I - LE ROYAUME DE FRANCE

Sacha Guitry, un Louis XI saisissant, tordu, chétif, maigrelet, dans son film « Si Paris nous était conté » (1955).

8 . LE CRÉPUSCULE DU MOYEN ÂGE: LOUIS XI (1461 à 1483)

Né en 1423, fils aîné de Charles VII (qu’il déteste) et de Marie d’Anjou. Épouses: Marguerite d’Écosse (?-1445) et Charlotte de Savoie (1442-1483). Politicien rusé, retors et avare, grêle et machiavélique (on le surnomme « l’Universelle Aragne »), il combat la haute noblesse féodale et le clergé en s’appuyant sur la bourgeoisie, encourage l’économie nouvelle et impose l’imprimerie en France. Le fait qu’il ait réussi à rattacher plusieurs principautés importantes au territoire royal – agrandissement effectué aux prix d’escroqueries politiques – peut être considéré comme une étape essentielle dans l’unification du pays. Il laisse toutefois derrière lui une véritable « légende noire » illustrée par sa cruauté occasionnelle et le sort terrible qu’il aurait réservé à ses ennemis (enfermés dans des cages de fer minuscules baptisées « fillettes du roi »).
Les princes qui possèdent les grands fiefs de la couronne, particulièrement le duc de Bourgogne et de Bretagne, gouvernent leurs États en seigneurs absolus et ne se font aucun scrupule de lever l’étendard contre leur suzerain, le roi. Ils constituent un danger potentiel face à l’Angleterre dont le monarque, Edward IV (alors plongé dans la guerre des Deux-Roses), se dit toujours, comme ses prédécesseurs, roi de France et d’Angleterre. Le principal adversaire de Louis XI est le puissant CHARLES LE TÉMÉRAIRE, dernier duc de Bourgogne (1433-1477), flamboyant et impulsif, qui brigue une couronne royale et rêve de transformer ses principautés disséminées entre la Bourgogne, la Franche-Comté, l’Artois, la Flandre et le Brabant en un grand royaume rhénan, en un empire s’étirant de Besançon à Bruges (l’ancienne Lotharingie) – pour peu qu’il parvienne à conquérir la Champagne, la Lorraine et l’Alsace. Payés par Louis XI, les Suisses écrasent son armée à Grandson et à Morat et le Téméraire périt pendant le siège de Nancy.
1908Les Gibets de Louis XI (1475) (FR) de Georges Méliès
Star Film (série « La Civilisation à travers les âges » no. 1050-1065), 320 m. – av. Georges Méliès (l’inquisiteur). – Sixième tableau : « Le gibet de Montfaucon (des gibets sont installés dans tout le royaume de France. Les condamnations sont si fréquentes qu’il n’y a pas de jour sans pendaison). » Un tableau du Moyen Âge – le cinquième montre un pilori, le sixième un banc de torture et son application pratique – qui transmet un cliché sinistre de l’époque, en concordance avec la vision romantico-républicaine d’un Michelet ou d’un Hugo. Le titre général de la série (dont Méliès était particulièrement fier), « La Civilisation à travers les âges », se veut sarcastique et révèle un cinéaste désabusé.
1909Luigi XI, re di Francia – Tragedia dell’anno 1483 (Louis XI, roi de France) (IT) de Luigi Maggi
Ambrosio Film, Torino, 242 m. – av. Alberto A. Capozzi (Louis XI), Luigi Maggi, Mirra Principi, Mario Voller Buzzi, Paolo Azzurri. – En 1477, Jacques d’Armagnac, duc de Nemours est décapité sur ordre de Louis XI. Son fils mûrit sa vengeance pendant des années. Il décide d’épargner le souverain lorsqu’il découvre que celui-ci est rongé de remords à cause des nombreux crimes à son actif. Arrêté, le conspirateur reçoit trop tard la grâce du roi mourant. Le même sujet sera traité en 1912 dans La fine di Luigi XI (cf. infra). – US : Louis the XI.
1909La Filleule de Louis XI (FR) d’Henri Desfontaines (?)
Société générale des cinématographes Eclipse (Paris)-Urban Trading Co.-Radios Film, 192 m. – av. Jean Marié de l’Isle et la troupe du Théâtre National de l'Odéon.
1910Louis XI (FR) d’André Calmettes
Le Film d’Art (Paris), 1 bob. – av. Emile Dehelly (Louis XI), Paul Mounet, Rolla Norman, Julia Bartet. – Dehelly, qui sera d’Artagnan dans « Les Trois Mousquetaires » de Calmettes et Henri Pouctal deux ans plus tard, fait ici l’« Universelle Aragne » selon un scénario de Louis Leloir, sociétaire de la Comédie-Française.
1910Jeanne Hachette (FR)
Pathé Frères S.A. (Paris) no. 3379 (« Scène historique »), 125 m. – Synopsis : En 1472, les troupes de Charles le Téméraire envahissent la Picardie. Fille d’un artisan de Beauvais, Jeanne Laisné est fiancée à Colin Pitou. Parti à la guerre, ce dernier est blessé. Jeanne organise la défense des remparts de la cité et Louis XI la récompense en la mariant avec Colin puis en l’exemptant à vie de tout impôt.
L’authentique Jeanne Laisné ou Fourquet, connue depuis le XVe siècle sous le nom de Jeanne Hachette (1454- ?), est une figure emblématique de la résistance « française » à Charles le Téméraire. Le XIXe siècle républicain comme le présent scénario de Carlo Rossi l’érigent en corollaire laïc de Jeanne d’Arc, et Henry Dupuy-Mazuel, dans son roman Le Miracle des loups (cf. infra, 1923), la transformera en filleule héroïque de Louis XI. Les historiens se disputent quant à l’historicité du personnage. Selon la tradition, la dite Jeanne aurait saisi une hache pour repousser un Bourguignon qui sautait de son échelle d’assaut sur les remparts de Beauvais en 1472. Enhardies, les femmes de la ville auraient porté poudre et armes aux combattants, jetant elles-mêmes sur les assaillants des pierres ou de l’huile bouillante. C’est ainsi que les 80'000 assaillants auraient été repoussés et l’avancée du Téméraire dans le royaume de France stoppée net. Si non è vero…
1910L'Évasion d'un truand (FR) de Michel Carré
« Série d’Art », Pathé Frères S.A. (Paris), 200 m. – av. Harry Baur (Rob Rokers), André Bisson (le comte de la Suzeraie), Laura Lukas (la bohémienne Sperata). – Rokers, un truand, se morfond dans les geôles de Louis XI. Il obtient une lime pour s’évader à condition d’enlever la bohémienne Sperata, maîtresse du chef de la police royale, le comte de la Suzeraie. Mais Rokers est dénoncé par les frères de Sperata au moment de l’enlèvement et un tribunal masqué le condamne à mort.
1910La Fin de Charles le Téméraire (FR) de Paul Garbagni
Pathé Frères S.A. (Paris), 160 m. – av. Louis Ravet (Charles le Téméraire), Georges Laumonier (le comte Albert de Geierstein), Madeleine Céliat (Marie de Bourgogne).
Synopsis : Charles le Téméraire surprend les intrigues de sa fille, Marie de Bourgogne, et d’un gentilhomme lorrain, Albert de Geierstein. Fou de colère, il fait enfermer le séducteur, mais celui-ci s’évade et se réfugie au camp de René II, duc de Lorraine, qui le prend sous sa protection. Comme ce dernier refuse de lui livrer le fugitif, le duc de Bourgogne mobilise son armée qui est exterminée devant Nancy le 5 janvier 1477. Exténué et abandonné de tous, le Téméraire se mesure au duc de Lorraine. Il est sur le point de l’occire quand Albert de Geierstein surgit et le poignarde dans le dos.
Auteur de la série parodique du détective « Nick Winter », Paul Garbagni fait passer son film pour une version extrêmement condensée du roman Anna of Geierstein, or The Maiden of the Mist (La fille des brumes) de Sir Walter Scott (1829), le premier best-seller de l’écrivain écossais. À vrai dire, il n’en reste pas grand-chose, hormis quelques noms et lieux, l’intrigue touffue (en trois volumes) de Scott étant compressée sur à peine dix minutes : Albert de Geierstein devient ici un Lorrain, alors qu’il est un noble d’Unterwalden, en Suisse centrale, et sa nièce Anne, l’héroïne en titre, a été oubliée. Le roman, lui, conte l’odyssée helvétique de John de Vere, comte d’Oxford, et de son fils Arthur, deux combattants lancastriens de la guerre des Deux-Roses qui s’égarent près de Bâle, alors qu’ils sont en mission secrète à la cour de Charles le Téméraire (de sang Lancastre par sa mère) pour convaincre celui-ci de les aider à reprendre la couronne d’Angleterre à la maison d’York. Trop tard : payés par Louis XI, les Confédérés écrasent les Bourguignons à Morat, le Téméraire périt à Nancy. Arthur de Vere séjourne alors en Suisse pour y épouser Maria de Geierstein et regagne la Grande-Bretagne après la victoire des siens à Bosworth… Chez Pathé Frères, cocorico, il n’y a plus ni Anglais ni Suisses. – US : Charles le Temeraire.
1910L'Argentier du roi Louis XI (FR) de Victorin Jasset
Société Française des Films Éclair (Paris)-A.C.A.D. (Association des Compositeurs et des Auteurs Dramatiques), 295 m. – av. Charles Krauss (Maître Cornelius Hoogworst), Jeanne Grumbach (Marie de Saint-Vallier), Dupont-Morgan, Georges Saillard, Henry Gouget.
A Tours en 1479. La jeune comtesse Marie de Saint-Vallier, fille naturelle de Louis XI, mariée à un mari vieux, jaloux et sadique, aime en secret Jehan d’Estouteville. La demeure des Saint-Vallier jouxte celle de Maître Cornélius, négociant flamand et argentier du roi. Suite à une série de vols, cet avare monomane a déjà fait pendre six de ses serviteurs. D’Estouteville se fait engager comme apprenti sous un faux nom chez l’argentier et rejoint de nuit sa bien-aimée en passant par la cheminée. Au matin, un nouveau vol ayant été commis, Cornélius accuse d’Estouteville, mais sur intervention de la comtesse, Louis XI résout l’énigme des vols et innocente le jeune homme. – Le sujet est tiré de Maître Cornelius, un conte de La Comédie humaine (t. II des Études philosophiques) d’Honoré de Balzac paru en 1832. Jasset, le nouveau directeur artistique de la compagnie, spécialisé dans les sujets historico-littéraires, le filme aux studios Eclair à Epinay-sur-Seine.
