VI - EUROPE CENTRALE ET DE L’EST, BALKANS, TURQUIE et invasions mongoles
5. L’EMPIRE GRÉCO-ORIENTAL DE BYZANCE ET L’EMPIRE BULGARE
L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient s’étend sur une période de plus de 1000 ans ; il tire ses origines de la fondation de l’Empire romain. En 330, sous l’impulsion du premier empereur chrétien Constantin le Grand, est fondée sa capitale, Constantinople (aussi appelée Byzance), la « nouvelle Rome ». Au VIe siècle, sous le règne de Justinien le Grand, l’empire atteint son apogée territorial avec l’empereur Héraclius, un territoire couvrant presque tout le bassin méditerranéen (Italie, Égypte, Afrique du Nord, Hispanie du Sud). Il commence cependant à décliner sous la menace des Perses en Asie Mineure, puis des Arabes musulmans au Proche-Orient (VIIe-XIIe siècles). Les Bulgares slaves, thraces et turco-mongols s’installent dans les Balkans, en Macédoine du Nord, Serbie orientale, Valachie et Moldavie. La conversion des peuples slaves par les deux missionnaires Cyrille et Méthode permettent d’étendre la sphère d’influence byzantine. Mais affaiblis par d’interminables conflits dynastiques, guerres civiles et incursions toujours plus nombreuses (Turcs seldjoukides, Normands, Petchénègues, Hongrois), les Byzantins subissent en 1204 la honte et le drame d’une occupation chrétienne lorsque, incités et financés par Venise, les Croisés venus de l’Occident latin mettent Constantinople à sac et ruinent son système défensif. Ayant recouvré son indépendance en 1261, la deuxième capitale du monde, sœur et rivale de Rome, redevient, avec ce qui lui reste d’empire dans les Balkans et au Proche-Orient un miracle de culture et de civilisation, incarnation encore vivante des prestiges de l’Antiquité grecque. Puis, résistant pied à pied à la pression extérieure avec des finances à sec et une armée en sous-effectif qui entraînent peu à peu la cession de tous les territoires d’Asie Mineure, Constantinople tombe aux mains des Turcs ottomans le 29 juin 1453 : le sultan Mehmed II et le croissant de ses étendards l’emportent sur le Basileus et sa croix grecque (la ville ne sera rebaptisée officiellement Istanbul qu’en 1930). En réponse à la mutilation de la grande mosquée omeyyade de Cordoue, consacrée en cathédrale catholique par Ferdinand III de Castille dès 1236, l’église de Sainte-Sophie (Hagia Sophia), une des plus prestigieuses églises de la chrétienté, érigée jadis par l’empereur Justinien, est convertie en mosquée par le sultan Mehmed II.
1910 | Une tragédie à Byzance (FR) Société du Film d’Art (Paris), 320 m. – [sujet inconnu] |
1913 | ® L'Agonie de Byzance - 1. Sur les remparts - 2. La Dernière Nuit de Byzance - 3. L’Agonie d’un peuple (FR) de Louis Feuillade. – av. Luitz-Morat (Constantin XI Paléologue), Renée Carl (l’impératrice Magdalena Tocco, son épouse), Edmond Bréon (le cardinal-légat Isidore de Kiev). – La prise de Byzance par les Ottomans en 1453 - cf. Turcs, chap. 6.2 |
1950/51 | ® Istanbul'un Fethi [=Le Libérateur d'Istanbul] (TR) d’Aydin Arakon. – av. Cahit Irgat (l’empereur Constantin XI Paléologue), Vedat Örfi Bengü (le grand-duc Lucas Notaras), Ercüment Behzat Lay (l’ambassadeur byzantin), Yetvart Eretzian (le prêtre Orifos). – La prise de Byzance par les Ottomans en 1453 - cf. Turcs, chap. 6.2 |

Un simple échanson sauve la cour byzantine (« Le meravigliose avventure di Guerrin Meschino », 1952).
1951/52 | Le meravigliose avventure di Guerrin Meschino (Le Prince esclave / L’Appel du sang) (IT) de Pietro Francisci Mario Francisci, Carlo Bessi/Oro Film (Roma), 93 min. - av. Gino Leurini (Guerrin Meschino), Leonora Ruffo (la princesse Elisena), Aldo Fiorelli (le prince Alexandre), Giacomo Giuradei (Pinamonte, fils du sultan), Anna Di Leo (Costanza), Tamara Lees (Alcina, la sybille des Apennins), Ugo Sasso (Nadir), Antono Amendola (Brunello), Sergio Fantoni (Selim), Rossana Galli (Fenisia), Gian Paolo Rosmino (l’astrologue), Cesare Fantoni (le sultan Mourad), Franco Silva (Bayazil), Maria Piazzai (mère de Mino), Giacomo Giuradei (Pinamente), Alberto Plebani (le géant), Camillo Pilotto. A la cour de Constantinople vit l’échanson Guerrin, méprisé et surnommé « le mesquin » (meschino) ou le bâtard, car personne ne connaît ses origines ; arraché à sa nourrice, il a été vendu comme esclave par des pirates ottomans et s’est lié d’amitié avec les enfants de l’empereur byzantin, le prince Alexandre et la princesse Elisena qu’il aime sans espoir. Constantinople est assiégée depuis des semaines par les Turcs, et les belligérants proposent un combat singulier qui décidera du sort de la ville. Pinamonte, le