III - L’ITALIE

Le doge reçoit les citoyens de Venise dans « Il ponte dei sospiri » (1940) de Mario Bonnard.

3. LA RÉPUBLIQUE SÉRÉNISSIME DE VENISE

Reconnus par l'Empire byzantin d'Orient en 584, les Vénitiens de la République se donnent un conseil de douze tribuns qui, en 697, élisent leur premier duc ou " doge " : Paolucio Anafesto, personnage aux confins de la légende et de l'histoire. En 991, Pietro Orseolo II devient doge et impose la domination de la république maritime sur l'Adriatique. Au XIe siècle, Venise s'émancipe de Byzance et choisit en 1054 l'obédience de Rome. Néanmoins, l'essor de la ville-État s'appuye d'abord sur ses relations commerciales avec Constantinople. Comme les trois autres grands ports d'Italie, Gênes, Pise et Amalfi, elle établit son pouvoir par la proximité maritime.

De 1202 à 1204, Venise détourne la Quatrième Croisade (destinée à récupérer Jérusalem) pour entreprendre à son profit le dépéçage de l'Empire byzantin en attaquant et pillant la très chrétienne Constantinople. Elle vole à cette occasion le fameux quadrige en cuivre coulé de Lysippe qui ornait autrefois l'hippodrome de la capitale byzantine pour le placer sur la place Saint-Marc. Cette vaste opération de brigandage menée par le doge Enrico Dandolo (1107-1205) rapporte aux Vénitiens - temporairement excommuniés par le pape Innocent III - de vastes territoires en Hongrie, plusieurs îles grecques et les trois-huitième de la ville de Constantinople. Ces positions lui assurent le contrôle commercial de toute la Méditerranée orientale : jusque-là reine de l'Adriatique, elle devient un point de passage obligé entre l'Orient maritime et l'Occident continental. Créée en 1310, le Conseil des Dix (en réalité 17 membres) devient l'institution judiciaire destinée à sanctionner les complots ourdis contre la République ; il dispose de pouvoirs particulièrement étendus, lui permettant même de destituer le doge (pourtant élu à vie). La " très séreine " République oligarchique s'enorgueillit de sa concorde civile : sans factions nobiliaires ni soulèvements populaires contre le doge et l'ordre patricien, elle parvient à maintenir une stabilité politique et religieuse favorable au commerce grâce à la multiplicité des assemblées où l'on débat du quotidien.

La Venise médiévale vit son apogée aux XII-XIVe siècles, marqués par des guerres persistantes contre les cités rivales de Gênes, puis de Florence. En 1381, Gênes et Florence, écrasées par leur endettement, incapables de financer leur combat, finissent par reconnaître la suprématie de la " cité des doges ", qui se concentre dès lors sur la lutte contre les Ottomans (1464/79). Grâce à son expansion et à la supériorité technique de ses galères, la Sérénissime contrôle Trieste et l'Istrie, la plupart des villes-États dalmates (Raguse/Dubrovnik, Spalato/Split, Zara), les îles Ioniennes (dont Corfou) et des îles de la mer Égée (dont la Crète et Chypre).

En 1400, la flotte marchande vénitienne compte vingt-cinq mille marins pour trois mille navires et la cité est défendue par trois cents navires de guerre. L'État se comporte comme une gigantesque compagnie de navigation, ses convois armés sillonnent les côtes jusqu'à la mer Noire, chargés de soie, de perles et d'épices. Le revenu par habitant est alors quinze fois plus élevé que celui des autres capitales européennes. Vers 1470, Venise devient aussi la capitale du livre en Occident, avec 500 éditeurs connus au cours du XVe siècle, plus de 15'000 titres, de 15 à 20 millions d'exemplaires, soit la moitié des livres publiés en Italie pendant cette période, ce qui suscite l'inquiétude pontificale en raison de l'" infection hérétique " du protestantisme. En mars 1516, les refugiés juifs sont acceuillis et regroupés dans un ghetto isolé du reste de la ville, à l'écart de la communauté chrétienne.

Toutefois, les guerres d'Italie à la fin du XVe siècle, avec l'irruption de grandes puissances étrangères comme la France, l'Espagne, l'Angleterre et la Hongrie, perturbent l'équilibre politique de la Péninsule. En 1509, le pape Jules II, dont le pouvoir temporel est menacé par les Vénitiens en Romagne, prononce l'excommunication de la République qui ne peut plus célébrer des offices religieux sur son territoire. Malgré l'écrasante défaite militaire des Vénitiens par une coalition franco-germano-hispano-papale à Agnadel/Ghiaradadda, la ville de Venise n'est pas prise et survit à l'invasion de la Vénétie sans subir de sac (contrairement à Rome). Elle perdra cependant progressivement sa suprématie commerciale et maritime avec les routes du monde qui se déplaçent de la Méditerranée à l'Atlantique, puis au Pacifique, ainsi qu'avec les nouvelles prétentions impériales de l'Espagne, de la France et des Turcs. En 1797, cédant aux menaces de Bonaparte, les nobles du Grand Conseil voteront l'abolition des institutions millémaires de la République.

3.1. Récits vénitiens divers du VIIe au XVIe siècle

1907Un drame à Venise (FR) de Lucien Nonguet
Pathé Frères S.A. (Paris) no. 1577, 180 m. - Un riche Vénitien noie l'amant de sa femme dans la lagune.
1907Biasio el luganegher (IT) d'Almerico Roatto
Fratelli Roatto (Venezia), 80 m./3 min. - av. Albano Borsato, Mamoleto [Spartaco Rumor]. - Farce vernaculaire d'après une légende vénitienne.
1907Un dramma giudiziario a Venezia (Un drame judiciaire à Venise) (IT)
Società Italiana Cines (Roma), 228 m. - Sujet non identifié, peut-être tiré du Marchand de Venise de Shakespeare (?).
1908La cantatrice veneziana (La Cantatrice de Venise) (IT) de Mario Caserini
Società Italiana Cines (Roma), 4 min. - Venise au XVIe siècle : une belle chanteuse flirte avec un jeune patricien qui l'a protégée contre des importuns mais se ravise quand survient son époux.
1909Marin Faliero, Doge di Venezia. Dalle cronache veneziane del 1355 (Marin Faliero) (IT) de Giuseppe De Liguoro
SAFFI-Comerio, Milano, 338 m. - av. Salvatore Papa (le doge Marin Faliero), Arturo Pirovano, Giuseppe De Liguoro. - Marin Faliero (M. Falier, v. 1278-1355), élu 55ème doge de Venise après le décès d'Andrea Dandolo, épouse la belle Annunziata, autrefois la maîtresse du jeune Steno Contarini. Lors d'une fête costumée au Palais ducal, Steno humilie le doge, mais le Conseil des Dix refuse de le punir et, pour se venger, Faliero ourdit un complot visant à renverser le concile. Jugé pour haute trahison, il est décapité dans la cour du Palais des Doges.
1909Nella de' Loredano (Nella de Loredano) (IT) de Giuseppe De Liguoro
SAFFI-Casa Luca Comerio, Milano, 198 m. - Appelé par le doge de Venise, Renzo, un jeune noble de Padoue quitte sa femme bien-aimée Nella de' Loredano. Il la confie au nouveau gouverneur de Padoue, Ciano della Bella, qui l'héberge dans son palais. Nella et Ciano tombent amoureux, mais les amants sont trahis par le ménestrel des Loredano qui guide Renzo vers les appartements secrets de Ciano sur la lagune vénitienne. Renzo tue Ciano, son épouse infidèle s'effondre de douleur.
1910Il mistero del Ponte dei Sospiri (Le Mystère du Pont des Soupirs à Venise) (IT)
Itala Film, Torino, 283 m. - av. sig. Rousseau. - Le doge a fait emprisoner et condamner à mort le sénateur Frinli, mais le fils du malheureux, fiancé avec la fille du doge, organise son évasion lors de son transfert sous le Pont des Soupirs. - DE : Geheimnis der Seufzerbrücke, GB, US : Mysteries of the Bridge of Sighs.
1910Doge e dogaressa (Doge et dogaresse) (IT)
Società Italiana Cines (Roma), 230 m. - av. Amleto Novelli (Marcello, duc de Venise), Fernanda Negri-Pouget (Annunziata).
Une sorcière sauve un nourisson des flammes et l'abandonne au château de Badoer. Celui-ci l'adopte sous le nom d'Antonio et l'enfant grandit avec Annunziata, la nièce du châtelain. Les années passent, ils s'aiment, mais Badoer chasse le jeune homme et offre sa nièce au vieux doge libidineux de Venise, Marcellus. Lors du cortège matrimonial, Antonio reconnaît Annunziata au bras de Marcellus. La sorcière excite le peuple contre le doge qui périt sous les coups de la foule tandis que les jeunes amoureux prennent la fuite. - GB : Doge and Dogeress, ES : Marcelo Duque de Venecia.
1910La gondola nera (La Gondole noire) (IT)
Itala Film, Torino, 189 m. - Averti par une lettre anonyme, un sénateur de la République vénitienne se déguise le soir en gondolier et suprend son épouse infidèle avec son amant qu'il noie dans la lagune. - GB, US : The Black Gondola.
1911Alvise Sanuto (IT)
Società Italiana Cines (Roma), 287 m. - Les sénateurs vénitiens Alvise Sanuto et Almarà Donato sont rivaux en polique comme en amour pour Maria, la fille du marquis d'Étilles, l'ambassadeur français auprès du doge. Almarà piège Alvise, populaire et aimé de la jeune femme, par de fausses accusations, mais celle-ci sauve la tête de son amoureux en faisant intervenir son père. - GB : Venetian Chivalry.
1911Il figlio del Doge (IT)
Itala Film, Torino, 271 m. - Alors qu'Antonio Foscarini, fils unique du doge, est envoyé en mission en Suisse, sa fiancée Teresa Navagero est contrainte par son père d'épouser le sénateur Contarini. À son retour, Antonio est surpris auprès de Teresa par le sénateur qui lui donne la chasse. Il se réfugie dans le parc de l'ambassade d'Espagne, délit puni de mort. Teresa arrive trop tard pour demander la grâce de son ancien fiancé auprès du doge : Contarini l'a fait exécuter. - GB : The Son of the Doge.
1911Grandenigo e Tiepolo (IT)
Società Italiana Cines (Roma), Roma, 210 m. - En 1310, les Vénitiens sont divisés suite à la guerre humiliante contre Ferrare lors du conflit avec le pape Clément V. Bajamonte Tiepolo (?-1328), Badoer, Venier et d'autres patriciens fomentent un complot contre la République. Bajamonte est chargé de tuer le doge Pietro Grandenigo (1251-1311), de dissoudre le grand conseil et de le remplacer par une élection annuelle. Grâce à Zanza, une amante déçue de Tiepolo, le complot est découvert, on se bat sur la place Saint-Marc et la victoire reste au doge. Réfugié dans son palais, Tiepolo se rend en échange de la vie sauve et meurt en exil. - DE : Liebe und Verschwörung in Venedig, GB : Loves and Plots in Venice, ES : Amores y conjuras en Venecia.
1911Sogno di un tramonto d'autunno (Songe d'un crépuscule d'automne) (IT) de Luigi Maggi
Società Anonima Ambrosio, Torino, 309 m./11 min. - av. Antonietta Calderari (Pantea), Mary Cléo Tarlarini (Gradeniga), Mario Voller Buzzi, Gigetta Morano, Oreste Grandi.
Venise au XVIe siècle. Pentella, domestique de la dogaresse Gradeniga (qui s'est auparavant débarrassé du mari), surprend Orseolo, le jeune amant de sa maîtresse, en train de filer le parfait amour avec la courtisane Pantea. Aidée par un mage, Gradeniga jette un sort sur la barque des plaisirs de sa rivale qui est attaquée par Priamo Gritti, ennemi de Pantea. Celle-ci, Orseolo et ses admirateurs périssent dans les flammes. - Arrigo Frusta adapte le drame de Gabriele D'Annunzio, écrit en 1898, joué en 1905. - GB : A Blind Retribution.
1914Il Leone di Venezia / San Marco / Il vessillo di San Marco (Le Lion de Venise) (IT) de Luigi Maggi
Società Anonima Ambrosio (Torino), 1592 m. - av. Paolo Colaci (Baldo Contarini), Fernando Negri Pouget (Adriana Contarini, sa soeur), Ubaldo Stefani (Jacopo Cinzico), Lena Lénard (Marina Barbarigo).