1910L’Héritière (FR) d’Henri Pouctal 
Paul Gavault/Le Film d’Art (Paris). – av. Paul Mounet (Louis XI), Henri Rollan (Jacques d’Armagnac, duc de Nemours), Mlle Gillman (Marie de Bourgogne), Julien Clément (Tristan), Philippe Garnier, Jacques Volnys, Berthe Bovy, Henri Etiévant.
Synopsis : En 1477, à la mort de son père Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne, 20 ans, est la plus riche héritière d’Europe. Elle représente un danger pour Louis XI, car, courtisée de toutes parts, Marie pourrait s’allier à ses ennemis. Parmi ceux-ci, Jacques d’Armagnac (1433-1477), duc de Nemours et vicomte de Carlat. Ami d’enfance et cousin par alliance du roi, qui l’a comblé de bienfaits, d’Armagnac s’est néanmoins soulevé contre le trône en 1465 au sein de « La ligue du Bien public », une révolte féodale des nobles menés par le Téméraire contre l’accroissement des pouvoirs royaux. D’Armagnac a obtenu deux fois un pardon, mais en 1476, suite à d’autres conspirations, Louis XI s’est résolu à faire assiéger le château de Carlat pour y déloger le faux frère. Après dix-huit mois de siège, d’Armagnac se rend sur la promesse qu’il ne lui serait pas fait de mal, « sur la foi et conscience du roi Très Chrétien ». C’est un piège : il est amené à Paris dans une cage de fer et décapité. Quant à Marie, l’héritière, elle échappe aux soldats de Louis XI en épousant Maximilien de Styrie (cf. infra, « Yolanda » de Robert G. Vignola, 1924). – Le scénario est de l’auteur dramatique Paul Gavault, futur directeur du théâtre de l’Odéon à Paris.
1912La fine di Luigi XI (Anno 1483) / La Fin de Louis XI (IT/FR) d’Alfredo Robert
Milanese Film/Il Film d'Arte Italiana/Pathé Frères, 225 m. – av. Ermete Novelli (Louis XI). – Synopsis : Enfermé dans une cage de fer à la Bastille, Jacques d’Armagnac, duc de Nemours, est déclaré coupable de lèse-majesté et décapité en 1477 (cf. « L’Héritière », 1910). Son fils Jean songe à le venger. Il sollicite de Charles le Téméraire l’honneur de porter au monarque abhorré un ultimatum. Reconnu par Louis XI, Nemours est arrêté, puis remis en liberté. Mais au moment où Jean va enfin assouvir sa haine, le monarque meurt frappé d’apoplexie. – Le sujet est inspiré d’une tragédie de Casimir Delavigne, Louis XI (1832). Curieusement, les distributeurs en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne modifient le titre et les noms des personnages : La Vengeance du prince Visconti. / Die Rache der Fürsten Visconti / The Vengeance of Prince Visconti.
1912Qui a été pendu ? (FR) de Louis Feuillade
Etablissement Gaumont S.A. (Paris), 428 m. (couleurs). – Auteur de vers qui ont déplu à Louis XI, le poète Augis est enfermé dans une cage de fer. Bernadette, sa compagne, veut le venger et ameute des paysans. Ils pendent un malfaiteur qui se faisait passer pour le roi. Quand le vrai souverain arrive au village, il s’étonne, puis pardonne.
1912Luigi XI di Francia (Louis de France) (IT)
Aquila Films, Torino, 670 m. – Ne pouvant se débarrasser de son ennemi par la force, Louis XI utilise la ruse et fomente la perte de Charles le Téméraire en l’envoyant se faire tuer par les mercenaires suisses et alsaciens à Nancy. – ES : Luis XI de Francia.
1913Le Médecin de Louis XI (FR) de Louis Feuillade (?)
Etablissement Gaumont S.A. (Paris) (film parlant « Chronophone »). – Louis XI se méfie de tout le monde, et en particulier de son médecin qu’il soupçonne de trahison. Il s’en remet plus volontiers à son astrologue… Une phono-scène parfois attribuée à Feuillade. Le système Chronophone, dont Léon Gaumont a déposé un brevet en 1910, est un procédé de sonorisation des films par disques présenté au Gaumont Palace à Paris dès 1912.
Le film de Raymond Bernard (1923/24) est une fresque monumentale visant à se réapproprier l'histoire nationale, trop souvent malmenée par le cinéma étranger.
1923/24Le Miracle des loups. Chronique du temps de Louis XI (FR) de Raymond Bernard
Société des Films Historiques, 3017 m. / 2h11 min. (20 fps). – av. Romuald Joubé (Robert Cottereau), Yvonne Sergyl (Jeanne Fouquet, dite Jeanne Hachette), Charles Dullin (Louis XI), Vanni Marcoux (Charles le Téméraire), Fernand Mailly (Philippe le Bon), Philippe Hériat (Tristan L’Hermite, prévôt des Maréchaux de France), Robert Guilbert (Jean II, duc de Bourbon), Gaston Modot (le comte Du Lau, sire de Châteauneuf), Armand Bernard (Bische), Ernest Maupain (Fouquet), Halma (Olivier le Daim), Pierre Denois (Coitier), Emilien Richaud (Philippe de Commynes), Pierre Hot (Dieu le Père), Albert Préjean (un soldat), Arlette Geny [=Marie Glory] et Colette Darfeuil (deux servantes), Pierre de Canolle, Lucien Bataille.
Synopsis : En 1461, la France, à peine sortie de la guerre de Cent Ans, est déchirée par la rivalité entre Louis XI et Charles le Téméraire, comte de Charolais et futur duc de Bourgogne. Porte-bannière et frère de lait du Bourguignon, le roturier Robert Cottereau aime Jeanne Fouquet, la filleule du roi que convoite également l’orgueilleux sire de Châteauneuf, l’âme damnée du Téméraire. Ce dernier, cherchant à humilier le roi lors de sa visite festive à Genappe (Brabant), pousse Jeanne dans les bras de Châteauneuf. Jeanne se défend, Louis XI la sauve et tance publiquement son royal cousin. C’est la guerre. Louis XI et les féodaux de la Ligue du Bien public s’affrontent à Montlhéry. Cottereau est déchiré entre sa loyauté au Téméraire, devenu duc de Bourgogne, et son amour. Lorsque la ville de Liège est sur le point de se soulever contre son suzerain bourguignon, Châteauneuf sabote les tentatives d’apaisement de Louis XI et poignarde Fouquet, père de Jeanne, pour lui dérober l’exhortation à la paix rédigée par le roi. Jeanne s’échappe avec le précieux document. Poursuivie dans les bois enneigés par des hommes d’armes, elle s’agenouille en prière. Une horde de loups surgit, l’entoure, la protège puis égorge toute la soldatesque lancée à sa trousse. Seul Châteauneuf parvient à s’échapper. Jeanne arrive à temps à Péronne pour y innocenter le souverain, retenu prisonnier par le duc. Furieux, le Téméraire envahit la Picardie en 1472 et charge Cottereau d’assiéger Beauvais. Sur les remparts, Jeanne participe hardiment à la défense de la cité. Cottereau la sauve des flammes dans une tour avancée et tue Châteauneuf tandis que Louis XI arrive enfin de Noyon avec ses chevaliers et met les troupes bourguignonnes en déroute. Le Téméraire se retire et les amoureux finalement réunis fêtent leurs noces.

La caméra au service de l’histoire nationale
« Le Miracle des loups » inaugure une période particulièrement fastueuse du cinéma français, représentée par une série de films à grand spectacle d’une envergure logistique sans précédent dans l’Hexagone, des fresques monumentales parmi lesquelles « La Merveilleuse Vie de Jeanne d'Arc » de Marco de Gastyne (1928/29) (cf. 7.7) et surtout le phénoménal « Napoléon » d’Abel Gance. Ces œuvres témoignent « d’une volonté de voir et de faire grand », comme le rappelle Lenny Borger (Les cahiers du muet, no. 14, octobre 1993). Un projet initial dans cette direction, en plus modeste, a déjà été ébauché par Phocéa Films Marseille et son réalisateur Charles Burguet à Nice (l’orientalerie « La Sultane de l’amour », 1919). Mais pour l’industrie du cinéma affaiblie par les années de guerre, il s’agit de faire mieux que les Américains, Allemands, Italiens et par la même occasion de se réapproprier l’histoire nationale trop souvent malmenée par les films étrangers, en la popularisant par le pouvoir universel de l’image. Cette forme de propagande contre les « déformations vulgaires d’Hollywood » – on vise la Révolution française vue par Griffith et Lubitsch – va de pair avec une glorification du patrimoine qui s’appuie sur l’authenticité des décors naturels (châteaux, parcs, palais, vieilles villes), la mise en valeur des monuments et trésors historiques, le respect scrupuleux des meubles, costumes, bijoux recréés d’après tableaux d’époque, etc.
Charles le Téméraire (Vanni Marcoux) a fort à faire avec son royal et rusé cousin Louis XI (Charles Dullin) (1924).