fils du sultan Mourad qui rêve, lui aussi, d’épouser Elisena, affronte Alexandre, puis, trop sûr de lui, un adversaire supplémentaire qui combat la visière baissée, car il n’est pas chevalier : Guerrin. Le prince ottoman mord la poussière, les Turcs lèvent le siège, la ville est momentanément sauvée. Guerrin, en fait un prince déchu, part alors à la quête de ses parents qu’un usurpateur a chassé du trône de Scutari, en Albanie. Il est assisté d’Alexandre, lui-même cherchant à récupérer Elisena enlevée par les sbires de Pinamonte. Après bien des péripéties, les deux amis parviennent à libérer l’un ses parents, l’autre sa sœur, et Guerrin monte sur le trône albanais en conduisant à l’autel la fille du basileus. Bande d’aventures fort modeste dont l’intrigue, moitié fable, moitié roman de chevalerie, est tirée de Il Guerrin Meschino du trouvère toscan Andrea da Barberino (v.1370-1431), un récit en 8 chapitres paru vers 1410, soit quatre décennies avant la prise de Constantinople par les Turcs. Dans ce film produit par son frère Mario, Pietro Francisci (qui va se spécialiser dans l’aventure en costumes et le péplum, notamment avec Steve Reeves en Hercule) s’entoure de quelques collaborateurs célèbres : outre Nino Rota pour la partition musicale, Vittorio Nino Novarese (Prince of Foxes de Henry King en 1949, Cleopatra de J. L. Mankiewicz en 1963) signe les costumes, enfin le jeune Mario Bava (non crédité) est responsable des maquettes et trucages. Intérieurs et extérieurs sont tournés Rome, aux studios S.A.F.A.-Palatino, tandis que l’entrée de Constantinople est une porte du Castel Sant’Angelo et les remparts de la cité sont les murailles du Viale del Campo Boario. Filmé en noir et blanc, Guerrin Meschino ne retient guère l’attention en Italie (le sujet y a pourtant fait l’objet de diverses adaptations théâtrales et de deux bandes dessinées) et semble surtout avoir été exploité en province. - ES : Espadas de Oriente, GB : The Wonderful Adventures of Guerrin Mescino. |
1952 | Hoja ! Lero ! (YU) de Vjekoslav Afric Avala Film (Beograd/Belgrade), 106 min. - av. Doroteja Matulic (Voljenka), Joza Gregorin (Kohan), Marijan Lovric (Dalibor), Mato Grkovic, Jozo Laurencic, Braslav Borozan, Dejan Dubjic, Joozo Laurencic, Amilan Ajvaz. – Vers 600, le conseil d’une vieille tribu slave en Lahorie prend une décision injuste en donnant Voljenka, la plus belle fille de la tribu, à Kohan le guerrier. Voljenka est amoureuse de Dalibor qui tente de prouver son courage lors de la prochaine guerre tribale, puis en combattant Kohan, et pousse donc le conseil à modifier sa décision initiale. - Une fresque ampoulée et maladroite (sans rapport avec le Dalibor de l’opéra tchèque de Bedrich Smetana), tournée dans les studios serbes d’Avala, le premier studio de la République fédérative socialiste de Yougoslavie inauguré en 1946. Une débâcle en salle. |
1960 | Kassiani ymnodos (La Princesse Kassiani) (GR) d’Ilias Paraskevas Arma Films (Athènes), 80 min. – av. Aliki Zaverdinou (la princesse Kassiani), Andreas Barkoulis (l’empereur-basileus Theophilos, 829/842), Yiorgos Kabanellis (le général Akyllas), Theano Ioannidou (Eirini), Giorgos Bourlos (le roi Michael II), Ioannis Avlonitis (Sgouros), Kiki Diogou (Theodora), Christoforos Nezer, Demos Starenios, Pamfili Santorineou, Nitsa Tsaganea. La vie de la princesse Cassienne de Constantinople (Kassiani, v. 805-865), religieuse, poétesse, compositrice, hymnographe (hymnes liturgiques) et sainte de l’Empire byzantin, dans ce film aussi maîtresse de l’empereur Théophile. Quoique enchanté par cette aristocrate de 19 ans si spirituelle et éloquente, le jeune souverain épouse la belle Théodora. Ayant obtenu la promesse d’un mariage imminent avec Kassiani, le général Akyllas se lance dans une campagne militaire en Sicile. Mais pendant son absence à la guerre, l’empereur-basileus se découvre de plus en plus attiré par Kassiani qui a secrètement commencé à composer des hymnes religieux. Les rumeurs d’une liaison de sa fiancée avec Théophile poussent Akyllas à l’insubordination. Jaloux, il défie les ordres impériaux et rentre à Constantinople pour affronter son rival couronné, décision qu’il paie de sa vie. Bouleversée, Kassiani se retire de la cour et pour devenir moniale. En 843, elle fondera un monastère à l’ouest de Constantinople dont elle sera la première higoumène (abbesse). - Hélas, une production au budget aussi minimal que sa facture est médiocre: le cinéma grec ne s'intéresse pas ou très peu à la période byzantine. |

L’empereur Caloïan, tsar des Bulgares, défend ses terres contre les armées de la Quatrième croisade (1963).
