, puis clouée au pilori. À Noël, seule, perdue dans la neige, elle essaie vainement de réchauffer son bébé mort. Des soldats l’accusant d’avoir tué son enfant, elle est condamnée au bûcher. Faust somme Méphisto de pouvoir la revoir dans sa cellule. Alors que Faust maudit sa jeunesse, le démon le retransforme en vieillard et c’est ainsi qu’il monte sur le bûcher avec sa bien-aimée. Marguerite le reconnaît, l’embrasse et il redevient jeune en mourant dans les flammes. Mais l’archange barre le passage à Méphisto au nom de l’Amour, mot qui annule son pacte infernal avec Faust et triomphe de tout.
Initialement, c’est Ludwig Berger qui devait réaliser le film, avec Conrad Veidt dans le rôle du diable. Mais Emil Jannings, l’ancienne vedette du théâtre reinhardtien devenue la star numéro un du cinéma allemand, s’impose et exige Murnau à la mise en scène (ce dernier vient de le diriger dans Der letzte Mann/Le Dernier des Hommes et Tartüff d’après Molière). Jannings connait bien le rôle, il a joué la pièce de Goethe en 1922 au Lessing Theater à Berlin. Murnau réunit le Suédois Gösta Ekman, bellâtre découvert par Victor Sjöström, la danseuse Camilla Horn (en remplacement de Leni Riefenstahl, puis de Lillian Gish qui s’est désistée), Wilhelm (William) Dieterle, futur réalisateur à Hollywood, et la chanteuse française du café-concert Yvette Guilbert. Le producteur Erich Pommer voyait plus grand encore, soit avec Greta Garbo et John Barrymore, grâce à une participation financière de la Metro-Goldwyn-Mayer. Mais même sans les Américains, le budget est imposant et inquiète la UFA, déjà sérieusement mise en difficulté par les surcoûts astronomiques du Metropolis de Fritz Lang. Le Faust de Murnau est toutefois destiné à devenir le monument cinématographique national des Allemands, ce qui vaut tous les sacrifices. Le tournage se fait de septembre 1925 à mai 1926 entièrement en studio, sur les terrains de l’Ufa-Atelier Berlin-Tempelhof où sont érigés les fascinants décors médiévaux de Robert Herlth et Walter Röhrig (tandem devenu célèbre grâce à Der müde Tod/Les Trois Lumières de Fritz Lang, 1921). À la caméra, le prestigieux chef opérateur Carl Hoffmann (Les Nibelungen de Lang, 1924). Le studio devient un centre d’expérimentation fermé, même le producteur n’y a pas accès. Visuellement, Murnau mobilise en une symphonie toutes les ressources du clair-obscur, entremêle les références picturales (Rembrandt, Vermeer, Gustave Doré, Böcklin, Friedrich, Delacroix, Mantegna), mais en particulier la peinture d’Albrecht Altdorfer (fin XVe s.) pour les paysages germaniques embrumés, le romantisme tardif d’un Wagner, des touches expressionnistes (l’architecture), le tout brassé par des spécialistes ès effets spéciaux sans pareil, avec maquettes en tous genres, surimpressions, caméra ultramobile, etc. L’ensemble est au service d’une imagerie au lyrisme morbide, tantôt tragique ou grotesque, mais où la frontière entre ombres et lumière est moins marquée que dans les films précédents, une ambiguïté censée matérialiser l’équilibre précaire entre forces du Bien et du Mal, et donc l’indécision de Faust qui veut l’un mais choisit l’autre. L’espace, souvent écrasé (intérieurs, rues sans ciel) traduit l’impossibilité d’une idylle innocente, engluant les personnages dans leurs vies comme dans un cauchemar. La fabrication en studio intensifie la sensation d’enfermement et d’inéluctabilité (les personnages sont prisonniers de leurs passions et du pacte démoniaque). Tout ici a valeur de signe ou de symbole, afin de dépeindre « l’affrontement de Dieu et du Diable, de la lumière et de l’obscurité, de l’homme et des forces occultes, grâce à une utilisation maximale des pouvoirs du cinéma » (Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma, Paris, 1992). Jean Mitry y voit « le chef-d’œuvre du cinéma de caractère fantastique et légendaire » - dont s’inspirera notamment Walt Disney pour son Fantasia en 1940 (séquence d’Une nuit sur le mont Chauve de Moussorgski).
