V - LE SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

4. MOYEN ÂGE TARDIF ET RENAISSANCE (XIVe-XVIe s.)

Henning Baum dans le téléfilm « Götz von Berlichingen » (2014).

4.5. Götz von Berlichingen, dit « Le Chevalier à la Main de Fer »

Le chevalier-mercenaire Gottfried (« Götz ») von Berlichingen zu Hornberg (Franconie, v.1480-1562), prend notamment part aux guerres que se livrent les électeurs de Brandebourg et les ducs de Bavière au début du XVIe siècle, puis en particulier à la guerre des Paysans, dont il se dit forcé de prendre le commandement en 1525. Ayant perdu sa main droite d’un coup de canon en 1504, il s’est fait forger une prothèse en fer qui lui vaut le surnom de « Main de fer ». En 1530, la justice impériale prononce contre lui une mesure de mise hors la loi ; il est relâché mais se voit contraint de jurer qu’il ne quittera plus son château à Hornberg. Néanmoins, impressionné par sa valeur militaire, l’empereur Maximilien Ier le mobilise contre les Ottomans devant Vienne (1540), et Charles Quint fait de même contre les Français en Haute-Marne (1544).
Inspiré par l’autobiographie du chevalier, Johann Wolfgang von Goethe le prend pour héros d’une de ses premières pièces de théâtre (Götz von Berlichingen mit der eisernen Hand, 1773) où la fidélité historique est malmenée, suivi beaucoup plus tard par Jean-Paul Sartre (Le Diable et le Bon Dieu, 1951) et Jean Ray (La Main de Goetz von Berlichingen, 1961). Dans son drame, Goethe fait de son héros un individu rebelle à la féodalité décadente qui aspire à la liberté tout en constatant que l’authentique chevalerie est morte. Allié à son ami d’enfance Weislingen (fiancé avec sa sœur Maria), Götz prend les armes contre l’évêque de Bamberg (Georg III Schenk von Limpurg, décédé en 1522) qui torture ses serviteurs. Mais à Bamberg, Weislingen tombe sous les charmes de l’intrigante Adelheid von Walldorf et trahit Götz. Celui-ci donne alors sa sœur à Franz von Sickingen (1481-1523), s’attaque à des marchands avides qui ont capturé ses écuyers et voit son château assiégé par les troupes impériales. Il est emprisonné à Heilbronn, Sickingen le libère avec son armée de mercenaires et le ramène à Hornberg. Les paysans le supplient de prendre le commandement de leur révolte ; il accepte à condition qu’ils renoncent à la violence, mais ces derniers le trahissent et incendient la ville de Miltenberg. Accouru avec sa troupe, Weislingen écrase les paysans et capture Götz, caché dans un camp de gitans. Il meurt incarcéré dans une tour à Heilbronn, en présence de sa sœur et de son épouse.
1910Goetz mano di ferro (IT) d’Ernesto Maria Pasquali
E. M. Pasquali/Pasquali e Tempo, Torino, 272 m. - GB : Goetz, the Brigand with the Iron Hand.
1925Götz von Berlichingen zubenannt mit der eisernen Hand (DE) de Hubert Moest
Erik Lund/Ring-Film AG (Berlin)-Ass Film, 2605 m./96 min. - av. Eugen Klöpfer (Götz von Berlichingen), Lucie Höflich (Elisabeth von Berlichingen, sa femme), Erna Morena (la comtesse Ravenstein), Friedrich Kühne (l’évêque de Bamberg), Paul Hartmann (Adalbert von Weislingen), Theodor Loos (Franz von Sickingen), Leopold von Lederbur (l’empereur Maximilien I), Lothar Müthel (frère Martin), Olaf Fjord (le prince Charles, futur Charles Quint), Grete Reinwald (Maria, sœur de Götz), Gertrud Welcker (Adelheid von Walldorf), Richard Ludwig (le comte Ravenstein), Albert Steinrück (Kuno von Giech), Hans Brausewetter (l’écuyer Franz), Eduard von Winterstein (Lerse), Fritz Greiner (Selbitz), Kurt von Wolowski (l’écuyer Georg), Fritz Kampers (Metzeler), Fritz Rasp (un paysan), Maria Forescu (sa femme), Wilhelm Diegelmann. - Une adaptation libre mais visuellement très chatoyante du drame de Goethe. Avec Werner Krauss, Emil Jannings et Heinrich George, Eugen Klöpfer apparaît comme un des acteurs de théâtre et de cinéma les plus marquants des années 1920-30. De l'ouvrage patrimonial.
1932® Die Vollendung – Goethe Kulturfilm (DE) de Fritz Wendhausen; Ufa. – av. Dr. Mederow (Götz von Berlichingen), Erika Wagner (Elisabeth von Berlichingen).
