III - L’ITALIE

2. ITALIE SEPTENTRIONALE : LOMBARDIE, VÉNETIE ET ÉMILIE-ROMAGNE

2.9. « Romeo and Juliet », tragédie de William Shakespeare

(" Roméo et Juliette "). - Dans la république de Vérone vers 1350, les Capulet [Capuletti] et les Montague [Montecchi] se livrent une lutte acharnée et le duc Escalus, seigneur de la cité, exaspéré par la querelle des deux familles, s'efforce de mettre fin aux combats en infligeant des pleines de plus en plus lourdes aux protagonistes. Lors d'un bal masqué des Capulet, Roméo Montague rencontre incognito Juliette Capulet et ils tombent éperdument amoureux l'un de l'autre, au mépris de la haine de leurs familles. Le lendemain, ils se marient en grand secret dans la chapelle du Frère Lawrence [Lorenzo] qui voit en cette union l'espoir de reconcilier les familles rivales. Provoqué en pleine rue par un cousin de Juliette, Tybalt, Roméo refuse le combat, mais son meilleur ami Mercutio est tué dans la mêlée. Pour se venger, Roméo tue à son tour Tybalt. Le jeune homme est exilé loin de Vérone, tandis que le chef de famille des Capulet organisse en toute hâte le mariage de sa fille avec le comte Pâris, cousin du prince de Vérone. Ne sachant que faire, Juliet demande conseil au frère Laurence ; celui-ci lui donne une potion qui la plongera dans un état léthargique semblable à la mort pendant 42 heures. Sa famille organise les obsèques. Le messager envoyé à Roméo pour le prévenir de la supercherie arrive trop tard. Roméo, désespéré en découvrant le corps inanimé de Juliette dans la chapelle, se suicide sur ce qu'il croit être le cadavre de sa bien-aimée. Celle-ci, à son réveil, accomplit le même geste. Effondrés, les Capulet et les Montague se réconcilient.
Une légende siennoise dont Masuccio de Salerne/Salernitano (XVe s.) tire l'argument d'un de ses contes (Novellino) ; le thème est ensuite traité par Luigi Da Porto (Giuletta e Romeo. Historia novellamente ritrovata di due Nobili Amanti, 1530), traduit en anglais par Athur Brooke en 1536 (The Tragical History of Romeus and Juliet), par Matteo Bandello (Giuletta e Romeo, 1554), mais c'est la tragédie de William Shakespeare (1592) qui lui donne sa forme définitive et la plus célèbre. Le sujet inspire quelque vingt-cinq opéras dont ceux de Vincenzo Bellini (I Capuleti et i Montecchi, 1830), Hector Berlioz (1838/39), Charles Gounod (1867) et Riccardo Zandonai (1922), le poème symphonique de Piotr Tchaïkovski (1869) et le ballet de Sergueï Prokofiev (1935).
Nota Bene : la liste des captations et dramatiques tv de la pièce de Shakespeare et de l'opéra de Bellini n'est pas exhaustive. Seuls sont pris en considération les films qui se déroulent à Vérone au XIVe siècle.
1900Roméo et Juliette (FR) de Clément Maurice
Phono Cinéma Théâtre (Paris), 1 min. - av. Emilio Cossira (Roméo).
1908Romeo and Juliet (GB) de William G. Barker
Gaumont-Lyceum Theatre London, 378 m. (25 tableaux). - av. Godfrey Tearle (Roméo), Mary Malone (Juliette), Gordon Bailey (Mercutio), James Annand (Tybalt).
1908Romeo and Juliet, a Romantic Story of the Ancien Feud Between the Italian Houses of Montague and Capulet (US) de James Stuart Blackton (ou William V. Ranous)
James Stuart Blackton/Vitagraph Co. of America, 279 m. - av. Paul Panzer (Roméo), Florence Lawrence (Juliette), Charles Champman (Lord Montague), John G. Adolfi (Tybalt), Charles Kent (Lord Capulet), William V. Ranous (frère Laurence), Harry Salter, William Shea, Louise Carver. - Tournage à New York dans les studios Vitagraph de Flatbush (Brooklyn) et au Central Park avec la toute première " star " du cinéma, Florence Lawrence.
1908Giulietta e Romeo / Romeo e Giulietta (IT) de Mario Caserini
Società Italiana Cines (Roma), 225 m. - av. Mario Caserini (Roméo), Fernanda Negri-Pouget (Juliette).
1909Romeo und Julia (DE)
Jules Greenbaum/Deutsche Vitascope GmbH, Berlin (Tonbild), 62 m. - av. Madame Tetrazini (Juliette).

1911Romeo and Juliet (US) de Theodore Marston
Edwin Thanhouser/Thanhouser Film Corp. (New Rochelle), 610 m. - av. George A. Lessey (Roméo), Julia M. Taylor (Juliette), William Garwood (frère Laurence), Mrs. George W. Watson (la nourrice).
Francesca Bertini et Gustavo Serena dans « Giulietta e Romeo » d’Ugo Falena (1911).
1911Giulietta e Romeo / Roméo et Juliette (IT/FR) d'Ugo Falena
Il Film d'Arte Italiana (FAI Roma)-Série d'Art Pathé Frères (SAPF Paris), 725 m./33 min. - av. Gustavo Serena (Roméo), Francesca Bertini (Juliette), Giovanni Pezzinga (Tybalt), Ferrucio Garavaglia.
Premier scénario écrit par Augusto Genina, tournage en Pathécolor aux studios de Porta Pia (Rome) et en extérieurs à Vérone. La presse internationale vante la beauté des tableautins en Pathécolor - petite sensation - et le jeu de la jeune Francesca Bertini, 19 ans, qui va devenir la plus grande " diva " du cinéma muet italien.
1916Romeo and Juliet (US) de John W. Noble et Francis X. Bushman
Quality Pictures Corp. [Metro Pictures Corp.], 8 bob./2438 m./80 min. - av. Francis X. Bushman (Roméo), Beverly Bayne (Juliette), Horace Vinton (Escalus, duc de Vérone), John Davidson (Paris), Eric Hudson (Lord Montague), Fritz Leiber (Mercutio), Edmund Elton (Lord Capulet), Alexandre J. Herbert (frère John), W. Lawson Butt (Tybalt), Helen Dubar (Lady Capulet), Genevieve Reynolds (Lady Montague).
Tourné à grands frais (250'000 $) pour marquer le tricentenaire de la mort de Shakespeare. Le quartier " italien " est érigé à Brighton Beach (New York) et le film est projeté avec la musique de l'opéra de Charles Gounod.
Theda Bara et Harry Hilliard dans « Romeo and Juliet » (1916) de James Gordon Edwards.
1916Romeo and Juliet (US) de James Gordon Edwards
William Fox/Fox Film Corporation, 7 bob. - av. Theda Bara (Juliette), Harry Hilliard (Roméo), Glen White (Mercutio), Elwin Eaton (Lord Montague), Edwin Holt (Lord Capulet), John Webb Dillon (Tybalt), Alice Gale (la nurse), Walter Law (frère Laurence), Victory Bateman (Lady Montague), Helen Tracy (Lady Capulet), May De Lacey, Jane Lee, Kathleen Lee.
Production rivale du film précédent, tournée à Fort Lee, New Jersey, avec la star de la maison, la " vamp " Theda Bara, qui vient d'incarner Carmen (1915) et interprétera par la suite Esmeralda, la Dame aux camélias, Cléopâtre, Salomé et Mme Du Barry (1918). Film perdu.
1918Giulietta e Romeo (IT) d'Emilio Grazziani-Walter
Savoia Films (Torino), 1222 m. - av. Armando Falconi (Roméo).
1924Romeo and Juliet (US) de Reginald H. Morris et Harry Sweet
Mack Sennett Comedies (Hollywood), 10 min. - av. Ben Turpin (Roméo), Alice Day (Juliette), Jack Curtis, Vernon Dent, Natalie Kingston, Billy Bevan, Dot Farley. - Parodie burlesque.