1962/63 | Kaloyan [=L’Empereur Caloïan] (BG) de Dako Dakovski, Iouri Arnaoudov et Zacharie Jandov (supervision) Bulgariafilm (Sofia), 109 min. - av. Vassil Strätchev (Joannice ou Ivanitsa dit Jean Caloïan/Kaloyan, tsar de Bulgarie), Bogompil Simeonov (le boyard Milate), Spas Djonev (le prince Boril, cousin de Kaloyan), Magdalena Mircheva (Tchitchek, l’épouse de Kaloyan), Andrej Mikhailov (le khan couman Manastrar, son père), Tzvetana Maneva (Denitza), Ivan Stefanov (Ougaï), Ivan Tonev (Dobrilo), Nikolaï Doïtchev (Diado Radoï), Liubomir Dimitrov (Mladen), Bozhidar Lechev (Valkan), Konstantin Dimtchev (Strazimir), B. Arabov (Dominique), Stefan Petrov, Boris Mikhailov, Vasil Prodanov. Synopsis : En 1197, dix ans après la fondation du Second royaume bulgare, dont la moitié du territoire est encore sous domination byzantine. Jean Caloïan/Kaloyan ou Joannice (de la dynastie des Asénides), jeune, insouciant passionné de chasse et de chevaux, devient roi après l’assassinat de ses deux frères aînés, Ivan et Pierre, tombés sous les coups d’une conjuration de la noblesse. Caloïan (qui signifie « Ivan le Bon ») se fait couronner tsar de Bulgarie, mais la position de son empire, qui comprend la Valachie, est fragile et il doit pratiquer une politique extérieure très flexible face à Byzance et aux Hongrois pour obtenir la reconnaissance du pape Innocent III et de l’Église latine. Une reconnaissance à double tranchant : menées par Baudouin IX, comte de Flandres et de Hainaut, les armées de la Quatrième Croisade en route vers Jérusalem et l’Égypte saccagent Constantinople en 1204 ; plus de deux mille Grecs sont massacrés lors de l’incendie et du pillage de la ville, les trésors artistiques et reliques sont embarqués vers Venise. Le comte de Flandres est élu par ses pairs Baudoin Ier, empereur de Constantinople, souverain du nouvel Empire latin d’Orient. L’intention des croisés est de conquérir tous les territoires ayant appartenu à Byzance et d’imposer par la force le retour de l’Église d’Orient dans le giron de l’Église romaine. Caloïan sacrifie tout à la politique, ne réalisant pas que l’amour de sa jeune épouse Tchitchek, une princesse coumane, se transforme lentement en inimitié. L’entourage du roi, mené par son cousin Boril, pactise avec les croisés pour conserver ses fiefs, et le meurtre de la belle Denitza est mis sur le compte de la reine, qui quitte la cour. Le roi échappe à une tentative d’assassinat. Entre-temps, l’aristocratie byzantine de Thrace appelle le « chef barbare » Caloïan au secours. Alors que Baudouin assiège Andrinople, Caloïan et ses 14'000 guerriers turco-coumans et grecs piègent l’armée croisée dans les marécages au nord de la ville et l’anéantissent le 14 avril 1205. L’empereur Baudouin Ier est capturé et aveuglé (il sera vraisemblablement exécuté à Tirnovo), le comte Louis Ier de Blois tué, le doge vénitien Enrico Dondolo périt pendant la retraite des croisés latins vers Constantinople en 1205. Caloïan défait encore les croisés à Serres et s’empare de Philippopolis (Plovdiv), reprenant à son compte une grande partie de l’Empire latin en Thrace et en Macédoine. À l’instigation de Boril, il est tué par son ex-beau-père Manastar, chef des Coumans, pendant le siège de Thessalonique en 1207. Une fresque illustrant la genèse du puissant royaume de Bulgarie qui allait dominer les Balkans jusqu’à la fin du XIVe siècle. Mais aussi l’unique film sur la Quatrième croisade et le sac de Constantinople – qui ne pouvait être produit que par les descendants des vainqueurs, à présent membres du pacte de Varsovie sous la dictature locale de Todor Jivkov. Le méchant du film est évidemment – et à raison - le cruel franc Baudoin de Hainaut, installé sur le trône du nouvel Empire latin de Byzance avec grimaces sadiques à l’appui. Il s’agit d’un effort majeur du cinéma bulgare (en couleurs), filmé par Dako Dakovski, un des artisans du cinéma d’obédience patriotico-communiste (Pod igoto / Sous le joug en 1952, sur la résistance locale aux Ottomans). Les sources historiques sont maigres, il faut broder à partir de la très partisane Histoire de la conquête de Constantinople de Geoffroi de Villehardouin (1207-1213), qui vilipende on ne peut plus Caloïan, et quelques notes byzantines éparses. Les extérieurs et la bataille d’Adrinople sont enregistrés dans le nord-ouest de la Bulgarie, près de Provadia et à Krivnia, avec une imposante figuration et des moyens confortables. Dakovski décède en plein tournage dans les studios de Sofia et ce produit de prestige national est achevé par L. Arnaoudov, sous la supervision du vétéran Zacharie Jandov. Le film, avec ses comédiens au jeu théâtral et à la bataille au rythme mollasson, est bien sûr inédit en dehors du bloc communiste. |
1963/64 | Ivaylo / Pastoukh tsar [=Ivaïlo / Le Pasteur-Roi] (BG) de Nikola Valchev Boyana Film (Boyana-Sofia), 86 min. - av. Bogomil Simeonov (Ivaïlo Burdokva, insurgé paysan devenu roi), Ginka Stantcheva (Kalina, sa fiancée), Tsviatko Nicolov (Momchil), Louna Davidova (la tsarine Marie/Mariya Paléologue Cantacuzène). Mikhail Mihaylov (Konstantin Ier Tikh Asen), Ivan Bratanov (le pope Manol), Trifon Dzhonev (Shishko), Encho Tagarov (Deyan), Nikola Uzonov (Valkan). Au XIIIe siècle, menacée à l’Est par les Tatares et au Sud par les Byzantins, la Bulgarie est en proie à des luttes intestines. Le tsar bulgare Constantin-Assène (Konstantin Ier Tikh Asen), faible et indécis, ne parvient pas à asseoir son autorité tandis que son épouse, Marie Paléologue, une princesse byzantine, intrigue derrière son dos. Aux marches du royaume, un simple pâtre (ou un porcher) se révèle chef militaire d’exception : Ivaïlo repousse l’envahisseur tatare de la Horde d’Or que dirige Nogaï Khan, puis se retourne contre les boyards du royaume qui pactisent secrètement avec Byzance en s’emparant de leurs châteaux et leurs biens lors d’une vaste jacquerie. Il libère les paysans de leur joug, forme une armée et marche sur la capitale royale. En 1277, lors de la bataille, Constantin Ass est battu et tué. Kalina, la compagne du vaillant berger, se sacrifie et disparaît pour permettre à Ivaïlo de s’unir à la reine veuve Marie et de tenir tête à la noblesse du royaume comme aux Byzantins qui menacent le territoire bulgare. Ivaïlo, célébré par les historiens marxistes comme le prototype du héros de la lutte des classes, sera le « monarque paysan » de Bulgarie de 1277 à 1279, mais finira assassiné par les Mongols en 1280. De l’imagerie patriotique en Agfacolor fabriquée à la demande de la « démocratie populaire » de Todor Jivkov aux studios de la Boyana Film, dans la banlieue de Sofia. – DE-RDA : Der Schwur der Geächteten, ES : Ivailo el Libertador, US : Ivailo the Great. |