1927Faust (GB) de H. B. Parkinson
Série « Cameo Operas » Cameo Operas), Song Films (London), 536 m./18 min. - av. Herbert Langley (Faust), A. B. Imeson (Méphisto), Margot Lees (Marguerite). – Chanteurs et orchestre jouent la partition de Charles Gounod derrière l’écran.
1931[La Terrible Aventure du docteur Faust (FR) de Max de Rieux ; Étoile Films (Paris), 21 min. – Animation : les marionnettes Guignol et Gnafron (Lyon) interprètent une parodie du mythe de Faust écrite par Albert Chanay et mise en musique par Pierre Revel. Un court métrage de Max de Rieux, réalisateur occasionnel de films, mais surtout acteur et metteur en scène d’opéra qui montera le Faust de Gounod à Paris en 1956 avec les décors de Georges Wakhevitch (Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux).]
1936Faust (GB) de Albert E. Hopkins
Fred A. Swann, Albert E. Hopkins/Publicity Pictures Productions-National Interest Picture Productions (London-Soho), 63 min. - av. Dennis Hoey (Mephisto), Webster Booth (Faust), Ann Zeigler (Marguerite), Tony Wild (Valentin), Peter Follis (Siebel). - L’opéra de Charles Gounod (en anglais) filmé en Spectracolor aux Bushey Studios (Hertfordshire), un désastre selon la critique de l’époque.
1947(tv-th) The Tragical History of Doctor Faustus (GB) de Stephen Harrison
BBC Television (BBC 22.6.47). – av. David King-Wood (Dr. Faustus), Hugh Griffith (Mephistophilis), Victor Lucas (Lucifer), Owen Holder (Wagner), Anthony Walman (le Bon Ange), John Arnold (le Mauvais Ange), John Warrington (Valdes), Gordon Davies (Cornelius), Barry Phelps et Antony Kearey (les étudiants), Peter Bennett (Robin), Morris Sweden (Dick), Owen Holder (Longueil), Peter Bull (la Cupidité), Barry Phelps (l’Envie), Antony Kearey (la Colère), Ronald Long (la Gloutonnerie), Alban Blakelock (la Paresse), Elizabeth Sellars (la Luxure), Ronald Long (le pape), Alan Robinson (le cardinal de Lorraine). – La pièce de Christopher Marlowe (cf. infra, film de 1967).
1948[projet inabouti : Marguerite et Faust (FR) de Jean Delannoy, scénario de Jean Cocteau et Georges Neveu, sur une idée de Cocteau, av. Jean Marais et Michèle Morgan dans les rôles principaux (février 1948)].
Carmine Gallone se plonge dans l’univers faustien en brassant Goethe, Gounod, Boito et Berlioz (1949).
1949La leggenda di Faust (Faust / Satan conduit le bal) (IT) de Carmine Gallone
Gregor Rabinovitch, William Szekely/Cineopera (Roma), 87 min. - av. Gino Mattera (Faust), Italo Tajo (Mephisto), Nelly Corradi [voix : Ornella Fieschi] (Marguerite), Cesare Barbetti [voix : Onofrio Scarfoglio] (Siebel), Thérèse Dorny (Marthe), Gilles Quéant (Valentin), Livia Venturini, Guglielmo Leoncini, Gualtiero Tumiati, Claudio Ermelli.