Synopsis : Marina Barbarigo aime Baldo Contarini qui se bat en mer pour Venise. Mais son père la contraint d'épouser Jacopo Cinzico qui jalouse les succès militaires de Baldo et le compromet avec de faux documents. Baldo est accusé de trahison. Adriana, sa soeur, l'aide à s'évader et à se réfugier en Dalmatie où, pour se venger de sa patrie ingrate, il s'adonne à la piraterie sous pavillon ottoman. Mais lorsqu'il doit attaquer la flotte vénitienne de Jacopo, il tourne casaque et remporte la victoire pour Venise. Réhabilité, il peut épouser Marina dont le mari à péri lors de la bataille navale. - US : Lion of Venice, ES : El Leon de San Marcos.
Michel Zévaco revu par Domenico Gaido dans le ciné-roman « Il ponte dei sospiri » (1921).
1921* Il ponte dei sospiri (Le Pont des Soupirs) - 1. La bocca del leone - 2. La potenza del male - 3. Il Dio della vendetta - 4. Il trionfo d'amore (IT) ciné-roman de Domenico Gaido
Ernesto Maria Pasquali, Luciano Albertini/Pasquali-film e C. (Torino)-Albertini Film (Torino)-Unione Cinematografica Italiana (4 épis.), 6907 m./302 min./252 min./158 min./4 x 4 bob. - av. Luciano Albertini (Rolando Candiano, fils du doge), Carolina White (Eleonora Dandolo), Antonietta Calderari (la courtisane Imperia), Onorato Garaveo (Scalabrino), Vittorio Pieri (le doge Candiano), Armand Pouget (Foscari, Grand Inquisiteur et doge usurpateur), Agostino Borgato (le cardinal Bembo), Carlo Cattaneo (Pietro l'Arétin), Giuseppe Falcini (Sandrigo), Luigi Stinchi (Altieri), Bonaventura Ibañez (Dandolo), Romilda Toschi (Bianca, la fille d'Imperia), Lina De Chiesa (la dogaresse Silvia), Ria Bruna (Zanze), Magda Chirotti (Juana), Italia Vitaliani, Pina Maselli.
Synopsis : Venise au XVIe siècle. Le capitaine Rolando Candiano, fils du doge Candiano, revient en triomphateur d'une expédition contre les Turcs. Il est aimé du peuple vénitien qui voit en lui le successeur de son père et il est à la veille d'épouser Eleonora Dandolo, une fille de la bourgeoisie. Mais un quarteron d'arrivistes, dont deux amis proches, le cardinal Bembo et Altieri, désapprouvent cette union entre le peuple et le patriciat et conspirent à sa perte. Le Grand Inquisiteur Foscari fomente un coup d'État au Conseil des Dix, destitue le doge et prend le pouvoir, organisé avec le condottiere florentin Giovanni dalle Bande Nere alias Jean de Médicis (1498-1526) et la complaisante complicité de Pietro l'Arétin (1492-1556). Accusé le jour de ses noces d'un crime qu'il n'a pas commis, Rolando est emprisonné dans un cul de basse fosse tandis que son vieux père est destitué au profit de Foscari et aveuglé. Eleonora se réfugie dans un couvent. Après six ans de captivité, Rolando parvient à s'échapper avec la complicité de Scalabrino, un bandit repenti qui va l'aider à punir les responsables de ses malheurs. Altieri se suicide. Foscari, le doge usurpateur, est condamné à perdre la vue, mais, généreux, Rolando lui pardonne. Générosité inutile : le fourbe a perdu la raison.
Ce drame de vengeance " à la Monte-Cristo " est une adaptation spectaculaire du roman Le Pont des soupirs de Michel Zévaco (1909), un journaliste anarchiste et écrivain corse. Les deux doges mentionnés, Candiano et Foscari, sont fictifs. Le film à épisodes - qui a nécessité plus de trois cents dessins de scènes et de costumes ainsi que six mois de tournage à Venise et aux studios de la Pasquali à Turin - est immensément populaire et reste dans les catalogues de distribution pendant une décennie, sonorisé vers 1930, enfin exporté dans toute l'Europe, en Amérique et en Union soviétique. En 1953, le roman fera aussi le sujet d'une opérette en deux actes de Vincent Scotto au Théâtre Mogador, Les Amants de Venise, titre de la suite du roman (cf. infra, La congiura di San Marco en 1924). Divers remakes au cinéma (1940, 1964 et la télésérie brésilienne de 1969). En France, le ciné-roman est exploité en " huit époques " : 1. " L'Ombre du sarcophage " - 2. " Le Guet-apens " - 3. " La Fuite dans la tempête " - 4. " Le Pacte de la Grotte Noire " - 5. " La Fête chez Imperia " - 6. " Ce que peut la haine " - 7. " Le Calvaire d'une mère " - 8. " Expiation ". - US, GB : The Bridge of Sighs.
Rudolf Klein-Rogge et Lil Dagover dans « Der müde Tod » de Fritz Lang (1921).
1921** (épisode vénitien :) Der müde Tod (Les Trois Lumières) (DE) de Fritz Lang
Erich Pommer/Decla-Bioscop AG (Berlin), 2307 m./105 min./94 min. - av. Lil Dagover (Monna Fiametta), Walter Janssen (Giovanfrancesco), Rudolf Klein-Rogge (Girolamo), Louis Brody (le Maure), Edgar Pauly, Hellmuth Hiemstra, Max Adalbert (le trésorier), Bernhard Goetzke (la Mort).
Synopsis : Une jeune femme veut arracher à la Mort celui qu'elle aime. Fatiguée, la Mort lui conte l'histoire de trois couples en danger. La deuxième histoire se déroule à Venise au XIVe siècle : quoique promise à Girolamo, un homme d'âge mûr, Fiametta aime Giovanfrancesco. Comme Girolamo a prédit la mort de son bien-aimé, Fiametta planifie l'assassinat de son futur époux en l'invitant par lettre et sous un déguisement à un lieu où l'attend un serviteur maure avec un poignard enduit de poison. Mais Girolamo devine la manœuvre et transmet la lettre fatale à Giovanfrancesco qui périt poignardé à sa place. À l'image du Maure se substitue l'image de la Mort... Les deux autres épisodes se déroulent en Arabie au XXe siècle et en Chine. " Tous les destins sont variés, différents, mais tous finissent de même, par l'extinction et l'anéantissement. Monotonie terrible qui rend la Mort lasse dans son univers asphyxié de lignes verticales (les bougies signifiant les êtres vivants) et horizontales (les marches d'escaliers) en perpétuel contraste " (J. Lourcelles, Dictionnaire du cinéma). Un scénario de Thea von Harbou et Fritz Lang filmé en été 1921 aux studios de la Decla-Bioscop et sur les terrains de Neubabelsberg (Potsdam). Cette œuvre marquante de l'expressionnisme allemand, aux images souvent hallucinantes, assoit la réputation de Lang comme grand créateur, dans un récit qui se veut à la fois fable, allégorie, farce picaresque, poème métaphysique, ballade et conte onirico-fantastique. - IT : Destino, ES : La muerte cansada / Las tres luces, GB, US : Destiny.
1923Der Löwe von Venedig (Le Lion de Venise) (DE) de Paul Ludwig Stein
Münchner Lichtspielkunst AG (Emelka-Konzern), 6 actes/2089 m. - av. Olaf Fjord (Benedetto Dolan), Ernst Schrumpf (le prince de Raguse), Grete Reinwald (Alinda, sa fille), Wilhelm Diegelmann (le doge), Hanni Weisse (Lucetta, sa fille), Fritz Greiner (le condottiere Pietro Condivi), Paul Biensfeldt (Paolo Marzo), Otto Framer (Carlo Dolei, l'officier).
Synopsis : Venise au XIIIe siècle. Le général vénitien Condivi, qui revient victorieux d'une campagne militaire en Grèce, aime la fille du doge, Lucetta, mais celle-ci a un faible pour un autre général, Benedetto Dolan. Sur les rives de l'Adriatique, Raguse [Dubrovnik] s'est rebellée contre Venise et Benedetto l'assiège ; le combat est inégal, le prince de Raguse tombe au combat, la cité se rend. Benedetto est fasciné par Alinda, la très belle fille du prince qui s'est défendue l'arme à la main. Lorsque le Conseil des Douze décrète que tous les combattants survivants doivent être noyés dans l'Adriatique, Benedetto s'exécute horrifié, mais cache Alinda à bord de son navire, puis, de retour à Venise où il est fêté comme un héros, dans son palais. Lucetta découvre toutefois la présence d'Alinda et rapporte la " trahison " de Benedetto au doge. Mais les Vénitiens sont émus par le couple d'amoureux condamnés à mort et après une ultime épreuve dans le cirque, Benedetto et Alinda quittent librement la lagune vénète tandis que Lucetta se console dans les bras de Condivi. - Du roman de gare (filmé en partie sur place) dans une Venise hautement fantaisiste, un contexte historique inventé (pas un mot sur le statut de Raguse durant sa période vénitienne, entre 1205 et 1358), avec une figuration très importante, une arène aux lions (!) et autres fariboles. - IT : Il leone di Venezia, US : The Lion of Venice.
1924La congiura di San Marco - 1. Il rigguito del Leone - 2. Venezia rossa - 3. Tra le spire dei serpenti - 4. Il trionfo di Venezia (IT) feuilleton de Domenico Gaido
Pasquali Film e C.-U.C.I., Torino (4 épis.), 7503 m. - av. Amleto Novelli (Rolando Candiano), Bianca Stagno-Bellincioni (Zanze), Ria Bruna (la dogaresse Leonora), Armand Pouget (le doge Foscari), Bianca Marie Hübner (Saita la Syrienne), Celio Bucchi (Scalabrino), Emilio Vardannes (l'inquisiteur Stefano Donato), Amaldo Arnaldi (le bouffon Sorba), Augusto Poggioli (Marco Bragadin), Roberto Feliciano (le gondolier Fedrigo), Teresa Pasquali (Badessa), Federico Fissore (Momi), Giacomo Bualò (Paròn Zuane), Rosetta Solari (Curnea).
Rolando Candiano, le nouveau doge de Venise, veut nourrir les pauvres et défendre l'indépendance de la République, mais les partisans de l'ex-doge Foscari complotent pour le destituer. Il les met en échec avec l'aide de son ancien compère, Scalabrino, qui dirige une troupe d'acrobates, et sa bien-aimée Zanze. - Suite du film-feuilleton Il ponte dei sospiri de 1921, d'après le roman Les Amants de Venise de Michel Zévaco (1909), filmée en extérieurs à Venise.
1939Scandalo per bene (IT) d'Esodo Pratelli
Federico D'Avack, L. Freddi/Produzione Associata Cinecittà-Sovrania Film-Industrie Cinematogafica Artistiche Romane (I.C.A.R.), 92 min. - av. Evi Maltagliati (Bianca Alviano), Carlo Ninchi (Marco Alviano), Camillo Pilotto (le doge Foscari), Maurizio D'Ancora (Alvise, son neveu), Letizia Bonini (Isotta de la Vida), Giuseppe Porelli (Veniero della Vida), Luisella Beghi (Gismonda Contarini), Lauro Gazzolo (le procureur Contarini, son père).
Deux marchands vénitiens courtisent chacun l'épouse de l'autre. Les deux épouses décident de donner une belle leçon à leurs conjoints en échangeant leurs identités lors de la nuit d'amour prévue. - La nouvelle Dui gentiluomini veneziani onoramente da le mogli sono ingannati de Matteo Maria Bandello (1554), émule de Boccace, filmée à Cinecittà. - DE : Ehen in Verwirrung.
« Il ponte dei sospiri » (1940) de Mario Bonnard, d’après Michel Zévaco.
