V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

5. LA RÉFORME

5.1. Les pères du protestantisme

MARTIN LUTHER (1483-1546), théologien et professeur d’université allemand, initiateur du protestantisme et réformateur de l’Église dont les idées changeront le cours de la civilisation occidentale. Scandalisé par le commerce des indulgences instauré par un Vatican corrompu, il publie à Wittenberg ses 95 thèses (1517), ce qui lui vaut d’être excommunié et mis au ban du Saint-Empire par Charles Quint (diète de Worms). Jouissant de la protection du prince-électeur Frédéric III le Sage (Friedrich der Weise) de Saxe, il défie l’autorité papale en tenant la Bible (qu’il traduit en langue vernaculaire) pour seule source légitime d’autorité chrétienne.


ULRICH ZWINGLI (1484-1531), théologien suisse marqué par Érasme à Bâle, il s’oppose au mercenariat de ses compatriotes (qu’il a accompagnés comme aumônier à Marignan en 1515). Il est le principal artisan de la Réforme protestante à Zurich (1525/26), puis en Suisse alémanique. Il est tué sur le champ de bataille de Kappel par les troupes des cantons catholiques alors qu’il assiste blessés et mourants comme aumônier militaire.


JEAN CALVIN (Jehan Cauvin, 1509-1564), théologien, écrivain apologétique et polémiste français, rompt avec Rome vers 1530 et s’établit à Genève en 1541 où il impose une dictature ecclésiastique aux méthodes souvent cruelles (cf. l’exécution de Michel Servet en 1553 et diverses excommunications).

1911Doktor Martinus Luther (DE)
Deutsche Bioscope GmbH (Berlin), 600 m./18 tableaux.
1913Die Wittenberger Nachtigall (Martin Luther) (DE/AT) d’Erwin Báron
Erwin Báron/Rubin Film (Berlin-Wien), 2063 m./6 actes. - av. Rudolf Essek (Martin Luther), Margot von Hardt (Katharina von Bora-Luther), Ernst Wehlau (Philipp Melanchthon), Fritz Alten (Lucas Cranach), Erwin Báron (un voyageur), Jacques Morway (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Max Zilzer (Erasme de Rotterdam), Hans Lindegg (Hans Luther). Hugo Freitag (Georg Spalatin), Erwin Báron (un pelerin).
La vie de Luther (surnommé le "rossignol de Wittenberg"), de sa révolte contre le pape à son mariage avec Katharina von Bora. Plusieurs inexactitudes historiques: le métier du père de Luther (on le présente comme un ouvrier), Katharina aime son futur mari depuis sa tendre enfance, enfin la traduction allemande de la Bible à Wartburg est passée sous silence. Le film est interdit en Autriche parce que heurtant la sensibilité religieuse et aussi interdit pendant deux mois en Allemagne où les spectateurs jeunes sont exclus. Autres titres: Der Weg sur Sonne - Martin Luther (1920) et Doktor Martin Luther. Ein Lebensbild fürs deutsche Volk (1927).
1923Martin Luther - Der Kampf seines Lebens (DE) de Karl Wüstenhagen
Paul Krauss, Philipp Lothar-Mayring/Luther-Film GmbH (München), 1961 m./5 actes/86 min. - av. Karl Wüstenhagen (Martin Luther), Charlotte Krüger (Katharina von Bora-Luther), Elise Aulinger, Wilhelm Diegelmann, Viktor Gehring, Eugen Gura, Rudolf Hoch, Dary Holm, Raabe, Schwartze, Ulmer, Adolf [=Anton] Wohlbrück. – Une biographie tournée par le futur directeur du Deutsches Schauspielhaus à Hambourg, antisémite virulent (comme Luther vers la fin de sa vie…), dès 1933 membre actif du parti nazi et du Kampfbund für deutsche Kultur. On peut se demander ce qu’il trouvait à dire sur le réformateur, en dehors du fait que la traduction et l’impression de la Bible ont fixé la langue allemande dans tout le Reich… Le film est perdu, mais selon le script, l’archange Michel apparaît au réformateur pour l’encourager. - US: Martin Luther, His Life and Time (distribué par Lutheran Film Division).
1924/25Zwingli, épisode de Das Paradies Europas. Bild vom Schweizer Volk und seinen Bergen (DE/CH) de Walther Zürn
Nicholas Kaufmann, Karl Egghard, Eduard Probst/Universum-Film AG (UFA Kulturabteilung), Berlin-Pandora-Film AG (Bern), 2349 m. / 5 actes. - av. Otto Gebühr (Ulrich Zwingli). – Film à épisodes historiques sur la Suisse, scènes de reconstitutions tournées aux studios de la UFA à Berlin, extérieurs en Suisse (septembre 1924-printemps 1925). Épisode de l’an 1531: le réformateur zurichois Ulrich Zwingli avant la bataille de Kappel où il trouvera la mort.
Eugen Klöpfer en Martin Luther ultra-nationaliste (1928).
1927/28Luther. Ein Film der deutschen Reformation / Der Mönch von Wittenberg (CH : La Vie de Luther) (DE) de Hans Kyser et Uwe Jens Krafft (dir. technique)
Joseph Coböken/Cob-Film GmbH (Berlin), 8 actes/3308 m./83 min. - av. Eugen Klöpfer (Martin Luther), Theodor Loos (Philipp Melanchthon), Karl Elzer (Friedrich der Weise/Frédéric III le Sage, prince-électeur de Saxe), Max Maximilian (Hans Sachs), Max Grünberg (Albrecht Dürer), Rudolf Lettinger (Hans Luder, père de Luther), Elsa Wagner (Margrit Lindemann, mère de Luther), Livio C. Pavanelli (Alexius, ami de Luther), Heinz Salfner (cdt. Berlepsch), Mary Parker (le page), Karl Platen (frère Franziskus), Ferdinand von Alten (Karl von Miltitz), Leopold von Lederbur (Franz von Sickingen), Jakob Tiedtke (le prêtre dominicain Johann Dietz dit Tetzel), Alexander Murski (l’imprimeur Hans Luft), Ernst Rückert (le héraut impérial Caspar Sturm), Werner Schrott (Johann der Beständige), Bruno Kastner (Ulrich von Hutten), Hans Karl Müller (l’empereur Charles Quint / Karl V.), Hermann Valentin (Andreas Karlstadt), Georg Schmieter (Georg von Frundsberg), Max Schreck (Alexander), Hans Wassman (le chevalier voleur), Georg John (un mutilé).
La vie de Luther, de ses études à l’université d’Erfurt à son excommunication et sa mise au ban par Charles Quint, puis son refuge au château de Wartburg sous la protection de l’électeur de Saxe Frédéric III le Sage, où il traduit la Bible, la révolte des paysans et son intervention musclée à Wittenberg en 1522 pour y endiguer le saccage des églises. – Cette fresque au ton passablement agressif est financée par des dons privés grâce à l’association « Luther-Filmdenkmal. Zentralstelle für die Schaffung eines Lutherfilms » qui célèbre le réformateur comme le « héros allemand du protestantisme ». Le dramaturge Hans Kyser, scénariste du tout récent Faust de F. W. Murnau, est chargé du script et de la mise en scène, tandis qu’Eugen Klöpfer, carrure de taureau, vedette des classiques muets que sont Die Strasse/La Rue de Karl Grune et La nuit de la Saint-Sylvestre de Lupu Pick, incarne Luther (sans changer de maquillage : il a toujours 45 ans !). Le film est tourné en été-automne 1927 aux studios de la UFA à Berlin-Babelsberg en faisant appel aux trucages optiques d’Eugen Schüfftan. La critique applaudira en particulier l’imagerie, le travail de reconstitution et les décors signés par deux très grands artistes : Robert Herlth (Faust, Tartuffe, Der letzte Mann de F. W. Murnau) et Walter Röhrig (Le cabinet du Dr. Caligari de Robert Wiene, Der müde Tod de Fritz Lang, Der Schatz de G. W. Pabst) : la crème du cinéma germanique est au rendez-vous.
Mais en décembre 1927, l’avant-première du film à Nuremberg est chahutée suite à de violents affrontements entre des représentants catholiques et protestants. La Bavière est outrée. Le film, dont le ton est assez virulent et l’imagerie très dramatique, est d’abord interdit, puis autorisé du bout des lèvres (42 coupures ou modifications) avant de trouver un écho public moyennement favorable. La France le refuse en bloc, la Suisse – en particulier dans la « Rome protestante » qu’est Genève – lui fait un accueil aussi poli que discret (les milieux protestants sont peu cinéphiles…). Aux USA, le puissant Theodore Lamprecht, chef de la « Lutheran Laymen’s League of America », soutient sa distribution sur tout le continent par la société Reformation Films. En Grande-Bretagne, le British Board of Film Censors bannit le film pour ne pas blesser la minorité catholique (août 1929), incriminant en particulier la séquence où le dominicain Johann Tetzel double le prix de vente de ses indulgences à un militaire en échange du « pardon divin » pour ses péchés futurs, mais aussi les gros plans d’un hérétique agonisant sur le bûcher, la débauche dont Luther est témoin dans un monastère et, en général, la messe interprétée par des histrions de cinéma. Il y a encore mieux, car arrivé devant d’immenses escaliers à Rome, Luther est témoin d’un tableau digne de DeMille : tandis que les pèlerins l’escaladent à genoux, des soldats de la garde vaticane les écartent pour faire place à un déluge de dignitaires religieux, de nonnes, de moines, de jeunes filles en fleurs, enfin du pape lui-même, vautré sur un trône fellinien garni de plumes de paon.
En fait, ce Luther combattif – auquel apparaît l’archange Michael, chef de la milice céleste, dans sa cellule monastique ! - est stylisé en héros allemand national-conservateur (le scénario l’entoure d’idoles culturelles comme Albrecht Dürer, Ulrich von Hutten ou Hans Sachs), à la fois reflet du paysage perturbé de la République de Weimar et modèle patriotique pour une jeunesse en quête de sens après le désastre de la Grande Guerre. Mais Luther est aussi celui dont la traduction de l’Évangile va initier l’unification de la langue allemande dans tout le pays. Les troubles sociaux de Wittenberg en 1522 avec ses scènes de masse et ses destructions ressemblent à un putsch marxiste auquel le réformateur répond par une foi en un monde idéal. Enfin, le cinéma relève ici un des paradoxes fondamentaux du protestantisme qui cherche à se concentrer sur la parole et non l’image, alors que Luther lui-même, tel un « nouveau saint », a été l’objet iconique d’un nombre considérable de gravures et de tableaux qui ont marqué la Réformation à travers les siècles. Pas sûr qu’il aurait apprécié le film. - US: Luther ; Freedom.