Féru de films de musique (Rigoletto, Il trovatore, Giuseppe Verdi, etc.), de mélos et de fresques spectaculaires (Les derniers jours de Pompéi en 1926, Scipion l’Africain en 1937), le vétéran Carmine Gallone, actif depuis 1913, fabrique un mélange conventionnel mais adroit – quoiqu’un peu désinvolte au goût des mélomanes ! – du Faust de Charles Gounod, du Mefistofele d’Arrigo Boito, de la Damnation de Faust d’Hector Berlioz et, enfin, accessoirement, de Goethe (scénario de Gallone et Léopold Marchand). L’entreprise surtout chantante, mais officiellement mise sur pied pour célébrer le bicentenaire de la naissance du grand poète allemand, est tournée dans les studios romains de Titanus-Farnesina avec l’appui de l’orchestre de l’Academia di Santa Cecilia. Un grand succès aux USA, où le film sort sous le titre de The Strange Life of Dr. Faust. – GB : Faust and the Devil.
1950[La Beauté du diable (FR) de René Clair, 97 min. - av. Michel Simon (Méphisto), Gérard Philipe (Faust), Nicole Besnard (Marguerite). - Contexte moderne situé au XIXe s. - National Board of Review Award 1952 du meilleur film étranger (New York).]
1955[Marguerite de la nuit / Margherita della notte (FR/IT) de Claude Autant-Lara, 125 min. - av. Michèle Morgan (Marguerite), Yves Montand (Léon, un dealer [Méphisto]), Jean-François Calvé (Faust). - Contexte moderne situé à Paris en 1925, avec le dernier descendant du prof. Faust.]
1957[Faustina (ES) de José Luis Sáenz de Heredia, 101 min. – av. Maria Félix (Faustina), Juan de Landa (Mephisto), Fernando Rey (Valentin), Fernando Fernán Gómez (Mogon). – Une adaptation féminisée du mythe de Faust (d’apr. l’opérette du cinéaste Si Fausto fuese Faustina), interprétée par la voluptueuse Mexicaine Maria Félix et se déroulant à Madrid au XXe s.]
1959(tv-th) The Tragical History of Doctor Faustus (GB) de Ronald Eyre
BBC Télévision (BBC 21.2.58). – av. William Squire (Doctor Faustus), James Maxwell (Mephistophilis), Richard Bebb (Chorus), Alex Scott (Lucifer), Felicity Young (Hélène de Troie), Alan Rowe, John Breslin, Emrys Leyshon (les étudiants). – La pièce de Christopher Marlowe (cf. infra, film de 1967).
1961(tv-th) Doctor Faustus – Part 1 & Part 2 (GB) de Ronald Eyre
BBC Television (BBC 7.+14.11.61). – av. Alan Dobie (Doctor Faustus), James Maxwell (Mephistophilis), Patrick Godfrey (Wagner), James Grout (Cornelius), Terence Lodge (Valdes), John Ringham (Chorus), Gréville Hallam et Adrian Brine (deux étudiants), Patrick O’Connell (Lucifer), Raymond Rollett (le pape), Terence Lodge (le cardinal/Valdes), James Grout (le duc de Vanholt/Cornelius), Freda Dowie (la duchesse de Vanholt), John Ringham (l’empereur), John Moore, Kitty Attwood. – La pièce de Christopher Marlowe (cf. infra, film de 1967).
Gustaf Gründgens, un Faust fascinant et théâtral (1960).
1960* Faust (DE) de Peter Gorski et Gustaf Gründgens (dir. artistique)
Ilse Kubaschewski, Walter Traut/KG Divina-Film GmbH & Co. (München)-Deutsches Schauspielhaus Hamburg, 128 min. - av. Will Quadflieg (Faust), Gustaf Gründgens (Méphisto), Ella Büchi. (Gretchen), Elisabeth Flickenschildt (Marthe), Hermann Schomberg (directeur du théâtre), Eduard Marks (Wagner), Max Eckard (Valentin), Uwe Friedrichsen (un élève), Heinz Reincke (Frosch), Hans Irle (Altmayer), Friedrich Georg Beckhaus (Brander), Karl-Heinz Wüpper (Siebel), Heidi Leupolt (Lieschen), Gustl Busch (la sorcière), Konrad Krauss (l’archange Raphaël), Karl-Heinz von Hassel (l’archange Michaël), Christian Rode (l’archange Gabriel), Renate Wegener (Meerkatze) et Dieter Wossidlo (Meerkater).