Leslie Howard et Norma Shearer / John Barrymore et Basil Rathbone dans le film de George Cukor (1936).
1936* Romeo and Juliet (Roméo et Juliette) (US) de George Cukor
Irving Thalberg/Metro-Goldwyn-Mayer, 127 min. - av. Norma Shearer (Juliette), Leslie Howard (Roméo), Basil Rathbone (Tybalt), John Barrymore (Mercutio), Reginald Denny (Benvolio), Andy Devine (Peter), C. Aubrey Smith (Lord Capulet), Edna May Oliver (la nourrice), Robert Warwick (Lord Montague), Conway Tearle (Escalus, duc de Vérone), Ralph Forbes (Paris), Henry Kolker (frère Laurence), Virginia Hammond (Lady Montague), Violet Kemble Cooper (Lady Capulet), Katherine DeMille (Rosalie), Ian Wolfe (l'apothicaire).
Impressionné par la sensation médiatique qu'a suscité A Midsummer Night's Dream/Le Songe d'une nuit d'été, superproduction onirique tirée de Shakespeare que la Warner Bros. a confiée à Max Reinhardt et William Dieterle l'année précédente, Irving Thalberg, jeune et brillant chef de studio à la Metro-Goldwyn-Mayer, assoiffé de " qualité " comme de littérature, lutte depuis cinq ans pour imposer ce premier Romeo and Juliet parlant dont personne au studio ne veut, surtout pas le boss Louis B. Mayer. Il réserve le rôle de Juliette à son épouse Norma Shearer, 36 ans, tandis que le Britannique Leslie Howard, 43 ans, hésite longtemps avant d'accepter de jouer Roméo. Certes, comme le rappelle Jean Tulard, " la moyenne d'âge des deux principaux protagonistes serait déjà une trahison de Shakespeare : Norma Shearer pourrait être la grand-mère de Juliette ! " Mais Thalberg, qui estime que la riche MGM, Rolls-Royce des firmes hollywoodiennes, peut se permettre de temps à autre un aparté culturel sans viser le tiroir-caisse et qui croit fermement en la classe de ses vedettes, confie la réalisation de son rêve à George Cukor, un artiste de grande sensibilité venu du théâtre, rompu aux adaptations littéraires et un directeur d'acteurs hors pair. Cukor n'est pas enthousiasmé par le choix de ses interprètes, mais cède aux souhaits de son patron dont il apprécie l'ouverture d'esprit et l'érudition. Norma Shearer a déjà interprété Juliette avec John Gilbert dans la scène du balcon de Hollywood Revue of 1929 de Charles Reisner. Le scénariste Talbot Jennings garde près de 45% de la pièce, plus que la majorité des adaptations cinématographiques subséquentes. Thalberg a envisagé un tournage en Italie, Mayer l'interdit catégoriquement. Vérone doit être recréée sur place à Culver City, Hollywood, ce qui donne lieu à tensions et conflits quant au style visuel. Vice-président de la MGM et décorateur attitré du studio pendant 32 ans, Cedric Gibbons impose le style maison, avec une vaste esplanade de Vérone sur les terrains du " back lot " (réutilisée dans Diane de Poitiers en 1955) et un luxueux jardin Renaissance avec étang, statues et le balcon de Juliette sur tout un plateau (Stage 15), mélange de pittoresque glacé, de joliesses arcadiennes, d'architectures claires et de surfaces polies comme des miroirs. Les costumes d'Adrian et les coiffures sont inspirés par les tableaux de Fra Angelico et Michele da Verona, Sandro Botticelli, Giovanni Bellini et Vittore Carpaccio tandis que l'entrée spectaculaire du duc de Vérone est calquée sur la Procession des Mages de Benozzo Gozzoli. Le tournage qui s'étire sur 100 jours (de fin décembre 1935 à mai 1936) est handicapé entre autres par l'alcoolisme de John Barrymore, un Mercutio bruyant et agité, de sorte qu'au total, les frais de production budgétés à 800'000 $ grimpent à plus de deux millions, du jamais vu à la MGM.
Le résultat à l'écran n'a rien de déshonorant. Sous la férule de Cukor, Mme Thalberg, délicate et maniérée, s'en tire plutôt bien, mais l'on nage dans une somptuosité toute bourgeoise, un classicisme sans réelle passion, une Vérone qui " manque d'ail et de Méditerranée " (Cukor dixit). La presse est laudative et salue l'exploit, et même l'acerbe Graham Greene, critique à The Spectator à Londres, se dit forcé d'admettre que le film, " sans imagination et un peu banal " (...) est en fin de compte " loin d'être mauvais " (23.10.1936). Bref, un noble ratage salué par quatre nominations à l'Oscar (meilleur film, Norma Shearer, Basil Rathbone, décors). Le public, en revanche, reste tiède et Mayer comptabilise une perte sèche de 900'000 $. L'échec commercial du film (comme celui de A Midsummer Night's Dream) entraîne l'abandon de toute adaptation du Barde à Hollywood : Shakespeare restera persona non grata à la MGM jusqu'au Julius Caesar de J. L. Mankiewicz en 1953. Inédit en Italie mussolinienne et dans le Reich. Àgé de 37 ans, Irving Thalberg (" the Boy Wonder ") décède d'une pneumonie en septembre 1936, un mois après la sortie de son film. Quant à Cukor, il envisagera après le triomphe de My Fair Lady plus de 30 ans plus tard un remake de Romeo and Juliet avec Audrey Hepburn et Terence Stamp ou Albert Finney. Sans suite.
1943Romeo y Julieta (MX) de Miguel M. Delgado
Jacques Gelman, Santiago Reachi/Posa Films S.A. (Mexico), 100 min. - av. Cantinflas (Roméo), María Elena Marqués (Juliette), Angel Garasa (frère Lorenzo), Emma Roldán (Lady Capulet), Andrés Soler (Lord Capulet), José Baviera (Paris), Tito Junco (Teobaldo), Estanislao Schillinsky (Mercutio). - Parodie d'une finesse toute relative, avec Cantinflas, le Louis de Funès mexicain, qui fait le pitre.
1947(tv-th) The Tragedy of Romeo and Juliet (GB) de Michael Barry
Michael Barry/The BBC Television Service (BBC 13.10.47), 188 min. - av. John Bailey (Roméo), Rosalie Crutchley (Juliette). Michael Goodliffe (Tybalt), Stafford Byrne (Lord Montague), Bruce Belfrage (Lord Capulet), Una Venning (Lady Capulet), Marguerite Young (Lady Montague), André Van Gyseghem (Mercutio), George Howe (frère Laurence).
Premier enregistrement télévisé de la pièce, en direct depuis les studios de la BBC à Alexandra Palace, North London.
1949(tv-th) Romeo and Juliet (US) d'Albert McCleery
Warren Wade/The Philco Television Playhouse (NBC 15.5.49), 60 min. - av. Kevin McCarthy (Roméo), Patricia Breslin (Juliette), Bert Lytell (hôte), William Windom (Tybalt), Robert Gerringer (Mercutio), Tod Andrews (Benvolio), Robert Bolger (Lord Montague), Muriel Hutchison (Lady Capulet).
1949[Les Amants de Vérone (FR) d'André Cayatte ; CICC, 85 min. - av. Anouk Aimée, Serge Reggiani, Pierre Brasseur, Martine Carol, Louis Salou, Dalio. - Lors du tournage d'un film sur Roméo et Juliette à Vérone et à Venise, les doublures des deux acteurs principaux vivent un drame identique (dialogues de Jacques Prévert).]