Ewald Balser dans le « Götz von Berlichingen » de Goethe (1955).
1955Götz von Berlichingen (AT) de Josef Gielen (th) et Alfred Stöger (film)
Alfred Stöger/Thalia Film-Wiener Mundus Film, 87 min. - av. Ewald Balser (Götz von Berlichingen), Albin Skoda (Adelbert von Weislingen), Judith Holzmeister (Adelheid von Walldorf), Raoul Aslan (l’empereur Maximilien Ier), Auguste Pünkösdy (Elisabeth, épouse de Götz), Hilde Mikulicz (Maria, sœur de Götz), Fred Liewehr (Franz von Sickingen), Ulrich Bettac (l’évêque de Bamberg), Felix Steinboeck (frère Martin), Philipp von Zeska (le conseiller impérial), Stefan Skodler (Hans von Selbitz), Paul Pranger (un marchand de Nuremberg), Helmut Janatsch (Franz, fils de Weislingen), Alfons Lipp (Georg, fils de Götz), Fred Hennings (Lerse). - Le drame de Gœthe destiné au grand écran, enregistré sur les tréteaux du Burgtheater à Vienne avec la crème des comédiens germaniques, dont l’incontournable Ewald Balser.
1965(tv-th) Ironhand (GB) de Rudolph Cartier
« Theatre 625 », Cedric Messina/BBCtv (BBC Two 11.4.65), 90 min. – av. Michael Goodliffe (Götz von Berlichingen), Edmund Purdom (Adalbert von Weislingen), Nicholas Evans (Georg), John Glyn-Jones (le prince-évêque de Bamberg), Jill Simcox (Elisabeth von Berlichingen), Peter Claughton (Dr. Olearius), Edgar Wreford (Liebetraut), Dennis Cleary (Sivers), Michael Brennan (Metzler), Ian Ogilvy (Franz), June Tobin (Adelheid), Jerome Willis (Franz von Sickingen), David Domimead (Lerse). - Le drame de Goethe adapté pour la BBC par John Arden et filmé aux Television Film Studios à Ealing.
1965(tv-th) Goetz de Berlichingen (FR) de Jean-Paul Carrère
ORTF (TF1 23.10.65), 115 min. - av. Jacques Dacqmine (Götz von Berlichingen), Raymond Gérôme (le prince-évêque de Bamberg), François Perrot (Adalbert von Weislingen), Christiane Minazzoli (Adelaïde/Adelheid von Walldorf), Danièle Volle (Elisabeth von Berlichingen), Pierre Clémenti (Georges), Marcel Charvey (l’empereur Maximilien I), Jacques Verlier (Franz von Sickingen), Jacques Dannoville (Metzler), Robert Party (Lerse), Yvon Sarray (Dr. Oléarius), Jacques Alric (Sievers). - Évocation dramatique écrite par Michel Subiela en s’inspirant de Goethe et captée dans les studios des Buttes-Chaumont à Paris.
1967(tv-th) Götz von Berlichingen (DE) de Gert Westphal
Burgfestspiele Jagsthausen-ZDF (Wiesbaden) (ZDF 20.8.67), 110 min. – av. Walter Richter (Götz von Berlichingen), Wernher Buck (l’empereur Maximilien Ier), Friederike Dorff (Elisabeth von Berlichingen), Gisela Zoch (Maria), Peter Drescher (Georg), Viktor Stefan Görtz (le prince-évêque de Bamberg), Gert Westhphal (Adalbert von Weislingen), Ellen Schwiers (Adelheid von Walldorf), Branko Samarowski (Liebetraut), Gerhard Soor (l’abbé de Fulda), Peter Schwab (Olearius), Wolfgang Warncke (Frère Martin / Franz von Sickingen), Günther Erich Marsch (Hanns von Seibitz), Robert Rathke (Lerse), Matthias Fuchs (Franz), Monika Reinhardt (la comtesse de Helfenstein), Edwin Mächler (un marchand de Nuremberg). - Captation télévisuelle du drame de Goethe réalisée dans les studios ZDF/Taunus à Wiesbaden et présentée au festival de Jagsthausen (Bad-Wurtemberg).
Raimund Harmstorf en Götz (dr.) dans la fresque d’aventures de Liebeneiner et Reinl (1979).