 Auteur dramatique, romancier et directeur du Monde illustré, Henry Dupuy-Mazuel (alias Henry Catalan) et son confrère Jean-José Frappa, patriote aussi exalté que chauvin, fondent la Société des Films Historiques – baptisée d’abord Société des Romans Historiques Filmés – avec l’ambition de porter à l’écran Le Miracle des loups, un ouvrage encore inédit de Dupuy-Mazuel (il sera publié chez Albin Michel lors de la sortie du film). Grâce à un lobbying intense parmi la droite française, le tandem réunit un budget considérable de huit millions de francs : ce sera le film français le plus coûteux produit à ce jour. Imitant la politique du Film d’Art quinze ans plus tôt, on crée une commission d’historiens émérites pour en superviser la reconstitution, présidée par Camille Jullian, professeur au Collège de France. Henri Bordeaux, de l’Académie Française, parraine le comité littéraire de la société, André Antoine (père du théâtre naturaliste français) le comité artistique et Francis de Croisset le comité dramatique (dont font partie, entre autres Sacha Guitry, Henri Lavedan et Henri Bernstein). Tous n’ont pas, loin s’en faut, mis concrètement la main à la pâte, et Jullian niera même toute participation, mais qu’importe. Le premier réalisateur pressenti, Robert Boudrioz, s’étant brouillé avec les historiens, on donne sa chance au fils de Tristan Bernard, Raymond, qui s’est jusqu’à présent surtout illustré dans des films intimistes. C’est un coup de poker gagnant.
Les décors gigantesques, érigés dans les nouveaux studios Levinsky à Joinville, sont conçus par Robert Mallet-Stevens, une des figures majeures de l’architecture française de l’entre-deux-guerres (cette même année, il signe ceux de « L’Inhumaine » de L’Herbier) ; quant aux costumes, ils sont confiés au dessinateur et militariste patriotard Job alias Jacques Onfroy de Bréville, qui avait illustré en 1905 un album consacré à Louis XI.

Charles Dullin réhabilite l’« Universelle Aragne »
En tête d’affiche, on trouve Romuald Joubé qui est la star du moment (« Les Frères corses » d’Antoine 1917, « J’accuse ! » de Gance 1919, « Mathias Sandorf » d’Henri Fescourt 1921). Le célèbre chanteur lyrique Vanni Marcoux, premier Boris Goudounov français, joue le Téméraire (à l’écran, il a été Faust dans « Don Juan et Faust » de L’Herbier, 1922). Sur insistance d’Antoine et de Bernard (qui l’avait fait débuter au cinéma en 1920), Charles Dullin, un des plus grands hommes de théâtre de son temps, prête son profil inquiétant à Louis XI, devenant ainsi, bien malgré lui, vedette de cinéma – ce qui lui permettra de renflouer son Théâtre de l’Atelier chroniquement déficitaire. Au-delà d’une indéniable ressemblance physique avec son modèle, Dullin livre une véritable étude de caractère teintée de grimaces et expressions singulières, marquée par la lenteur de la gestuelle, la retenue méfiante, « le jeu incisif, son dos courbé, son masque chafouin, ses yeux aigus » (H. Fescourt, La Foi et les Montagnes, Paris 1959, p. 315). Monarque moins caricatural que celui des films américains sur François Villon (interprétés par Conrad Veidt ou Basil Rathbone), il prête aussi moins à plaisanter : à Genappe, Bernard montre comment Louis XI fait semblant de couronner le Téméraire pour mieux l’humilier ; une fois ce dernier agenouillé, le roi éclate d’un rire violent et outrageant. L’affrontement oral à Péronne est intitulé « le renard et le léopard » : l’intelligence maligne, voire cruelle, face à la force du fauve. Le film contribue ainsi à réévaluer idéologiquement Louis XI en tant que premier monarque français des temps modernes et premier artisan de l’unité nationale, et participer par là à la reconstruction psychologique d’une nation traumatisée par les tranchées de 1914-18. « Le clergé et la noblesse sont mécontents de lui », relève un carton, « alors que le peuple l’aime. » Selon le schéma classique inauguré par Walter Scott, les basses œuvres du Téméraire sont toutes attribuées au sinistre Châteauneuf, son âme damnée, « pour ne pas trop noircir un personnage de haut rang » (F. Amy de la Brétêque, op. cit., p. 864).
Cela dit, l’intrigue de Dupuy-Mazuel – des amours contrariées sur fond de luttes entre la monarchie capétienne et le duché de Bourgogne – est fort conventionnelle et traîne souvent en longueur, desservie en particulier par le manque de relief des interprètes (Dullin mis à part). Le début est lent, alourdi de longs textes explicatifs en forme d’enluminure moyenâgeuse, puis le rythme s’accélère au gré des péripéties plus épiques. C’est la puissante mise en images de ses « grands tableaux » et morceaux de bravoure qui en reste aujourd’hui l’atout principal. L’auteur transforme carrément la populaire Jeanne Hachette, modeste bourgeoise de Beauvais (cf. film de 1910), en filleule du roi pour conférer quelque relief à ses amourettes. Comme l’Isabelle de Croye de Quentin Durward, elle devient ainsi à la fois l’enjeu et l’intermédiaire des politiciens.
Les loups protègent miraculeusement Jeanne (Yvonne Sergyl) des séides de Charles le Téméraire dans « Le Miracle des loups » (1925).
 Quant à la séquence du « miracle » profane qui donne son titre au livre comme au film, elle est bien sûr inventée de toutes pièces. Filmée au Col de Porte, dans le massif de la Chartreuse au-dessus de Grenoble, puis au col du Galibier avec une vingtaine de loups en pseudo-liberté (à l’intérieur d’un vaste enclos), la scène illustre, caméra à la main, un corps-à-corps féroce entre les fauves et les hommes ; le dressage des animaux en pleine montagne fut difficile et risqué ; selon la publicité, il y aurait eu des blessés et même deux loups tués. Un des fauves plante ses crocs dans le visage d’un sbire. On peut du reste s’étonner avec Éric Bonnefille (Raymond Bernard, Paris 2010, p. 57) qu’après avoir dénoncé avec tant de véhémence les fantaisies des films historiques étrangers, Dupuy-Mazerel introduise dans son premier film un épisode surnaturel – Jeanne prie (cadrée comme une image pieuse), les loups l’entourent, les soldats impressionnés s’agenouillent et font le signe de la croix avant de sortir leurs épées – , miracle inconnu des annales et qui joue « un rôle non négligeable dans la trame ‘historique’ », puisqu’il aurait, toujours selon la fiction de Dupuy-Mazuel, contribué à sauver la vie de Louis XI … Sanctifiée par l’intervention irrationnelle des loups qui répondent à sa prière, puis héroïsée à travers sa défense de Beauvais, Jeanne Hachette se mue en icône patriotique, avec deux avantages sur Jeanne d’Arc : elle n’entend pas de « voix » et survit à sa mission … En matière d’historicité, on pourrait également reprocher à Dupuy-Mazuel d’avoir falsifié les dessous de la dramatique entrevue à Péronne, affaire dans laquelle Louis XI était tout sauf innocent (contrairement à ce qu’affirme la missive que Jeanne transmet au péril de sa vie dans le film) (1).

Carcassonne, décor d’une « Naissance de la nation » à la française
Le parvis de la cathédrale de Reims est reconstitué aux environs de Paris tandis que le château de Pierrefonds, Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Le Sappey-en-Chartreuse (Isère) et Grenoble servent d’arrière-plans pittoresques. Mais la véritable vedette du film, c’est la cité de Carcassonne, dans le Languedoc-Roussillon. C’est là où Bernard enregistre la bataille de Montlhéry en 1465, dont l’issue fut longtemps indécise (arbalétriers royaux contre cavalerie bourguignonne), et surtout le fameux siège de Beauvais – ville picarde dont les anciens remparts ont été détruits au XIXe siècle. Hormis quelques petits films de Louis Feuillade en 1908, Carcassonne, magnifiquement restaurée par Viollet-le-Duc et de Boeswillwald, n’a jusque-là pas eu les honneurs de la caméra. Son relief impressionnant, ses lices et courtines, ses poternes, ses 52 tours et mâchicoulis ainsi que l’entourage immédiat, encore épargné par poteaux électriques et lignes de chemin de fer se prêtent admirablement au propos. Pour l’assaut des murailles face à la Porte Narbonnaise (dont les fosses ont été inondées) avec mortiers, bombardes et couleuvrines, le Ministère de la guerre met à disposition 1500 fantassins de régiments d’infanterie et des escadrons de dragons ; 500 figurants ont été choisis parmi la population locale pour jouer les Beauvaisiens (car c’est surtout le peuple, non la garnison, qui défend les remparts). Les mouvements de troupe sont réglés par téléphone et fusées lumineuses. La production fera cadeau à la ville du pont-levis construit exprès à la Porte. Ces efforts – qui n’ont pas leur équivalent dans la production française parlante – sont payants : l’ampleur et l’audace de leur mise en scène, qui refuse les jolis effets de tableaux à la DeMille ou Frank Lloyd au profit d’images d’une violence alors inaccoutumée (cadavres, viols, mutilations), le sens de l’espace et l’utilisation dramatique des paysages, le crescendo final en montage parallèle (Jeanne dans la tour en flammes et les renforts du roi) évoquent Griffith. En illustrant une période fondatrice de l’histoire nationale vécue à travers quelques destinées individuelles, Raymond Bernard crée une sorte de « Naissance d’une nation » à la française, ce que soulignera d’ailleurs la presse.
Les armées de Charles le Téméraire assiègent Beauvais – alias Carcassonne – dans « Le Miracle des Loups » (1925).