1939® Das unsterbliche Herz (Cœur immortel) (DE) de Veit Harlan. - av. Bernhard Minetti (Martin Luther). – cf. supra, chap. 4.1.
1952[Der gehorsame Rebell (DE) de Curt Oertel, 82 min. – Documentaire sur Martin Luther.]
Niall MacGinnis campe un Luther à la fois crédible et persuasif dans le film d’Irving Pichel (1953).
1953** Martin Luther (US/[CA]/DE) d’Irving Pichel
Louis de Rochemont, Lothar Wolff/RD-DR Corporation (L. de Rochemont Associates, New York)-Lutheran Church Productions Inc. (New York & Ottawa)-Luther-Film GmbH (Stuttgart)-Matthias-Film gGmbH (Stuttgart), 104 min - av. Niall MacGinnis (Martin Luther), Guy Verney (Philipp Melanchton), Philip Leaver (le pape Léon X), Hans Lefèbre (l’empereur Charles Quint), Alexander Gauge (Johann Dietz, dit Tetzel), David Horne (l’électeur Frédéric III, duc de Saxe), John Ruddock (le vicaire Johann von Staupitz), Annette Carell (Katharina von Bora-Luther), Pierre Lefevre (Georg Spalatin), Alastair Hunter (Andreas Bodenstein), Irving Pichel (Georg Brück, l’avocat de Luther), Fred Johnson (le prieur), Egon Strohm (le cardinal Alexander, envoyé papal), Leonard White (envoyé), Heinz Piper (Dr. Johann von Eck), Ronald Adam (l’électeur Hans von Saxen), Jaspar von Oetzen (un chevalier), John Wiggin (narration).
Peut-être le meilleur film sur la matière, le plus documenté, le plus honnête, le moins agressif (et le premier « parlant ») : ni grandes scènes pompier, ni sexe, ni violences, ni immoralité facile, seulement des faits. On y restitue les étapes de la vie de Luther, de son entrée au monastère en 1505 jusqu’au Reichstag à Augsbourg en 1530, avec une certaine distance et un minimum d’entorses à l’Histoire. Le film – un succès public aussi inattendu que considérable compte tenu de la matière peu affriolante abordée (vente dans 27 pays, près de 60 millions de spectateurs sur le plan mondial, selon le Hollywood Reporter de 1956) – est une initiative de l’Eglise luthérienne d’Amérique et du Canada (six sponsors), en collaboration avec l’Église réformée allemande. Le producteur indépendant new-yorkais Louis de Rochemont, descendant d’Huguenots du New Hampshire, fondateur des actualités cinématographiques The March of Time, responsable de quelques films noirs à la 20th Century-Fox, de divers docu-fictions et du fameux dessin animé anticommuniste Animal Farm d’après George Orwell, s’allie à des sociétés cinématographiques d’obédience protestante en RFA, car il lui importe de tourner le plus près possible des lieux historiques. Le casting est majoritairement britannique (on filme en anglais), dominé, dans la bure de Luther, par le comédien et médecin irlandais catholique Niall MacGinnis, prestigieux confrère et ami de Laurence Olivier dans les pièces de Shakespeare sur scène (Old Vic) comme à l’écran (Henry V en 1944, Hamlet en 1948), enfin bien connu des amateurs du cinéma d’horreur pour son interprétation du terrifiant magicien noir dans Night of the Demon (Rendez-vous avec la peur) de Jacques Tourneur en 1957. Quant à la mise en scène, Louis de Rochemont la confie à son compatriote Irving Pichel, depuis 1930 acteur chez Sternberg, DeMille, Ford, Wyler, mais surtout réalisateur, apprécié lui aussi dans le genre fantastique & science-fiction : il débute en coréalisant avec Schoedsack les mythiques Chasses du comte Zaroff (The Most Dangerous Game) en 1932, puis signe en 1935 La Déesse de feu (She) d’après Rider Haggard, enfin et surtout, en 1949/50, Destination Moon qui anticipe très sérieusement le premier alunissage, décroche un Oscar pour ses effets spéciaux et influencera fortement Hergé pour son album On a marché sur la lune. Or Pichel, auteur aussi d'un film violemment antihitlérien (I Married a Nazi) tourné en mai 1940, soit avant l’entrée en guerre des USA, et qui se disait chrétien-socialiste d’origine juive, est depuis 1947 sous le feu des hyènes maccarthystes, faisant partie des « Hollywood Nineteen » soupçonnés d’être communistes et mis au ban des studios d’Hollywood. Placé sur une liste noire, Pichel tourne ainsi en RFA ce Martin Luther, son avant-dernier film (il décèdera une année plus tard), dans lequel il se réserve aussi le rôle de Georg Brück, l’avocat et conseiller personnel de Luther et du philosophe humaniste Mélanchthon. Un clin d’œil ?
Budgété à 500'000 $, le tournage se fait d’août à octobre 1952 en Allemagne de l’Ouest, car Wittenberg, Erfurt, Weimar et d’autres lieux historiques sont en Allemagne de l’Est communiste, donc inaccessibles (excepté pour un plan de l’extérieur du château de Wartbourg en Thuringe). On filme dans la région de Taunus et à Eltville (Hesse), aux abbayes de Maulbronn et d’Eberbach (Bade-Wurtemberg), à Rothenburg ob der Tauber (Bavière), puis en intérieurs à l’AFIFA-Filmstudio à Wiesbaden. Les décors en studio sont signés Fritz Maurischat (Le Cabinet des figures de cire de Paul Leni en 1924, Mädchen in Uniform de Leontine Sagan en 1931 et plusieurs films de Luis Trenker) tandis que l’image très soignée mais sans fioritures est due à Joseph C. Brun, un Franco-Américain qui a travaillé pour Nicholas Ray, Robert Siodmak et Howard Hawks. Photo et décors remporteront des nominations à l’Oscar.
Le scénario convoque toutes les étapes menant à la rupture avec Rome : la publication des 95 thèses à Wittemberg en 1517, la très dramatique diète de Worms en présence du jeune empereur (et roi des Espagnes) en 1521, l’enlèvement de Luther et sa vie cachée au château de la Wartburg en 1522 où il traduit la Bible en langue vernaculaire (activité qui lui vaudra le surnom de « rossignol allemand »), etc. Pichel tient à montrer qu’au départ, Luther ne recherchait à aucun moment une division de l’Église et apparaît plutôt comme un homme d’étude, un moine savant, un homme pieux en quête perpétuelle de rectitude face aux Saintes Écritures - tout en refusant de plier sa conscience à l’arbitraire d’un individu ou d’une institution. C’est son opposition aux trafics d’indulgences mises sur pied par les papes Médicis Jules II et Léon X (« marchands d’éternité »), une opération destinée à financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, qui met le feu aux poudres et c’est enfin son excommunion et sa mise au ban de l’Empire qui consomment la rupture. (Le marketing du film ne s’encombre pas de ces nuances et présente Luther comme « un homme qui cherchait à se libérer de la tyrannie religieuse » !). L’insistance sur les débats avec le Vatican permet de passer comme chat sur braise sur la prise de position du réformateur pendant les guerres paysannes de 1524/25 (qu’il condamne) et ses virulents discours anti-juifs après 1535 (car les juifs allemands refusaient de se convertir...). Le film s’achève avec le mariage de Luther et la diète d’Augsbourg où les princes électeurs de Brandebourg, de Saxe, le landgrave de Hesse et diverses villes impériales confirment – par intérêt, rouerie ou conviction - la liberté de conscience protestante selon les principes luthériens formulés par Melanchthon et qui trouvent un soutien populaire assez large en terre allemande. Face aux nouveaux périls qui menacent (car les Turcs marchent sur Vienne), Charles Quint préfère ne pas diviser le Saint-Empire et ferme les yeux : la Réforme est sauvée par les Ottomans !
L’organisation catholique américaine The Knights of Columbus s’étrangle de colère dans la presse, alors que la redoutable National Catholic Legion of Decency renonce à condamner film et le classe dans une catégorie « visible pour des catholiques matures et érudits en histoire ». La Ligue catholique au Québec, le Pérou et les Philippines l’interdisent. Comme il est projeté hors concours au Marché de la Biennale de Venise en 1954, l’historien franquiste Carlos Fernándo Cuenca, fondateur de la Filmoteca española, salue ce « premier film religieux américain d’inspiration ouvertement protestante pour son approche assez impartiale des faits, en se basant sur une documentation solide qui n’exclut pas le camp catholique – même si beaucoup de catholiques pourront se sentir offensés par la représentation du pape et de ses prélats » (Cine Religioso. Filmografia critica, Madrid, 1960, p. 297). La Cinématographie française remarque que le film « n’est évidemment pas tendre pour les ‘papistes’, sans mauvaise foi cependant » (…), s’agissant d’une « biographie réalisée avec beaucoup de sincérité et un goût certain pour les belles images » (1.9.56). La Legion of Decency, code moral de l’industrie du cinéma américain - discrètement en mains catholiques - n’intervient pas, de crainte de s’aliéner tous les protestants du continent, mais des publications intégristes au vitriol telles que The Wanderer (Minnesota) ou Tidings (Los Angeles) se déchaînent contre un « film mensonger » fabriqué par des « sympathisants communistes » à la solde de Moscou, car comme Pichel, le scénariste Allan E. Sloane figure sur la « liste noire » de McCarthy. Cette polémique nauséabonde contribuera à décrédibiliser la censure du Code Hays sur le plan national, déjà malmenée par les audaces des films récents d’Elia Kazan et d’Otto Preminger (cf. Gregory D. Black, The Catholic Crusade against the Movies, Cambridge University Press, 1998, pp. 129-132). Quant au film de Pichel, il ne récolte pas moins de 3 millions de dollars aux USA, soit le sextuple de ses coûts de production, et la 20th Century-Fox le distribue hors-frontières (en plus d’une vente de 5000 copies 16mm aux écoles et paroisses). The National Board of Review et les critiques du New York Times, dont le redoutable Bosley Crowther (10.9.53), placent Martin Luther sur leurs listes des dix « Best American Films » de l’année tandis que Variety parle de « an artistic performance of its kind » et relève la magnifique prestation de Niall MacGinnis (13.5.53), sans effets de manche ni déclamations. Ce dernier prêtera du reste encore sa voix au réformateur allemand plus d’une décennie plus tard dans le documentaire Meeting Point : The World of Martin Luther de Robert E. A. Lee pour BBC One (22.10.67). Enfin, dans leur incontournable 50 ans de cinéma américain, Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon rappellent qu’à Paris « ce film relativement obscur (…), tentative très ambitieuse et quasi unique qui ne faisait aucune concession au star-system (…), sortit au cinéma d’essai Caumartin et eut les honneurs d’une longue chronique de Georges Sadoul, chose rare à l’époque pour un cinéaste américain » (p. 768). Membre actif du PCF comme son ami Aragon, sans doute fit-il une lecture étroitement idéologique du film (projeté en version originale sous-titrée).