1967 | ® Malazgirt kahramani Alparslan / Alparslan – Malazgirt Kahramani [=Alp Arslan, le héros de Malazgerd] (TR) de Muharrem Gürses. – av. Atilla Arcan (Alparsian). - Le désastre militaire byzantin au pied de la forteresse de Malazgerd (ou Manzikert), le 19 août 1071 près du lac de Van, en Arménie. Le sultan Alp Arslan/Alparsian s’empare en 1064 de l’Arménie chrétienne, aux frontières de l’empire byzantin. Le basileus Romain IV Diogène, empereur de Byzance, se porte à sa rencontre avec 100'000 mercenaires, alors que le sultan n’a que la moitié à lui opposer. Mais trahi par ses mercenaires turcs et certains de ses lieutenants, notamment le Normand Roussel de Bailleul, le basileus est défait et même capturé. Son vainqueur le traite avec les honneurs – mais à Constantinople, où il revient après la signature d’un traité de paix léonin, ses compatriotes lui crèvent les yeux et reprennent leurs querelles stériles. Cf. "Les Turcs" 6.1 |
1968 | Vizantini rapsodhia / Imperiale (Rhapsodie impériale byzantine) (GR) de Giorgos Skalenakis Thodoros Roubanis/Roubanis & Co., 90 min. – av. Betty Arvaniti (Zoé), Kostas Karras (l’empereur de Byzance), Theodoros Roubanis (le général), Venia Paliri, Christos Parlas, Hristos Zorbas, Hristoforos Zikas, Nikos Tsachiridis, Yannis Totsikas, Giorgos Zaifidis. Poussée par son ambition, fière et égoïste, Zoé épouse l’empereur de Byzance qui est le meilleur ami de son amant, un général. Prudente, elle fait envoyer ce-denier dans une forteresse au sud de la Grèce. Mais lorsqu’un astrologue annonce la fin du monde, elle rejoint son amant pour mourir avec lui. L’alerte passée, l’impératrice adultère cherche à revenir à Byzance, mais le général la tue d’une flèche depuis les remparts. |
1969 | Ivan Chichman (BG) de Youri Arnandov Boyana Film (Boyana-Sofia), 80 min. – av. Stefan Getsov (Ivan Chichman), Roucha Delcheva (Dragana de Serbie), Vancha Doycheva, Nikola Doychev. - La fin du second empire bulgare sous le tsar Ivan Chichman (v.1350-1395) qui résiste vainement à l’invasion répétée des armées ottomanes ; il est contraint de donner sa sœur Thamar en épouse au sultan Mourad Ier, tente vainement de repousser l’envahisseur après la victoire serbo-bosniaque de Plocnik (1387), puis se réfugie à Nicopolis lorsque le nouveau sultan Bayezid Ier parvient à écraser définitivement la coalition chrétienne. Il y vit comme vassal de l’empire ottoman jusqu’à ce que le sultan le fasse décapiter avec 110 nobles rebelles à Veliko Tarnovo et annexe le reste de son territoire. |
1970 | Kniazat [=Le Prince] (BG) de Petar B. Vasilev Boyana Film (Boyana-Sofia), 101 min. - av. Stefan Danailov (le prince Theodor Svetoslav Terter), Gheorghi Cherkelov (le patriarche Ioakim), Violetta Gindeva (Mariya), Dorothea Toncheva (Elena), Naum Shopov (Han Choki), Nikolai Ouzounov (Ivan), Dossio Dossev (Smiletz), Stoycho Mazgalov (Grozdan), Vladimir Gusev (le prince Yuriy), Naicho Petrov (Kassim beg). A 20 ans, le jeune prince bulgare Svetoslav Terter (qui règna de 1300 à 1322) réunit les peuples slaves voisins et reprend la Bulgarie septentrionale aux Mongols puis aux Byzantins. Ses efforts l’éloignent de sa bien-aimée Mariya, qui n’a pas la force de le soutenir. |
1975 | Svatbite na Yoan Asen [=Les Noces de Johan Asen] (BG) de Villi Tzankov Boyana Film (Boyana-Sofia), 161 min./158 min. - av. Apostol Karamitev (le tsar bulgare Ivan Assen II), Kosta Zonev (Aleksander), Ivan Kondov (le patriarche Yoakim), Nevena Kokanova (Anna-Maria de Hongrie), Anton Gorchev (Téodore Ier Ange Doukas Comnène), Violetta Gindeva (Irina, sa fille), Anneta Sotirova (Beloslava, fille d’Ivan Assen), Stefan Danailov (Burgundetza), Tzvetana Maneva (Anna, fille d’Ivan Assen), Adriana Palyusheva (Tzelguba), Georgi Cherkelov (Vatatzi), Bruno O’Ya (le prince Yuriy). - La Bulgarie en 1230. Yoan/Ivan/Jean Assen II (v.1190-1241), roi du Second Empire bulgare dès 1218, est bon et sage, mais aussi un autocrate. Réalisant que les guerres incessantes ont épuisé le pays, il décide de maintenir la paix en épousant Anne-Marie, la fille du roi de Hongrie pour raison d’État après avoir été forcé de placer son épouse légitime Anissia, son unique amour, au couvent. Il sacrifie également le bonheur de son frère et de ses filles Anna et Beloslava. – DE-RDA : Zarenhochzeit in Tarnowo. |
1981 | Boyanskiyat maystor [=Le Maître de Boyana] (BG) de Zacharie Jandov [Zhandov] Boyana Film (Boyana-Sofia), 115 min./108 min. - Peter Despotov (Ilya, dit le « maître de Boyana »), Lubomir Dimitrov (Kaloyan, le sébastocrator), Boïka Velkova (Desislava, son épouse), Emil Markov (Kitan), Atanas Bozhinbos (Maître Dragan), Yordan Spirov (Kalistrat), Petya Hrisu (la Lévantine). Une fiction située vers 1259 sur la vie du peintre anonyme des fresques de la chapelle bulgare de Boyana, près de Sofia - travail dû probablement à un collectif d’artistes, patrimoine mondial aujourd’hui protégé par l’UNESCO. Dans le film, le peintre d’icônes Iliya est chargé de réaliser les fresques d’une église nouvellement construite. Kaloyan, le dirigeant local, admire l’ancien maître, doué et franc, et ils deviennent amis. Mais Iliya est ébloui par la beauté de Desislava, l’épouse du souverain. La Levantine, une autre femme, aux antipodes de la première, inspire également le peintre qui crée ainsi les plus belles icônes de son temps. - Film officiel des 1300 ans de la Bulgarie commandité par le Premier ministre Todor Jivkov (en couleurs). - DE-RDA : Der Meister von Bojana. |
1981 | Dorotej (YU) de Zdravko Velimirovic Avala Film (Belgrade), 98 min. – av. Danko Cevrev (le moine herboriste Dorotej), Gorica Popovic (Jelena), Darko Damevski (Laus), Dragomir Felba (Iguman Makarije), Meto Jovanovski (Dimitrije), Velimir « Bata » Zivojinovic (Dadara), Veljko Mandic (Nikanor), Jordanco Cevrevski (Matija), Dobrica Jovanovic (Pipac), Milos Kandic (Bolesnik), Petar Lupa (Starc I). - Dans la Serbie de 1309 ravagée par la famine, la peste et la guerre, Dorotej, un jeune moine herboriste, soulage la population et attire l’attention, voire le trouble de l’épouse d’un seigneur de la guerre. Un essai intéressant signé par un cinéaste yougoslave doué, aussi documentariste et professeur d’université à Belgrade (cf. son film La Mort et le derviche, 1974). |

« Khan Asparoukh » : une figuration à vider 20 casernes bulgares… (1981).