 Autres innovations : Henri Rabaud, directeur du Conservatoire de Paris (et auteur de l’opéra Mârouf, savetier du Caire, 1914), compose une partition musicale spécialement pour le film, la toute première destinée à un long métrage. Enfin, « Le Miracle des loups » sort à l’Opéra de Paris – du jamais vu pour un « art mineur » comme le cinéma – le 13 janvier 1923 en présence du Président de la République, Gaston Doumergue, du ministre des Beaux-Arts et de nombreuses hautes personnalités du monde politique et artistique. Des célébrités du cinéma international – Gloria Swanson, Rex Ingram, Allan Dwan, Jacques Feyder – sont dans la salle. C’est un événement de portée nationale et, du moins en France, un fabuleux succès commercial. « L’Amérique elle-même serait impuissante à ressusciter un tel passé, car des millions de dollars ne sauraient faire surgir du sol les pierres qui en sont contemporaines » fanfaronne L’Illustration (26.4.24). Les lecteurs de Cinéa-Ciné pour tous (Paris) couronnent l’œuvre « meilleur film de l’année 1925. » Il est exploité dans toute l’Europe, mais ne parvient pas vraiment à séduire la critique new-yorkaise qui en déplore certaines incohérences et d’inutiles complications scénaristiques. L’œuvre ressortira en France en 1930 dans une réédition sonore sensiblement raccourcie et remontée par Franfilmdis, avec des séquences parlées, un prologue situé au XXe siècle (un moine raconte à un jeune garçon « comment Jeanne, après le miracle des loups, devint Jeanne Hachette ») et une harangue de Jeanne Hachette sur les remparts de Beauvais (89 min.). Quant à Raymond Bernard, la Société des Films Historiques lui confie deux projets de même envergure, qui resterons inaboutis, « *Charles IX » en 1924/25 et « *Marguerite de Navarre » en 1926/27. Le cinéaste confirmera sa maîtrise exceptionnelle du grand spectacle, notamment avec « Le Joueur d’échecs » (d’après Dupuy-Mazuel, 1927) ou la fameuse trilogie de « Les Misérables » en 1933, interprétée par Harry Baur. Remake d’André Hunebelle en 1961 (cf. infra). – GB, US : The Miracle of the Wolves, DE, AT : Das Mirakel der Wölfe, IT : Il miracolo dei lupi, ES : El milagro de los lobos.

(1) – Le Capétien avait bel et bien fomenté une sédition contre le Téméraire à Liège et se rendit auprès de lui à Péronne pour mieux le tromper. Mais lorsque le duc de Bourgogne apprit le soulèvement des Liégeois, il en devina l’auteur. Fou furieux, il hésita d’abord à tuer le roi, le força à signer d’énormes concessions territoriales, puis fit brûler la ville et massacrer devant lui ses habitants rebelles. Un chapitre sans doute trop corsé pour la réactionnaire Société des Films Historiques et son programme édifiant.
Marie de Bourgogne (Marion Davies), la fille du Téméraire, dans "Yolanda", une superproduction du magnat W. R. Hearst
1924Yolanda (Idylle princière / Yolande) (US) de Robert G. Vignola
Cosmopolitan Corporation (W. R. Hearst)-Metro-Goldwyn Pictures, 3455 m./11 bob./74 min. – av. Marion Davies (Yolande alias Marie de Bourgogne), Holbrook Blinn (Louis XI), Lyn Harding (Charles le Téméraire), Theresa Maxwell Conover (Marguerite d'Écosse), Johnny Dooley (le dauphin, futur Charles VIII), Ralph Graves (Maximilien de Styrie, futur empereur Maximilien Ier de Habsbourg), Gustav von Seyffertitz (Olivier le Daim), Maclyn Arbuckle (l’évêque Jean de La Balue), Ian MacLaren (Nicola di Monforte, comte de Campobasso), Arthur Donaldson (l’évêque), Roy Applegate (Sire Karl Pitti, précepteur de Maximilien), Martin Faust (le comte Calli), Paul McAllister (le comte Jules d’Humbercourt), Thomas Findley (le père d’Antoinette), Mary Kennedy (Antoinette Castleman), Leon Errol (l’aubergiste).
Synopsis : Bruges en 1477. Opposé au mariage avec Marie de Bourgogne que souhaite ses parents, le prince Maximilien d’Autriche voyage incognito à travers l’Europe. En même temps, Marie de Bourgogne, l’unique fille de Charles le Téméraire, a obtenu d’un marchand ami qu’il la fasse passer pour sa nièce Yolande et l’emmène à la foire de Bâle pendant l’absence de son père. Elle y rencontre Maximilien qui s’en éprend tout en ignorant sa véritable identité. Il l’accompagne jusqu’au château du Téméraire, repoussant l’assaut de brigands, mais le duc, qui le prend pour un simple prétendant de sa fille, le fait emprisonner. Il est libéré à la demande de Marie, mais doit affronter le comte Calli, ennemi du Téméraire, dans un duel judiciaire sous forme de tournoi à mort, dont il sort vainqueur. Entre-temps, le duc a promis sa fille au dauphin de France, un faible d’esprit. Maximilien, déguisé, l’enlève. A quelques jours de là, Charles le Téméraire est battu par les Suisses et tué à Nancy, et les amoureux peuvent enfin convoler.

La fille de Charles le Téméraire sous les projecteurs de W. R. Hearst
Une fantaisie historique sur la plus riche héritière européenne du XVe siècle (cf. « L’Héritière » de Pouctal, 1910), produite par le multimillionnaire William Randolph Hearst, le redoutable magnat de la presse qui servira de modèle au « Citizen Kane » wellesien. La matière est tirée d’un livre du romancier-juriste américain Charles Major intitulé Yolanda : Maid of Burgundy, paru en 1905. Passionné de Renaissance anglaise, Major est alors un auteur coté, en particulier pour ses deux bestsellers, When Knighthood Was in Flower (1898) et Dorothy of Vernon Hall (1902) qui se déroulent tous deux à la cour des Tudors. Le premier vient justement d’être porté à l’écran à grand frais par Robert G. Vignola pour Hearst et sa protégée Marion Davies, le deuxième par la compagnie de Mary Pickford à Hollywood. Le romancier affectionne en particulier la destinée des épouses, concubines ou filles des grands de ce monde, femmes maltraitées dont il décrit les misères et la lutte pour être reconnues dans un monde foncièrement « machiste ». Ce n’est toutefois pas le souci majeur de Hearst qui cherche, une fois de plus, à placer sa Marion adorée au cœur d’une débauche barnumesque de luxe et de meubles anciens, préfiguration inconsciente de celle de son (futur) château personnel à San Simeon, le phénoménal Hearst Castle sur la côte californienne, dont la construction a commencé cinq ans plus tôt.
La cour du Téméraire où se disputent les tournois, reconstruite au cœur de Manhattan pour « Yolanda » (1924).
 Le décorateur attitré de la société, le Viennois Joseph Urban (disciple des Wiener Werkstätte, il œuvre à la Metropolitan et à Broadway pour les spectacles de Ziegfeld) métamorphose les studios Tec-Art de la Cosmopolitan sur Jackson Avenue (Bronx) en France médiévale. Curiosité amusante : la grande salle de banquet ressemble furieusement à celle de San Simeon, baptisée « Gothic Suite » ! Quatre mille figurants se réunissent devant le château du Téméraire – le palais du Coudenberg à Bruxelles (où est née Marie/Yolanda), Bruges, Péronne ou Malines, ses résidences quand il n’était pas en campagne – , avec pont-levis. L’édifice a été partiellement érigé sur les terrains du principal studio de la Cosmopolitan Films à Manhattan (angle 127th Street/Second Avenue) et passe alors pour être le plus grand décor de cinéma jamais construit sur la côte est : le bâtiment fait 183 sur 76 mètres, avec une tour d’une hauteur de 35 mètres ; les douves mesurent 92 mètres, surmontées de remparts de 12 mètres. Gretl Urban Thurlow, l’épouse du décorateur, fait fabriquer costumes et dentelles à Paris sur des modèles vus aux musées de Cluny ou du Louvre. Les dépenses sont telles que Hearst se sépare d’Urban. William Frederick Peters compose une partition musicale originale. Comme d’habitude, Hearst engloutit une fortune – en l’occurrence, 650’000 dollars – pour mettre en valeur l’actrice, qui n’en demande pas tant, elle qui rêve de rôles comiques (le magnat avouera plus tard que ses films lui permettaient surtout des défalcations d’impôt). Cette opulence ostentatoire ne masque cependant pas les déficiences d’un script languissant et d’une facture de pure routine : une superproduction un peu vaine qui n’attire guère les foules et sombre bientôt dans un oubli mérité.
Cela dit, l’authentique Marie de Bourgogne (1457-1482) n’a pas vingt ans quand son père décède. Menacée par les armées de Louis XI, elle épouse effectivement Maximilien de Styrie, futur empereur du Saint Empire germanique, le 18 août 1477 et lui apporte en dot les Pays-Bas bourguignons. Elle mourra lors d’une chute de cheval à l’âge de vingt-cinq ans. Ce que le film se garde bien de préciser, c’est que Louis XI a profité du décès de son cousin et ennemi favori pour confisquer brutalement toutes les provinces françaises appartenant à l’orpheline du Téméraire, la Bourgogne comprise. Refugiée auprès de son prince d’Empire, Marie ne lui pardonnera jamais. Son petit-fils Charles Quint fera la guerre à François Ier pour en réclamer la restitution, déclenchant une rivalité entre la maison de France et les Habsbourg qui va déchirer l’Europe pendant des siècles. Mais ce sont là des broutilles dont Hearst n’a que faire. – IT : Iolanta.
1955® Si Paris nous était conté (FR) de Sacha Guitry. – av. Sacha Guitry (Louis XI), Jean Debucourt (Philippe de Commynes), Pierre-Jean Vaillard (Jacques Coitier, médecin du roi), Fernand Bellan (Tristan l’Hermite), Marguerite Jamous (Charlotte de Savoie, la reine). – (Épisode précédent, cf. Charles VII – (7.7).) En 1480, dans la Salle du Trône au Palais des Tournelles à Paris, le roi se plaint de sa mauvaise santé, se dit tordu, chétif, maigrelet et universellement haï. Commynes lui offre un livre recouvert de velours bleu, semé de fleurs de lys, un produit de l’imprimerie que le roi a imposée en France. Il interdit toutefois l’édition de la Bible en français par crainte des conflits religieux, puis il reçoit une délégation des ouvriers et artisans de Paris qu’il affectionne particulièrement. – Dans son ultime film, cloué dans un fauteuil par la maladie, Guitry incarne et fait longuement monologuer un monarque qu’il admire entre tous, lui qui initia la diffusion généralisée des livres (suite sous François Ier) (cf. 9).
1960® (tv) An Age of Kings - Henry VI (GB) de Michael Hayes. - av. John Warner (Louis XI).
« Le Miracle des loups » : Roger Hanin (le Téméraire) et Jean Marais dans un remake en couleurs du film de 1924.