1964/65(tv) Der arme Mann Luther (DE/CH) de Franz Peter Wirth
Bavaria Atelelier GmbH (München)-Westdeutscher Rundfunk (WDR Köln) (ARD-DRS 21.1.65), 114 min. - av. Hans Dieter Zeidler (Martin Luther), Hannes Messemer (Johann Diez, dit Tetzel), Ernst-Fritz Fürbringer (l’empereur Charles Quint), Paul Hoffmann (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Margarete Carl (Katharina von Bora-Luther), Hans Mahnke (le père de Luther), Lina Carstens (la mère de Luther), Heinz Baumann (Ulrich von Hutten), Claus Clausen (Erasmus von Rotterdam), Herbert Steiniger (le pape Léon X), Lothar Ostermann (Thomas Müntzer), Robert Mayen (le vicaire Johann von Staupitz), Hans Bauer (Andreas Karlstadt), Hans Karte (le cordonnier), Ludwig Anschütz (le prieur), Norbert Kappen (le prédicateur).
Sur son lit de mort, Luther revoit les étapes capitales de sa vie et rêve qu’un moine catholique tente de lui faire renier ses convictions religieuses. D’autres personnes de son passé surgissent à tour de rôle, applaudissant son action ou souhaitant qu’il regrette ses actes et se soumette au pape. À la fin du film, le réformateur décède sans s’être rétracté. - Un drame télévisuel de l’auteur munichois Leopold Ahlsen (d’après sa pièce radiophonique), enregistré dans les studios de la Bavaria à Geiselgasteig et transformé en pièce de théâtre en 1967. Pour le petit écran, Ahlsen s’est spécialisé dans la littérature d’après-guerre (Riccarda Huch, Sansibar d’Alfred Andersch) et la fresque historique (Freiherr von der Trenck ou Wallenstein également réalisé par F. P. Wirth).
1965(tv-th) Luther (GB) d’Alan Cooke
Cedric Messina/« BBC Play of the Month » (BBC One 19.10.65). – av. Alec McCowen (Martin Luther), Etain O’Dell (Katharina von Bora, son épouse), Geoffrey Bayldon (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Patrick Magee (Johann Dietz dit Tetzel), James Cairncross (un prieur), Jerold Wells (Hans Luther, père de Martin), Gerry Duggan (Lucas), Philip Stone (frère Weinand), Charles Carson (Johann von Staupitz), William Ingram (Karl von Miltitz), Tom Criddle (Leo), Fulton MacKay (Johann von Eck), Ray Barrett (un chevalier), Douglas Ditta, Peter Purves, Darroll Richards, Rex Robinson.
Synopsis : Les années de 1505 à 1525, de son ordination au monastère de St. Augustin à Erfurt à son mariage avec Katharina von Bora. Luther vient de célébrer sa première messe. Troublé, il est resté sans voix au moment le plus important de la cérémonie. Pour son père, Hans, cette journée est celle d’un deuil. Il vient de perdre un fils érudit qui aurait pu devenir chancelier : pour lui, entrer en religion, c‘est s’enfermer vivant dans un tombeau. Les deux hommes se séparent déçus l’un de l’autre. En 1517, Luther s’insurge contre la pratique scandaleuse des indulgences instaurée par le pape Léon X et défendue par Johann Tetzel à Jüterborg ; au Palais Fugger à Augsbourg en 1518, le légat papal Cajetan met Luther en garde, à Magliana en 1519 le pape Léon X le menace d’excommunion, à Wittenberg en 1520 Luther rompt avec l’Église romaine catholique et engage un débat théologique public avec Johann von Eck à la diète de Worms en 1921. En 1525 puis en 1530 à Wittenberg, Luther, qui s’est marié, désapprouve les révoltes paysannes et reçoit les reproches de son ancien ami Johann von Staupitz qui lui reproche de s’est allié avec les puissants contre les paysans. - La pièce en 3 actes de John Osborne filmée dans les studios de la BBC (Television Center de Shepherd’s Bush à Londres). Elle a été créée en 1961 au Théâtre royal de Nottingham (Tony Award de la meilleur pièce 1964) avec Albert Finney dans le rôle-titre (239 représentations). Aux USA, la première eut lieu le 25.9.1963 au St. James Theater à New York.
1967® (tv-th) La Guerre des Paysans (FR) de Pierre Badel (tv) et José Valverde (th). – av. José Valverde (Martin Luther). – cf. 5.2.
1968(tv-th) Luther (US/GB) de Stuart Burge
Michael Style, Travor Wallace, Bill Murphy/American Broadcasting Company (ABC)-Intertel Television (ABC 29.1.68 / BBC Two 21.12.68), 77 min. - av. Robert Shaw (Martin Luther), Robert Morley (le pape Léon X), Ronald Fraser (Johann Dietz dit Tetzel), Max Adrian (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Kenneth J. Warren (Hans Luther, le père de Martin), Bernard Kay (frère Weinand), William Marlowe (le chevalier), Reginald Barratt (Lucas), Robert Shaw Jr. (le fils de Luther), Yootha Joyce (Katharina Luther-von Bora), John Byron (Johann von Eck), Alexander Davion (Karl von Miltitz), André Van Gyseghem (le prieur). – Robert Shaw dans la pièce de John Osborne adaptée pour la télévision américaine par Robert Furnival (cf. supra, 1965).
1968(tv) Der Reformator (DE) de Rudolf Jugert
Zweites Deutsches Fernsehen (Mainz) (ZDF 31.10.68), 105 min. – av. Christian Rode (Martin Luther), Hermann Schomberg (Frédéric III duc de Saxe), Ernst Fritz Fürbringer (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Lukas Ammann (Urbanus von Serralonga), Dieter Borsche (Dr. Johannes Eck), Dieter Wagner (Johann Dietz dit Tetzel), Wolfgang Hahn (Philipp Melanchthon), Konrad Halver (l’empereur Charles Quint), Andrea Dahmen (Katharina von Bora, épouse de Luther), Herbert A. Knippenberg (le duc George), Henning Schlüter (Johann von Staupitz), Josef Fröhlich (Amsdorf), Friedrich Schütter (Andreas Karlstadt), Jürgen Stössinger (Georg Spalatin), Tilo von Berlepsch (commandant de Berlepsch), Hans Schellbach (chef des lansquenets), Otto Wenker (l’évêque de Worms), Edgar Maschmann (le conseiller ducal).
Ancien assistant de Helmut Käutner, pacifiste ayant refusé toute compromission avec le Troisième Reich, Rudolf Jugert devient une des valeurs sûres du cinéma de la RFA en s’attaquant avec intelligence à des sujets délicats (Die Wahrheit über Rosmarie, 1959) et, ici, à un scénario de Günther Sawatzki.
1969® Michael Kohlhaas - der Rebell (Michael Kohlhaas le rebelle) (DE/US) de Volker Schlöndorff. – av. Thomas Holtzmann (Martin Luther). - Cf. chap. 5.2.
1969® (tv) Michael Kohlhaas (DE) télésérie de Wolf Vollmar. – av. Alfred Schieske (Martin Luther). – Cf. chap. 5.2.
1970® (tv) Denn ich sah eine neue Erde (DE-RDA) de Wolf-Dieter Panse et Peter Deutsch. – av. Wolfgang Dehler (Martin Luther). – cf. chap. 5.2.
Servet (Michel Cassagne) exécuté cruellement sur ordre de Calvin (Maurice Garrel) dans le téléfilm de Claude Goretta.
1975** (tv) Passion et mort de Michel Servet (CH/FR) de Claude Goretta
Maurice Huelin/Télévision Suisse-Romande-France 3 (TSR-FR3 17.5.75), 86 min. - av. Michel Cassagne (Michel Servet, alias Michel de Villeneuve), Maurice Garrel (Jean Calvin), Adrien Nicati (Guillaume Farel), Roger Jendly (le chroniqueur de Servet), François Germond (Nicolas de la Fontaine), Bernard Arczynski (le syndic Darlod), Jean-Christophe Malan (Guillaume de Trie), Daniel Fillion (l’Église de Schaffouse), Paul Pasquier (l’Église de Zurich), Jean Bard (l’Église de Berne), Marcel Vidal (l’Église de Bâle), Richard Vachoux (l’historien), Roland Sassi (le procureur), Arthur Grosjean (le bourreau), Jacques Denis (le chroniqueur de Calvin), Maurice Aufair (l’Accusation), Gilbert Costa (le seigneur-lieutenant).
Genève, le 27 octobre 1553: Jean Calvin fait exécuter son ancien ami Servet pour hérésie. - Le médecin et théologien espagnol Michel Servet alias Miguel Serveto y Conesa (1511-1553) est accusé d’hérésie par les églises catholique et réformée. Niant le dogme de la Trinité, prônant le retour à une foi primitive proche de l’arianisme, il a dénoncé les erreurs du pape et de Jean Calvin dans la Restitution du christianisme (1553). Arrêté à Genève, d’où il essayait de gagner Naples après s’être échappé des geôles de Vienne (Dauphiné), il est condamné au bûcher le 28 octobre 1553 dans la cité de Calvin. Quatre mois plus tôt, son effigie a été brûlée par les catholiques. Son procès est présenté sur deux plans narratifs, sans décors : son déroulement, mettant aux prises Calvin et Servet, et son commentaire par trois personnages contemporains : un historien qui en analyse rétrospectivement les diverses phases, et deux chroniqueurs en complet-cravate qui se font les avocats de chacun des deux hommes. S’ajoute un chœur qui, à la manière antique, ponctue certains passages. Se basant sur le scénario et les recherches de l’écrivain Georges Haldas, le cinéaste genevois Claude Goretta, auteur du remarquable L’Invitation (1973), ici aussi co-scénariste, prône une approche stylisée de ce « meurtre judiciaire », sans décors et loin de tout pittoresque : « C’est une analyse d’idées. J’évite le côté fouineur, psychologique de la caméra. Les chroniqueurs s’affrontent comme souvent les avocats d’un procès, alors que les accusés demeurent impassibles, à l’arrière-plan » (24 heures 29.3.75). Tourné en avril 1975, son téléfilm obtient le Prix Louis-Philippe Kammans 1975 de la communauté des télévisions francophones (Canada), tandis qu’Haldas publie un livre du même titre à l’Âge d’Homme (Lausanne, 1975). Selon ce dernier, Calvin, « qui n’a pas assisté au supplice de sa victime a néanmoins écrit dans sa Déclaration une page qui « par sa froideur, son cynisme, son mépris humain, achève, pour ainsi dire, l’autoportrait du Réformateur. Tout en faisant voir comment la défense, sur le plan intellectuel, du plus noble idéal, peut dissimuler parfois la fange psychique ». La dénonciation de Servet par Calvin, entachée d’une choquante cruauté, reste très dérangeante pour l’Église réformée et un embarras persistant pour les autorités genevoises. - Pour plus de détails sur le sujet, cf. infra les téléfilms hongrois Csillag a máglyán/L’étoile sur le bûcher (1978) et l’espagnol Miguel Servet – La sangre y la ceniza (1989).
