III - L’ITALIE

2. ITALIE SEPTENTRIONALE : LOMBARDIE, VÉNETIE ET ÉMILIE-ROMAGNE

2.6. Saints et tyrans de Padoue

Saint ANTOINE DE PADOUE (1195-1231), maître de doctrine spirituelle, prédicateur, thaumaturge, compagnon puis successeur de François d'Assise, devient le saint patron de la ville jadis gouvernée par les usuriers. Il fait notamment l'objet des chapitres 39-40 des récits légendaires des Fioretti de saint François d'Assise d'Ugolino da Brunforte pour son fameux prêche aux poissons à Rimini. Canonisé à peine une année après sa mort.
En 1549, ANGELO MALIPIERI, tyran de Padoue, fait empoisonner son épouse Caterina Bragadini, à l'époque des hostilités entre Padoue et Venise. Personnage fictif du drame romantique Angelo, tyran de Padoue (La Joconde) de Victor Hugo (1835). La pièce est très librement adaptée pour l'opéra par Amilcare Ponchielli et Arrigo Boito (livret) sous le titre de La Gioconda (1876), opéra situé à Venise au XVIIe s. (cf. Absolutisme : Italie).
1897Saint Antoine de Padoue (FR)
Pathé Frères S.A. (Paris). - La vie du jeune prêtre franciscain d'origine portugaise (1195-1231), patron de Padoue.
1907Angelo, Tyran fra Padua (DK) de Viggo Larsen
Ole Olsen/Nordisk Film Kompagni (Copenhagen), 212 m. - av. Gustav Lund (Angelo Malipieri), Viggo Larsen (Rodolfo).
Synopsis : En 1549, Angelo Malipieri règne sur Padoue dont il est le puissant podestat mis en place par Venise. Bien que marié, à Catarina Bragadini, il a une maîtresse, la comédienne Tisbe. Il tente d'exercer son pouvoir sur les deux femmes ; il se croit aimé de Tisbe mais en vérité celle-ci a un amant : Rodolfo. Tisbe et Rodolfo se font passer pour frère et sœur aux yeux du tyran. En vérité Rodolfo fait semblant d'aimer Tisbe pour pouvoir rejoindre en secret Catarina. Tout le monde aime quelqu'un et croit être aimé en retour mais le seul amour réciproque est celui de Catarina et Rodolfo. À l'aide d'un espion du Conseil des Dix, Homodéi, Angelo découvre que sa femme a un amant. Il décide de la tuer, mais Tisbe, comprenant que Catarina a sauvé sa mère et que Rodolfo ne l'aime pas, n'a plus le goût de vivre. Décidant d'aider les deux amants plutôt que de se venger, elle se sacrifie par amour. - Une adaptation danoise du drame Angelo, tyran de Padoue (1835) de Victor Hugo, filmée dans les studios de Valby.
1908I fiori di Sant'Antonio (Saint Antoine de Padoue) (IT) de Luigi Maggi
Società Anonima Ambrosio, Torino, 126 m. - av. Paolo Azzuri (Fernando de Bulhões, dit Frère Antoine).
Farceur, saint Antoine s'amuse à dresser maris et femmes, puis de les réconcilier. - DE : Der heilige Antonius von Padua.
1909Il crocifisso d'Ottone (Storia del secolo XVI) (IT) de Yambo [=Enrico Novelli]
Latium Film Roma, 370 m. - La trame de la pièce Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo (1835), cf. film de 1907. - DE : Das kupferne Kruzifix.
1913Les Yeux ouverts (FR) de Louis Feuillade
Léon Gaumont/Société des Établissements L. Gaumont S.A. (Paris), 314 m./11 min. - av. René Navarre (Ubertino, tyran de Padoue), Yvette Andreyor (Sancia), Renée Carl (sa mère), Paul Manson (Mastino, seigneur de Vérone), Marthe Vinot.
Action située à Padoue au XVIe s.
1927 [sortie: 1931]Antonio di Padova, il santo dei miracoli (IT) de Giulio Antamoro
Società Anonima Cinematografie Religiose Artistiche Sonore (SACRAS)-Musso Film, 87 min. - av. Carlo Pinzauti (Fernando de Bulhões, dit Frère Antoine de Padoue), Elio Cosci (Fernando), Luigi Almirante/Alberto Pasquali (Antonio enfant), Ugo S. Biondi (le père), Franca Ricardi (la mère), Ruggero Barni, Armando Casini, Iris D'Alba, Aldo Quinti, Alberto Nepoti.