1961Le Miracle des loups / La congiura dei potenti (FR/IT) d’André Hunebelle
A. Hunebelle/Production Artistique et Cinématographique (PAC)-S.N. Pathé Cinéma, Paris-Da Ma Cinematografica, Rome, 1h35 min. – av. Jean Marais (Robert de Neuville), Jean-Louis Barrault (Louis XI), Rossana Schiaffino (Jeanne de Beauvais), Roger Hanin (Charles le Téméraire), Louis Arbessier (le comte d’Hesselin), Guy Delorme (le comte Jean de Sénac), Annie Andersson (Catherine de Taillais), Georges Lycan (Sire de Gavray), Jean Marchat (l’évêque Jean de La Balue), Raoul Billerey (Jérôme), Paul Bonifas (le médecin du roi).
Synopsis : L’intrigue est, dans ses grandes lignes, identique à celle du film muet de 1924, sauf que les noms de certains personnages ont été modifiés : Cottereau devient le chevalier Robert de Neuville, le fourbe Châteauneuf est rebaptisé comte de Sénac. Le récit débute à Dijon par un tournoi truqué que Charles le Téméraire organise pour humilier le roi et dont Neuville fait les frais. C’est en outre le Téméraire en personne qui convoite la belle Jeanne de Beauvais, nièce du comte d’Hesselin et filleule du roi, et qui accuse Neuville de l’avoir enlevée. Louis XI déclare ce dernier félon. Neuville survit aux blessures que lui ont infligé les reîtres du duc et tente de prévenir le roi du piège que lui tend son ennemi à Péronne. Puis, soutenu par des paysans spoliés, il organise la guérilla contre les Bourguignons et libère Jeanne dans le château du Téméraire. Hesselin et Jeanne se rendent à Liège à la demande de Louis XI. Seynac tue Hesselin, mais Jeanne est protégée par les loups jusqu’à l’arrivée de Neuville. A Péronne, Charles exhibe un faux document à la face du roi, l’accusant d’incitation à la révolte des Liégeois et exigeant sa destitution. En même temps, Jeanne est accusée de sorcellerie pour avoir été épargnée par les loups. Un conseil ecclésiastique statue, Neuville demande un jugement de Dieu pour éviter le bûcher à sa belle et défendre les couleurs du roi face à Sénac, qui périt en combat singulier. Louis XI peut accorder la main de sa filleule à son sauveur ….
André Hunebelle place un jugement de Dieu sous les murs de Carcassonne (« Le Miracle des loups », 1961).
 Les acrobaties de Jean Marais dans un remake falot
Fabriquée avec un dixième du budget de son prédécesseur muet (cf. 1923), cette nouvelle mouture en DyaliScope et Eastmancolor, coproduite avec l’Italie, s’inscrit dans la série lucrative d’aventures en costumes du tandem Jean Marais/André Hunebelle (« Le Bossu », « Le Capitan »), sortie en contre-point de la Nouvelle Vague. L’auteur du roman, Henri Dupuy-Mazuel (il décède l’année suivante), en rédige les dialogues avec Jean Halain et Pierre Foucaud, évitant cette fois les rodomontades nationalistes de l’ancienne fresque de Raymond Bernard. Tout enjeu politique est évacué, l’affrontement se réduit à une affaire d’honneur et le héros – qui n’est plus le simple roturier du premier film, mais un nobliau naturellement légitimiste – ferraille seul pour le roi, comme dans un film de cape et épée (la fin évoque plutôt « Ivanhoé »). Les batailles sont bien sûr sabrées faute d’argent, ainsi que le personnage de Jeanne Hachette, dont l’historicité est contestée. Cependant, on utilise une fois de plus de nombreux sites patrimoniaux tels que Carcassonne (Portes d’Aude, Narbonnaise), ici dans le « rôle » de la cité de Péronne, et Vitré (Ille-et-Vilaine) dans celui de l’ancien Dijon, les châteaux de Montpoupon (Indre-et-Loire), de Pierrefonds (Oise), de Saint-Véran (Aveyran), les rives du lac de Saint-Ferréol et la région de Meyrueis en Lozère. L’incontournable séquence des loups – on en réunit vingt-quatre – est mise en scène dans le Haut Jura, dans la Combe de Noirmont, au pied du Crêt du Creux des Lances. Les intérieurs sont filmés aux studios de Saint-Maurice (Franstudio) et de Joinville. À l’arrivée, la dimension épique et le souffle qui faisaient le charme de l’original se sont évaporés. La réalisation d’Hunebelle est paresseuse et terne, le film vaut surtout pour son lot d’exploits acrobatiques (comme d’habitude, Marais exécute ses propres cascades), son remarquable tournoi en lice, ses combats rapprochés et joutes réglés avec adresse par Claude Carliez, aidé de Bernard Toublanc-Michel qui dirige la seconde équipe. Dans les scènes plus explicatives, les acteurs prennent des poses théâtrales pour débiter leurs répliques, exceptés Roger Hanin et Jean-Louis Barrault dont les fortes personnalités pimentent un peu ce travail de routine. Barrault n’a visiblement pas oublié la leçon de Charles Dullin, l’inoubliable Louis XI muet, et son roi qui se maintient malicieusement au dessus des querelles de parti a un curieux parfum gaulliste. – US : Blood on his Sword, DE : Im Zeichen der Lilie, ES : El milagro de los lobos.
1962(tv) Gringoire (FR) de Jacques-Gérard Cornu
Radio-Télévision Française (RTF) (1e Ch. 2.1.62). – av. Roger Coggio (Pierre Gringoire), Hubert de Lapparent (Louis XI), Jean-Paul Moulinot, Robert Party, Geneviève Brunet, Mireille Calvo.
Le poète normand Pierre Gringoire bénéficie de la magnanimité du roi auquel il avait déclamé, sans le reconnaître, un poème irrévérencieux. – Adaptation de la comédie historique en vers et en un acte de Théodore de Banville, parue en 1866 et dédiée à Victor Hugo. L’authentique Pierre Gringore (1475?-1538) fut acteur, metteur en scène et auteur dramatique à Paris de 1506 à 1512, où il dirigea la troupe théâtrale de la « Confrérie des Enfants Sans Souci (les Sots) ». Auteur de farces satiriques, il devint l’écrivain favori de Louis XII qui utilisa sa troupe pour se moquer de la papauté. Victor Hugo en fera un personnage important de son roman Notre-Dame de Paris sous le nom de Gringoire, et le situera sous Louis XI (cf. infra).
1964(tv) Sie werden sterben, Sire [Vous allez mourir, sire] (DE) d’Imo Moszkowicz 
Bavaria-WDR (ARD 3.12.64), 1h30 min. – av. Paul Dahlke (Louis XI), Klaus Schwarzkopf (Charles, le dauphin), Herbert Fleischmann (Jacques Coitier, médecin), Alexander Kerst (Olivier Necker), Berta Drews (Perette), Robert Meyn (Franz von Paula), Sigfrit Steiner (le cardinal Jean de La Balue), Dietrich Thomas (le connétable Louis de Luxembourg).
Les dernières heures de Louis XI, âgé de 60 ans, terrassé par la maladie, d’après un texte de Leopold Ahlsen (1964), un auteur dramatique munichois dont toute l’œuvre traduit l’angoisse et les traumatismes d’un monde issu de la guerre.
1964® (tv) Richard III (DE) de Fritz Umgelter. - av. Hans Korte (Louis XI).
1966(tv) Louis XI (FR) de Jean-Roger Cadet
ORTF (1e Ch. 3.12.66), 1h50 min. – av. François Darbon (Louis XI), André Rousselet (le cardinal Jean de La Balue), Bernard Waver (Charles de France), Dominique Santarelli (Louis de Saint-Pol), Suzel Goffre (Marie de Clèves), Jean-Pierre Jorris (Charles le Téméraire), Guy Grosso (Edward IV d'Angleterre), Maurice Bourbon (Olivier le Daim), Corinne Lemartret (Jeanne de France), Jean Obe (Philippe de Commynes), André Binaud (Liégois).
En 1468, Louis XI est cerné par ses ennemis. Même son propre frère Charles de France, en prison à Bordeaux, complote contre lui. Pour garder le pouvoir, le roi ne recule devant aucune ruse. Il a cependant le tort d’accepter l’hospitalité de Charles le Téméraire, qui le convie à le rencontrer à Péronne pour discuter de paix … Une pièce historique d’Arthur Conte.
1969(tv) La Longue Chasse du roi Louis (FR) de Jean-Paul Carrère
série « Chronique des siècles », ORTF (2e Ch. 20.9.69), 2h10 min. – av. Renaud Mary (Louis XI), Pierre Michaël (Charles le Téméraire), Alain Mottet (Philippe de Commynes), Maurice Bourbon (Olivier le Daim), Jean-Pierre Fernet (le dauphin Charles), Louis Arbessier (Philippe le Bon), Robert Party (Louis de Saint-Pol), Pierre Meyrand (Morvillier), René Arrieu (Coutay), Gilbert Le Carpentier (le héraut de Bretagne), Jacques Dannoville (Créville), Yves Arcanel (Toison d’Or), René Alie (Jacques de Saint-Pol), Yvan Varco (le héraut de Bourbon), Robert Bazil (l’évêque Jean de la Balue), Jean-Louis Broust (Charles de France, frère du roi), Catherine Rich (Marguerite d’York), Catherine Lesueur (Marguerite de Bourgogne), Thierry Bourdon (Philippe de Ravenstein), Yan Brian (Edward IV d’Angleterre), Jacques Ferrière (Merichon).
Jean Cosmos et Jean Chatenet adaptent les Mémoires de Philippe de Commynes pour restituer les vingt années de lutte entre Louis XI et Charles le Téméraire et, à travers ces deux fortes personnalités, deux conceptions d’autorité monarchique et féodale (Commynes, chambellan du Téméraire, est entré au service du roi après Péronne). Pour échapper au faux réalisme, le peintre Jean Martin compose des panneaux projetés sur grand écran devant lequel évoluent les personnages.