Le drame de Goethe sur grand écran, en Eastmancolor. Peter Gorski, fils adoptif et compagnon de Gründgens, se lance dans la réalisation en introduisant des effets de style, de perspective, de montage et une caméra très dynamique pour se distancier d’une simple captation, son mentor cherchant à trouver le juste milieu entre théâtre filmé et film pur sans ne jamais faire oublier les planches. La tentative séduit, même si elle ne convainc ni Gründgens ni sa vedette Quadflieg, intimidés par la caméra ; tous deux sont toutefois conscients que c’est là l’unique manière de retenir pour la postérité un travail artistique qui a fait date ; Gründgens a en effet joué ce rôle plus de 600 fois depuis 1930 avant de prendre la direction du Deutsches Schauspielhaus à Hambourg (de 1955 à 1963) et d’y mettre en scène le Faust en 1957, une création qui fera le tour du monde, des États-Unis à l’URSS. Tournage avec les décors et costumes du légendaire Teo Otto (Schauspielhaus Zürich) de fin mai à juillet 1960 dans les studios de la Real-Film et sur scène à Hambourg. Dans le laboratoire de Faust, une miniature de l’Atomium construit pour l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958 symbolise les « menaces diaboliques » du présent. Une réussite relative qui met pleinement en valeur la prose de Goethe et sera saluée unanimement par la critique et le public. Lauréat du Deutscher Filmpreis 1961 (meilleur film, meilleure direction artistique, meilleure réalisation). Aujourd’hui un document à valeur plutôt historique. (Nota bene : Klaus Mann, fils de Thomas Mann, qui a eu une liaison avec Gründgens en 1926, s’est inspiré de lui pour le personnage principal de son roman Mephisto (1936) qu’István Szabó a porté à l’écran en 1981 avec Klaus Maria Brandauer.)
1961(tv-mus) La Damnation de Faust (FR) de Henri Spade
(1e Ch. RTF 18.3.61). – av. Jane Rhodes (Marguerite), Guy Chauvet (Faust), Robert Gay, G. Serkoyan. – Captation de l’opéra de Hector Berlioz.
1961(tv-th) Doctor Faustus – Part 1 & Part 2 (GB) de Ronald Eyre
BBC Television (BBC 7.+14.11.61). – av. Alan Dobie (Doctor Faustus), James Maxwell (Mephistophilis), Patrick Godfrey (Wagner), James Grout (Cornelius), Terence Lodge (Valdes), John Ringham (Chorus), Gréville Hallam et Adrian Brine (deux étudiants), Patrick O’Connell (Lucifer), Raymond Rollett (le pape), Terence Lodge (le cardinal/Valdes), James Grout (le duc de Vanholt/Cornelius), Freda Dowie (la duchesse de Vanholt), John Ringham (l’empereur), John Moore, Kitty Attwood. – La pièce de Christopher Marlowe (cf. infra, film de 1967).
1966(tv) Don Juan et Faust (FR) d’Alain Boudet
ORTF (FR3 28.7.73). 29 min. - av. Raymond Jérôme (Don Juan), Luc Ponete (Docteur Faust), Jean Leuvrais (Méphisto), Geneviève Casile (Doña Anna), Michel Beaune (Octavio), André Weber (Leporello), Jean Galland (le gouverneur), Michel Nastorg (le tabellion). – Don Juan, séducteur impie et orgueilleux et Faust qui vendit son âme à Méphistophélès en échange de la satisfaction de ses désirs de puissance sont confrontés dans un duel amoureux : tous deux ont juré de posséder Doña Anna, la fiancée de Don Octavio. - La pièce en 3 actes de Christian Dietrich Grabbe (1829) adaptée par Jean-François Chabrun (cf. supra, film de 1922). Seul le deuxième acte est filmé en 1966 et diffusé en 1973.