La vie et les nombreux miracles de saint Antoine de Padoue (1195-1231), réalisé sous les auspices du Vatican par un spécialiste du film religieux, le comte Giulio di Antamoro (Christus en 1916, Frate Francesco en 1927). Dernière grande fresque italienne muette, tournée dans le Frioul (Montepaolo), en Toscane (Rifredi, San Rossore) et à Rimini, puis sonorisée (musique et bruitages).
1946Il tiranno di Padova (Le Tyran de Padoue) (IT) de Massimiliano [=Max] Neufeld
Max Calandri/Scalera Film (Venise), 94 min. - av. Clara Calamai (la comédienne Tisbe), Carlo Lombardi (Angelo Malipieri), Elsa De Giorgi (Caterina Bragadin in Malipieri), Alfredo Varelli (Rodolfo degli Ezzelini), Giorgio Piamonti (Homodéi, membre du Conseil des Dix), Memo Benassi (le peintre Cesare), Nino Pavese (l'espion), Carlo Micheluzzi (le père de Catarina), Olga Vittoria Gentilli (la mère de Tisbe), Andreina Carli (Reginella).
Padoue en 1540. Caterina Bragadin, fille d'un sénateur, aime Rodolfo degli Ezzelini, jeune proscrit, mais son père la fiance à Angelo Malipieri, seigneur de Padoue. Celui-ci est le protecteur de la danseuse Tisbe dont il ignore qu'elle cache dans sa demeure Rodolfo. Un mauvais génie, Homodei, jadis éconduit par Caterina, déclenche le drame (cf. synopsis du film de 1907). - Film inspiré du drame Angelo le tyran Padoue (La Joconde) de Victor Hugo (1835), du travail soigné du réalisateur autrichien Max Neufeld qui s'est réfugié en Italie après l'Anschluss en 1938 et travaillera surtout à Madrid dès 1942. Tournage au printemps 1945, peu avant la mort de Mussolini, au " Cinevillagio " des studios de la Scalera Film à Venise (Giudecca), mais sorti en décembre 1946.
Aldo Fiorelli dans « Antonio di Padova » (1949) de Pietro Francisci.
1949Antonio di Padova (Saint Antoine de Padoue) (IT) de Pietro Francisci
Mario Francisci/Oro Film, 102 min./81 min. - av. Aldo Fiorelli (Fernando de Bulhões, dit Frère Antoine de Padoue), Silvana Pampanini (Isabel / Anita, mère de Fernando), Carlo Giustini (le père de Fernando), Alberto Pomerani (le petit Fernando), Aldo Fabrizi (Ezzelino III da Romano), Manoel Roero (le comte Vincenzo), Luigi Pavese (Don Luigi), Ugo Sasso (le paysan), Lola Braccini (sa mère), Nino Pavese (Achille Sartori), Piero Pastore (Giano), Mario Ferrari (le juge Don Alicante), Anna Di Lorenzo (Isabella), Cesare Fantoni (le sultan), Valerio Tordi (Don Alvaro), Riccardo Mangano (Don Diego).
Synopsis : L'épouse d'un jeune peintre romain disparu à la fin de la guerre va à l'église avec son fils Fernando pour demander à saint Antoine le retour de son mari. Celui-ci, qui avait perdu la mémoire, réapparaît effectivement et la famille se rend à Padoue en pélerinage de gratitude. En visitant la basilique Saint-Antoine, ils achètent une hagiographie du saint dont les images prennent vie à la lecture du livre. L'histoire du saint est entièrement racontée en flash-back. - Artisan besogneux du cinéma populaire, Pietro Francisci s'est spécialisé dans le film à costumes et les péplums en tous genres (Attila, flagello di Dio avec Anthony Quinn, Le fatiche di Ercole et Ercole e la regina di Lidia avec Steve Reeves, etc.). Cette évocation édifiante, photographiée par le jeune Mario Bava, est tournée aux studios de l'Oro Film Safa-Palatino à Rome, évidemment à Padoue (basilique de St. Antoine) et au sanctuaire des saints Cosma et Damiano à Eboli. Elle contient diverses scènes de miracles et aurait suscité plusieurs vocations religieuses dans les années 1950. - DE : Antonius von Padua, US : Anthony of Padua, ES : Antonio de Padua.