1974 [sortie GB: 1976]Luther / John Osborne’s Luther (US/GB/CA) de Guy Green
Ely A. Landau, Mort Abrahams, Henry T. Weinstein pour « The American Film Theatre »/American Express Films, Inc. (New York)-The Ely Landau Organization, Inc. (London)-Cinévision Limitée (Montréal) (BBC Two 2.11.85), 112 min. - av. Stacy Keach (Martin Luther), Patrick Magee (Hans Luther), Hugh Griffith (Johann Dietz dit Tetzel), Malcolm Stoddard (l’empereur Charles Quint), Bruce Carstairs (Frédéric III, duc de Saxe), Judi Dench (Katharina von Bora-Luther), Alan Badel (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Robert Stephens (Johann von Eck), Leonard Rossiter (frère Weinand), Maurice Denham (Johann von Staupitz), Tom Baker (le pape Léon X), Matthew Guinness (le moine qui lit).
La pièce à succès de John Osborne (1961) qui insiste sur l’itinéraire spirituel de Luther (cf. téléfilms de 1965, 1968 et 1985). Un projet cinématographique initialement envisagé à la Metro-Goldwyn-Mayer par Richard Fleischer, avec George C. Scott en Luther (1971/72). Peu après, The American Film Theatre (AFT) annonce sa propre version, adaptée pour le cinéma par Edward Anhalt. Le cinéaste britannique Guy Green, ancien chef-opérateur de David Lean (4 films dont Oliver Twist en 1948) et de Raoul Walsh, confie le rôle-titre au seul Américain du lot, Stacy Keach (récemment vu dans Fat City et The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston). Le tournage s’opère en Eastmancolor d’octobre à décembre 1972 aux studios de Shepperton (London, Surrey). Sortie à Cleveland, Ohio en 1974 (distribué par The American Film Theatre), puis en 1976 en Grande Bretagne.
1977® (tv-th) Luther Márton és Münzer Tamás [Martin Luther et Thomas Müntzer] (HU) d’Imre Mihályfi. – av. Péter Haumann (Martin Luther). – Cf. chap. 5.2.
1978® (tv) Ursula (CH/DE-RDA) d’Egon Günther. – av. Mathias Habich (Ulrich Zwingli). – Cf. chap. 5.2.
1978(tv-th) Csillag a máglyán [L'Étoile sur le bûcher] (HU) d’Ottó Adám
Budapest Filmstúdió Mafilm, 101 min. - av. István Sztankay (Jean Calvin), Péter Huszti (Michel Servet [Miguel Serveto y Conesa]), István Avar (Nicolas de la Fontaine), László Mensáros (l’inquisiteur), Ila Schütz (Veronika), Lajos Öze (Guillaume Farel, secrétaire d’État), Péter Haumann (Perignol), Ferenc Némethy (Étienne), Ernö Szénási (M. de la Court), Imre Sinkovits, György Miklósy, Oszkár Gáti, Ildikó Pécsi, László Mensáros.
Synopsis : Le réformateur genevois Jean Calvin et le médecin d’origine espagnole Michel Servet sont à Paris où l’on fête le Recteur Copus sans savoir que le véritable auteur de son discours incendiaire est Calvin. L’Inquisition arrête Calvin malgré les efforts de Servet pour le sauver. Vingt ans plus tard, Servet passe à son tour devant le Tribunal de l’Inquisition pour répondre de son ouvrage La Restitution du christianisme et son prétendu « panthéisme mystique », des accusations proférées à son égard qui sont soutenues par les lettres de Servet à Calvin. Servet est condamné au bûcher, mais grâce à la complicité du secrétaire de l’archevêché, il parvient à s’évader et se réfugie à Genève. Servet ne veut pas croire que c’est son ancien ami qui a fourni ses lettres à l’Inquisition. Calvin lui demande de quitter la ville, car Servet est devenu le chef spirituel des « Libertins » au Conseil des Deux-Cents, hostiles au rigorisme ambiant et qui mettraient en danger la République de Genève. Luttant contre des ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur, Calvin se voit contraint de livrer Servet, et cherche à le faire se dédire de ses thèses. Un débat libre devrait avoir lieu en public à l’église, mais Servet est retenu en prison par Guillaume Farel, le fanatique secrétaire d’État qui préside le tribunal. En octobre 1553, Servet est brûlé vif avec son livre dans le pré du Champel. - Mise en scène de la pièce du Roumain établi à Bucarest András Sütó (1974), un des principaux écrivains de langue hongroise du XXe siècle. Quoique communiste engagé, il est hostile à la collectivisation forcée et au régime de Ceausescu qui fait interdire toutes ses œuvres. - Cf. aussi Passion et mort de Michel Servet (1975) et Miguel Servet – La sangre y la ceniza (1989).
1981(tv) Frère Martin - 1. La Justice de Dieu - 2. La Justice du Pape / Bruder Martin (FR/DE/CA) de Jean Delannoy
Claude Désiré/TF1 (Paris)-Société française de production (SFP Bry-sur-Marne)-Taurus Film GmbH (München)-Bayerischer Rundfunk (München) (TF1 8+10.1.81; ARD/BR 9+13.11.83), 2 x 90 min. - av. Bernard Lincot (Martin Luther), Philippe Clay (Johann Dietz dit Tetzel), Raymond Gérome (le duc Frédéric III de Saxe), Philippe Villiers (l’empereur Charles Quint), Zoltán Gera (le pape Léon X), Georges Wilson (le vicaire Johann de Staupitz), Károly Bicskey (Hans Luther), Franck Cabot-David (Bernard), Michel Creton (frère Guillaume), Philippe Desboeufs (le président du tribunal), Joëlle Fossier (Marguerite), René Morard (l’imprimeur), Zoltán Gera, Ferenc Némethy, Lajos Mezey, Jenä Horvath.
Luther à ses débuts comme moine augustin et docteur en théologie à Wittenberg. Réformateur condamné par Rome, il échappe de justesse au sort fatal que connut de Jan Hus, lorsqu’il comparaît devant Charles Quint, jeune empereur de 19 ans qui préside la diète de Worms en 1521. Charles-Quint le sauve du bûcher par crainte de plonger l’Allemagne dans la révolution en le condamnant. Protestant actif et pratiquant, Jean Delannoy, jadis une des gloires du cinéma national, a des préoccupations spirituelles constantes (cf. La Symphonie pastorale d’après Gide, Palme d’or à Cannes 1946). Il n’est toutefois pas intéressé par le Luther plus tardif, marié à une religieuse, obèse et buveur de bière, mais par le processus moral qui se développe dans l’âme du jeune moine profondément religieux. Le cinéaste cherche à montrer « la façon dont les nécessités intérieures naissent et progressent à l’intérieur des âmes. Luther s’est toujours défendu d’avoir voulu bouleverser la religion. « Jamais je ne sortirai de l’église ! » a-t-il dit. Il en a pourtant créé une autre. » (Jean Delannoy, Institut Jacques Prévert, Aulnay-sous-Bois, 1985, p. 80). Delannoy travaille à son projet sur Luther depuis 30 ans : le scénario, conçu pour un long métrage de cinéma, est rédigé en 1952 déjà, en collaboration avec Alexandre Astruc et Roland Laudenbach. Henri Lavorel est à la production – on envisage alors une participation de l’Église luthérienne d’Amérique - et Pierre Fresnay, spécialisé dans les rôles édifiants, est prévu pour le rôle-titre, lui qui a campé saint Vincent de Paul dans Monsieur Vincent en 1947 et que Delannoy a déguisé en pêcheur sacristain pour Dieu a besoin des hommes (primé à Venise 1950). Mais l’affaire capote en raison de la concurrence directe du Martin Luther américain (cf. 1953) et du script estimé trop original alors que les financiers souhaitent un éclairage apologétique de Luther dans tout son conformisme historique et religieux. Le décès accidentel de Lavorel coule le projet. Trente ans plus tard, alors que Delannoy est devenu la proie préférée de la Nouvelle Vague (jugé « froid et académique »), Claude Désiré, responsable de la fiction sur TF1 et qui a le goût des grandes productions, se laisse persuader et sort le script des oubliettes. Delannoy le tourne dans les décors du vieux Paris utilisé peu avant pour sa télésérie Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut : les façades sont transformées en celles de Wittenberg, en ajoutant le grand portail de l’église sur lequel Luther fera placarder ses 95 thèses condamnant les indulgences (à la caméra, le chef-opérateur de Miklós Jancsó). Delannoy se dit déçu par la prestation de Bernard Lincot qui incarne le réformateur, un comédien débutant qui ressemble au Luther des gravures mais n’en possède pas le feu intérieur : « un moine bien rasé » qui ne fait que réciter son texte dans un film où « toute l’atmosphère est fausse » résume Die Zeit (4.11.83), tandis que Télérama parle d’images « aussi jolies que fades » (8.9.81).
Ulrich Thein, le Luther de l’Allemagne de l’Est (1983).
1981-1983(tv+ciné) Martin Luther (L'Hymne à la grâce) (DE-RDA) télésérie de Kurt Veth
DEFA-Studio für Spielfilme (Potsdam-Babelsberg)-Deutscher Fernsehfunk der DDR (Berlin Ost) (DFF1 9.-23.10.83), 5 x 90 min./494 min./cinéma : 90 min. - av. Ulrich Thein (Martin Luther), Hans-Peter Minetti (Johann Dietz dit Tetzel), Friedo Solter (prof. Andreas Karlstadt), Herwart Grosse (Johann von Staupitz), Otto Mellies (Lucas Cranach), Renate Blume (Barbara Cranach), Arno Wyzniewski (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Horst Schönemann (le prince électeur Frédéric III de Saxe), Frank Lienert (Thomas Müntzer), Rosemarie Herzog (Magdalena von Staupitz), Helmut Strassburger (le pape Léon X), Wofgang Greese (le duc Georg von Sachsen), Barbara Schnitzler (Katharina von Bora-Luther), Gerry Wolff (Schlamann), Daniel Minetti (l’empereur Charles Quint), Mike Schubert (Lucas Cranach le Jeune), Peter Sturm (le père de Luther), Ruth Kommerell (la mère de Luther), Peter Bause (Jacob Fugger), Jens-Uwe Bogadtke (Johannes Agricola), Bruno Carstens (Johannes Grunenberg), Herward Grosse (Johann von Staupitz), Gerry Wolff (Schlamann), Hartmut Puls (Georg Spalatin), Gesine Laatz (Kristina), Thomas Rühmann (Valentin Böhm), Ezard Haussmann (le père Ludwig), Jürgen Reuter (Kittlitz).