1940Il ponte dei sospiri (Le Pont des Soupirs) (IT) de Mario Bonnard
Michele et Salvatore Scalera/Scalera Film (Roma), 110 min. - av. Paola Barbara (Madonna Imperia, maîtresse de Pietro Davila), Otello Toso (Rolando Candiano), Mariella Lotti (Eleonora Grado), Giacomo Moschini (le doge Lando Grado, son père), Giovanni Dal Cortivo (le doge Candiano), Giulio Donadio (le comte Negroni), Elli Parvo (Armida), Elli Parvo (Sandella), Virgilio Riento (Bertuccio), Erminio Spalla (Scalabrino), Adele Garavaglia (Angiola), Giorgio Capecchi (Sandrigo), Bella Starace Sainati (la Mère supérieure), Carola Lotti (Ginevra), Dino Di Luca (Pietro Davila), Cesare Polacco (Bartoli).
La meilleure version de toutes les adaptations du roman populaire de Michel Zévaco (1909), et qui deviendra le plus gros succès commercial de l'année en Italie, avec une recette de 9 millions de lire. Théâtrale mais plastiquement assez séduisante, elle est tournée par un habitué du gros mélo en costumes, le vétéran Mario Bonnard (parmi ses ultimes méfaits : Gli ultimi giorni di Pompei en 1959 avec Steve Reeves), en novembre-décembre 1939 dans les studios de la Scalera Film à Rome et en extérieurs hivernaux à Venise, défilés de gondoles et figuration massive à l'appui. C'est le premier remake du film à épisodes de 1921 (cf. supra), dont il diffère sur quelques points de détail : il présente d'abord une assise historique plus précise, puisque l'action démarre après la défaite de la flotte vénitienne menée par Andrea Doria contre les Ottomans de Khayr al-Dîn alias Barberousse à Preveza (dans la mer Égée) en 1538. Le héros du récit, Rolando Candiano, retourne amer parmi les siens et se console auprès de son amour secret, Eleanora Grado, fille du doge, avant d'être victime de la cabale de Davila et Negroni du " Conseil des Dix ". Ce dernier conseille à Imperia, lorsqu'elle tue en légitime défense son amant Davila, d'accuser Rolando du meurtre. Condamné à mort, Rolando parvient à s'évader des " Piombi " en sautant du Pont des Soupirs grâce au brigand Calabrino et à ses partisans dans la cité. Eleanora convainq Imperia de revenir sur son accusation et Negroni se suicide. Réhabilité, Rolando est nommé commandant naval du contingent vénitien pour poursuivre la guerre contre les Turcs dans la Méditerranée. Les accents particulièrement martiaux et l'exaltation patriotique de la fin reflètent les ambitions impériales du régime (Nice, Corse, Malte, Chypre, Tunisie) et font écho à la mobilisation fasciste en prévision de la guerre imminente. - DE : Kapitän Orlando, ES : El puente de los suspiros.
Charles Dullin, Louis Jouvet et Harry Baur jouent la comédie de l’héritage (« Volpone »).
1940/41* Volpone ou L'Amour de l'or (FR) de Maurice Tourneur [et Jacques de Baroncelli]
Elisabeth Soutzo/Ile-de-France Films, 94 min. - av. Harry Baur (Volpone), Louis Jouvet (Mosca), Charles Dullin (Corbaccio), Jacqueline Delubac (Colomba, femme de Corvino), Fernand Ledoux (Corvino), Marion Dorian [=Elisabeth Soutzo] (Carina), Alexandre Rignault (cpt. Leone, fils de Corbaccio), Jean Temerson (Voltore, le notaire), Robert Seller (le capitaine des sbires), Alfred Baillou (un mendiant), Pierre Sabbagh (un page), Rodolphe Marcilly, Édouard Francomme et Roger Blin (des Vénitiens), Jean Lambert (un chanteur), Louis Fremont (le juge), Pierre Giannotti (le donneur de sérénade), Pierre Moreno (le greffier).
Synopsis : À Venise, le marchand Volpone, dont les deux navires chargés de marchandises précieuses sont considérés comme perdus, est jeté en prison par ses créanciers. Il y rencontre Mosca, un parasite cynique à qui il promet son appui si la fortune retourne en sa faveur. Les deux vaisseaux tant attendus arrivent enfin et Volpone, à nouveau libre et riche, décide de se venger avec l'assistance de Mosca. Il met sur pied une escroquerie magistrale laissant croire qu'il est à l'article de la mort et qu'il souhaite rédiger son testament. Mosca fait miroiter l'héritage aux rapaces qui entourent le lit du faux moribond. L'un, Corvino, bien que le mari le plus jaloux de Venise, lui offre sa femme ; l'autre, l'usurier Corbaccio, d'une avarice sordide, déshérite son fils Leone. Finalement, Mosca retourne la situation à son avantage. Volpone, déclaré mort, devrait être pendu. Il ne le sera pas, mais Mosca devenu l'unique héritier, jette les pièces d'or de Volpone par la fenêtre à la foule...
Volpone est une comédie satirique de Ben Jonson présentée au Globe Theatre à Londres en 1606, adaptée par Stefan Zweig en 1925, puis trois ans plus tard en français par Jules Romains ; celui-ci en modifie la fin, remplaçant la conclusion morale de Johnson (Volpone et Mosca sont démasqués au tribunal) par un dénouement nettement plus cynique, spectacle qui triomphe sur scène au théâtre de l'Atelier de Charles Dullin en 1928. Le film, dont les costumes sont de Boris Bilinsky et les décors de Jean Perrier, a plusieurs faux départs. Un premier projet date d'août 1937 déjà, sous la direction de Marcel L'Herbier, avec Raimu dans le rôle de Volpone et Jouvet en Mosca. Jules Romains aurait participé à cette première adaptation restée dans les tiroirs, comme les esquisses de décors d'Eugène Lourié. La production en incombe à la société Ile-de-France qu'a fondée la richissime princesse roumaine Elisabeth Soutzo ; la princesse se réserve le rôle de Carina sous le nom d'artiste de Marion Dorian. Le film est commencé par Jacques de Baroncelli en juin 1938 aux studios Gaumont-Franco-Film-Aubert ; après trois semaines et un quart du film, le travail est stoppé faute de financement. Il reprend fin mars 1940 et dure jusqu'à la mi-mai, cette fois-ci aux ateliers Paris Studio Cinéma à Boulogne-Billancourt, avec Maurice Tourneur chargé de terminer l'ouvrage, heureux de diriger une troupe d'élite dans un univers de fantaisie alors que l'avenir de l'Europe s'assombrit de jour en jour. Avec l'avancement des Allemands, Tourneur et son épouse américaine se réfugient dans le Var. Son film sort en mai 1941, acclamé de toutes parts, même si la presse antisémite de Vichy fait de Volpone, à l'origine un noble vénitien, un " levantin " et que le " juif " Stefan Zweig a disparu du générique. Un film parfois hilarant qui vaut surtout par son interprétation composite. Harry Baur, cabotin en diable, pousse son jeu aux limites de la bouffonnerie, mais Jouvet reste d'une sobriété inattendue et Dullin souligne avec brio la monstruosité de son personnage. La théâtralité manifeste de l'ensemble est compensée par des mouvements d'appareils assez dynamiques et une mise en scène d'une grande habileté. Cf. remake tv en 1978 et en 2002.
1941Il Bravo di Venezia (Le Grand Homme de Venise / Le Bourreau de Venise) (IT) de Carlo Campogalliani
Michele et Salvatore Scalera/Scalera Film (Roma), 114 min./100 min. - av. Gustav Diessl (Marco Da Ponte, dit Marco Fuser), Rossano Brazzi (Guido Da Ponte, son fils), Paola Barbara (Leonora), Cesare Fantoni (le peintre Paolo Caliari dit le Véronèse), Valentina Cortese (Alina), Emilio Cigoli (Alvise Guoro), Giacomo Moschini (le doge Nicola da Ponte), Carlo Duse (maître Zaccaria, un usurier), Erminio Spalla (Franco da Milano), Giulio Paoli (Callisto), Achille Majeroni (l'Inquisiteur), Alberto Sordi (l'assistant du Véronèse).
Synopsis : Venise en 1583. Marco Da Ponte, un gentilhomme qui s'est adonné jadis au banditisme, est capturé alors qu'il visite en secret son fils et condamné à mort par le Conseil des Dix. Le Conseil accepte toutefois de le gracier s'il est prêt à être déclaré officiellement mort et à devenir un " Brave ", le bourreau secret de la République. Le jeune peintre Guido, le fils de Marco qui travaille dans l'atelier du célèbre Paolo Veronese, est amoureux d'Alina, la nièce de l'usurier Zaccaria ; celle-ci intéresse également l'aristocrate Alvise Guoro, le fiancé de Leonora que courtise en vain Gualtiero. Un jour, Marco est chargé d'exécuter son propre fils (qui l'a renié), accusé à tort d'homicide par des conspirateurs à la solde d'Alvise. Ce dernier poignarde le " Brave " qui cherche à sauver son rejeton ; le Véronèse intercède auprès du doge en faveur de son disciple tandis que Leonora dénonce le cynique Alvise. Guido peut quitter Venise avec Alina. - Une bande mélodramatique un peu compliquée mais d'assez bonne facture, comportant la vedette allemande Gustav Diessl en tête d'affiche, tournée dans les studios Scalera à Venise, avec des extérieurs sur la piazetta San Marco. - ES : El vengador de Venecia.
1941/42Capitan Tempesta / El capitán Tormenta (Capitaine Tempête) (IT/ES) de Corrado D'Errico [et Umberto Scarpelli, Hans Hinrich]
Michele et Salvatore Scalera/Scalera Film (Roma), 85 min. - av. Carla Candiani (Leonora Bragadin dite " Capitan Tempesta "), Carlo Ninchi /v. esp. Luis Hurtado (Moulay al-Qadir, dit " le lion de Damas "), Dina Sassoli (Suleika, son épouse), Doris Duranti/v. esp. Carmen Navasques (Haradja), Adriano Rimoldi (Marcello Corner), Annibale Betrone (Marcantonio Bragadin, gouverneur de Famagosta), Nicolas D. Perchicot (le sultan Ali Pacha), Rafael Rivelles (Lachinsky), Juan Calvo (Hussif), Erminio Spalla (El-Kadur), Carlo Duse (Methiub), Giulio Tempesti (l'alchimiste).
Synopsis : En 1571, les Turcs de Selim II, alliés à François Ier, assiègent Famagouste, protectorat de Venise sur l'île de Chypre. Marcello Corner est envoyé en mission secrète à Venise pour exposer la situation au Conseil du Doge, puis ramener victuailles et aide militaire. Entre-temps, la cité est farouchement défendue par le capitaine Tempesta, sous l'armure duquel se cache Leonora Bragadin, la fille du gouverneur, fiancée à Marcello. Elle bat Moulay al-Qadir, surnommé le " Lion de Damas ", en combat singulier, mais épargne sa vie. Sur le chemin de retour, Marcello est trahi par Laczinsky, un mercenaire polonais au service de la Sérénissime et amoureux de Leonora, qui le livre au sultan Ali Pacha, chef de l'armée ottomane. Le Vénitien est enfermé au château de Hussif en Turquie où vit Haradja, la nièce du sultan qui doit le pousser à dévoiler les plans de Venise. Elle échoue, mais une drogue fait l'effet escompté. Comme les assauts des Ottomans contre Famagouste se heurtent à une résistance tenace, Laczinsky capture Leonora ; celle-ci s'évade et se rend à Hussif pour sauver son fiancé. La cruelle Haradja, la " tigresse de Hussif ", enferme les amoureux dans une prison souterraine qu'elle fait inonder. Après avoir éliminé le traître polonais, El-Kadur, fidèle serviteur de Leonora, avertit Moulay al-Qadir du danger que courent les amoureux. Le " Lion de Damas ", qui a une dette envers eux, les sauve de la noyade et les ramène à Famagouste au moment où apparaît la flotte de secours. (À suivre, cf. ci-dessous.)