1981 | Khan Asparoukh - 1. Fanagoria - 2. Proselvaneto - 3. Semja sa Vinagi (Khan Asparoukh - Une terre pour toujours / La Gloire du Khan) (BG) de Ludmil Staïkov Christo Nenov/Boyana Film (Sofia)/Studiya za igralni filmi « Boyana »-Kinostudiya na Narodnata armiya-Tvorcheski kolektiv « Sredets », 323 min./version courte : 92 min. - av. Stoiko Pejev (le khan Asparouch, 641>702), Vassili Mikhailov (le khan Koubrat), Antoni Genov (Bélisaire), Vanya Zvetkova (Paganè), Stefan Guetsov (le grand-prêtre de Tangra), Georgij Tcherkelov (le père de Bélisaire), Yossif Sartchadjiev (l’empereur byzantin Constantin IV), Lora Kremen (la mère de Bélisaire), Doko Rosic (l’ichirgu-boil), Velko Kanev (le prêtre Constantin), Anta Pentcheva (Emikè), Ivan Yordanov (Boyan). Synopsis : En 651, à la mort du khan Koubrat, fondateur de l’Onogourie (Russie méridionale et Ukraine) à Phanagoria, les Khazars, ennemis redoutables, augmentent leurs raids meurtriers. Les cinq fils du défunt se partagent le royaume et chacun cherche un territoire où il pourra vivre en paix. Le cadet, khan Asparoukh (681-v.701), émigre vers l’ouest avec sa population protobulgare, franchit le Dniepr et, après une errance de neuf ans, s’établit au sud du cours inférieur du Danube, en Mésie. Il s’allie avec les tribus slaves locales, envahit progressivement la Thrace et, ayant infligé plusieurs défaites aux légions dix fois supérieures de l’Empire byzantin que commande personnellement Constantin IV, il force Byzance à reconnaître le nouveau royaume de la Bulgarie en 681 et à établir des liens pacifiques avec son nouveau voisin. Asparoukh établit la capitale du khanat bulgare à Pliska. L’ancienne Bulgarie devient ainsi le tout premier État slave indépendant de Byzance. Une superproduction spectaculaire réalisée à l’occasion du 1300e anniversaire de la Bulgarie (projection de la version courte au Festival de Cannes en 1984). Elle est tournée en scope et couleurs dans les studios de la Boyana Film (banlieue de Sofia), en mobilisant – selon les producteurs - plus de 50'000 figurants et mille chevaux (la figuration « volontaire », il est vrai, dépasse de loin celle des fresques hollywoodiennes et a dû vider une vingtaine de casernes militaires). Selon les statistiques officielles du régime communiste de Todor Jivkov, plus de 11 millions de Bulgares auraient vu le film – chiffre miraculeux alors que la république populaire ne compte alors que 8 millions d’habitants… Version courte : 681 – Velichieto na hana / 681 AD: The Glory of Khan / La Gloire du Khan. – Version longue: DE-RDA: Khan Asparuch / Anno Domini 681 – 1. Die byzantinische Geisel, 2. Spur des Todes, 3. Die Chronik der grossen Kriege. |
1982 | Tainoto orazhie / Dyavolskoto orazhie (L'Arme mystérieuse) (BG) de Marianna Evstatieva-Bioltsheva Boyana Film (Boyana-Sofia), 98 min. - av. Lyuben Tchatalov (Batil), Elvira Ivanova (Radusha), Yossif Sartchedjiev (Vizantietza), Pavel Popandov (Monahat Inokentiy), Youri Anguélov. Vers 1350, Batil, un espion du tsar bulgare Ivan-Alexandre s'introduit dans la forteresse latine de Nessebar que tient Amédée de Savoie pour connaître le terrible secret des bombardes et de la poudre à canon. Il en profite pour libérer le boyard Dragot et sa fille Radusha, puis capture le chevalier Roland. Celui-ci lui révèle que « l’arme diabolique » de l’ennemi est de la poudre et Batil fait sauter le navire qui la transporte. – DE-RDA : Des Teufels Waffe. |
1984 | Boris I / Boris Purvi – 1. Krechtchenie – 2. Slovo o Boukvakh [=Boris Ier - 1. Le Baptême – 2. Le Dit des Lettres] (BG) de Borislav Sharaliev AAVC-Boyana Film (Boyana-Sofia), 263 min. - av. Stefan Danaïlov (Boris Ier, 852/889), Boris Loukhanov (Kavhan Eth), Aneta Petrovska (Eupraxie), Antony Genov (Vladimir-Rasate, fils de Boris), Ventzislav Kisyov (Doks), Kosta Tsonev (Kliment Ohridski), Plamen Donchev (Naum), Petar Petro (Angelariy), Ivan Ivanov (Simeon, fils cadet de Boris), Yanina Kasheva (Kosara), Adriana Petrova (Anna), Irinei Konstantinov (Gavril), Kiril Variyski (Kurt), Sony Djulgerova (Sobeslava), Ilia Dobrev (l’évêque Gratzki). En 864, alors qu’il a fait la paix avec Croatie et la Serbie, le tsar Boris Ier de Bulgarie dit le Baptiseur pousse à la christianisation de ses sujets sous l'influence de Byzance, et introduit l’écriture slave. Le tsar lui-même se fait baptiser à Constantinople plutôt qu’en Occident, obtenant en contrepartie des Byzantins la paix et des cessions territoriales en Thrace. En 886, trois disciples des saints Cyrille et Méthode construisent églises et monastères. Son action ne passe cependant pas sans résistance et il fait exécuter 52 familles de la noblesse protobulgare, enfants compris, des boyards attachés aux croyances du tengrisme turco-mongol, donc rétives à la nouvelle religion. En 889, Boris abdique une première fois et se fait moine, mais son fils aîné Vladimir ayant tenté de réinstaurer l’ancienne religion, il le fait aveugler et le remplace par son cadet Siméon Ier. Après avoir remplacé le clergé grec par des popes slavons et adopté le vieux-slave comme langue liturgique, il retourne au couvent où il décède en 907. - Une grande fresque nationaliste comme les aime le Premier ministre Todor Jivkov, un livre d’images patriotiques en couleurs qui se veut en quelque sorte la suite de Khan Asparoukh (cf. 1981) et qui traite, curiosité, des questions religieuses pourtant abhorrées par le régime communiste du pays. |