En 1521, Luther est convoqué à Worms pour défendre ses positions devant l'empereur Charles Quint et le Reichstag. La mise en scène télévisuelle de cet événement est l’occasion pour le régime communiste de la RDA de faire l’éloge du célèbre fils du pays jusqu’alors considéré comme le « traître des paysans ». Un film sans pathos, un peu verbeux, mais soigneusement recherché et soulignant surtout le contexte politique des débats : contrairement à Thomas Müntzer, un ancien disciple qui a pris le commandement des paysans révoltés, Luther reconnaît qu’une guerre civile pourrait mettre en danger les acquis de la Réforme. Ulrich Thein, remarquable, frappe par sa ressemblance physique avec les portraits connus de Luther. La série est tournée aux studios de Barrandov à Prague et remontée par la suite pour une sortie en salle. - Épidodes : 1. « Der Protest » - 2. « Der Sohn der Bosheit » - 3. « Die Geheimnisse des Antichrist » - 4. « Hier stehe ich » - 5. « Das Gewissen ».
1983(tv) Martin Luther, Heretic (GB/US) de Norman Stone
David M. Thompson/BBC-Concordia Publishing House (St. Louis, Missouri)-Family Films (BBC 8.11.83), 70 min. – av. Jonathan Pryce (Martin Luther), Maurice Denham (le révérend Johann von Staupitz), John Nettleton (Andreas Karlstadt), Clive Swift (Johann Dietz dit Tetzel), Philip Stone (Johann von Eck), David de Keyser (le prince électeur Frédéric III de Saxe), Hugh Dickson (Georg Spalatin), Jon Croft (Hans Sittich von Berlepsch), Valentine Dyall (le chancelier), John Byron (le nonce papal), James Kirby (l’empereur Charles Quint).
Une production anglo-américaine sortie pour le 500ème anniversaire du réformateur qui s’intéresse surtout aux années formatrices (script de William Nicholson), sortie en vidéo aux USA chez Family Films.
1983(tv) Martin Luther (DE) de Rainer Wolffhardt
Arno Ortmair/Eikon Media GmbH (Berlin) (ZDF 1.+3.4.83), 105 + 105 min. – av. Lambert Hamel (Martin Luther), Herbert Stass (le père de Luther), Michael Habeck (Johann Dietz dit Tetzel), Horst Sachtleben (Andreas Karlstadt), Mathias Einert (l’archevêque Albrecht), Dieter Pfaff (le pape Léon X), Ernst-Fritz Fürbringer (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Jörg Pleva (l’empereur Charles Quint), Karl Obermayr (Thomas Müntzer), Heini Göbel (Johann von Staupitz), Rolf Illig (le prieur), Wolf-Dietrich Berg (le secrétaire), Horst Sachtleben (prof. Andreas Karlstadt), Jonas Vischer (frère Gabriel), Britta Fischer (Käthe), Klaus Grünberg (Landgraf), Tilli Breidenbach (la mère supérieure), Ingrid Schoelderle (la servante de Luther). - Un docu-fiction en 2 parties tourné dans la Lorenzkirche de Nuremberg. Les étapes de vie du réformateur résumées en 41 petites scènes.
1083/84(tv) Huldrych Zwingli, Reformator 1484-1531 (Huldrych Zwingli, le réformateur) (CH) de Wilfried Bolliger
Peter Christian Fueter/Condor Features Zürich-Kirchenrat des Kantons Zürich-Schweizer Fernsehen DRS (DRS 1.1.84), 57 min. - av. Wolfram Berger (Ulrich Zwingli), Rudolf Bissegger (Zwinglis Famulus), Helmut Förnbacher (Jörg Göldi), Otto Mächtlinger (le bourgmestre Marx Röist), Jodoc Seidel (Leo Jud), Annemarie Dermon (Anna Zwingli, sa femme), Wolfgang Reichmann (Martin Luther), Gerd Heinz (le cardinal Pucci), Georg Holzner (Renwart Göldi), Peter Oehme (Chorherr Hofmann), Heinz Bühlmann (Täufer Manz), Martin Steiner (Bullinger), Ingold Wildenauer, Klaus Knuth, Bernd Seebacher.
Portrait du réformateur zurichois Zwingli (1484-1531). Aumônier des Confédérés au cours de leurs campagnes italiennes de 1513 et 1515 (bataille de Marignan), il voit l’horreur de la guerre, ce qui l’amène à s’opposer catégoriquement au mercenariat et à une politique extérieure de conquête. Devenu prédicateur en 1519 de la collégiale de Zurich, il adhère à la Réforme et rejette l’autorité de Rome. N’ayant jamais séparé Église et État, Zwingli ne se contente pas d’être un chef religieux, mais oriente la vie politique depuis Zurich qu’il amène à entreprendre deux campagnes militaires contre les cantons suisses catholiques. Il est tué lors de la seconde bataille de Kappel, première guerre de religion opposant catholiques et protestants en Europe.
Une commande du Conseil des Églises évangéliques-réformées du canton de Zurich afin de célébrer le 500e anniversaire de la naissance du réformateur. Tournage en Argovie (Rottenschwil, Unterlunkhofen), au Tessin (Castello Visconti à Locarno, plaine de Magadino) et dans le canton de Zurich (Ritterhaus à Bubikon, Kappel am Albis), dans la ville de Zurich (Grossmünster, Helferei) et à Flachsee. Du travail soigné mais peu inventif et où l’analyse du mouvement socio-politique de la Réforme fait sérieusement défaut.
1984® (vd-th) Martin Luther & Thomas Müntzer oder Die Einführung der Buchhaltung (DE-RDA) de Hanns Anselm Perten (th) et Michael Krull (vd). – av. Uwe-Detlev Jessen (Martin Luther). – Cf. chap. 5.2.
1986(tv-th) Le Printemps (FR) de Pierre Cavassilas (tv) et Denis Guénoun (th)
(TF1 23.7.-13.8.86), 420 min./4 parties. – av. Dominique Lardenois (Martin Luther), Philippe Vincenot (Nicolas Copernic), Gilbert Lyon (Johann Dietz dit Tetzel), Didier Bernard (le pape Clément VII), Nicolas Ramond (l’empereur Charles Quint). – Vaste fresque historique décrivant le foisonnement de la Renaissance entre 1492 et 1546, à travers les destinées de Copernic, Bartolomé de Las Casas, les papes Jules II, Léon X et Clément VII, Isabelle la Catholique et son fils Charles Quint, Martin Luther ou Michel-Ange. Captation de la pièce de Denis Guénoun jouée par sa Compagnie théâtrale du Clédar dans l’amphithéâtre du Festival de Châteauvallon (Var) en juillet-août 1985.
1989® (tv) Ich, Thomas Müntzer, Sichel Gottes (DE-RDA) de Kurt Veth. – av. Martin Seifert (Martin Luther). – Cf. chap. 5.2.
1989® (tv-mus) Kohlhaas – Eine Oper in 10 Bildern (AT) d’Alfred Stögmüller (th) et Claus Viller (tv). – av. Zdenek Kronpa (Martin Luther). – Cf. chap. 5.2.
Persécuté par l’Inquisition catholique et brûlé pour hérésie sur ordre de Calvin : l’Espagnol Miguel Servet (1989).
1989* (tv) Miguel Servet - la sangre y la ceniza [Michel Servet – le sang et la cendre] (ES) minisérie de José María Forqué
José María Forqué, Pedro Olmedilla/Orfeo PC S.A.-Televisión Española RTVE (Madrid) (TVE 1.3.-12.4.89), 7 x 50 min. - av. Juanjo Puigcorbé (Miguel Servet/Servetus), José Luis Pellicena (Jean Calvin), Jacques Sernas (Gaspar Trechsel), Hermann Bonnín (Ulrich Zwingli), Fabià Matas (Juan Servet), Manuel de Blas (Antón Servet), Eduardo G. Romeral (Ambroise Paré), Pepe Soriano (Juan Ecolampadio), Patrick Bauchau (Champier), Magüi Mira (Wibrandis), Enrique San Francisco (Jutton), Mercedes Sampietro (Doña Catalina), Pep Comas (Perelle), Fernando Hilbeck (Palmier), Miguel Angel Salomón (le frère obèse), Javier Loyola (Mauguiron), Ricardo Lucía (Padre Antoine) Jesús Bonilla (frère Pepín), Walter Vidarte (Abel Poupin), Gabriel Latorre (Cornichón), Eduardo Hoyo (Benito Perrín), Hugo Blanco (Gaspar Trechsel), Eduardo MacGregor (Frellon), Gérard Tichy (Juan Setzer), Rudy Carrié (Rabelais), Lolo García (Servet enfant), Arturo López (Juan de Ciudad), Carlos Peris (Étienne Dolet), Alfonso Godá (le cardinal Torunon).
« … mais tuer un homme pour défendre une doctrine, ce n’est pas défendre une doctrine : c’est tuer un homme » - c’est sur ces paroles fortes de l’humaniste vaudois Sébastien Castellion, contemporain du réformateur, que s’ouvre la série télévisée espagnole en 7 parties consacrée à Michel Servet alias Miguel Serveto y Conesa (1511-1553). On y conte en détail la vie puis le martyre du médecin, scientifique et théologien aragonais brûlé pour hérésie dans la Genève protestante de Calvin … après avoir été brûlé en effigie par l’Inquisition catholique à Vienne. Comptant parmi les humanistes les plus érudits de son temps, Servet est issu du côté maternel d’une famille juive convertie ; ses deux frères sont notaire et prêtre. Il quitte l’Espagne en 1526, étudie le droit à Toulouse, voyage en Allemagne, en Italie et en Suisse comme secrétaire du confesseur de Charles Quint, rencontre Mélanchthon à Augsbourg, s’installe à Lyon, étudie l’anatomie à Paris (très admiré par Ambroise Paré), enseigne la géométrie et l’astrologie, puis travaille à l’hôtel-Dieu de Vienne en tant que médecin de l’archevêque. Ayant publié anonymement La Restitution du Christianisme (v. 1552) où, comme jadis les arianistes, il conteste le principe de la Trinité et la divinité personnelle du Christ, il est dénoncé comme hérétique par les catholiques comme par les réformés qui collaborent pour l’éliminer. Servet parvient à fuir la prison à Vienne et cherche refuge à Genève pour y éviter au moins l’Inquisition. Il y est arrêté, toutes les Églises réformées de la Confédération l’ayant condamné sans appel ; Calvin, saisi d’une choquante cruauté, a exigé qu’il « brûle cruellement » et le malheureux meurt à petit feu, dans d’atroces souffrances. Le réalisateur qui se base sur la pièce La sangre y la ceniza d’Alfonso Sastre (écrite en 1965, interdite par la censure de Franco et restée inédite jusqu’en 1977) établit une parallèle entre le cas de Servet et celui de Salman Rushdie, condamné à mort par les ayatollahs iraniens. Accessoirement, la télévision madrilène peut démontrer que le catholicisme espagnol n'a pas été seul en Europe à avoir ses inquisitions et ses bûchers.