C'est l'unique adaptation du roman éponyme d'Emilio Salgari (paru en 1905), le Karl May italien, responsable de la saga immensément populaire des Sandokan ; en 1910 paraît la suite, Il leone di Damasco, qui fait également l'objet d'une transposition à l'écran (cf. infra). Pour limiter les dégats, le fils du romancier véronais, Omar Salgari, collabore aux deux scénarios du fasciste Alessandro De Stefani, textes qui doivent être modifiés en fonction de l'actualité politique, de sorte que les deux ouvrages possèdent forcément une résonance particulière au moment où l'avenir de Mussolini se joue en Libye. Le cadre géographique reste le même, Venise détenant au XVIe siècle le monopole du commerce avec l'Orient et l'ennemi britannique ayant depuis lors remplacé les Ottomans sur Chypre. Les héros du livre - un des romans favoris de Che Guevara - sont recadrés : la duchesse Eleonora d'Eboli devient Leonora Bragadin et son fiancé, le vicomte Le Hussière, se transforme en Marcello Corrado. Salgari, dont la veine exotique et anarchiste est bien connue, fait périr La Hussière, laissant la duchesse libre de s'unir à l'Arabe musulman Moulay al-Qadir, ce qui est inacceptable aux yeux du régime et du Vatican. C'est donc Moulay qui meurt, et on lui invente une épouse, Suleika, qui le rejoint dans la tombe, assassinée par des Turcs. Le tournage, toutefois, est digne de Salgari : l'Allemand Hans Hinrich (un juif converti qui a fui le Reich) s'y attelle en hiver 1940/41 aux studios de la Scalera Film à Rome. Puis le réalisateur est remplacé pour des raisons inconnues par le jeune Corrado D'Errico. La fabrication de Capitan Tempesta se poursuit dès mars 1941 (extérieurs à Venise et sur la plage de Nettunia/Anzio, Latium), mais s'avère compliquée car on tourne simultanément la suite, Il Leone di Damasco et de surcroit en deux versions, italienne et espagnole, impliquant, coproduction avec Madrid oblige, deux acteurs hispaniques jouant Moulay al-Qadir et Haradja. Au total, quatre longs métrages. D'Errico décède brusquement en septembre 1941, et la Scalera confie la fin du tournage à Umberto Scarpelli et, pour la deuxième partie, au vétéran Enrico Guazzoni (qui vient de terminer deux autres films d'aventures d'après Salgari, La figlia del Corsaro Verde et I pirati della Malesia). Les maquettes miniaturisées et les trucages sont de Domenico Gaido (réalisateur de Salammbô en 1914), assisté du jeune Mario Bava. En raison de la guerre, les deux films ne seront projetés que sur le territoire national et dans l'Espagne franquiste.
1941/42Il Leone di Damasco / El Leon de Damasco (Le Lion de Damas) (IT/ES) de Corrado D'Errico et Enrico Guazzoni
Michele et Salvatore Scalera/Scalera Film (Roma), 85 min. - Carla Candiani (Leonora Bragadin-Corner, dite " Capitan Tempesta "), Carlo Ninchi/esp. : Luis Hurtado (Moulay al-Qadir, dit le " lion de Damas "), Dina Sassoli (Suleika, son épouse), Adriano Rimoldi (Marcello Corner), Doris Duranti / esp. Carmen Navasques (Haradja), Carlo Duse (Methioub), Erminio Spalla (El-Kadur), Nicolas D. Perchicot (le sultan Ali Pacha), Annibale Betrone (Marcantonio Bragadin, gouverneur de Famagosta).
(Suite du film précédent :) Quatre ans ont passé. Sur ordre d'Ali Pacha, Moulay al-Qadir, le " lion de Damas ", épouse Haradja, la nièce du sultan, mais doit protéger sa première femme bien-aimée, Suleika, de la jalousie de la seconde. À présent marié à Leonora, Marcello Corner est à la tête d'une puissante flotte vénitienne pour chasser les Turcs qui continuent à assiéger Famagouste. Il échappe à un attentat fomenté par Haradja, mais la diablesse fait enlever son fils, le petit Marco, et assassiner Suleika. L'enfant sera libéré si la ville se rend, proclame Ali Pacha. Leonora part à la quête de son fils, son navire est intercepté par Moulay al-Qadir, mais il la laisse passer, ce qui lui vaut d'être accusé de trahison et condamné à mort. Il croit devenir fou en apprenant le meurtre de Suleika, parvient à s'évader et rejoint le camp ennemi où il se convertit au christianisme. Assisté de El-Kadur, le serviteur de Leonora, il pénètre dans la forteresse turque, récupère l'enfant de ses amis et fait sauter le bâtiment. Il périt héroïquement dans l'explosion.
1945/46La gondola del diavolo (BE : La Gondole du diable) (IT) de Carlo Campogalliani
Paolo Leoni/Scalera Film (Venezia), 2617 m./84 min. - av. Loredana (Marina), Carlo Lombardi (Maître Stelio Ricunis), Alfredo Varelli (Paolo Venier), Flora Marino (Imperia, une courtisane), Letizia Quaranta Campogalliani (la mère de Paolo), Erminio Spalla (Marco, le gondolier), Carlo Miheluzzi (le ministre de la justice), Nino Pavese (Idillius), Giorgio Piamonti (Alvise Venier, père de Paolo), Giorgia Piccoli, Cristina Veronesi.
Une ancienne légende vénitienne : un gondolier est accusé de divers crimes dont il est innocent. Il s'échappe de prison et démasque le coupable, qui est le chancelier du doge. Tournage au printemps 1945 au " Cinevillagio " des studios de la Scalera Film à Venise (Giudeca). - US : The Devil's Gondola.
1945 [sortie: 1947]Sangue a Ca' Foscari (IT) de Max Calandri
Gennaro Proto/Proto-Film (Padova), 93 min./75 min. - av. Massimo Serato (le chevalier della Rosa), Inge Borg, Loredana, Giuseppe Rinaldi, Erminio Spalla, Tatiana Farnese, Carlo Lombardi, Carlo Micheluzzi, Silva Manto, Giulio Oppi.
Synopsis : Au XIVe siècle, la famille Visconti, seigneurs de Milan, voudrait désigner un des siens comme nouveau doge de Venise, afin d'asservir la si florissante République. Mais la noblesse vénitienne ne veut pas satisfaire la soif expansionniste des Visconti et s'oppose à ces visées. À la tête des émeutiers figure un noble à l'identité mystérieuse qui se présente sous le pseudonyme de " Chevalier à la Rose " et apparaît toujours dans les moments les plus critiques des émeutes. Avec l'aide d'une jeune femme, les Visconti parviennent à découvrir l'identité du chevalier, un Foscari, et à le faire condamner à mort pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Mais la complice des Visconti est tombée amoureuse du chevalier et se suicide au poison après s'être confessée à un père capucin. Les conspirateurs milanais sont jetés en prison. - Tournage au " Cinevillagio " des studios de la Scalera-Film à Venise juste avant la mort de Mussolini, mais sorti seulement en 1947.
1948(tv-th) Volpone or The Fox (GB) de Stephen Harrison
BBC Television (BBC 27.6.48). - av. Cecil Trouncer (Volpone), Alan Wheatley (Mosca), Mark Dignam (Voltore), Aubrey Dexter (Corvino), Jessica Spencer (Ceclia), Gordon Davies (Bonario). - La pièce satirique de Ben Johnson, cf. film de 1941.
Maria Montez et Paul Christian alias Paul Hubschmid dans « The Thief of Venice » (1950).
1950* The Thief of Venice / Il ladro di Venezia (Le voleur de Venise) (US/IT) de John Brahm et Marino Girolami
Dario Sabatello, Ever [Robert] Haggiag, Franco Magli, Giuseppe Barattolo/20th Century-Fox-Sparta Film Roma-Scalera Film Venezia, 91 min./88 min. - av. Maria Montez (Tina), Paul Christian [=Paul Hubschmid] (ltn. Lorenzo Contarini), Massimo Serato (Garbia/Scarpa, le Grand Inquisiteur), Camillo Pilotto (l'amiral Disani), Faye Marlowe (Francesca Disani, sa fille), Gualtiero Tumati (Alvire Mocenigo, doge de Venise), Aldo Silvani (capitaine von Sturm), Luigi Saltamerenda (Alfredo), Gjuido Celano (Polo), Paolo Stoppa (Marco), Umberto Sacripante (Duro), Mario Besesti (Nicolò), Nando Tamberlani (Lombardi), Luigi Tosi (Mario), Vinicio Sofia (le trésorier Grazzi), Leonardo Scavino (Sharp Eye).
Synopsis : Venise en 1575. Garbia, le Grand Inquisiteur de la République, est à la tête d'une puissante faction qui veut s'emparer du pouvoir avec le soutien du Conseil des Dix. Après avoir empoisonné le doge en place, il se débarrasse de tous les opposants politiques, y compris du très populaire amiral Disani, engagé dans la lutte méditerranéenne contre les Turcs ; en empêchant les renforts d'atteindre la flotte de Disani, l'Inquisiteur a provoqué la destruction des armées vénitiennes ; leur commandant est traité d'incapable, puis assassiné. Garbia souhaite toutefois épouser la fille de l'amiral, Francesca, qui ignore tout de ses manigances. Le lieutenant de Disani, Lorenzo Contarini, s'unit aux coupe-jarrets de la belle Tina pour lutter contre le tyran et, sous l'identité d'un fantômatique " voleur de Venise ", il détrousse les patriciens trop complaisants afin de financer la révolte, libérer les prisonniers politiques et armer la population. Lorenzo enlève Francesca, à présent la fiancée du dictateur. Francesca, qui s'est éprise de Lorenzo, comprend que Garbia est l'assassin de son père. A la tête de la plèbe et des émeutiers, Lorenzo déclenche une révolte le jour du mariage du tyran et le tue en duel. La brigande Tina s'efface devant l'amour des nobles tourtereaux et quitte la lagune.
Le scénario ne brille pas par son originalité, mais la production hétéroclite (initiée par Giuseppe Barattolo pour Venezia Film avec Jacques Tourneur prévu à la réalisation) et la facture très dynamique du produit méritent commentaire. Le coproducteur italo-américain Robert Haggiag financera en 1954 à Rome The Barefoot Contessa de J. L. Mankiewicz. Au mégaphone, on trouve le réalisateur germano-américain John (Hans) Brahm, auquel le cinéphile doit deux petits chefs-d'œuvre, deux mélos " film noir " d'un baroque flamboyant, The Lodger et Hangover Square (1944/45), aux éclairages très travaillés. The Thief of Venice est un film de circonstance (ou de vacances vénitiennes) qui s'ouvre sur de magnifiques travellings en contre-plongée pris dans divers palazzi, des images de grande beauté, très travaillées qu'on dirait inspirées par celles de l'Othello d'Orson Welles qui sortira deux ans plus tard ; or justement, le chef-opérateur Anchise Brizzi a travaillé à Rome sur Black Magic (1949) avec Orson Welles en Cagliostro, puis à Venise sur Othello... Maria Montez, dont c'est un des derniers rôles peu avant sa mort tragique (Brahm vient de la diriger en Antinéa dans Siren of Atlantis signé Gregg G. Tallas), fait une création pleine d'entrain, d'ironie et de charme. À ses côtés apparaît le comédien suisse Paul Hubschmid dont le nom a été américanisé en Paul Christian et dont le grand Enzo Musumeci Greco chorégraphie les duels. Dans le rôle de son adversaire, Massimo Serato remplace à la dernière minute George Sanders. Le tournage a lieu de novembre 1949 à mars 1950 aux studios de la Scalera-Film à Rome et à Venise, où l'on reconstruit une galère grandeur nature avec rameurs qui traverse majestueseument la lagune (le budget global s'élève à 3 millions de $). Vittorio Nino Novarese (Cleopatra de Mankiewicz, The Agony and the Extasy de Carol Reed) signe les costumes. Le grand public raffole. Globalement, la presse juge le film " infantile mais très jouissif " (New York Times 28.11.52). - ES : El ladrón de Venecia, DE : Der Dieb von Venedig.
1952I Piombi di Venezia (Le Bourreau de Venise) (IT) de Gian Paolo Callegari et Vittorio Cottafavi
Giorgio Venturini/Venturini Produzione, 91 min./88 min. - av. Armando Francioli (Bragadin), Massimo Serato (cpt. Orsenigo), Franca Marzi (Nicla Banich), Roberto Risso (le peintre Jacopo Robusti, dit " le Tintoret "), Maria Gracia Francia (Fabia, le modèle favori du Tintoret), Luigi Tosi (Banich, chef des rebelles dalmates), Nerio Bernardi (le doge de Venise), Amparo Rivelles (Doña Diamante Orsenigo), Giorgio Albertazzi (cpt. Guiliano).