1951Romeo at Julieta (PH) de Ralph Brambles Jr. et Prudencio B. Mariano
Lebran Pictures (Manila). - av. Oscar Moreno (Roméo), Erlinda Cortes (Juliette), Juan Monteiro, Fernando Royo, Andres Centenera, Africa de la Rosa, Gil de Leon, Nati Rubi, Jose Villafranca, Cecilio Joaquin, Oscar Obligacion.
Susan Shantall et Laurence Harvey dans le film de Renato Castellani (1954).
1953/54** Giulietta e Romeo / Romeo and Juliet (Roméo et Juliette) (IT/GB) de Renato Castellani
Sandro Ghenzi, Joseph Janni, Earl St. John/Verona Produzione Ltd.-Universalcine (Roma)-J. Arthur Rank Organisation (London), 141 min./134 min. - av. Laurence Harvey (Roméo), Susan Shantall (Juliette), Flora Robson (la nourrice), Sebastian Cabot (Lord Capulet), Bill Travers (Benvolio), Lydia Sherwood (Lady Capulet), Enzo Fiermonte (Tybalt), Ubaldo Zollo (Mercutio), Giulio Garbinetti (Lord Montague), Norman Wooland (le comte Paris), Mervyn Johns (frère Laurence), Nietta Zocchi (Lady Montague), Giovanni Rota [=Enno Flaiano] (Escalus, duc de Vérone), Elio Vittorini (le prince Bartolomeo della Scala), Thomas Nicholls (fra' Giovanni), Dagmar Josipovitch (Rosaline), John Gielgud (chorus).
Du jamais vu pour Shakespeare : des acteurs inconnus pour les rôles principaux, des images presque entièrement tournées en décors authentiques, dans palais, églises, couvents, rues et places d'époque à Vérone (basiliques de San Zeno Maggiore, San Bernardino, San Giovanni in Forte, cathédrale de Santa Maria Matricolare), Venise (palazzo Soranzo Van Axel, Ca' d'Oro, Piazzetta San Marco, couvent de San Francesco del Deserto), Padoue (château de San Zeno, Porta Legnago), Sienne (place du dôme, place Jacopo della Quercia, Palazzo Chigi, Palazzo del Capitano, Piazza delle Erbe, Castelvecchio), Sommacampagna (Pieve di Sant'Andrea), Montagnana (Porta Legnago, église des Capucins), San Francesco del Deserto et San Quirico d'Orcia (Collegiata dei Santi Quirico e Giulitta, Santa Maria Assunta), en plus d'intérieurs aux studios de Pinewood à Londres (la crypte, la cellule de frère Lorenzo)...
Le réalisateur Renato Castellani, ex-assistant du prestigieux vétéran Blasetti, est esthète et perfectionniste jusqu'à l'obsession et affirme rechercher la grâce même dans les contextes les plus dramatiques. Il a frappé la critique internationale avec des sujets néoréalistes animés par une délicatesse du regard inhabituelle, loin de tout parti pris social ou politique, et vient se signer pour Universalcine à Rome Due soldi di speranza/Deux sous d'espoir (1952), lutte d'un jeune couple d'origine modeste contre un entourage hostile, œuvre couronnée de la Palme d'or et du prix du jury OCIC au Festival de Cannes ; les acteurs sont quasi inconnus, certains des non-professionnels. Lorsque Universalcine propose à Castellani de faire revivre le drame des amants de Vérone à l'écran, en coproduction avec l'Angleterre (le producteur Joseph Janni parrainera plus tard Ken Loach) et en Technicolor, l'offre tombe à pic. Comme il s'en est expliqué par la suite, le cinéaste a trouvé dans ce drame un thème qui lui est cher et qu'il a développé progressivement depuis 1946 dans Sotto il sole di Roma (Sous le soleil de Rome) et È Primavera... (1949), celui des aspirations de la jeunesse heurtant les préjugés d'une société à son déclin. Il voulait tirer depuis longtemps un scénario des chroniques italiennes se rapportant à une légende devenue très populaire (et qui avait échappé à son pays d'origine) par l'intermède d'Arthur Brooke (1562), puis de Shakespeare. Castellani s'efforce d'abord de débarrasser le sujet de son parfum élisabethain et de l'italianiser au maximum, en un premier temps sur le plan visuel avec deux ans de repérages dans les cités médiévales du pays. Partant de décors réels, approche néoréaliste, il crée avec Vérone une géographie imaginaire qui se veut un hommage à l'architecture du pays. Puis - pendant un tournage de sept mois (d'été 1953 à début 1954) - il compose avec un souci quasi maniaque chaque scène comme un tableau où transparait l'influence des grands maîtres de la Renaissance italienne et flamande, cela jusque dans les mouvements et les postures des comédiens ; le chef-opérateur Robert Krasker (Henry V de Laurence Olivier, The Third Man de Carol Reed, Senso de Visconti) s'inspire de la luminosité dramatique et des couleurs des tableaux de Vittore Carpaccio et Paolo Uccello tandis que la fabrication des magnifiques costumes - ils épousent les corps jeunes comme une seconde peau - est confiée à l'artiste peintre surréaliste Léonor Fini qui puise ses modèles chez Botticelli, Pisanello et Piero della Francesca. Chargé de la partition du film, le musicologue roumain Roman Vlad introduit une pavane et une gaillarde de Giovanni Battista Pesardo, avec des paroles de Lorenzo " le Magnifique " de' Medici (Quant' è bella giovinezza).
 À l'affiche, deux Anglais, Susan Shentall, une étudiante ici dans son unique prestation à l'écran, d'une surprenante innocence, et Laurence Harvey, 25 ans, un membre de la Royal Shakespeare Company à la violence rentrée, qui vient d'endosser l'armure médiévale pour The Talisman/Richard Cœur de Lion de David Butler et va s'imposer en jeune loup ambitieux poussant Simone Signoret au suicide dans Room at the Top/Les Chemins de la haute ville de Jack Clayton en 1959. À leurs côtés, quelques acteurs britanniques de renom (Flora Robson, Sebastian Cabot) et des non-professionnels ou de la figuration du crû comme le romancier antifasciste sicilien Elio Vittorini et l'architecte Ubaldo Zollo. L'italianisation de l'ensemble se répercute aussi dans le scénario de Castellani qui élimine un bon tiers de la pièce, modifie certaines psychologies secondaires, rajoute personnages (frère Giovanni) et scènes (les funérailles de Juliette), néglige un peu les duels et s'appuie à divers endroits sur des sources littéraires italiennes du XVe-XVIe siècle comme le Napolitain Masuccio Salernitano, le Vénétien Luigi Da Porto ou le Piémontais Matteo Bandello, écrits dans lesquels Shakespeare a puisé sa trame. Ces modifications font que la sortie du film suscite des réactions assez contrastées. La première a lieu au Festival de Venise en septembre 1954 où il remporte rien de moins que le Lion d'Or. À Londres, il est choisi pour l'Annual Royal Film Performance, récolte des louanges dithyrambiques de John Gielgud et Noel Coward (" une des œuvres les plus belles que le cinéma nous ait offert "), des nominations au BAFTA Award (meilleur film, meilleur scénario) et Robert Krasker reçoit le prix de la British Society of Cinematographers (BSC) tandis que la British Film Academy prime les costumes. À New York, le National Board of Review lui décerne le prix du meilleur film étranger et de la meilleure réalisation et le New York Times le classe parmi les dix films marquants de l'année. Cette pluie de récompenses est un réconfort face à l'insuccès prévisible auprès du grand public non-italien. Si Giulietta e Romeo (en Italie, la damoiselle Capuletti a la préséance sur le damoiseau Montague/Montecchi, moins reluisant dans la légende originelle) fait sensation pour l'utilisation de ses extérieurs authentiques, il est critiqué en terre anglo-saxonne pour ses coupes délibérées et son souci prépondérant de la belle image, son maniérisme jugé sans âme. Il est vrai que la mise en scène de Castellani semble parfois victime de la magnificence de son apparat iconographique, ses personnages apparaissent enfermés dans la scénographie, réduits à des ornements au détriment de la tragédie. Mais loin de ne fournir qu'un formalisme pompeux, une froide calligraphie comme l'ont affirmé certains gazetiers superficiels, Giulietta e Romeo, avec son esthétique raffinée et ses interprètes autrement plus crédibles et émotionnellement plus justes que ceux de la version Zeffirelli quatorze ans plus tard, est un film totalement maîtrisé et personnel. " La formule est trop originale, conclut jadis Jacques Siclier dans les Cahiers du Cinéma. Trop inattendue surtout, pour être acceptée d'emblée. Il faudra que tombent bien des préjugés pour que cette œuvre soit comprise " (janvier 1955). On ne saurait mieux dire.