Le tournage se fait en été 1988 à Madrid et sa province (Canencia, Manzanares el Real, Colmenar de Oreja, Talamanca del Jarama), à Ségovie, Salamanque, Burgos (Peñaranda de Duero), Saragosse (Palacio de la Aljafería, Veruela), Girona, Lleida, Huesca (Loarre), à Lyon, à Paris et à Genève. Quoique passionnante, la télésérie n’a jamais fait l’objet d’une édition dvd. Dont acte. - Épisodes : 1. « Tiempos de apocalipsis (Les temps de l’apocalypse) » - 2. « El hermano perdido (Le frère perdu) » - 3. « Entre París y Lyon (Entre Paris et Lyon) » - 4. « El corazón y las estrellas (Le cœur et les étoiles) » - 5. « Un caballero andante o El hombre clandestino (Un chevalier errant ou l’homme clandestin) » - 6. « La batalla del cielo (La bataille du Ciel) » - 7. « Pasión y muerte (Passion et mort) ». – Cf. aussi supra le téléfilm suisse Passion et mort de Michel Servet de 1975 et le hongrois Csillag a máglyán/L’étoile sur le bûcher de 1978.
1999(tv-df) Höllenangst und Gottvertrauen – Martin Luther (DE) d’Anne Worst
Série « Die Geschichte Mitteldeutschlands », Dorothea Schrade/Drefa Produktion & Lizenz GmbH-Ottonia Media GmbH (Berlin)-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 31.10.99), 45 min. – av. Gunter Schoss. – Docu-fiction.
À dr. : l’électeur Frédéric III de Saxe (Sir Peter Ustinov) et sa précieuse collection de reliques (« Luther », 2003).
2002/03Luther (DE/US/GB) d’Eric Till
Alexander Thies, Kurt Rittig, Dennis A Clauss/NFP Teleart GmbH & Co. KG (Berlin)-Thrivant Financial for Lutherans-Eikon Film GmbH (München)-Degeto Film GmbH (Frankfurt am Main)-Evangelische Kirche in Deutschland (EKD)-German Information Center (Washington), 123 min. – av. Joseph Fiennes (Martin Luther), Sir Peter Ustinov (Friedrich III der Weise, duc de Saxe), Bruno Ganz (Johann von Staupitz), Mathieu Carrière (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Jonathan Firth (Girolamo Aleander), Claire Cox (Katharina von Bora-Luther), Benjamin Sadler (Georg Spalatin), Alfred Molina (Johann Dietz dit Tetzel), Uwe Ochsenknecht (le pape Léon X), Torben Liebrecht (l’empereur Charles Quint), Jochen Horst (prof. Andreas Karlstadt), Lars Rudolf (Philipp Melanchthon), Christopher Buchholz (Johann von der Eck), Tom Strauss (l’électeur Georges de Brandebourg-Ansbach), Gene Reed (Jean de Saxe), Anian Zollner (l’électeur Philippe de Hesse), Johannes Lang (le prince-archevêque Albert de Brandebourg), Maria Simon (Hanna), Marco Hofschneider (Ulrich Zwingli), Timothy Peach (Karl von Miltitz), Doris Prusova (Grete), Anatole Taubman (Otto), Herb Andress (Gunter), Florian Panzner et Felix Klare (des étudiants).
Le cinéaste anglais Eric Till venant de porter au petit écran la douloureuse trajectoire de Dietrich Bonhoeffer, le pasteur antinazi assassiné par la Gestapo en 1945 (Bonhoeffer : Agent of Grace, 2000), c’est logiquement à lui que s’adressent les consortiums protestants germano-américains pour réaliser un énième biopic du réformateur, beaucoup plus luxueux que les précédents et budgété à 50 millions de $. Avec, à l’affiche, quelques vedettes de renom international : Ralph Fiennes (Shakespeare in Love), Bruno Ganz, Mathieu Carrière et Sir Peter Ustinov dans son dernier rôle (l’électeur Frédéric III le Sage, protecteur discret du réformateur, personnage savoureux auquel l’acteur apporte une touche d’humour qui rappelle son inoubliable Néron dans Quo Vadis, 50 ans plus tôt). On tourne d’avril à juillet 2002 en Bavière (Veste Coburg, Sesslach, Munich), en Thuringe (Heldburg, Neundorf, Rauenstein, Ummerstadt, Rodachtal, Wartburg), en Bade-Wurtemberg (Hohenstein), en Italie (Pian Castagno, Viterbe, Caprarola, Rome), en République tchèque et dans les studios de München-Geiselgasteig. Les décors, fort beaux, sont du grand Rolf Zehetbauer (jadis oscarisé pour Cabaret), et à l’image, on trouve Robert Fraisse, le chef-opérateur de Jean-Jacques Annaud. L’affiche est indéniablement alléchante, mais hélas le sujet n’apporte rien de nouveau ni sur le plan biographique ni sur celui d’un éclairage particulier : comme le formule laconiquement Jean Tulard, c’est « soigné, rigoureux, bien joué, mais ennuyeux et sans flamme » (Guide des films). Et Télérama de renchérir : « En partie financée par le protestantisme allemand, cette pénible hagiographie du moine réformateur pêche par son lyrisme lourdingue et sa vision manichéenne. Malgré le mysticisme halluciné de Joseph Fiennes, yeux de biche folle et gueule d’ange, les cinéphiles ne risquent pas de se convertir… » (26.10.16). Cela dit, le film fait tout de même trois millions de spectateurs en Allemagne, du rarement vu pour un pareil sujet. Signe des temps, il est aussi exploité en Italie (Luther - Genio, ribelle, liberatore) et en Espagne (Lutero).
2003(tv) Martin Luther – 1. Driven to Defiance – 2. The Reluctant Revolutionary (GB) minisérie de Cassian Harrison
Lion Television-PBS TV-Devillier Donegan Enterprises (BBC2 24.-25.2.03), 2 x 60 min. – av. Timothy West (Martin Luther), Liam Neeson (narration). - Tournage à Winchester (Cathedral, College, St. Cross Hospital) et à Romsey Abbey (Hampshire).
2003(tv-df) Martin Luther – Ein Leben zwischen Gott und Teufel (DE) de Lew Hohmann
Série « Die Geschichte Mitteldeutschlands », Ottonia Media GmbH (Berlin)-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 16.11.03), 45 min. – av. Guido Renner (l’électeur Frédéric III, duc de Saxe). – Docu-fiction sur des aspects moins connus du rebelle : Luther croit au diable, craint l’enfer et les tourments du purgatoire, est sujet à de grosses dépressions et est rongé par les doutes. Il aime l’ordre, respecte la hiérarchie, séduit une nonne et s’avère un bon père de famille.
2004(tv-df) Luther contre le pape (FR) de Jean-François Delassus
(Arte 24.10.04), 93 min. – av. Claude Brosset (Martin Luther), Romain Redler (le pape Léon X), Nina Gustaedt (Katharina von Bora-Luther), Jean Lorrain, Xavier Boulanger, Etienne Bayart, Patrice Fauquette, Christophe Feltz, Rainer Gohde. – Docu-fiction. – DE : Luther gegen den Pabst.
2005(tv-df) Giganten – Martin Luther (DE) de Günther Klein
Ifage Filmproduktion GmbH (ZDF 7.9.07). – av. Ben Becker (Martin Luther), Teresa Weissbach (Ulrike von Lewetzow), Carmen Birk (Elisabeth / la domestique), Michael Hanemann. – Docu-fiction.
2007(tv-df) Luther – Kampf mit dem Teufel (DE) de Günther Klein
Série « Giganten », (saison 2, épis. 2), Christiane von Boehm/IFAGE Filmproduktion-CineCentrum-Interscience Film GmbH (ZDF 27.6.07), 45 min. – av. Ben Becker (Martin Luther), Michael Hanemann, Claudio Bleont, Matthias Ponnier (narration). – Docu-fiction sur les angoisses du réformateur à Wartburg, déchiré entre peurs et euphories (tournage en Roumanie).
2008(tv-df) Luther und die Nation (DE) de Christian Twente (fict.), Stephan Koester, Robert Wiezorek
Série « Die Deutschen » (saison 1, épis. 4), Peter Arens, Guido Knopp/Gruppe 5 Filmproduktion Köln-Castel Film Romania-ZDF (ZDF 4.11.08), 43 min. – av. Georg Prang (Martin Luther), Emil Mandanac, Roxana Lupu, Hans Mittermüller (narrateur). - Docu-fiction sans surprises tourné à Bucarest.
2009(tv-df) Katharina von Bora – Nonne, Geschäftsfrau, Luthers Weib [Catherine de Bora, nonne, femme d’affaires et épouse de Luther] (DE) de Dirk Otto
Série « Die Geschichte Mitteldeutschlands » (saison 11, épisode 5), Sascha Beier/Ottonia Media GmbH (Berlin)-Mitteldeutscher Rundfunk (MDR 20.9.09), 45 min. – av. Matthias Hummitzsch (Martin Luther), Nicole Janze (Katharina von Bora jeune), Kati Grasse (Katharina von Bora-Luther), Luise Georgi (Aves von Schönfeld), Alois Steinmacher (Hieronymus Baumgarten).
Docu-fiction sur la compagne de Luther. En 1525, lorsque celui-ci épouse une nonne du monastère de Marienthron (Grimma) qui s’est enfuie deux ans plus tôt, il fait scandale. En quinze ans, Katharina von Bora, femme d’affaires redoutable, transforme la maison Luther à Wittenberg en une entreprise commercialement florissante, son mari est un homme riche. À la mort de Luther en 1546 elle doit lutter pour l’héritage que lui contestent les autorités patriarcales. Ruinée, la “Lutherin” fuit avec ses enfants à Magdeburg, Wittenberg étant assiégé par les ennemis de la Réforme. Elle décède dans un accident en fuyant la peste en 1552. - Tournage en Saxe-Anhalt (Wittenberg, Brehna, Halle, le cloître de Memleben, le château d’Allstedt) et en Saxe (le cloître de Nimbchen, Moritzburg, Torgau).