1967[Bedazzled (Fantasmes) (US) de Stanley Donen. - av. Dudley Moore, Eleanor Bron, Peter Cook (le diable). - Version comédie moderne].
Richard Burton et Elizabeth Taylor, tandem hypermédiatisé au service de la tragédie de Christopher Marlowe (1967).
1967* Doctor Faustus (GB) de Richard Burton et Nevill Coghill
Richard Burton, Richard McWhorter/The Burton Production-Nassau Films-Oxford University Screen Productions-Venfilms-[Columbia Pictures], 93 min. - av. Richard Burton (Faust), Elizabeth Taylor (Hélène de Troie / la compagne d’Alexandre le Grand / la créature verdâtre [rôles muets]), Andreas Teuber (Méphisto), David McIntosh (Lucifer), Jeremy Eccles (Belzébub), Ian Marter (l’empereur), Elizabeth O’Donovan (l’impératrice), Ram Chopra (Valdes), Richard Carwardine (Cornelius), Patrick Barwise (Wagner), Michael Menaugh (le bon ange), Richard Durden (le mauvais ange), Gwydion Thomas (la luxure), Ian Marter (l’orgueil), Ambrose Coghill (l’avarice), Maria Aitken (la paresse), Valerie James (l’indolence), Nicholas Loukes (l’envie), Petronella (la gloutonnerie), Renzo Pevarello (la colère), Adrian Benjamin (le pape), Carolyn Bennit (une danseuse), Richard Heffer (un disciple), Anthony Kaufman (le professeur), Angus McIntosh (Rector Magnificus), Sebastian Walker (l’idiot), Jane Wilford (une nonne / dame de la Cour), Julian Wontness (un professeur), John Sandbach (le garçon).
Adaptation cinématographique de la pièce The Tragical History of Doctor Faustus (1594) de Christopher Marlowe. Synopsis : À l’université de Wittenberg, le très savant docteur Faustus est fêté par ses élèves, mais sa soif de savoir et de pouvoir reste inassouvie. Pour le prix de son âme, Méphisto lui offre la jeunesse avec vingt-quatre ans de jouissances et de voyages à travers le temps. Faustus participe à une grande bataille entre chevaliers avant d’être reçu par l’empereur (Charles Quint) devant qui il fait apparaître Alexandre le Grand et sa compagne, puis, se rendant à Rome chez le pape et ses cardinaux, il perturbe l’office religieux du conclave et saccage tout. Le diable lui présente les Sept Péchés Capitaux, lui montre Pénélope, la reine de Saba et, pour amuser ses étudiants, l’introduit auprès d’Hélène de Troie. Faustus en perd la tête, devient son amant, prend congé de ses étudiants et suit cette créature, à présent au visage verdâtre, jusqu’en enfer…
L’initiative du film remonte à la mise en scène de l’Oxford University Dramatic Society en 1966 à laquelle Richard Burton a participé. Ancien étudiant d’Oxford, la star propose de fixer le spectacle sur pellicule en 35mm et Technicolor avec l’aide de la troupe d’acteurs de l’université, et, dans un rôle muet, sa célébrissime épouse, Elizabeth Taylor. Le tournage a lieu à Rome de septembre à octobre 1966 dans les studios de Dino de Laurentiis ; Burton est assisté par son ex-mentor Nevil Coghill, metteur en scène et professeur de littérature anglaise à Oxford, aussi responsable du scénario. Il est bien entouré : les décors sont signés John DeCuir (Cleopatra de Mankiewicz), la musique Mario Nascimbene (The Vikings de Fleischer), quant aux images de Gábor Pogány, chef-opérateur de Mario Bava et Riccardo Freda, elles évoquent le climat fantastique de ces deux maîtres du genre. Afin de montrer la vision faustienne d’une chevalerie lancée au combat, Burton utilise des images du Henry V (1944) de Laurence Olivier. Une fois n’est pas coutume, le couple Taylor-Burton a sacrifié ses mirifiques cachets à l’intérêt du film, ce qu’il faut saluer. Mais ce Doctor Faustus, projet courageux, ambitieux et visuellement opulent s’il en est, de surcroit parlé en anglais archaïque, est férocement démonté par la critique anglophone et s’avère un lourd échec commercial (inédit en France). À redécouvrir.