1954(tv-th) Romeo and Juliet (US) de Richard Dunlap
" Kraft Television Theatre ", J. Walter Thompson Agency (NBC 9.6.54), 60 min. - av. Liam Sullivan (Roméo), Susan Strasberg (Juliette), Carroll McComas (la nourrice), Noel Leslie (frère Laurence), Felix Deebank (Mercutio), Jack Livesey (Lord Capulet), Madeline Clive (Lady Capulet), Eric Sinclair (Benvolio).
1954(tv-th) Romeo e Giulietta (IT) de Franco Enriquez
Radiotelevisione Italiana (RAI 29.1.54). - av. Giorgio Albertazzi (Roméo), Vira Silenti (Juliette), Leonardo Cortese (Mercutio), Gualtiero Rizzi (Tybalt), Marcello Giorda (Lord Capulet), Loris Gafforio (frère Lorenzo), Marcello Bertini (Benvolio), Lola Braccini (la nourrice), Esperia Sperani (Lady Capulet).
1955(film-ballet) Romeo i Dzhulietta (SU) de Lev Arnstamm et Leonid Lavrovski (choréogr.)
Mosfilm, 93 min. - av. Juri Jdanov (Roméo), Galina Oulanova (Juliette), Sergej Koren (Mercutio), Alexei Ermolaev (Tybalt), Aleksandr Radunsky (Lord Capulet), Yelena Ilyushchenko (Lady Capulet), Lev Loshchilin (frère Laurence). - Ballet en Sovcolor d'après Leonid Prokofiev (1935/36), présenté au Festival de Cannes 1955 (" Prix du film lyrique ").
1955(tv-th) Romeo and Juliet (GB) de Harold Clayton
" BBC Sunday-Night Theatre " (BBC 22.5.55). - av. Tony Britton (Roméo), Virginia McKenna (Juliette), Flora Robson (la nourrice), Jill Esmond (Lady Capulet), Noel Hood (Lady Montague), David Horne (Lord Capulet), Eri Lander (Benvolio), Laurence Payne (Mercutio). - L'inénarrable Flora Robson reprend le rôle de la nourrice qu'elle interprétait déjà l'année précédente dans le film de Renato Castellani.
1957(tv-th) Romeo und Julia (DE) d'Oskar Wälterlin (th) et Fritz Umgelter (tv)
Hessicher Rundfunk-Festival Bad Hersfeld (ARD 9.7.57), 105 min. - av. Walter Reyer (Roméo), Krista Keller (Juliette), Gustav Fröhlich (Mercutio), Ida Wüst (la nourrice), Romano Merk (Escalus, duc de Vérone), Jochen Zimmermann (le comte Paris), Reinhold Siegert (Lord Capulet), Anna Dammann (Lady Capulet), Karl Ebhardt (Lord Montague), Maria Sag (Lady Montague), Wolf Ackva (Tybald), Horst Wincon (Benvolio). - Shakespeare dans la traduction allemande de Ludwig Tieck et August Wilhelm von Schlegel, mis en scène par le Suisse Oskar Wälterlin, directeur du prestigieux Schauspielhaus de Zurich.
1957(tv-th) Romeo and Juliet (US) de Clark Jones (tv) et Michael Benthall (th)
" Producer's Showcase ", Robert Helpman, Sol Hurok/Old Vic Company (NBC 4.3.57), 90 min. - av. John Neville (Roméo), Claire Bloom (Juliette), Richard Wordsworth (Mercutio), Paul Rogers, Jeremy Brett, Jack Gwillim, Ernest Hare, Wynne Clark, Denis Holmes, Charles Gray.
1959(tv-th) Romeo e Giulietta (IT) de Franco Enriquez
Radiotelevisione Italiana (RAI 6.2.59), 228 min. - av. Daniele Tedeschi (Roméo), Elena Cotta (Juliette), Enrico Maria Salerno (Mercutio), Elio Jotty (Tybalt), Annibale Ninchi (Lord Capulet).
1961[West Side Story (US) de Robert Wise et Jerome Robbins (choréographie) ; Mirish-Seven Arts, 152 min. - av. Natalie Wood (Maria), Richard Beymer (Tony), Russ Tamblyn, Rita Moreno, George Chakiris. - Musical de Leonard Bernstein (mus.) et Arthur Laurents (1957) dont l'action shakespearienne est transposée dans le New York des années 1950 où les gangs de jeunes se font la guerre ; une réalisation magistrale de Robert Wise qui récolte dix Oscars bien mérités. On peut rêver sur ce qu'aurait donné Elvis Presley, initialement prévu, à la place de l'insipide Richard Beymer... Remake tourné par Steven Spielberg en 2021.]
1962(tv) Romeo and Juliet (GB) mini-série de Prudence Nesbitt
Associated-Rediffusion Television (ITV 23.10.62), 5 x 25 min. - av. David Weston (Roméo), Jane Asher (Juliette), Rick Jones (Mercutio), Edward Bingham (frère Laurence), Daniel Thorndike (Montague), Lauriston Shaw (Tybalt), Michel Logan (Capulet), Christine Pollon (Lady Capulet).
1964(tv-th) Romeo und Julia (DE) de Gerhard Klingenberg
Westdeutscher Rundfunk (ARD 17.5.64), 171 min. - av. Jörg Holm (Roméo), Brigitte Grothum (Juliette), Michael Degen (Mercutio), Helmut Förnbacher (Benvolio), Günter Mack (Tybald), Monika John (la nourrice), Siegfried Wischnewski (Escalus, duc de Vérone), Gerhart Lippert (le comte Paris), Franz Kutschera (Lord Capulet), Marianne Wischmann (Lady Capulet), Georg Peter-Pitz (Lord Montague), Maria Singer (Lady Montague), Carl Wery (frère Lorenzo), Josef Quadflieg (frère Johann).
Geronimo Meynier et Rosemarie Dexter, les amants de Vérone chez Riccardo Freda (1964).
1964* Los amantes de Verona (Julieta y Romeo) / Giulietta e Romeo / Romeo e Giulietta (Roméo et Juliette) (ES/IT) de Riccardo Freda
Lucio Bompani, Sergio Newman/Hispamer Films (Madrid)-Imprecine S.r.l. (Roma), 91 min. - av. Geronimo Meynier (Roméo), Rosemarie Dexter (Juliette), Carlos Estrada (Mercutio), Tony Soler (la nourrice), Carlo D'Angelo (le duc de Vérone), José Marco (le comte Pâris), Andrea Bosic (Lord Capulet), Umberto Raho (frère Laurent), Antonella Della Porta (Lady Capulet), Franco Balducci (Benvolio), German Grech (Tybalt), Antonio Gradoli (Lord Montague), Elsa Vazzoler (Lady Montague).