1969(tv) Le Survivant (FR) de Louis Grospierre 
ORTF (2e Ch. 12.7.69), 1h20 min. – av. Roger Dumont (Martin Pie), Marion Gance (Gracieuse), Bernard Olivier (pâtre), François Dirck (Nicolas), François Maistre (Driole), Jean-Pierre Andreani (René II, duc de Lorraine),Henri Marteau (Pierre Ribeau), Gilles Baladou (Pierre de Brissac). – En janvier 1477, la bataille de Nancy a opposé René II, le jeune duc de Lorraine, et ses mercenaires suisses et alsaciens au tout puissant Charles le Téméraire dont l’armée est défaite et qui disparaît pendant le combat. Mais le cadavre défiguré, dévoré par les loups que l’on a enterré avec solennité, était-il réellement celui de Charles le Téméraire ? Une tentative d’enquête, d’après une nouvelle de Jean François Noël.
1971® (tv) Eduard IV. - Der Krieg der Rosen, 2. Teil (DE) de Peter Palitzsch, Helmut Rost. - av. Ludwig Anschütz (Louis XI).
1976(tv) Morat 1476 (CH/FR) de Roger Burckhardt
série « Les grandes batailles du passé », Henri de Turenne, Juan Carmigniani, Daniel Costelle/R.T.S.R. (Gérard Dethiollaz)-SSR Télévision suisse (Televetia)-Pathé Cinéma (Cyril Grize)-ORTF (TSR 24.5.76), 52 min.
Synopsis : Ayant acquis la Haute Alsace, Charles le Téméraire représente une menace pour les Confédérés suisses. Avec l’aide financière de « l’Universelle Aragne », les cantons de Fribourg et de Berne ont envahi le Valais et le pays de Vaud, possessions de la famille de Savoie, alliée du duc de Bourgogne, où ils s’adonnent aux pillages et aux viols. (Jacques de Savoie, comte de Romont, était un des premiers personnages de la cour du Téméraire.) Les Bourguignons sont écrasés le 2 mars 1476 à Grandson, abandonnant un énorme butin aux Confédérés alémaniques. Pour venger cet affront, le Téméraire marche sur Morat (canton de Fribourg), où son armée est taillée en pièces le 22 juin suivant. C’est cette bataille que la télévision suisse romande reconstitue partiellement pour son enquête docu-fictionnelle sur les lieux historiques à Morat et dans la vallée de Joux, en réunissant une centaine de figurants en armures (les habitants de Morat et du Pont, Cercle Hippique de Morat, groupe costumé d’Uri) et des comédiens anonymes dans les rôles de Charles le Téméraire, de Jacques de Savoie, d’Antoine Le Grand, Bâtard de Bourgogne, etc. Le texte de Jacques Senger est dit par Henri de Turenne, enrichi par des interventions d’historiens tels que Marc Ferro, John Bartier et Georges Grosjean. Guy Dessauges fabrique canons, armes et armures en matière plastique, et installe dans la glace d’un lac de faux cadavres dévorés par des loups (des chiens de douaniers) pour figurer la recherche des restes du Téméraire après la bataille de Nancy, remportée par les Lorrains, Suisses et Alsaciens. Pris dans les glaces, le duc a le visage à moitié dévoré par les loups et le crâne fendu. En apprenant la bonne nouvelle, Louis XI (alité et dont on ne voit que les mains tenant le parchemin) est saisi d’un rire interminable. Prix de l’Étoile d’or de la Télévision française.
1975/76(tv) Margarete in Aix (DE) de Helmut Käutner
Bayerischer Rundfunk, München (ARD 13.7.76), 1h58 min. – av. Erika Pluhar (Marguerite d’Anjou), Erik Frey (René Ier d’Anjou), Wolfgang Kieling (Adhéaume de Croixbouc), Gracia Maria Kaus (Auriane), A. Michael Rueffer (Louis XI), Jürgen Arndt (Charles le Téméraire), Wolfgang Büttner (le comte d’Oxford), Bruno Dietrich (le troubadour Uc de Calezon), Wolf Roth (le troubadour Jehan d’Aigues-Mortes), Günther Maria Halmer (Colin), Harry Wüstenhagen (Bosin), Ronny Tanner (le comte René Vaudemont), Hans Rudolf Wyprächtiger (Balthasar Urs), Richard Haller (Züs Winkelried), Michael Gempart (Berthtold Sturmthal). –
En 1476, le roi René Ier d’Anjou accueille à Aix-en-Provence sa fille, Marguerite d’Anjou (1429-1482), l’énergique princesse de Lorraine et de Bar, exilée d’Angleterre après que son père ait payé une rançon de 50.000 écus pour sa libération. Elle était la veuve du roi d’Angleterre Henry VI, qui fut assassiné. Louis XI participe au paiement de la rançon à la condition que René lui cède les duchés d’Anjou, de Bar, de Lorraine et de Provence. En 1480, après la mort de son père, Marguerite d’Anjou retourne à Angers où elle finira ses jours. – Dramatique réalisée par Käutner (jadis une des gloires du cinéma de la RFA), écrite par Peter Hacks, d’après sa pièce (1966), et filmée en couleurs au Bayerischer Rundfunk-Studio à München-Unterföhring.
1976(tv) L'Enfance d'un roi: Louis XI (FR) de Bruno Gantillon
émission "Histoire des enfants", Claude Couderc, Thierry Nolin/ORTF-France Régions 3 (FR3 18.11.76), 18 min. - av. Georges Marchal.
L'enfance du jeune roi, sa solitude, son intelligence et son oeuvre au service du royaume. Présentation par Claude Couderc et Thierry Nolin, avec des reconstitutions auxquelles participent les habitants de Loches et de Gué Péan.
Dans son « Louis XI » (tv 1978), Alexandre Astruc montre un monarque démystifié (Denis Manuel, à g.).
1977/78**(tv) Louis XI ou Le Pouvoir central (FR) d’Alexandre Astruc
Parties : 1. La Naissance d'un roi – 2. Le Pouvoir central
ORTF (A2 20.12.77 et 7.2.78), 2 x 1h30 min. – av. Denis Manuel (Louis XI), Nicolas Silberg (Charles le Téméraire), Didier Haudepin (Charles de France, duc de Berry), Arielle Dombasle (Marie de Bourgogne), Emmanuelle Stahl (Jeanne d'Arc), Jean-Marie Robain (Georges de La Trémoille), Francine Bergé (Agnès Sorel), Daniel Gélin (Charles VII), Yves Vincent (Philippe de Bourgogne), Jacques Duby (Olivier Le Daim), Jean Boissery (Charles, comte de Charolais), Sabine Haudepin (Marguerite d’Écosse), Nelly Benedetti (Marie d'Anjou), François Siener (René, duc d'Alençon), Bernard Giraudeau (Philippe de Commynes), Jacques Dacqmine (le cardinal La Balue), Etienne Draber (le connétable Saint-Pol), Alain Feydeau (Edward IV, roi d’Angleterre), Jocelyne Boisseau (Charlotte de Savoie), Louis Navare (De Brézé), Stéphane Hervé (le dauphin Charles), Gérard Falconetti (le duc de Maine), Didier Valmont (Odet d’Aydie), Jacques Siclier (un prélat).
Synopsis : La première partie de ce téléfilm d’Alexandre Astruc, mentor virtuose de la Nouvelle Vague et promoteur de la « caméra stylo », débute par la naissance du futur Louis XI à Bourges. Enfant, il découvre que son père n’est qu’un roi sans couronne et ne lui pardonnera jamais d’avoir laissé brûler la Pucelle. A dix-huit ans, sur conseil d’Agnès Sorel (la favorite paternelle), Louis obtient le gouvernement du Dauphiné. En désaccord total avec son père contre lequel il complote, et impatient de régner, il se réfugie auprès de son oncle, Philippe de Bourgogne, le géniteur de son futur ennemi, le Téméraire … Après les rapports haineux avec son père et l’apprentissage dans l’exil du métier de roi (il le deviendra à quarante ans seulement), Louis XI, à peine monté sur le trône, donne une importance prioritaire à la bourgeoisie et aux artisans de Paris, des roturiers dont ce prince toujours méfiant, méthodique et efficace aime à s’entourer, les estimant moins périlleux que sa propre famille (notamment son frère, le duc de Berry, qui convoite le trône). L’objectif de cette alliance insolite entre la couronne et le milieu des affaires et du travail est d’abattre les prérogatives de la noblesse. Le Parlement (au rôle purement consultatif) devient le principal outil de sa monarchie. Le roi développe l’agriculture et de nouvelles activités commerciales, fait converger toutes les routes en construction sur la capitale et, l’économie étant le facteur principal de la santé de son État-royaume, encourage une monnaie forte. Inventeur du dirigisme d’État, Louis XI installe ses réseaux de pouvoir comme une vaste toile d’araignée sur tout le pays. En éliminant les survivances de la féodalité, il prépare la voie aux monarques absolus. Selon Astruc, « la France lui doit d’être la première nation moderne à s’être dotée d’un immense pouvoir centralisé dont Louis XIV achèvera l’édification » (… jusqu’à la caricature). Le cinéaste vise moins un film historique que la démystification d’un personnage qui fut le contraire d’un roi chevalier, et ressusciter à l’écran cette partie serrée dont la France était alors l’enjeu, une France en miettes après la guerre de Cent Ans, vouée à la discorde (la Ligue du Bien public), aux innombrables complots ourdis contre la couronne.
Pour lutter contre la noblesse et ses prérogatives, Louis XI (Denis Manuel) s’appuie sur le petit peuple et les bourgeois.