Synopsis : Le capitaine Orsenigo, commandant des galères de la Sérenissime, rentre à Venise avec des prisonniers dalmates. Parmi eux, une jeune fille, Nicla. A l'instigation de sa femme Diamante, Orsenigo complote contre le Conseil des Dix et cache dans son palais l'or volé aux Dalmates. En l'absence du doge, le procès des prisonniers a lieu, et Nikla devient l'esclave de Diamante. Le peintre appelé le Tintoret, un élève de Titien, et Bragadin, un jeune officier amoureux de Nikla, tous deux partisans du doge, essaient de prouver la culpabilité d'Orsenigo. Appréhendés, Bragadin et Nicla vont être exécutés par les conspirateurs lorsque le Tintoret et ses partisans délivrent les amoureux et tuent Orsenigo. - Une modeste bande d'aventures filmée dans les studios FERT à Turin en utilisant les décors du Marchand de Venise de Pierre Billon (1953) et en extérieurs à Venise. On peut s'étonner de découvrir le Tintoret (1518-1594), élève de Titien, le plus célèbre peintre vénitien du temps, maniant la rapière comme d'Artagnan, mais qu'importe. Au générique, par amitié pour le producteur et ami Giorgio Venturini, Cottafavi est crédité comme " superviseur " ou " réalisateur ", mais estimant le film médiocre, il refuse d'en assumer la paternité à la place du journaliste-scénariste Callegari. - BE : Le Prisonnier de Venise, ES : La cárceles de Venecia, DE : Die Sklavin von Venedig.
1952[Sul ponte dei sospiri (Sur le Pont des Soupirs) (IT) d'Antonio Leonviola ; Enrico Bomba & Co.-Zeus Film, 87 min. - av. Frank Latimore, Maria Frau, Françoise Rosay, Eduardo Ciannelli, Carlo Micheluzzi. - Pas de rapport avec le roman de Michel Zévaco, l'action se déroule à Venise en 1610-1625. Cf. Absolutisme : Italie IV.5]
1952Il capitano di Venezia / La congiura del capitano di Venezia (IT) de Gianni Puccini
Carlo Cecconi, Leopoldo Savona/Italica Film, 84 min. - av. Leonardo Cortese (Rizzardo di San Bonifacio, seigneur de Vérone), Mariella Lotti (Ginevra), Andrea Checchi (Ezzelino da Romano), Franco Balducci (Marin Soldero), Dante Maggio (Papele Scaramuzza), Xenia Valderi (Gioia), Pietro Tordi (le comte Gritti), Piero Pastore (Barbaro Corazza), Angelo Maggio (Sorianetto), Angiola Maria Faranda (Cunizza), Davide Sten (Luca), Catherine Halward (Elsa).
Synopsis : En 1220, la République de Venise se fait médiatrice entre les patriciens de Vérone et de Vicence après des années de conflit. La paix doit être scellée par le mariage d'Ezzelino da Romano, le redoutable condottiere de Vicence, et Ginevra, la sœur du maître de Vérone qui, elle, aime un jeune et mystérieux capitaine, ambassadeur de Venise. Mais Ezzelino introduit au banquet nuptial ses propres spadassins déguisés en jongleurs avec l'intention d'y semer la mort. Déguisé, le capitaine de Venise se mêle aux jongleurs pour empêcher le mariage-prétexte, parvient à enlever Ginevra et à la mettre en lieu sûr. C'est la fin de la trève, la parole est aux armes : Ezzelino trucide le seigneur de Vérone. Le capitaine masqué de Venise fait alors justice au nom de la Sérénissime et exécute Ezzelino au cours d'un combat singulier.
Le scénario repose sur des faits. Partisan excommunié de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, le gibelin Ezzelino III da Romano, surnommé " le Féroce " (1194-1259), fit bien la guerre à son beau-frère guelfe, le comte Rizzardo di San Bonifacio, maître de Vérone, et dans sa Divine Comédie, Dante place l'impitoyable brute en enfer, immergé dans un fleuve de sang. Tournage aux studios Safa-Palatino à Rome, Gianni Puccini signe sous le pseudo de Jeff Mulligan. - US (tv) : The Captain of Venice.
1953® The Veils of Bagdad (Le Prince de Bagdad) (US) de George Sherman; Universal, 82 min. - av. Victor Mature, Mari Blanchard, Virginia Field, Guy Rolfe. - En 1526, un espion est envoyé à Bagdad pour déjouer un complot d'alliance du pacha avec les Vénitiens contre Soliman le Magnifique.
1959La scimitarra del Saraceno / La Vengeance du Sarrasin (IT/FR) de Piero Pierotti
Fortunato Misiano/Romana Film-S.N.C. Paris, 104 min. - av. Lex Barker (Dragut Pacha / Dracut, le Dragon), Chelo Alonso (Myriam), Massimo Serato (Roberto Drago), Graziella Granata (Bianca), Luigi Tosi (Francisco le Catalan), Bruno Corelli (Sélim), Michele Malaspina (le gouverneur de Rhodes), Anna Arena (Zaira), Enzo Maggio (Candela), Daniele Vargas (Gamal), Franco Fantasia (le cpt. Volan).
Synopsis : Le corsaire barbaresque Dragut terrorise la Méditerranée depuis son repaire à Djerba, v. 1560. A la cour du gouverneur de Rhodes dans l'archipel égéen, l'aventurier vénitien Roberto Drago (Diego dans la v.f.) est accusé d'être endetté et risque la prison. On apprend que le redoutable corsaire s'est emparé d'un galion vénitien où se trouvait Bianca, la fille du gouverneur, et des documents ultrasecrets concernant un pacte politico-commercial entre Venise et Rhodes. Roberto gagne sa liberté en se faisant engager à bord du navire de Dragut pour récupérer Bianca et les documents, ce qu'il réussit au cours d'un affrontement naval où le corsaire refuse d'abandonner son navire qui coule.
Las de jouer les héros positifs, l'Américain Lex Barker (ex-Tarzan et mari d'Anita Ekberg) insiste pour interpréter le rôle du " méchant ", méconnaissable avec collier, et parvient à lui conférer un certain panache ; à ses côtés, l'affriolante Chelo Alonso, reine des oasis en carton pâte. Le film mobilise le fameux Dragut ou Darghouth (" dragon " en arabe), voire aussi Turgut Reis chez les Turcs (v.1485-1565). Amiral en chef de la flotte ottomane, bey d'Alger et pacha de Tripoli, il décède lors du siège de Malte. Une aventure extravagante en Totalscope et Ferraniacolor tournée sur le lac de Garde (studios flottants de Peschiera del Garda), aux cascades de Monte Gelato (Mazzano romano), au château de Scaligero à Sirmione, à la Locanda San Vigilio à Garde (Vérone) et aux studios IN.CI.R.-De Paolis à Rome. - US: The Pirate and the Slave Girl, DE : Der Sohn des roten Korsaren.
1959(tv-th) Volpone (GB) de Stephen Harrison
BBC Television (BBC 16.6.59). - av. Donald Wolfit (Volpone), John Wynyard (Mosca), Carl Bernard (Voltore), Erik Chitty (Corbaccio), Esmond Knight (Corvino), Jane Griffiths (Celia, sa femme), Thomas Hare (Nano), John Southworth (Androgyno). - La comédie satirique de Ben Johnson, cf. film de 1941.
1961La rivolta dei mercenari / La revuelta de los mercenarios / Los mercenarios (La Révolte des mercenaires) (IT/ES) de Piero Costa
Antonio Canelli/Prodas Film (Roma)-Chapalo Film S.A. (Madrid)-Rewind Film, 101 min./98 min. - av. Virginia Mayo (la duchesse Patrizia di Rivalta), Conrado San Martin [Conrad Sammartin] (cpt. Lucio Di Rialto), Susanna Canales (la gitane Katia), Livio Lorenzon (le comte Keller Paroli), Carla Calò (la comtesse Miriam du Marchant), Franco Fantasia (Ilario), Alfredo Mayo (Marco), John Kitzmiller (Tago) Tomás Blanco (cpt. Brann), Anita Todesco (Prisca), Pilar Cansino (Simonetta), Marco Tulli (Stefano, prince de Sienne), Enzo Fiermonte (Cizzania), Amedeo Trili (Pintar, père de Katia), Amerigo Santarelli (le bourreau), Xan das Bolas (Marco, compagnon de Katia).
C'est à contre-cœur que la duchesse Patrizia di Rivalta envisage d'épouser le puissant mais efféminé Stefano, prince de Sienne, seul moyen à ses yeux de se protéger contre l'annexion de ses terres du Frioul par l'agressif comte Keller Paroli et ses pillards. Le spadassin Lucio Di Rialto, séduisant capitaine d'une compagnie de mercenaires, lui offre ses services après avoir publiquement dénoncé la duplicité de Keller lors d'une réception en présence du prince. Keller jure vengeance et attaque le château de Rivalta, mais Lucio et sa poignée de soldats de fortune lancent une centaine de chiens de chasse affamés contre l'ennemi dont les chevaux se cabrent et désarçonnent leurs cavaliers. Puis, feignant de se laisser soudoyer, Lucio et ses hommes pénètrent dans le château de Keller. Ils sont découverts, emprisonnés, parviennent à s'évader, mais tandis que Keller lance toute son armée contre les remparts de Rivalta, ils l'attaquent sur ses arrières et déciment la soldatesque avec le canon du prince Stefano. La belle duchesse se console de l'amour impossible qu'elle voue au mercenaire en épousant le prince de Sienne tandis que Lucio prend la gitane Katia en croupe.
Un agréable divertissement réunissant la ravissante Virginia Mayo, vedette hollywoodienne des années 1940-50 jadis merveilleusement mise en valeur par Raoul Walsh ou Jacques Tourneur, mais dont la carrière est à présent en perte de vitesse, et le prolifique Espagnol Conrado San Martín - italianisé en Conrad Sammartin -, un habitué du film à costumes ibéro-italien (Le colosse de Rhodes de Sergio Leone, 1961, Pompée dans King of Kings de Nicholas Ray, 1961). Soutenu par le maître d'armes Franco Fantasia, profitant aussi de quelques forteresses hispaniques de fière allure - Guadamur (prov. de Tolède) et Mansanares el Real (prov. de Madrid) - ainsi que d'une figuration relativement importante, Piero Costa réussit quelques séquences dynamiques et plutôt bien enlevées (la mort violente du sinistre Keller qui périt transpercé parmi les oiseaux affolés du pigeonnier). Son film est réalisé en Totalscope et Eastmancolor en extérieurs en Espagne et en Italie, à Venise (Ca' Pesaro sur le Canal Grande), à Bracciano (Vigna Grande), à Cividale del Friuli, vers Udine puis dans les studios IN.CI.R.-De Paolis à Rome et C.E.A. à Madrid. - DE : Aufstand der Söldner, US : Revolt of the Mercenaries.
1962Le Crime ne paie pas / Il delitto non paga - épisode 1 : Le Masque / La maschera (FR/IT) de Gérard Oury
Gilbert Bokanowski, Ever Haggiag/Générale Européenne de Films G.E.F. (Paris)-Transworld Productions (Paris)-Télédis Films (Paris)-Cosmos Film (Roma), 158 min. (4 épisodes). - av. Edwige Feuillère (la duchesse Donna Lucrezia), Gabriele Ferzetti (Angelo Giraldi), Gino Cervi (l'inquisiteur, frère de la duchesse), Rossana Schiaffino (Francesca Savelli), Laura Efrikian (Antonella), Rina Morelli (Teresa), Serge Lifar (le chinois), François Périer (récitant).
Venise en 1450. La duchesse Lucrezia apprend que son amant Angelo la trompe avec la jeune Antonella, sa suivante et le fait assassiner par des spadassins. Mais le crime a été vu et, avertie, Antonella réserve à sa rivale un châtiment terrible : elle enduit d'acide le masque antirides que la duchesse porte la nuit. - Un film à sketches (4 épisodes) d'après la bande dessinnée de Paul Gordeaux parue dans France-Soir ; le scénario de la partie vénitienne repose sur un fait divers relaté par Stendhal dans son recueil posthume Chroniques italiennes (1885) et a été écrit par Jean Aurenche et Pierre Bost. Cette comédie grinçante aux épisodes inégaux puisés dans les annales du crime est tournée en 1961 en scope noir et blanc aux Paris Studio Cinéma à Boulogne-Billancourt par le comédien Gérard Oury (mari de Michèle Morgan), dont c'est la troisième réalisation. - DE : Verbrechen aus Liebe / Der perfekte Mord, AT : Vom Teufel besessen, ES : El crimen se paga, GB : The Gentle Art of Murder, US : Crime Does Not Pay.