Pas vraiment le drame de Shakespeare, mais une " restitution libre " (avertit le générique) et très dynamique de la légende telle que l'ont consignée les Italiens dès le Quattrocento. Un film d'action (avec cavalcades, duels, bataille rangée, échauffourée dans une taverne), parfois d'humour (le valet illettré de Roméo), intercalé de moments lyrico-romantiques en accord avec la musique de Tchaïkovsky mais dénués de pathos, et, dans ses passages intimes, empreints parfois d'une tranquillité préfugurant la mort. En grand détestateur du néoréalisme, contempteur de l''intellectualisme et inconditionnel (plutôt doué) du cinéma populaire (cf. Beatrice Cenci, 1956), Riccardo Freda ne reprend que des passages simplifiés du dialogue shakespearien - réservé en priorité aux apartés amoureux - mais colle d'assez près à l'intrigue. Il transforme les Montague et les Capulet en propriétaires terriens, leurs conflits violents sur les pâturages, avec vol de bétail et tirs d'arbalètes, sont placés en ouverture, comme pour un western. Au lendemain de sa nuit d'amour, Roméo échappe de justesse aux sbires des Capulet après une poursuite haletante dans les collines avoisinantes. Plusieurs compositions séduisent : la simplicité des amants (souvent filmés en gros plans), leur première rencontre dans un silence inattendu, entourés de masques étranges et de coiffures fleuries faites de feuilles et de fruits, l'aube suivant la nuit d'amour avec une caméra scrutant le jardin, puis détaillant la chambre de Juliette au son du Concerto pour piano de Rachmaninoff, enfin le suicide dans une crypte verte-pourpre ornée de squelettes humains. Freda a tourné avec peu de moyens, en Cromoscope et Eastmancolor, pendant quinze jours dans les studios Titanus à Rome et au Palais Farnese à Caprarola (Viterbe) pour la maison des Capulet, suivi d'une semaine en Espagne dans la cité médiévale d'Avila pour le centre de Vérone, ses remparts et la campagne avoisinante (Castille-et-León). À en croire le cinéaste, la scène du balcon aurait été filmée sur son propre balcon. La direction des acteurs laisse à désirer, comme souvent chez Freda, mais la séduction des images de Gábor Pogány, chef opérateur attitré de Freda et de Vittorio De Sica, transforme ce film souvent inventif, à peine distribué hors de l'Italie et de l'Espagne, en une indéniable curiosité, quoique strictement réservée aux aficionados. - DE-RDA : Liebe in Verona, CH : Romeo und Julia.
1965Romeo & Juliet (GB) de Val Drum et Paul Lee
Royal Academy of Dramatic Art-Regent Polytechnic Insitute (London), 107 min. - av. Clive Francis (Roméo), Angela Scougar (Juliette), Hayward Morse (Mercutio), Cecilia Darby (Lady Montague), Libby Glenn (Lady Capulet), Victor Holchak (Lord Montague), Damien Court-Thomas (Tybalt), Veronica Clifford (la nourrice).
1966* (film-ballet) Romeo and Juliet (GB) de Paul Czinner
Paul Czinner/Poetic Films (London), 126 min. - av. Margot Fonteyn (Juliette), Rudolf Nureyev (Roméo), David Blair (Mercutio), Desmond Doyle (Tybalt), Anthony Dowell (Benvolio), David Rencher (le comte Paris), Julia Farron (Lady Capulet), Michael Somes (Lord Capulet), Ronald Hynd (frère Laurence), Christopher Newton (Lord Montague).
Le ballet de Serge Prokofiev (chorégraphié par Kenneth MacMillan) ; la mise en scène de 1965 au Royal Opera House à Londres, avec la même distribution et les mêmes costumes, est filmée en Eastmancolor aux studios de Pinewood (Iver Heath), en cinq jours et à l'aide de plusieurs caméras. Margot Fonteyn, 42 ans, d'une grâce unique, et Rudolf Nureyev, qui a quitté l'URSS pour passer clandestinement à l'Ouest en 1961, y font sensation ; la danseuse britannique a invité l'ex-étoile du Bolchoï à Londres et elle deviendra une de ses partenaires fétiches jusqu'à sa retraite, formant un tandem des plus mythiques de l'histoire du ballet. Dernier film du vétéran austro-hongrois Paul Czinner, violoniste prodige dès l'enfance, actif derrière la caméra depuis 1919, mari d'Elisabeth Bergner et réaliseur notamment d'As You Like It (Comme il vous plaira) de Shakespeare avec Laurence Olivier en 1936. En 1957, il a tourné le long métrage documentaire anglais The Bolshoi Ballet (Les Ballets du Bolchoï) avec Galina Ulanova, nominé à l'Oscar.
1967(tv-th) Romeo and Juliet (GB) d'Alan Cooke
" Play of the Month ", Cedric Messina/BBCtv (BBC 3.12.67). - av. Hywel Bennett (Roméo), Kika Markham (Juliette), John Gielgud (Chorus), Charles Kay (Tybalt), Thora Hird (la nourrice), Ronald Pickup (Mercutio), Stephanie Bidmead (Lady Capulet), Brian Badcoe (Lord Montague), Clare Austin (Lady Montague), David Griffin (Benvolio), Anthony Newlands (frère Laurence), Michael Godfrey (Escalus, duc de Vérone).
1967(tv-th) Romeo and Juliet (AU) d'Oscar Whitbread
" Love and War ", Australian Broadcasting Corporation (Victoria) (ABC 18.10.67), 90 min. - av. Sean Scully (Roméo), Liza Goddard (Juliette), Robin Ramsay (Mercutio), Syd Conabere (frère Laurence), David Turnbull (Tybald), Joan Harris (la nourrice).
1967(tv-th) Romeo y Julieta (ES) de Ricardo Lucía et Ramón Solanes
" Teatro de siempre ", Televisión Española (Madrid) (TVE 22.12.67), 120 min. - av. Enriqueta Carballeira (Juliette), Federico Vilán (Roméo), Anna María Noé (la nourrice), Andrés Mejuto, Mayrata O'Wisiedo, Estanis González, Ignasi Abadal, Rafael Anglada.
Olivia Hussey et Leonard Whiting sont jolis à voir mais peinent avec leur texte (1969).
1968* Giulietta e Romeo / Romeo and Juliet (Roméo et Juliette) (IT/GB/[US]) de Franco Zeffirelli
John Brabourne, Anthony Havelock-Allan, Richard Goodwin/British Home Entertainment Films (BHE)-Verona Produzione-Dino De Laurentiis Cinematografica (Roma)-F. Zeffirelli Production (London)-[Paramount Pictures], 152 min. (GB) et 138 min. (IT). - av. Leonard Whiting (Roméo), Olivia Hussey (Juliette), John McEnery (Mercutio), Michael York (Tybalt), Paul Hardwick (Capulet), Antonio Pierfederici (Lord Montague), Pat Heywood (la nourrice), Roberto Bisacco (le comte Paris), Milo O'Shea (frère Laurence), Robert Stephens (Escalus, duc de Vérone), Bruce Robinson (Benvolio), Natacha Parry (Lady Capulet), Esmeralda Ruspoli (Lady Montague), Keith Skinner (Balthazar), Paola Tedesco (Rosaline), Sir Laurence Olivier / Vittorio Gassman (prologue et épilogue anglo-italien).