2009(tv-df) Johannes Calvin – Reformator und Reizfigur (Jean Calvin, réforme et controverses) (DE/CH/FR/NL) de Werner Köhne et André Schäfer
Gerold Hofmann, Sebastian Lemke, Ulli Pfau, Marianne Schäfer/Arte France-Deutsche Welle-Eikon Film-Florian Film GmbH-Interkerkelijke Omroep Nederland (IKON)-Schweizer Fernsehen FS-WDR-ZDF (DRS 24.5.09 / Arte 4.7.09), 58 min. – av. Julian Mehne (Jean Calvin). - Docu-fiction pour les 500 ans de la naissance de Calvin, théologien français réfugié à Genève où il instaure un régime ultra-rigoureux dont, entre autres, Jean Servet fera les frais.
2010® (tv-df) Thomas Müntzer - Der Satan von Allstedt (DE) de Dirk Otto. – av. Thomas Kahler (Martin Luther). – Cf. chap. 5.2.
2010Luther / Unter Brüdern (DE) d’André Zimmermann
Eitelsonnenschein GmbH (KHM Kunsthochschule für Medien Köln), c.m. 16mm. – av. le collectif Crew United. – Court-métrage de fiction.
2014(tv-df) Strafsache Luther : wie Rom die Reformation verhindern wollte (Luther, la Réforme et le pape) (DE) de Thomas Christian Furch
Mitteldeutscher Rundfunk (MDR)-ORF-FFI-Arte (Arte 6.6.15), 52 min. – av. Alexander Beyer (Martin Luther), Melingo Christo (le cardinal Thomas de Vio dit Cajetan), Dieter Hermann (Johann von der Eck), Thomas Kovacic (Johann Dietz dit Tetzel), Christiane Wassertheuren. – Docu-fiction : commencée comme une banale controverse, la révolte de Luther secoue la chrétienté en 1517. Un portrait enlevé du moine et une vision moderne de la dispute théologique dont les protagonistes se déplacent en berline à vitres teintées, utilisent des ordinateurs et communiquent par téléphones portables (scénario de Florian Kröppel). Le film se place du point de vue de Rome afin d’analyser les réactions de l’Église face aux thèses luthériennes et ses efforts pour la contrer.
2015® (tv-df) Il cielo di Marignano (Marignan, mémoires en bataille) (CH) de Ruben Rossello. – av. Aaron Hitz (Ulrich Zwingli). – Après la défaite des Suisses à Marignan (13-14 septembre 1515), le futur réformateur Ulrich Zwingli devient l’adversaire le plus farouche du mercenariat de ses compatriotes. – cf. chap. 6.3.
2016(tv-df) Der Luther Code – Die Neuerfindung der Welt (Le Monde selon Luther) (DE) d’Alexandra Hardorf et Wilfried Hauke
DW Deutsche Welle-Radio Bremen TV-rbb-SWR (Arte 29.+30.10.16), 312 min./6 x 55 min. – av. Ronald Spiess (Johannes Kepler / Jan Hus), Thomas Mill (Lucas Cranach), Hannah Ley (Bertha von Suttner), Ralf Legat (un mendiant), Marthe Lola Deutschmann, Daniel Arthur Fischer, Tara Linke. – Télésérie docu-fictionnelle avec reconstitutions et acteurs : comment l’Europe s’extirpe peu à peu des brumes de l’obscurantisme et les idées de Luther imprègnent la pensée actuelle, une réflexion sur les nouvelles formes d’insoumission.
2016(tv-df) Martin Luther – Petra Gerster auf den Spuren des Reformators (DE) de Daniel Sich et Stephan Koester
Gruppe 5 Filmproduktion GmbH (ZDF 25.3.16). – av. Amely Matthaei (Katharina von Bora-Luther), Nikolai Will (l’imprimeur), Arthur Oppenländer (le diable), Wolfgang Reuter (le boucher), Petra Gerster. – Docu-fiction.
2016(tv-df) Der grosse Anfang – 500 Jahre Reformation / Martin Luther – Der grosse Neuanfang (DE) d’Andreas Sawall
Volker Schmidt-Sondermann, Melanie Weiss/Ifage Filmproduktion GmbH-EIKON Nord TV- & Filmproduktion GmbH (ZDF 14.4.17). – av. Tom Quaas (Martin Luther à 50 ans), Jakob Benkhofer (Martin Luther de 28 à 45 ans), Erhard Hartmann (Philipp Melanchthon), Cornelia von Fürstenberg (Katharina von Bora-Luther), Peter Bosch (Lucas Cranach), Matthias Saffert (le théologien Jonas), Kay Waidelich (Johannes Bugenhagen), Jessica Walther-Gabory (la paysanne), Tyrell van Boog (le paysan). – Docu-fiction.
2016® (tv) Carlos, Rey Emperador (ES) télésérie d'Oriol Ferrer, etc. – av. Mingo Rafols (Martin Luther), Alvaro Cervantes (l’empereur Charles Quint).
2016[The Martin Luther Story (US), film d’animation de Robert Fernandez produit par le Christian History Institute et Torchlighters Productions (Pennsylvania), 33 min. – Une niaiserie édifiante pour petits enfants, dans la série « Heroes of the Faith ». – DE : Der mutige Mönch.]
Le réformateur (Devid Striesow) et sa femme Katharina (Karoline Schuch) dans « Katharina Luther » (2017).
2017(tv) Katharina Luther (DE) de Julia von Heinz
Mario Krebs, Marc Conrad, Ernst Ludwig, Martin Choroba/Eikon Süd GmbH (München)-Conradfilm GmbH & Co. (Köln)-Cross Media Medienproduktion GmbH (Halle)-MDR-BR-SWR-ARD Degeto Film (Frankfurt am Main) (ARD 22.2.17), 105 min. - av. Karoline Schuch / Emilia Pieske (Katharina von Bora-Luther adulte/jeune), Devid Striesow (Martin Luther), Ludwig Trepte (Philipp Melanchthon), Martin Ontrop (Lucas Cranach), Claudia Messner (Barbara Cranach), Mala Emde (Ave von Schönfeld), Louis Christiansen (Martin), Shenia Pitschmann (Magdalena), Hildegard Schroedter (l’abbesse), Peter Trabner (Jahn von Bora), Carlotta von Falkenhayn (Margarete), Maximilian Diehle (Johann Zweig), Franz Himmelreich (Paul Luther), Heiko Pinkowski (l’apothicaire). – En lisant les écrits de Martin Luther sur la liberté de l’individu, Katharina von Bora décide de quitter le couvent et gagne la confiance et l’amour du réformateur. Comment la Réforme - vue à travers les yeux de Katharina Luther - affecte non les princes ou les hommes d’Église, mais le petit peuple. – Filmé en Thuringe, en Saxe-Anhalt et en Bavière. - US : Luther and I.
2017(tv) Das Luther-Tribunal. Zehn Tage im April (DE) de Christian Twente
Clemens Schaeffer, Alexander Thies/NFP-Mia Film (ZDF 31.10.17), 90 min. - av. Roman Knizka (Martin Luther), Bernd Stegemann (Friedrich III der Weise), Alexander Beyer (Hieronymus Aleander), Holgen Daemgen (von der Ecken), Hubertus Hartmann (Schurff), Hannes Wegener (Georg Spalatin), Mateusz Dopieralski (l’empereur Charles Quint), Lukás Bech (von Amsdorff), Jutta Fastian (Katharina von Bora-Luther), Johannes Heinrichs (Philipp Melanchthon), Maximilian Klaas (Philipp von Hessen), Tristan Seith (Petzensteiner), Patrick von Blume (von Sturm), Sebastian Kaufmann (un marchand de livres), Linda Svobodová (Sophia). – À Worms en avril 1521, pendant dix jours, Luther défend ses thèses devant un tribunal impérial. Tournage à Telc et à Prague (République tchèque).
Luther, son ex-ami dissident Thomas Müntzer et Ottilie von Gersen dans « Zwischen Himmel und Hölle » (2017).
2017(tv) Zwischen Himmel und Hölle – Luther und die Macht des Wortes / Reformation / Heaven and Hell (DE/CZ/GB) minisérie d’Uwe Janson
Martin Bomber, Benjamin Benedict, Joachim Kosack, Michal Pokorny/Ufa Ficton GmbH (Potsdam)-Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF Mainz)-MIA Film (Prag)-Fremantle Media (London) (BBC4 17-18.10.17 / ZDF 30.10.17), 2 parties: 2 x 90 min./164 min. – av. Maximilian Brückner (Martin Luther), Jan Krauter (Thomas Müntzer), Aylin Tezel (Ottilie von Gersen, son épouse), Johannes Klaussner (Andreas Bodenstein dit Karlstadt), Joachim Król (l’archevêque Albrecht von Brandenburg), Armin Rohde (Johann Dietz dit Tetzel), Rüdiger Vogler (le duc Friedrich III de Saxe), Fabian Hinrichs (Georg Spalatin), Christoph Maria Herbst (le peintre Lukas Cranach l’Aîné), Anna Schudt (Barbara Cranach), Frida Lovisa Harmann (Katharina von Bora-Luther), Peter Lerchbaumer (Jakob Fugger), Johanna Gastdorf (l’abbesse), Arndt Klawitter (Domherr Johannes Eck), Patrick von Blume (le comte de Mansfeld), Maximilian Ehrenreich (Hieronymus), Gode Benedix (Henne).
Le script de Stefan Dahnert et Marianne Wendt débute en 1517 à Wittenberg. Tandis que Luther placarde ses 95 thèses sur la porte de l’église, deux hommes masqués - Thomas Müntzer et son novice Hieronymus - attaquent l’envoyé épiscopal pour le soulager de l’argent des indulgences papales que ce dernier vient d’encaisser chez des paysans ignares ; l’argent est redistribué aux pauvres et aux orphelins. Les deux « bandits » sont capturés, Müntzer survit à la torture tandis que Hieronymus se suicide. La nuit, Luther rencontre Müntzer au cimetière et bénit le cadavre du suicidé ; ainsi nait une amitié. Après l’excommunion et la mise au ban impérial de Luther lors de la diète de Worms, Müntzer croit son ami mort. Il s’allie au théologien Andreas Bodenstein dit Karlstadt, au peintre Lucas Cranach et à l’ex-nonne Ottilie von Gersen (sa future femme) afin de poursuivre l’œuvre réformatrice en s’attaquant aux tableaux pieux et aux trésors des monastères. Luther quitte sa cachette de Wartbourg pour intervenir : il veut une réforme de l’Église tandis que Müntzer, radicalisé, prend le commandement de l’insurrection paysanne pour l’établissement d’une société plus juste. Réformation ou Révolution ? Les deux anciens amis se séparent, Müntzer et six mille de ses camarades périssent à la bataille de Frankenhausen en mai 1525. – Un récit sans imagination, avec des personnages unidimensionnels, alors que la production cherchait justement à mettre en évidence la modernité et les ambivalences du réformateur qui, selon le réalisateur, n’était pas innocent quant à l’issue du soulèvement paysan. Tourné de fin septembre à décembre 2016 en République tchèque (Prague et Telc). - ES : Lutero : La Reforma.