1963Il pirata del diavolo / Rabaneck, vrazji gusar (Le Pirate du diable) (IT/YU) de Roberto Mauri
Aldo Piga, Gisleno Procaccini/Walmar Cinematografica (Roma)-Triglav Film (Belgrad), 107 min./86 min. - av. Richard Harrison (le comte Marco Trevisan), Walter Brandi (Ranieri), Anna Maria Ubaldi (Alina), Demeter Bitenc (Rabenek), Gini Turini (le comte Trevisan), Lorenzo Artale (Giovanni), Anita Todesco (Zoraida), Liana Dori (Velia), Lilly Landers (Caterina), Luigi Batzella (Mahmud), Maretta Procaccini (l'enfant).
En 1521, la Dalmatie, territoire vénitien, est en proie aux pirates barbaresques de Rabenek qui pillent et tuent au service de l'Empire ottoman. Revenant de Venise pour se marier dans sa patrie dalmate avec Velia, le comte Marco Trevisan est capturé par les Ottomans et enfermé dans son propre château. Son compère Ranieri parvient à incendier le navire des assaillants qui se trouvent ainsi bloqués à terre. Marco s'échappe grâce à la complicité d'Alina, une fille turque éprise de lui, et, aidé par Ranieri et une centaine de compatriotes, il se débarrasse des envahisseurs. - Une petite chose tournée en Totalscope et Eastmancolor aux studios de l'Istituto Nazionale Luce à Rome, dans les parages de Belgrade et sur la côte dalmate. - DE : Zarak, der Rebell, DE-RDA (tv) : Teufelspiraten, ES : Rey y pirata, GB : Flag of Death, US : The Saracens.
1963Il vendicatore mascherato. I piombi di Venezia / La Vengeance du Doge (IT/FR) de Pino Mercanti
Ultra Film (Roma)-C.C. Lux Films (Roma)-Lux Compagnie Cinématographique de France (Paris)-Sicilia Cinematografica, 90 min. - av. Guy Madison (Massimo Tiepolo), Lisa Gastoni (Elena Gradenigo), Gastone Moschin (le doge Pietro Gradenigo), Ingrid Schoeller (Caterina Zianni), Vanni Materassi (Luca Badoer), Jean Claudio (Marco Donato).
Synopsis : Venise en 1542. Luca Badoer monte une conjuration contre le tyrannique doge Pietro Gradenigo (fictif), qui est soutenu par ses mercenaires allemands et le Conseil des Dix. Bien qu'ami fidèle de Luca, le chevalier Massimo Tiepolo refuse de le suivre, car il a aimé jadis Elena, l'actuelle épouse du doge, et aime à présent Carterina Zianne, que son tuteur le doge a promis en mariage, malgré elle, à l'ambitieux Marco Donato. Les " Seigneurs de la nuit ", société secrète au service du doge, démasquent les conspirateurs. Badoer, arrêté, est torturé à mort. Outré, Tiepolo décide de le venger. Elena, jalouse de Caterina, dénonce Tiepolo qui est incarcéré dans les " Piombi ". Les libéraux ameutent le peuple pour sauver la République. Caterina et Elena s'allient pour sauver Tiepolo et grâce à elles, celui-ci s'évade, pénètre dans la Salle du Conseil des Dix où il triomphe en duel contre Donato et dépose le doge. Afin que Catherine et Tiepolo puissent s'unir, Elena quitte Venise. - Obscure bande de cape et d'épée avec l'Américain Guy Madison, vedette d'innombrables westerns de série B et de la télévision, à présent recyclé dans le péplum et l'aventure à l'italienne. Tournage en Eastmancolor et Vistavision à Venise, Istria et Ljubliana ainsi qu'aux studios Titanus à Rome. Sans rapport avec le film éponyme de 1952. - DE : Der Rächer mit der Maske, CH : Geheimbund der maskierten Rächer, US (vd) : Gentlemen of the Night.
1963® Il boia di Venezia (Le Bourreau de Venise) (IT) de Luigi Capuano, av. Lex Barker. - Venise en 1645, cf. Absolutisme.
1963® Il leone di San Marco (Le Lion de Saint-Marc) (IT) de Luigi Capuano, av. Lex Barker. - Venise en 1620, cf. Absolutisme.
1963(tv-th) Caterina (FR) de Gérard Herzog
ORTF (1re Ch. 21.12.63), 95 min. - av. Emmanuelle Riva (Caterina Cornaro), Robert Etcheverry (Lorenzo Ferrari), Jacques François (Giorgio Cornaro), Jean-Marie Serreau (Malipiero), Suzel Goffre (la princesse Fosca), Michel Vitold (Jacques II de Lusignan, roi de Chypre).
Une dramatique tirée de la pièce en trois actes de Félicien Marceau, créée en octobre 1954 au Théâtre de l'Atelier (avec des décors d'André Barsacq). - Synopsis : À Venise en 1468, dans le palais délabré d'une famille patricienne ruinée, Caterina Cornaro et son fiancé Lorenzo Ferrari rentrent d'une fête chez le doge Francesco Foscari. Le frère de Caterina, Giorgio, tente de leur prouver que leur mariage n'est pas souhaitable, car le roi de Chypre veut épouser Caterina, occasion inespérée pour Venise de s'assurer la fidélité d'un allié difficile. Contre toute attente, elle accepte, mais ayant peur de se retrouver seule, elle emmène Lorenzo, nommé ambassadeur de Venise, à Chypre. Reine, elle se retrouve prisonnière de la petite cour cypriote, épiée par tous, haïe par la princesse Fosca qui espérait avoir sa place. Mais Caterina aime sa nouvelle patrie sans cesser d'aimer Lorenzo. Lorsque son royal époux décède, elle affirme la puissance de sa personnalité et agit non plus en vénitienne, mais en cypriote.
L'authentique Caterina Cornaro (1454-1510) fut mariée par procuration et n'assuma sa fonction de reine consort de Chypre qu'une fois installée sur place, en 1472. Le roi, époux frivole et inconstant, mourut en 1473, ouvrant la porte aux complots et à une conjuration sanglante entre Venise, Chypre et Naples. Reconnue reine de Chypre en 1476 par le sultan du Caire, suzerain de l'île, elle dut abdiquer treize ans plus tard et retourna mourir à Venise après avoir cédé Chypre à la République vénitienne.
1964(tv-th) Volpone (DE-RDA) de Hans Knötsch
Deutscher Fernsehfunk der DDR, Ost-Berlin (DFF 18.5.64). - av. Wolf Kaiser (Volpone), Rolf Ludwig (Mosca), Siegfried Weiss (Corbaccio), Gerd Biewer (Voltore), Dieter Franke (Leone), Annemone Haase (Colomba), Willi Narloch (Corrine), Rudolf Horn (le juge). - La comédie satirique de Ben Jonson et Stefan Zweig. Cf. film de 1941.
1964Il ponte dei sospiri / El puente de los suspiros / Le Pont des Soupirs (IT/ES/FR) de Carlo Campogalliani et Piero Pierotti.
Ermanno Donati, Luigi Carpentieri/Panda S.I.C. (Roma)-Estela Films S.A. (Madrid)-Francinor (Paris), 88 min - av. Brett Halsey (Orlando Candiano), Vira Silenti (Leonora Dandolo), Gianna Maria Canale (Imperia), Marco José Davo (l'inquisiteur Bembo), Jean Murat (le doge Candiano), Burt Nelson (Scalabrino), Conrado Sanmartin (cpt. Altieri), Lilly Darelli (Bianca), Paolo Gozlino (cpt. Lorenzi), José Nieto (Antonio Dandolo), Giovanni Pazzafini (Bepi), Nino Persello (Sandrigo), Perla Cristal (Juana), Bruno Scipioni.
Synopsis : Le doge Candiano élabore des lois libérales qui annullent les privilèges du patriciat. Orlando Candiano, fils du doge, est condamné à mort à la suite d'un faux témoignage fomenté par le grand Inquisiteur Bembo. Pour sauver son fiancé Orlando, Leonora Dandolo accepte d'épouser le capitaine Altieri, complice de Bembolo. Orlando est alors emprisonné à vie. Il retrouve en prison son ami Scalabrino, bandit d'honneur. Ils s'enfuient en se faisant passer pour morts et entreprennent d'éclairer la justice en secret. Altieri assassine Imperia, la courtisane dont le témoignage est trop compromettant. Depuis le toit du palais, Orlando précipite le malfrat dans le canal où il se noie, puis obtient la réhabilitation de son père (qui est décédé dans ses bras) et épouse Léonora.
Troisième mouture du roman-feuilleton de Michel Zévaco (1909), tourné en Technicolor et Techniscope à Venise et aux studios Ballestreros à Madrid. Carlo Campogalliani étant tombé malade (c'est son dernier film), le travail est terminé par le co-scénariste Piero Pierotti. Cf. aussi films de 1921, 1940 et 1969. - DE-RDA : Der Rächer von Venedig, FR (vd) : Le Seigneur des mers, ES (vd) : El vengador de Venecia.
1965(tv-th) Volpone (ES) de Juan Guerrero Zamora
Série "Primera fila", Televisión Española (TVE 21.7.65), 90 min. - av. José Blanch, Tomás Blanco, José María Caffarel, Ignacio de Paúl, Alfonso del Real, José María Escuer, Mary Paz Pondal, José María Prada. - La comédie satirique de Ben Johnson, cf. film de 1941.
1965(tv-th) Volpone (NO) de Per Bronken
Norsk Rikskringkasting (NRK), Oslo, 118 min. - av. Rolf Berntzen (Volpone), Per Theodor Haugen (Mosca), Anne Marie Dale (Colomba), Per Gjersøe (Voltore), Sverre Hansen (Corbaccio), Sossen Krohg (Canina), Rolf Sand (Corvino), Tor Stokke (Leone). - La comédie satirique de Ben Jonson et Stefan Zweig, cf. film de 1941.
1965(tv-th) Volpone (GB) de Michael Simpson
(BBC One 21.+28.9.+5.10.65), 3 x 30 min. - av. Clive Revill (Volpone), Eric Thompson (Mosca), Alan MacNaughtan (Voltore), Sydney Bromley (Corbaccio), Martin Matthews (Corvino), Tommy Reynolds (Nano), Harry Dillon (Gregory). - La comédie satirique de Ben Jonson diffusée en 3 parties. Cf. film de 1941.
1968(tv-th) Volpone (AU) de John Croyston
Australian Broadcasting Corporation (ABC 17.4.68). - av. Peter O'Shaughnessy (Volpone), Max Meldrum (Mosca), Edward Ogden (Voltore), Peter Collingwood (Corvino), Tom Farley (Corbaccio), Pat Bishop (Celia), Peter McPhie (Bonario), Frank Lloyd. - La comédie satirique de Ben Jonson, cf. film de 1941.
1969(tv) A Ponte dos Suspiros (BR) télésérie de Marlos Andreucci
Rede Globo de Televisão, Rio de Janeiro (Globo 6.6.-15.11.69), 144 épis. - av. Carlos Alberto (Rolando[Orlando] Candiano), Yoná Magalhães (Leonora Dandolo), Arlete Salles (Impéria), Jardel Filho (cpt. Jardel), Zilka Sallaberry (Clara), Mário Lago (le faux doge Foscari), Paulo Gonçalves (Laurenco), Paulo Padilha (Dandolo), Ary Fontoura (Pietro l'Arétin), Djenane Machado (Bianca), Ida Gomes (Silvia Candiano, mère d'Orlando), Emiliano Queiroz (Demo), Ida Gomes (Lidia), Paulo Araújo (Scalabrino), Carlos Vereza (Frère Vincente), Maria Helena Dias, Diogo Vilela, Marco Nanini.
Telenovela brésilienne en noir et blanc d'après le roman Michel Zévaco (1909), adaptée par Stela Calderón [=Dias Gomes] avec quelques extérieurs tournés à Venise, le reste dans les studios de Globo TV et au Parque Lage (Jardim Botânico) à Rio de Janeiro. Synopsis, cf. ciné-roman de 1921.