 Astruc célèbre le premier monarque des temps modernes
Le résultat est une réussite majeure du petit écran que Jacques Siclier n’hésitera pas à comparer au chef-d’œuvre du genre, « La Prise du pouvoir par Louis XIV » de Roberto Rossellini (Télérama, 14.12.77). Astruc et Roland Laudenbach ont basé leur scénario sur un ouvrage de l’historien américain Paul Murray Kendall, King Louis XI (1971), réhabilitation en règle de ce souverain au profil de belette, difficile à cerner, mal aimé, entouré de légendes sombres dont certaines seraient aussi fausses que tenaces (Walter Scott ne lui fait pas de cadeaux). Ainsi, celui qu’on surnommait « le roi des marchands » n’était pas rancunier (on ne restait pas longtemps en prison) et le film renonce à montrer les « fillettes du roi », ces cages de fer où il aurait enfermé ses prisonniers et qui firent frissonner des générations d’écoliers ! Superstitieux et cruel comme tant de ses contemporains, ayant plus d’intelligence que de bagout, Louis XI était aussi un fin comédien, assez rieur, vif, pourvu de dons de diplomate exceptionnels. Surtout, il savait tirer profit de l’expérience et transformer ses faiblesses en force, de sorte que même ses échecs avaient des retombées bénéfiques. Astruc recrée dans les studios de Joinville l’atmosphère des deux cours royale et ducale, et fait appel à un tandem de baladins de l’ORTF versés dans les rôles de panache : Denis Manuel, qui a joué Voltaire (« Ce diable d’homme », 1978), Henri II (« La Dame de Monsoreau », 1971), Napoléon (« Talleyrand », 1972) ou Louis XIV (« Molière pour rire et pour pleurer », 1973) sait traduire la finesse et l’habileté du roi – qu’on ne montre ni laid, ni disgracié – face à Nicolas Silberg (vedette de « D’Artagnan amoureux », 1977 et du « Connétable de Bourbon », 1978), un duc de Bourgogne plein de fougue et de violence. Les téléspectateurs adhèrent en bloc au dyptique passionnant d’Astruc, programmé aux « Dossiers de l’écran », et manifestent abondamment leur plaisir en surchauffant le standard téléphonique d’Antenne 2.
1980(tv) Francesco e il re. La vera storia dell’incontro tra Francesco di Paola e Luigi XI di Francia (François et le roi) (IT) d’Alessandro Giupponi
(RAI TV3 11.4.80), 1h44 min. – av. Nando Gazzolo (Louis XI), Salvatore Puntillo (Francesco di Paola), Luca Gazzolo (le dauphin Charles), Riccardo Perrucchetti (le pape Sixte IV), Lucio Rosato (Ferrante d’Aragon, roi de Naples), Franco Ferrarone (Jacques Coitier, le médecin), Jerry Mussaro (le brigand), Adriana Cobelli (la gouvernante), Gianni Guerrieri (De Bousier), Domenico Pantano, Italo Nunziata, Giuditta De Santis.
Synopsis : « Drame en deux temps et dix-huit tableaux » écrit par Vincenzo Ziccarelli, cette œuvre se veut une parabole sur les rapports entre la sainteté et le pouvoir. Comme l’indique son sous-titre, on y conte « la véritable histoire » de la rencontre entre saint François de Paule (1416-1507) et Louis XI. Fondateur de l’ordre des Minimes (« les tout petits ») et disciple en l’esprit de saint François d’Assise, l’austère ermite calabrais est réputé pour diverses prophéties et guérisons miraculeuses. En 1481, Louis XI, gravement malade et dont les jours sont comptés, a cru prolonger ses jours en s’entourant de reliques ; à présent, il demande au pape Sixte IV de lui envoyer le saint homme. Celui-ci, âgé de 70 ans, obéit et accomplit le long et périlleux voyage de Naples à Plessis-Lès-Tours, où il arrive en avril 1482, après avoir échappé aux pirates et à la peste. Louis XI se jette à ses pieds et implore ses bénédictions, le supplie de le guérir et fait même construire deux couvents pour son ordre. Mais François ne peut que préparer le souverain à se résigner et à mourir en chrétien. Louis XI décède le 30 août 1483. Protégé par Charles VIII, puis par Louis XII, l’ermite de Paule va rester un quart de siècle à la cour de France et mourir au couvent de Plessis.
L’essentiel de la dramatique se déroule entre le moine en bure, symbole de pauvreté et simplicité évangélique, et le monarque méfiant, paranoïaque, terrorisé par l’idée de la mort, dont l’âme paraît plus abîmée encore que le corps. Son palais est devenu une forteresse gardée par trois cents mercenaires écossais, puis une prison, et c’est à un dialogue intense entre un esprit enchaîné et un esprit libre que nous invite l’auteur. La pièce de Ziccarelli sera reprise en vidéo en mai 2010, lors d’une mise en scène de Geppy Gleijeses au Teatro Quirino-Vittorio Gassman à Rome, avec Ugo Pagliai (François de Paule), Philippe Leroy (Louis XI) et Paola Gassman.
1980(tv) Louis XI, un seul roi pour la France (FR) de Jean-Claude Lubtchansky
ORTF (TF1 8.4.80), 1h30 min. – av. Roland Monod (Louis XI), Georges Werler (Charles le Téméraire), François Marthouret (Philippe de Commynes), Jean de Coninck (Edward IV d'Angleterre), Lise Dambrun (Charlotte de Savoie, épouse de Louis XI), Mikhael Lubtchansky (le dauphin Charles), Jean-Claude Lubtchansky (l'ermite François de Paule).
Synopsis : Les dix dernières années d’un roi vieillissant, louvoyant entre ses deux adversaires, le Téméraire et Edward IV. La défaite par les Suisses, puis la mort du Téméraire laisse à Louis le loisir de se retourner vers ses sujets et de faire un bilan négatif de son règne (« Je suis haï de tous »). Il ne peut chasser désormais l’idée de sa disparition. Un moine calabrais de sainte réputation, François de Paule, vient exprès d’Italie pour préparer le roi à la mort.
Adaptation de l’ouvrage Louis XI : un roi entre deux mondes (1976) de Pierre-Roger Gaussin, directeur du Collège littéraire universitaire de Saint-Étienne. À l’opposé d’Astruc (cf. supra), Jean-Claude Lubtchansky bannit de sa réalisation tout ce qui est spectaculaire (les scènes d’action sont indiquées par des gravures ou des miniatures de l’époque), pour présenter un portrait intériorisé et austère du personnage. A l’inverse de la « légende noire », son Louis XI profondément chrétien est préoccupé du bien de son peuple dont il désire ardemment l’unité. Lubtchansky et Gaussin écriront ensemble en 1982 le téléfilm « Saint Louis ou La Royauté bienfaisante », autre réhabilitation chrétienne d’un roi capétien (cf. 5).
1983® (tv) Henry VI, Part I-II-III (GB) de Jane Howell. - av. Anthony Brown (Louis XI). - cf. Angleterre.
1991® (tv) La Florentine (FR) Marion Sarrault. – av. Yves Penay (Louis XI), Benoist Brione (Charles le Téméraire). - cf. Moyen Âge : Italie, la Florence des Medici.
Jacques Perrin en Louis XI, une prestation magistrale de subtilité rouée dans le téléfilm d’Henri Helman (2011).
2010/11*(tv) Louis XI, le pouvoir fracassé (FR) d’Henri Helman
Alchimic Films (Dominique Antoine)-France 3-TV5 Monde-Euro Média (FR3 6.12.11), 1h36 min. – av. Jacques Perrin (Louis XI), Florence Pernel (Anne de France, sa fille), Denis Sylvain (Pierre de Beaujeu, son mari), Gaëlle Bona (Jeanne de France), Bruno Debrandt (Louis d’Orléans, son mari), Roland Copé (l’archevêque de Bellème), Jean-Pierre Malo (Guillaume, capitaine de la garde royale écossaise), Eric Bougnon (Sauveterre), Grégory Fitoussi (Clément de Saudre), Roland Copé (archevêque de Bellème), Mathieu Simonet (Philippe d’Anjou), Eric Chabot (Auger de Brie), Maël Grenier (Tristan l’Hermite), Arnaud Le Comte (Jean de Champagne), Jean-Christophe Brétignière (Pierre de Rohan), Pascal Leveque (Richard de Berulle), Philippe Valmont (Henri de Boulogne), Denis Mallet (François de Bretagne), Christophe Hamon (Arnaud de Berluvier), Cyril Long (Monfortier).
Synopsis : En août 1483, un mystérieux messager – Clément de Saudre – se présente au château de Plessis-lès-Tours où réside le roi. Affaibli par la maladie, mais toujours méfiant et tyrannique, le vieux souverain accepte de le recevoir. L’inconnu lui révèle l’existence d’un complot ourdi notamment par son oncle, Pierre de Rouan : il va être assassiné le jour même. Ce sont ses propres ministres, réunis sur ordre royal pour désigner le successeur au trône, qui exécuteront le plan mis au point par Louis d’Orléans, son gendre et cousin. La raison ? L’obsession de Louis XI d’unifier le royaume de France au détriment des grands féodaux qui n’acceptent pas d’être dépossédés de leurs biens et de leurs privilèges. Louis d’Orléans, violent, arrogant, sûr de lui, prendra donc légalement le pouvoir en occupant la place de régent, le dauphin Charles, âgé de treize ans, étant encore mineur. Le monarque scrute ses deux gendres, d’Orléans et Pierre de Beaujeu. Lors du conseil des ministres, il pare un condamné, libéré de sa cage de fer dans les sous-sols, de ses vêtements royaux et, caché, assiste à l’assassinat du malheureux, étouffé sous un coussin par l’ensemble des nobles. Louis XI surgit et ricane. Confondus et tremblants pour leur vie, les ministres acceptent alors la décision du roi qui nomme sa fille Anne de France et son époux Pierre de Beaujeu régents du petit Charles. Après avoir ordonné le meurtre discret de Clément de Saudre (qui en sait trop), le roi succombe à un malaise. Anne révèle un tempérament aussi autoritaire que son père et parvient à faire plier même d’Orléans (jadis son amoureux). Le royaume de France est sauvé.