1986 | Denyat na vladetelite [=Le Jour des souverains] (BG) de Vladislav Ikonomov Trayko Ivanov/Boyana Film (Boyana-Sofia), 134 min. - av. Vassil Mikhaïlov (le khan Kroum), Lyuben Tchatalov (khan Omourtag, son fils), Stoycho Mazgalov (Konstantin Patzik), Velyo Goranov (Eshach), Georgij Georgijev-Getz (Dilon), Stefan Mavrodiyev (Eht), Stefka Ilieva (Svidna), Yuliya Radeva (Sherma), Svetozar Nedelchev (l'empereur Nicéphore Ier), Vassil Dimitrov (Mihail Raingave), Vulcho Kamarachev. Une célébration des exploits du khan Kroum dit « le Conquérant » (803/814) dans le khanat bulgare du Danube. Le souverain prend Serdica/Sredets (Sofia) aux Byzantins en 809. Décidé à détruire les envahisseurs, l’empereur byzantin Nicéphore Ier réunit une énorme armée et s’empare de la capitale bulgare qui est pillée et dévastée avec une sauvagerie qui horrifie même ses concitoyens, dont le patriarche syrien Michel. Le khan Kroum, dont le palais a été incendié, multiplie les embuscades et finit par anéantir l’armée byzantine à la bataille de Virbitsa (26 juillet 811) ; Nicéphore est tué et Kroum aurait fait couvrir d’argent le crâne de l’empereur pour s’en servir comme d’une coupe à boire. Il pille la Thrace et met le siège devant Byzance. Au cours de ses campagnes militaires, il terrasse deux autres souverains byzantins, l’empereur Staurakios et son successeur Léon V l’Arménien, mais ne parviendra pas à s’emparer de Byzance. – Autre chronique illustrant l’union bulgaro-slave au détriment de Byzance. - US : The Day of the Rulers. |
1987 | Doxobus (GR) de Fotos Lambrinos Fotos Lambrinos/Greek Film Centre (GFC)-Lamba Film-ERT1 (tv), 105 min. - av. Dimitris Siakaras (Xenos), Tassos Palaïtzidis (Liveris), Stelios Kapatos (Pepelis), Varvara Mavromati (Zorana), Akis Sakellariou (Anagnostis), Vasilis Gopis (Episkopos), Stelios Goutis (Kastrofylakas), Kosmas Zaharof (Mastoras), Lazaros Andreou (Maniheos), Panos Theodoridis. - Entre 1322 et 1327 en Macédoine, le village insurgé de Doxombus mené par Xenos résiste victorieusement à l’Empire byzantin déchiré par la première guerre civile. Le film du documentariste grec Fotos Lambrinos, un proche collaborateur de Theodoros Angelopoulos, remporte quatre prix au Thessaloniki Film Festival de 1987 où la critique vante son grand réalisme dans la description de la vie quotidienne au XIVe siècle et son souci de respecter scrupuleusement le contexte historique. Tourné en Macédoine (les fleuves Axios et Strymonas, Prespes), à Chalkidiki et au Mont Athos. Présenté à la Berlinale de 1988. |
1988 | ® (tv) Kurulus « Osmancik » (TR) télésérie de Yücel Çakmakli, Tarik Bugra et Tufan Güner. - av. Cihan Ünal (le sultan Osman Ier Gazi), Ferdi Merter (Romain IV Diogène, empereur de Byzance), Orçun Sonat (Alp Arslan, deuxième sultan de la dynastie seldjoukide). - La série évoque notamment la grande défaite de l’armée byzantine à la bataille de Manzikert/Malazgirt, le 16 août 1071. Humilié et fait prisonnier, l’empereur Romain IV Diogène est néanmoins rapidement libéré en échange d’un traité de paix plutôt avantageux au regard de l’ampleur de la défaite romaine. |
1989 | ® (tv) The Fall of Constantinople (US/GB/TR/ES) de Leo Eaton, série “Timeline”. – La prise de Byzance par les Ottomans en 1453 - cf. Turcs, chap. 6.2 |
2000 | Kahpe Bizans [=Byzance la putain] (TU) de Gani Müjde Mehmet Soyarslan, Ferdi Egilmerz, Deniz Özen/Tükenmez Kalem Film-Özen Film-Arzu Film (Istanbul), 102 min. – av. Mehmet Ali Erbil (l’empereur byzantin Illetius [?]), Cem Davran (Yetis Bey / Marc Antoine ( Gavur Bey / Gider Bey), Demet Sener (Emmanuelle), Aysegül Aldinç (Teodora), Nurseli Idiz (Helena), Sümer Tilmaç (Süper Gazi), Yilmaz Köksal (Sepetçioglu), Suat Sungur (Tavsan Bey), Hande Ataizi (Magdure Hanim), Ümit Okur (Theodorakis), Sengiz Küçükayvaz (Simitis), Günay Karacaoglu (Anaç Hatun), Sencan Güleryüz (Lombelicus), Kayhan Yildizoglu (Nostradamus), Byzance vu par les Monty Python turcs, une comédie primaire, parodie des films d’aventures pseudo-historiques bricolés à Istamboul, qui récolte un immense succès public grâce aux grimaces de Mehmet Ali Erbil (2,5 millions de spectateurs). Un souverain débile de Byzance qui avait jadis, à la suite d’un oracle prédisant son propre décès, ordonné la mort de tous les nouveaux-nés d’une tribu ennemie en Anatolie, les Nacarlars, se retrouve en face de trois rejetons, des triplés qui ont survécu, cachés par leurs parents dans les roseaux comme Moïse. |