1978/79Götz von Berlichingen mit der eisernen Hand (DE/YU) de Wolfgang Liebeneiner et Harald Reinl
Theo Maria Werner/Regina Film-Victoria-Film GmbH & Co.-Jadran-Film (Zagreb)-Fidux KG (München)-Bayerischer Rundfunk (BR), 103 min. - av. Raimund Harmstorf (Götz von Berlichingen), Klaus Jürgen Wussow (Adalbert von Weislingen), Reiner Schöne (Franz von Sickingen, 1481-1523), Michèle Mercier (Adeleid von Walldorf), Hans Holt (le prince-évêque de Bamberg), Silvia Reize (Elisabeth von Berlichingen), Erik Frey (l’empereur Maximilien I), Roland Kindermann (Karl von Berlichingen, fils de Götz), Karl Lieffen (Dr. Olearius), Klaus Münster (Veit), Carlos Placha (Philippe, prince héritier), Ulrich Bauer (Georg), Wilfried Blasberg (Kohl), Sky Dumont (Hans von Selbitz), Detlev Eckstein (Franz von Trauttenberg), Herbert Fux (Sievers), Ruth Gassmann (Margarete), Erhard Hartmann (Hinz), Adrian Hoven (Lerse), Dietrich Kecky (Peter), Kurt Jahhberg (Metzler).
Le film reprend librement l’intrigue mais pas les dialogues de Goethe. Wolfgang Liebeneiner (qui a débuté durant le Troisième Reich) dirige les acteurs tandis que toutes les scènes d’action spectaculaires impliquant 200 figurants sont confiées à Harald Reinl (qui a fait ses preuves avec la série des Winnetou de Karl May et les deux volets des Nibelungen, 1966). On tourne en Fujicolor de juillet à septembre 1978 en Autriche (le château de Moosham et Mauterndorf b. Lungau, Salzbourg) et aux studios de Zagreb en Yougoslavie où Reinl avait tourné ses westerns teutons. Habitué du cinéma d’aventures, Raimund Harmstorf a notamment campé Michel Strogoff à la tv (1976) et Siegfried au cinéma (1970). Il interprétera le Götz de Goethe sur scène aux Burgfestspiele de Jagsthausen (Bad Wurtemberg) en 1996, dans l’authentique forteresse de Berlichingen. Jugé lent, superficiel et banalement spectaculaire, le film fait une carrière décevante. – ES : La mano de hierro, US : Goetz von Berlichingen of the Iron Hand.
2014(tv) Götz von Berlichingen / Iron Fist (L’Homme de fer) (DE/CZ) de Carlo Rola
Nico Hofmann, Michal Pokorny, Sascha Schwingel/UFA Fiction (Universum Film GmbH)-MIA Film (Prag)-TeamWorx Television & Film GmbH (Berlin, Potsdam, München, Ludwigsburg)-RTL (Köln) (RTL 4.12.14), 109 min. - av. Henning Baum (Götz von Berlichingen), Dennenesch Zoudé (Saleema), Natalia Wörner (Adelheid von Walldorf), Johann von Bülow (Adelbert von Weislingen), Paul Fassnacht (Franz von Sickingen), Maria Ehrich (Maria), Ben Artmann (Marten), Bernhard Bettermann (August von Walldorf), András Fricsay Kali Son (l’évêque de Bamberg), Sascha Alexander Gersak (capitaine Arno), Nikolai Kinski (l’empereur Charles Quint), Lars Rudolph (Eugen), Lukas Tomsik (un messager).
Synopsis : Lors de l’attaque d’un convoi, le malabar Götz, aventurier et coureur de jupons, hérite de trois mystérieux coffres pleins de pièces d’or françaises ; il ignore que ce trésor est destiné à la redoutable Adelheid von Walldorf, une séductrice intrigante qui a empoisonné son époux et conspire contre Charles Quint pour le remplacer par François Ier sur le trône du Saint-Empire. Ayant perdu sa main droite lors d’un attentat dans un bordel, Götz survit à l’amputation grâce à l’intervention d’une mystérieuse guérisseuse orientale, Saleema, qui lui redonne l’envie de vivre et devient sa maîtresse. Saleema transforme le pillard égoïste et invalide en un véritable chevalier. Entouré de ses vieux compagnons et soutenu par la paysannerie, celui-ci se met lutter pour la bonne cause : pour la justice, contre les troupes impériales au service d’une noblesse dégénérée, contre l’évêque pervers de Bamberg et les intrigues léthales visant à éliminer le jeune empereur en l’attirant dans un piège mortel dressé par Adelheid et son amant Weislingen, l’ami de jeunesse de Götz, devenu un traître… Ayant estimé que l’intrigue de Goethe et les faits historiques de l’authentique Götz ne parlent plus aux foules d’aujourd’hui, Carlo Rola fabrique un spectacle souvent cru et violent, basé essentiellement sur l’action mais pas déplaisant en soi (la compagne du héros est jouée par l’épouse éthiopienne du réalisateur, un peu très dévêtue pour le XVIe siècle !). Tourné de juillet à septembre 2013 en Tchéquie (Prague, forteresse de Tocník pour Burg Möckmühl) et à Berlin, le téléfilm ne récolte que 3,84 millions de spectateurs.