1976(tv-mus) Faust (FR) de Jorge Lavelli (th) et Yves-André Hubert (tv)
Théâtre National de l’Opéra de Paris (A2 30.3.76), 159 min. – av. Nicolaï Gedda (Faust), Mirella Freni (Marguerite), Nicolaï Ghiaurov (Méphisto), Tom Krause (Valentin), Renée Auphan (Siebel), Jocelyne Taillon (Marthe), Jean-Louis Soumagnas (Wagner). – Captation de l’opéra de Charles Gounod.
1977(tv-th) Faust (IT) de Leandro Castellani
RAI (Rete 1 29+30.3.77), 57 + 75 min. – av. Tino Buazzelli (Dr. Faustus), Antonio Salines (Méphisto), Gastone Petrucci (Wagner), Nino Fuscagni et Romano Malaspina (des universitaires), Luisa Aluigi (Valdes), Elena De Merik (Cornelio), Sandro Dori (Rustico), Sergo Fiorentini (Lucifer), Renato Montalbano (l’empereur Charles Quint), Garé Vincenzi (le duc de Vanhoit), Manuela Morosini (la duchesse de Vanhoit). – Captation du drame de Christopher Marlow, cf. supra, film de 1968.
1978(tv-mus) La Damnation de Faust (FR) de Maté Rabinovsky (tv) et Louis Erlo (th)
ORTF-Opéra National de Lyon (FR3 16.9.78). – av. Guy Chauvet (Faust), Nadine Denize (Marguerite), Pierre Bianco (double de Faust), Alexandre Malta (Méphisto), Chantal Dupuy (double de Marguerite), André Mortamais (double de Méphisto). - Captation de l’opéra d’Hector Berlioz.
1980(vd-mus) Faust (US) d’Alberto Fassini
Lyric Opera of Chicago-Beta Film (tv 2.1.80), 139 min. – av. Mirella Freni (Marguerite), Nicolai Ghiaurov (Méphisto), Alfredo Kraus (Faust), Richard Stillwell (Valentin), Robert Wilbert (Wagner), Katherine Ciesinki (Siebel), Geraldine Decker (Marthe). – Captation de l’opéra de Charles Gounod.
1984[(tv) Faustus doktor boldogságos pokoljárása [L’Heureux voyage en enfer du Docteur Faustus] (HU) de Miklós Jancsó, pour Magyar Televizió Zrt., Budapest (2.1.-30.3.84, feuilleton de 10 épis.). - av. Dan Pero Manescu, Lajos Balázsovits, Ferenc Bencze, Ottilia Borbáth, Ferenc Bács, Andras Balint, Ildiko Bansagi, Iren Bodis, Erzsi Cserhalmi, Tamas Dunai, Gyorgy Emod. - Un feuilleton tiré du roman de László Gyurkó qui transpose le récit de Faust dans la Hongrie moderne.]
1984(tv-mus) Faust (FR) de Geoffroy de Mandiargues (tv) et Nicolas Joël (th)
Théâtre du Capitole, Toulouse (FR3 1.1.84). – av. Alberto Cupido (Faust), Diana Soviero (Marguerite), Pierre Thau (Méphisto), Fernand Dumont (Wagner), Denise Scharley (Marthe), Jean-Philippe Lafont (Valentin). - Captation de l’opéra de Charles Gounod.