1963/64[700 anni fa (IT) d'Ermanno Olmi ; Attilio Torricelli/22 Dicembre s.p.a. (Milano)-Radiotelevisione Italiana (RAI avril 64), 44 min. - Documentaire sur saint Antoine de Padoue par le futur réalisateur de L'alberto degli zoccoli (L'Arbre aux sabots, 1978) et Il mestiere delle armi (2001, cf. guerres d'Italie), commenté par l'acteur Carlo Campanini.]
1973Fiorina la vacca (IT) de Vittorio De Sisti
Juma Film, 103 min./96 min. - av. Gastone Moschin (Ruzante), Ornella Muti (Teresa), Janet Agren (Tazia), Mario Carotenuto (Beolco), Felice Andreasi (Compare Michelon), Ewa Aulin (Giacomina), Angela Covello (Fiorina), Attilio Duse (Sandron), Graziella Galvani (Betta), Jenny Tamburi (Zanetta), Renzo Marignano (Massaro di Beolco).
Au XVe siècle, Ruzante, un paysan de Padoue voulant faire fortune à la guerre comme mercenaire, vend sa vache Fiorina. L'animal va passer de mains en mains, tantôt légalement, tantôt non, et finit chez le riche Beolco qui a aussi " acheté " la femme de Ruzante... Rédigé entre 1531/32, Fiorina est un récit d'Angelo Beolco, dit Ruzante (ou Ruzzante), écrivain et comédien du XVIe siècle connu pour ses comédies rurales en langue vénitienne de Padoue Une comédie érotique tournée en Eastmancolor et scope au château de Corcolle, aux chutes de Monte Gelato (Latium) et aux Dear Studios à Rome.
1985(tv-th) Angelo, tyran de Padoue (FR) de Jean-Paul Carrère (tv) et Jean-Louis Barrault (th)
" Emmenez-moi au théâtre ", ORTF-France 2 (FR2 27.5.85). - av. Jacques Dacqmine (Angelo Malipieri), Cyrielle Claire (Catarina Bargadini), Geneviève Page (La Tisbé), Jean-Louis Barrault (Orfeo), François Duval (Rodolfo), Pierre Tabard (Homodéi, membre du Conseil des Dix), Jean-Paul Gonzenbach (Anafesto Galcofa), Robert Lombard (Ordelafo), Dominique Virton (Gaboardo), Magali Barney (Reginella), Marilyne Canto (Dafné), Xavier Renoult (un huissier), Pierre Hoden (le doyen). - Dramatique d'après le drame de Victor Hugo (1835), cf. film de 1907.
1990(tv) Sant'Antonio di Padova (IT) de Giorgio Salce
Radiotelevisione Italiana (RAI 6.2.90). - av. Fabio Balasso (Fernando de Bulhões, dit Frère Antoine), Grazia Mandruzzato (sa mère), Gianni De Luigi (Ezelino), Diego Ribon (l'avocat du diable), Felice Picco.
2002(tv) Sant'Antonio di Padova (Saint Antoine de Padoue) (IT) d'Umberto Marino
Luca et Matilde Bernabei, Anna Stoppoloni/Lux Vide-MediaTrade (RAI Canale 5 1.4.02), 102 min. - av. Daniele Liotti (Fernando de Bulhões, dit Fra' Antonio), Enrico Brignano (Giulietto), Vittoria Puccini (Teresa), Glauco Onorato (Martino), José Sancho, Peppino Mazzotta.
En faisant naufrage en Sicile en 1221, les frères franciscains Antonio et Giulietto, de retour d'une mission évangélique en Afrique du Nord, sont recueillis par des pêcheurs. Antonio leur conte son cheminement spirituel. Les moines recueillent la confession bouleversante d'un noble portugais, Don Fernando Martins de Bulhões, qui a blessé son meilleur ami en duel pour une femme, puis s'est converti à la vie ascétique. Il a renoncé à ses titres nobiliaires et veut engager la guerre contre les musulmans au Maroc, non avec les armes mais en prêchant l'Évangile. - Le téléfilm, semi-fiction religieuse (pour divers détails de la jeunesse du saint), est entièrement tourné en Espagne (Trujillo, Piasencia, Santillana Del Mar et au monastère de Veruela) en collaboration avec les Frères de la Basilique de Sant'Antonio de Padoue et avec un budget de 4,25 millions de $. - ES : San Antonio de Padua, PT : Santo Antônio : Uma vida de doutrina e bondade, US : Saint Anthony : The Miracle Worker of Padua.