1972(tv) Le Condottiere Bartolomeo Colleoni (FR) de Lionello De Felice
Série " Les Grandes Évasions historiques / Les Évasions célèbres / Le Evasioni Celebri ", Vittorio Barattolo, Aldo Scavarda/ Difnei Cinematografica (Roma)-ORTF-Société Nouvelle Pathé Cinéma-Hungarofilm-RTB (Bruxelles)-SSR (TF1 27.11.72), 55 min. - av. Carlo Cattaneo (Bartolomeo Colleoni), Maria Pia Nardon (Tisbe), Mario Scaccia (Filippo Maria Visconti, duc de Milan), Vincenzo Ferro (Pier Candido Decembrio), Gianni Marzocchi (Francesco Piccinino).
En 1441, après la paix de Crémone signée entre la République de Venise et le Duché de Milan, le condottiere Bartolomeo Colleoni (v.1395-1475) quitte le service de Venise pour s'engager auprès du duc de Milan, Filippo Maria Visconti. Mais, accusé à tort de jouer un double jeu au profit de Venise en 1446, il est arrêté et conduit à la prison des " Forni " du château de Monza. Après un an d'incarcération, épuisé et démoralisé, il reçoit la visite de son lieutenant Giorgetto qui lui permet de s'enfuir après la mort du duc Visconti.
1975(tv-th) Volpone (HU) de György Feher
Magyar Televízio Zrt. (Budapest) (MTV 15.2.75), 93 min. - av. Tamás Major (Volpone), László Helyey (Mosca), Lajos Básti (Voltore), Sándor Kömives (Carbaccio), Ildikó Bánsági (Colomba), Györgyi Andai (Canina), Ferenc Bessenyei (Leone). - La comédie satirique de Ben Jonson, cf. film de 1941.
1977(tv-th) Caterina (FR) de Pierre Sabbagh (tv) et René Clermont (th)
" Au théâtre ce soir ", ORTF (TF1 9.11.77). - av. Alberte Aveline (Caterina Cornaro), Jean-Pierre Bouvier (Lorenzo Ferrari), Jean Topart (Jacques II de Lusignan, roi de Chypre), Catherine Salviat (la princesse Fosca), Jean-Pierre Adréani (Giorgio Cornaro), Jean Martinelli (Malipiero), Christian Ducray (l'officier), Bernard Belin, Jean-Pierre Clech, Bernard Durand, Bertrand Gohaud, Michel Lecaille, Jean-Pierre Seher. - La pièce de Félicien Marceau, cf. dramatique de 1963.
1978(tv-th) Volpone (FR) de Jean Meyer (th) et Pierre Sabbagh (tv)
" Au théâtre ce soir ", ORTF (TF1 8.12.78), 119 min. - av. Jean Le Poulain (Volpone), Francis Huster (Mosca), Claude Jade (Colomba), Francis Lemaire (Léone), Jean Meyer (Corbaccio), Jacques Marin (Corvino), Jean Péméja (Voltore), Geneviève Fontanel (Canina), Francis Deschamps (le chef des sbires), Alain Nobis (le juge), Christine Deschaumes (Pedrolino), Arnaud Bedouët, Didier Bourdon. - La comédie de Ben Jonson transformée par Stefan Zweig et adaptée en français par Jules Romains (cf. films de 1941 et 2003). - Nota bene: tourné en 1988, Il volpone de Maurizio Ponzi, avec Paolo Villaggio (Volpone) et Enrico Montesano (Mosca), reprend la même intrigue, mais la situe dans les temps modernes sur la Riviera italienne.
1986La Venexiana (La Vénitienne) (IT) de Mauro Bolognini
Ciro Ippolito/Lux International (Roma), 102 min. - av. Laura Antonelli (Angela), Monica Guerritore (Valeria), Jason Connery (Giulio), Claudio Amendola (Bernardo, le gondolier), Clelia Rondinella (Nena, suivante d'Angela), Cristina Noci (Oria, suivante de Valeria), Stefano Devanzati (Ruffiano), Annie Belle, Luigi Di Fiore, Michelangelo Pace.
Synopsis : A Venise au XVIe s, alors que les habitants célèbrent la fin de la " Peste Noire " et partent à la reconquête de leurs plaisirs, deux femmes, Valeria, mariée et imaginative (mais dont l'époux est en voyage d'affaires à Florence) et Angela, une belle et accorte veuve, rivalisent de charme et de séduction afin de conquérir Giulio, un jeune homme blond aperçu lors d'une promenade en gondole. Il passera une nuit d'amour avec chacune avant de repartir pour Padoue. - Cet antépénultième film de Mauro Bolognini, cinéaste maniériste et esthète porté sur Moravia, Stendhal et Théophile Gautier, s'inspire cette fois d'un texte anonyme du XVIe siècle récemment découvert dans les archives de la bibliothèque Saint-Marc à Venise. Il y puise matière à un joli conte érotique, un peu léger dans son scénario mais élégant et visuellement de toute beauté, tourné à Venise et aux studios IN.CI.R.-De Paolis à Rome. Une glorification libertine du désir, entre sensualité et galipettes, accompagnée musicalement par Ennio Morricone. - DE : Fieber im Blut - La Veneziana / Die Venezianerin, ES : La veneciana, US : The Venetian Woman.
1987(tv) Cariani and the Courtesans (GB) de Leslie Megahey
David M. Thompson/BBCtv (BBC 5.8.87), 82 min. - av. Paul McGann (Giovanni Cariani), Simon Callow (Marcantonio Raimondi), Michael Gough (Francesco Albani), Diana Quick (Tullia D'Aragona), Frederick de Groot (Albrecht Dürer), Linda Polan (la baronne), Lucy Hancock (Maria, sa fille), Caroline England (Lavinia), Clive Merrison (Moretti), Anthony Miler (le garde du doge), Teresa Banham (Teresa), Charles Gray (narration).
Venise au XVIe siècle. Giovanni Cariani (1486-c.1556), un jeune peintre naïf de Bergamo, divise la gent féminine en saintes (Madonnas) ou en putes (Magdalenas) et croit pouvoir lire dans les visages de ses modèles. Il s'éprend d'une femme d'une rare beauté, Maria, et s'engouffre dans un univers dangereux ou règne le stupre, la trahison, mais où il fréquente aussi divers artistes de renom comme Marcantonio Raimondi (c.1480-c.1534), Francesco Albani († c.1530), Albrecht Dürer (1471-1528) ou la fameuse courtisane Tullia D'Aragona (c. 1510-1556). Un hommage visuel assez original à l'univers multiforme de la Renaissance, réalisé par un spécialiste du documentaire d'art.
1998 [sortie: 2002]La Dame du Jeu / La signora del gioco (IT/FR) d'Anna Brasi
Boujemaa Dahmane, Rodolphe Roffi/La SFP Cinéma-Cinex S.r.I.-Rimb Productions-Canal+, 86 min. - av. Jean Yanne (le marquis Evaristo Della Porta), Noëmie Kocher (Veronica Stampa), Francesco Casale (Jacopo, le secrétaire privé), Vincenzo Crivello (Paolo, le domestique), Eve Creac'h (la cuisinière), Kléber Besson, Philippe Desbois et Julien Skowron (les musiciens).
Synopsis : Sur les hauteurs de Venise en 1580. Le marquis Evaristo Della Porta, aristocrate vénitien, passe l'été dans sa villa en compagnie de Veronica Stampa, une célèbre courtisane. Paolo, le domestique, est amoureux de Veronica, tandis que celle-ci a un faible marqué pour Jacopo, le secrétaire particulier du marquis, jeune homme sévère qui rappelle sans cesse à son maître ses devoirs envers la cité et envers son épouse. Les lettres mystérieuses à un jeune inconnu qu'envoie le marquis restent sans réponse, car c'est Jacopo, espion de l'Inquisition, qui les intercepte, soupçonnant une liaison homosexuelle. Veronica et le marquis sont traduits en justice devant un tribunal de l'Inquisition. Ils sont toutefois innocentés tandis que Jacopo, condamné, sombre dans la folie. - Une étude psychologique tournée à Paris, à Bry-sur-Marne et à Venise, sortie avec quatre ans de retard et dont les rares critiques sont désastreuses. - US : The Lady of the Game.
Comment séduire le roi de France : Catherine McCormack dans « Dangerous Beauty » (1998).
1996-1998* Dangerous Beauty - A Destiny of Her Own / The Honest Courtesan (La Courtisane / Beauté dangereuse) (US) de Marshall Herskovitz
Marshall Herskovitz, Edward Zwick, Arnon Milchan, Sarah Caplan/The Bedford Falls Company-Amon Milchan Productions-New Regency Pictures, 114 min. - av. Catherine McCormack (la courtisane Veronica Franco), Jacqueline Bisset (Paola Franco, sa mère), Rufus Sewell (Marco Venier), Olivier Platt (le poète Maffio Venier), Fred Ward (Domenico Venier), Naomi Watts (Giulia De Lezze), Moira Kelly (Beatrice Venier), Jeroen Krabbé (Pietro Venier), Joanna Casidy (Laura Venier), Melina Kanakaredes (Livia), Daniel Lapaine (Serafino Franco), Jake Weber (Henri III de France), Simon Dutton (le ministre Ramberti), Peter Eyre (le doge Pascalis Cigognia), Grant Russell (Francesco Martenengo), Michael Culkin (l'évêque De la Torre).
Synopsis : Venise en 1583. Veronica Franco est une roturière intelligente et belle, qui, ne pouvant épouser Marco Venier, l'aristocrate qu'elle aime, se fait courtisane par dépit. Formée par sa mère Paola, mi-poétesse, intellectuelle et musicienne, mi-prostituée (définition d'une cortigiana onesta), elle devient rapidement la courtisane la plus célèbre de Venise, conquérant sans peine les hommes les plus riches et les plus puissants de la cité. Elle est fêtée comme une héroïne lorsqu'elle gagne les faveurs du roi de France Henri III et le convainc de soutenir la République contre les Turcs. Mais lorsque Venise est décimée par la peste, l'Inquisition s'acharne contre elle et l'accuse de sorcellerie ; soutenue par Venier, elle parvient à se défendre avec efficacité et bénéficie d'un non-lieu.
Le roman biographique The Honest Courtisan de Margaret Rosenthal (1992) dont est tiré le film décrit la vie de Veronica Franco (1546-1591) qui fut effectivement - entre autres - la maîtresse d'Henri III. Son talent littéraire lui attira la haine tenace du clerc poète Maffio Venier (1550-1586) tandis que sa beauté lui valut d'être portraitée par le Tintoret ; elle aurait eu six enfants. Le film monté par le téléaste Herskovitz et son complice Edward Zwick, est réalisé en été 1996 en Italie, dans les canaux et palazzi recréés à Cinecittà par Norman Garwood (Brazil de Terry Gilliam), un décor de plus de treize mètres de haut comprenant deux sections de canal de plus de cent mètres de long et construit dans le réservoir jadis utilisé par Fellini pour son Casanova. Les extérieurs sont photographiés à Venise-même, au Palais Sachetti à Rome, au château Orsini-Odescalchi à Bracciano et dans la villa Aldobrandini à Frascati (Rome). Les costumes sont signés Gabriella Pescucci, oscarisée pour The Age of Innocence de Scorsese. Winon Ryder et Uma Thurman ont refusé le rôle de la courtisane en raison de scènes dévétues, rôle qu'obtient l'Anglaise Catherine McCormack, révélation de Braveheart. Une fresque opulente, sensuelle et très soignée - la photo s'inspire du Caravage (prédominances ocre et marron) - qui tantôt dénonce l'intolérance de l'Eglise (mal placée compte tenu de la vie privée des papes à Rome !) et se veut tantôt une peinture précise de la position des courtisanes, prostituées de luxe, libres et cultivées (une gageure : des dialogues en vers), du pouvoir de la sexualité féminine, des conditions générales de la femme à la Renaissance ainsi qu'un hymne à l'hédonisme. Mais le film joue de malchance malgré une critique globalement favorable, en particulier en France : une sortie discrète deux ans après sa fabrication, un lourd échec public aux États-Unis et une recette mondiale de 4,5 millions de $ sur un budget de plus du double). - DE : Gefährliche Schönheit - Die Kurtisane von Venedig, IT : Padrona del suo destino, ES : Más fuerte que su destino.