2004 | (tv-df) Francesco’s Venice – 1. Blood (GB) d’Edward Bazalgette et Sam Hobkinson Basil Comely, Sam Hobkinson/BBC (London) (BBC2 16.10.04), 55 min. – av. Francesco Da Mosto (présentation). – Docu-fiction avec reconstitutions et comédiens muets. Les origines de la richesse de Venise : en 1198, le doge vénitien Enrico Dandolo (1107-1205) prend la direction de la flotte de la quatrième croisade qui part de Venise avec 480 navires, capture la cité de Zadar en Croatie et, à l’instigation du basileus byzantin Alexis IV Ange, dévie la croisade de la Terre Sainte vers la très chrétienne Constantinople, qui est assiégée, incendiée et pillée en avril 1204, la population est passée par les armes, les femmes (fillettes et nonnes comprises) sont violées. L’expédition religieuse devient ainsi une invasion de mercenaires francs, génois et vénitiens à la solde d’une faction cupide. Les chrétiens d’Orient n’oublieront jamais ni ne pardonneront ce carnage et le sac de leur capitale, ni la tentative intéressée du pape Innocent III de latiniser sous son autorité exclusive tout l’Empire byzantin, partagé entre les vainqueurs. Venise reçoit les trois huitièmes des territoires de l’empire d’Orient, un quartier de Constantinople. Dandolo envoie à Venise une montagne d’œuvres d’art, dont les quatre chevaux de bronze doré de Saint-Marc récupérés lors du pillage de la ville. La basilique cathédrale vénitienne de Saint-Marc devient ainsi le repaire du brigandage le plus fabuleux d’Occident. Dandolo, dont la politique assure la domination de Venise sur plusieurs territoires du bassin oriental de la Méditerranée, lui permettant ainsi de devenir une puissance européenne et maritime, ne retourne pas dans sa ville natale ; il reste à Constantinople pour combattre les Bulgares. Il y meurt à l’âge de 97 ans et il est enterré dans la basilique Sainte-Sophie. Après la prise de la ville par les armées de Mehmed II en 1453 (prise grandement facilitée par les destructions de 1204), ses os auraient été déterrés et donnés aux chiens... |

Des mercenaires catalans au service d’un empereur de Byzance dérisoire (« Tyrant lo Blanc » de Vicente Aranda.
2006 | * Tirant lo Blanc / Tirante el Blanco. El complot de las damas / Tirant lo Blanc. The Maidens’ Conspiracy / The White Knight (ES/IT/GB) de Vicente Aranda Enrique Viciano, Carola Ash/Carolina Films (Paterna)-DeA Planeta (Madrid)-Feelmax-Future Film Ltd. (London)-Mikado Film-TVE-Canal+ España-RTVV, 127 min. – av. Casper Zafer (Tirant lo Blanc), Esther Nubiola (Carmesina, fille de l’empereur), Victoria Abril (Viuda Reposada/Veuve Reposée), Leonor Watling (Plaisirdemavie/Placerdemivida), Ingrid Rubio (Estefania/Stéphanie de Macédoine), Charlie Cox (Diaphebus, ami de Tirant), Giancarlo Giannini (l’empereur de Byzance), Jane Asher (l’impératrice de Byzance), Sid Mitchell (Hippolytus), Rafael Amargo (le sultan Mehmed IV [sic] dit le Grand Turc), Valentina Burgueño (Dame Carmesina), Rocco Salata (Juanon), Jay Benedict (l’ambassadeur turc), Ismael Martínez (cpt. Paramus), Julio Vélez (cpt. Sinópolis). Adaptation partielle de Tirant lo Blanc du chevalier-poète Joanot Martorell, le plus ancien roman en langue catalane (paru en 1490, soit 37 ans après la chute de Byzance), ouvrage que Cervantes considérait comme « le meilleur livre du monde » et qu’il plaça dans la bibliothèque privée de son Don Quichotte - où il fut sauvé de l’autodafé par le curé. Cette production hispanico-italo-britannique est concoctée par le Catalan Vicente Aranda, un cinéaste intellectuel antifranquiste qui s’est fait remarquer par d’audacieux sujets sociaux (Cambio de sexo, 1977), politiques (Libertarias, 1996) et historiques (Juana la Loca, 2001) qui remettent l’histoire officielle en question et sont fortement teintés d’érotisme (star préférée : Victoria Abril). – Synopsis : Engagé en 1401 par l’empereur byzantin, un vieillard, pour combattre les Turcs qui assiègent Constantinople, le chevalier mercenaire espagnol Tirant lo Blanc brille sur les champs de bataille grâce à ses féroces mercenaires almogavres, milice de la couronne d’Aragon. Mais dans les faits, le héros semble plus occupé à dépuceler Carmesina, la belle héritière du trône, qu’à prendre les armes - car dans un monde ravagé par la guerre, en proie aux ambitions des combattants et à la lutte pour le pouvoir, le trésor le plus convoité est la virginité de la fille de