Si The Taming of the Shrew (La Mégère apprivoisée) en 1967 est incontestablement le chef-d'œuvre de Franco Zeffirelli, le film qui lui fait immédiatement suite (son troisième), Romeo and Juliet, constitue une déception de taille malgré son important succès en salle comme dans la presse internationale. Certes, la formule reste identique - les vers si possible inaltérés de Shakespeare, l'Italie pittoresque d'autrefois et des interprètes anglo-saxons - , le tout magnifié par un budget conséquent auquel participent (en catamini) des Américains, ici Paramount Pictures qui assume la distribution mondiale du produit et contribue 800'000 $. En priorité homme de théâtre et d'opéra porté sur un sentimentalisme romantique assez périlleux, frisant parfois le kitsch, Zeffirelli tombe ici dans son péché majeur : l'excès de joliesse, la volonté de plaire à tout prix en cultivant le décoratif émancipé de toute fonction, de toute utilité, de toute signification. L'opulence submerge le texte. Castellani, en 1954, avait du style, de la retenue, son esthétisme n'avait rien de gratuit et obéissait à une démarche précise. Ici en revanche, comme le décrit fort justement Olivier Maillart, " tout est trop beau, trop mignon, et la distribution ne bénéficiant ni de l'abattage d'Elizabeth Taylor ni de l'énergie de Richard Burton, l'ensemble sombre rapidement dans la fadeur " (Dictionnaire du cinéma italien, Paris, 2014, p. 1110), appuyé d'une musique au lyrisme un peu superficiel de Nino Rota (un hit discographique). De plus, chez Zeffirelli, la mignardise des premiers rôles masculins avec ses jeunes éphèbes dénudés (à l'instar de son Roméo) participe d'" une esthétique homosexuelle qui tombe dans le chromo " (ibid.). Au montage final, Zeffirelli coupe même la scène où Roméo tue Paris en duel devant la crypte où repose sa bien-aimée, de crainte que le public ne lui retire sa sympathie. Paul McCartney et Anjelica Huston ont été considérés un temps pour les rôles-titre. Or un des arguments de vente du film est que, pour la toute première fois, les interprètes ont plus ou moins l'âge du rôle chez Shakespeare (le fait qu'ils ne sont pas majeurs tout en étant partiellement dénudés au lit crée du reste des ennuis avec la censure italienne et américaine). Mais on se heurte là à un problème de casting lancinant à l'écran où le réalisme photographique peut jouer de mauvais tours : épris de " jeunisme ", Zeffirelli oblitère le fait que la maturité au XVe siècle ne correspond en rien à celle de la jeunesse six siècles plus tard. Leonard Whiting, 17 ans, et Olivia Hussey, 16 ans, gentils adolescents d'aujourd'hui, aux visages poupins, récitent des vers sophistiqués, s'adonnent à des envolées poétiques et affichent des considérations existentielles qui visiblement les dépassent. Sur scène, où la théâtralité est assumée, l'âge ne dérange pas, mais à l'écran, l'écart devient embarrassant. Cela dit, le climat de mai 1968 et la mode " hippie " avec ses contestations fleuries font que même les teenagers se ruent dans les salles et croient se reconnaître dans ces chérubins aux cheveux longs, victimes du désordre parental et de " valeurs dépassées ". La publicité place ces héros aux côtés de " Sonny & Cher, Simon & Garfunkel, Bonnie & Clyde " et Zeffirelli répète que c'est pour les moins de 20 ans qu'il aurait fait le film. " Contemporain " est le mot-clé, et Claude Beylie, qui résume méchamment l'œuvre en citant le titre d'une autre pièce de Shakespeare - Beaucoup de bruit pour rien - le traite de " West Side Story anachronique " (Cinéma 68, décembre, p. 120).
Ces réserves admises, la splendeur des décors comme le dynamisme, l'efficacité et la passion toute physique des scènes d'action (le duel entre Roméo et Tybalt) n'en demeurent pas moins réels, et on se souviendra qu'en 1960 déjà, Zeffirelli fit sensation à Londres avec sa mise en scène de Romeo and Juliet à l'Old Vic Theatre, jouée par John Stride, 23 ans, et une saisissante Judi Dench, 25 ans. Le tournage s'est effectué de juillet à octobre 1967 en scope et Technicolor, d'une part en décors naturels dans des localités encore préservées par le temps (depuis le film de 1954, le profil de Vérone s'est trop modernisé pour être réutilisable). Zeffirelli tourne à Montagnana en Vénétie, à Pienza (Palazzo Piccolomini), Pescia, Tuscania (église de San Pietro) et dans la région de Bagnoregio, à Gubbio en Ombrie (Monte Ingino), au village de Serravalle (ravin de Meschio), sur les rives de la Marta (Toscane), dans les parages de Rome (Palazzo Borghese à Artena), puis dans les studios romains de Cinecittà (la place de Vérone), de Dinocittà et de Shepperton à Londres. Choisi pour la " Royal Film Performance 1968 " en présence de leurs majestés, Romeo and Juliet récolte une liste impressionnante de prix avec deux Oscars pour la photo (Pasqualino De Santis) et les costumes (Danilo Donati) et deux nominations pour Zeffirelli et son film. Le Golden Globe Award revient au film et au tandem Whiting-Hussey (nouveaux talents les plus prometteurs), le BAFTA Award récompense Danilo Donati pour ses costumes (en plus de six nominations), le prix David di Donatello (Rome) est remis au réalisateur et au jeune couple, 5 Nastro d'Argento (presse italienne) sont décernés à la réalisation, la photo, la musique, les décors et costumes, un prix spécial au Festival de Thessalonique, etc. Enfin, avec une exploitation planétaire et 48 millions $ de bénéfices, Zeffirelli livre à ce jour l'adaptation cinématographique de Shakespeare la plus rémunératrice de l'histoire du septième art.
1969The Secret Sex Lives of Romeo and Juliet (La Vie sexuelle de Roméo et Juliette) (US) d'Arthur P. Stootsberry [alias Peter Perry Jr.]
Arthur P. Stootsberry/Global Pictures-Boxoffice International Pictures (BIP), 96 min - av. Forman Shane (Roméo), Dicora Carse (Juliette), Stuart Lancaster (Lord Capulet), Mickey Jones (Lady Capulet), Adam Lawrence (Lord Montague). - Un des nombreux films pornographiques (" soft port ") illustrant les ébats des héros de Shakespeare au lit, avec quelques touches comico-satiriques (cf. aussi Romeo and Juliet (US) de Paul Thomas en 1987/88, etc.). - DE : Das geheime Sexualleben von Romeo und Julia, IT : Amori proibiti di Giulietta e Romeo.
1972(tv-th) Romeo y Julieta (ES) de José Antonio Páramo
" Estudio 1 ", Radio-Televisión Española (Madrid) (TVE 6.10.72), 110 min. - av. Tony Isbert (Roméo), Ana Belén (Juliette), Agustín González (Mercutio), Laly Soldevilla (la nourrice), Carlos Lemos, Javier Loyola, Angela Capilla, José Guardiola, Rafael Guerrero, Mario Alex, César Varona.
1973(tv-th) Roméo et Juliette (FR) de Claude Barma
ORTF (2e Ch. 21.12.73). - av. Jean-Louis Broust (Roméo), Nathalie Juvet (Juliette), Georges Marchal (Escalus, duc de Vérone), Jean Topart (frère Lorenzo), Christian Bertola (Lord Montague), Gérard Ismaël (Tybalt), Suzanne Sorano (Lady Montague), Jacques Eyser (Lord Capulet), Claude Génia (Lady Capulet), Alain Libolt (Benvolio).
1976(tv-th) Romeo and Juliet (GB) de Joan Kemp-Welch
Francis Coleman/A&E-Thames Television (ITV 22.9.76), 186 min. - av. Christopher Neame (Roméo), Anne Hasson (Juliette), Laurence Payne (Lord Capulet), Clive Swift (frère Laurence), Mary Kenton (Lady Capulet), David Robb (Tybalt), Michael Macowan (Lord Montague).
1976(tv-ballet) The Bolshoi Ballet : Romeo and Juliet (GB/SU/DE) de John Vernon
BBCtv-Teleglob AG-Televidenje Sovjetskovo Sojusa, 120 min. - av. Mikhail Lavrovski (Roméo), Natalia Bessmertnova (Juliette), Vladimir Levachev (Tybalt), Youri Papki (Mercutio), Galina Ulanova, Mary Tyler Moore. - Le ballet sur la musique de Sergueï Prokofiev filmé à Moscou au Théâtre Bolchoï, avec, en tête d'affiche, Mikhail Lavrovski, le fils du chorégraphe Leonid Lavrovski, auteur du ballet à sa sortie en 1935.
