I - LE ROYAUME DE FRANCE

La libération du Saint Sépulcre à Jérusalem est prétexte à une vaste conquête militaire (« Kingdom of Heaven », 2005).

4. LES CROISADES (1095 à 1270)

L’organisation des croisades obéit à des motifs spirituels, mais aussi pragmatiques (pillages, conquêtes), motivée par la surpopulation en Europe, la malnutrition et la pauvreté des couches défavorisées, et le désœuvrement d’une chevalerie turbulente pour laquelle les croisades seront un exutoire et un moyen rapide de faire fortune. Pour la papauté, c'est l'occasion d'asseoir son pouvoir en ce début du nouveau millénaire, 40 ans après le grand schisme des Églises d'Orient et d'Occident (1054). Déclenchement: En 614, les Perses sassanides de l’empereur Chosroês II prennent Jérusalem, centre de pèlerinage chrétien, et s’emparent de la relique de la « Vraie Croix ». 35'000 habitants sont vendus comme esclaves et les églises détruites. En 630, l’empereur byzantin Héraclius Ier, vainqueur des Perses à Ninive en 627, ramène la « Vraie Croix » à Jérusalem. Onze ans plus tard, la ville tombe aux mains des musulmans. qui reconnaissent dans les pratiques religieuses chrétiennes ou juives les racines de leur foi nouvelle. Les souverains fatimides de la Syrie et de la Palestine accueillent donc avec bienveillance les visiteurs et pèlerins chrétiens, à l’exception de la période du règne rigide d’Al-Hakîm, un calife fatimide chiite qui cherche à contenir l’avancée de Byzance et fait détruire la basilique; le monde occidental est frappé de stupeur et d'incompréhension. Les califes fatimides suivants, plus compréhensifs, font reconstruire la basilique et rouvrent les lieux aux pèlerins, en échange du versement d'un droit de passage. L'engouement pour le pèlerinage reprend, les pèlerins sont toujours plus nombreux sur les routes. Mais avec l’arrivée des Seldjoukides turcs et la défaite des armées byzantines à Manzikert en 1071, le nouveau pouvoir ottoman (qui s’est emparé de presque toute l’Asie mineure), de conversion musulmane récente, menace le commerce fructueux avec l’Occident et entrave les pèlerinages en Terre sainte. En avril 1098, les Fatimides chassent à nouveau les Turcs de Jérusalem et libèrent les accès aux lieux saints, mais entre-temps, les croisés ont déjà atteint le Proche-Orient. Prétextant la protection des pèlerins, la chevalerie d’Europe, dans un immense élan mystique et meurtrier, se taille d’innombrables fiefs (avec forteresses) sur place, occupe les lucratives villes maritimes sur la Méditerranée et fonde quatre États latins dirigés par les Francs d’Orient. Précisons que parallèlement à la ferveur que déclenchent les croisades en Occident, leurs divers abus et crimes n’ont jamais cessé d’être dénoncés en priorité par des clercs (et plus tard par des laïques) comme des trahisons du message chrétien de non-violence.