l’empereur ! Tirant est soutenu par les amies de la princesse, Stéfanie de Macédoine et Plaisirdemavie, tandis que son neveu Hyppolytus devient le gigolo de l’impératrice. Le sultan Mehmed IV (sic), jeune et séduisant, demande la main de Carmesina, ce qui ne déplairait pas à son père qui veut préserver la paix et sauver la ville, mais complique beaucoup la situation. Car Carmesina refuse ce compromis et se donne publiquement à Tirant qui est alité sous sa tente avec deux jambes cassées. La guerre contre les Turcs éclate, Tirant tue le sultan mais meurt de ses blessures. Inconsolable, Carmesina meurt à son tour, de chagrin. Après le décès de l’empereur byzantin, Hyppolytus épouse sa veuve et devient le nouveau monarque, tandis que Diaphebus, l’ami de feu Tirant, quitte Constantinople en compagnie de Stefania… Dans le roman, Tirant, nommé grand-duc, défait les Turcs, poursuit les combats en Afrique du Nord et dans la Méditerranée, mais décède peu avant de pouvoir épouser l’héritière impériale. Un demi-siècle plus tard, la ville sera conquise par l’authentique Mehmed II. – La fresque irrespectueuse d’Aranda joue sur le comique de situation, la satire et la dérision généralisée. Budgétée à 13,5 millions d’€, elle est tournée en scope couleurs de mars à juin 2005 à Madrid (Pinto), Grenade (château de La Calahorra), Valence, Barcelone, Figueras (Catalogne), Girona, Huelva, Almeria et Tabernas (Andalousie), enfin à Palerme (Sicile) et à Istanbul. Présentation aux festivals de Cannes et de Venise 2006. - DE : Der weisse Ritter. |
2007 | (tv) Kassiani – I Vyzantini ymnografostou tou aiona [=Cassienne, l’hymnographe byzantine du VIIIe siècle] (GR) de Kleoni Flessa ERT-Hellenic Radio & Television (ERT 20.3.07), 50 min. – av. Marvina Pitihouti (Kassiani), Artemis Flessa, Maria Georgiadou. - Docu-fiction sur la poétesse, compositrice et sainte Cassienne de Constantinople (v.807-v.864). - Cf. supra film de 1960. |
2012 | ® Fetih 1453 / Conquest 1453 (Constantinople / Battle of Empires) (TR) de Faruk Aksoy. - av. Recep Aktug (l’empereur Constantin XI Paléologue dit Dragasés), Cengiz Coskiun (le condottiere génois Giovanni Giustiniani), Naci Adigüzel (le mégaduc et grand-amiral Lucas Notaras), Izzet Civril (le cardinal Isidore de Kiev), Ali Riza Soydan (le pape Nicolas V), Adnan Kürkçü (Gennadius Scholarius). - La prise de Byzance par les Ottomans en 1453 - cf. Turcs, chap. 6.2 |
2018-2021 | ® [inachevé :] Malazgirt 1071 - Anadolu’nun Anahtari / Bizans’in Kiyameti [=Malazgirt 1071, clé de l’Anatolie / L’Apocalypse de Byzance] (TR) d’Iskender Bingol. – av. Gokberk Demirci (le sultan seldjoukide Alp Arslan), Gökhan Oskay. (l’empereur byzantin Romain IV Diogène). – Une production qui voudrait célébrer en pompe la victoire écrasante des Seldjoukides du sultan Alp Arslan sur les armées byzantines de l’empereur Romain IV Diogène le 26 août 1071 à Manzikert. - Cf. "Les Turcs" chap. 6.1 |
2020/21 | ® (tv) Uyanis : Büyük Selçuklu [=L’Eveil : Les grands Seldjoukides] (TR) de Sedat Inci et Emre Konuk. – av. Serdar Kiliç (le sultan Alp Arslan Ier), Tolga Yeter (l’empereur byzantin Isaac Ier Comnène), Turgay Korkmaz (Jean Comnène, son frère cadet). - En 1071, le sultan Muhammad Alp Arslan (« Lion héroïque », 1029-1072), deuxième souverain de l’État seldjoukide après Tugrul Ier Beg, remporte une victoire écrasante contre les Byzantins en Anatolie. - Cf. "Les Turcs" chap. 6.1 |
2022 | ® Malazgirt 1071 (TR) d’Özgür Bakar et Bilal Kalyoncu. - av. Cengiz Coskun (le sultan Alp Arslan), Caner Kurtaran (Romain IV Diogène, empereur de Byzance), Vildan Atasever (l’impératrice byzantine Ludika [=Eudocie Makrembolitissa]), Mehmet Çelik (Antonius), Volkan Cal (Georgeus). - Byzance est fragilisé par les querelles internes persistantes et, général devenu empereur après un coup d’État en 1068, Romain IV Diogène cherche à légitimer son pouvoir en stabilisant la frontière orientale soumise aux raids des Turcs. Afin d’expulser ces derniers définitivement, Romain IV regroupe en 1071 une vaste armée à Manzikert (en turc : Malazgirt) au nord du lac de Van pour contrer le sultan Alp Arslan. Trop téméraire, il commet toutefois des erreurs tactiques, est lâché par une partie de ses troupes et finit vaincu, prisonnier même. – Ce que le film ne dit pas : Romain IV sera rapidement libéré au prix d’un accord plutôt clément en regard de l’ampleur de sa défaite (il sera renversé à Constantinople et mourra exilé, les yeux crevés par ses propres compatriotes). Du point de vue militaire, les pertes humaines de Byzance sont réduites, mais le relatif désastre fragilise considérablement l’Empire byzantin et livre presque toute l’Asie mineure aux Turcs. En Occident, il servira de prétexte pour les croisades. - Cf. "Les Turcs" chap. 6.1 |