1984(tv-mus) La Damnation de Faust (FR) de Yvon Gérault (tv) et Piero Faggioni (th)
ORTF-Opéra National de Lyon (A2 27.8.84). – av. David Rendall (Faust), Trudeliese Schmidt (Marguerite), Ruggero Raimondi (Méphisto), Jean-Marie Frémeau. - Captation de l’opéra d’Hector Berlioz.
1987/88[Faust (DE) de Dieter Dorn ; Bavaria Filmproduktion GmbH (München). – av. Helmut Griem (Faust), Romuald Pekny (Méphisto), Sunnyi Melles (Marguerite), Cornelia [Conny] Froboess (Marthe). - Captation cinématographique de la mise en scène de Dorn aux Kammerspiele de Munich, avec des apports et effets vidéo modernistes.]
1989(tv-mus) Mefistofele (IT) de Carlo Maestrini (th) et Tonino del Colle (tv)
Teatro Commuale di Firenze (RAI 5), 148 min. – av. Samuel Ramey (Méphisto), Alberto Cupido (Faust), Daniela Dessi (Marguerite), Laura Zannini (Marthe), Romano Emili (Wagner), Graciela von Gyldenfeldt (Hélène), Monica Tagliasacchi (Pantalis), Francesco Memeo (Nereo). - Captation de l’opéra d’Arrigo Boito.
1994[Lekce Faust / Faust / La légende de Faust (CS/GB/FR) de Jan Svankmajer, 97 min. - Athanor-Heart of Europe-Lumen Films-BBC Bristol-CNC Paris-Konick-Pandora Filmproduktion, 97 min. – av. Petr Cepek (Faust), Jan Kraus (Cornelius), Vladimir Kudla (Valdes), Antonin Zacpal (le vieillard), Jiri Suchy (Kaspar), Viktorie Knotková. – Un mélange original de Goethe, Marlowe et Kafka avec séquences animées, le tout filmé dans les vieilles rues de Prague. Une curiosité.]
2011[Faust (RU) d’Alexandre Sokourov, 134 min. – av. Johannes Zeiler (Faust), Anton Adasinsky (l’usurier [Méphisto]), Isolda Dychauk (Gretchen), George Friedrich (Wagner), Florian Brückner (Valentin). – Une interprétation dantesque de la légende se déroulant au début du XIXe siècle, tournée en allemand en Espagne et en Islande. Le drame, méditation sur la corruption du pouvoir, se vautre dans une atmosphère grise et jaune étouffante, peuplée de cadavres, de viscères où le Malin lui-même, prêteur de gages mi-homme, mi-animal, souffre d’ulcères purulents. Lion d’Or à Venise.]
2012(th-vd) Doctor Faustus (GB) de Matthew Dunster (th) et Ian Russell (tv)
Lotte Buchan/A Shakespeare Globe Production-Opus Arte (vd 24.10.12), 147 min. – av. Paul Hilton (Dr. Faustus), Arthur Darvill (Méphisto), Richard Clews (Dick / Frère Sandelo / l’envie), Nigel Cooke (Lucifer / le pape Adrian), Charlotte Broom (le mauvais ange), Michael Camp (le duc / Fredrick / cardinal de Padoue), Jonathan Cullen (Valdes / le pape Bruno / Carter / la gloutonnerie), Robert Goodale (Raymond / Cornelius), William Mannering (Benvolio / l’étudiant / le cardinal de France), Sarita Piotrowski (Hélène de Troie / l’orgueil), Beatriz Romilly (le bon ange), Felix Scott (Wagner / Charles Quint / la colère), Jade Williams (la duchesse), Chinna Wodu (Belzébub / Martino / l’archevêque de Reims), Pierce Quigley (Robin / Alexander), Iris Roberts (Lechery). – Captation de la pièce de Christopher Marlowe dans la mise en scène de 2011 (série « Globe on Screen »), avec Arthur Darvill, vedette de la très populaire série télévisée Doctor Who. - Cf. film de 1967.