1978(tv-th) Romeo and Juliet (Roméo et Juliette) (GB) d'Alvin Rakoff
" The Shakespeare Plays ", Cedric Messina/BBCtv-Time Life Television Productions (BBC 3.12.78), 167 min. - av. Patrick Ryecart (Roméo), Rebecca Saire (Juliette), Cyril Cusack (frère Laurence), Celia Johnson (la nourrice), Michael Hordern (Lord Capulet), John Paul (Lord Montague), Anthony Andrews (Mercutio), John Gielgud (Chorus).
1978(tv-th) Romeo e Giulietta (IT) de Grazio Costa Giovangigli (th) et Siro Marcellini (tv)
Radiotelevisione Italiana (RAI 3.1.78), 186 min. - av. Gabriele Lava (Roméo), Ottavia Piccolo (Juliette), Claudio Puglisi (Tybalt), Antonio Salines (Mercutio), Pina Cei (la nourrice), Ettore Toscano (Benvolio), Giovanna Mainardi (Lady Capulet), Elisiana Romagnoli (Lady Montague), Pino Manzari (Lord Montague), Antonio Izzo (Lord Capulet).
1982(tv-mus) Roméo et Juliette (FR) d'Yves-André Hubert (tv) et Georges Lavaudant (th)
" Emmenez-moi au théâtre ", Opéra de Paris-France 2 (FR2 14.2.82), 143 min. - av. Neil Shicoff (Roméo), Barbara Hendricks (Juliette), Yves Bisson (Lord Capulet), Gino Quilico (Mercutio), Robert Dumé (Tybalt), Frangiskos Voutsinis (frère Laurence), Marie McLaughlin (Stéphano), Anna Ringart (Gertrude), Michel Philippe (le comte Paris), Jean-Philippe Courtis (Escalus, duc de Vérone), Jean Soumagnes (Gregorio).
Captation de l'opéra de Charles Gounod, sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré (1867), joué à l'Opéra de Paris avec une très émouvante Barbara Hendricks.
1984(tv-ballet) Romeo and Juliet (US/GB))
The Royal Ballet Covent Garden (London), 140 min. - av. Wayne Eagling (Roméo), Alessandra Ferri (Juliette), David Drew (Tybalt), Stephen Jefferies (Mercutio).
Le ballet de Serge Prokofief et Serge Radlov chorégraphié à Londres par Kenneth MacMillan (juillet 1984).
1991(tv-th) Romeo en Julia (BE/NL) de Berend Boudwijn et Dirk Tanghe
Belgische Radio en Televisie (BRT)-Katholieke Radio Omroep (KRO)-Koninklijk Vlaamse Schouwburg (KVS) (BRT 7.2.91). - av. Ann Tuts (Juliette), Donald Madder (Roméo), Michael Pas (Tybald), Walter Michiels (Mercutio), Jan Pauwels (Lord Capulet), Sien Eggers (Lady Capulet), Vera Veroft (Lady Montague), Rik Andries (Lord Montague), Sjarel Branckaerts (frère Laurence).
1991(vd-mus) I Capuleti ed I Montecchi (IT) d'Ugo Tesitore (th) et Allan Miller (vd)
Série " My Favorite Opera ", Teatro La Fenice (Venezia)-Kultur, 60 min. - av. Katia Ricciarelli (Juliette), Diana Montague (Roméo), Dano Raffanti (Tebaldo), Marcello Lippi (Capellio), Antonio Salvador (Lorenzo).
L'opéra de Vincenzo Bellini créé à La Fenice en 1830, sur un livret de Felice Romani qui s'inspire plus des récits originels italiens que de la tragédie de Shakespeare. Les rôles de Roméo (mezzo) et de Juliette (soprano) sont tenus par deux femmes.
1993(tv-th) Romeo & Juliet (CA) de Norman Campbell (vd) et Richard Monette (th)
Colleen Blake, Norman Campbell/Stratford Festival (Ontario)-Canadian Broadcast Company, 162 min. - av. Antoni Cimolino (Roméo), Megan Follows (Juliette), Colm Feore (Mercutio), Lorne Kennedy (Tybalt), Lewis Gordon (Lord Capulet), Kate Trotter (Lady Capulet), Ian White (Lord Montague), Mary Hitch Blendick (Lady Montague), Tim MacDonald (Escalus, duc de Vérone).
1994(tv-mus) Romeo and Juliet (Roméo et Juliette) (GB) de Nicolas Joel (th) et Brian Large (tv)
BBCtv-Pioneer Classics-The Royal Opera House, Covent Garden (London), 176 min. - av. Roberto Alagna (Roméo), Leontina Vaduva (Juliette), François Le Roux (Mercutio), Paul Charles Clarke (Tybalt), Anna Maria Panzarella (Stephano), Robert Lloyd (frère Laurence), Peter Sidhom (Lord Capulet), Sarah Walker (Gertrude), Richard Halton (le comte Paris), David Wilson-Johnson (Escalus, duc de Vérone). - Captation de l'opéra de Charles Gounod à Covent Garden.
1994(tv-th) Romeo & Juliet (GB) de Alan Horrox
Alan Horrox/Channel Four (Thames Television), 81 min. - av. Jonathan Firth (Roméo), Geraldine Summerville (Juliette), Ben Daniels (Mercutio), Alexis Denisof (Tybalt), Jenny Agutter (Lady Capulet), Martin Milman (Lord Montague), Michael Müller (Benvolio), John Nettles (Lord Capulet), Kate Riding (Lady Montague), John Woodvine (frère Laurence).
1996[Tromeo and Juliet (US) de Lloyd Kaufman, James Gunn; 137 min. - av. Jane Jensen (Juliette), Will Keenan (Tromeo), Maximilian Shaun, Steve Gibbons. - Version punk moderne.]
1996(tv-th) Romeo och Julia (SE) d'Alexander Öberg
Sveriges Television (Stockholm). - av. Jakob Ericksson (Roméo), Gunilla Johansson (Juliette), Caroline Andréason, Henric Holmberg, Lars Melin.
1996[Romeo + Juliet / William Shakespeare's Romeo and Juliet (US) de Baz Luhrmann; Bazmark, 120 min. - av. Leonardo DiCaprio (Roméo), Claire Danes (Juliette), John Leguizamo (Tybalt), Brian Denehhy (Montague), Paul Sorvino (Capulet). - Version " punk " transposée à Verona Beach en Californie au XXe siècle en appliquant une esthétique de clip publicitaire, véritable chaos romantico-apocalyptique servi par zooms excentriques, saturé de codes vestimentaires et tatouages à la mode, avec un tout jeune Leonardo DiCaprio. Pour amateurs.]
2000(vd-th) Romeo & Juliet (US) de Colin Cox
2House Productions-Will & Company (Alhambra, Calif.). - av. Kel Mitchell (Roméo), Fran de Leon (Juliette), Conrad Cimarra (Mercutio), Benito Martinez (Tybalt), Chris Finch (Benvolio), Terry Diab (la nourrice), Steven Matt (Lord Capulet), Wentworth Miller (le comte Paris), Dan Monahan (frère Laurence), Emily Newman (Lady Capulet), Bobby Doyle (Escalus, duc de Venise).
2002[(tv-mus) Romeo & Juliet (US/GB/FR) de Barbara Willis Sweete ; Channel Four-Bel Air Média-FR3-Iambic Prod. - av. Roberto Alagna (Roméo), Angela Georghiu (Juliette), Tito Beltran, Jan Sváb, Pavel Novak. - Gounod-Shakespeare transposés à Providence, Rhode Island.]
2006(vd-mus) I Capuleti ed I Montecchi (IT) de Cristina Mazzavillani Muti
(RAI 18.4.06), 148 min. - av. Paola Gardina (Roméo), Valentina Farces (Juliette), Giacomo Patti (Tebaldo), Roberto Tagliavini (Capello). - L'opéra de Vincenzo Bellini (cf. captation de 1991).