Henri Helman, qui a signé de bons téléfilms historiques comme « Lagardère » (2003) ou « Cartouche, le brigand magnifique » (2009), se bat depuis 30 ans pour réaliser ce document sur les dernières heures du règne de Louis XI, usé par le pouvoir. Comme Astruc (1978) et Lubtchansky (1980) avant lui, il souhaite démontrer que « l’Universelle Aragne » n’était pas qu’un roi despotique, suspicieux et malveillant. Sans ses efforts d’unification et de modernisation du pays, affirme-t-il, la Renaissance française n’aurait pas eu le rayonnement qu’on lui connaît. Accusé de bafouer la chevalerie (ce qui n’est pas faux), il rétorque : « Ma chevalerie à moi, c’est l’ordre de l’État, le commerce, la circulation des biens, la prospérité du peuple ! » Le scénario de Helman, coécrit avec Pierre Moustiers et Jacques Santamaria, est d’une remarquable intelligence : il évoque les rapports complexes entre le monarque paranoïaque et ses deux filles, Anne, la politicienne loyale et dure, dressée pour paraître et manipuler, et Jeanne, l’infirme perpétuellement plongée dans ses oraisons, victime méprisée, torturée et consentante de son mari d’Orléans. Helman convainc Jacques Perrin, 68 ans, de revêtir la pourpre royale, et la prestation de ce dernier est magistrale de subtilité rouée et enjouée, la froideur du calculateur masquée par un sourire hypocrite : un portrait loin de toute caricature, qui bascule dans le pathétique à l’instant de la mort. Ses prisons sous-terraines abondent de « traîtres » en cage (y compris l’archevêque de Bellème dont un sermon a déplu), il n’hésite pas à récompenser celui qui lui a sauvé la vie en le faisant trucider (« une fois traître, toujours traître ») et professe qu’« en politique, les honnêtes calculs causent toujours la perte de ceux les font ». Estimant qu’un roi n’a à être loyal qu’envers lui-même (l’absolutisme pointe), cruel et visionnaire, il rend l’âme en murmurant « France, France ». Helman, dont la réalisation est aérée par d’amples mouvements de caméra, tourne aux châteaux de Châteaudun, de Plessis-Macé, de Plessis-Bourré (Écuille), du côté d’Angers, et à l’abbaye de Fontevraud (Plessis-Bourré fut construit par le Grand Argentier de Louis XI, Jean Bourré). Le téléfilm sort en avant-première au Festival international du film d’histoire à Pessac en 2010 et Jacques Perrin obtient le Prix de la meilleure interprétation masculine au Festival des Créations télévisuelles de Luchon en 2011.
2016/17(tv) Maximilian: Das Spiel von Macht und Liebe (Marie de Bourgogne et Maximilien: Entre amour et pouvoir) (AT/DE) d'Andreas Prochaska
Olivier Auspitz, Andreas Kamm, Kurt J. Mrkwicka/MR-Film Kurt Mrkwicka-Fish Blowing Bubbles-MR TV Film-Moviebar Productions-ORF-ZDF (ORF 12.12.16-2.3.-3.3.17 / ZDF 1-2-3.10.17), 3 x 90 min./270 min. / v.f.: 97 min. - av. Christa Théret (Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire), Jannis Niewöhner (Maximilien de Styrie, futur empereur Maximilien Ier de Habsbourg), Jean-Hugues Anglade (Louis XI), Tobias Moretti (l'empereur Frédéric III de Habsbourg), Miriam Fussenegger (Johanna von Hallewyn), Stefan Pohl (Wolfgang von Pohlheim), Caroline Godard (Anne de France), Lily Epply (Rosina von Kraig), Aaron Friesz (Bertram), Fritz Karl (Adolf von Egmond), André Penvern (Guillaume Hugonet), Sylvie Testud (Charlotte de Savoie), Nicolas Wanczycki (Philippe de Commynes), Raphaël Lenglet (Olivier de La Marche), Johannes Krisch (Haug von Werdenberg), Harald Windisch (George Rudolfer), Sebastian Blomberg (Jan Coppenhole), Christoph Luser (Franchois Coppenhole), Martin Wuttke (Ulrich Fugger, banquier), Erwin Steinhauer (M. de Hallewyn), Thierry Piétra (Olivier Le Daim), Yvon Back (Guy de Brimeu), Mark Zak (Matthias Corvinus).
Le 5 janvier 1477, Marie de Bourgogne (1457-1482) apprend la mort de son père, Charles le Téméraire. Elle n'a pas 20 ans et devient la duchesse de Bourgogne, l'héritière la plus riche d'Europe, mais elle ne peut gouverner sans mari. En France, Louis XI espère tirer profit de la situation en mariant son fils, le dauphin âgé de 9 ans, à Marie. De son côté, à Vienne, Frédéric III de Habsbourg, empereur du Saint Empire romain germanique, espère que son fils Maximilien épouse la belle pour accéder à la richesse du royaume de Bourgogne. Trop jeune et trop inexpérimentée pour résister à l'invasion française menée par Georges de La Trémoille et le blocus économique imposé par Louis XI, Marie contacte Vienne à travers sa dame de compagnie, Johanna von Hallewyn, en vue d'épouser au plus vite Maximilien. Le mariage se fait par procuration en 1477 avec Wolf von Polheim, l'ami fidèle de Maximilien. Ce dernier se rend à Gand et prend en main la défense des États de sa femme avec énergie, mettant en sécurité les provinces flamandes et le Hainaut; il échappe à plusieurs tentatives d'assassinat commanditées par Louis XI. Le roi de France se meurt tandis que Pohlheim évite de justesse l'échafaud en raison de sa liaison avec Johanna von Hallewyn dont l'époux a exigé la mort. Au cours de la bataille de Guinegatte (27 août 1479) qui oppose les chevaliers du Dauphin de France (Charles VIII) et les troupes minoritaires de Maximlien, Polheim tue Hallewyn; les Français sont écrasés. Marie et Maximilien connaissent un mariage heureux; il ont deux enfants, Philippe le Beau (futur conjoint de Jeanne la Folle en Castille) et Marguerite. Marie décède accidentellement d'une chute de cheval à l'âge de 25 ans.
Une mini-série de prestige (coûts: 15,5 millions d'euros) tournée en automne-hiver 2015 avec 3000 figurants et 550 chevaux à Vienne (Wiener Votivkirche, Sacré Coeur Pressbau), en Autriche du Sud (Stifft Zwetti, les châteaux de Rosenburg, Rappottenstein, Kreuzenstein, Franzensburg, Dobra et Grafenegg), en Styrie, en Hongrie, en République tchèque et en Belgique. Une interprétation de qualité, de la confection très soignée mais sans surprises. Les épousailles de la fille de Charles le Téméraire et du futur empereur Maximilien ont déjà été portées à l'écran, sous une forme très romancée, dans "Yolanda (Idylle princière)" de Robert G. Vignola en 1924 (cf.).
2017(tv) Maximilian I. - Liebe, Geld und Macht / Der Brautzug zur Macht (Maximilien d'Autriche - Amour et pouvoir à la Renaissance) (AT) de Manfred Corrine et Michaela Ronzoni
Andreas Kamm, Olivier Auspitz, Karl Mrwicka/MR-Film (ORF1 3.3.17 / Arte 19.8.17), 51 min. - av. Johannes Silberschneider (Maximilien I. de Habsbourg âgé), Christa Théret (Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire), Marie-Christine Friedrich (Margarete d'Autriche, leur fille), Jannis Niewöhner (Maximilien jeune).
Docu-fiction: portrait de l'empereur Maximilien Ier, surnommé "le dernier chevalier", qui a oeuvré toute sa vie pour renforcer l'hégémonie des Habsbourg en Europe. Avec de nombreux emprunts filmiques à la minisérie d'Andreas Prochaska de 2016/17 (cf. supra).
2018(tv) La Guerre des trônes - La véritable histoire de l'Europe : 3. Le Jeu des alliances (1461-1483) (FR/CA) d'Alain Brunard et Vanessa Pontet
Série présentée par Bruno Solo (saison 1, épis. 3), Samuel Kissous/Pernel Media-TV5 Québec-CNC-France Télévisions-Histoire TV (FR5 5.1.18), 51 min. - av. Laurent Bariteau (Louis XI), Sébastien Gill (Jean sans Peur), Patrick Hauthier (Charles le Téméraire), Geoffroy Lopez (Edward IV d'York), Laure Massard (Margaret d'York), Madeleine Poutargh (Marie de Bourgogne), Anthony Sourdeau (Maximilien d'Autriche), Patrice Tepasso (Charles VII).
Louis XI est un fin stratège. Sur l'échiquier européen, il est surnommé l'"universelle araigne" tant il est maître dans l'art de tisser des pièges à ses ennemis. Détesté, ce roi machiavélique voit son trône menacé par deux hommes redoutables: le duc de Bourgogne Charles le Téméraire et Edward IV d'York, roi d'Angleterre... - Docu-fiction retraçant à gros traits l'épopée des dynasties rivales qui ont écrit la grande histoire de l'Europe, au moyen de reconstitutions soignées (jolis costumes) mais pataudes et souvent minimalistes (cadrages serrés); planté devant une carte du continent en relief, Bruno Solo survole avec une bonne dose de sensationnalisme les jeux de pouvoir, les ambitions et les passions humaines qui ont façonné les nations.
2021(tv) Marie de Bourgogne : seule contre tous (FR) de Benjamin Lehrer (fict.), Juliette Guérin (doc.)
Série "Secrets d'Histoire" présentée par Stéphane Bern (saison 15, épis. 7), Jean-Louis Remilleux/Société Européenne de Production-France Télévisions (FR3 26.3.21), 103 min. - av. Marie Beaujeux (Marie de Bourgogne), Anthony Audoux (Maximilien), Juliette Barry (Marguerite), Louis Bernard (Hugonnet), Hervé Dandrieux (Charles le Téméraire), Clara Huet (Isabelle). - Docu-fiction: Lorsque son père, Charles le Téméraire, meurt tragiquement au combat, Marie, 20 ans, prend les rênes d'une principauté presque aussi puissante que le royaume de France et qui se déploie bien au-delà de la Bourgogne proprement dite, incluant le nord de la France, la Hollande, le Luxembourg et les riches contrées de Flandres. Elle passe ses années au pouvoir à défendre ses droits d'héritage, disputés par le roi de France, Louis XI. Courageuse, intelligente et diplomate, Marie choisit d'épouser Maximilien d'Autriche, un mariage de raison qui se transforme bientôt en une histoire d'amour. Elle donne naissance à Marguerite d'Autriche et à Philippe le Beau, père de Charles Quint, puis décède en pleine fleur de l'âge, en 1482, écrasée par son cheval lors d'une partie de chasse. Elle a néanmoins le temps de confier la régence à son mari et sauver ainsi ses possessions.