L’antisémitisme en Espagne, aux Pays-Bas et à Venise : « Secret Passage » (2002) d’Ademir Kenovic.
2001/02 [sortie: 2004]** Le Passage secret / Secret Passage / The Lion's Mouth / Passagem Secreta (LX/GB/IT/PT) d'Ademir Kenovic
Bob Bellion, Jimmy de Brabant, Chris Curling, Rosanna Roditi/C.R.G. International-Zephyr Films (London)-Delux Productions (Luxembourg)-TRL Group-CLT-UFA, 120 min./102 min./90 min. - av. Katherine Borowitz (Doña Isabel alias Judith), Tara FitzGerald (Clara alias Sarah Salvador, sa sœur), Hannah Taylor-Gordon (Victoria Salvador, fille de Clara), John Turturro (Paolo Zane), Marc Pickering (Andrea Zane, son fils), Alessandro Dieli (le Nonce papal), Richard Harrington (le cousin Joseph), Anton Rodgers (le comte Foscari), Ronald Pickup (Da Monte), Carmen Sorrenti (Francesca), Frank Baker (Don Benveniste), Marianne Borgo (Donna Benveniste), Poppy Rogers (Isabel enfant), Holly Earl (Clara enfant), Chris Bearne (l'aîné du ghetto), Alessandra Costanzo (la nurse), Adam Kotz (l'Inquisiteur), Peter Guinness (Alfonso Salvador, époux de Clara), Seymour Matthews (Ruben).
Synopsis : Isabel et Clara, deux sœurs issues d'une famille de riches juifs portugais, ainsi que la fille adolescente de Clara, Victoria, grandissent en Espagne au moment où, en 1492, les Rois catholiques décrètent que les juifs du pays doivent soit se convertir au catholicisme, soit s'exiler en perdant tous leurs biens, soit être jugés et exécutés. Leurs parents meurent en tentant d'échapper au tribunal ecclésiastique. Isabel s'impose chef de famille, responsable de sa cadette Clara comme de sa nièce Victoria. Bien que baptisées de force, les sœurs sont aussi persécutées aux Pays-Bas où l'Inquisition les rattrape, mais parviennent à atteindre Venise en 1507 où l'époux défunt de Clara, Salvador, pendu par les catholiques, possédait un palais. Depuis cet empire maritime où opulence semble rimer avec tolérance, Isabel organise des passages secrets pour les réfugiés fuyant l'Espagne vers Istanbul où les juifs, " gens du Livre " pour les musulmans, sont accueillis sans restriction. À Venise, seuls les juifs aisés et officiellement convertis (les conversos) sont autorisés à vivre en dehors du ghetto délabré de la cité, pour autant qu'ils assistent régulièrement aux offices catholiques ; le ghetto leur étant interdit, les sœurs prient en cachette dans une salle secrète de leur palais. Clara s'éprend d'un noble vénitien, Paolo Zane, mais Isabel le soupçonne de vouloir mettre la main sur la fortune familiale lorsqu'il propose un mariage entre son fils Andrea et Victoria. Isabel sait la fragilité des siens à Venise et cherche un moyen de fuir à Istanbul. Mais Clara, amoureuse, hésite à partir et d'autre part, les Turcs veulent, comme paiement à l'avance, apprendre les secrets de fabrication de la verrerie vénitienne ; or cette technologie est considérée comme un trésor national et la divulguer est puni de mort. Si elles veulent s'en emparer, les deux sœurs doivent s'infiltrer dans la haute société vénitienne. Prête à sacrifier sa foi par amour pour Paolo, Clara défie son aînée tandis que sa fille Victoria, mal à l'aise, réalise qu'elle est sur le point de se marier dans la même foi qui a assassiné son père. Bien que les jeunes ne s'aiment pas, Clara célèbre festivement leurs fiançailles. Pendant la soirée, Isabel séduit Paolo dans l'espoir que sa sœur se détourne de lui et la suive en Turquie. Faux calcul : de rage, jalouse, Clara dénonce sa sœur aux autorités. Le souffleur de verre qui devait les accompagner est torturé à mort, Isabel arrêtée et condamnée à la noyade dans la lagune, une pierre au cou. Victoria a été enfermée dans un couvent, mais Isabel fait soudoyer une religieuse pour la libérer. La jeune fille se cache avec sa mère déconfite ainsi qu'un petit groupe d'autres juifs venus d'Anvers et s'embarque secrètement à bord d'un navire ottoman, tandis qu'Isabel est jetée à l'eau du Canale Grande en criant " Israël ! ".
Un sujet dérangeant, initié par le producteur français Sylvain Bursztejn et son épouse Dominique, auteure du scénario original. La genèse est difficile, faite de quatre années d'atermoiements et de rebondissements suivis du retrait des partenaires français (annoncée sous les titres de Le Passage secret et D'or et de sang, la bande reste inédite en France). L'acteur new-yorkais John Torturro (habitué des films de Spike Lee et des frères Coen) figure en tête d'affiche aux côtés de son épouse Katherine Borowitz. Confié à un réalisateur-scénariste bosniaque né à Sarajevo et primé internationalement en 1997 pour Le Cercle parfait/Savrseni krug, le film bénéficie d'un budget coquet (23 millions d'euros) et de conditions de tournage peu courantes. Celui-ci se déroule dans les studios d'Esch-sur-Alzette (Luxembourg) de juillet à septembre 2001, où Kreka Kljakovic, décorateur yougoslave des films d'Emir Kusturica, a reconstruit sur trois hectares des pans entiers du vieux Venise (120 façades) à ciel ouvert, avec canaux et une dizaine de ponts, une partie du ghetto, les pourtours de l'église Santa Maria dei Miracoli et un marché aux poissons. Ces décors nés dans une aciérie désaffectée du grand duché dévorent un quart des coûts totaux. Les extérieurs sont filmés sur l'île de San Lazzaro degli Armeni dans la lagune vénitienne, au Portugal (Cintra, Quinta da Ribafria, Lisbonne), au Luxembourg (Mersch) et en Belgique (Basilique Saint-Hubert). Ces décors imposants de Venise seront réutilisés pour Girl with a Pearl Earring/La Jeune Fille à la perle (2003) de Peter Webber et pour The Merchant of Venice de Michael Radford (2004). Quant aux costumes, ils sont signés Gabriella Pescucci, oscarisée pour The Age of Innocence de Martin Scorsese et qui a travaillé pour Sergio Leone (Once Upon a Time in America) et Luchino Visconti à l'opéra. Ces atouts ne suffisent pas à promouvoir le film dont la matière est inédite sur grand écran et qui réveille des souvenirs d'Holocauste ; l'Église catholique et ses clercs habillés de rouge sang, semant la terreur, y sont omniprésents. Secret Passage, anoncé un temps pour Cannes 2002, est à peine exploité (Portugal, Pologne, Italie) et reste confiné au marché dvd. Un insuccès totalement immérité, car le film, qui évite les facilités du " gore " comme du sexe, est assez émouvant, l'image très soignée et animée par une caméra fluide. On peut regretter une baisse de rythme à la mi-temps (dues à quelques maladresses de scénario), mais le propos général, la qualité des interprètes ainsi que l'excellent emploi de décors fourmillants de details d'époque peu courants auraient mérité mieux que ce silence aussi généralisé qu'embarrassant. - DE (dvd+tv) : Verrat in Venedig.
2002(tv) Volpone (FR/PT) de Frédéric Auburtin et Gérard Depardieu
Jean-Pierre Guérin, António de Cunha Telles, Philippe Perrin/DD Productions-GMT Productions-Radiotelevisão Portuguesa (RTP)-TF1 International (TF1 27.12.04), 90 min. - av. Gérard Depardieu (Volpone), Daniel Prévost (Mosca), Gérard Jugnot (le notaire Grapione), Jean-François Stévenin (le drapier Corbaccio), Robert Hirsch (l'usurier Secco), Inès Sastre (Colomba Bertuccio), Jacques Mathou (le juge), Michel Vivier (le chef de la police), Alain Prévost (Nano), Agenlo Torres (Castrato), José Manuel Rosado (le riche marchand), Sylvain Pecker (l'avocat), Carlos Paiva (le capitaine), Philippe Leroux (un voyageur), Ana Saragoça (une voyageuse), André Gago (le voyageur sceptique), Alfredo Nunes (un policier), Franis Selleck (le prince).
Une comédie sur la cupidité humaine de Ben Jonson (1605), déjà portée à l'écran par Maurice Tourneur en 1941 (cf. supra). Le scénariste-romancier Éric-Emmanuel Schmitt a pris quelques libertés en inventant des personnages qui n'existent pas chez Johnson, comme le demi-frère jumeau de Volpone et Célia. Une comédie qui séduit surtout par ses rebondissements finaux. Voyageant de ville en ville, Volpone (" le renard "), un escroc vénitien, et Mosca rivalisent d'audace pour transformer les vautours en pigeons plumés. Arrivé à Naples, Volpone loue le plus luxueux des palais et se déguise en vieillard riche revenu au pays à l'article de la mort. Recruté quelques jours auparavant, le filou Mosca de Mantoue fait courir la rumeur que son maître, sans héritier, songerait à tout léguer aux pauvres. " Léguer une fortune aux pauvres, c'est faire un riche de moins et pas un pauvre de moins ", s'indigue le notaire Grapione. Dans ce téléfilm tourné en mars-avril 2002 au Portugal (au Convento de Cristo à Tomar), ce n'est pas Depardieu qui est le plus surprenent (il se complaît un peu dans la facilité), mais Daniel Prévost, délicieux dans son personnage d'aigrefin. Malin, fourbe et bon vivant, il est prêt à montrer à son maître qu'il le surpasse en filouterie. À l'arrivée une version moins cruelle que celle de Tourneur, plébiscitée par six millions de téléspectateurs lors de sa diffusion.
2004(tv-df) The Black Death / Der schwarze Tod (La Mort Noire) (GB) de Peter Nicholson
Granada-Channel Four-ZDF-Arte (Arte 15.5.04), 55 min. - av. Simon Thorp (Gabriele De Mussis), Vincent Carmichael (Giovanni Boccaccio), Philip Madoc (Gentile Da Poligno), Jonathan Firth (Lodewijk Heyligen), Patrick Toomey (Robert of Avesbury), Nicholas Rowe (Gui de Chauliac), Denis Lawson (narration).
Docu-fiction : en 1347, la peste bubonique s'abat sur l'Europe et décime près de la moitié de sa population. 50% des habitants de Florence périssent, Venise compte 90'000 victimes. Robert of Avesbury, historien anglais (décédé en 1359), gardien du Registre de la Cour de Canterbury et chroniqueur scrupuleux du règne d'Edward III, détaille l'arrivée de la " Mort Noire " en Angleterre, en juin 1348.
2004(tv-df) Francesco's Venice - 1. Blood (GB) d'Edward Bazalgette et Sam Hobkinson
BBCtv (BBC2 16.10.-6.11.04), 4 x 55 min. - av. Francesco Da Mosto (présentation). - Série documentaire semifictionnelle avec comédiens anonymes et reconstitutions diverses : l'histoire de Venise des voyages de Marco Polo au XIXe siècle. Le premier épisode révèle les origines inavouables de la richesse de Venise : En 1198, le doge vénitien Enrico Dandolo (1107-1205) prend la direction de la flotte de la Quatrième Croisade qui part de Venise, capture la cité de Zadar en Croatie, et, à l'instigation du basileus byzantin Alexis IV Ange, devie la flotte de guerre vers la très chrétienne cité de Constantinople, qui est assiégée et pillée en avril 1204. L'empire byzantin est partagé entre les vainqueurs. Venise reçoit les trois huitièmes des territoires de l'Empire d'orient, un quartier de Constantinople. Dandolo envoie à Venise des œuvres d'art, dont le quadrige de cuivre de Saint-Marc, récupéré lors du pillage de la ville. Dandolo ne retourne pas à Venise, il reste à Constantinople pour combattre les Bulgares. Il y meurt à l'âge de 97 ans et il est enterré dans la basilique Sainte-Sophie. Après la prise de la ville par les armées de Mehmed II, ses os auraient été déterrés et donnés aux chiens...