Jordi Mollà (centre) dans « Antonio guerriero di Dio » (2006).
2006* Antonio guerriero di Dio / Il Santo (IT) d'Antonello Belluco et Sandro Cecca
Angelo Bassi, Maurizio Mattei, Claudio Napoli/A.B. Film-Ministero per i Beni e le Attività Culturali (MiBAC), 110 min. - av. Jordi Mollà (Fernando de Bulhões, dit Frère Antoine de Padoue), Paolo De Vita (Folco), Marta Jacopini (Alessia Gherardi), Andrea Ascolese (Belludi), Michele Melega (François d'Assise), Matt Patresi (Baldricco Scrovegni), Damir Todorovic (Rolando), Franco Di Francescantonio (Tebaldo Gherardi), Luca Lionello (Ministro Francescano), Arnoldo Foà (le pape Grégoire IX), Mattia Sbragia (un juge), Eleonora Daniele (Mère Addolorata), Jordi Mollà (Antonio), Giovanni Capalbo (Aicardino), Alvaro Gradella (un moine), Rosa Pianeta.
Synopsis : En 1263 dans la basilique de San Antonio à Padoue, tandis que la population en pleurs passe devant le cercueil du saint, un frère, un ex-criminel du nom de Folco, raconte son histoire : Jeune aristocrate de Lisbonne vivant une vie aisée, Fernando Martins de Bulhões est bouleversé par la misère qu'il découvre dans les rues de sa ville et brave son père en se faisant moine sous le nom de Fra'Antonio. En 1221, un navire venu du Maroc fait naufrage sur la côte de la Sicile. Fibonacci, un marchand et mathématicien distingué de Pise, a sauvé le missionnaire portugais Antonio de la noyade. Pendant ce temps à Padoue, l'usurier Tebaldo charge Baldricco et son compère Folco, un voleur, de retrouver le fabuleux trésor que transportait le navire disparu. Sur les lieux du naufrage, Baldricco aurait été englouti, dit-on, par les vagues en fouillant l'épave. Resté seul, Folco soupçonne que le religieux survivant du naufrage a accaparé le trésor et se met à sa recherche. Entretemps, Antonio, convalescent, a gagné Assise où François a convoqué tous les frères mineurs de son ordre. Folco le suit pour récupérer l'argent disparu et, au contact avec le moine, se transforme peu à peu, au point de renoncer à ses brigandages, vouloir se racheter et devenir son disciple. François d'Assise meurt et Antonio devient son successeur à la tête de l'ordre des frères mineurs ; il rencontre le pape Grégoire IX, qui le craint car leurs idées divergent. Il retourne à Padoue en 1231, cité à l'apogée de son développement démographique et commercial, prêche violemment contre l'usure et se bat avec succès pour la libération de Folco que Baldricco a accusé d'un meurtre qu'il avait lui-même commis. Ayant pris la défense des faibles et oppressés en faisant changer les lois et dénoncé la corruption de l'Église, Antonio est porté en triomphe à titre de " defensor civitatis ". Ce grand spirituel, mais aussi militant révolutionnaire et homme d'action, protégé par quatre gardes du corps, sera canonisé à peine onze mois après sa mort. - Un biopic inhabituel pour une vie très à part, filmée à Fossanova, à Padoue (basilique, Porta Legnago) et sur la place de l'église de San Pietro à Viterbo (Toscane). - US : Anthony, Warrior of God.
2009(tv-th) Angelo, tyran de Padoue (FR) de Christophe Honoré
France 2 Théâtre-Festival d'Avignon (FR2 17.7.09), 160 min. - av. Clotilde Hesme (La Thisbé), Emmanuelle Devos (Catarina), Marcial Di Fonzo Bo (Angelo), Hervé Lassïnce (Rodolfo), Anaïs Demoustier (Dafné), Julien Honoré (Homodéi, membre du Conseil des Dix), Jean-Philippe Albizzati (Virgilio Tasca), Jean-Charles Clichet (Gaboardo), Antoine Nembrini (Trïlo), Sébastien Pouderoux (Orfeo).
Le drame de Victor Hugo (1835), captation de la mise en scène présentée au Festival d'Avignon par le cinéaste Christophe Honoré, cf. film de 1907.