2006[(vd-mus) I Capuleti ed I Montecchi (IT) de Marco Scalfi; Scala di Milano-Dynamic S.r.l., 136 min. - av. Clara Polito (Roméo), Patrizia Ciofi (Juliette), Danilo Formaggia (Tybalt), Federico Sacchi (Capello), Nicola Amodio (Lorenzo). - L'opéra de Vincenzo Bellini transposé en Apulie au XXIe siècle.]
2007(tv-ballet) Romeo and Juliet (GB) de Ross MacGibbon
(BBC 25.12.07), 140 min. - av. Carlos Acosta (Roméo), Tamara Rojo (Juliette).
Le ballet de Serge Prokofiev chorégraphié par Kenneth MacMillan.
2010(tv-th) Shakespeare's Globe : Romeo and Juliet (GB) de Dominic Dromgoole
Conrad Lynch/Shakespeare's Globe Theatre (London). - av. Tomiwa Edun (Roméo), Ellie Kendrick (Juliette), Jack Farthing (Benvolio), Philip Columbus (Mercutio), Miranda Foster (Lady Capulet), Ukweli Roach (Tybalt), Ian Redford (Lord Capulet), Rawiri Paratene (frère Laurence). - Enregistré sur la scène du Globe Theatre à Londres.
2013(tv+ciné) Romeo & Juliet (GB/IT/CH/US) de Carlo Carlei
Julian Fellowes, Simon Bosanquet, Lawrence Elman, Alexander Koll, Ileen Maisel, Doug Mankoff, Andrew Spaulding, Nadja Swarovski, Dimitra Tsingou/Amber Entertainment-Echo Lake Entertainment-Indiana Production-Swarowski Entertainment (BBC Two 11.10.13), 118 min. - av. Douglas Booth (Roméo), Hailee Steinfeld (Juliette), Damian Lewis (Lord Capulet), Laura Morante (Lady Montague), Tomes Arana (Lord Montagu), Natascha McElhone (Lady Capulet), Kodi Smit-McPhee (Benvolio), Stellan Skarsgård (Escalus, duc de Vérone), Tom Wisdom (le comte Paris), Christian Cooke (Mercutio), Ed Westwick (Tybalt), Lesley Manville (la nourrice), Nathalie Rapti Gomez (Rosaline), Paul Giamatti (frère Laurence).
Scénarisée par Julian Fellowes, le créateur de la série à succès Downton Abbey (2010-15) et lauréat de l'Oscar pour Gosford Park de Robert Altman, la production suit l'intrigue générale - " the most dangerous love story ever told ! " annoncent les affiches - mais modifie et raccourcit sérieusement les dialogues de la pièce, qui ne seraient sinon pas à la portée du grand public. Le film débute par une course de chevaux entre les Capulet et les Montague à travers les ruelles de Vérone et dans les grandes lignes, il suit l'approche de Zeffirelli, le faste de ce dernier mis à part, ainsi que l'âge des protagonistes. L'Américaine Hailee Steinfeld, 15 ans, a été remarquée dans le western True Grit des frères Coen (rôle qui lui a valu une nomination à l'Oscar) et Douglas Booth, 19 ans, un mannequin anglais, est apparu dans From Time to Time de Fellowes. Le téléaste italien Carlo Carlei tourne en février-mars 2012 à Cinecittà et aux studios britanniques de Pinewood, puis en extérieurs à Vérone (Fumane, Villa della Torre Allegrini), Mantoue (Palazzo Ducale, Le Grazie), Viterbe (Palazzo Farnses, Tarquinia), Padoue (Montagnana) et à Rome (abbaye de Subiaco). Mais la critique est plutôt tiède sinon négative et l'accueil public hésitant : on reproche au film, soigné mais assez conventionnel, un manque de réelle passion, de conviction et de chimie entre les amants. En outre, toute nudité est exclue, le film devant être autorisé à partir de 14 ans pour la diffusion à la tv.
2014(tv) Romeo e Giulietta (IT) mini-série de Riccardo Donna
Luca et Matilde Bernabei, Sara Melodia, Daniele Passani/Lux Vide S.p.A.-Mediaset-R.T.I.-Beta Film-Telecinco Cinema (Canale 5 3.+5.12.14), 2 x 100 min. - av. Martiño Rivas (Roméo), Alessandra Mastronardi (Juliette), Andy Luotto (frère Laurence), Orfeo Orlando (frère John), Hary Prinz (Lord Montague), Tommaso Ramenghi (Tybalt), Vincent Riotta (Lord Capulet), Magdalena Grochowska (Lady Capulet), Ken Duken (Mercutio), Andrea Bosca (le comte Paris), Mathieu Carrière (Escalus, duc de Vérone), Sandra Ceccarelli (Lady Montague), Elena Sofia Ricci (la nourrice), Giulia Lippi (Ursula Capulet, sœur de Juliette), Sam Lucas Smith (Antonio, frère de Roméo).
Une nouvelle adaptation qui ne s'imposait vraiment pas, avec des dialogues " modernisés ", une action qui se déroule non à Vérone mais à Trente au XIIIe siècle (sous la neige), un message pacifiste (Juliette et son amoureux prient en cachette pour l'arrêt de toutes les guerres), une sœur de Juliette baptisée Ursula et fiancée au comte Paris, tandis que Roméo a un frère nommé Antonio. Tournage à Trente.
2014[(vd-mus) I Capuleti ed I Montecchi (US) de Frank Zamacona; San Francisco Opera-EuroArts Music International (4.9.14), 135 min. - av. Nicole Cabell (Juliette), Joyce DiDonato (Roméo), Simir Pirgu (Tybald), Eric Owens (Capello), Ao Li (Lorenzo). - L'opéra de Vincenzo Bellini transposé au XXIe siècle.]
2017(vd-th) Romeo & Julia - Ohne Tod kein Happy End (AT) de Bernhard Murg, Michael Niavarani, Oliver Rosskopf (th) et Jan Frankl (tv)
Michael Niavarani, Georg Hoanzl/Niavarani & Hoanzl GmbH (Wien)-Mutterschifffilm-ServusTV (Servus TV 9.12.17), 196 min. - av. Sigrid Hauser (Juliette), Michael Niavarani (Roméo), Otto Jaus (Roméo Montague junior), Bernhard Murg (le bouffon), Günther Lainer (le comte Paris), Susanne Preissl (Bianca), Oliver Rosskopf (capitano Levantino), Georg Leskovich (Escalus II, duc de Vérone), Hemma Clementin (son épouse).
Une pièce parodique de Michael Niavarani jouée au Globe à Vienne (Marx-Hall) : Roméo et Juliette sont devenus des amants immortels parce qu'ils sont morts jeunes, or l'auteur les fait vivre, et c'est l'amour qui finit par mourir. Du mauvais cabaret.
2018(vd-th) Romeo and Juliet (CA) de Barry Avrich (vd) et Scott Wentworth (th)
Barry Avrich, Susan Edwards, Michael Levine/Melbar Entertainment Group-Stratford Festival (Ontario), 183 min. - av. Sara Farb (Juliette), Antoine Yared (Roméo), Evan Bullung (Mercutio), Randy Hughson (Lord Capulet), Wayne Best (frère Laurence), Zlatomir Moldovanski (Tybalt), Jim Codrington (Lord Montague).
2020/21[West Side Story (US) de Steven Spielberg; 20th Century Studios-Amblin Partners, 156 min. - av. Ansel Elgort (Tony), Rachel Zegler (Maria), Ariana DeBose (Anita), David Alvarez (Bernardo). - Remake du film de 1961, scénarisé par Tony Kushner d'après le musical de Leonard Bernstein (mus.) et Arthur Laurents (1957). Sortie du film retardée par la Covid-19.]