2017® Storm : Letters van Vuur (Storm et la lettre de feu) (NL/BE/LX) de Dennis Bots. – av. Gabriel Boisante (Martin Luther).
2017(tv-df) A Return to Grace: Luther’s Life and Legacy / Martin Luther: An Idea That Changed the World (US/HU) de David Batty
Boettcher/Trinklein Productions-No Sugar Films (PBS 15.2.17), 113 min. - Av. Pádraic Delaney (Martin Luther), Bruno Grzeszykowski (Martin Luther jeune), Mariusz Gagtek (Philipp Melanchthon), Hugh Bonneville (narration). – Docu-fiction tourné en Hongrie. - DE: Martin Luther – Revolutionär der Kirche.
2017(tv) Der grosse Anfang : 500 Jahre Reformation – 1. Der Funke – 2. Die Explosion – 3. Das Feuer (DE) d’Andreas Sawall
Série “Terra X” - Cross Media Medienproduktion-Ifage Filmproduktion-Zweites Deutsches Fernsehen (Mainz)(ZDF 14.4.2017), 3 x 43 min./135 min.. - av. Jakob Benkhofer (Martin Luther), Erhard Hartmann (Philipp Melanchthon), Cornelia Pollak (Katharina von Bora-Luther), Ralf Legat (un juriste), Katja Pro (la paysanne), Micha R. Scholze et Falk Schuster (les paysans), Matthias Saffert (le théologien Jonas), Leopold Gessele (le lecteur), Stephan Schwartz (narration), prof. Harald Lesch (commentaire historique). - Docu-fiction tourné en Bavière.
2017(tv-df) - Das Zeitalter der Reformation im Südwesten – 1. Aufbruch zu neuem Glauben – 2. Aufbruch zu neuem Wissen (DE) de Peter Prestel
Série “Unsere Geschichte” (ARD 22.+29.10.17), 90 min. – Docu-fiction avec acteurs anonymes : Luther fait trembler Rome, Johannes Kepler bouleverse la science, les paysans se rebellent contre les puissants.
2017(tv-df) Triff… Martin Luther / Luther trifft (DE) de Volker Schmidt-Sondermann
Martin Choroba/KiKA Kinderkanal-Ifage Filmproduktion GmbH (KIKA 31.10.17). – av. Waldemar Kobus (Martin Luther), Amy Mussul (la journaliste). - Une journaliste du présent voyage dans le temps pour interviewer Luther.
2018® Emperor (BE/NL/CZ) de Lee Tamahori. – av. Eddie Marsan (Martin Luther), Thomas Kretschmann (Jacob Fugger), Adrien Brody (l’empereur Charles Quint). – cf. Espagne.
Le réformateur zurichois Ulrich Zwingli (Max Simonischek) à l’aube de sa mort sur le champ de bataille.
2018/19Zwingli – Der Reformator (Le Réformateur) (CH/DE) de Stefan Haupt
Anne Walser, Mario Krebs, Roland Stebler/C-Films AG (Zürich)-Eikon Südwest Gmbh (Stuttgart)-3sat (Mainz)-SRG (Bern), 128 min. – av. Max[imilian] Simonischek (Ulrich/Huldrych Zwingli), Sarah Sophia Meyer (Anna Reinhart), Anatole Taubman (le prêtre Leo Jud), Stefan Kurt (le maire Marx Röist), Oscar Bingisser (le vicaire général Johann Faber), Rachel Braunschweig (l’abbesse Katharina von Zimmern), Andrea Zogg (Hoffmann), Charlotte Schwab (Maria), Markus Mathis (Kaplan Koch), Mathis Künzler (Jakob “Köbi” Kaiser), Ueli Jäggi (l’évêque de Constance), Madeleine Scherrer (Thea), Philipp Stengele (Froschauer), Patrick Rabold (Heinrich Bullinger), Gian Rupf (le paysan Berli), Aaron Hitz (Konrad Grebel), Jonathan Loosle (le maire de Berne), Simon Käser (Göldi), Michael Finger (Felix Manz), Thomas Douglas (Ratsherr Edibach), Peter Hottinger (Ratsherr Stoll).
L’hagiographie du réformateur protestant suisse présentée du point de vue de sa femme Anna qui se souvient de leur vie commune (mariage en 1524, quatre enfants), marquée à la fois par le bonheur et la tragédie, entre amour infini et incompréhension mutuelle. En arrivant à Zurich en 1519 pour prendre ses fonctions de jeune curé à la cathédrale (Grossmünster), le jeune Ulrich Zwingli dénonce haut et fort les abus de l’Église catholique, remet radicalement en cause les sacrements, condamne le culte des images et réclame le mariage des prêtres dans ses sermons révolutionnaires. Il suscite d’abord stupeur, scepticisme et inquiétudes dans l’auditoire. Chez Anna Reinhart, une jeune veuve mère de trois enfants, le rejet initial se transforme rapidement en admiration puis en amour. Ayant perdu son mari à la guerre, elle a acheté des indulgences pour le défunt au purgatoire, mais Zwingli la persuade de plutôt utiliser son argent pour les vivants. En bonne voisine, elle le soigne alors qu’il est malade de la peste, le soutient contre son principal ennemi, le vicaire général Johann Faber, puis craint pour sa vie dès 1531 quand sa véhémence manque de réveiller une guerre civile sur place et que les armées des cantons catholiques alliés à l’Autriche menacent. Aumônier des troupes zurichoises, Zwingli, 47 ans, ne survit pas à la défaite protestante à la deuxième bataille de Kappel le 11 octobre, alors qu’il assiste blessés et mourants.
Une initiative de la C-Films zurichoise, déjà responsable de plusieurs longs métrages à succès (Schellenursli de Xavier Koller, Grounding – Les derniers jours de Swissair et Mein Name ist Eugen de Michael Steiner), tourné de février à avril 2018 dans un Zurich reconstitué avec l’appui d’images de synthèse, à l’intérieur de la cathédrale (Grossmünster), à Stein am Rhein (Rhigass et le monastère Sankt Georgen) et à Bade-Wurtemberg. Une livre de vignettes plutôt sages et soignées qui brode sur la vie intime du réformateur suisse … dont on ne sait presque rien. Le film ne mentionne pas la rencontre de Zwingli et de Luther au colloque de Marbourg (1529) et leur vaine tentative d’entente, ni la persécution des anabaptistes (noyés dans le lac) en 1526/27 – et encore moins les détails de sa mort : la soldatesque déchira son cadavre, livra ses lambeaux aux flammes et jeta les cendres au vent.
2020® (tv-df) Kaiser Karl V. – Wunsch und Wirklichkeit (Charles Quint, le dernier chevalier) (DE/AT) de Wilfried Hauke. – av. Mingo Ràfols (Martin Luther), Alvaro Cervantes (l’empereur Charles Quint).
2020(tv) The Reformation (US) télésérie de Stefano Mazzeo
Stefano Mazzeo, Ellen Plumridge, John Elson, Doug Keck/Eternal Word Television Network (Catholic Television Network/EWTN TV Channel, Irondale Alabama) (Crusade Channel 6.5.-21.10.20 / EWTN 26.6.-30.8.20), 12 x 30 min./180 min. – av. John Mole (Martin Luther), Howy Bratherton (Huldrych/Ulrich Zwingli), Zac Caraman (Jean Calvin), Daniel Cawtheray (l’anabaptiste suisse Felix Manz), Dan Clinton (Johannes Eck, adversaire de Luther), Eamon Goodfellow (John Knox), Monica Nash (Elizabeth Ire, reine d’Angleterre), Julian Casey (Richard Topcliffe, persécuteur de prêtres), Joe Ansted (Sir Francis Walsingham), John Cooper Day (William Cecil, baron Burghley), Kit Carson (Robert Dudley, comte de Leicester), Andrew N. Hill (St. John Fisher, cardinal anglais martyr exécuté en 1535), Tom Ling (Philippe de Hesse), Lewis Marsh (St. Richard Gwyn, martyr anglais exécuté en 1584), Claire Churchman (Mary Stuart), Lilam Driver (Lord Darnley), John Smethurst (James Hepburn, comte de Bothwell), Will Busby (Davide Rizzio), Paul Dawson (James Stewart, comte de Moray), Jacqui Mazzeo (Lady Mary Seaton), Lucy Martinez (dame de compagnie d’Elizabeth), Anthony Plumridge (Sir Thomas More), Jonathan Cuming (Humphrey Arundell, Prayer Book Rebellion), Richard Squires (l’évêque Alexandre d’Alexandrie), John Atterbury (juge et confesseur), Joe Culkin (un magistrat), Gemma Galley.
Minisérie docu-fictionnelle de la puissante EWTN Global Catholic Television Network (ou Eternal Word Television Network, 11 chaînes tv) visant à détruire la « légende noire » collée à l’Église catholique romaine par ses ennemis et à justifier sa politique à travers les siècles… ou, comme l’annonce modestement la publicité du produit : « How the catholic church created the Western Civilization ». Intégriste à la sauce américaine, le réalisateur Stefano Mazzeo (un amateur) justifie pleinement l’Inquisition et le trafic d’indulgences tout en affirmant que « Luther était un homme de contradictions, parfois charismatique, mais aussi un maniaque dépressif qui souffrait de troubles compulsifs obsessionnels. Il passait jusqu’à six heures dans le confessionnel alors qu’il ne croyait pas que ses péchés pouvaient être pardonnés. Il rejeta tous les sacrements sauf le baptême, garda celui de la communion mais ne croyait pas en la transsubstantiation. Enfin, il a écarté sept livres de l’Ancien Testament » Soit. En revanche, Mazzeo oublie de signaler que Luther devint sur le tard un méchant antisémite… mais il est vrai que le Vatican n’avait vraiment pas de quoi se vanter en la matière ! La série est filmée en Grande-Bretagne (et Pays de Galles), en Irlande, en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Italie, mais doit être interrompue en mars 2020 par la Covid-19. - Épisodes : 1. « A Catholic World » - 5. « Luther’s Struggles » – 4. « Disagreement and Chaos » - 6. « John Calvin and the Wars of Religion » - 7. « Henry VIII and His State Church » – 8. « The Dissolution of the Monasteries and the Pilgrimage of Grace » - 9. « The Council of Trent » – 10. « From the Western Rising to Elizabeth I. » – 11. « The Catholic Reformation » – 12. « From the “Reformation” to the Modern World ».